Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre B

La bibliothèque libre.


◄  A
C  ►

B

B, dans les abréviations de noms propres, signifie : Balbus, Brutus ; devant les noms de saints, Beatus, Beata ; devant les noms modernes, Baptiste, etc.

BAADER (François-Xavier de), mystique, né à Munich, en 1765, mort en 1841, fut professeur de philosophie à Munich et conseiller supérieur des mines. Il avait d’abord cultivé avec soin les sciences naturelles ; il se livra ensuite tout entier à la philosophie et chercha à la concilier avec les dogmes du Catholicisme, au moyen de doctrines mystiques analogues à celles de Bœhme, de Swedenborg et Saint-Martin. Parmi ses ouvrages, qui ne forment pas moins de 15 vol., Leips., 1851-58, on remarque un traité de l’Extase, 1817, ses Leçons sur la philosophie religieuse, 1827, sa Dogmatique spéculative, ainsi que l’Idée chrétienne de l’immortalité 1836.

BAAL, c.-à-d. seigneur, divinité mâle des Chaldéens, des Babyloniens, des Phéniciens et des Chananéens, parait n’être autre chose que le soleil. Cependant l’historien Josèphe la confond avec Mars, d’autres avec Jupiter et avec l’Hercule Phénicien. Les Israélites abandonnèrent souvent le culte du vrai Dieu pour adorer cette idole. On associait à Baal Astarté comme divinité femelle. On sacrifiait à ce dieu des victimes humaines. — Il y avait plusieurs idoles d’un rang secondaire qui portaient aussi le nom de Baal : Baal-Berith, le seigneur de l’alliance ; Baal-Gad, le dieu du bonheur ou de la fortune ; Baal-Péor ou Belphégor, le dieu Priape des Moabites ; Baal-Samen, le seigneur du ciel ; Baal-Zébuth ou Belzébuth, le dieu chasse-mouche, etc. — Le nom de Baal, transformé en Bal ou Bel, a fini par être un nom commun que les Chaldéens donnaient, non-seulement au dieux et aux astres, mais aussi à leurs rois. V. Bélus.

BAASA, roi d’Israël, fut d’abord général du roi Nadab, fils de Jéroboam. Il conspira contre ce prince, le tua au siége de Gebbethon , usurpa le trône, qu’il occupa de 942 à 919 av. J.-C., et extermina toute la famille de Jéroboam. Il se souilla de crimes, se livra à l’idolâtrie et fit périr le prophète Jéhu. Il fut battu par Asa, roi de Juda.

BABA, sectaire turc, tenta, vers l’an 1240, de renverser la doctrine de Mahomet, et prétendit être lui-même l’envoyé de Dieu. Il commença à prêcher sa doctrine à Amasie, la répandit dans toute l’Anatolie, et se fit un grand nombre de partisans qu’il arma, et à la tête desquels il se rendit redoutable. Les princes mahométans furent obligés, pour le réduire, de s’aider du secours des Francs.

BABA-DAGH, v. de Turquie (Bulgarie), à 130 k. N. E. de Silistrie ; 10 000 hab. Ville importante et assez forte ; elle commerce par le port de Kara-Kerman qui en est voisin. — Chaîne de mont. de la Turquie d’Asie, qui traverse l’Anatolie de l’E. à l’O., est une ramification du Taurus.

BABA-KHAN. V. feth-ali-chah.

BABEK, le Libertin et l’Impie, imposteur persan du IXe siècle, enseigna une doctrine abominable qui permettait le meurtre et le libertinage, la répandit les armes à la main, résista pendant vingt ans aux généraux des califes et fit trembler leur empire. Il fut enfin vaincu en 837 par le calife Motassem, qui lui fit couper les bras et les jambes, et fit traîner son corps dans Bagdad.

BABEL, c.-à-d. confusion, nom donné dans l’Écriture à une tour immense que les fils de Noé construisirent dans la vallée de Sennaar et qu’ils voulaient élever jusqu’au ciel. Dieu, pour punir leur audace mit la confusion dans leur langage (2907). C’est, d’après le récit de Moïse (Gen., c. ii), à dater de ce moment qu’aurait commencé la diversité des langues. Hérodote raconte qu’il existait de son temps à Babylone, dans le temple consacré à Bélus, une tour très-haute, et dont la plate-forme servait d’observatoire aux Chaldéens. Il est à supposer que cette tour fut construite sur les ruines de l’antique tour de Babel, si ce n’est, cette tour elle-même. — Le mot Babel, dans les livres saints, désigne la v. de Babylone

BAB-EL-MANDEB, c.-à-d. porte des larmes, détroit situé entre l’Arabie et l’Abyssinie, par lequel la mer Rouge communique avec la mer d’Oman. Il a 52 kil. de longueur, sa largeur varie de 25 à 50 kil. Il est fort dangereux, d’où son nom. Au milieu est l’îlot de Périm, occupé par les Anglais en 1858.

BABENBERG (comtes de), famille allemande très-ancienne, qui faisait remonter son origine aux anciens rois francs, tirait son nom du château de Babenberg prés de Bamberg. Vers 866, Henri, comte de Babenberg avait le titre de duc des Francs orientaux. Il défendit les frontières de l’Empire contre les Bohêmes et les Serbes. En 982. Léopold, comte de Babenberg, devint margrave d’Autriche ; sa maison conserva cette dignité qu’en 1266, qu’elle s’éteignit.

BABEUF (Fr. Noël), fameux démagogue, connu sous le nom de Gracchus qu’il se donnait lui-même, né à St-Quentin en 1762, fut d’abord arpenteur et commissaire à terrier. Ayant été poursuivi pour crime de faux, il réussit à se soustraire à. cette accusation. Lorsqu’éclata la Révolution, il professa les principes les plus démagogiques, et obtint à la faveur de son exagération plusieurs places éminentes dans l’administration nouvelle. Après la chute de Robespierre il publia un écrit politique qu'il intitula : le Tribun du peuple, par Gracchus Babeuf; il y proposait une nouvelle loi agraire, c.-à-d. l'abolition de la propriété, le partage de toutes les terres et de toutes les richesses entre les citoyens pauvres, et attaquait avec violence le Directoire et les conseils ; il dirigeait en même temps le club des Égaux, dits Babouvistes, et formait un plan d'insurrection pour détruire la constitution de l'an iii. Traduit pour ces faits devant une haute cour de justice à Vendôme, il fut condamné à mort. Il subit le supplice le 5 prairial an v (24 mai 1797) ; il avait cherché à se frapper d'un poignard, mais n'avait pu y réussir. Buonarotti, un de ses sectateurs, a publié à Bruxelles, en 1828, le récit de la Conspiration de Babeuf. M. Ed. Fleury a combattu ses dangereuses théories dans un livre intitulé Babeuf et le socialisme en 1796, Paris, 1851.

BABIN (François), professeur de théologie à Angers, né dans cette ville en 1651, mort en 1734, est auteur des 18 premiers vol. des Conférences du diocèse d'Angers, ainsi que du Journal de tout ce qui s'est passé dans l’Université d’Angers au sujet de la philosophie de Descartes, 1679.

BABINGTON (Ant.), seigneur anglais dévoué au Catholicisme, trama un complot dans le but d'assassiner la reine Élisabeth et de délivrer Marie-Stuart. Il écrivit à cette princesse afin d'obtenir son assentiment, mais la correspondance fut saisie par Walsingham, et l'auteur envoyé au supplice, 20 sept. 1586.

BABOLEIN (S.), premier abbé de l'abbaye de St-Maur-des-Fossés, près de Paris, avait été disciple de S. Colomban et moine de l'abbaye de Luxeuil ; il mourut vers 660 ou 670. On le fête le 26 juin.

BABOUR (Mohammed), descendant de Tamerlan, né vers 1480, fut proclamé en 1494 souverain des Mongols dans la Tartarie occid., réduisit Samarcande qui s'était révoltée, entreprit la conquête de l'Hindostan, 1505, soumit le Candahar, le Caboul, Delhy, Agrah, et fonda ainsi l’Empire mogol de l’Inde, qui s'étendit de l'Indus au Gange. Il mourut en 1530. Sa dynastie a régné sur l'Inde jusqu'au XIXe siècle. Babour a rédigé lui-même en langue mogole la Relation de ses conquêtes et l’Histoire de sa vie (trad. en anglais par J. Leydin et W. Erskine, Lond., 1826).

BABOUVISTES. V. Babeuf.

BABRIUS ou BABRIAS poète qui mit en vers choliambiques grecs les fables d'Ésope. On ne sait rien de sa vie ni de sa patrie : l'élégance de sa diction a fait croire qu'il vivait du temps de Bion et de Moschus ; mais il est plus probable qu'il a vécu au IIe ou au IIIe siècle de notre ère. On ne connaissait de lui que quelques fragments conservés par Suidas (publ. par Coray et par Berger, Munich, 1816), lorsque M. Minoïde Mynas, chargé d'une mission par le ministre de l'instruction publique, trouva en 1843, au mont Athos, un manuscrit qui renfermait 123 fables, disposées dans l'ordre alphabétique. Ces fables, mises en prose sous le Bas-Empire, ont le même fond que celles que nous avons sous le nom d'Ésope. M. Boissonade en a donné l'édition princeps à Paris, 1844, in-8. Orelli, Lachmann et Fix en ont publié depuis des éditions critiques ; M. Boyer en a donné une traduction en vers français. M. Cornw. Lewis a publié à Londres, en 1859, un second recueil de Babrius, contenant 95 fables nouvelles; mais ces fables n'ont aucune authenticité ; le manuscrit paraît en avoir été forgé par M. Mynas.

BABYLAS (S.), évêque d'Antioche vers 237, fut persécuté sous l'empire de Dèce, et m. dans les fers en 251. On le fête le 24 janvier.

BABYLONE, Babylon, v. célèbre de l'Asie anc., capit. de la Babylonie, sur l'Euphrate, par 42° long. E., 30° 19' lat. N., à 93 kil. S. de la ville actuelle de Bagdad et dans le voisinage d'Hilleh. Elle avait plus de 40 kil. de tour ; on y admirait de superbes quais, 100 portes de bronze, des murailles très-hautes, d'une largeur extraordinaire, et flanquées de 250 tours ; des jardins suspendus, que l'on comptait parmi les merveilles du monde ; un temple de Bélus avec une haute tour (V. babel) ; beaucoup de palais, etc. Il ne reste de cette ville immense que des ruines, parmi lesquelles on remarque le Kasr ou palais et le Birs Nemrod ou tour de Nemrod. — Bâtie par Nemrod, puis agrandie par Bélus, Babylone devint sous ce prince la capitale du vaste empire d'Assyrie; elle s'éleva rapidement à la plus grande prospérité et se maintint à un très-haut rang, non-seulement après la chute de Sardanapale (759), mais après celle de Balthazar, lorsqu'elle eut été prise par Cyrus, en 538. Cette ville, où les Juifs furent 70 ans captifs (605-536), était encore, au temps d'Hérodote, la première ville du monde. Elle déclina ensuite jusqu'au temps d'Alexandre (330). Ce conquérant l'avait choisie pour en faire la capitale de son empire en Asie, et il voulait la rendre plus magnifique qu'elle n'avait jamais été; mais sa prompte mort et la fondation de Séleucie en précipitèrent la décadence. Babylone existait encore, mais petite et presque vide, lors de la conquête du 2e empire perse par les Arabes. — Les ruines de Babylone ont été explorées et décrites par MM. Fresnel et Oppert (1851 et suiv.).

L’Égypte avait aussi une Babylone, colonie de la 1re, bâtie sur la r. dr. du Nil, au point où ce fleuve reçoit le canal de Trajan. On croit que c'est auj. le Vieux Caire ou Baboul.

BABYLONE (Empire de), fondé par Nemrod vers 2640 av. J.-C. Il eut 8 rois de la dynastie de Nemrod, puis il tomba aux mains des Arabes pasteurs (2218), fut alors démembré et forma, entre autres petits royaumes, ceux de Babylone, d'Élam, de Sennaar. Six rois arabes régnèrent dans le premier de ces États (de Mardocentès à Nabonad). Vers 1993 parut Bélus qui régnait déjà sur Ninive, mais qui fit de Babylone la capitale de son empire, dit premier empire d’Assyrie. Il eut pour successeurs Ninus, Sémiramis, Ninyas, et une foule d'autres rois inconnus jusqu'à Sardanapale, qui périt en 759 (V. Assyrie). A la chute de ce dernier prince, le royaume de Babylone, sans être complétement indépendant, fut comme détaché de celui de Ninive, et reprit son nom : il eut pour rois Bélésis, 759 ; Nabonassar, 747 ; Nadius, Chinzir, Porus, Ilulée, de 733 à 721; Mardokempad et 5 princes encore plus obscurs, jusqu'en 688 ; puis vint une anarchie complète, suivie bientôt d'une entière soumission au royaume de Ninive (680). Mais en 625 Ninive lui fut soumise à son tour, et l'Assyrie devint province du royaume de Babylone sous les rois Nabopolassar, 625, Nabuchodonosor II, 605, Évilmérodac, 562, Nériglissor, 560, Laborosoarchod, 555, Nabonid ou Labynit (le Balthazar de l'Écriture), qui régna de 554 à 538, jusqu'au moment où le royaume de Babylone fut conquis par Cyrus. Depuis, la Babylonie a passé successivement du joug des Perses sous celui des Macédoniens (331), des Parthes (140 av. J.-C.), des Sassanides (226 de J.-C.), des Arabes (632), des Persans, enfin des Turcs, qui la possèdent encore.

BABYLONIE, contrée d'Asie, au S. de la Mésopotamie et au N. du golfe Persique, se divisait en Babylonie propre, entre l'Euphrate et le Tigre; Chaldée, au S. O., depuis le confluent des deux fleuves jusqu'au golfe Persique ; et Sitacène, à l'E. Villes principales : Babylone, Is ou Æiopolis, Orchoé, Sitace Ctésiphon, Séleucie. Elle fait auj. partie de l'Irak-Araby et forme les pachaliks de Bagdad et de Bassora. Pour l'histoire, V. ci-dessus.

BACCARAT, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle) sur la Meurthe, à 24 kil. S. E. de Lunéville ; 3072 h. Grande fabrique de verres et cristaux.

BACCHANALES, Bacchanalia, fêtes de Bacchus, prirent naissance en Égypte, d'où elles s'introduisirent successivement en Phénicie, en Grèce et en Italie. On les célébrait la nuit, au bruit des tambours et des cymbales phrygiennes. Les femmes seules y furent d'abord admises ; mais vers 198 av. J.-C. les hommes y parurent à Rome, et leur présence occasionna de tels désordres que le Sénat fut obligé d’en défendre la célébration (186 av. J.-C.) ; mais la loi ne fut que peu de temps en vigueur, et, sous l’empire, les Bacchanales furent célébrées de nouveau avec plus de licence que jamais.

