Description de l’Égypte (2nde édition)/Tome 1/Avertissement

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AVERTISSEMENT.



ON a réuni dans cet Avertissement diverses remarques relatives au plan de l’ouvrage, ou qui doivent guider le lecteur dans l’usage de l’atlas ; elles sont précédées d’une notice historique concernant les mesures qui ont été prises pour la composition et la publication.

Immédiatement après le retour de l’armée d’orient, le gouvernement ordonna que les mémoires, les cartes, les dessins, et toutes les observations relatives aux sciences et aux arts, qui avaient été faites pendant le cours de l’expédition ; fussent rassemblés dans un ouvrage général et publiés aux frais du trésor public. On invita les personnes qui avaient coopéré à ces recherches, à proposer les écrits ou les dessins dont cette collection devait être formée. On confia en même temps le soin de diriger l’exécution à une commission de huit personnes, désignées par le ministre de l’intérieur, sur la présentation de l’assemblée des auteurs. Cette même assemblée choisit ensuite, par voie de scrutin, celui de ses membres qui devait composer le discours préliminaire. MM. Berthollet, Conté, Costaz, Desgenettes, Fourier, Girard, Lancret et Monge, ont été nommés membres de la commission, qui exerce une surveillance générale sur les diverses parties de l’ouvrage, en règle les dépenses, et les propose à l’approbation du ministre. MM. Conté et Lancret ont été remplacés successivement par MM. Jomard et Jollois ; et MM. Delile et Devilliers ont été adjoints à cette commission au commencement de l’année 1810.

Il était nécessaire qu’un commissaire spécial fût chargé de régler immédiatement les détails de l’exécution, de maintenir l’économie et l’uniformité dans toutes les parties du travail, de disposer les matériaux suivant l’ordre adopté ; de choisir les graveurs, de recevoir leurs engagemens et de les soumettre à l’examen de la commission ; de présenter le tableau des dépenses et des progrès successifs de l’ouvrage ; enfin de diriger les divers travaux de la gravure et de l’impression des planches. Le ministre a nommé, pour remplir cette fonction M. Conté, dont la mort a causé de si justes regrets, et qui a rendu à l’État et aux sciences des services mémorables, que l’on s’est fait un devoir de citer dans la Préface historique. M. Michel-Ange Lancret, ingénieur des ponts et chaussées, lui avait succédé à la fin de l’année 1805 : il s’était fait remarquer depuis long temps par des connaissances très-rares dans la haute géométrie et dans toutes les branches de la philosophie naturelle ; il a succombé à une maladie lente et douloureuse, vers la fin de l’année 1807, après avoir donné des témoignages multipliés d’un zèle que l’on ne peut trop reconnaître. Il a été remplacé par M. Jomard, ancien ingénieur du cadastre et du dépôt de la guerre, qui, depuis la mort de M. Conté, consacre à ce travail les soins les plus assidus. La commission chargée de diriger l’édition a choisi parmi ses membres, et avec l’approbation du ministre de l’intérieur, un secrétaire chargé de la correspondance générale, qui rédige les délibérations, surveille immédiatement l’impression des mémoires, et concourt, avec le commissaire, à la composition et à la correction des planches. Cette fonction a été successivement confiée à MM. Lancret et Jomard ; elle est remplie aujourd’hui par M. Jollois, ingénieur des ponts et chaussées. Les auteurs présens à Paris soignent la gravure de leurs dessins, de concert avec le commissaire du ministre.

On a eu pour but principal, en composant ce recueil, de présenter avec ordre les résultats qui intéressent les antiquités, l’état actuel, l’histoire naturelle et la géographie de l’Égypte, c’est-à-dire de rassembler les élémens fondamentaux de l’étude de ce pays. Ce travail immense a été distribué entre un grand nombre de coopérateurs, et l’on a formé, par la réunion de leurs ouvrages, la description complète que l’on s’était proposée. On a jugé nécessaire que chaque partie de cette collection fût examinée par les auteurs réunis : il n’y a aucun des mémoires et des dessins qui n’ait été présenté séparément à l’assemblée générale, et soumis à une délibération attentive. L’objet de cette discussion commune est de garantir l’exactitude des faits, de rejeter ou de modifier les ouvrages erronés ou inexacts : elle donne à ceux qui sont admis une sorte d’authenticité ; car on n’en permet la publication qu’après qu’ils ont été approuvés au scrutin, à la majorité des suffrages ; mais l’examen dont il s’agit ne porte point sur les opinions que les auteurs des mémoires ont adoptées, ou sur les conséquences qu’ils ont déduites de leurs recherches, et l’on ne serait point fondé à conclure que ces opinions sont toujours partagées par l’assemblée des coopérateurs, ou par la commission qui a dirigé la publication de l’ouvrage.

