Dictionnaire de théologie catholique/CANON DE LA MESSE

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 115-120).

1. CANON DE LA MESSE. On appelle ainsi cette partie principale et à peu près invariable de la messe qui commence, dans le missel romain, après le Sanctus et qui finit au Pater. Son nom lui vient de sa fixité réglée par les lois de l’Église ; de là les termes de prière légitime, legitimum, S. Optât de Milève, 1. II, P. L., t. xi, col. 965, ou canonique, canon, S. Grégoire le Grand, Epist., I. IX, epist. xii ; 1. XIV, epist. ii, P. L., t. lxxvii, col. 956, 1305, employés pour la désigner. On l’appelle encore secretum ou secretam, prière secrète, en raison de l’usage existant à Rome, mais qui ne devint général en Occident que vers la tin du Xe siècle, de réciter le canon à voix basse. Enfin, attendu que le canon comprend l’acte essentiel du saint sacrifice, celui par lequel se consomme l’immolation mystique de Jésus-Christ, il est une prière mystique, mysticam precem, S. Augustin, De Trinitate, 1. III, c. v, n. 10, P. L., t. xill, col. 874, ou encore la prière par excellence, preeem, S. Innocent I er, Epist., xxv, ad Décent. r P. L., t. xx, col. 553 ; S. Grégoire le Grand, Epist. r 1. IX, epist. xii, P. L., t. lxxvii, col. 956, et surtout l’action par excellence, aclio, puisqu’en récitant le canon oh répète, conformément à l’ordre de Notre-Seigneur : Hoc facite in meam commenwrationem, ce qu’il a fait à la dernière Cène. A la vérité ce nom d’action, encore employé aujourd’hui, ne désigne strictement que la consécration, Walafrid Slrabon, De rebus ecclesiaslicis, c. xxii, P. L., t. exiv, col. 948 ; cf. t. lxxviii, col. 273-274, mais il était naturel de l’étendre aux autres parties du canon, vu leur intime liaison avec l’action sacramentelle proprement dite. De là l’expression : infra aclionem, qui sert, dans le missel, à repérer l’endroit du canon où doivent se faire, à certaines fêtes de l’année, les intercalations qui leur sont spéciales. Dans les textes liturgiques, le canon est souvent désigné par le nom de canon aclionis. Cf. Dictionnaire d’archéologie chrétienne ci île liturgie dedom Cabrol, 1. 1, col. 146 -449. — I. Genèse. IL Composition actuelle et signification du canon de la messe, et principalement du canon en usage dans l’Église d’Occident.

I. Genèse du canon de la messe. —

D’après le concile de Trente, sess. XXII, Detacrif. » iiss ; r, c. iv, le canon de la messe est composé des paroles de JéSUS-Christ, des traditions apostoliques ci des Institutions des saints pontifes. Toutes sommaires qu’elles Boient, ces indications résument bien l’histoire des origines du canon et même

celle des divergences qu’il présent différentes

liturgies d’< Iccident et d < Irient.

1 Le canon de la mette dans tel Églitet orient*

— 1. Les paroles de Jésus Christ, par lesquelles s’opi re la consécration, sont l’élément fondamental du canon de la messe ; aussi les retrouve-t-on encadrées dans l récil de l’institution de l’eucharistie, dans toutes les liturgies, sans aucune exception. Les termes sont empruntés aux récits évangéliques el à l’exposition de saint Paul, I Cor., ii, 23-26. Cependant aucune liturgie, orientale ou occidentale, ne s’en tient exclusivemenl aux textes scripturaires ou ne reproduit celui de saint Paul sans omission. La plus remarquable des variantes est signalée par M* 1 Duchesne, Origines du culte chrétien, 3e édit., Paris 1902, p. 210 ; elle consiste dans la glose qui suit la seconde consécration. On lit à cet endroit, dans le missel mozarabique, cette formule qui s’inspire visiblement d’un texte de saint Paul, I Cor., xi, 26 : Quotiexcumque manducaveritis hune panem et calicem ittum biberitis, mortem Domini annuntiabilis donec veniat in claritatem de cxlis. Un développement analogue se rencontre dans la liturgie des Constitutions de saint Jacques, de saint Basile et de saint Cyrille de Jérusalem. Voir CONSÉCRATION.

2. « Faites ceci en mémoire de moi, » avait dit Jésus-Christ en instituant l’eucharistie. Il n’est pas douteux que les apôtres ont obéi à cet ordre, qu’ils ont célébré les saints mystères, d’abord à Jérusalem, avant de se séparer, puis, dans les régions où ils allèrent porter la lumière de l’Evangile. Cf. Act., xx, 7, 11. Il est d’ailleurs logique de supposer que dans les Églises fondées par eux. ils ont implanté la liturgie qu’ils avaient pratiquée en commun à Jérusalem ; mais quelle était cette liturgie ? Les apôtres se contentaient-ils de répéter les paroles de l’institution, ou bien y ajoutaient-ils certaines prières ? Et ces prières étaient-elles fixes ou chaque célébrant pouvait-il les variera volonté ? La réponse à ces questions justifierait du même coup les hypothèses qui en sont le point de départ.