BACCHANTES, femmes qui célébraient les mystères de Bacchus. Les premières qui portèrent ce nom furent les nymphes nourrices de Bacchus, qui le suivirent à la conquête des Indes. Les Bacchantes couraient çà et là, échevelées, à demi nues ou couvertes de peaux de tigres, la tête couronnée de lierre ou de pampres et le thyrse à la main. Elles répétaient fréquemment le cri évoé (courage, mon fils), comme pour rappeler les triomphes de Bacchus sur les Géants. Euripide a donné le titre de Bacchantes à une tragédie qui a pour sujet le supplice de Penthée, déchiré par les prêtresses de Bacchus pour s’être opposé à l’introduction de leur culte.

BACCHIADES, famille puissante de Corinthe, descendait d’Hercule par Bacchis, fils de Prumnis, qui régnait sur Corinthe vers 986 av. J.-C. Cette famille gouverna la ville pendant 9 générations. Elle fut dépouillée de l’autorité par Cypsélus, 657 av. J.-C.

BACCHIDÈS, général de Démétrius Soter, roi de Syrie, et gouverneur de la Mésopotamie, vint en Judée pour y rétablir le grand pontife, eut à combattre Judas Machabée, qui ne craignit pas de l’attaquer avec des forces très-inférieures (il n’avait que 800 hommes), et qui périt dans le combat, mais fut bientôt après contraint lui-même par Jonathas Machabée d’abandonner la Judée.

BACCHIGLIONE, Medoacus minor, riv. de la Vénétie, passe à Vicence, à Padoue, et là se divise en deux bras, dont l’un se jette dans la Brenta, et l’autre dans le golfe Adriatique. De 1806 à 1814, cette riv. donna son nom à un dép. du roy. d’Italie qui avait pour ch.-l. Vicence.

BACCHUS, dieu du vin, fils de Jupiter et de Sémélé, princesse thébaine. Sa mère ayant péri pendant qu’elle le portait dans son sein, Jupiter fit retirer de son corps Bacchus par Vulcain, le plaça dans sa cuisse, et l’y garda le reste des neuf mois. Dès qu’il fut né, il fut mis entre les mains d’Ino, sa tante, qui l’éleva sur le mont Nysa (dans l’Inde), avec le secours des Nymphes, jusqu’à ce qu’il fût en âge d’être instruit par les Muses et par Silène. Dans son enfance, il triompha de tous les dangers auxquels Junon, jalouse de sa mère, l’exposait continuellement. Devenu grand, il fit la conquête des Indes avec une armée d’hommes et de femmes portant, au lieu d’armes, des thyrses chargés de raisins et des tambours ; puis il alla en Égypte, où il enseigna l’agriculture et planta la vigne. D’Égypte il vint en Phrygie, où il fut initié aux mystères de la mère des dieux. Dans la guerre des dieux contre les Titans, il se transforma en lion, et fit des merveilles, animé par Jupiter, qui lui criait sans cesse : Évoé, c.-à-d. courage, mon fils ! Bacchus punit sévèrement tous ceux qui voulurent s’opposer à l’établissement de son culte (V. pentée, minéides et lycurgue de Thrace). Ce dieu se livra peu aux plaisirs de l’amour ; cependant il épousa Ariane, que Thésée avait abandonnée dans l’île de Naxos. — On le représente avec des cornes, symbole de force et de puissance, couronné de pampres, de lierre ou de figuier, sous les traits d’un jeune homme riant et sans barbe, tenant d’une main des grappes de raisin, ou une corne dont il se sert comme de coupe, et de l’autre un thyrse avec lequel il fait jaillir des sources de vin. Il est assis tantôt sur un tonneau, tantôt sur un char traîné par des tigres, des lions et des panthères, et est suivi des Bacchantes. Les anciens donnaient à ce dieu un grand nombre de noms divers : Dionysus, Iacchus, Liber, Lyœus, etc. Son culte, venu de l’Orient, descendit en Grèce par la Thrace, et ne pénétra qu’assez tard à Rome, où le Sénat tenta vainement de combattre les désordres auxquels il donnait lieu (V. bacchanales). — On attribue à Bacchus des aventures si nombreuses et si contradictoires qu’il est probable qu’il y eut plusieurs personnages de ce nom : Cicéron en compte cinq. — Quelques-uns ont pensé que Bacchus est le même que le Brahma des Indiens.

BACCHYLIDES, poëte lyrique grec, de l’île de Céos, florissait vers 470 av. J.-C., sous Hiéron, roi de Syracuse. Il était neveu de Simonide et oncle d’Eschyle. Il avait composé, dans le dialecte dorien, de nombreuses poésies, odes, hymnes, épigrammes, fort goûtées des anciens. Il n’en subsiste que quelques fragments, recueillis par Brunck, dans ses Analecta græca. Ils ont été publiés à part, avec traduction latine, à Berlin par E. F. Neue, 1823, et trad. en français par Ernest Falconet, dans les Poëtes grecs du Panthéon littéraire, 1838.

BACCIO della porta, connu aussi sous le nom de Fra Bartolomeo di San Marco, peintre toscan, né en 1469 à Savignano mort en 1517. Il avait déjà obtenu de grands succès dans son art, lorsrqu’entraîné par les prédications de Savonarole, il quitta le pinceau pour se faire religieux. Il prit en 1500 l’habit de S. Dominique dans le couvent de St-Marc à Florence, et il ne consacra plus son talent qu’à des sujets religieux. On estime surtout son S. Marc et son S. Sébastien. Précurseur de Raphaël, il excella dans le coloris et le relief et dans l’art de draper. Il est le premier qui ait fait usage du mannequin à ressort.

baccio da monte lupo, sculpteur distingué, né à Florence vers 1445, mort vers l’an 1533. Il fit à Lucques et à Florence un grand nombre d’ouvrages de sculpture et d’architecture, surtout des crucifix en bois et en marbre. — Raphaël Baccio, son fils, travaillait la cire, la terre, le marbre et le bronze. Il fut occupé pour la Santa Casa de Lorette, pour St-Pierre de Rome, et pour la bibliothèque de St-Laurent à Florence. Il a élevé le tombeau de Léon X dans l’église Ste-Marie de la Minerve à Rome. — V. agnolo.

BACCIOCCHI. V. baciocchi.

BACH, famille de musiciens, connue dès le xvie s., et qui, dans le cours de 200 ans, a donné à l’Allemagne plus de 50 artistes. Le plus célèbre est Jean-Sébastien Bach, organiste et compositeur, né en 1685 à Eisenach, mort en 1750 à Leipsick, qui fut successivement musicien de la cour de Weimar, 1703, organiste à Mulhausen 1707, maître de chapelle du prince d’Anhalt-Cœthen, 1731, compositeur de l’électeur de Saxe roi de Pologne, 1737, et passa la majeure partie de sa vie à Leipsick. Doué d’un prodigieux talent d’exécution sur l’orgue, il surpassa tous ses rivaux. Il a laissé un très-grand nombre de compositions, qui se distinguent par l’élévation du style, par l’originalité, et par une, surprenante richesse de mélodies et d’effets. Sébastien eut 11 fils, tous distingués dans leur art : l’un d’eux, Jean Christian, 1735-1782, organiste à Milan, puis maître de chapelle de la reine d’Angleterre, a laissé, outre une foule de compositions instrumentales plusieurs opéras, entre autres Amadis de Gaule. L’histoire de cette famille semble prouver l’hérédité de certains talents.

BACH (Aug.), professeur de jurisprudence à l’Université de Leipsick, né en 1721 à Hohendorp en Misnie, mort en 1759, est auteur d’une Histoire de la jurisprudence romaine en latin, 1756, et a donné de bonnes édit. de divers ouvrages de Xénophon.

BACHARACH, v. des États prussiens (Prov. rhénane), sur la r. g. du Rhin, à 40 kil. S. E. de Coblentz ; 1600 hab. Anc. château des comtes palatins. Carrières d’ardoise, bon vin. La v. doit sen nom à une roche chargée d’inscriptions qu’on voit aux environs et qui est connue sous le nom de Bacchi Ara.

BACHAUMONT (Fr. le coigneux de), poëte français, né à Paris en 1624, mort en 1702, était fils d’un président à mortier, et fut lui-même conseiller-clerc au parlement de Paris. Il figura dans le parti de la Fronde et fut même, dit-on, l’auteur du nom par lequel on désigne ce parti. Après les troubles, il se retira des affaires, et se livra tout entier au plaisir et aux lettres. Ami de Chapelle, il fit avec lui ce gai voyage dont la relation les a immortalisés tous deux. Bachaumont avait composé un assez grand nombre de chansons et de poésies, mais il ne prit pas le soin de les recueillir. Son Voyage et celles de ses poésies qu’on a conservées ont été publiées, avec les œuvres de Chapelle, par Lefebvre de St-Marc, Paris, 1755, par Ch. Nodier, 1825, et par Tenant de La Tour, 1854.

bachaumont (L. petit de), un des principaux membres de la société de Mme Doublet, né vers 1700, mort en 1771, avait rédigé pour cette société une espèce de journal historique et littéraire assez intéressant qui allait de 1762 à 1771. Après sa mort, ses notes furent publiées sous le titre de Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres, 1777, 6 vol. in-12. On a continué ce journal après lui, et il a été porté à 36 vol. On y trouve beaucoup d’anecdotes curieuses, mais qu’il ne faut admettre qu’avec réserve. Paul Lacroix en a donné un abrégé en 1858.

BACHELIER, titre de chevalerie et titre universitaire. V. ce mot au Dictionnaire univ. des Sciences.

BACHELIER (J. J.), peintre et directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres, né en 1724, mort en 1805, fut admis en 1752 à l’Académie des beaux-arts. Il réforma le mauvais goût des peintures de la manufacture de Sèvres, et retrouva la peinture encaustique des anciens. Il fonda à ses frais à Paris, en 1763, une école de dessin pour les artisans dans l’ancien collége d’Autun (rue de l’École-de-Médecine), école qui, dès 1767, fut convertie en école royale et qui subsiste encore aujourd’hui.

BACHET DE MÉZIRIAC, né à Bourg en Bresse en 1581, mort en 1638, écrivit dans presque toutes les langues et se recommanda aussi par ses connaissances scientifiques. L’Académie française l’élut en 1635, quoique absent. On a de lui Problèmes plaisants et délectables qui se font par les nombres, Lyon, 1613, une trad. lat. de Diophante, avec commentaires, Paris, 1621, ouvrage dont Fermat et Descartes faisaient grand cas ; les épîtres d’Ovide, trad. en vers français, Bourg, 1626, in-8 ; Chansons dévotes et saintes sur les principales fêtes de l’année, etc.

BACIOCCHI (Élisa bonaparte, princesse), sœur de Napoléon, née à Ajaccio en 1777, épousa en 1797 Félix Baciocchi, d’une famille de Corse, noble, mais pauvre, et qui était alors simple capitaine. Elle vint à Paris deux ans après et s’y entoura de l’élite des hommes de lettres, dont elle faisait sa société habituelle. En 1805, son mari fut couronné prince de Piombino et de Lucques, mais le pouvoir souverain fut exercé réellement par la princesse Élisa. En 1809, elle fut nommée par Napoléon grande-duchesse de Toscane. Renversée du trône en 1814, elle se retira d’abord à Bologne, puis en Allemagne, et mourut à Trieste en 1820. — Le prince Baciocchi, qui depuis 1805 était séparé de sa femme, est mort en 1841 à Rome où il vivait en simple particulier. — Son neveu, M. Félix Baciocchi, a été premier chambellan de Napoléon III, et surintendant des spectacles de la cour.

BACKHUYSEN (Ludolph), peintre de l’école flamande, né à Embden en 1631, mort en 1709, excella dans les marines. D’abord employé dans les bureaux de son père, qui était secrétaire des États généraux de Hollande, il quitta cette position pour se livrer à son goût et se forma sans maître. Il rend bien l’agitation des eaux et les attitudes des navires en péril. Le Louvre possède 5 de ses marines.

BACLER D’ALBE (Albert-Louis), ingénieur géographe et peintre, né en 1761 à St-Pol (Pas-de-Calais), mort en 1824, cultivait la peinture quand la Révolution éclata. Il s’enrôla, fit partie de l’état-major de Bonaparte au siége de Toulon, le suivit dans toutes ses campagnes, devint général de brigade et baron, fut attaché, en 1813, au département de la guerre comme chef des géographes, puis comme directeur du cabinet topographique. Il a publié la Carte du théâtre des campagnes de Bonaparte en Italie (54 feuilles), 1802, ouvrage capital ; des Vues, des Souvenirs pittoresques des Alpes. Il est auteur des tableaux des Batailles d’Arcole et d’Austerlitz, et d’un grand nombre de paysages estimés.

