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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5484

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 51-52).

5484. — À M. D’ALEMBERT.
15 décembre.

Mon très-aimable philosophe, c’est pour vous dire que l’ouvrage du saint prêtre sur la Tolérance ayant été très-toléré des ministres et des personnes plus que ministres[1], et ayant même été jugé fort édifiant, quoiqu’il y ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser, il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous, mon cher frère, de vous supplier de donner une saccade et un coup d’éperon au cheval qui a rué[2] contre la Tolérance, et qui l’a empêchée d’entrer en France par Lyon. Figurez-vous que ce ballot est actuellement sur l’avare mer, exposé à être pris par les Numides, avec qui nous sommes en guerre. Si votre ami M. Bourgelat avait un mors de votre façon, son allure deviendrait plus aisée. Les frères Cramer feraient au plus vite une nouvelle édition, qu’ils enverraient en la cité de Lyon en guise d’un ballot de soie, et les fidèles jouiraient bientôt de l’œuvre honnête dont ils sont privés. Dieu sait quand vous recevrez votre exemplaire.

Je vous demande en grâce de m’envoyer copie de la lettre dont vous avez honoré Jean-George. Vous savez qu’on a imprimé un examen de notre sainte religion attribué à Saint-Évremont, et qui est de Dumarsais[3]. Je ne l’ai point vu ; mais comme je sais que Dumarsais était un très-bon chrétien, je souhaite passionnément que cet ouvrage soit entre les mains de tout le monde. Soyons toujours tendrement unis dans la communion des gens de bien ; lisons bien la sainte Écriture, et ècr. l’inf…

  1. Mmes de Pompadour et de Grammont ; voyez page 30.
  2. Voyez la lettre 5482, in fine.
  3. C’est l’Analyse de la Religion chrétienne, dont il a été question plusieurs fois.