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Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3439

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 289).

3439. — À M. VERNES[1].
Au Chêne, à Lausanne, 26 octobre.

Je regrette sensiblement le petit Patu : il aimait tous les arts, et son âme était candide. Je suis toujours étonné de vivre quand je vois des jeunes gens mourir. Tout sert, mon cher monsieur, à me convaincre du néant de la vie et du néant de tout.

J’ai peine à croire l’armistice dont on parle. S’il y en avait un, il ne pourrait être que dans le goût de celui du duc de Cumberland[2] ; et le roi de Prusse me trompera fort s’il signe un pareil traité. Je le crois dans un triste état. Il aura bientôt plus de besoin d’être philosophe que grand capitaine.

Tâchez de convertir Mme de Montferrat ; c’est la plus belle victoire que vous puissiez remporter ; mais je tiens la place imprenable.

Mme Denis vous fait ses compliments. Elle est occupée du matin au soir à embellir la maison de Lausanne. Elle me rend trop mondain ; mais il faut tout souffrir.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. À Closter-Zeven, le 8 septembre.