Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7288

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7288. — DE M. LE DUC DE LA VRILLIÈRE[1],
17 juin 1768.
À monsieur de Voltaire, ancien gentilhomme ordinaire du roi.

Le roi a, monsieur, été informé par les plaintes qui en ont été portées à Sa Majesté, que le jour de Pâques dernier vous avez fait dans votre paroisse de Ferney une exhortation publique au peuple, et même pendant la célébration de la messe : vous ne pourriez être qu’approuvé si, dans l’intérieur de votre maison, vous aviez rappelé aux habitants de votre paroisse les devoirs de la religion et ce qu’elle exige d’eux ; mais il n’appartient a aucun laïque de faire ainsi une espèce de sermon dans l’église, et surtout pendant le service divin : Sa Majesté a très-fort blâmé cette entreprise de votre part, et elle m’a très-expressément chargé de vous marquer son mécontentement à cet égard, et que vous ayez à l’avenir à ne point vous laisser emporter à de semblables démarches, qui sont entièrement contraires aux règles établies dans tous les États. Je vous prie au surplus d’être persuadé des sentiments avec lesquels je vous suis, monsieur, plus parfaitement dévoué que personne du monde.

  1. Archives nationales. O4.410. Dépêches, année 1768, page 378. — Gustave Desnoiresterres. Voltaire et Genève.