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Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3667

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 509-510).

3667. — À MADAME LA MARGRAVE DE BAIREUTH[1].
Aux Délices, 27 septembre.

Madame, si ce billet trouvait Votre Altesse royale dans un moment de santé et de loisir, je la supplierais de faire envoyer au grand homme son frère cette réponse du Suisse ; mais mon soin le plus pressé est de la supplier d’envoyer à Tronchin un détail de sa maladie.

Vous n’avez jamais eu, madame, tant de raisons d’aimer la vie, vous ne savez pas comment cette vie est chère à tous ceux qui ont eu le bonheur d’approcher de Votre Altesse royale ; comptez que, s’il est quelqu’un sur la terre capable de vous donner du soulagement et de prolonger des jours si précieux, c’est Tronchin. Au nom de tous les êtres pensants, madame, ne négligez pas de le consulter, et s’il était nécessaire qu’il se rendît auprès de votre personne, ou si, ne pouvant pas y venir, il jugeait que vous pouvez entreprendre le voyage, il n’y aurait pas un moment à perdre. Il faut vivre : tout le reste n’est rien. Je suis pénétré de douleur et d’inquiétude ; ces sentiments l’emportent encore sur le profond respect et le tendre attachement du vieux frère ermite suisse.


Voltaire.

J’espère que monseigneur sera de mon avis.

  1. Revue française, mars 1866 ; tome XIII, page 371.