Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5300

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 487).

5300. — À M. DAMILAVILLE.
25 mai.

J’ai reçu, mon cher frère, vos lettres consolatoires, ou consolatrices, des 18 et 20 mai, avec le mémoire du sieur Martel. Il a sans doute martel en tête ; mais il me paraît un brave homme. Je crois que M. Varin[1] aura plus de peine que lui à se tirer d’affaire : il résulte de tout cela que nous avons perdu le Canada. Les pauvres emprisonnés ressemblent aux damnés de Belphégor[2]. Tous les maris disent que ce sont leurs femmes qui les ont fourrés en enfer, et les femmes disent que c’est la faute de leurs maris.

Je vous dépêche Olympie, et je vous en avertis par ce billet, mon cher frère. Si vous la recevez, c’est un signe qu’il y a encore de la bonne foi sur la terre ; alors je m’enhardirai, et je vous en enverrai un autre exemplaire.

Je vous réitère mes prières pour l’article Idolâtrie, et j’espère que, dans l’occasion, vous voudrez bien vous ressouvenir de ceux dont vous m’avez flatté. Je ne les ferai lire à personne, et je vous les renverrai fidèlement.

Je m’en remets à la Providence sur la destinée de l’Histoire générale. Il me paraît que messieurs doivent approuver au moins le chapitre du Concile de Trente ; cela doit les mettre de bonne humeur. Si vous voyez M. de Beaumont, faites-lui, je vous prie, mes très-tendres compliments ; sa profession est d’être l’appui des malheureux, il est digne d’être votre ami[3].

  1. Voyez la note 2, page 291.
  2. Voyez le conte de La Fontaine.
  3. À la fin de cette lettre se trouvait le dernier alinéa de la lettre du 28 mai. J’ai évité ce double emploi. (B.)