De la vie à la mort/Chapitre VI

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De la vie à la mort (tome second)
J. Maisonneuve (p. 217-240).


CHAPITRE VI


Les Prêtres, les Religieuses, le Tiers-Ordre, l’Église


1o Les prêtres


Le clergé de nos campagnes est, en grande partie, recruté parmi les paysans et quelquefois dans la classe pauvre.

Il arrive qu’un enfant du catéchisme est remarqué par son intelligence. Le curé ou le vicaire s’y intéresse et souvent commence son instruction.

Plus tard, l’élève est envoyé dans un petit séminaire, où il est élevé à l’aide de bourses propres à l’établissement ; ou bien sa modique pension est payée par des personnes pieuses et charitables.

Enfin, quand arrive l’époque de son entrée au grand séminaire, si ce jeune homme ne peut, par une bourse ou des dons, acquitter sa pension on l’y reçoit néanmoins en lui faisant promettre de se libérer peu à peu, chaque année, lorsqu’il aura une situation rétribuée.

Beaucoup de jeunes prêtres, s’ils ont fait de bonnes études, parviennent à se libérer promptement. Ils sont nommés professeurs dans des collèges dépendant de l’Évêché, où ils restent sans traitement, — ayant seulement l’entretien, — jusqu’à ce que la dette qu’ils ont contractée soit soldée.

Aussitôt après l’ordination, il est d’usage de faire célébrer au jeune prêtre une grand’messe dans son pays natal. Un prêtre, le plus souvent le curé, l’assiste à l’autel pour lui donner les indications dont il pourrait avoir besoin.

Avant cette messe, on va le chercher processionnellement chez lui, s’il habite le bourg, ou au presbytère, si sa famille habite la campagne, et on le conduit à la sacristie, et, là, il embrasse et donne sa première bénédiction à ses parents les plus proches.

Un grand dîner en famille, appelé dîner de noces, est le complément de cette cérémonie. Le lendemain, le jeune prêtre dit la messe pour le repos des âmes de ses parents défunts. La famille et les amis y assistent.

Le jeune vicaire doit repasser les cinq années d’études du séminaire pendant le même laps de temps, et subir ensuite un examen à un jour déterminé. Si, sans une autorisation expresse, il ne se présentait pas à cet examen, il serait privé de tout pouvoir jusqu’à ce qu’il ait satisfait à ce devoir.

Après quatorze ans de prêtrise, le vicaire subit, devant les professeurs du grand séminaire un examen complet sur toutes les matières prescrites, et ne peut être nommé à la tête d’une paroisse que si ses réponses ont été jugées satisfaisantes.

Il y a quatre fois par an, dans chaque canton, au jour fixé par l’Évêché, et dans la paroisse désignée par le curé-doyen, des conférences, dans lesquelles on traite, par écrit, une question sur l’une des branches de la science ecclésiastique et, oralement, une question plus facile, habituellement un cas de conscience. Tous les prêtres de la circonscription doivent assister à ces conférences.

Dans certains cantons, les prêtres de plusieurs presbytères s’entendent entre eux pour se réunir et déjeuner ensemble sans invitations préalables.

Ces réunions tout amicales, sont de simples distractions.

Il est aussi d’usage de donner l’hospitalité à tout confrère du diocèse de passage dans la paroisse.

Les membres de la même promotion du séminaire se réunissent ordinairement une fois par an.

Il est interdit à tout prêtre d’assister aux fêtes et au dîner d’un mariage, même quand il s’agit d’un frère ou d’une sœur. Il ne peut que les unir matrimonialement à l’église.

Le lendemain de la noce, par exemple, il y a ce qu’on appelle le déjeuner des curés auquel assistent le clergé, les mariés et les très proches parents.

Il est également interdit à un prêtre d’entrer, pour y boire ou manger, dans un hôtel, une auberge, un café, un cabaret, s’il n’est à plus d’une lieue de chez lui et hors de sa paroisse.

Les servantes, dans les presbytères, doivent avoir au moins quarante ans, sans cela une autorisation spéciale de l’évêque est nécessaire.

Un prêtre étranger au diocèse ne peut dire la messe que s’il est muni d’un certificat d’identité appelé celebret, et émanant de son évêque.

