Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7289

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 67-68).
7289. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
20 juin.

Il faut toujours que j’amuse ou que j’ennuie mes anges ; c’est ma destinée. Comment veulent-ils que je passe sous silence mon cher La Bletterie ? On m’assure qu’il m’a donné quelques coups de patte dans sa préface[1]. Je les lui rends tout chauds[2]. Rien n’est plus honnête. Dupuits avait déjà envoyé ce rogaton à Mme la duchesse de Choiseul. À l’égard de mon vaisseau, c’est un navire qu’une compagnie de Nantes a baptisé de mon nom[3] ; apparemment qu’il est chargé de papier, de plumes, et d’encre.

Oui, mes anges, j’enverrai à ce souffleur une édition ; mais cela ne servira de rien, tant la troupe m’a mutilé. L’absence a de terribles inconvénients. Mon cœur pourrait, depuis environ vingt ans, vous en dire des nouvelles.

  1. De Tibère, ou les six premiers livres des Annales de Tacite, par l’abbé de La Bletterie, 1768, trois volumes in-12. Il n’y a rien contre Voltaire personnellement dans cette préface ; mais on avait rapporté à Voltaire que La Bletterie avait imprimé que Voltaire avait oublié de se faire enterrer (voyez tome X page 405).
  2. Voyez lettres 7249, 7294, 7314.
  3. Voyez lettre 7276.