Description historique des château, bourg et forest de Fontainebleau/II/Notre-Dame de Bon-Secours

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ORATOIRE DE NOTRE-DAME
de Bon-Secours.



AU ſortir de la Paroiſſe on va à l’extrêmité de ce Bourg implorer la protection de la Sainte Vierge à un petit Oratoire bâti l’an mil ſix cent quatre-vingt-dix des deniers d’un nommé Grenet Prêtre de Fontainebleau, en la place d’un chêne où l’Image de la Vierge avoit été placée le troiſiéme de May de l’an mil ſix cent ſoixante-deux, pour perpetuer la mémoire de l’heureuſe délivrance d’un Cavalier que l’on voit repréſenté ſur le frontiſpice de cet Oratoire, dont on rapporte ainſi l’accident.

Le Sieur Dauberon Gentilhomme ordinaire de Monſieur le Prince & Capitaine dans ſon Regiment, revenant joindre la Cour à Fontainebleau, vers la fin du mois de Novembre de l’an mil ſix cent ſoixante & un, fut renverſé par son cheval & traîné ſur les cailloux depuis le ſommet de la montagne du grand chemin de Melun, juſqu’au lieu de cet Oratoire, & étoit dans un péril évident, lorſqu’ayant recours à la Sainte Vierge en qui il avoit toûjours eu une particuliere dévotion, ſon cheval s’arrêta court ſans l’avoir bleſſé. Ledit Sieur Dauberon en action de graces, d’une ſi grande faveur, fit benir le troiſiéme May de l’année ſuivante mil ſix cent ſoixante-deux, une image de la Sainte Vierge, que le Sieur Durand premier Curé de la Paroiſſe de Fontainebleau porta proceſſsionnellement l’après midi du même jour, & la poſa ſur un chêne en la place où le cheval s’étoit arrêté, avec une atteſtation en latin ſur parchemin de la préſente Hiſtoire. Mais le chêne étant tombé de vieilleſſe, ledit Grenet fit élever l’Oratoire qui ſubſiſte aujourd’hui, où il y a un très-grand concours de peuple attiré par la dévotion qu’il a pour ce lieu.