On insérera dans la dernière partie de la Description de l’Égypte, la liste de toutes les personnes qui auront coopéré à cette collection. C’est alors seulement que cette liste générale des auteurs pourra être composée avec exactitude ; elle remplacera les listes partielles qui auront été jointes à chaque livraison : elle contiendra aussi les noms des coopérateurs dont la mort a interrompu les travaux, soit après le retour de l’armée d’orient, soit pendant la durée de l’expédition.

L’exécution de cette grande entreprise a été favorisée par la protection constante du gouvernement ; elle a procuré des encouragemens précieux aux graveurs français, en exigeant le concours assidu d’un très-grand nombre d’artistes ; enfin elle a occasioné des progrès nouveaux dans cette branche de l’art du dessin. La gravure de la topographie et de l’histoire naturelle, et surtout celle de l’architecture, ont acquis un degré de perfection remarquable ; et l’on trouvera dans cet ouvrage plusieurs modèles du travail le plus pur et le plus correct. En s’exerçant à exprimer le grand caractère des monumens de l’Égypte, de jeunes artistes se sont formés et se distinguent déjà par de rares talens.

On a employé aussi de nouveaux procédés pour l’impression des planches ; on a perfectionné la fabrication des papiers vélins, et il a fallu construire des presses d’une grandeur inusitée. En effet, l’étendue des monumens égyptiens, que l’on s’est astreint à représenter tous sur une même échelle, exigeait, dans les papiers destinés à l’impression des planches, des dimensions extraordinaires. On a fait d’heureux efforts pour développer cette branche de l’industrie française, et les produits que l’on a obtenus égalent ou surpassent ceux des manufactures étrangères. Mais de tous les résultats nouveaux auxquels cet ouvrage a donné lieu, ou dont les arts n’avaient fait en France aucune application, le plus utile est celui que l’on doit au talent inventif de M. Conté. La sérénité du ciel de l’Égypte ne pouvait être bien exprimée que par des teintes très-étendues et assujetties à une dégradation uniforme. Il fallait aussi, pour représenter les surfaces lisses et spacieuses qui servent de fond aux bas-reliefs égyptiens, employer des teintes égales, qui, vues à peu de distance, produisissent le même effet que le lavis. On est parvenu à graver les ciels et les fonds, à l’aide d’une machine qui supplée à un travail long et dispendieux ; et la beauté de l’exécution surpasse tout ce qu’on pourrait attendre de l’artiste le mieux exercé. Ainsi l’usage de cet instrument, qui a été aussi d’un grand secours pour l’exécution des planches d’architecture, a procuré à-la-fois des résultats plus parfaits, et une économie considérable dans les frais de gravure et dans l’emploi du temps.

Indépendamment des cartes géographiques, qui sont toutes achevées et dont la publication est différée, l’atlas de la Description de l’Égypte contient plus de huit cents planches. On n’y a point représenté isolément des objets peu considérables ; mais, au contraire, on a réuni sur une même feuille le plus grand nombre possible de dessins. Ils y ont été distribués avec ordre et symétrie, et l’on est parvenu à donner un aspect régulier et uniforme à un tout composé d’une multitude de parties, et auquel un grand nombre de personnes ont concouru.

Cette collection doit plutôt être considérée comme un ouvrage destiné à l’étude, que comme un ouvrage de luxe. Le genre de beauté qui lui convenait le plus, consistait dans une exécution, précise et correcte. C’est, en effet, le caractère propre qu’on s’est attaché à lui donner ; et l’on n’a rien omis de ce qui pouvait contribuer à l’exactitude. Le soin que l’on a pris de rassembler sans confusion des objets de même espèce, a diminué considérablement les dépenses et le nombre des planches, et a permis de comprendre dans cet atlas plus de trois mille dessins particuliers.

