Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2435

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 490-491).

2435. — À M. LE CARDINAL QUERINI.
Potsdam, 29 di settembre.

Che dirà l’Eminenza Vostra, quando ella riceverà questa pistola dopo aver letto quella del Salomone del Settentrione ? Dirà che si degna aggradire il tributo d’un pastore, quando ella ha ricevuto l’oro, l’incenso e la mirra d’un che vale i tre re del’ Epifania.

Ella si diletta nell’ edificar delle chiese, ma si erige un tempio nella memoria degli uomini. Bramo di aggiungere i miel gridi a quelli applausi che le bresciane stampe fanno risuonare ; ma la mia voce è rauca e debole ; il corpo langue, cosi fa l’anima. Oh ! quando vedrô io qualche valente librajo raccogliere tutte le opère di Vostra Eminenza, già troppo sparse ! Foliis tantum ne carmina manda[1]. Ma siano tutti i suoi scritti radunati ad æternam memoriam[2].

Auguro che la Sua Eminenza darà ancora ad multos annos benedizioni ai fedeli, ed esempi al mondo. Io intanto, picciola lucciola[3], m’ inchino profondamente alla Stella di prima grandezza, e sono per sempre, con ogni maggiore ossequio e venerazione, etc.[4].

  1. Æn., VI, 74.
  2. I Mach., xiii, 29.
  3. Allusion à l’expression d’étoile de la première grandeur, rappelée dans la lettre 2384.
  4. Traduction : Que pensera Votre Éminence quand elle lira cette lettre après celle du Salomon du Nord ? Elle pensera qu’ayant reçu l’or, l’encens et la myrrhe d’un prince qui vaut les trois rois de l’Épiphanie, elle veut bien jeter les yeux sur le tribut d’un berger.

    Ses délices sont d’ériger des églises, mais elle s’élève un temple dans la mémoire des hommes. Je voudrais joindre mes applaudissements aux éloges que font retentir les presses de Brescia ; mais ma voix est rauque, et mon esprit se ressent de la langueur de mon corps. Quand verrons-nous un libraire habile faire un recueil des productions trop éparses de Votre Éminence ? « N’écrivez pas vos vers sur des feuilles volantes. » Mais que tous vos ouvrages soient réunis « pour l’immortalité ».

    Je présage que Votre Éminence donnera encore longtemps des bénédictions aux chrétiens et des exemples à l’univers. Pour moi, petit ver luisant, je dois me prosterner devant une étoile de première grandeur, et je suis pour toujours, avec la soumission et le respect le plus profond, etc.