Croquis honnêtes/52

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Gangloff (p. 167-169).

Un Village.

Oh ! qu’il serait beau d’étudier philosophiquement un village, et de faire, à l’instar de Xavier de Maistre, un Voyage autour d’un village !

Enfoui dans la verdure, le voici, coquet et frais.

Au milieu, voici l’idée de Dieu, représentée par ce charmant clocher qui domine tout le pays.

Tout à côté, voici l’idée du Pouvoir, représentée par la petite mairie en briques rouges.

Puis, voici la Lumière, la bonne et saine Lumière, qui descend sur les intelligences de bonne volonté, et qui est figurée, dans notre hameau, par ces deux écoles, bien vastes, bien aérées, bien lumineuses, où j’aperçois, à bonheur ! la robe noire du Frère et la chère cornette de la Sœur de Saint-Vincent.

Ce joli chalet, sur le premier plan, est l’emblème exact de la Richesse. Dans le jardin jouent six charmants enfants, qui nous symbolisent cette chose auguste, la Famille.

Mais qu’aperçois-je ? Une masure, une ignoble masure où grelottent de pauvres créatures, sans pain, sans feu, sans espérance, et bientôt sans vie. Ah ! c’est la Pauvreté, qu’aimait tant saint François d’Assise, mais qui nous effraie et nous scandalise, pauvres petits chrétiens que nous sommes.

Silence, silence ! la porte de la masure vient de s’entr’ouvrir et, sur le seuil, apparait une belle jeune fille. Dix-huit ans, Monde et rose un rayon. Elle arrive du château voisin que vous voyez là-bas, tout là-bas, sur la colline, et apporte à ces pauvres gens le pain, le feu, l’espérance, la vie. Elle leur apporte surtout son sourire qui les éclaire, les console et les ranime.

Voilà notre village « au complet ».

La Charité a passé par là.