BACON (Roger), célèbre moine anglais, surnommé le Docteur admirable, à cause de sa science prodigieuse, né en 1214 à Ilchester (Somerset), mort en 1292 ou 1294, entra en 1240 dans l’ordre des Franciscains, après avoir étudié à Oxford et à Paris ; se fixa à Oxford, se livra avec ardeur à l’étude de toutes les sciences connues de son temps, surtout de la physique, et acquit bientôt une instruction fort supérieure à son siècle. Quelques-uns de ses confrères, jaloux de son mérite et irrités de ce qu’il avait censuré leurs mœurs dissolues, l’accusèrent de sorcellerie : quoiqu’il eût écrit lui-même contre la magie, il fut condamné et passa dans les cachots la plus grande partie de sa longue vie. A l’avénement du pape Clément IV, qui l’avait en grande estime, il recouvra la liberté (1265), mais après la mort de ce pape éclairé, il resta en butte à de nouvelles persécutions, et fut enfermé à Paris, pendant dix ans, dans le couvent des Franciscains. Il ne sortit de prison que peu d’années avant sa mort. On lui doit d’ingénieuses observations sur l’optique et la réfraction de la lumière ; une explication de l’arc-en-ciel, une description de la chambre noire. On lui attribue l’invention de la poudre à canon, celle des verres grossissants, du télescope, de la pompe à air, et d’une substance combustible analogue au phosphore ; on trouve du moins dans ses écrits des passages où ces diverses inventions sont assez exactement décrites. Il proposa dès 1267 la réforme du calendrier. Son plus grand mérite est d’avoir renoncé à la méthode purement spéculative et d’avoir conseillé et pratiqué lui-même l’expérience. Cependant, il ne fut pas exempt des erreurs de son temps, et crut à l’alchimie et à l’astrologie. Roger Bacon a laissé des écrits sur presque toutes les parties de la science. Ses principaux ouvrages sont : l’Opus majus (publié par Samuel Jebb, Londres, 1733, in-fol.), qu’il adressa au pape Clément IV, et où il s’était proposé de rassembler toute sa doctrine ; il en fit deux refontes successives sous les noms d’Opus minus et Opus tertium (ces deux ouvrages n’ont été publiés qu’en 1860, à Londres, par J. S. Brewer) ; Epistola de secretis operibus naturæ et artis et de nullitate magiæ, Paris, 1542 ; De retardandis senectutis accidentibus, Oxford, 1590, et plusieurs traités d’alchimie, dont le principal est le Speculum alchemicum. Girard de Tournus a traduit en français, en 1557, l’Epistola de secretis sous ce titre : De l’admirable pouvoir de l’art et de la nature, et le Miroir d’alchimie. On doit à M. Em. Charles : R. Bacon, sa vie, ses ouvrages et ses doctrines, 1862.

bacon (François), illustre philosophe anglais, né à Londres en 1561, était fils de Nicolas Bacon, garde des sceaux sous Élisabeth. Il se fit remarquer dès son enfance par la précocité de son génie, et conçut de bonne heure le dessein de réformer les sciences ; mais il fut longtemps détourné de ce projet par le soin de sa fortune. Dans sa jeunesse, il accompagna l’ambassadeur d’Angleterre en France à la cour de Henri III. Rappelé dans son pays par la mort de son père, il se fit recevoir avocat, et se livra avec succès à l’étude de la jurisprudence. Préférant néanmoins la carrière des affaires publiques, il fit tous ses efforts pour obtenir quelque emploi important, et s’attacha dans ce but au comte d’Essex ; il se fit aussi nommer membre de la Chambre des communes (1592). Cependant, il ne put réussir à s’avancer sous Élisabeth, quoiqu’il eût consenti, pour se concilier la faveur de cette princesse, à justifier la condamnation du malheureux Essex, qui avait été son protecteur ; il ne reçut d’elle que le titre honorifique de conseil ou avocat extraordinaire de la reine. Il se consola de cet oubli par la culture des sciences et commença dès lors les travaux qui l’ont immortalisé. Après la mort d’Élisabeth, Jacques I, qui aimait les savants, éleva rapidement Bacon aux honneurs ; il fut successivement nommé solliciteur général (1607), puis attorney général (1613), membre du conseil privé (1616), garde des sceaux (1617), et enfin grand chancelier (1618) ; il fut en outre fait baron de Vérulam et vicomte de St-Alban. Il seconda puissamment les efforts du roi pour unir les royaumes d’Angleterre et d’Écosse, et fit d’utiles réformes. Mais il avait à peine exercé pendant deux ans les fonctions de grand chancelier qu’il fut accusé par les Communes de s’être laissé corrompre, en acceptant de l’argent pour des concessions de places et de priviléges ; il fut en conséquence condamné par la cour des pairs à être emprisonné dans la tour de Londres et à payer une amende de 40 000 livres sterling; il fut en outre privé de toutes ses dignités, et exclu des fonctions publiques (1621). Par cette sentence sévère, le parlement ne voulait pas tant frapper Bacon, dont le crime était loin d’être aussi grand qu’on l’a fait, qu’atteindre le favori de Jacques, Buckingham, dont le faible chancelier était la créature, et dont il avait trop facilement toléré les malversations (V. buckingham). Au bout de peu de jours, le roi lui rendit la liberté, et lui fit remise de l’amende ; quelques années après, il le releva de toutes les incapacités prononcées contre lui (1624). Cependant, Bacon resta depuis sa disgrâce éloigné des affaires, et il consacra les dernières années de sa vie à ses travaux philosophiques. Il mourut en 1626, à la suite d’expériences de physique qu’il avait faites avec trop d’ardeur. — Bacon a laissé des écrits sur la jurisprudence, la politique, l’histoire, la morale, et sur la philosophie. Ce sont surtout ces derniers qui l’ont rendu célèbre. Ils sont tous compris dans un vaste ouvrage que l’auteur nomme Instauratio magna, et qui devait se composer de six parties, la revue des sciences, la méthode nouvelle, le recueil des faits et des observations, l’art d’appliquer la méthode aux faits recueillis, les résultats provisoires de la méthode, les résultats définitifs ou philosophie seconde. De ces six parties, trois seulement ont été exécutées : la 1re, dans le traité De dignitate et augmentis scientiarum ( qui parut d’abord en anglais, 1605, puis en latin, 1623) ; la 2e, dans le Novum Organum (1620, lat.), où l’auteur expose une logique nouvelle qu’il oppose à l’antique méthode d’Aristote ; la 3e, dans divers traités qui portent le titre d’Histoire naturelle, tels que le Sylva Sylvarum (1627, en anglais, posthume) l’Historia vitæ et mortis (1622), l’Historia ventorum (1622), l’Historia densi et rari (1658, posthume). Il ne reste sur les autres parties que des ébauches incomplètes. Bacon est considéré comme le père de la philosophie expérimentale : l’idée fondamentale de tous ses travaux est de faire, comme il le dit, une restauration des sciences, et de substituer aux vaines hypothèses et aux subtiles argumentations qui étaient alors en usage dans l’école, l’observation et les expériences qui font connaître les faits, puis une induction légitime, qui découvre les lois de la nature et les causes des phénomènes, en se fondant sur le plus grand nombre possible de comparaisons et d’exclusions. Outre l’Instauratio, Bacon a écrit des Essais de morale et de politique qui jouissent d’une grande réputation (publiés d’abord en anglais, 1597, puis en latin, sous le titre de Sermones fideles, 1638) ; un petit traité De sapientia veterum (1609) ; l’Atlantis nova, ingénieuse utopie philosophique ; l’Histoire de Henri VII (1622, en angl. ; 1638, en latin). Il a aussi laissé quelques opuscules philosophiques, qui ont été publiés en 1653 par Isidore Gruter à Amsterdam, sous le titre de Scripta in naturali et universali philosophia, 1 vol. in-18 ; des Discours, qu’il avait prononcés, soit comme solliciteur et attorney général, soit comme membre du parlement, et enfin un grand nombre de Lettres qui jettent beaucoup de jour sur sa vie et son caractère. Dans les écrits de Bacon on admire autant le style que les pensées : ils sont remplis d’images neuves, sublimes, et de comparaisons heureuses. Les meilleures éditions de ses Œuvres complètes sont celles de Londres, 1740, 4 vol. in-fol. ; celle de Basil Montaigu, 1825-1835, 17 vol. in-8, et celle de MM. Spedding, L. Ellis et Heath, 1857-62, 12 vol. in-8. M. Bouillet a publié les Œuvres philosophiques, en les accompagnant d’introductions et de notes en français, Paris, 1834-1835, 3 vol. in-8. Les œuvres de Bacon ont été traduites en français par A. Lasalle, 15 vol. in-8, Paris, 1800-1803 ; malheureusement cette trad. n’est ni complète, ni fidèle. M. Lorquet a donné une trad. nouvelle du Novum Organum, Paris, 1840, in-12. La vie de Bacon a été écrite en latin par W. Rawley, son secrétaire (1638), en anglais par Mallet (1740), par J. Campbell (Vies des lords chanceliers) et par Hepworth Dixon, 1860, et en français par P. de Vauzelles (1833). On doit à Deleyre une Analyse de la philosophie de Bacon; à Deluc un Précis de la philosophie de Bacon. M. J. de Maistre a laissé un Examen de la philosophie de Bacon, ouvrage posthume (1837), plein de partialité et peu digne de l’auteur. Le philosophe anglais a été mieux apprécié par M. Ch. de Rémusat dans le livre intitulé : Bacon, sa vie, son temps et sa philosophie, 1856.

BACQUEVILLE, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), arr. et à 17 kil. S. O. de Dieppe, sur la Vienne ; 1341 hab. Serge, coutil, toile à matelas.

BACS, comitat de Hongrie, dans le cercle en deçà du Danube, entre ceux de Pesth, Csongrad, Torontal, Syrmie, Baranya, a 113 kil. sur 97, avec 297 000 h., et a pour ch.-l. Sombor, quoiqu’il tire son nom de la v. de Bacs, située à 44 kil. S. de Sombor, Cette v., de 7000 h., a eu un évêché grec, transféré à Neusatz.

BACTRES, Bactra, primitivement Zariaspa, auj. Balk, capit. de la Bactriane, sur le Bactrus, petite riv. qui se jetait dans l’Oxus, est une des plus anc. v. de l’Asie et a été surnommée la Mère des Villes. Elle fut prise par Ninus, qui, dit-on, dut cette conquête à l’habileté de Sémiramis.

BACTRIANE, contrée de l’anc. Asie, qui répond auj. au khanat de Balk, dans le Turkestan indépendant, était beaucoup plus grande autrefois. Elle avait pour bornes au S. les monts Paropamisus et l’Inde ; au N. la Sogdiane ; à l’E., la Scythie extra Imaum ; à l’O., l’Hyrcanie, et contenait, entre autres contrées, la Margiane, la Guriane, la Bubacène, le pays des Tochares et des Marucéens. Montagnes très-hautes ; climat froid en général ; habitants belliqueux. — La Bactriane fut à une époque, très-reculée le centre d’un empire puissant et fort civilisé : quelques-uns la regardent comme le berceau de l’empire des Perses et de la religion de Zoroastre. Elle fut conquise par Ninus. Lors de la conquête d’Alexandre (330), elle formait une des grandes satrapies de la monarchie persane. Bessus, satrape de Bactriane, assassina Darius son maître, afin de se rendre indépendant dans sa satrapie ; mais il n’y réussit pas : Alexandre joignit ce pays à ses conquêtes. Les Séleucides le gardèrent jusqu’au règne d’Antiochus Théos, en 256 av. J.-C. A cette époque, la Bactriane reprit son indépendance et eut successivement six rois grecs : Théodote I (256); Théodote II (243); Euthydème (221); Ménandre (195); Eucratide I (181); Eucratide II (147-141) : c’est ce qu’on nomme l’Empire grec de la Bactriane. Pendant ce laps de temps de plus d’un siècle, les rois gréco-bactriens avaient beaucoup étendu les limites de leur empire aux dépens de l’Inde d’une part, de la Sogdiane et des Scythes de l’autre, mais surtout aux dépens des Séleucides. A leur chute, les Arsacides de la Parthiène s’emparèrent de toutes Leurs conquêtes à l’O. ; les Scythes, 90 av., J.-C., prirent possession du reste et fondèrent un nouveau royaume de Bactres dont les dimensions varièrent souvent.

BACULARD (Arnaud). V. arnaud.

BADAJOZ, Pax Augusta, v. d’Espagne, ch. l. de l’intendance de Badajoz, sur la Guadiana, à 293 kil. S. O. de Madrid ; 14 500 hab. Évêché. C’est un des boulevards de l’Espagne du côté du Portugal : citadelle, 2 forts, arsenal ; pont de 620m, construit, dit-on, par les Romains. Commerce assez actif avec le Portugal. Patrie du peintre Morales. — Badajoz, après la conquête des Arabes, forma aux xie et xiie s. un petit État musulman ; elle fut enlevée aux Maures au xiie siècle. Le roi d’Espagne et le régent de Portugal y signèrent en 1801 un traité par lequel l’Espagne et le Portugal abandonnaient l’alliance de l’Angleterre pour celle de la France. En 1811-12, Badajoz soutint trois siéges successifs : prise sur les Espagnols par le maréchal Soult (8 mars 1811), elle ne fut reprise par les Anglais (6 avril 1812) qu’après deux siéges meurtriers. — L’intendance de Badajoz, sur la limite O. de l’Espagne, compte 336 000 h. Avec celle de Cacerès, elle forme la capitainerie générale de l’Estramadure, dont Badajoz est la capit.

BADAKCHAN, contrée de la Grande Boukharie, séparée du Turkestan chinois par le mont Belour, et arrosée par le Djihoun, forme un khanat qui a pour capit. une v. de même nom : c’est un ville forte, située sur le Djihoun, par 66° 25’ long. E., 37° 18’ lat. N., au N. E. de Balk. Station de caravanes qui vont en Chine. Mines contenant des rubis.

BADE (grand-duché de), Baden en allemand, un des États de l’Allemagne du Sud, est borné à l’O. par la France, dont le Rhin la sépare, au N. par la Hesse, à l’E. par le Wurtemberg, au S. par la Suisse et le lac de Constance ; il a 280 kil. de long sur une largeur qui varie de 20 à 130 kil., et compte env. 1 360 000 hab., dont plus de la moitié Catholiques ; capit., Carlsruhe. Le grand-duché avait été divisé en 1819 en 6 cercles : Murg-et-Pfinz, Lac, Treysam, Kinzig, Necker, Mein-et-Tauber. Depuis 1832 le nombre des cercles est réduit à 4 : cercle du Lac, ch.-l. Constance ; du Haut-Rhin, ch.-l. Freyburg (Fribourg en Brisgau) ; du Rhin-Moyen, ch.-l. Carlsruhe ; du Bas-Rhin, ch.-l. Manheim. Les villes principales après les précédentes sont Bade, Dourlach, Kehl, Rastadt, Reichnau, Zæhringen et sur-tout Heidelberg, célèbre par son université. Le grand-duché de Bade est un des pays les plus riches et les plus pittoresques de l’Allemagne : au N. sont des plaines vastes et fertiles ; au S. de hautes montagnes ; une grande partie du pays est couverte par la forêt Noire. Climat tempéré ; vignobles estimés ; mines assez riches en argent, cuivre, plomb, fer, cobalt, houille ; plusieurs sources thermales, dont la principale est celle de Bade même. Le culte catholique et les cultes réformés se partagent la population. Le gouvernement est constitutionnel et représentatif. — Il ne faut pas confondre le grand-duché actuel avec le margraviat de Bade, dont les limites étaient assez différentes. Le margraviat, qui faisait partie du cercle de Souabe, était renfermé entre les rivières de Pfinz et de Schwarzbach. Il avait en outre beaucoup de possessions en Alsace. Il eut longtemps pour ch.-l. Bade, qui lui donna sen nom.

Histoire. La maison de Bade est une ligne cadette de l’antique maison de Zæhringen. Le premier margrave de Bade est Hermann, petit-fils de Berthold I, duc de Zæhringen et de Carinthie ; il commença à régner en 1074, et prit le titre de margrave à la diète de Bâle, en 1130. Ses États furent plusieurs fois partagés entre ses descendants, ce qui donna naissance à diverses branches. Hermann IV et Henri, fils de Hermann III, par suite d’un partage qui eut lieu en 1190, devinrent la tige de deux lignes nouvelles, celles de Bade-Baden et Bade Hochberg. Christophe I, qui régna de 1503 à 1527, réunit la plus grande partie des possessions de la maison de Bade; mais après lui se formèrent encore deux nouvelles lignes : celle de Bade-Baden, dont le chef fut Bernard, fils aîné de Christophe ; et celle de Bade-Dourlach ; qui eut pour chef Ernest, son 2e fils. Enfin la ligne de Bade-Baden s’éteignit en 1770, et tous les États de Bade furent réunis de nouveau sous un seul chef (V. ci-après CHARLES-FRÉDÉRIC de Bade). En 1803, le margrave (Charles-Frédéric) reçut le titre de prince-électeur. En 1806 il adhéra à la Confédération du Rhin et reçut de Napoléon le titre de grand-duc avec augmentation de territoire. Après la bataille de Leipsick (1813), le grand-duché de Bade rentra dans la Confédération germanique. En 1818, le grand-duc se vit obligé de donner une Constitution. Néanmoins, le pays fut en 1848 et 1849 le théâtre d’insurrections redoutables : la 2e ne put être réprimée que par l’intervention de la Prusse.

