Cours d’agriculture (Rozier)/COQUELUCHE

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 478-479).


COQUELUCHE, Médecine rurale. Le nom de cette maladie tire son origine de l’usage où l’on étoit anciennement de couvrir, avec un capuchon, la tête des gens attaqués de cette maladie.

Tout ce qui peut troubler la digestion, & arrêter la transpiration, donne naissance à la coqueluche ; cette maladie est tellement connue, que nous n’en donnerons point de description : elle attaque plus communément les enfans que les adultes.

Le but qu’on doit se proposer, c’est de rétablir la digestion, en faisant sortir les matières qui alimentent la toux par leur séjour dans l’estomac, & de favoriser la transpiration ; & pour obtenir ce qu’on se propose, il faut se comporter de la manière suivante.

La coqueluche a différens degrés, & les moyens doivent être proportionnés à ces degrés : il faut nourrir le malade avec des bouillons gras simples, lui faire boire de l’eau de poulet, & une tisanne faite avec l’hysope & le miel : on a observé que le changement d’air étoit si salutaire, que souvent il réussissoit seul sans qu’on fût obligé d’employer d’autres remèdes.

Il faut faire vomir le malade ; il n’est pas fort aisé de faire avaler les remèdes aux petits enfans, il faut absolument les tromper dans l’administration des remèdes ; & on réussira parfaitement dans le but qu’on se propose, s’ils sont plus indociles que de coutume, en usant des moyens suivans : on fera infuser vingt-quatre ou trente-six grains d’ipécacuanha dans une chopine d’eau bouillante ; on masquera cette infusion avec un peu de lait & de sucre, &, de temps en temps, on en fera boire une tasse au petit malade. Lorsque le vomissement paroît, on cesse l’usage de l’infusion, & on en règle l’usage sur les degrés, & sur la nature du vomissement. Il suit deux effets avantageux de ce remède ; l’estomac est débarrassé de la cause matérielle de la coqueluche, & la respiration est rétablie. On purge ensuite le petit malade avec le sirop de rhubarbe.

Il est important de défendre absolument l’usage des substances grasses & huileuses ; abus dans lequel on tombe tous les jours.

Si le petit malade ne veut point faire usage de sirop de rhubarbe, on emploie encore le stratagême, & on le purge avec les feuilles de sené, cuites dans les pruneaux.

Si le mal persiste, on a recours au kermès minéral : on le donne à la dose d’un quart de grain, trois fois par jour, mêlé avec du sucre dans une cuillerée de bouillon ou de tisane, dans l’âge d’un an, & à la dose de demi-grain, à l’âge de deux ans.

Si, malgré ces moyens, la coqueluche persiste opiniâtrément, il faut avoir recours aux calmans : on donne le laudanum à la dose de trois, quatre, cinq & six gouttes. Si la toux étoit trop forte, & menaçoit de rompre quelques vaisseaux, il faut tirer un peu de sang. Mais rarement on est obligé d’en venir à cette extrémité, lorsque les moyens que nous avons indiqués ont été exactement suivis. Quand la coqueluche est négligée, & qu’elle règne épidémiquement, elle emporte un très-grand nombre d’enfans.

Il arrive encore quelquefois que la coqueluche résiste à tous les remèdes ; alors il faut appliquer les vésicatoires, & elle disparoît.

Si la fièvre paroît, on la combat avec le quinquina & le castoreum ; le premier, à la dose de huit à dix grains, & le second, à deux ou trois gouttes ; mais il faut avoir fait précéder les remèdes dont nous avons parlé plus haut, sur-tout l’ipécacuanha. M. B.