On a gravé environ cent planches dans le cours de chaque année. La plupart des ouvrages du même genre qui ont été publiés jusqu’ici, ont exigé un plus long intervalle de temps, quoiqu’on ne puisse nullement les comparer à celui-ci pour l’étendue et pour le nombre des objets qui composent les planches. Ces grands résultats, que l’on n’aurait point obtenus sans un concours de circonstances extraordinaires, sont dus principalement à l’influence protectrice qui favorise aujourd’hui les progrès des beaux-arts, et anime toutes les branches du gouvernement français.

DIVISION DE L’OUVRAGE.

La Description de l’Égypte est composée de trois parties, que l’on a désignées par les noms suivans : 1o. Antiquités, 2o. État moderne, 3o. Histoire naturelle. Dans les deux premières, on a suivi l’ordre des lieux, en allant du midi au nord, depuis l’île de Philæ jusqu’à la Méditerranée ; et de l’est à l’ouest, depuis Péluse jusqu’à Alexandrie. Dans l’Histoire naturelle, on a de même ordonné la minéralogie du midi au nord ; les autres divisions sont rangées par familles. Les Antiquités comprennent tous les monumens antérieurs à la conquête de l’Égypte par les Arabes ; tout ce qui est postérieur à cette époque compose l’État moderne.

Chacune de ces trois parties a plusieurs volumes de planches et de texte correspondans.

DES PLANCHES.
Composition des volumes.

Le premier volume des Antiquités comprend, indépendamment de l’île de Philæ, tout le pays situé entre la dernière cataracte et la ville de Thèbes ; savoir, Syène et les cataractes, Eléphantine, Ombos et Selseleh, Edfoû, Elethyia, Esné, Erment. Le deuxième et le troisième volume sont formés des seules antiquités de Thèbes, et ils renferment les papyrus, les peintures, et les autres objets trouvés dans les hypogées. Le quatrième et le cinquième volume contiennent les monumens des lieux situés au-dessous de Thèbes ; savoir, Denderah, Abydus, Antœopolis, Hermopolis magna, Antinoé, le Fayoum, les Pyramides, Memphis, les Grottes et le reste de l’Heptanomide, la basse Égypte, Héliopolis, Canope, Alexandrie, Taposiris. On y a joint les collections d’hiéroglyphes, d’inscriptions, de médailles, de vases, de statues, et autres antiques.

Le premier volume de l’État moderne comprend la haute et la moyenne Égypte, le Kaire et la basse Égypte ; enfin l’isthme de Soueys et les environs. Le second volume comprend Alexandrie, la Collection des arts et métiers, celle des costumes et portraits, celle des vases, meubles et instrumens, enfin celle des inscriptions, monnaies et médailles.

Les volumes d’Histoire naturelle sont composés des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des poissons du Nil, de la mer Rouge et de la Méditerranée, des insectes d’Égypte et de Syrie, des mollusques, vers et zoophytes, des plantes ; enfin des roches et fossiles de l’Égypte et de la presqu’île du mont Sinaï.

Quant à l’Atlas géographique de l’Égypte et de la Syrie, il forme dans cet ouvrage une section distincte.

Les planches sont distribuées, pour chaque lieu, dans l’ordre suivant, que l’on a principalement observé pour les antiquités :

1o. Plans généraux ou topographiques ;

2o. Vues des monumens dans leur état actuel ;

3o. Plans particuliers des édifices, coupes et élévations ;

4o. Détails d’architecture ;

5o. Bas-reliefs, peintures, statues, ornemens, etc.

On a quelquefois jugé nécessaire d’ajouter des vues perspectives restaurées.

Outre les gravures terminées, on a placé dans les planches, des détails gravés au trait, soit parce qu’ils suffisent dans certains cas, soit afin d’y conserver la plus grande précision possible ; ce qui est très-important pour les inscriptions hiéroglyphiques. On publie aussi au trait les planches de monumens astronomiques, indépendamment des gravures terminées.

Des titres et indications qui se trouvent sur les planches.

Chaque planche porte, dans l’angle supérieur à gauche, l’un des trois signes A., É. M., H. N., suivi du numéro du volume écrit en chiffres romains.

Dans l’angle supérieur à droite, on trouve le numéro de la planche écrit en chiffres arabes.