BADE, Civitas Aurelia aquensis ou Thermæ inferiores, en all. Baden-Baden, jolie ville du grand-duché de Bade, sur l’Oosbach, dans le cercle, du Rhin-Moyen, à 30 kil. S. O. de Carlsruhe, à 32 kil. N. E. de Strasbourg, est célèbre par ses eaux thermales qui ont valu à la ville son nom (baden veut dire bains), et qui y attirent un grand nombre d’étrangers. C’est le rendez-vous de la haute société de France, d’Allemagne et d’Angleterre : on y joue beaucoup. La population fixe est d’environ 5000 hab. ; mais elle s’élève à plus de 15 000 dans la saison des eaux. Château ducal fort curieux, beau parc, salon de conversation, anc. collége des Jésuites, vieux château fort d’Hohen-Baden, cabinet d’antiquités. Environs pittoresques, belles promenades, avenue de Lichtenthal, etc. Chemin de fer. — Bade était déjà connue au IIIe siècle ; elle reçut le nom d’Aurelia en l’honneur de l’empereur Aurelius Alexander (Alexandre Sévère). Elle fut longtemps la résidence des margraves de Bade et la capit. de tout le margraviat.

BADE, Aquæ Helveticæ ou Verbigenæ, v. de Suisse (Argovie), sur la Limmat, à 21 kil. N. O. de Zurich ; 2500 hab. (Catholiques). Eaux thermales renommées. Bade fut de 1426 à 1711 le siége de la diète fédérale. Eugène de Savoie y signa, en 1714, la paix dite paix de Bade, entre l’Empire et la France.

BADE, Aquæ Pannonicæ, v. d’Autriche, à 24 kil. S. O. de Vienne ; 2800 hab. Établissements d’eaux thermales ; château de plaisance de l’empereur.

BADE (princes de). Les plus célèbres sont : Louis-Guillaume, margrave de Bade-Baden, connu sous le nom de Prince de Bade, général de l’Empire, né en 1655, mort en 1707. Il servit d’abord sous Montécuculli, contre la France ; puis il fit la guerre aux Turcs, 1683, aida Sobieski à leur faire lever le siége de Vienne, et, après leur avoir fait éprouver plusieurs échecs, gagna sur eux la victoire décisive de Salankemen, en 1691. Il fut moins heureux contre la France : après avoir pris Landau, il fut battu par Villars à Friedlingen et à Hochkstaedt (1703). Il a laissé des Mémoires sur la guerre contre les Turcs et sur la guerre de la succession d’Espagne (1702) — Charles-Guillaume, margrave de Bade-Dourlach, né en 1679, mort en 1746. Il servit d’abord sous le prince de Bade, son parent, se retira dans ses États après la paix de Rastadt, jeta les fondements de la ville de Carlsruhe (1715), et créa à cette occasion l’ordre de la Fidélité. – Charles-Frédéric, margrave, puis grand-duc de Bade-Dourlach né en 1728, hérita en 1746, des États de Charles-Guillaume, son grand-père, y joignit les domaines de Baden-Baden, qui lui échurent par succession en 1771, et fut élevé en 1803 au rang d’électeur de l’Empire. Mêlé aux événements de la Révolution française, il perdit ses possessions sur la rive gauche du Rhin ; mais il en fut amplement dédommagé pal Napoléon, qui agrandit ses États, et qui, en 1806, lui donna le titre de grand-duc et accorda à son petit-fils, le prince Charles-Louis-Frédéric, la main de sa fille adoptive, Stéphanie, fille de Claude Beauharnais. Il mourut en 1811, après un long règne. Il eut pour successeurs : 1° Charles-Louis-Frédéric, son petit-fils, qui donna une Constitution à ses États, et qui mourut en 1818, sans enfants mâles ; 2° Louis-Guill.-Auguste, son 2e fils, et oncle de Charles-Louis-Frédéric, qui monta sur le trône en 1818 et mourut en 1830, sans enfants ; 3° Léopold de Hochberg, un autre de ses enfants, mais né d’un mariage de la main gauche ; il devint duc en 1830, et mourut en 1852 ; 4° Frédéric, 2e fils du préc., appelé en 1852 au trône ducal au lieu de son frère Louis, à cause de l’état mental de celui-ci. BADENWEILER, vge du grand-duché de Bade, (Rhin sup.), à 25 kil. S. O. de Freyburg ; 350 hab. Sources thermales et bains fréquentés. Ruines de thermes romains.

BADIA Y LEBLICH (Domingo), connu aussi sous le nom d'Ali-Bey, officier espagnol, né en 1766, mort en 1818, voyagea en Afrique et en Arabie, se faisant passer partout pour musulman, et publia, à son retour, ses Voyages en Afrique et en Asie pendant les années 1803-1807; Paris, 1814, 3 vol. in-8. On y trouve d'intéressants détails qu'aucun chrétien n'avait pu connaître jusque-là. A son, retour, il fut employé par le roi d'Espagne, Joseph Napoléon. Il mourut à Damas en 1818, pendant un second voyage.

BADIUS (Josse et Conrad), imprimeurs du XVIe siècle. Josse Badius, né en 1462, au vge d'Assche près de Bruxelles. d'où il prit le nom d’Ascensius, mort en 1535, professa les belles-lettres à Lyon, puis à Paris, et fonda à Paris, vers l'an 1500, une imprimerie d'où sont sorties un grand nombre d'édit. estimées; il publia lui-même quelques écrits, entre autres Navicula stultarum mulierum, vers 1500 (trad. en français dès 1501 par J. Droyn). Il eut pour gendres Robert Étienne et Michel Vascosan. — Conrad Badius, fils du préc., né à Paris vers 1510, mort vers 1560, s'associa à Robert Étienne, son beau-frère, et fit avec lui un grand nombre de publications importantes. Il a trad. en français l’Alcoran des Cordeliers d'Érasme Alber, Genève, 1556, et a composé lui-même les Satires chrétiennes, en vers français, 1560 (réimprimées à Genève en 1858).

BADONVILLER, v. du dép. de la Meurthe, à 12k. S. E. de Blamont, sur la Blette ; 1883 hab. Tissus de coton, faïenceries, fabriques de poinçons et d'alênes.

BADUHENNE, Baduhenna Sylva, grande forêt qui couvrait le pays des Frisons (presque tout le roy. de Hollande actuel), était ainsi nommée d'une divinité du pays appelée Bada ou Pada, qui n'est peut-être que la forêt personnifiée. 900 Romains y furent taillés en pièces par les Germains l'an 28 av. J.-C. Cette forêt n'existe plus.

BÆCULA, BÆTICA, etc. V. BÉCULE, BÉTIQUE.

BAEZA, Beatia, v. d'Espagne (Andalousie), à 40 k. N. E. de Jaen ; 12 000 h. Cathédrale gothique, colléges des Jésuites et de l'Oratoire ; belle fontaine. Très-importante jadis, résidence de plusieurs rois maures ; anc. évêché, transporté depuis à Jaen ; université supprimée. Baeza, après avoir été la capit. d'un petit roy. arabe, fut enlevée aux Maures en 1227.

BAFA, Paphos, Augusta, v. de l'île de Chypre, sur la côte S. O., fut longtemps le ch.-l. de l'île. Port ensablé, fort, élevé sur un rocher. Elle possédait jadis un évêché, qui a été transféré à Nicosie. Aux env., cristal de roche connu sous le nom de diamants de Bafa ; amiante ; grottes artificielles.

BAFFIN (William), habile pilote anglais, né en 1584, accompagna de 1612 à 1616 Hudson et les autres navigateurs anglais qui explorèrent le nord de l'Amérique, dans le but de pénétrer, par cette voie, dans le Grand Océan, et parvint, en 1616, jusque dans la baie à laquelle les géographes ont donné son nom. Il mourut en 1622 au siége d'Ormus, entrepris par les Anglais. Il avait dressé des cartes qui se sont perdues, et rédigé un journal dont quelques fragments se trouvent dans le recueil de Purchas.

BAFFIN (Baie, ou plutôt Mer de), vaste golfe ouvert de l'Atlantique, ainsi nommé de Baffin qui le visita le premier, sur la côte de l'Amérique du Nord, par 55°-82° long. O., 67°-78° lat. N., a env. 1500 k. de long sur 550 de large, et est presque toujours couvert de glaces. Il communique à l'Atlantique par le détroit de Davis, à la mer d'Hudson par ceux de Cumberland et d'Hudson, et à l'Océan Glacial arctique par celui de Lancastre-et-Barrow.

BAFFIN-PARRY (archipel de), îles qui s'étendent entre la mer de Baffin et celle d'Hudson, au S. du détroit de Lancastre-et-Barrow, furent découvertes par Parry de 1822 à 1829. Les principales sont celles de Cockburn, Southampton, Winter, Mansfield, James, N.-Galloway, Somerset septentrional.

BAFFO (la sultane), jeune chrétienne d'une rare beauté, d'une famille distinguée de Venise, fille du gouverneur de Corfou, fut prise en mer par les Turcs en 1575 et emmenée à Constantinople. Elle plut à Amurat III, qui fit d'elle sa sultane favorite et en eut Mahomet III. Elle exerça un long empire sur ce prince, qui l'aima jusqu'à sa mort ; elle conserva sous Mahomet III la même autorité ; mais Achmet la relégua dans le vieux sérail.

BAGACUM, v. de la Gaule Belgique, auj. Bavay.

BAGATELLE, petit château de plaisance, situé aux portes de Paris, sur la limite du bois de Boulogne, et près de la Seine, avait été bâti en 1773 par le comte d'Artois. Pendant la Révolution, il servit à des fêtes champêtres.

BAGAUDES. Ce nom, qu'on dérive du celtique bagad, troupe, attroupement, fut donné à des paysans gaulois qui, vers 270 de J.-C., se révoltèrent contre la domination romaine. Ils prirent Autun et la saccagèrent. Contenus quelque temps par Aurélien et Probus, ils se révoltèrent de nouveau sous Dioclétien, ayant à leur tête un certain Amandus. Ils furent réduits en 285 par le collègue de l'empereur, Maximien. Ils s'étaient retranchés aux portes de Paris, dans le lieu qu'on appela depuis Bagaudarum castrum, auj. St-Maur-des-Fossés. Une porte de Paris du côté de St-Maur reçut, en mémoire des Bagaudes, le nom de porta Bagaudarum, et, par abréviation, porta Bauda ; elle était située sur le terrain appelé depuis place Baudoyer (derrière l'hôtel de ville actuel).

BAGDAD, v. de la Turquie d'Asie, dans l'Algézireh, capit. du pachalik de Bagdad, sur le Tigre, par 42° 4' long. E., 33° 20' lat. N., à 1650 kil. S. E. de Constantinople ; 80 000 hab. Hautes murailles en briques-fossés, et divers ouvrages de fortification. Très-beaux bazars, quelques belles maisons, pont de bateaux sur le Tigre. On y remarque plusieurs monuments, les tombeaux de Zobéide, du cheik Abdoul-Kadir-Ghilani, le palais du pacha, la douane. En été, chaleur extrême et vent brillant dit samiel. Il y règne une maladie cutanée analogue au bouton d'Alep. Industrie active (coutellerie, maroquins, sellerie, harnacherie, teintureries, étoffes de soie, coton, laine). Fonderie de canons. Grand commerce avec la Perse, le Turkestan, l'Arabie et l'Inde. — Bagdad fut fondée en 762, aux env. de l'anc. Séleucie, par le calife Abou-Giafar-Almansour. Elle fut pendant 5 siècles la capit. du califat, et fleurit par les arts et les lettres. Elle fut prise par Houlagou en 1258, par Tamerlan en 1416, par les Turcs ottomans en 1534 ; se révolta contre eux en 1623, soutint un long siége, et ne fut prise qu'en 1638, par Amurat IV. — Le pachalik, entre ceux d'Erzeroum, de Diarbékir, la Perse et le golfe Persique, répond à l'anc. Babylonie et à une partie de l'Assyrie et de la Mésopotamie ; 890 kil. de long, sur 550 ; 1 000 000 d'hab. Climat très-chaud en été. Au N., sont les monts du Kourdistan et diverses ramifications du Taurus. Le pays est arrosé par plusieurs rivières fort célèbres : le Tigre, l'Euphrate, le Khabour (Chaboras), etc. Sol fertile le long des rivières, stérile en d'autres endroits. A l'O., se trouvent des déserts d'où sortent des nuées de Bédouins pillards. On le divise en 8 livahs : Meschhed-Ali, Hilleh, Mesched-Hossein, Ana, Nisibin, Mardyn, Bassora, Corna ; plus, la partie directement régie par le pacha même. — C'est dans ce pachalik que se trouvaient Babylone, Ninive, Séleucie, Ctésiphon, si célèbres dans l'antiquité.

BAGÉ-LE-CHATEL, ch.-1. de cant. (Ain), à 30 k. N. O. de Bourg ; 900 hab. Toiles, poteries, chanvre, volailles. Anc. seigneurie, qui, en 1272, fut portée par l'héritière au comte Amédée IV de Savoie, mais qui plus tard fut donnée à la maison d'Urfé, puis érigée en marquisat (1576).

BAGGESEN (Emm.), poëte danois, né en 1764 à Korsoër, dans l'île de Seeland ; parcourut la France, l'Italie, l'Allemagne, la Suisse, où il épousa la petite-fille du célèbre Haller, fut professeur à l'Université de Kiel, et mourut à Hambourg en 1826. Il a écrit en danois et en allemand. Il excellait surtout dans la poésie fugitive. On a de lui un recueil de poésies, en allemand, Haidenblumen (les Fleurs de bruyère), Amsterdam, 1808; Parthenaïs ou Voyage dans les Alpes, trad. en français par M. Fauriel, 11810; Adam et Ève, Leipsick, 1826. Il a écrit en prose et en langue danoise le Labyrinthe ou Courses poétiques en Europe, etc. Ses écrits ont été recueillis par ses fils en 16 vol. in-8 (dont 11 en danois et 5 en allemand).

BAGHERMÉ, v. d'Afrique, capit. d'un État de même nom, situé dans la Nigritie centrale, entre le Darfour, le Darkoulla, le Bournou, l'Ouadi et le Bergou.

