Description historique des château, bourg et forest de Fontainebleau/II/Église Paroissiale

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EGLISE PAROISSIALE.



LEgliſe Paroiſſiale de Saint Louis que l’on voit dans le grande ruë au milieu du Bourg, n’étoit autrefois qu’une Chapelle bâtie par Louis XIII. l’an mil ſix cent vingt-quatre, pour la commodité des Habitans de ce Bourg, en la place de l’Hôtel de Martigues, que céda en pur don la Ducheſſe de Mercœur, aux conditions d’y bâtir une Chapelle dépendante de la Paroiſſe d’Avon, & une Maiſon pour deux Religieux Mathurins, à la nomination du Roy, qui auroient chacun cinquante écus pour leur nourriture & entretien, la deſſerviroient, & y adminiſtreroient les Sacremens dans les preſſans beſoins ; ce qu’ils firent juſqu’au vingt-ſix Novembre de l’an mil ſix cent ſoisante & un, que la Reine Anne d’Autriche, Mere de Louis  XIV. ſurpriſe par quelques faux rapports, & trompée par de prétendus projets d’avancement de la gloire de Dieu, ſe ſervit de l’autorité du Roy pour dépoüiller ces Religieux Curés d’Avon[1], & par conſéquent de Fontainebleau, de toutes fonctions ſur ce Bourg & le Château, & y établit par Brevet du trente & un Octobre de la même année une nouvelle Communauté de dix Prêtres de la Miſſion de Saint Lazare, à qui on aſſigna une Penſion annuelle de ſix mille livres, dont l’un amovible, ſelon le bon plaiſir du Général, joüiroit du Titre de Curé du Château, Chapelle & Paroiſſe ſuſcurſsale de Fontainebleau, & du droit de porter l’Etole à la Chapelle du Roy lors des cérémonies Curiales, auſquelles il auroit droit d’aſſiſter, réſervant ſeulement aux Mathurins le titre de Curé de l’Egliſe Matrice d’Avon, de deſſervans de la Chapelle du Roy, du droit de porter l’Etole, & d’avoir toûjours la droite ſur le Curé dans le Château, & droit d’Officier trois fois l’année aux jours marqués dans l’Egliſe Paroiſſiale, ſans y prétendre autre choſe que les droits honorifiques, & d’autre revenu que onze cent livres accordées pour les dedommager, & de les ſruſtrer de toutes prétentions ſur les Miſſionnaires, qui de ce jours devinrent ſeuls Curés de ce Bourg, & totalement indépendans des Mathurins, comme le Roy & la Reine Mere le reconnurent trois jours après cette nouvelle érection, ayant été entendre la Meſſe à la nouvelle Paroiſſe le jour de Saint André, pour donner des marques de leur protection à leur nouveau Paſteur.

Le Vaiſſeau de cette Egliſe n’a rien de remarquable dans ſa ſtructure ni dans ſes ornemens, & ſeroit aſſez commode, s’il avoit plus de grandeur, & s’il étoit plus éclaré.

Les bas côtés étoient autrefois ornés de huit Chapelles particulieres que l’on a été obligé de détruire pour leur donner plus de dégagement.

Le principal Autel eſt orné d’un très-beau Tableau ſur toile repréſentant le Paralitique guéri par le Sauveur près de la Piſcine ; il eſt de Varin[2] le pere, & a treize pieds de haut ſur huit de large.

  1. Fiançois·I ayant acquis en mil cinq cent vingt-neuf une partie du terrein des Religieux Mathurins, & ayant cru depuis que le reſpect pour Sa Majeſté pouvoit les avoir obligé d’accepter deux cent ſoixante livres de rente qu’il leur avoit propoſées, ſans lui avoir fait remarquer la porte qu’ils ſouſſroient par cette alienation, engagea quelque tems après le Cardinal de Bourbon Archevêque de Sens, à leur réunir la Cure d’Avon, pour qu’ils fuſſent ſes Curés. Cette réünion ne ſe fit cependant que le vingt-deux de Juin de l’an mil cinq cent quarante-neuf, que Jean Benoît Miniſtre des Mathurins de Fontainebleau permuta un Bénefice qu’il poſſedoit, avec François Tallandier pour lors Curé d’Avon, prit poſſeſſion de cette Cure, devint Miniſtre & Curé du Château, Bourg, Convent de Fontainebleau, & d’Avon, & fit réünir cette Cure à la Miniſtrerie ; en forte qu'un Miniſtre prenant poſſeſſion de la Miniſtrerie, la prend auſſi de la Cure d’Avon, nomme un Vicaire pour la deſſervir ſous ſon autorité, & devenoit autrefois Curé titulaire de Fontainebleau, ce qui dura juſqu’à l’an mil ſix cent ſoisante & un, que la Reine par l’érection de cette Cure, procura aux nouveaux Enfans de Vincent de Paul le moyen de deſſervir toutes les Maiſons Royales qui ont été établies depuis.
  2. Varin natif d’Amiens en Picardie, peignit avec aſſez de ſuccés, & fut de quelque utilité au Pouſſin par les principes & les conſeils qu’il lui donna.