Tous les ans, pendant les vacances du grand séminaire, il est prêché dans cet établissement deux retraites ecclésiastiques auxquelles se rendent successivement tous les prêtres du diocèse. Elles sont présidées par l’archevêque qui, en dehors des sermons du prédicateur de la retraite, reçoit personnellement tous les ecclésiastiques qui désirent lui parler et, de plus, leur donne dans des conférences des conseils intimes.

L’archevêque envoie chaque année un questionnaire imprimé aux curés de son diocèse, qui doivent y répondre par écrit.

Enfin, la Semaine religieuse, journal officiel de l’archevêque, contient les instructions que ce dernier juge utile d’adresser à son clergé.

Lorsque l’archevêque se rend dans certaines paroisses de son diocèse, les jeunes gens vont quelquefois à cheval au-devant de lui et entourent son carrosse. Autrefois ils tiraient des coups de fusils, et des feux de joie étaient préparés sur son passage ; c’était lui qui les allumait.

Le cardinal Fesch, oncle de Napoléon Ier, vint à Rennes en 1811. Comme Son Éminence devait arriver par Vitré, les habitants de cette ville l’avaient priée de s’arrêter chez eux et de leur permettre de lui offrir à dîner. Le cardinal avait accepté.

On alla au-devant de lui jusqu’à la Gravelle.

Nombre de jeunes gens et de paysans étaient à cheval et armés de fusils.

Lorqu’ils aperçurent le carrosse de Son Éminence, ils firent aussitôt une décharge de mousqueterie qui causa une peur effroyable au prélat.

En voyant cette troupe armée, et surtout les paysans vêtus de peaux de biques ressemblant à des brigands, les champs couverts d’arbres ayant l’aspect d’une forêt, et les haies vives semblables à des barricades, Monseigneur Fesch voulut rebrousser chemin, croyant à une protestation contre Napoléon Ier.

On eut toutes les peines du monde à le rassurer, et à lui faire comprendre qu’il était d’usage, en Bretagne, d’aller ainsi au-devant des grands personnages qui venaient visiter notre pays, de tirer des coups de fusil en signe de joie et de caracoler autour de leurs carrosses.

Après 25 ans de prêtrise un ecclésiastique célèbre ses noces d’argent et après 50 ans ses noces d’or.

Ces cérémonies donnent lieu à une grande messe chantée par un dignitaire avec le Te Deum, échange réciproque de compliments et agapes fraternelles auxquelles sont invités les amis personnels, et, si c’est un curé, tous les vicaires qu’il a eus avec lui. On va le chercher au presbytère processionnellement comme le jour de son ordination.

Il n’y a pas très longtemps encore, lorsqu’un curé mourait dans une paroisse, on l’exposait et l’on promenait son corps, la figure découverte, dans les principales rues du bourg. Cet usage est, aujourd’hui, tombé en désuétude.

Le prêtre est enseveli et mis en bière avec ses ornements sacerdotaux tels qu’il les avait de son vivant pour dire la messe.

À l’église, le cercueil est placé dans le sens contraire de celui des laïques, c’est-à-dire que la figure, au lieu d’être tournée vers l’autel, est dirigée vers les assistants.

Depuis qu’on a cessé d’inhumer les prêtres dans les églises on les enterre généralement, à la campagne, la tête au pied de la vieille croix de granit sculpté qui se trouve dans la plupart des cimetières.

Les Missions

Les Missions paroissiales durent assez longtemps.

Le jour de l’ouverture, avant la grand’messe, le clergé va professionnellement, avec la croix et la bannière, chercher les missionnaires au presbytère et les amène dans l’église jusqu’à la table de communion.

Là, après échange de bienvenue de la part du curé, et de remerciements du supérieur, le premier enlève de son cou l’étole, insigne de sa charge pastorale, pour la remettre au supérieur. Ce dernier la conserve jusqu’à la fin de la mission et la rend à ce moment au curé, après le dernier office, et avec le même cérémonial.

Les missionnaires quittent immédiatement la commune.

Quand il y a, soit une mission, soit un jubilé ou même les quarante heures, des prêtres étrangers viennent pour prêcher et confesser.

Afin d’alléger les charges qui, dans ces occasions, incombent au curé, ses amis de la paroisse lui envoient quelquefois des volailles, du poisson, des gâteaux, des fruits, du vin, des liqueurs.

