Correspondance inédite de Hector Berlioz/125

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 305-306).
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CXXV.

AU MÊME.


Paris, 15 mars 1864

Que diable voulez-vous que je vous dise ? Il n’y a point de nouvelles musicales qui vaillent la peine de vous être envoyées. On a joué dernièrement un opéra de Boulanger, le Docteur Magnus. On va donner un opéra, Lara…, tatouille de M… (je ne me rappelle plus son nom…), à l’Opéra-Comique ; bientôt Mireille de Gounod au Théâtre-Lyrique. Je suis allé prier George Hainl de remettre l’exécution des fragments de Roméo et Juliette à l’année prochaine ; je voyais qu’on n’aurait pas le temps de répéter cela avec assez de soin en ce moment et je ne tiens pas à être exécuté à demi. Pasdeloup a donné une scène des Troyens au dernier concert de l’Hôtel de ville et ne m’a pas même averti de la répétition. Carvalho m’a appris hier à dîner qu’il m’avait mis sur le programme de deux concerts spirituels qu’il va donner dans la semaine sainte, et qu’il voulait qu’à l’instar de David et de Gounod je vinsse diriger en personne le septuor des Troyens : « Non, ai-je répondu, je n’ai pas de robe rouge et je ne puis figurer dans cette cérémonie du Malade imaginaire. Cela ferait quatre chefs d’orchestre. »

J’ai donné ma démission au Journal des Débats. Rien de plus comique que le désappointement et la colère des gens qui, depuis trois mois, me faisaient la cour ; ils ont perdu leurs avances, ils sont volés…

Si vous rencontriez, par hasard, à Vienne, M. Peter Cornelius, dites-lui mille choses de ma part et que je serais bien heureux d’avoir une lettre de lui.