Correspondance inédite de Hector Berlioz/079

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 233-234).
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LXXIX.

À THÉODORE RITTER.


12 janvier 1856.

Mon cher et très cher Théodore,

Souvenez-vous du 12 janvier 1856 !

C’est le jour où, pour la première fois, vous avez abordé l’étude des merveilles de la grande musique dramatique, où vous avez entrevu les sublimités de Gluck !

Quant à moi, je n’oublierai jamais que votre instinct d’artiste a, sans hésiter, reconnu et adoré avec transport ce génie nouveau pour vous. Oui, oui, soyez-en certain, quoi qu’en disent les gens à demi-passion, à demi-science, qui n’ont que la moitié d’un cœur et un seul lobe au cerveau, il y a deux grands dieux supérieurs dans notre art : Beethoven et Gluck. L’un règne sur l’infini de la pensée, l’autre sur l’infini de la passion ; et, quoique le premier soit fort au-dessus du second comme musicien, il y a tant de l’un dans l’autre néanmoins, que ces deux Jupiters ne font qu’un seul dieu en qui doivent s’abymer (sic) notre admiration et nos respects.