Comme il n’y a pas toujours suffisamment de chambres au presbytère pour loger tous les prêtres étrangers, ils reçoivent l’hospitalité chez quelques habitants qui veulent bien mettre des appartements à la disposition de leur pasteur.

Tombe d’honneur de la Mission

Un jour de la mission est consacré au souvenir des morts.

Après un service solennel à l’église, on se rend processionnellement au cimetière où le fossoyeur a eu soin de creuser par avance une fosse. Toutes les familles y sont représentées au moins par un membre.

Le supérieur prononce une homélie et bénit la tombe destinée à recevoir le corps de la première personne de la commune qui meurt après avoir fait sa mission.

On lui donne le nom de tombe d’honneur. Et, en effet, les familles considèrent comme une faveur exceptionnelle d’avoir un des leurs inhumé dans cette fosse.

2o Les religieuses

Les sœurs de Bon-Secours dont nous possédons une maison à Rennes ont pour mission de soigner les malades gratuitement, s’ils n’ont pas de fortune, et de ne pas taxer les familles à l’aise ou riches. Elles acceptent ce qu’on leur donne.

Parmi leurs règles en voici quelques-unes qui méritent d’être citées :

La religieuse qui veille un malade couche dans sa chambre, sur un lit, après être allée prendre un vêtement plus commode que celui de la journée.

Elle ne peut rester plus d’un certain temps près de la même personne.

Lorsque celle-ci vient à mourir, une seconde religieuse accompagne la première à l’enterrement en tête du cortège. Les funérailles terminées, elles doivent rentrer immédiatement à la communauté sans avoir de plus longues relations avec la famille du défunt.

Les religieuses de Bon-Secours renouvellent leurs vœux à une fête de vierge désignée pour tout l’Ordre, et cela partout où elles se trouvent.

Tous les deux ans, elles vont à une retraite à la maison mère, retraite qui dure huit jours et pendant tout ce temps elles ne doivent parler, ni même lire une lettre avant la fin du chant du Te Deum qui termine la mission.

Contrairement à ce qui se passe pour les prêtres, qui ont quelquefois de superbes tombeaux élevés par la reconnaissance publique, les religieuses n’ont qu’une simple croix de bois sur laquelle, souvent, leur nom de famille n’est même pas écrit.

Autrefois certaines religieuses cloîtrées, notamment les Ursulines, étaient, aussitôt après leur mort, revêtues de leurs vêtements, puis attachées sur une planche et recouvertes d’un drap mortuaire.

Pendant la messe, le corps était déposé dans le chœur cloîtré de la chapelle. Après l’office, il était porté au cimetière dépendant de la communauté, où on le faisait glisser dans une fosse au fond de laquelle se trouvait un fagot pour tout cercueil.

La prise d’habit est la première cérémonie des religieuses.

Voici comment, ordinairement, elle se fait chez les religieuses cloîtrées.

Le prêtre dit à la prétendante :

— Ma fille, que demandez-vous ?

Elle répond :

— J’ai fait une demande au Seigneur et je la réitère. C’est d’habiter dans cette maison de Dieu tout le temps de ma vie.

L’habit et le voile sont ensuite bénits, un cierge allumé est mis entre les mains de la jeune fille qui baise la main du célébrant.

Ce dernier enlève le mouchoir qu’elle a au cou, lui pose un voile sur la tête, l’informe qu’elle cessera de porter son nom, et enfin lui donne sa bénédiction.

Après la messe, la nouvelle novice donne le baiser de paix à la supérieure et à chacune des sœurs.

La supérieure et l’assistante la font marcher devant elles, tirent le rideau et ferment la grille.

La profession est une cérémonie vraiment impressionnante :

La novice à genoux, au milieu du chœur, ayant à ses côtés la supérieure et l’assistante, dit à haute voix :

— Je demande pour l’amour de Dieu d’être reçue à la sainte profession.

Le célébrant répond : Avez-vous fermement établi en votre cœur n’étant point contrainte ? Vos habits vous sont conservés et voici le voile de la Congrégation. Choisissez.

— Je me suis volontairement dépouillée des robes mondaines. Jamais, avec l’aide Dieu, je ne les reprendrai.

