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Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3713

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 546).

3713. — À M. LE PRÉSIDENT DE BROSSES[1].
Aux Délices, 10 décembre 1758.

J’aurai l’honneur, monsieur, d’être à vos ordres demain matin à Tournay[2] ; je vous offrirai des œufs et du fromage à Ferney ; j’espère que nous reviendrons coucher à l’ermitage des Délices.

Ne soyez en peine ni de votre château ni de votre forêt ; j’édifie plus que je ne détruis (je parle d’édifice et non d’édification), et je plante plus que je n’arrache. Mais vous savez qu’un Suisse ne peut être gêné. Tronchin s’est bien trouvé de m’avoir laissé la bride sur le cou. Il y a un article qu’il faudra expliquer, c’est celui des troupeaux qui vous resteront à ma mort. Vaches et moutons avec le chien, oui ; mais bœufs et chevaux, non. La raison est que j’aurai probablement un haras à Tournay, et que les bœufs qui exploiteront la terre seront ceux de Ferney, qui sont au nombre de seize. Je deviens patriarche. Si vous vous fiez à moi, vous y gagnerez ; si vous vous défiez, vous y perdrez. Mais vous ne perdrez jamais les sentiments qui m’attachent à vous. V.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Voltaire écrivait ordinairement Tourney. Ses secrétaires écrivaient tantôt ainsi, et tantôt Tournay. M. de Brosses avait adopté cette dernière orthographe. Le véritable nom est Tourney (anciennement Tornex.). (Note du premier éditeur.)