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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5316

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 500-501).

5316. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
15 juin.

Mes bons anges, je n’ai rien à vous dire, sinon que je suis fidèle à votre culte et que je fais mes foins, au lieu de faire un cinquième acte d’Olympie ; que je n’ai reçu aucune Gazette littéraire ; que je n’ai encore aucune correspondance établie, et que je suis un serviteur inutile.

Mes anges, permettez-vous que je vous adresse ce gros paquet pour frère Damilaville ? Il m’a mandé que je pouvais lui écrire sous l’enveloppe de M. de Courteilles. La meilleure façon est de mettre le paquet dans celui qui est intitulé Mémoire, et qui est pour vous.

Je suis fâché qu’on ait fait de Socrate une mauvaise pièce[2] ; mais si elle eût été bonne, on n’aurait jamais pu la jouer. On me parle de Manco-Capac[3] ; cela pourra réussir en Périgord, où les noms se terminent en ac ; mais je crois que ce législateur du Pérou ne vaudra pas un pérou aux comédiens.

Est-il vrai qu’on veut bâtir une salle de comédie à l’hôtel de Conti ? Vous voyez que je m’intéresse toujours au tripot, malgré ma stérilité sur le cinquième acte d’Olympie. Je suis un mauvais serviteur ; mais je ne manque pas de zèle. Si vous voulez me voir jouer Trissotin[4] vous n’avez qu’à partir.

Tendresse et respect.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La Mort de Socrate, de Sauvigny.
  3. Tragédie de Leblanc, qui, en effet, ne réussit pas plus que son Albert Ier et ses Druides. Il ne faut pas le confondre avec l’abbé Leblanc, auteur d’Abensaide, quoique cette confusion ne puisse faire grand tort ni à l’un, ni à l’autre. (A. F.)
  4. Dans Les Femmes savantes.