Le célébrant à la supérieure : — Vous avez entendu, ma mère, la demande de cette sœur. A-t-elle le consentement de la Congrégation ?

— Oui, par la grâce de Dieu.

La novice prononce alors les paroles de la profession.

Le célébrant lui met la croix au cou et lui donne le voile en disant : — Ce voile, sera sur vos yeux contre tous les regards des hommes, et une marque sacrée afin que vous ne receviez jamais aucun signe d’amour que celui de Jésus-Christ. Ma sœur, ajoute-t-il, vous êtes morte au monde et à vous-même, pour ne vivre plus qu’à Dieu.

Les deux assistantes la recouvrent d’un drap, et les sœurs disent alternativement le De profundis.

Le célébrant jette de l’eau bénite, et dit :

— Levez-vous, vous qui dormez ; relevez-vous d’entre les morts et Jésus-Christ vous illuminera.

Les deux assistantes découvrent la novice qui reçoit le cierge que le prêtre lui offre.

La messe est ensuite célébrée.

Nous devons à l’obligeance de deux dames de Rennes, les récits suivants d’une prise d’habits et d’une profession.

1o Le 26 février 1885 prise d’habit de Mlle de S… au Sacré-Cœur de Rennes, ordre non cloîtré.

« Dans le chœur, l’archevêque préside assisté d’un vicaire général.

» Un Père jésuite (le Sacré-Cœur étant de l’ordre des Jésuites) fait le sermon d’usage.

» Le père, la mère, la famille et les amis intimes sont là.

» Au milieu, devant l’autel, est un prie-Dieu pour la novice, et de chaque côté ont été placées des chaises pour la supérieure de Rennes et la supérieure de Conflans où se trouve la maison des novices.

» Viennent ensuite les élèves avec leurs voiles blancs, les religieuses dans leurs stalles et les invités.

» La jeune fille fait son entrée en toilette de mariée, donnant la main à la supérieure de Conflans qui, après l’avoir conduite à la place qu’elle doit occuper, va se placer à sa droite à une certaine distance.

» L’archevêque chante le Veni Creator.

» La supérieure de Conflans conduit la postulante à la balustrade de l’autel du côté où se trouve sa famille. La jeune fille s’agenouille et l’archevêque lui pose sur la tête le voile blanc et prononce quelques paroles élogieuses à l’adresse de la famille qui a un grand nom, rappelant des souvenirs historiques.

» Ensuite la novice accompagnée des deux supérieures, quitte la chapelle pendant quelques instants et revient avec le costume des religieuses. Elle assiste à la messe et communie.

» Après la cérémonie, elle reçoit ses parents et amies au parloir et leur dit adieu. »

2o Profession d’une religieuse cloîtrée au couvent de la Visitation (ordre enseignant), juin 1883.

« Les grilles étaient ouvertes et on voyait dans la chapelle toutes les élèves habillées de blanc, puis les novices, et au fond les religieuses cachées sous leurs longs voiles noirs.

» La novice était une jeune fille de 22 ans, native de la Bouëxière.

» Ses parents et amis assistaient à la cérémonie.

» Le prêtre fit un sermon après lequel deux religieuses apportèrent, dans des paniers, des cierges qu’elles offrirent aux autres religieuses.

» La novice demanda à prononcer ses vœux de pureté, de pauvreté et d’obéissance.

» Le prêtre demanda à la supérieure si cette jeune fille n’avait pas été contrainte et si elle était digne d’entrer dans l’Ordre.

» La réponse fut affirmative.

» La supérieure et une autre religieuse vinrent alors s’agenouiller près de la novice qui avait encore à ce moment le voile blanc.

» Elle prononça ses vœux d’une voix émue, puis on lui remit un cierge entre les mains.

» Le prêtre lui passa autour du cou la croix qu’elle devait à l’avenir toujours porter avec amour et respect. Il lui mit ensuite sur la tête le voile noir qui devait la dérober aux regards des hommes. Ensuite le célébrant lui dit : « Vous êtes morte au monde et à vous-même. »

» Après ces paroles, elle se plaça sous le drap mortuaire et les religieuses chantèrent le De profundis.

