Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6844

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 220).
6844. — DE M. DE CHENEVIÈRES[1].

M. le chevalier de Rochefort est à présent, mon cher ami, à sa brigade, à Châlons en Champagne. Je lui ai fait parvenir votre lettre à Paris avant son départ, et je vais lui communiquer votre dernière. C’est un homme qui vous est bien attaché et qui vous rend bien justice.

J’ai lu les Scythes ; on ne saurait mettre cette pièce en parallèle avec Zaïre, Alzire, Mahomet et Mérope ; mais on y trouve des traits qui caractérisent l’auteur. Bien des gens la critiquent ; mais tous conviennent qu’il y a des beautés. Vous savez que l’envie règne toujours encore plus sur le Parnasse qu’ailleurs. Je m’imagine voir la Gloire l’écraser d’une main et vous couronner de l’autre.

Il me paraît que les troubles de Genève vous mettent bien mal à votre aise : il faut pourtant que cela finisse. Ce qui me fâche, c’est qu’ils dérangent et reculent mon voyage, et le plaisir que j’aurais de vous embrasser et de vous aller renouveler, ainsi qu’à l’aimable nièce, les assurances de mon attachement et de mon respect.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.