Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux/Chapitre XXIX

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Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Tome 7p. 253-254).

CHAPITRE XXIX
DESCRIPTION DU TEMPS DES RITES DE DÉSIRS ET DES RITES ACCIDENTELS

Au sujet des Rites de Désir[1], il faut suivre la règle générale donnée pour les rites irréguliers et prendre la Date de nouvelle lune, ou bien encore ils peuvent être célébrés pendant la conjonction des Astérismes sidéraux lunaires des Dieux dans le demi-mois brillant.

Une femme peut célébrer le sacrifice (d’actions de grâce) pour la naissance d’un enfant pendant la date du changement de la lune, après la purification de l’impureté de délivrance, qui pendant vingt jours, empêche la célébration des rites.

Les Rites Accidentels tels que, par exemple, le rite célébré à l’occasion de l’incendie d’une maison, doivent être accomplis immédiatement après que la cause qui les occasionne a eu lieu, et on ne doit pas attendre un changement de lune. Mais les rites pour lesquels il n’y a pas de semblables causes doivent être célébrés à la date d’un changement de lune.

Les rites sacrificatoires qui accompagnent obligatoirement les sacrifices, doivent être célébrés en même temps que les sacrifices qui les occasionnent ; il ne faut considérer aucun autre temps.

Si pendant un sacrifice il survient une contamination[2] des choses à offrir et qu’on en soit averti après que la partie du sacrifice appelée Svishtakrit[3] a été accomplie et avant que l’incantation du Yajur-Véda appelée Samishta[4] ne soit prononcée, il faut accomplir le rite de pénitence, occasionné par la contamination, à ce moment même, et recommencer le sacrifice avec la cérémonie des semailles[5] ; mais, si on est averti de la contamination seulement vers la fin du sacrifice, il faut alors le finir et en accomplir un nouveau, recommençant même par l’acte d’allumer le feu.

Tel est le vingt-neuvième chapitre, définition des Rites de Désir et des Rites Accidentels.


  1. Les Rites de Désir ne sont pas obligatoires, mais seulement accidentels, et on les accomplit pour obtenir certaines faveurs, telles que : avoir un fils, obtenir la richesse, une longue vie, etc.
  2. Cette souillure a lieu quand les objets qui doivent être offerts et les brâhmanes qui officient sont touchés ou même seulement regardés par un homme de basse caste ; touchés par un autre brâhmane qui ne s’est pas baigné et n’a pas revêtu des habits nouvellement lavés, par des chats, des chiens, des rats, des corbeaux, des poules, etc. ; ou bien encore par la chute de mouches, ou d’insectes dans les offrandes qui doivent être brûlées et par beaucoup d’autres causes.
  3. Le mot Svishtakrit signifie « l’exaucement du désir », c’est-à-dire, qu’on désire obtenir quelque faveur spéciale au moyen de ce sacrifice. La partie du sacrifice qui porte ce nom se compose de l’holocauste d’un mélange de ghee, de riz bouilli, de fruits, etc., et on croit qu’elle rend tout le sacrifice agréable aux dieux et a pour effet de leur faire accorder ce qu’on désire obtenir au moyen du sacrifice tout entier.
  4. Samishta est l’incantation du Yajur-Véda qu’on prononce à la fin du sacrifice pour unir ses différentes parties et les rendre fructueuses.
  5. Pour comprendre le sens de cette cérémonie, il faut se rappeler qu’au moment des sacrifices, avant qu’on offre le riz, etc., ce riz doit passer symboliquement entre les mains du brâhmane officiant par les phases naturelles du semage, de l’arrosage, de la moisson, du vannage et de la cuisson. Le brâhmane officiant, prend donc des poignées de riz et fait semblant de les semer dans un panier d’osier en forme de van, puis il jette des poignées d’eau sur le grain pour figurer la pluie. Alors il attend quelques minutes en prononçant des incantations et en méditant sur le riz qui est censé pousser et grandir. Lorsqu’il est sensé mûr il est recueilli dans le panier, vanné, lavé à l’eau et cuit avec de nombreuses incantations. Après la cuisson on l’offre en sacrifice. La cérémonie de semailles du texte se rapporte au semage du riz dans le panier.