BAGLIONI (J. Paul), d'une famille illustre de Pérouse, s'empara de la souveraine autorité dans sa patrie vers 1500 et se rendit indépendant du Saint-Siége. Il eut à combattre les papes Alexandre VI, Jules II et Léon X, fut plusieurs fois chassé et autant de fois rétabli. Il exerça toutes sortes de cruautés : pour mettre un terme à sa tyrannie, Léon X, qui avait réussi à l'amener à Rome, lui fit trancher la tête, après l'avoir forcé d'avouer ses crimes (1520). Baglioni avait d'abord fait partie de ces bandes d'aventuriers que les Italiens nomment condottieri. — Quelques années après sa mort, son cousin, Rodolphe Baglioni, recouvra la souveraine autorité dans Pérouse (1534 et 1540).

BAGLIVI (George), célèbre médecin italien, né en 1668 à Raguse, mort à Rome en 1707, reçut les leçons de Valsalva et de Malpighi, et fut nommé, par Clément XI, professeur de chirurgie et d'anatomie dans le collége de la Sapience à Rome. Il contribua puissamment à ramener les médecins à l'observation de la nature et à l'étude des écrits d'Hippocrate, combattit les doctrines chimiques par lesquelles on expliquait tout depuis Paracelse et Van-Helmont, et dans lesquelles on attachait une importance exclusive aux liquides du corps humain, et leur substitua une doctrine qui attribuait le principal rôle aux parties solides, ayant reconnu les propriétés contractiles et les forces vitales dont elles sont animées : aussi le regarde-t-on comme le chef des Solidistes. Ses ouvrages ont été recueillis sous le titre d’Opera medico-practica, Lyon, 1704, et réimpr. à Paris en 1788 par Pinel, 2 vol. in-8. On y remarque son Essai sur la fibre motrice et sa Médecine pratique, trad. en français par le Dr J. Boucher, 1851.

BAGNALOUKA, v. de Bosnie, ch.-l. d'un livah de même nom, à 44 kil. S. E. de Gradiska; 7000 h. 40 mosquées; bazars; eaux thermales.

BAGNÈRES-DE-BIGORRE, Vicus Aquensis, Aquæ Convenarum, ch.-l. d'arr. (H.-Pyrénées), sur l'Adour, à21 kil. S. E. de Tarbes, à 774 kil. S. de Paris; 6659 h. Trib. de 1re inst., collége. Sources thermales renommées. Jolies promenades : le jardin de Théas, Vignaux, les Bains de Salut, les Allées de Maintenon et de Campan, le Tourmalet, Baréges, la Penne de Lhéris, l'Élysée Cottin. On y fabrique les tissus dits de Barèges.

BAGNÈRES-DE-LUCHON, Balneariæ Lixiones, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), dans la belle vallée de Luchon, à 48 kil. S. S. O. de St-Gaudens, à 6 kil. de la frontière d'Espagne; 2690 hab. Eaux thermales très-fréquentées. Belles promenades : le Cours, l'Allée de la Pique, et aux environs les Cascades, la Fontaine d'amour, l'Allée des Soupirs, les Quinze lacs, l'Écho de Néré, la Vallée du Lis, le val d'Aran.

BAGNEUX, vge du dép. de la Seine, à 8 kil. S. de Paris, cant. et à 2 kil. N. de Sceaux; 700 hab. Jolies maisons de campagne. Église du XIIIe siècle.

BAGNOLET, vge du dép. de la Seine, cant. de Pantin, à 7 kil. N. E. de Paris; 1800 hab. Jolies maisons de campagne; carrières de plâtre; culture de pêchers. La terre de Bagnolet fut achetée par le duc d'Orléans, frère de Louis XIV.

BAGNOLLES, vge du dép. de l'Orne, commune de Couterne, au S. E. et près de Domfront. Eaux sulfureuses et ferrugineuses; bains civils et militaires.

BAGNOLS, Balneola, ch.-l. de cant. (Gard), sur la Cèze, à 49 kil. N. E. de Nîmes, à 23 kil. N. E. d'Uzès; 3901 hab. Collége. Bons vins rouges. Patrie de Rivarol. — BAGNOLS-LES-BAINS, vge de la Lozère, à 20 kil. E. de Mende, sur le Lot. Eaux sulfureuses.

BAGOAS, eunuque égyptien, devint général et favori du roi de Perse Artaxerce Ochus. Il aida ce prince à conquérir l'Égypte, mais ensuite, pour se venger du meurtre du bœuf Apis, ordonné par le roi, il l'empoisonna et plaça sur le trône son fils Arsès. Ne trouvant pas en celui-ci une créature assez docile, il le fit encore périr et donna la couronne à Darius Codoman, dont il voulut aussi, peu après, se défaire ; mais ce prince le prévint, et le força à boire le poison qu'il lui destinait, 336 ans av. J.-C. - On connaît encore sous ce nom de Bagoas, mot qui veut dire eunuque, plusieurs autres personnages, notamment un favori d'Alexandre, Perse de naissance.

BAGOULET, petite riv. d'Anatolie, dans laquelle on a cru à tort retrouver la Pactole des anciens.

BAGRADAS, auj. la Medjerda, riv. d'Afrique, sortait de l'Atlas, traversait la Zeugitane, et se jetait dans la Méditerranée entre Utique et Carthage. C'est sur les bords de ce fleuve que l'armée de Régulus tua un énorme serpent (255 av. J.-C.).

BAGRATION (le prince Pierre de), l'un des généraux les plus distingués de la Russie, né en 1765 dans la Géorgie, sortait de la famille des Pagratides qui régna longtemps sur ce pays. Entré au service de la Russie, il servit sous les ordres de Souvarow en Pologne (1794) et en Italie (1799), et fut disgracié avec ce général par Paul I à la suite de quelques revers. Rappelé en 1805 par Alexandre, il commanda un corps de l'armée envoyée au secours de l’Autriche sous les ordres de Koutousof, fit une belle retraite sur la Moravie, se distingua aux batailles d'Austerlitz, d'Eylau, de Friedland ; commanda en chef la 2e armée de l'Ouest en 1812, prit une part honorable aux batailles de Smolensk et de Moskowa, et fut blessé mortellement dans cette dernière affaire.

BAHAMA ou GRANDE-BAHAMA, île de la mer des Antilles, une des Lucayes, par 82° 30'-82° 44' long. O., et 26° 40'-27° 5' lat. N., appartient aux Anglais. Fertile, bien arrosée, mais peu habitée. — On donne le nom d’archipel de Bahama à tout le groupe des Lucayes (V. LUCAYES). — Le vaste banc de sable situé en avant du golfe de Mexique, au N. de Cuba et au S. des Florides, se divise en Grand banc de Bahama (de 77° à 81° 51' O. pour la long., de 21° 40' à 26° N. pour la lat.), et Petit banc de Bahama (de 79° 55' à 81° 40' O. pour la long., de 25° 55' à 27° 50' N. pour la lat.); ils sont séparés par le canal de la Providence. Le 1er a 640 kil. de long sur 220 de large; le 2e en a 265 sur 90. Le 1er embrasse l'île de la Providence, l'île Longue, l'île Verte, les Roquillos, les Mimbres, etc. ; sur le 2e sont la Grande Bahama, Abacou Guana, les Galapagos. — Entre Cuba et le Grand banc s'étend un vaste canal dit Vieux canal de Bahama; entre les Grand et Petit bancs et la côte E. de la Floride est le Nouveau canal de Bahama, nommé aussi golfe de Floride; tous deux communiquent par le canal de Santarem.

BAHAMAN, divinité favorable des Perses, le premier des Amschaspands après Ormuzd, inspire la bonté, apaise la colère, répand l'abondance sur la terre, protége les animaux domestiques, et reçoit les âmes des justes à leur entrée dans le séjour céleste.

BAHAOUALPOUR, État de l'Hindoustan, au S. du Pendjab, entre 28°-30° lat. N. et 68°-72° long. E., est arrosé par le Sutledge et a pour ch.-l. Bahaoualpour, v. commerçante de 20 000 âmes, sur le Gharra, à 98 kil. S. E. de Moultan. Cet État, fondé par Bahaoual-Khan en 1769, dépend auj. du radjah du Pendjab.

BAHAR, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), dans la prov. de Bahar, à 56 kil. S. de Patna; env. 30 000 h. Jadis plus importante et ch.-l. de tout le Bahar. – La prov. de Bahar, entre le Népal au N., le Bérar au S., le Bengale à l'E. et l'Aoude à l'O., a 8 000 000 d'h.; capit. Patna (c'était précédemment Bahar). Sol plat, fertile arrosé par le Gange. Le Bahar a été jadis indépendant; il était connu sous le nom de roy. de Magada. Il appartient aux Anglais depuis 1765 et est compris dans la présidence de Calcutta.

BAHARITES, la 1re dynastie des Mamelouks qui régnèrent en Égypte. Ces Mamelouks étaient dans le principe de jeunes Turcs qui avaient été vendus comme esclaves à des marchands égyptiens. Le soudan Malek-Saleh, de la dynastie des Ayoubites, les racheta de ces marchands au nombre de mille, et les fit instruire au métier des armes dans une forteresse bâtie au bord de la mer (en arabe bahar) : de là leur nom. Ils finirent par s'emparer de l'autorité souveraine et nommèrent pour chef un d'entre eux, Noureddin-Ali, qui prit le titre de soudan d'Égypte (1254). Les Mamelouks Baharites ont conservé le pouvoir jusqu'en 1382, qu'ils furent remplacés par les Mamelouks-Bordjites. V. MAMELOUKS.

BAHIA (c.-à-d. baie), ou SAN-SALVADOR, v. du Brésil, ch.-l. de la prov. de Bahia, à 1350 kil. N. E. de Rio-Janeiro, sur la baie de Tous-les-Saints; 180 000 h. Port superbe. Archevêché, duquel relèvent tous les évêchés du Brésil. Place forte, la Ire de l'empire. Divers établissements littéraires, école de chirurgie, gymnase, séminaire, bibliothèque publique; très-grand commerce, beaucoup de négociants étrangers. On remarque à Bahia plusieurs beaux édifices : église des Jésuites, palais du gouverneur, hôtel de ville, tribunal d'appel, palais archiépiscopal, hôpital militaire, école de chirurgie, couvents et églises des Franciscains, des Bénédictins, des Carmes; église de la Conception, bourse, chantiers, arsenal maritime. — Bahia, fondée au XVIe siècle, fut la capitale du Brésil jusqu'en 1763; elle en est encore la 1re v. après Rio-Janeiro. — La prov. de BAHIA s'étend le long de l'Atlantique, entre celles de Sergipe do Rey, Pernambouc et Minas-Geraes, par 39° 55'-46° 10' long. O., et 10°-15° 30' lat. N., et a 670 kil. sur 400; env. 1 000 000 hab. Elle est divisée en quatre comarcas, Bahia, os Ilheos, la Jacobina, Porto-Seguro. Climat très-chaud, mais rafraîchi par les brises de mer. Sol excellent pour la canne à sucre, le tabac, le coton.

BAHR-ABAD, contrée de l'Arabie. V. BARRIA.

BAHR-EL-ABIAD, c.-à-d. Rivière blanche, nom que porte le Nil dans la partie supérieure de son cours, jusqu'à sa jonction avec le Bahr-el-Azrek.

BAHR-EL-AZRER, c.-à-d. Rivière bleue, Astapus, naît en Abyssinie par 10° 59' lat. N., 34° 35' long. E., traverse le lac Dembea, baigne les prov. de Gojam, Damot et autres contrées abyssiniennes, puis entre dans le Sennaar, et se joint au Nil à 8 kil. S. d'Halfay, après un cours d'env. 1600 kil. Cours très-rapide; cascades dont une a 93m de hauteur. On a pris longtemps le Bahr-el-Azrek pour le vrai Nil.

BAHRDT (Ch. Frédéric), théologien protestant, né en 1741, dans une petite ville de Misnie, mort en 1792, professait des opinions religieuses qui paraissent se confondre avec le socinianisme ou même avec le pur déisme. Il enseigna successivement la théologie et la philosophie à Leipsick, à Erfurdt et à Giessen; forcé de quitter chacune de ces villes comme hérétique, il alla s'établir en Suisse, où il dirigea une maison d'éducation; puis à Halle en Prusse où il s'attira de nouvelles poursuites par ses pamphlets politiques, et il finit par tenir taverne dans une campagne près de Halle. Ceux de ses nombreux ouvrages qui ont le plus attiré l'attention sont : Essai d'un système de dogmatique biblique, 1769; Nouvelles révélations de Dieu, 1773, condamnées par la cour impériale; Profession de foi, 1779; l’Almanach des Hérétiques, 1781; l’Édit de religion, 1788, pamphlet où il raille un édit rendu par le roi de Prusse; et une Histoire de sa vie et de ses opinions, 1791.

BAHREÏN ou HADJAR, contrée d'Arabie, dans le Lahsa, le long du golfe Persique, s'étend du 25° au 29° degré de lat. N. Les habitants vivent de pêche et plus encore de piraterie. On étend quelquefois le nom de Bahreïn à tout le Lahsa. — Sur la côte de ce pays est un groupe d'îles, dites aussi de Bahreïn ou d'Aoual, sous 48° 20' long. E. et 26° 20' lat. N., renommé pour la pêche de perles. Ces îles ont jadis appartenu aux Portugais; elles sont auj. Sous la dépendance d'un cheik tributaire de l'iman de Mascate. Le principales sont : Arad, Tarout et Bahreïn, dans laquelle se trouve la capit., Manama, sur la côte N. E.

BAIAN, chef des Avares. V. AVARES.

BAIE (Iles de la), Bay-Islands, îles de la baie de Honduras, dont les principales sont : Roatan, Bonaca, Utilla, Barbareta, Helena et Morat. Elles formaient une colonie anglaise qui a été abandonnée en 1860.

BAIER (J. J.), naturaliste allemand, membre de l'Académie des curieux de la nature, né en 1677 à Iéna, mort en 1735, exerça la médecine à Halle, Nuremberg, Ratisbonne, Iéna, et fut professeur de cette science à Altorf. On estime son Oryctographia norica, publiée en 1708 à Nuremberg, in-4, et réimprimée en 1758 : il y donne une description exacte et détaillée des fossiles et des minéraux de toute espèce observés dans le territoire de Nuremberg.

BAIES, Baiæ des anciens, Baja des Italiens, v. d'Italie (prov. de Naples), à 17 k. S. O. de Naples. Port passable et plus sûr que celui de Naples; fort bâti par Charles-Quint. La ville ne se compose que de chaumières, éparses parmi des ruines magnifiques. Bains fort célébres chez les anciens. — Baies, sous l'empire romain, fut une ville superbe : elle s'élevait en amphithéâtre sur la colline demi-circulaire qui domine la mer. La mode voulait que tout riche Romain y eût sa maison de campagne, et y vint passer l'arrière-saison. Il y reste des ruines de toute beauté, mais dont la majeure partie est sous la mer. On voit pourtant encore les débris des bains de Néron, d'un palais de Jules-César, des villas de Cicéron et d'Agrippine, des temples de Vénus, de Diane, de Mercure etc.

