Dictionnaire des proverbes (Quitard)/Gille

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gille. — Faire Gille.

S’esquiver, s’enfuir. On prétend que cette façon de parler fait allusion à la conduite de saint Œgydius, dont on a transformé le nom en celui de saint Gille, prince qui prit la fuite pour ne pas être forcé d’accepter la couronne qu’on lui offrait.

On trouve dans le Ménagiana l’exorde d’un sermon qui fut prêché, le jour de la fête de ce saint, par le père Boulanger, surnommé le petit-père André. Je pense que mes lecteurs ne seront pas fâchés que je le rapporte ici. « Messieurs, s’écria le facétieux prédicateur, quoiqu’il soit ordinaire de trouver du niais partout où il y a du Gille, témoin le proverbe si commun, Gille le niais, il n’en est cependant pas ainsi du grand saint dont nous célébrons la mémoire ; car, s’il a été Gille, il n’a point été niais ; au lieu que la plupart des chrétiens d’aujourd’hui sont tous des niais, par cela même qu’ils ne sont pas des Gilles. C’est, messieurs, ce que je me propose de vous faire voir dans mon discours, dont voici tout le plan et toute l’économie. Gille n’a point été niais, parce qu’il a été assez avisé pour devenir un saint : première proposition. Vous serez tous des niais, qui tomberez sottement dans les filets du diable, si vous ne changez de vie et ne devenez des Gilles, comme votre glorieux patron : seconde proposition. Voilà les deux raisons qui feront le partage de ce discours, après que nous aurons imploré le secours de celle qui fit faire Gille au diable, lorsque l’ange lui dit : Ave, Maria, etc. »