3. Or, la solution de ces problèmes n’est pas donnée par l’Écriture, mais on peut la conclure de ce fait que les liturgies orientales du IVe siècle, c’est-à-dire les liturgies les plus anciennes dont le texte est arrivé jusqu’à nous, s’accordent entre elles pour les parties principales du canon. Sans doute, l’accord n’est pas littéral : telle prière est plus développée et telle autre est raccourcie ; l’ordre des parties est parfois changé, mais le sens reste le même. Ce fait ne peut s’expliquer que par l’unité d’origine des différentes liturgies, et dès lors qu’on ne peut attribuer cette origine à aucun concile général, on est fondé, d’après la règle connue, S. Augustin, De bapt., t. IV, 24, P. L., t. xliii, col. 171, à la faire remonter aux apôtres eux-mêmes. Saint Basile, Liber de Spiritu Sancto, c. xxvii, n. GO, P. G., t. xxxii. col. 188, signale expressément, entre autres traditions apostoliques, les paroles de l’institution de l’eucharistie qu’il faut réciter pour consacrer le pain et le viii, et il demande qui, sinon les apôtres, nous a transmis les paroles de l’ « épiclèse » : Ta tr, ; iitixX^oewç P’rçu.*** ™ tt) àvaôei-ec toû aptovi t/, ; eùxapcariac xa toO Ko-r, p : o-j t9) ; e-jXo-fia ;  : ’. ; tûv bylttri iy-piït.i ; r/jé.v xxTaXÉÀoiïTEv ; Le pape Vigile affirme que canonicatprecit textum ex apostolica traditione accepimut, et c’est la raison sur laquelle il se fonde pour recommander le fanon à la vénération des Espagnols, a qui il l’envoie. Labl.e, Coflr cil., t. v, col. 313. Au cours de la discussion qui eut lieu au concile de 1 renie au BUJel des traditions apostoliques, un Père de l’assemblée soutint, à la congrégation générale du 5 avril 1516, que C’était une impiété de recevoir

ces traditions et les Ecritures pari pietatit affectu. Le cardinal de Sainte-Croix, qui présidait, lui demanda u, , traditio canonis mistm Ht recipienda pari pielate cum librù) tacris, il répondit : Sic, ut Evangelium.

j r < n. recum. cône. Tridenlini,

Agram, b. d. (1874), t. i, p. 85.

4. L’unité de liturgie dans les Eglises apostoliques serait directement démontrée s’il était wai que la liturgie primitive « hl’Église est contenue, sans notables altération-, d. mle 1. VIII des Conttituliont apostolique*. H après M » 1 Prohst, Liturg ertlen ch

Jahrhunderte, p. 341 sq., et d’après Bickell, M Pateha, Mayence, 1872, cette liturgie serait bien antérieure à l’an 200 ; mais son étroite ressemblance avec les liturgies syriennes, telles que celle de saint Cyrille de Jérusalem et celle dite des homélies de saint Chrysostome, justifie l’opinion de Mb Duchesne, Origi du culte chrétien, p. 57. 64, qui l’attribue à la fin du ive siècle et y voit l’exacte représentation de la litur r ie des grandes Églises de Syrie. Néanmoins, puisqu liturgie des Constitution » apottoliquet n’était en uau ive siècle, dans aucune Église d. terminée, Duchi p. 64, il est admissible qu’elle soit la restitution d’une liturgie plus ancienne ; de fait, elle est remarquablement d’accord avec les données liturgiques éparses danouvrages les plus anciens des Pères et écrivains du r » au IVe siècle. On serait donc fondé à dire que la liturgie de ce VIII » livre et les autres liturgies syriennes du IV siècle reflètent avec une particulière fidélité les traits généraux de la liturgie en usage chez les premiers successeurs des apôtres.

5. Cependant, une sérieuse objection à cette conclusion se présente à la lecture de la Doctrine des douze apôt Cet écrit fort ancien, à tout le moins contemporain de saint Justin, dit VLw Duchesne. p. 52, indique en c. ix, x. Funk. Patres apostolid, 2e édit.. Tubii 1901, t. l, p. 20-21. touchant la manière de « faire l’eucharistie et sur le rôle laissé aux « prophètes » en cette circonstance, des formules, ou plutôt permet un arbitraire, qui contredisent manifestement la fixité de ride prières institués par les apôtres. Plusieurs solutions sont en présence. La première, de Mi’r Duchesne, p. 535V, cf. p. 48-49, consiste à y reconnaître des us particuliers et à dire que, le prophétisme n’ayant duré que peu de temps, l’anomalie liturgique qui en est résultée disparait dans l’ensemble de l’histoire des premiers siècles de l’Église. D’ailleurs, saint Justin. / Apol. P.G., t. vi, col. 429, reconnaît que l’évéque impries formules. Cf. Funk, op. ci*., p. 25. C’est sans doute en ce sens qu’il faut interpréter saint Grégoire le Grand, Ad Joannem Syracusanum, 1. IX. epist iii, P. L., t. i. xxvii. col. 957, lorsqu’il semble dire qu’au temps des apôtres il n’y avait de fixe, dans les prières accompagnant la consécration, que la seule oraison dominicale. Les deux autres réponses interprètent les C. IX-X de la Doctrine dans un sens différent de la célébration proprement dite de l’eucharistie. M. l’abbé Ladeuze. Revue d » l’Orient chrétien. 1902, p. 339 sq..y voit la célébration des agapes ; d’apivs M’." l’rohst. op. cit., p. 324 sq., il s’agirait de la manière de donner la communion à domicile et de faire l’action de grâces, tant en présence de docteurs qu’en leur absence. Toutefois, ces deux dernières interprétations, trop éloignées du texte, paraissait devoir être rejet, es.