BAÏF (Jean-Antoine de), poëte français du XVIe s., né à Venise en 1532, mort en 1589, était fils de Lazare de Baïf, ambassadeur à Venise et en Allemagne sous François I, qui fut poëte aussi. Jean Baïf renonça aux avantages que lui offrait sa naissance pour se livrer à la poésie, il se lia avec Ronsard et donna, comme lui, dans le bizarre. Il eut la prétention d'écrire des vers mesurés comme ceux des Grecs et des Romains, et de créer un alphabet nouveau afin de réformer l'orthographe, fonda en 1570, dans sa maison du faubourg St-Marceau, une académie de poésie et de musique; mais cette académie, la première qui ait été établie à Paris, ne put durer. Baïf est un des poëtes de la Pléïade. On a sous le titre d’Œuvres de J. A. de Baïf, Paris, 1572, 9 livres de poëmes, 7 d'amours, 5 de jeux, 5 de passe-temps; il a aussi publié Étrennes de poésies françaises en vers mesurés, 1574, et quelques pièces de théâtre, sous le titre de Mimes et Proverbes, 1576 et 1597.

BAIGNES, ch.-l. de cant. (Charente), à. 13 kil. S. O. de Barbezieux; 717 hab. Anc. abbaye, fondée, dit-on, par Charlemagne. Bains antiques.

BAIGNEUX-LES-JUIFS, ch. l. de c. (Côte-d'Or), à 36 kil. S. de Châtillon-sur-Seine; 420 hab. C'est le dernier endroit de France que quittèrent les Juifs bannis du royaume en 1431 : d'où son nom.

BAIGORRY, vallée des B.-Pyrénées, arrosée par la Nive, doit son nom au mont Baigoura, situé à 31 kil. O. de Mauléon. Elle a 17 kil. sur 13; place principale, St-Étienne de Baigorry. Mines de cuivre qui ne sont plus exploitées.

BAIKAL (lac), grand lac de Sibérie (Irkoutsk), par 101° 16'-107° 18' long. E., et 51° 21'-55° 48' lat. N., a 660 kil. de long sur une largeur qui varie de 40 à 100 kil., et est traversé par l'Angara inférieur, qui porte ses eaux à l'Iénisseï. Malgré son immense étendue, ses eaux sont douces. Ce lac est très-profond et offre une navigation fort dangereuse; ses bords sont hauts, escarpés en général; il renferme une île assez grande, nommée Olkhon. On y pêche des phoques, des sterlets et diverses espèces de poissons particulières à ce lac. — Il est bordé par les monts Baikal, chaînon secondaire du grand système des Altaï.

BAILLET (Adrien), laborieux écrivain, né en 1649, près de Beauvais, mort en 1706, fut d'abord curé de campagne, puis bibliothécaire de Lamoignon. Ses principaux ouvrages sont : Jugement des savants sur les principaux ouvrages, 1685-86, 9 vol. in-12; Les enfants célèbres par leurs études et leurs écrits, 1688, in-12; Histoire de Hollande, sous le nom de La Neuville, 4 vol. 1690, in-12; Vie de Descartes, 1691, 2 vol. in-4, ouvrage dont il publia lui-même un abrégé, 1693, 1 vol. in-12; Vies des Saints, 1701, 3 vol. in-fol., souvent réimprimées (ouvrage où il élève des doutes qui lui valurent le surnom de dénicheur de saints et qui fut mis à l’Index à Rome); Histoire des démêlés de Boniface VIII avec Philippe le Bel, 1717, in-12 (posthume).

BAILLEUL, ch.-l. de cant. (Nord), à 29 kil. N. O. de Lille et à 14 kil. E. d'Hazebrouk; 100 00 hab. Collége. Fils, coutils, dentelles; fromages, houblon.

BAILLEUL (le), bourg du dép. de l'Orne, à 8 kil. N. d'Argentan. C'est de là qu'était sortie la dynastie des Baliol (ou Bailleul) qui régna en Écosse.

BAILLEUL, roi d'Écosse. V. BALIOL.

BAILLI, titre porté dans l'origine par des commissaires royaux qui rendaient la justice, percevaient les impôts et recevaient, au nom de la couronne, les plaintes du peuple contre les seigneurs. Leur juridiction régularisée au commencement de la 3e race, fut d'abord très-étendue ; mais l'abus qu'ils firent de leur puissance obligea les rois à la réduire, et vers le XVIe siècle, ils n'étaient plus que des officiers de justice. Néanmoins, leur office était noble et d'épée ; Charles IX, en 1560, les déclara officiers de robe courte. — On appelait aussi baillis, baillis seigneuriaux, de simples officiers de justice seigneuriale, dits de robe longue ou petits baillis, pour les distinguer des baillis royaux. — Certains gardiens de châteaux servant de prison portaient aussi ce titre. — Dans l'ordre de Malte, on donnait le nom de baillis à des dignitaires supérieurs aux commandants et inférieurs aux grands prieurs : tel fut le bailli de Suffren.

BAILLIE (Mathieu), anatomiste écossais, né en 1761, mort en 1828, neveu de Hunter, fut médecin de la princesse de Galles et de George III, établit avec Cruikshank un cours d'anatomie à Londres, y fonda le cabinet d'anatomie pathologique et donna un excellent Manuel d'anatomie pathologique (1795), trad. en français par Ferral (1803) et par Guerbois (1815). — Sa sœur, Johanna Baillie, 1762-1851, a composé des poésies (ballades, poèmes, drames), qu'admirait W. Scott.

BAILLON (Emmanuel), naturaliste, mort à Abbeville en 1803, eut une correspondance active avec Buffon, et lui fournit de précieux matériaux : la plupart des oiseaux de mer et de rivière qu'on voit au muséum de Paris ont été préparés par lui.

BAILLOT (Pierre), violoniste, né en 1771 à Passy, mort à Paris en 1842, était fils d'un magistrat mort à Bastia. Orphelin à 12 ans, il intéressa M. de Boucheporn, intendant de la Corse, qui l'envoya étudier à Rome, puis à Paris, où il reçut les leçons de Viotti, et devint son élève favori. Admis dès 1791 à l'orchestre du théâtre de Monsieur (Opéra-Comique), il y obtint un tel succès qu'il fut, en 1795, appelé comme professeur au Conservatoire. Il fut attaché à la musique de l'empereur, puis à la chapelle du roi. Aussi habile compositeur que bon exécutant, il a publié une grande quantité de morceaux de tout genre qui se distinguent par une composition hardie et originale, et qui ont quelque chose de grave et de mélancolique. On lui doit aussi l’Art du violon, 1835, ouvrage qui a puissamment contribué aux progrès de l'art. Dans l'exécution, Baillot se faisait remarquer par un goût pur et sévère plutôt que par l'habileté à vaincre les difficultés.

BAILLOU (Guill. de), médecin français, né à Paris en 1538, mort en 1616, fut un de ceux qui contribuèrent le plus à ramener la médecine à l'étude des faits. On retrouve dans ses ouvrages, qui se distinguent par d'exactes descriptions, des notions intéressantes sur les maladies épidémiques. Il paraît avoir bien connu le croup. En 1580, il fut élu doyen de la Faculté de Paris; en 1601, Henri IV le nomma premier médecin du dauphin. Ses œuvres, réunies par les soins de J. Thévart, ont été imprimées sous le titre de : Opera medica omnia, Paris, 1635, 4 vol. in-4, et Genève, 1762.

BAILLY (J. Sylvain), né à Paris en 1736. Son père, qui était peintre et garde des tableaux de Versailles, le destinait à la peinture : Bailly préféra les lettres et les sciences. Il travailla d'abord pour le théâtre, mais, s'étant lié avec Lacaille, il se livra avec ardeur à l'étude de l'astronomie, et mérita bientôt d'être admis à l'Académie des sciences (1763). Il cultivait cependant avec succès la littérature, composait des Éloges, parmi lesquels on remarqua ceux de Leibnitz et de Lacaille (1770), et rédigeait le grand ouvrage auquel il doit surtout sa réputation, l’Histoire de l'astronomie, qui forme trois ouvrages distincts : Histoire de l'astronomie ancienne, 1775; Histoire de l'astronomie moderne, 1778-83; Histoire de l'astronomie indienne et orientale, 1787. Il avait supposé, dans cet ouvrage, l'existence d'un peuple primitif qui aurait disparu du globe, et auquel il faudrait rapporter la plupart des grandes découvertes; cette assertion l'engagea dans de vives disputes et donna naissance aux Lettres sur l'origine des sciences et sur l'Atlantide de Platon, qu'il publia en 1777. Son Histoire de l'astronomie, qui était une œuvre littéraire autant que scientifique, lui ouvrit les portes de l'Académie française (1784) et de celle des inscriptions (1785). A la même époque, il fut chargé par l'Académie des sciences de rédiger deux Rapports importants, l'un sur le Magnétisme animal (V. MESMER), l'autre sur le Projet d'un nouvel Hôtel-Dieu. Lorsque la Révolution éclata, Bailly fut arraché aux lettres, et jeté dans la carrière politique qui devait lui être si funeste. Il jouit pendant quelque temps d'une immense faveur : en 1789, il fut nommé député aux États généraux par les électeurs de Paris; puis il fut élevé à la présidence de cette assemblée; c'est lui qui présida la fameuse séance du Jeu-de-Paume (V. ce nom); il fut nommé maire de Paris le 16 juillet 1789. Mais s'étant vu obligé, après l'arrestation de Louis XVI, de dissiper par la force les rassemblements qui se formaient au champ de Mars pour demander la déchéance du roi (17 juillet 1791), il perdit tout d'un coup sa popularité. Il se démit alors des fonctions de maire, et quitta la capitale ; mais, reconnu à Melun, il fut amené à Paris et traduit devant le tribunal révolutionnaire qui le condamna à mort. Il fut exécuté le 11 nov. 1793. Comme ses membres glacés par la pluie et le froid étaient agités d'un tremblement involontaire, un de ses bourreaux lui dit : « Tu trembles, Bailly? — Oui, répondit le vieillard avec calme, mais c'est de froid. » Outre les ouvrages de Bailly que nous avons cités, on a publié de lui après sa mort un Essai sur les fables, 1798; des Mémoires d'un témoin de la Révolution, 1804, et un Recueil de pièces intéressantes sur les sciences, 1810. M. Arago a prononcé son Éloge à l'Académie des sciences en 1844.

BAIN, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 31 kil. S. de Rennes; 1396 hab.

BAIN (ordre du), institué en 1399 par Henri IV, roi d'Angleterre, fut d'abord conféré à 36 écuyers qui avaient pris le bain de compagnie avec lui, après avoir veillé toute la nuit qui précéda son sacre. Renouvelé par Georges I en 1725, cet ordre fut, en 1815, converti en un ordre pour le mérite militaire. Il comprend 72 grand'croix, 130 commandeurs et un nombre illimité de chevaliers. Les grand’croix portent un ruban rouge avec une médaille en or émaillée où l’on voit un sceptre entre une rose et un chardon au milieu de trois couronnes impériales ; la devise est Tria juncta in uno. On y admet depuis 1847 des personnages civils.

BAINS, ch.-l. de cant. (Vosges), à 28 kil. S. O. d’Épinal, 2000 hab. Eaux minérales et thermales. Broderie, clouterie, kirschwasser.

BAINS, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 7 kil. N. de Redon ; 257 hab. Sources thermales.

BAINS, dit aussi Fort-les-Bains, Amélie-les-Bains, vge des Pyrénées-Orient., à 31 kil. S. O. de Perpignan : 467 hab. Fort bâti en 1670 par Louis XIV et au pied duquel se trouvent deux sources thermales sulfureuses. Hôpital militaire.

BAÏRAM, BAÏRAKTAR. V. BEIRAM, BEIRAKTAR.

BAIS, ch.-l. de cant. (Mayenne), à 20 kil. E. S. E. de Mayenne, sur l’Aron ; 780 hab.

BAÏSE ou BAYSE (la), riv. de France, naît dans les landes de Lannemezan (H.-Pyrénées), passe à Trie, Mirande, Valence, Condom, Nérac ; reçoit la Baïselle, la Baïse-Devant, la Gelize, et se perd dans la Garonne, près de St-Léger, après un cours de 160 kil.

BAIUS ou DE BAY (Michel), né à Melin, dans le Hainaut, en 1513, mort en 1589, professa l’Écriture sainte à Louvain, y devint chancelier de l’Université, et remplit en outre l’office d’inquisiteur général des Pays-Bas. Précurseur de Jansénius, il se montra peu favorable à la liberté de l’homme, et se rencontra sur plusieurs points avec Calvin. L’Université de Louvain lui défendit d’enseigner ; la Sorbonne le censura en 1560, et Pie VI en 1567, condamna comme hérétiques 76 propositions tirées de ses ouvrages. Baïus conserva cependant de nombreux partisans. Ses œuvres ont été imprimées à Cologne, 1696. Duchesne a écrit l’Hist. du Baïanisme, 1731.

BAJA, v. de Hongrie (Bacs), près du Danube, à 45 kil. N. de Zombor ; 14 000 hab. Siége des autorités du comitat ; gymnase, beau château.

[[w:Bayezid Ier|BAJAZET I]], surnommé Ilderim, c.-à-d. l’Éclair ou la Foudre, sultan turc, fils et successeur d’Amurat, se fit proclamer à la mort de son père en 1389, et fit aussitôt étrangler son frère aîné, qui voulait lui disputer le trône. Il fit de grandes conquêtes, enleva aux empereurs chrétiens la Bulgarie, la Macédoine et la Thessalie (1391-93), subjugua la plupart des princes de l’Asie-Mineure ; puis, de retour en Europe, tailla en pièces, près de Nicopolis sur le Danube, une armée de croisés hongrois, polonais et français (1396). Enhardi par ces succès, il assiégea Constantinople, et força l’empereur Manuel à lui payer un tribut. Mais il fut arrêté dans ses succès par Tamerlan, qui envahit ses États, le défit à la bataille d’Ancyre (1402), et le fit prisonnier. On dit que Tamerlan lui fit subir toutes sortes d’humiliations : il se servait de son corps comme de marche-pied pour monter à cheval, le forçait à se tenir sous sa table pendant les repas et à ne se nourrir que des morceaux qui tombaient à terre ; enfin il l’aurait enfermé dans une cage de fer, où le malheureux prince se serait tué en se frappant contre les barreaux. Suivant des récits plus vraisemblables, le conquérant tartare le traita au contraire avec égard, et Bajazet mourut dans son camp, frappé d’apoplexie, après huit mois de captivité.

BAJAZET II, sultan, fils de Mahomet II succéda à son père en 1481, chassa de ses États son frère Zizim qui lui disputait la couronne, et le poursuivit jusque dans les cours des princes européens (V. ZIZIM). Il attaqua les Mamelouks d’Égypte, mais sans pouvoir les détruire. Plus heureux en Europe, il battit les Moldaves et soumit la Bosnie et la Croatie. Après 30 ans de règne, il fut forcé d’abdiquer. Il voulait placer sur le trône Achmet, son fils aîné ; mais Sélim, son 2e fils, s’empara de la couronne et l’empoisonna (1512).

