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Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5534

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Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 98-99).

5534. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 24 janvier.

J’ai des remerciements à faire à monseigneur mon héros de la pitié qu’il a eue du sieur Ladoule[1], incendié à Bordeaux, et, si j’osais, je prendrais encore la liberté de lui recommander ce pauvre Ladoule : mais mon héros n’a besoin des importunités de personne quand il s’agit de faire du bien.

On a ri, de Grenoble à Gex, d’une lettre de monsieur le gouverneur de Guienne[2] à monsieur le commandant de Dauphiné[3], dans laquelle il demande quelle est l’étiquette quand on pend les gouverneurs de province. J’espère qu’en effet on finira par rire de tout ceci, selon la louable coutume de la nation. Je ris aussi, quoique un pauvre diable de quinze-vingt ne soit pas trop en joie.

On n’a pu envoyer à monseigneur le maréchal les exemplaires cornéliens, attendu qu’on n’a pas encore les estampes, que la liste des souscripteurs n’est pas encore imprimée, et qu’il y a toujours des retardements dans toutes les affaires de ce monde.

Je crois que M. le cardinal de Bernis finira par être archevêque[4] ; mais d’Alembert doute[5] qu’ayant fait les Quatre Saisons il fasse encore la pluie et le beau temps.

On prétend que l’électeur palatin se met sur les rangs pour être roi de Pologne. Je le trouve bien bon, et je suis fort fâché, pour ma part, qu’il veuille se ruiner pour une couronne qui ne rapporte que des dégoûts.

Je me mets aveuglément aux pieds de mon héros.

  1. Beuchot a écrit ce nom ladouz.
  2. Richelieu lui-même.
  3. Chastelier Dumesnil.
  4. Il fut nommé archevêque d’Alby le 30 mai 1764.
  5. Voyez page 89.