Croquis honnêtes/33

La bibliothèque libre.
Gangloff (p. 114-115).

Au Cimetière.

Si les choses continuent à aller du train dont elles vont, on n’enterrera plus on brûlera. Au vingtième siècle il n’y aura plus de tombeaux, mais des urnes.

L’avenir est à la Crémation.

Eh bien ! les chrétiens protestent et ne se lasseront pas de protester.

Ils protestent au nom de leurs dix-neuf siècles de tradition constante, d’invariable coutume, de loi consacrée par l’Église.

Ce n’est pas, certes, qu’il en coûtera davantage à notre grand Dieu de ressusciter un jour nos corps brûlés que nos corps enfouis. La Toute-Puissance ne compte pas avec ces détails.

Mais c’est que nous voulons, a tout prix, garder nos rites chrétiens des catacombes, des basiliques et de nos chers cimetières de tous les âges.

C’est aussi que l’inhumation nous donne de la mort l’idée austère, l’idée terrible que nous devons en avoir.

L’urne est un « enjolivement » de la mort, et elle est visiblement faite pour en atténuer l’horreur salutaire.

L’urne est païenne.

Les premiers chrétiens n’en ont pas voulu nous n’en voulons pas.