BAJAZET, fils de Soliman I et de Roxelane. Jaloux de son frère Sélim (Sélim II), que Soliman avait désigné pour lui succéder, il arma contre ce prince du vivant même de leur père. Vaincu près d’Iconium, il se réfugia chez le roi de Perse ; mais celui-ci le fit jeter en prison, et le livra aux bourreaux envoyés par Soliman pour le mettre à mort : il fut aussitôt étranglé (1559).

BAJAZET, fils d’Achmet I, et frère d’Amurat IV. Amurat, jaloux de ce prince, qui annonçait de belles qualités, le fit mettre à mort (1635), malgré les supplications de la sultane Kiosem, leur mère commune. Bajazet vendit chèrement sa vie et tua quatre de ses assassins. La mort de ce prince a fourni à Racine l’idée d’une de ses plus belles tragédies.

BAJOCASSES, peuple de la Gaule (Lyonnaise 2e), habitait le long de la Manche à l’O. des Lexovii, à l’E. des Unelli, et avait pour ch.-l. Bajocasses, dite aussi Aregenus, ou plutôt Augustodurus, auj. Bayeux.

BAKEL, poste de notre colonie du Sénégal (arr. de St-Louis), sur la r. g. du Sénégal, à 500 kil. de son emb., et à 700 kil. de St-Louis. Gomme, cuir, or.

BAKER (Richard), historien anglais, né en 1568 dans le comté de Kent, mort en 1645, fut sous Jacques I, grand shériff du comté d’Oxford. S’étant ruiné pour aider la famille de sa femme, il fut enfermé pendant ses dernières années en prison comme débiteur insolvable. Il rédigea dans sa prison une Chronique des rois d’Angleterre, depuis le gouvernement des Romains jusqu’à la mort du roi Jacques, qui parut en 1641, et qui eut un grand succès.

BAKER (Henri), naturaliste anglais, membre de la Société royale et de celle des antiquaires, né au commencement du XVIIIe siècle mort en 1774, s’est occupé avec succès de recherches microscopiques, et a publié le Microscope mis à la portée de tout le monde, trad. en français par le P. Pezenas, 1754.

BAKHTCHÉ-SÉRAI, c.-à-d. le Palais des Jardins, v. de Crimée, à 26 kil. S. O. de Simféropol, à 30 kil. N. de Sébastopol ; 14 000 hab. Bains, mosquées. Capitale des anciens khans de Crimée.

BAKOU, v. de la Russie d’Asie (Chirvan), sur la côte O. de la mer Caspienne, dans la presqu’île d’Apchéron ; env. 5000 hab. Place forte de première classe ; port, le meilleur de la mer Caspienne. Quelques monuments ; palais du chah ; bâti par Abbas II ; grand bazar, caravansérail, église arménienne. Commerce considérable avec Astrakhan ; huile de naphte, etc. Aux environs de Bakou se trouvent des marais d’où s’exhalent des gaz qui s’enflamment au contact de l’air, ce qui a fait de cette ville un lieu saint pour les Guèbres. — Bakou fut jadis le ch.-l. d’un petit khanat indépendant, qui devint ensuite vassal de la Perse. Celle-ci le céda aux Russes en 1723, se le fit rendre en 1735, et se le vit de nouveau ravir en 1801 : la possession en fut confirmée à la Russie en 1813 avec le reste du Chirvan.

BAKOWA, v. de Moldavie, sur la Bistritz, à 80 k. S. O. d’Iassy. Évêché catholique. Ville très-déchue.

BALA, v. de la pté de Galles, ch.-l. du comté de Merioneth, à 288 kil. N. O. de Londres ; 2000 hab.

[[w:Alexandre Ier Balas|BALA (Alexandre)]], V. ALEXANDRE.

BALAAM, faux prophète de Péthor en Mésopotamie, fut mandé par Balac, roi des Moabites, pour maudire les Israélites, qui, après avoir traversé le désert, venaient envahir ses États. Pendant qu’il se rendait près de ce prince, un ange armé d’une épée nue s’offrit aux yeux de l’ânesse qui le portait ; celle-ci s’arrêta tout à coup, et, comme Balaam la frappait, l’animal, miraculeusement doué de la parole, lui reprocha sa cruauté ; en même temps, le devin aperçut un ange qui lui défendit, au nom du Seigneur, de maudire les Israélites. Balaam, en effet, n’osa proférer des imprécations ; tout au contraire, il bénit le peuple de Dieu, malgré les instances et la colère de Balac (Nombres, c. XXII-XXIV). On place cet événement vers l’an 1489 av. J.-C.

BALACLAVA (c.-à-d. Belle-clef), la Symbolon des Grecs, v. et port de Crimée, sur la côte méridionale, à 15 kil. S. de Sébastopol, près de l'ancien cap Parthénion, où l'on place l'autel de la Diane taurique; env. 2000 hab., presque tous Grecs. Port excellent, mais sans commerce. Ancienne colonie grecque, occupée au moyen âge par les Génois et alors florissante. Les Anglais s'y établirent en 1854 et y repoussèrent, le 25 octobre, une attaque des Russes.

BALADE, nom indigène de la Nouvelle-Calédonie, a été conservé par nous pour le principal port de l'île, situé à l'extrémité N. E. Cook séjourna dans ce port en 1774. V. CALÉDONIE (Nouv.-).

BALAGHAT (c.-à-d. au delà des Chattes), prov. de l'Inde anglaise, presque au centre de la presqu'île, entre les prov. d'Haïderabad, des Circars septentrionaux, de Salem, de Maïssour, de Kanara, de Bedjapour, fait partie du haut plateau du Décan; env. 2 200 000 hab; tapit., Bellary. Rivières : la Kistnah, la Toumbedra, le Pennar, le Tchiouravati. Sol très à fertile, vastes forêts; diamants, cuivre, salpêtre. — Après la chute de l'empire de Delhi, le Balaghat fut conquis vers 1780 par Haïder. Acquis en 1792 par le Nizam, il fut cédé par lui en 1800 aux Anglais. Il fait partie de la présidence de Madras.

BALAGUER, Bergusium, v. forte d'Espagne (Barcelone), sur la Sègre, à 22 kil. N. E. de Lérida; 6000 hab. Prise en 1709 par les Impériaux, reprise en 1710 par le duc de Vendôme.

BALAMBANGAN, petite île au N. de Bornéo, a 24 k. de long sur 5 de large; inhabitée. Port sûr. Les Anglais ont vainement tenté de s'y établir en 1774 et 1803.

BALARUC, vge de France (Hérault), sur l'étang de Thau, à 26 kil. S O. de Montpellier; 600 hab. Eaux thermales sulfureuses renommées pour les maladies chroniques et les obstructions.

BALASORE, v. maritime de l'Inde (Orissa), ch.-l. du district de même nom, sur le Bouri-Bellane, à 200 kil. S. O. de Calcutta; 12 000 hab. Elle appartient aux Anglais depuis 1803.

BALATON, en all. Platten-see, lac de la Hongrie, par 46° et 47° lat. N., s'étend dans les comitats de Schumeg, Szalad et Veszprim, et a 75 kil. de long sur 8 de large. Il reçoit les eaux de 9 rivières et communique avec le Danube par le Sio.

BALBATRE (Claude-Louis), organiste, né à Dijon en 1729, mort à Paris en 1799, était élève de Rameau. Il tint tour à tour l'orgue à St-Roch et à Notre-Dame de Paris, attirant constamment la foule. C'est lui qui substitua le forte-piano au clavecin.

BALBEK, Heliopolis (c.-à-d. Cité du soleil), ville de Syrie (Acre), près de l'Anti-Liban, à 65 kil. N. O. de Damas, par 34° 2' long. E., 33° 58' lat. N. Sa population, qui était encore de 5000 hab. en 1751, n'est plus guère auj. que de 200. On y voit de superbes ruines, les plus belles de cette contrée après celles de Palmyre, notamment les restes du temple du Soleil auquel la ville devait son nom. Ce temple immense avait été construit sous Antonin le Pieux; Constantin en fit une église. — Balbek fut prise par Abou-Obéidah lieutenant d'Omar, puis par Tamerlan (1401) ; elle fut presque détruite par un tremblement de terre en 1759. Elle est auj. habitée par des Moutoualis, montagnards farouches et pillards.

BALBES, famille puissante de Chieri. V. CHIERI.

BALBI (Jérôme), littérateur vénitien, né vers 1450, mort en 1535, enseigna les lettres et le droit à Paris (1485), puis à Vienne et à Prague, prit l'habit ecclésiastique en Hongrie, fut chargé par le loi Ladislas de l'éducation de ses enfants, et devint évêque de Carinthie. On a de lui : De rebus Turcicis, Rome, 1526, et des opuscules poétiques et oratoires.

BALBI (Adrien), géographe, né à Venise en 1782, mort à Vienne en 1848, était fils du gouverneur de l'île de Veglia. Sa famille ayant été ruinée par la révolution de 1797, il se livra à l'enseignement, et fut successivement professeur de géographie à San-Michele de Murano près de Venise, et de physique au lycée de Fermo. Il vint en 1821 à Paris pour y publier d'importants travaux préparés dès longtemps, et y fit paraître en 1826 un Atlas ethnographique du globe, in-fol., ouvrage original, où les peuples étaient classés d'après leurs langues, et en 1832 un Abrégé de Géographie, gr. in-8, qui se fit remarquer par la nouveauté du plan, l'abondance et l'exactitude des renseignements, et qui devint bientôt classique : il y fonde l'étude de la géographie sur la distinction des bassins. Le gouvernement autrichien l'appela alors à Vienne avec le titre de conseiller pour la géographie et la statistique. Balbi a donné en outre sous forme de tableaux synoptiques : Tableau politico-statistique de l'Europe en 1820; Balance politique du globe, 1828; la Monarchie française, 1828; l’Empire russe, 1829; l’Empire britannique, 1830.

BALBIN, Decimus Claudius Balbinus, empereur romain. Il était d'abord sénateur, et fut choisi en 237 par ses collègues, conjointement avec Maxime Pupien, pour combattre le féroce Maximin. Ils gouvernèrent avec assez de sagesse, mais ils furent massacrés après un règne de quelques mois par les prétoriens, qui ne voulaient pas reconnaître des empereurs qu'ils n'avaient pas faits eux-mêmes. Ils furent remplacés par le jeune Gordien.

BALBOA (Vasco NUNEZ de), vaillant officier espagnol, né en 1475, d'une famille noble, mais pauvre, fit quelques conquêtes en Amérique sur les côtes du golfe de Darien, traversa le premier l'isthme de Panama, découvrit en 1513 l'Océan Pacifique (golfe St-Michel), et eut le premier connaissance du Pérou. Il allait partir sur quelques vaisseaux équipés par lui, pour reconnaître cette riche contrée, lorsqu'il fut accusé d'insubordination par le gouverneur Pedrarias, jaloux de ses succès, et eut la tête tranchée (1517).

BALBUS (L. Cornelius), natif de Gadès en Espagne, mérita par ses services le titre de citoyen romain devint consul en 40 av. J.-C., et fit en 21 une expédition contre les Garamantes. Le titre de citoyen romain lui ayant été contesté, Cicéron prononça eu sa faveur un discours que nous possédons encore.

BALCLUTHA, nom gaélique d'une ville antique qu'on croit être Dumbarton et qui fut autrefois florissante. Ossian pleure la ruine de cette ville.

BALDE ou BALDI (Bernardin), abbé de Guastalla, savant italien, né à Urbin en 1553, mort en 1617, cultiva avec succès les sciences et les lettres. On a de lui un poëme italien sur la Navigation (1590), des trad. de Quintus Calaber et de Héron, des Commentaires sur Vitruve (1612), et sur les Problèmes de mécanique d'Aristote (1621). — BALDE (Jacques), jésuite et poëte latin, né en 1603 à Ensisheim (Alsace), mort en 1668, vécut à la cour de Bavière. Il s'exerça avec tant de succès dans le genre lyrique qu'on l'appela l’Horace de l'Allemagne. Un de ses poëmes, en vers élégiaques, intitulé Urania victriæ, plut tellement à Alexandre VII que ce pape lui fit présent d'une médaille d'or. Ses Œuvres ont été imprimées à Munich, 1729, en 8 vol. in-8. Orelli en a donné un choix en un vol., Zurich, 1805.

BALDE DE UBALDIS (Pierre), jurisconsulte, né à Pérouse en 1324, mort en 1400, professa le droit à Pérouse, puis à Padoue et à Pavie, et devint le rival de Barthole, dont il avait été l'élève. Ses Œuvres forment 3 vol. in-fol. Elles ne répondent pas à sa réputation.

BALDER, héros scandinave, fils d'Odin et de Frigga, est l'Apollon du Nord. Il préside à l'éloquence, et est en même temps le génie de la paix, de la piété et de la modération. Il mourut percé d'un javelot lancé dans un tournoi par Hoder, dieu du hasard.

BALDERIC, chroniqueur, né à Meung-sur-Loire vers 1060, mort en 1130, fut abbé de Bourgueil, puis évêque de Dol, en 1107. Il a donné, sous le titre de historia Hierosolymitana, l'histoire de la première croisade (1095-99), publiée dans le recueil de Bongars, et la Vie de Robert d'Arbrissel (dans le recueil de Bolland). — Un autre Balderic, mort vers 1100, a composé une Chronique de Cambrai depuis Clovis jusqu’à l’an 1090, publiée à Douai en 1834, et trad. en franç. par Faverol et Petit, Valenciennes, 1836.

BALDI. V. BALDE.

BALDINUCCI (Philippe), écrivain italien, né à Florence en 1624, mort en 1696, a composé Notizie de' professori del disegno, de 1260 à 1670, Florence, 1681-1728, et une Histoire de la gravure, 1686, ouvrage fort utile pour l’histoire de l’art.

BALDO (mont), montagne de la Vénétie, au N. E. du lac de Garda, s’étend sur une longueur de 35 kil. entre le lac et l’Adige. Il a 220m de hauteur.