6. La préface et le Sanctus trois fois répétés, puis après la consécration, l’anamnèse Unde et men u rres et l’offrande qui l’accompagne, l’epiclese. le Mémento des vivants et le recours à l’intercession des saints, enfin le Mémento des morts, se retrouvent plus ou moins explicitement dans toutes le* liturgies orientales du i ail qui, du reste, se ressemblent beaucoup entre elles, même pour les autres parties de la messe. Duchesne. op. cit., p. 61-62 ; G. Wobberinin. Mlchristtiche liturgifclu’Stùcke aus der Kirche Mgyptens, dans Texte und Unters., Leipzig, 1899, t. xvii. Iasc.3, p. 4-6. On ne peut pas toutefois leur attribuer avec certitude une origine apostolique. Dans les premiers temps de l’Église ou prQ

cédait partout a peu près de la même manière et il y avait uniformité pour l’essentiel du sacrifice ; mais il est impossible d’admettre une complète identité de tous les détails, même dans les Églises fondées par les apôtres. « Ce n’est pas aux premiers jours que l’on peut attacher aux choses de cet ordre l’importance qui les consacre et les fixe. Peu à peu les habitudes devinrent des rites ; les rites s’épanouirent en cérémonies de plus en plus imposantes et compliquées ; en même temps, on arrêta le thème des prières et des exhortations : l’usage indiqua à l’officiant les idées qu’il devait développer et l’ordre dans lequel il devait les traiter. On fit plus tard un dernier pas en adoptant des formules fixes qui ne laissèrent plus rien à l’arbitraire individuel et aux hasards de l’improvisation. » L)uchesne, p. 54. Cf. Renaudot, Dissertatio de liturgiarum oriehtalium origine et auctorilate, dans Liturgiarum orientalium collectio, Francfort-sur-le-Main, 181-7, 1. 1, p. i-xx ; Le Brun, Explication littérale, historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe, Paris, 1726, t. iii, p. 572-C 94 ; Probst, Liturgie der drei ersten christlichen Jahrhunderle, Tubingue, 1870.

2° Le canon de la messe dans les Églises occidentales. — Le canon occidental est donc en substance identique au canon oriental. Il n’en peut être autrement si, comme il est naturel, saint Pierre et saint Paul ont apporté à Rome la liturgie qu’ils avaient introduite à Jérusalem, Antioche, etc. Cf. S. Isidore de Séville, De of ficus, 1. I, c. xv, P. L., t. lxxxiii, col. 752. D’ailleurs ce n’est point là une simple hypothèse, car la première lettre de saint Clément de Rome aux Corinthiens, n. 59-61, Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, p. 174180, et la première Apologie de saint Justin, n. 65, P. G., t. VI, col. 428, semblent bien établir que la liturgie primitive était, dans sa diposition générale, la même en Orient et en Occident. Toutefois, on n’en pourrait conclure que le canon romain, sauf quelques modifications introduites plus tard, est d’origine apostolique. Il faut descendre jusqu’à la fin du IVe siècle pour trouver des détails précis sur le canon de l’Église romaine. Les dernières modifications qu’il a subies ont été arrêtées par le pape saint Grégoire (590-604), Liber ponlificalis, édit. Duchesne, t. I, p. 312 ; au commencement du VIe siècle, l’auteur du Liber ponti/icalis en parle comme d’une formule fixe et de teneur connue. On pense généralement que dès le commencement du Ve siècle, l’ordre du canon romain était déjà ce qu’il est maintenant. Ainsi son histoire ne s’étend guère au delà de deux siècles. Elle peut se résumer comme il suit :

1. Le Liber ponlificalis, édit. Duchesne, t. I, p. 128, cf. p. 56-57, attribue à saint Xyste I er (117-126) l’insertion du Sanclus intra aclionem ; mais cet hymne, commun à toutes les liturgies, fait partie du noyau primitif de la messe. Dans la plupart des liturgies orientales, la préface et le Sanclus sont reliés à la consécration par une Courte transition destinée à amener le Qui pridie cjuam pateretur. Cf. Duchesne, op. cit., p. 61. A Rome, au contraire, comme à Alexandrie et à Milan, dès le ive siècle, le Mémento précédait la consécration. Duchesne, op. cit., p. 179 ; l’robst, Liturgie des IV Jahrhundertes, p. 249.

2. Dans sa lettre xxv à l’évêque Deccntius, P. L., t. xx, col. 553, qui l’avait consulté sur la coutume, suivie en certains endroits, de faire le Mémento avant le commencement du canon, ante preeem, Innocent 1 er (401-417) répondait qu’il fallait d’abord recommander à bieu les dons du sacrifice, puis désigner ceux pour qui il était offert, de façon qu’ils fussent nommés pendant le canon. Par conséquent, au temps d’Innocent [ « , la prière Te igitur, où se fait la recommandation des dons du sacrifice, rogamus ut accepta habeas hsecdona, etc., fais.iit déjà partie du canon de la messe et y précédait le Mémento. Du même, les mots : pro Ecclesia, quant

adunare, regere, custodire digneris, sont cités par le pape Vigile (537-555), Epist. ad Justinianum, P. L., t. lxix, col. 22, comme appartenant de date ancienne au canon. Quant à la mention : una cum famulo tuo papa et antislite noslro, son antiquité résulte, semblet-il, avec toute la certitude désirable, de la coutume attestée par le pape Léon I er, Epist., lxxx, P. L., t. liv, col. 914, de réciter à l’autel, pendant l’offrande, les noms des évêques.