Dans les deux premières parties de l’ouvrage, qui sont divisées par localités, il y a en tête et au milieu de la planche le nom du lieu. Dans les Antiquités, ce nom est double : le premier est le nom actuel du pays ; le second est le nom latin. Si le pays porte un nom reçu dans notre langue, ce dernier nom est écrit seul. Le nom latin est toujours tiré de l’Ægyptus antiqua de d’Anville.

Dans les sections de ces deux parties de l’ouvrage, qui ne sont pas rangées par ordre de lieux, mais par collections, on a mis, à la place du nom de lieu, un titre qui désigne l’espèce de ces collections ; les planches de ces mêmes sections sont réunies par série, et l’ordre est indiqué par des chiffres romains ou par des lettres.

Le titre écrit au bas de chaque planche désigne d’une manière succincte les monumens ou les objets représentés : pour connaître en détail le sujet et les différentes parties de la gravure, il faut recourir à l’Explication des planches.

Quand une planche est composée de plusieurs figures, chacune de celles-ci porte un numéro, qui renvoie à l’Explication des planches.

Dans les vues pittoresques ou perspectives, on indique chacun des points remarquables, au moyen d’un même chiffre placé sur deux côtés contigus de la planche, à l’extrémité de l’horizontale et de la verticale qui passent par ce point.

Des échelles employées dans les planches.

On trouve, sur la plupart des planches, deux échelles : l’une à droite, divisée suivant notre système métrique ; l’autre à gauche, portant les anciennes mesures françaises.

Dans les dessins des monumens, on s’est servi d’échelles communes, afin que l’on pût facilement comparer toutes les dimensions. On a choisi, pour les deux premières parties de l’ouvrage, les échelles suivantes, qui sont constantes pour tous les édifices.

L’échelle des plans est de deux millimètres et demi pour mètre ou d’un quatre-centième ; celle des coupes et élévations, d’un centimètre pour mètre : à l’égard des détails d’architecture et de sculpture, on a adopté des échelles plus grandes, appropriées à l’espèce et à l’étendue des objets représentés.

Dans les plans généraux ou topographiques, il était nécessaire d’employer des échelles différentes ; elles sont toutes assujetties au système métrique français.

Quant aux gravures des papyrus et des médailles, on y a conservé la grandeur même des originaux. Il en est en général de même des objets d’histoire naturelle.

Lorsqu’une échelle placée au bas de la planche, et seule dans cette même planche, ne porte la désignation d’aucune figure, elle appartient à la planche entière. Lorsqu’une échelle est au-dessous d’une figure, elle n’appartient qu’à cette figure. Quand on trouvera quelque différence, entre les cotes et les mesures prises sur l’échelle, il faudra s’en tenir aux premières ; on sait d’ailleurs que le retrait du papier à l’impression diminue

les dimensions d’environ un centième.
Des cotes ou mesures.

Les mesures gravées sur les planches sont exprimées en mètres et parties de mètre ; la virgule ou le point indique les décimales du mètre.

Pour désigner les deux extrémités des distances qui ont été mesurées, on a tracé des lignes d’attache très-fines, entre lesquelles on a écrit la cote ; quand l’espace était un peu considérable, on a ponctué une partie de la ligne cotée. Les cotes sont toujours placées au milieu de l’intervalle dont elles expriment la mesure.

Dans les coupes et élévations, les cotes horizontales sont placées quelquefois à côté des intervalles qu’elles servent à mesurer. Pour indiquer le diamètre d’une colonne, on écrit diam. ; et pour la circonférence, circ.

Pour orienter les plans topographiques et les plans des édifices, on s’est servi du méridien magnétique. Les degrés indiqués appartiennent à la division sexagésimale.

Les sondes des ports et les cotes de nivellement sont exprimées, soit en pieds, soit en mètres, selon l’espèce des mesures employées dans les observations.

Autres indications.

Dans les mots écrits sur les plans généraux, on s’est servi des lettres capitales pour désigner les villes, les bourgs, les monumens et les objets principaux ; des lettres romaines, pour les villages, les ruines, les diverses constructions et les restes d’antiquités ; et des lettres italiques et cursives, pour les variétés du sol, comme les montagnes, les chemins, les sables, les décombres, etc.

Dans ces mêmes plans généraux et dans les planches d’architecture, les lettres capitales isolées indiquent ordinairement les monumens principaux, et les points d’où l’on a pris les vues pittoresques et les vues perspectives dans les planches d’architecture, elles sont encore employées à marquer les lignes de coupe : les lettres romaines et italiques marquent la place des chapiteaux, des bas-reliefs et des divers détails d’architecture. On trouve la signification des lettres et des chiffres isolés dans l’Explication des planches.

