Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7418

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 190-191).
7118. — À M. BORDES.
17 décembre.

[1]Que dites-vous de Catherine, qui se fait inoculer sans que personne en sache rien, et qui va se mettre à la tête de son armée ? Je souhaite passionnément qu’elle détrône Moustapha. Je voudrais avoir assez de force pour l’aller trouver à Constantinople ; mais je suis plus près d’aller trouver Pierre III, quoique je ne sois pas si ivrogne que lui.

Avez-vous lu la Riforma d’Italia[2] ? Il n’y a guère d’ouvrage plus fort et plus hardi ; il fait trembler tous les prêtres, et inspire du courage aux laïques. L’idole de Sérapis tombe en pièces : ou ne verra que des rats et des araignées dans le creux de sa tête. Il se peut très-bien faire que les Italiens nous devancent, car vous savez que les Welches arrivent toujours les derniers en tout, excepté en falbalas et en pompons.

Je n’ai point entendu parler des prétendues faveurs du parlement de Paris[3]. J’ai un neveu actuellement conseiller à la Tournelle, qui ne m’aurait pas laissé ignorer tant de bontés. On ne fait pas toujours tout ce qu’on serait capable de faire.

Portez-vous bien, mon cher vrai philosophe, et cultivez tout doucement la vigne du Seigneur.

  1. Cette lettre a, dans Beuchot, trois premiers paragraphes qui forment les lettres 7396 et 7402.
  2. Voyez la note 2, page 134.
  3. On avait sans doute parlé à Voltaire de la condamnation de quelqu’un de ses ouvrages par me parlement. (B.)