» On lui mit une couronne de roses blanches sur la tête, et une jeune fille, parente ou amie, offrit à tous les assistants les fleurs d’une corbeille qui avait été placée, pendant la cérémonie, devant la jeune religieuse.

» Celle-ci communia seule, à la messe dite à son intention.

» Après l’office, eut lieu la bénédiction du Saint-Sacrement.

» La nouvelle religieuse donna le baiser de paix à toutes les sœurs de la communauté. Elle eut constamment le voile relevé contrairement aux autres religieuses. »

3o Le Tiers-Ordre

Les membres du tiers-ordre sont des laïques affiliés à un ordre religieux dont ils doivent suivre les usages. Ils sont astreints à certaines prières chaque jour et à communier au moins quatre fois l’an. Ils participent ainsi aux avantages spirituels de l’Ordre. Comme ils ne peuvent en porter le costume, ils ont simplement le scapulaire et, autour des reins, une corde nouée qu’ils conservent même après leur mort. Ils s’occupent de bonnes œuvres.

4o L’église

Les fabriciens sont chargés de l’administration temporelle de l’église. Ils ont dans celle-ci un banc spécial appelé banc des fabriciens.

En outre, ils ont l’honneur de porter aux fêtes-Dieu les flambeaux allumés qui entourent le Saint-Sacrement.

Aux grandes fêtes de l’année, ou au moins une fois l’an, il est d’usage, après la grand’messe, de réunir dans un dîner au presbytère, les membres du Conseil de fabrique.

Les marguilliers sont les fabriciens désignés pour établir le budget de la fabrique et s’occuper des recettes et des dépenses.

Les trésoriers sont au nombre de deux dans les petites communes, et de quatre dans les communes plus importantes.

Leurs fonctions consistent à faire les quêtes pour l’entretien de l’église et les fidèles défunts, et à distribuer le pain bénit. Dans certaines paroisses et, notamment à Saint-Sulpice-des-Landes, ce sont les personnes qui font don du pain bénit à l’église, qui le distribuent elles-mêmes à la grand’messe.

Il y a le grand et le petit trésorier ; le premier porte la croix et le petit la bannière.

Le bedeau, lui, est chargé de la propreté de l’église et de sonner l’angelus.

Dana les bourgs où les jeunes filles sont instruites par des religieuses, ce sont celles-ci qui s’occupent de l’ornement des autels, qui les parent de fleurs chaque dimanche, et qui confectionnent la crèche de Noël. À défaut de religieuses, ce sont des dames, ou des demoiselles pieuses qui se chargent de ce soin.

Les sonneurs de cloches ne sont employés que le dimanche et les jours de fêtes et sont, par conséquent, peu rétribués ; aussi, après avoir sonné presque sans cesser tout le dimanche de la Toussaint, et le lendemain jour des morts, vont-ils à domicile, faire une quête à leur profit chez tous les habitants.

La Quenouillée

Dans un certain nombre d’églises de communes rurales, on présente encore aux étrangères qui assistent pour la première fois à la messe la quenouillée.

Elles la touchent et donnent une pièce de monnaie comme offrande.

À Bruz, la quenouillée est présentée le premier dimanche de l’année à toutes les femmes de la paroisse, parce qu’elle est l’emblème du travail. Jadis on faisait toucher aux hommes une petite charrue.

Dans le principe la quenouillée se composait tout uniment d’un roseau recouvert de filasse attachée avec un filet. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un bâton enrubanné.

À Bréal-sous-Montfort, au commencement de chaque année, on fabrique avec un roseau et de la filasse une quenouillée monstrueuse. Elle est l’objet d’une fête et on va la voir par curiosité.

Les fermières, lorsqu’une de leurs génisses doit faire son premier veau, s’en vont à l’église promettre à la Vierge une moche de beurre du lait de la mère vache.

Après les récoltes, on porte aussi sur l’autel de la Vierge des gerbes de blé, de chanvre, de lin, et lorsqu’on tue un cochon, un morceau de lard.

Ainsi qu’il a été dit, ces provisions sont vendues aux enchères à la porte de l’église, à l’issue de la grand’messe.

On appelle Pèle-genouailles[1], celui ou celle qui fréquente assidûment les églises et qui reste longtemps à débiter ses péchés dans le confessionnal.


  1. Pèle-genoux.