Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7058

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 422).
7058. — À M. DUPONT.
À Ferney, 31 octobre.

Mon cher ami, je reçois votre lettre, et celle du procureur que vous avez choisi ; je vous demande en grâce d’exiger de lui qu’il fasse sur-le-champ une opposition entre les mains des régisseurs de Richwir et des fermiers du Martinet. Il est essentiel que mes démarches soient faites en même temps en Alsace et en Franche-Comté ; je crois qu’on peut toujours faire une opposition sans avoir la grosse en main, sauf à la produire ensuite : tout mon but est de forcer M. le duc de Wurtemberg de mettre de l’ordre dans ses affaires, à ne se pas ruiner, et à ne pas ruiner ses créanciers. Quand il verra qu’on fait des saisies en France, tandis que la commission impériale lui impose des lois en Souabe, il faudra bien qu’il prenne un parti raisonnable, dans la crainte de se voir en tutelle ; il aurait même la douleur de ne pouvoir s’opposer à la vente de ses terres, s’il ne prenait incessamment une résolution digne de son rang. Il est fort mal à M. Jean Maire de ne m’avoir point averti du désordre des affaires, et de m’avoir toujours donné des paroles qu’il savait bien ne pouvoir tenir. Il m’a envoyé, en dernier lieu, quatre mille cinq cents livres, au lieu de soixante-deux mille qu’il m’avait promises ; ce n’est pas[1] sa faute de promettre ce qu’il ne peut exécuter ! M. de Montmartin a été plus sincère que lui. En un mot, mon cher ami, je compte sur vous comme sur ma seule ressource : je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

Voltaire.

Je vous prie de me mander à quoi se monte la créance du baron banquier Dietrich, et celle des marchands de Lyon qui ont fourni de belles étoffes à des filles.

  1. Si l’autographe porte ce n’est pas, qu’on lit dans toutes les éditions, il me semble que c’est un lapsus calami. Je crois qu’il faut lire n’est-ce pas, etc. (B.)