Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6845

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 220-221).
6845. — À M. BORDES[1].
17 avril.

Je suis dans la nouvelle Scythie, mon cher monsieur, et j’ai perdu toute idée de l’ancienne ; je ne puis plus tenir au vent de bise et à votre éloignement. Les neiges qui m’entourent me rendent aveugle ; le vent me tue ; les tracasseries de Genève m’ennuient ; le blocus de mon petit pays me met à la gêne. On m’a parlé d’une jolie maison sur la Saône, à une lieue de votre belle ville. Si je puis l’acheter sur la tête de Mme Denis, à un prix convenable, je ferai le marché, et je partagerai mon temps entre Ferney et cette maison.

Mandez-moi sur votre honneur, je vous en prie, si vous avez eu aujourd’hui vendredi, 17 avril, un vent affreux et de la neige.

Connaissez-vous l’Anecdote sur Bélisaire ? Si vous ne l’avez pas, je vous l’enverrai, et tant que je serai près de Genève, je me charge de vous fournir toutes les nouveautés ; vous n’aurez qu’à parler. Adieu, mon cher confrère. Votre très-humble, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.