Dictionnaire des proverbes (Quitard)/vert

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vert. — Prendre quelqu’un sans vert.

Dans les xiiie, xive et xve siècles, on formait des sociétés connues sous le titre de sans vert, dont le principal statut était qu’on porterait sur soi une petite branche de verdure pendant les premiers jours du mois de mai. Les membres de ces sociétés, dans les deux sexes, jouissaient du droit de se visiter à toute heure de la journée, depuis l’aurore jusqu’à la nuit, en négligé comme en toilette, afin de s’assurer que chacun était muni de la branche de l’espèce de verdure déterminée par la compagnie. Quand on se laissait surprendre sans cette branche ou avec cette branche déjà fanée, on recevait un seau d’eau sur la tête, et l’on était obligé de donner un gage représentant le prix d’une amende, dont le produit s’appliquait à des plaisirs variés.

Employer le vert et le sec.

Le vert et le sec désignent le fourrage vert et le fourrage sec qu’on donne à manger aux bestiaux. On met les chevaux au vert ou on les met au sec, selon que l’un ou l’autre de ces deux régimes leur est plus salutaire ; de là l’expression proverbiale employer le vert et le sec, c’est-à-dire employer tous les moyens, toutes les ressources qu’on peut avoir pour réussir à une chose.

On rapporte que Henri IV, voyant arriver à un bal qu’il donnait une dame vieille et sèche, vêtue d’une robe verte, s’approcha d’elle, et lui dit, qu’il lui était bien obligé du soin qu’elle avait pris, pour faire honneur à la compagnie, d’employer le vert et le sec. Cette plaisanterie, indigne d’un si bon roi, a donné une acception de plus à l’expression proverbiale.