Cours d’agriculture (Rozier)/CONCOMBRE SAUVAGE

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 463-464).


CONCOMBRE SAUVAGE. Planche 12. M. Tournefort le place dans la même classe, dans la même section que la citrouille, & l’appelle cucumis silvestris asininus dictus. M. von Linné le nomme momordica elaterium, & le classe dans la monoécie syngénésie.

Fleur mâle & femelle sur le même pied. Elles sont d’une seule pièce, en forme de cloche très-évasée, découpée en cinq parties : la corolle tient au calice d’une seule pièce, & est divisée en cinq. Les étamines, qui constituent la fleur mâle, sont représentées en B : le pistil D, qui caractérise la fleur femelle, se change en fruit.

Fruit. Ce fruit C est velu, sillonné dans sa longueur, partagé en quatre loges, comme en le voit en E ; il renferme des semences F, aplaties, lisses & luisantes. Lorsque ce fruit a acquis sa maturité, si on le touche en le soulevant, il élance, avec force, un suc fétide, qui entraîne la majeure partie des semences : le vent suffit souvent pour le détacher de la tige.

Feuilles, en forme de cœur, en forme d’oreilles par leur base, arrondies au sommet, velues en-dessous, & leur pétiole couvert de poils.

Racine A, épaisse de deux à trois pouces, longue d’un pied, fibreuse blanche, charnue.

Port. Les tiges épaisses, piquantes, rudes, couchées sur terre & sans vrilles, comme les courges, les melons, &c. : les fleurs naissent des aisselles des feuilles.

Lieux. Les terreins sablonneux, pierreux, les décombres : cette plante est commune dans les provinces méridionales ; elle fleurit en juin, juillet & août.

Propriété. Cette plante est connue dans les boutiques, sous le nom d’elaterium : la racine est amère, nauséeuse ; le suc du fruit amer & fétide. Toutes les parties de la plante sont purgatives ; les racines plus que les feuilles, moins que les fruits. Le suc des fruits, exprimé, purge avec violence, procure une copieuse évacuation de sérosités, cause des coliques vives, des épreintes, & souvent l’inflammation des intestins : l’extrait de son fruit, quoique moins actif, ne peut être employé légèrement, & encore moins la racine.

Usage. La dose d’elaterium est, pour l’homme, depuis un grain jusqu’à deux ; on s’en sert ordinairement pour aiguillonner les autres purgatifs. Le suc, appliqué extérieurement, amollit les tumeurs dures. Quoique ce remède ait été régulièrement vanté par les anciens, il vaut mieux recourir à des purgatifs plus doux, même pour les animaux.