Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4917
Mon cher frère, je n’ai point encore cette Éducation de l’homme[2] le plus mal élevé qui soit au monde. Je l’aurai incessamment.
Je sais, en attendant, que l’auteur est un monstre d’insolence et d’ingratitude[3]. Le chien qui suivait Diogène était moins méprisable que lui.
Permettez que je vous adresse un exemplaire d’une brochure[4] plus abominable que tous les livres de Jean-Jacques Rousseau ; elle est pour M. le marquis d’Argence. Ce n’est pas le prétendu marquis d’Argens, compilateur fort plat des Lettres juives, qui est à Berlin ; c’est le marquis d’Argence, maréchal de camp, en son château, près d’Angoulême. C’est un homme très-instruit qui veut réfuter ce détestable ouvrage : il est prodigieusement rare, et, Dieu merci, il ne fera nul mal.
On ne veut donc pas imprimer l’Èloge de Crébillon[5] ? J’étais curieux de le voir.
Je crois frère Thieriot en chemin ; je voudrais bien que vous pussiez en faire autant. Vale.