Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2623

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 98-99).

2623. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE,
au baron de Freytag[1].
À Potsdam, ce 9 juillet 1753.

J’ai reçu une lettre de Voltaire qui me parle encore de sa liberté. Vous devez avoir reçu les ordres que je vous ai donnés de le laisser aller où bon lui semblera, ainsi que sa nièce. Je n’avais d’autres prétentions sur lui que de le dépouiller de la croix, de la clef de chambellan, et de retirer le livre que je lui avais confié. Vous m’avez écrit qu’il avait satisfait à tout ce que je demandais de lui. Ne différez donc point de mettre fin à tout cela, parce que, sans doute, s’il était survenu quelque incident nouveau, vous m’en auriez averti. Sur ce, je prie Dieu, etc.


Fédéric.

    service du roi, et nous espérons que, comme la reprise de cet ordre et de cette clef nous a procuré tant de désagréments, nous serons un jour honorés de la mission de remettre quelque chose.


    Avec une parfaite estime, nous, etc.

    P. S. Au moment de fermer cette lettre, le bourgmestre nous mande que Voltaire est parti. Nous ne savons pas s’il a eu peur des suites de son énorme tentative de meurtre, ou s’il redoute les lettres de Berlin. Le magistrat est en train d’examiner la chose.

    En attendant, il a laissé son peu d’argent chez le conseiller Schmid ; on pourrait l’employer à donner une satisfaction au secrétaire Dorn, attendu que le cruel événement qui l’a frappé a retenti aussitôt à travers la ville, avec toutes sortes de bruits ajoutés, de sorte que sa femme et ses enfants en ont été saisis d’une affreuse terreur et en sont encore tout à fait malades*. .


    *Ce post-scriptum n’est pas de la main de Freytag, mais de celle de Dorn lui-même on n’a point donné suite à cette proposition, que Varnhagen qualifie d’indécente.

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense.