Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2815

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Correspondance de Voltaire/1754
Correspondance : année 1754GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 286-287).

2815. — DE L’ABBÉ DE PRADES[1].
Le 14 novembre (1754).

Le roi a reçu, monsieur, la lettre que vous avez eu l’honneur de lui écrire. Sa Majesié m’a ordonné de vous répondre que vous vous seriez adressé à elle avec raison pour lui demander un passe-port, si vous aviez dû venir dans quelque ville de ses États ; et qu’au reste Montpellier[2] étant situé dans un pays libre, tout le monde pouvait y aller lorsqu’il n’y avait aucun empêchement particulier. Le roi croyait que les conférences que vous avez eues avec dom Calmet à Senones vous avaient fait oublier la vieille affaire dont vous lui parlez encore, et que la grande dévotion dans laquelle vous aviez donné ne vous permettait plus que de penser à votre salut. M. de Maupertuis va à la messe, mais il n’a point de crucifix pendu à sa ceinture, et sa dévotion ne fait pas de bruit dans le monde.

En exécutant les ordres du roi, permettez-moi de vous renouveler les sentiments de la considération infinie avec laquelle j’ai l’honneur d’être, monsieur, etc.

  1. Œuvrcs de Frédéric le Grand, Berlin, 1853. tome XXIII, page 6. — Cette lettre est tirée des archives du Cabinet de Berlin.
  2. Frédéric écrit à milord Maréchal, le 31 décembre 1754 : « Plus de Voltaire, mon cher milord. Ce fou est allé à Avignon, où ma sœur l’a mandé. Je crains fort qu’elle ne s’en repente bientôt. » Voltaire n’alla ni à Montpellier, ni à Avignon, mais seulement à Lyon, d’où il écrit au comte d’Argental, le 20 novembre 1754 : « J’ai été plus accueilli et mieux traité de la margrave de Baireuth, qui est encore à Lyon. »