Dans les plans des monumens égyptiens, on n’a employé qu’une seule taille d’une teinte très-légère pour marquer les parties basses, comme les murs d’entrecolonnement. On s’est servi de deux tailles d’un ton pâle pour les parties entièrement restaurées. Deux tailles et une teinte plus colorée indiquent les parties démolies, mais dont on voit encore les fondations. Enfin le noir plein désigne les parties qui sont encore debout. Les monumens et les constructions de granit ont été représentés, dans les plans, par des tailles entremêlées de points.

Le papier des planches de l’ouvrage a été fabriqué sur trois formes particulières de longueur différente, mais d’égale hauteur, en sorte que ces trois formats n’en composent qu’un seul de 26 pouces de haut, ou 0m. 704.

Le premier, qui est le plus ordinaire et qui répond au format grand-atlas, a 20 pouces sur 26, ou 0m. 541 sur 0m.704.

Le second a 40 pouces sur 26, ou 1m.083 sur 0m.704.

Le troisième a 50 pouces sur 26, ou 1m. 354 sur 0m.704.

Il y a de plus un format extraordinaire, qui a 42 pouces sur 30, ou 1m.137 sur 0m.812.

En bas et à gauche de chaque planche ou de chaque figure, on a gravé le nom de l’auteur qui a fourni le dessin ; le nom du graveur est toujours à droite ou au milieu.

DU TEXTE.

Le texte comprend des mémoires et des descriptions, ainsi que des explications séparées pour les planches de l’Atlas.

Ces explications des planches ont pour objet de faciliter l’usage de l’Atlas et l’étude des objets qui y sont représentés ; elles contiennent des détails que la gravure ne pouvait exprimer ; on y fait distinguer les parties d’ornement qui ont été restaurées dans les dessins d’archilecture, et l’on indique les motifs de cette restauration (c’est aux planches de détails qu’il faut recourir pour étudier les inscriptions hiéroglyphiques qui ont été recueillies sur les lieux). On y a inséré et imprimé en petits caractères des observations qui suppléent aux incorrections ou aux omissions de la gravure. Quelquefois on a fait entrer dans l’explication des planches, des remarques qui n’auraient pu trouver place dans les descriptions.

La première partie du texte porte le titre de Descriptions, et suit l’ordre des lieux, de même que les volumes de planches ; l’autre porte le titre de Mémoires, et forme des volumes séparés.

Les Descriptions des villes et des monumens forment autant de chapitres qu’il y a de lieux décrits et représentés. Elles ont pour objet de faire connaître l’état ancien et l’état actuel des lieux ; et cette exposition est accompagnée de remarques historiques et géographiques.

Les Mémoires consistent dans des recherches et dissertations sur des matières générales ou particulières, telles que l’état physique de l’Égypte, l’histoire et la géographie du pays, la législation et les mœurs, la religion, la langue, l’astronomie, les arts, l’agriculture, etc. chez les Égyptiens anciens et modernes. Ces mémoires sont placés l’un à la suite de l’autre sans ordre déterminé, comme dans les collections académiques. L’avantage de pouvoir former plus facilement la table des matières a été préféré à celui d’une division systématique.

Les mémoires et descriptions sont divisés, comme les planches, en trois classes, correspondantes à celles des planches et distinguées par l’une des marques A., E. M., H. N., placée en bas et à gauche du premier folio de chaque feuille. On y a joint la lettre D. pour distinguer les descriptions. Exemple : A. D. signifie Antiquités–Descriptions.

De l’orthographe adoptée pour les mots arabes.

La transcription des mots arabes en français est sujette à des difficultés que l’on ne peut vaincre entièrement, parce qu’elles proviennent de la différence essentielle des sons propres aux deux langues. On peut cependant exprimer assez exactement la vraie prononciation des mots arabes, en n’employant que des procédés fort simples, et sans recourir à des signes inusités. On a adopté dans cet ouvrage une orthographe uniforme ; elle a pour objet principal de fournir aux voyageurs un moyen assuré de faire reconnaître les mots en les prononçant dans le pays.

