Correspondance inédite de Hector Berlioz/048

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 178-179).
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XLVIII.

À M. AUGUSTE MOREL.


Paris, vendredi 9 mai 1851.

Mon cher Morel,

J’ai été si occupé tous ces derniers jours, que je n’ai pas eu l’esprit de trouver dix minutes pour vous écrire. Après le concert où votre ouverture a si brillamment figuré, nous en avons eu deux autres coup sur coup, au Jardin d’hiver, pour lesquels l’orchestre était payé, et qu’il n’y avait, en conséquence, pas moyen de refuser.

Maintenant je pars pour Londres, le ministre du commerce ayant eu l’idée (singulière pour un Français) de me prendre pour juge du mérite des divers fabricants d’instruments de musique, exposant leurs travaux dans le Cristal-Palace. Je ne reviens pas de mon étonnement… Nous avons eu, hier et avant-hier, des réunions de jurés, et je prends ce soir le chemin de fer. J’aurai beaucoup à faire, étant le seul musicien de la commission. Votre ouverture a été fort bien exécutée et médiocrement applaudie, mais admirée de tous les artistes et des vrais amateurs. Vos billets ont été remis d’après vos indications. Je me réserve de vous la faire entendre quelque jour avec un orchestre immense, car c’est une œuvre de grandes masses ; Bourges en a bien parlé dans la Gazette musicale. J’y viendrai, à mon tour, je ne sais quand, dans le Journal des Débats.

Il est question d’une gigantesque entreprise musicale dont on me confierait la direction à Londres, et où figurerait le Te Deum. Si les fonds se font, je vous écrirai pour que vous veniez m’aider, soit aux études de Paris, soit à celles de Londres, car il faudra bien du monde et bien de l’intelligence pour mener à bien ce projet.