Dans les liturgies orientales du IV siècle, cf. Duchesne, op. cit., p. 62, on recommandait également à Dieu les malades, les nécessiteux, les prisonniers, les voyageurs, les absents, et encore les vierges, les veuves et en général toutes les classes de fidèles ; le canon grégorien s’est contenté de les comprendre dans la formule générale : Et omnibus ortliodoxis, etc.

3. C’était autrefois le diacre qui lisait, au moment du Mémento, après et omnium circumstantium, les noms de ceux dont les dons étaient offerts à l’autel. Puis le prêtre continuait par les mots : quorum /ides libi cognila est, qui se rapportaient à la fois aux donateurs et aux assistants. Il est à remarquer que dans le missel romain, après les mots : pro quibus libi ofjerimus, on lit la formule primitive : vel qui tibi ofjerunt. Sans doute, le premier de ces deux textes a été inséré à l’époque où les fidèles ont cessé d’offrir la matière du sacrifice.

4. L’existence du Communicantes dans le canon romain avant l’époque grégorienne devient hors de doute si l’on observe de quelle façon les sacramentaires léonien et gélasien présentent l’intercalation relative à la fêle du jour qui se faisait plusieurs fois dans l’année à cet endroit du canon. Ainsi, le gélasien, P. L., t. lxxv, col. 1113, porte à la veille de Pâques : Communicantes et noctem sacratissimam célébrantes… resurreclioneni D. N. J. C. secundum carnem, sed et memoriam, et à cinq autres fêtes il indique de la même manière que les mots à insérer doivent se placer entre Communicantes et Sed et memoriam vénérantes. Or ces derniers mots appellent évidemment la suite qui se lit dans le grégorien : Sed et memoriam vénérantes inprimis, etc. Quant à l’auteur de ces intercalations, il est rationnel de désigner le pape Léon I er (440-461), car le texte de plusieurs d’entre elles, du moins tel qu’il existe dans le sacramentaire léonien, P. L., t. î.v, col. 38, 40, se trouve presque littéralement dans les écrits de ce pape. P. L., t. liv, col. 395, 419.

Sous le pape A’igile (537-555), le canon recevait des insertions de ce genre, capitula, même aux fêtes des saints, Epist. ad Eut/i., P. L., t. lxix, col. 18, niais le pape Grégoire I er coupa court à cette invasion du propre du temps dans le canon de la messe en limitant, comme elles l’ont été depuis, ces insertions aux fêles principales de l’année, Noël, Epiphanie, jeudi saint, Pâques et sa vigile, Ascension, Pentecôte et sa vigile.

En tête des saints dont l’intercession est demandée, vient la R. V. Marie, toujours vierge et mère de Dieu. Ces derniers mots visent l’hérésie de Nestorius (431), comme ceux de « toujours vierge » sont opposés à celle de Jovinien. Il est vraisemblable que ces additions datent du milieu du Ve siècle.

Viennent ensuite les noms des douze apôtres et l’on a remarqué qu’ils sont rangés dans un ordre qui n’est point celui de l’édition Vulgate des Évangiles. On en tire cette conclusion que cette partie du canon est antérieure au travail de saint Jérôme qui a remis en ordre le texte des Evangiles en le corrigeant sur les exemplaires grecs. Cf. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, art. Canon de la messe.

Suivent les noms de douze martyrs, dont six pontifes, tous évéques de Rome, excepte saint Cyprien. La suite des trois premiers successeurs de saint Pierre est conforme au catalogue d’Hégésippe : le pape Clet y est donné L5£

CANON DE LA MESSE

1510

comme le successeur de Lin et le pi ir de Clé ment tandis que dani le catalogue de Libère, Cl I -t 1,. pi d’Anadel et le successeur de Clément

Donc les i - des trois premiers papes ont été in

an canon antérienrement au pape Libère (352-360). <-’Ducheane, Le Liber pi ntificalis, t. i. p. LK.

Tous M martyrs aonl rangés « elon la date

d€ i, ., ,, . mort, Bauf les Irois saints Kyste, Corneille et Cyprien En effet, saint Corneille moun.it a Centumcelles le 14 septembre 253, cinq ans avant saint Xyste et saint Cyprien martyrisés tous demi en 258, le pren le 6 août, le Becond le Il septembre. T., ut s’explique m [on observe que saint Corneille est placé dans le canon d’après l’année de la translation de ses reliques à Rome, laquelle eut lieu en 258. Si, de plus, on remarque que saint Corneille et saint Cyprien sont morts le même jour, quoiqu’en des années différentes, il paraîtra naturel que dans le missel, comme dans le bréviaire romain, on les ait associés dans un même souvenir. Leur inscription au canon de la messe semble dater au plus tard de commencement du ive siècle. Cf. Probst, Die abeudlàndische Messe, p. 160.