On s’est déterminé à ne faire usage que des caractères de notre alphabet. On a conservé dans chaque mot les consonnes radicales, et l’on a évité l’inutile emploi des lettres redoublées, qui modifient très-peu la prononciation. On n’a fait usage que d’un seul caractère pour chacune des différentes sortes de d, d’h, d’s, de t et de z, espèces de lettres qui ne diffèrent guère en Égypte que par le plus ou le moins d’intensité dans le son. On a employé seulement deux combinaisons de lettres, savoir, le gh qui représente l’r grasseyée, et le kh dont le son est semblable à celui du ch allemand ou du j espagnol ; on s’est servi aussi de l’apostrophe placée à la droite d’une voyelle, pour en exprimer le son guttural, et de la lettre q écrite seule, pour désigner le k emphatique auquel les habitans du Kaire ont coutume de substituer une sorte d’hiatus : on ne pouvait se dispenser de recourir à des signes convenus pour exprimer ces quatre consonnes, qui sont entièrement étrangères à notre langue ; on a adopté ceux-ci, parce qu’ils étaient reçus depuis long-temps des personnes qui s’occupent des langues orientales. Tout le reste, soit voyelle, consonne, diphthongue ou accent, doit être prononce comme dans notre alphabet : par exemple, ey, qui correspond parfaitement, dans l’arabe, à l’elif ou au fatha suivi de l’, prend le son de l’e avec l’accent grave, comme dans les mots bey, dey, et dans d’autres noms propres connus en France. Soueys se prononce comme s’il y avait Souès ; on a aussi écrit Suez, selon l’usage ordinaire.

Il faut observer que toutes les lettres, soit initiales, soit médiales, soit finales, doivent se prononcer de la même manière : ch se prononce toujours comme dans branche, et s comme dans sage. L’h est toujours aspirée dans le corps des mots, et presque jamais à la fin. Il faut remarquer aussi que g se prononce ordinairement en Égypte gué, gui, etc. comme dans gain, et chez les Arabes, dje, dji, etc. Par exemple, le mot geddah se prononce au Kaire gueddah, et en Arabie djeddah.

Quand l’article el est suivi de substantifs qui commencent par l’une des consonnes appelées solaires, ch, d, n, r, s, t, z, il faut, en prononçant, substituer cette consonne à la lettre l de l’article. Exemple : el-samak, el-cheykh, etc. se prononcent es-samak, ech-cheykh, etc.

Quant aux noms dont l’usage a déjà prévalu en France, on a cru devoir les conserver de préférence aux mots correspondans de la langue arabe ainsi l’on n’a point écrit dans les planches les noms de Tyneh, Skanderyeh, Mit-rahyneh, Gezyret-Asouân, Rachyd, etc., mais ceux de Péluse, Alexandrie, Memphis, Éléphantine, Rosette, etc.

Dans les mots Mamlouk, cheykh, visir, sultan, et quelques autres semblables, on a retenu l’usage de l’s finale pour désigner le pluriel à l’égard de tous les autres substantifs, comme fellâh, moultezim, etc., on les a écrits, au pluriel, sans s et en italique.

Lettres françaises correspondantes aux lettres arabes,
suivant l’orthographe adoptée.


١ â, é, i, ou[1]. ظ d.
ب b. ر r.
ت t. ز z.
ث t. س s.
ط t. ص s ou ç.
ج g. ش ch.
ح h. ع ’.
ه h. غ gh.
خ kh. ف f.
د d. ق q.
ذ d ou z. ك k.
ض d. ل l.
م m. و o, ou[2].
ن n. ي y[3]

En général, on a exprimé le fatha par la lettre e ; le kesra par e ou par i, suivant la prononciation vulgaire ; quand il accompagne l’, il n’est pas exprimé.

On n’a pas eu égard au techdyd ou signe de redoublement, pour les lettres ch ش, gh غ, kh خ, ou و, et y ي.

On n’a exprimé les autres modifications propres à l’alphabet arabe que lorsqu’elles sont sensibles à l’oreille dans la prononciation vulgaire.

  1. Quand l’elif est initial, on l’exprime par les mêmes lettres sans accent.
  2. La même lettre, quand elle est suivie de l’elif final, se rend par avec l’accent circonflexe, comme dans Edfoû ادفوا.
  3. On exprime l’ final par deux points, dans les mots de la forme de kobrä ou koubarä كبري, ihda احري, etc.