Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2814
Nous partons[1] pour Lyon, mon cher ange ; M. de Richelieu nous y donne rendez-vous. Je ne sais comment nous ferons, Mme Denis et moi ; nous sommes malades, très-embarrassés, et toujours dans la crainte de cette Pucelle. Nous vous écrirons dès que nous serons arrivés. Je dois à votre amitié compte de mes marches comme de mes pensées, et je n’ai que le temps de vous dire que je suis très-attristé d’aller dans un pays où vous n’êtes pas. Que n’êtes-vous archevêque de Lyon, solidairement avec Mme d’Argental ! Mille tendres respects à tous les anges.
- ↑ Arrivé dans l’ancienne capitale de la haute Alsace au commencement d’octobre 1753, Voltaire quitta Colmar le 11 novembre 1754, après un séjour de plus de treize mois, y compris le temps passé par lui à Senones et à Plombières. Accompagné de Mme Denis et de Colini, il arriva à Lyon le 15 novembre, et y fut reçu avec enthousiasme. De là il se rendit à Genève, où il entra dans la soirée du 12
(et non du 21) décembre 1754, comme on le prouve dans une note de la lettre 2828.
— Voltaire avait eu l’intention de s’établir aux environs de Colmar ; mais les intrigues des jésuites Merat, Kroust, Ernest, etc., concertées avec celles des confesseurs de la dauphine et du roi Stanislas, parvinrent à le dégoûter d’une ville où un brave iroquois jésuite, nommé Aubert, avait fait un auto-da-fé des Œuvres de Bayle, quelques années auparavant. (Cl.)