Quant aux six martyrs non pontifes, il est probable que les noms de saint Laurent (258) et de saint Cbrysogone (3(H), particulièrement vénéré à Rome, furent insérés au canon longtemps avant ceux des saints Jean et Paul (362), Cosme et Damien (287’.'). Quoi qu’il en soit, il est certain que tous les six étaient inscrits au canon vers le milieu du VI’siècle ; d’où il suit que le pape Grégoire a pris dans quelque sacramentaire antérieur la liste toute faite de ces noms et l’a adoptée sans rien y changer. Un autre argument, qui n’est point sans valeur, peut se tirer de ce qu’il n’est tait mention dans le canon que des seuls martyrs et aucunement des confesseurs. C’est là en effet une coutume caractéristique des trois premiers siècles de l’Église. Cf. Martigny, loc. cit…

Dans toutes les liturgies, excepté celle de saint Oregoire et celles qui en sont dérivées, le Mémento des détunts se reliait à celui des vivants et au Communicantes, à ce point que les noms des vivants, ceux des saints et ceux des défunts ne formaient qu’une seule liste. De là des confusions, de la part de certains fidèles, entre ceux que l’on priait et ceux pour qui l’on priait. Grégoire I er y remédia en séparant du Communicantes le Mémento des morts.

5. La prière Hanc igitur est caractéristique du canon romain : elle est destinée à achever l’oblation commencée dans le Teigituret interrompue par le Communicantes. Ni le sacramentaire léonien ni le gélasien ne donnent le texte de cette prière telle qu’elle se récitait à la messe quotidienne, mais en revanche, on y trouve de nombreuses messes ayant un Hanc igitur spécial, relatit aux circonstances ou aux personnes pour lesquelles la messe était célébrée. Ces variations si multipliées transformaient le Hanc igitur en une prière pour les nécessités particulières des fidèles : pour la ramener à son véritable but, Grégoire l" r supprima toutes ces mentions, excepté’celle des néophytes à Pâques et à la Pentecôte, et les résuma dans la formule diesgue nostros in tua pace disponas, qu’il prescrivit d’ajouter à cet endroit du canon. Jean Diacre. Vita S. Gregorii, P. L., t. i.xxv. col. 94. Aussi est-ce par la présence ou par 1 absence de cette formule

que l’on distingue les sacramentaires postérieurs au

vir siècle de ceux qui sont d’une époque antérieure. Cf. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. i. p- 313. il est possible toutefois que cette prière pour la paix temporelle ait été inspirée par les maux incessants de 1 masion lombarde.

Il peut paraître étrange que pendant les octaves de Pâques ou de la Pentecôte les néophytes baptisés le samedi précédent aient place d. mle Hanc igitur et non pas au Mémento des vivants. C’est qu’autrefois les

néophytes n’étaient admis à offrir leurs dons à l’autel

qu’après l’octave de leur baptême ;

remplacés par leurs parrains. Par suite, au Mémento,

1, -s mots gui tibi offerunt concernaient

non les nouveaux bapti

, - sacramentaires léonien et gélasien indiqi plusieurs fois, -’pris le Hanc igitur spécial a plusii messes, que le canon se continue par une prière dont ils citent les premiers mots : Quam l’eut

in omnibus. D’autre part, l’auteurdes six i mentis, attribués à saint Ambroise, donne la suite : hanc oblationeniadscriptam, ratam, rationabileni, acceptabù lem. L. IV, c. v. n. 21, P. L., t. xvi, col. Je prière quam oblationem existait déjà au commencement du ve siècle.

6. C’est évidemment par erreur que l’auteur du Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. i. p. 127, attribue au p Alexandre l’insertion dans la liturgie du Pridie quant pateretur. Les paroles commémoratives de l’institution de l’eucharistie sont le centre même du canon de la messe, et leur insertion dans la liturgie est plutôt une prescription de Jésus-Christ que du pape Alexandre. Voir t. i, col. 709. Toutefois la formule : Qui pridie quam pateretur diffère des anapliores orientales, qui toutes contiennent : âv T7j vv/.-i r, napEÏi’ÎOTO. Voir dom Cagin, Paléographie musicale, Solesmes, 1896, t. v, p. oo ; Duchesne, Origine de la liturgie gallicane, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1900, t. v, p. 38.

7. L’anamnèse : Vnde et memores se retrouve aussi, à peu près littéralement, dans la liturgie des six livres De sacramentis. L. IV, c. VI, n. 27. P.L., t. xvi. col Il en est de même de la prière : Supra qutt propitio, excepté les mots sanctum sacrificium, immaculatam hostiam, mais le Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. i, p. 239, témoigne que c’est le pape Léon P r qui prescrivit d’ajouter dans le canon sanctum sacrificium, ce qui prouve bien que la prière Supra qux faisait déjà partie du canon. Les qualifications de saint et immaculé se rapportant à l’offrande de Melchisédech, composée de pain et de vin. Les manichéens avaient horreur du vin et leur liturgie eucharistique n’en comportait pas. ( peut-être à cause d’eux que saint Léon releva la sainteté des dons offerts par le roi de Salem. Duchesne. op. t. i, p. 241. D’ailleurs, cette prière existait déjà du temps du pape saint Damase. On en a la preuve dans un écrit du diacre llilaire, Qusestiones e.r utroque Testamento, P.L., t. xxxv, col. 2239, où il cite, en les interprétant d’ailleurs d’une façon erronée, les mots : Sumnnasæerdaê tuus Melchisédech. Or il est généralement admis que cet auteur écrivait sur la fin du iv siècle.

