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Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 2025

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Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 71).

2025. — À M. LE CHEVALIER DE JAUCOURT[1].
15 octobre 1749.

J’arrivai ces jours passés à Paris, mon cher monsieur. J’y trouvai les marques de votre souvenir, et de la honte de votre cœur ; vous devez assurément être au nombre de ceux qui regrettent une personne unique, une femme qui avait traduit Newton et Virgile, et dont le caractère était au-dessus de son génie. Jamais elle n’abandonna un ami, jamais je ne l’ai entendue médire. J’ai vécu vingt ans avec elle dans la même maison. Je n’ai jamais entendu sortir un mensonge de sa bouche. J’espère que vous verrez bientôt son Newton[2]. Elle a fait ce que l’Académie des sciences aurait dû faire. Quiconque pense honorera sa mémoire, et je passerai ma vie à la pleurer. Adieu, je vous embrasse tendrement. V.

  1. Communiquée par M. Rouard, bibliothécaire de la ville d’Aix. (B.)
  2. Voyez la note, tome XXIII, page 545.