8. On sait que dans les liturgies grecques l’épidèse avait la forme d’une invocation où l’on demandait au Saint-Esprit de descendre sur les dons eucharistiques atin que par leur conversion au corps et au sang de.1 Christ, ils devinssent, pour ceux qui les recevraient, une source de sanctification. La liturgie romaine contenait certainement, au temps de Gélase, une invocation de ce genre ; une lettre de ce pape à Elpidius, V. L., t. MX. col. 143, confirme absolument ce fait. Mais alors pourquoi cette invocation manque-t-elle dans l’épi grégorienne : Supplices te rogamusf L’hypothèse la plus vraisemblable est la suivante : La forme de l’ancienne épidèse prétait à croire que la transsubstantiation s’opérait OU se renouvelait par la vertu de cet

pourquoi Grégoire P r a modifié l’invocation de façon à éviter toute confusion et n’a gardé que la partie lm.de : ut quolquotex hoc altaris, etc. C’est ainsi, en effet, qu’elle s, ’termine dans la liturgie mozarabique, où fait partie du canon au moins depuis le VIII’sii Probst, p. 179. Une formule d’épiclèse se lit dans le bréviaire romain parmi les oraisons ad libitum de la préparation a la messe, feria ri ; il semblerait donc

qu’elle ait été autrefois en usage à Rome, avant saint Grégoire.

9. On a vu plus haut que le Mémento des défunts était primitivement uni à celui des vivants (et au Communicantes ) et que, au temps d’Innocent I er, ils se faisaient tous deux avant la consécration. Toutefois il est très possible qu’avant Innocent I er les deux Mémento aient été reliés, comme dans la plupart des liturgies, à l’épiclèse, c’est-à dire placés après la consécration. En fixant le Mémento des défunts à sa place actuelle, Grégoire I er aurait donc remis partiellement les choses en leur premier état. Il a eu certainement cette intention et peut-être aussi celle de rapprocher par là le rite romain du rite grec. S. Grégoire, Epist., 1. IX, epist. xii, ad Joannem Syracusanum, P. L., t. lxxvii, col. 956-957.

10. L’exomologèse, à laquelle répond le Nobis quoque peccatoribus, existe également dans les anciennes liturgies : tantôt elle suit immédiatement l’épiclèse, tantôt elle en est séparée par le Mémento. Quant à l’époque où le. Nobis quoque peccatoribus, dans sa forme actuelle, a pris place dans le canon romain, il est malaisé de la préciser. On sait seulement qu’il en faisait partie avant Grégoire I er, car Aldhelme, évêque de Salisbury, mort en 709, dit que ce pape a modifié dans le canon l’ordre des noms en réunissant ceux des vierges Agathe et Lucie. P.L., t. i.xxxix, col. 1 42. Benoit XIV, De sacrif. missse, 1. II, c. xviii, n. 7, s’appuie sur ce témoignage pour attribuer à Grégoire I er l’insertion des noms des vierges martyres dans le Nobis quoque peccatoribus.

11. La conclusion Per queni hsec oninia, etc., se rencontre dans les sacramentaires léonien et gélasien : du moins elle y est indiquée par les premiers mots. Il n’est guère douteux que, longtemps avant saint Grégoire, le canon se terminait par la même formule qu’aujourd’hui.

II. Composition actuelle et signification du canon de la messe. — Cf. Gihr, Das heilige Messopfer, p. 534 sq.

1° Les premiers mots, Te igitur, du canon le rattachent intimement à la solennelle action de grâces qu’exprime la préface. Après y avoir remercié Dieu de ses bienfaits, après avoir uni à cet effet sa voix avec celle des anges dans le Sanctus trois fois répété, le prêtre lui demande par Jésus-Christ d’agréer et de bénir les dons présents sur l’autel, afin que ce sacrifice profite à tous ceux pour lesquels il est offert. C’est d’abord l’Église entière ; ce sont nommément les supérieurs ecclésiastiques, le pape, l’évéque diocésain ; ce sont enfin les autres évoques, les prêtres et, en général, tous les ouvriers de la foi catholique et apostolique. Viennent ensuite les fidèles qui ont une part spéciale dans le fruit de la messe, soit en raison de l’intention du prêtre, soit du fait de leur contribution matérielle ou de leur assistance au saint sacrifice. Étant unis par la foi et par la prière au prêtre qui l’offre, ils l’offrent eux-mêmes tous ensemble, spirituellement avec lui. Ils l’offrent également en union, communicantes, avec l’Église du ciel en vertu du lien de la communion des saints qui les unit à elle. C’est pourquoi, par la bouche du prêtre, ils font mémoire et appellent l’intercession de divers illustres martyrs. C’est au commencement de cette prière que se placent les intercalations relatives à huit fêtes de l’année : Noël, Epiphanie, le jeudi saint et le samedi saint, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte et sa vigile. Deux autres additions se font aux fêtes de I Tiques et de la Pentecôte ainsi qu’à leur vigile, à la prière liane igitur, m ; iis elles se rapportent moins à ces fêtes qu’à l’ancienne coutume de conférer le baptême la veille de Pâques et le samedi de la Pentecôte.

Hanc igitur.

Ainsi, l’oblation présentée par le piètre est offerte au nom des fidèles de la terre et du ciel. Confiant donc dans l’efficacité de sa prière, le prêtre la fait plus instante et, les mains étendues sur les oblala, il conjure Dieu d’accorder aux fidèles, eu

dict. de tiiéol. catiiol.

égard à ce sacrifice, les biens de cette vie, de les préserver du malheur éternel et de les inscrire au nombre de ses élus.

Quam oblalionem.

Cette prière forme la liaison naturelle entre ce qui précède et ce qui va suivre. Une dernière fois, mais avec une particulière solennité, le sacrifice qui va s’accomplir est recommandé à Dieu afin qu’il en fasse un sacrifice parfait, et cette fois, le prêtre spécifie en toutes lettres quelle sera la victime : Jésus-Christ, dont le corps et le sang vont devenir présents sur l’autel pour le salut de tous, nobis.

Qtd pridie quam pateretur.

Ici commence le récit évangélique de l’institution de l’eucharistie. Toutefois, en prononçant les paroles sacramentelles avec l’intention requise, le prêtre n’est plus un simple narrateur : il parle comme ministre de Jésus-Christ, tenant de lui le pouvoir de répéter le prodige opéré la veille de la passion.

5 » Jésus-Christ avait donné ordre de consacrer l’eucharistie en mémoire de lui : in mei memoriam facietis. C’est pourquoi, aussitôt après la consécration, le prêtre rappelle les mystères de la passion, de la résurrection et de l’ascension, qui ont un rapport spécial avec l’eucharistie ; puis, il offre à Dieu la sainte victime : ne s’est-elle pas offerte, ne s’offre-t-elle pas encore dans l’état d’immolation où elle est sur l’autel ?

Cependant, si l’offrande que Jésus-Christ fait de lui-même est infiniment agréable à Dieu, celle que l’Église fait de Jésus-Christ plaît à Dieu plus ou moins, selon le degré variable de la sainteté de l’Église, c’est-à-dire des prêtres et des fidèles. Telle est la raison de la prière Supra quse propitio, où l’on demande à Dieu de daigner jeter sur ce qui lui est offert un regard favorable comme celui dont il a accueilli les offrandes figuratives d’Abel, d’Abraham et de Melchisédech. Ceci montreclairement que les choses qui sont offertes à Dieu sont à la vérité le corps et le sang de Jésus-Christ, mais qu’elles sont ce corps et ce sang avec nous tous et avec nos vœux et nos prières et que tout cela constitue une même oblation que nous voulons rendre en tous points agréable à Dieu et du côté de Jésus-Christ qui est offert et du côté de ceux qui l’offrent aussi avec lui. Bossuet, Explication de quelques difjicultés sur les prières de la messe.

La même pensée se retrouve avec plus de netteté et de profondeur dans la prière : Suppliccs te rogamus. Dieu y est supplié de recevoir ces choses, liœc, des mains sans tache de l’ange qui assiste à son autel, de telle sorte que le corps et le sang de Jésus-Christ procurent à tous ceux qui y participeront une pleine mesure de grâces et de bénédictions. Cette prière occupe exactement la place de l’épiclèse grecque, et elle est adressée à Dieu pour qu’il intervienne dans le mystère. Mais elle est loin d’avoir la précision des formules grecques et elle s’enveloppe de formes symboliques. Enfin, le mouvement symbolique a lieu en sens contraire : tandis que les formules grecques demandent que le Saint-Esprit descende vers l’oblation pour la transformer au corps et au sang de Jésus-Christ, ici c’est l’oblation qui est emportée au ciel par l’ange de Dieu. Ms r Duchesne, op. cit., p. 181, 182. Mais quel est au juste l’ange dont il est ici question ? Cet ange ne serait-il pas Jésus-Christ lui-même qui est appelé l’ange du grand conseil ? Cf. S. Thomas, Sum. theol., III » , q. lxxxiii, a. 4, ad 8° m. Ou bien s’agirait-il de l’ange qui préside à l’oraison ? Tertullien, De oratione, c. xvi, P. L., t. i, col. 1174. Ne serait-ce pas l’ange gardien de l’Église où s’offre le saint sacrifice ou celui du prêtre qui le célèbre, ou plutôt, l’archange Michel, qui se tient devant l’autel l’encensoir à la main et qui y offre l’encens, c’est-à-dire les prières des fidèles ? foules ces opinions ont été émises. Du reste, aucune n’exclut la présence simultanée de légions d’anges faisant par consentement ce qu’un d’eux fait

II. - 40

lôi’J

CANON DE LA MESSE — CANON DES LIVRES SAINTS

1.VjO

p : ir exercice de sa mission particulière. Cf. Bot uet,

lue. cit.

t ; Or cette pluie de grâces, dont le sacrifice de l’autel est la source, pém Ire jusqu’au purgatoire pour j adoucir les souffrances ou hâter la d< des âmes chrétiennes qui > sont détenues. Le Mémento des défunts implore donc ces bienfaits d’abord pour celles qui sont L’objet d’une recommandation particulière du prêtre, puis pour tous les fidèles qui se sont endormis dans le Seigneur.

7 » Au souvenir de ceux qui nous ont précédés se relie naturellement celui de notre condition de pécheurs et le besoin que nous avons des miséricordes de Dieu pour obtenir d’être réunis un jour à ses saints. Gîest là ce qu’exprime au vif la dernière prière du canon, Nobis quoque peceatoribus. La conclusion : Per quem hxc omnia temper bona créas, etc., est la matière d’une intéressante discussion. « Il y a ici, écrit Ma r Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 182-183, un hiatus évident. On vient d’énumérer les saints. Il est clair que les mots hxc omnia bona ne se rapportent pas à ce qui précède : ils ne peuvent non plus désigner les offrandes consacrées qui sont désormais le corps et le sang du Christ… L’explication la plus simple, c’est qu’il y avait ici autrefois une mention des biens de la terre avec énumération de leurs diverses natures. » Effectivement on bénissait à certains jours, à ce moment de la messe, le lait, le miel, les fruits nouveaux. Toutefois, selon la remarque de Benoit XIV, De sacrif. missæ, 1. II, c. xviii, n. 10, la doxologie Per quem hxc omnia se récitait même aux jours où ladite bénédiction n’avait pas lieu ; d’où il conclut que ces mots doivent s’interpréter indépendamment d’elle. Ici, comme dans les autres prières du canon, hxc dona signifie le pain et le viii, matières créées par Dieu et qui dans l’acte de la consécration sont excellement sanctifiées, vivifiées et bénies pour être à tous ceux qui les reçoivent une source de sanctilication, de vie et de bénédiction.

Nous laissons aux liturgistes le soin de discuter si le type gallican, qui comprend toutes les anciennes liturgies latines distinctes de la liturgie romaine, est une liturgie orientale introduite en Occident, à Milan, vers le milieu du IV siècle, ou l’ancien rite romain conservé dans les provinces dans son état primitif, tandis qu’une réforme en avait été faite à Rome au IV » siècle. Pour comparer le canon romain avec celui de la messe gallicane, il suffira de lire Ms’Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 208-218. Cette comparaison est résumée en un tableau dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1897, t. ii, p. 91. Sur le canon du rite ambrosien, voir t. i, col. 960-965, et Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. i, col. 1407-1417.

S. Thomas, Sum. theol, III’, q. lxxxiii, a. 4, 5 ; Durand, De ritibus Ecclesiæ catholiese ; Renaudot, Liturgiarum orientalium collectif) ; cardinal Bona, Rerum liturgicarum Ubri duo ; Benoit XIV, De sacrosanctO missre sacrificio ; Le Brun, Explication littérale, historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe, Paris, 1716, t. i, p. 406-545 ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes : Probst, Liturgie des ir Jakrhundertes und deren Reforme, Munster, 1898 ; Id., Die abendlàndische Messe vom funften bis zum tehnten Jahrhundert, Munster, 1896 ; (iihr. Dus heilige Messoffer, Fribourg-en-Brisgau, 1899 ; Duchesne, Origines du culte chrétien, 3- édlt, Paris, L902 ; Kraus, Reat-Encyklopàdie der christliclien AUerthùmer, Frlhourg-en Briagau, 1886, t. ii, p. 317 sq. ; dom Plaine, De canonis miss » apostoUeitate cum nova dieti canonis explications, dans Studien und Mitteilungen eus de, n benediktiner-Orden, t. XV, p. 62sq., 279 Rcnz. Die Geschichte des Messopfer-Begriffs, Frelsing, 1901,

t. I.p. 520-5X7 ; dom Cabrol, LeSOrigineS de la messee ! le canon

romain, dans la Revue du clergé français, L900, t. xiii, p. 561-585 ; t. xxiv, p, 6-82 ; Id., Le livre de la prière antique, Paris, 1900, p. 109412 ; P. Drewa, Zur Enststehungsgeschichte des Kanont in der rômischen Messe, Tublngue, 1902 ; Id.,

Realencyklopâdie fur protestanHêéhe

Supplices remplace I an

conforme a i < litur,

— et le Mémento

qu occupait d abord le Supplices ; selon lui. la disposiUon actuelle du canon romain aurait été faite i sous des influences étrangères, milanaise et ak-xandrine ; Punk,

den Kanon der rômischen iîei d i H Jahrbuch, Munich, 1903, t. xxiv, | 0-302 ; il réfute

A. Baumstark, hiturgia romanae liturgia

Esarcuto. Il rito detto hinoe le o>

del canon missæ romano. y

reprend et dévtsl | admet que l’an cien canon romain suivait Tordre du eau n dans les liturgie » orientales et comprenait le Sanctus, le Vere sanctus, le Prtdie, l’Unde et memures, le Te iyitur, qui était un* et le

Mémento des vivants et des morts. Selon lui, leHanc igitur, qui se trouve dans le canon de l’Église de Havenne. est un douLle du Te igitur, du Communicantes et des deux Mémento, d usité en dehors de Rome, puis introduit au canon romain à l’époque de saint Lé< n. Le Qnam oblationem est dans le même cas ; ce n’est qu’un double de l’ancienne épiclèse romaine, usité en dehors de Rome, par exemple a Ravenne, et ayant pénétré dans le canon romain du temps de saint Léon. La majeure partie du Supra quv projiitio et le Suppli i t aussi un double

de la première partie du Te i’jitur, usité dans 1 II trionale et introduit dans la messe romain L n. Le

Nobis quoque peceatoribus réunifies caractères du Mtmento, tel qu’il se présentait en dehors de Rome et en Orient. P : sumé, le canon romain, formé de pièces de double en prenait, sous le pontificat de saint Léon, le Sanctus, le Hanc igitur, le Quam oblationem. le l’ndie, le Dide et memores, le Te igitur, qui tenait la place de l’ancienne épiclèse, le Mémento des morts et le Nobis quoque peceatoribus. Saint Gr-. transposa le Te igitur avant le Hanc igitur. Cf. Marin, dans la Revue bénédictine, 1804, p. cT5-380 ; Punk, dans 7°/ieo7. quartalschrift, 19u4, p. 600-617. Pour une plus ample bibliographie, U. Chevalier, Répertoire. Topo-bibl<ogi apliie, col. 568.

11. Mot BEAU.