BÂLE, Basel en allemand, Basilea en latin moderne, v. de Suisse, ch.-l. du cant. de Bâle-Ville, sur le Rhin (qui la coupe en Grand et Petit Bâle) ; 27 300 hab. Belle église du Munster, hôtel de ville, remparts. Évêché, université, fondée en 1459 (la seule de la Suisse jusqu’en 1833), bibliothèque ; collection de médailles, etc. Soieries, imprimeries d’indiennes. Tête de plusieurs chemins de fer. Cette ville est le grand entrepôt du commerce entre l’Allemagne, la Suisse et la France. Sont nés à Bâle : les Bernoulli, Euler, Holbein, etc. Erasme y mourut. — Bâle a pour origine une forteresse bâtie par l’emp. Valentinien ; elle fut dès le Ve s. le siége d’un évêché qui devint fort puissant et qui auj. n’existe plus que nominalement, l’évêque résidant à Soleure. Elle était ville impériale quand elle se réunit à la ligue helvétique en 1501. Il s’y tint de 1431 à 1443 un célébré concile pour la réforme du clergé et la réunion des Grecs ; en 1438, il s’éleva un conflit entre ce concile et le pape Eugène IV, qui transféra l’assemblée à Ferrare ; plusieurs prélats, restés à Bâle, élurent un antipape, Félix V. Ce concile n’est reçu de l’Église que jusqu’à la 26e session, où commence le schisme. — Plusieurs traités célèbres furent signés à Bâle : le 1er, en 1499, entre Maximilien I et les Suisses, mit fin à la guerre des Suisses avec la Confédération souabe ; le 2e, le 5 avril 1795, entre la République française et la Prusse, détacha ce pays de la coalition contre la France ; le 3e, le 22 juillet 1795, entre la France et l’Espagne, rendait à l’Espagne la frontière des Pyrénées et nous assurait sa part de St-Domingue.

BÂLE (Canton de), 11e cant. suisse, entre les cant. de Berne à l’O., d’Argovie à l’E., de Soleure au S., et le grand-duché de Bade au N. ; 77 600 hab. (dont 4000 Catholiques) ; capit., Bâle. On y parle surtout allemand. — Ce canton fut admis dans la Confédération en 1501. À la suite d’une guerre civile qui éclata en 1831 entre les habitants de la ville et ceux de la campagne, le canton fut divisé, en 1833, en deux États indépendants, Bâle intérieur ou Bâle-Ville, et Bâle extérieur ou Bâle-Campagne, ayant chacun une demi-voix à la Diète ; Bâle-Campagne eut pour ch.-l. Liestal. Gouvt représentatif : le grand conseil de Bâle-Ville se compose de 119 membres et le petit de 15 ; le landrath de Bâle-Campagne compte 50 membres et le pouvoir exécutif 5.

BÂLE (évêché de), État d’Europe avant 1801, comprenait des pays vassaux de l’emp. germanique et une portion indépendante, alliée des 7 cant. catholiques suisses. Celle-ci se composait des villes de Bienne et Neuveville, des seigneuries d’Erguel et d’Illfingen et du Tessenberg ; l’autre partie, incorporée au cercle du Haut-Rhin, avait pour places principales Porentruy, Delemont, Lauffen. Les évêques de Bâle, créés princes par Charlemagne, furent reconnus princes de l’Empire par la Bulle d’or (1356). Cet évêché a été sécularisé par la paix de Lunéville (1801), et presque tout son territoire cédé au cant. de Berne en 1815.

BALE (J.), Baleus, théologien anglais, né en 1495, mort en 1563, quitta la religion catholique pour embrasser la Réforme, ce qui l’exposa à être inquiété sous le règne de Marie et le força à s’exiler. Il revint en Angleterre à l’avénement d’Élisabeth et fut pourvu d’un canonicat. On a de lui un Sommaire des écrivains de la Grande-Bretagne, en latin, 1549, et des pièces de théâtre tirées de sujets sacrés, en anglais, 1538.

BALÉARES (Iles), dans la Méditerranée, prés des côtes orientales d’Espagne, à 100 kil. E. de Valence, par 39°-40° lat. N., et 0°-2° long., E., appartiennent à l’Espagne ; elles forment la capitainerie générale des Baléares et l’intendance de Palma, On en compte deux grandes, Majorque et Minorque (appelées par les anciens Gymnesiæ insulæ, îles des hommes nus) ; et trois petites, Iviça, Formentera, Cabrera (Pityusæ insulæ, îles des Pins) ; 264 000 h. La capit : du groupe est Palma. Sol très-fertile : blé, huile, fruits et vins exquis, lin, chanvre, etc. ; climat sain et tempéré. Pêche et navigation actives. Les habitants passaient dans l’antiquité pour les meilleurs archers qui fussent connus : de là, dit-on, leur nom de Baléares (du mot grec ballô, lancer). Colonisées par les Rhodiens, ces îles furent soumises par les Carthaginois dès le VIIIe siècle av. J.-C., puis par les Romains (123 av. J.-C.). Vers 425 de notre ère, elles devinrent la proie des Vandales ; depuis elles passèrent successivement sous la domination ces Goths, des Arabes, de Charlemagne (190), des Zéirites, des Almoravides, et enfin sous celle de Jayme I, roi d’Aragon (1229). Sous les successeurs de ce dernier, elles appartinrent tantôt aux monarques aragonais, tantôt à des princes de leur sang. Charles-Quint les réunit définitivement à la couronne d’Espagne. V. MAJORQUE, MINORQUE, etc.

BALECHOU (J. J.), graveur français, né à Arles en 1715, mort à Avignon en 1765, avait été reçu à l’Académie de peinture ; mais ayant soustrait et vendu à son profit plusieurs épreuves de la gravure du portrait d’Auguste de Saxe, roi de Pologne, il se vit rayer de la liste des membres de l’Académie. Ses principales gravures sont, outre le portrait du roi Auguste, les Baigneuses, le Calme, la Tempête, d’après Vernet, et une Ste Geneviève, d’après Carle Vanloo. Sa manière est brillante et a de la vigueur.

BALFROUCH, v. de Perse (Mazanderan), sur le Babol, près de son emb. dans la mer Caspienne, à 137 kil. N. E. de Téhéran, par 52° 40′ long. E., 35° 36′ lat. N. ; environ 200 000 hab. C’est une des villes les plus florissantes de tout l’empire (aussi grande qu’Ispahan). Bazar, collége. Grand commerce. Mauvaise rade sur la mer Caspienne.

BALGUY (Jean), théologien anglican, né à Sheffield, en 1686, mort en 1748, a publié : Lettres à un déiste sur les vertus morales, 1726 ; Fondement de la bonté morale ou Recherche de l’origine de nos idées sur la vertu, 1728 ; Des perfections morales de Dieu, particulièrement en ce qui est relatif à le création et à la Providence, 1730 ; et des Sermons estimés.

BALI, langue orientale V. PÂLI.

BALI, dite aussi Petite Java, une des îles de la Sonde, à 7 kil. E. de Java, dont elle est séparée par le détroit de Bali ; 120 kil. sur 70 env. ; 800 000 h. Les Hollandais y dominent.

BALI-KISSER, v. d’Anatolie, à 100 kil. N. N. E. de Smyrne; env. 4000 maisons. Foire importante, qui fait de cette ville le Beaucaire du Levant:

BALIOL ou BAILLEUL (Jean), prince écossais. Après la mort d’Alexandre III, un grand nombre de compétiteurs, au nombre desquels étaient J. Baliol et R. Bruce, se disputant la couronne, on s’en remit au choix d’Édouard I, roi d’Angleterre, qui décida en faveur de Baliol, comme étant le plus proche parent par les femmes du dernier roi d’Écosse (1291). Celui-ci fut d’abord l’instrument docile des volontés d’Édouard ; mais, s’étant ensuite brouillé avec ce prince et s’étant allié avec la France, il vit envahir ses États, fut battu, pris à Dunbar, et forcé d’abdiquer (1296). Édouard, ne craignant rien d’un prince si faible, lui rendit la liberté et l’envoya passer le reste de ses jours en Normandie. Il y mourut en 1305. — Son fils, Édouard Baliol, revint en Écosse 35 ans plus tard, à l’instigation et avec les secours d’Édouard III, battit David Bruce, qui s’était emparé du pouvoir, et livra son malheureux pays au monarque anglais (1332). Après un règne ignominieux, il abdiqua en 1356. Il mourut en 1363, à Doncaster.

BALIZE ou BELIZE, v. et port de l'Yucatan, anc. ch.-l. de la colonie anglaise de Honduras, à l'emb. de la Balize, dans la baie de Honduras; env. 3000 h. Centre du commerce anglais avec le Guatemala. Occupée par les Anglais depuis 1783; abandonnée par eux en 1860.

BALKAN (monts) ou EMINEH-DAGH, Hæmus, chaîne de montagnes de la Turquie d'Europe, se lie vers l'O. aux Alpes par les monts Dinariques, s'étend jusqu'à la mer Noire et sépare la Bulgarie, la Servie et la Bosnie, de l'ancienne Thrace, c.-à-d. de l'Albanie et de la Roumélie actuelles. Ces montagnes sont le boulevard de Constantinople du côté de la Russie. Cependant les Russes les ont plusieurs fois franchies, notamment en 1828, sous la conduite du général Diebitsch, qui reçut de là le titre de Zabalkansky.

BALKH, Bactra ou Zariaspa, v. du Turkestan indépendant, capit. du khanat de même nom, par 63° 42 long. E., 36° 28' lat. N., sur le Hask; 10 000 h. Il s'y fait assez de commerce, surtout en soieries. Les Orientaux la croient la première ville qui ait existé. Prise en 1221 par Gengis-Khan, en 1369 par Tamerlan. — Le khanat, entre ceux de Boukhara au N., de Hérat à l'O., était jadis puissant : il compte encore 300 000 hab. environ. Les villes principales, après Balkh, sont : Khoundouz, Khouloum, Goréi, Talikan.

BALL (Jean), prêtre anglais, disciple de Wiclef, s'associa à Wat-Tyler, attira un grand nombre de sectateurs en prêchant contre les riches et les grands, et marcha sur Londres à leur tête. Arrêté et mis en prison, il fut délivré par ses partisans, vint avec eux assiéger le roi Richard II dans la tour de Londres et le força à livrer à la multitude l'archevêque de Cantorbéry et plusieurs grands officiers, qui furent aussitôt massacrés. Il fut repris et exécuté en 1381.

BALLANCHE (Pierre-Simon), écrivain né à Lyon en 1776, mort en 1847, était d'une famille d'imprimeurs, et dirigea quelque temps lui-même une imprimerie. Il renonça dès 1813 aux affaires, afin de se livrer aux lettres, visita l'Italie, et vint vers 1824 se fixer à Paris, où ses écrits, d'un genre tout nouveau, ne furent d'abord appréciés que de quelques esprits d'élite. Il n'en fut pas moins reçu à l'Académie française (1844). Tous ses travaux se rattachent à une seule et même pensée, l'histoire des destinées du genre humain et la rénovation sociale. Vouées, selon lui, à des périodes alternatives de destruction et de régénération, les sociétés accomplissent une sorte d'épopée cyclique, qu'il entreprit de raconter; il espérait concilier le dogme religieux de la chute et de la réhabilitation de l'homme avec le dogme philosophique de la perfectibilité humaine. Le grand ouvrage qu'il méditait devait s'intituler la Palingénésie sociale. Antigone, Orphée, la Vision d'Hébal, la Ville des expiations, l’Homme sans nom, le Vieillard et le Jeune homme, sortes de poëmes philosophiques qu'il composa successivement, en sont des épisodes; les Essais de Palingénésie sociale, qui parurent en 1827 (en tête d’Orphée), en sont l'introduction. Il exposa des opinions moins chimériques dans ses Institutions sociales (1828). Ses idées, exprimées dans un style noble, mais présentées sous une forme symbolique et poétique qui ne permet pas toujours de les bien saisir, sont empreintes d'un mysticisme qui leur ôte toute valeur scientifique. Ses Œuvres ont été réunies par lui-même en 1830, 4 vol. in-8, et en 1832, 6 vol. in-8. M. Alexis de St-Priest, son successeur à l'Académie, l'a fort bien apprécié dans son discours de réception.

BALLARAT, lieu de l'Australie. prov. de Victoria, où l'on a découvert, en 1851, la plus riche mine d'or de la contrée.

BALLENSTADT, v. du duché d'Anhalt-Bernbourg, sur le Getel, à 25 kil. S. O. d'Halberstadt; 4000 hab. Les comtes d'Aschersleben se nommaient plus communément comtes de Ballenstadt. Un d'eux, Albert l'Ours, est le 1er margrave de Brandebourg qui ait été vassal immédiat de l'Empire (1134-1142); ce prince fit faire les plus grands pas à la puissance de la maison ascanienne, qui règne encore aujourd'hui en Saxe et dans l'Anhalt.

BALLEROY, ch.-l. de cant. (Calvados), à 33 kil. O. de Caen; 1089 hab. Dentelles, blondes de soie.

BALLESTEROS (Francisco), général espagnol, né à Saragosse en 1770, se distingua pendant l'invasion française et défendit l'Andalousie contre Soult et Mortier; mais quand le commandement général des armées espagnoles fut confié en 1812 au duc de Wellington, il refusa d'obéir à un étranger, et fut exilé. Lorsque Ferdinand rentra en Espagne (1815), Ballesteros fut chargé du ministère de la guerre, mais il ne le conserva qu'un an. En 1823, après l'entrée des Français en Espagne, Ballesteros commanda les troupes de l'armée constitutionnelle destinées à défendre la Navarre et l'Aragon; mais il capitula bientôt avec le duc d'Angoulême. Accusé par tous les partis, il se retira en France, où il mourut en 1832, obscur et oublié.

BALLISTE, l'un des trente tyrans qui prirent la pourpre sous Gallien, avait rendu de grands services sous Valérien et avait battu le roi des Perses, Sapor. A la mort de l'usurpateur Macrien, il se fit proclamer empereur en Orient à Émèse; mais il périt bientôt assassiné par un soldat, l'an 264.

BALLON, ch.-l. de cant. (Sarthe), sur l'Orne, à 25 kil. N. du Mans; 884 hab.

BALLON (le), montagne des Vosges, ainsi nommée à cause de sa forme arrondie. V. VOSGES.

BALME ou BAUME, mot qui, en vieux français, veut dire grotte, a désigné plusieurs localités remarquables par leurs grottes, notamment un vge de l'Isère, à 17 kil. N. E. de Crémieu, près du Rhône, où se trouve une vaste grotte jadis comptée parmi les sept merveilles du Dauphiné. V. BAUME

BALME (col de), passage de la branche des Alpes qui forme la limite de la Savoie et du B.-Valais. L'Arve y prend sa source. Superbe vue, qui embrasse la vallée de Chamouny, une partie de la Valorsine et les Alpes Bernoises.

BALMÈS (Jacques), écrivain religieux espagnol, né en 1810 à Vich en Catalogne, m. en 1848, était prêtre. Il enseigna quelque temps au collége de Vich, fut exilé pour opinions politiques sous la régence d'Espartero, vint à Madrid en 1844, et y fonda le Pensiamento de la Nacion, journal monarchique et religieux. On a de lui, outre plusieurs ouvrages de circonstance, la Philosophie fondamentale, 1846, le Protestantisme comparé au Catholicisme, 1848, l’Art d'arriver au vrai, traduit par M. Manec en 1852. M. A. de Blanchemain a publié J. Balmès, sa vie et ses ouvrages, Paris, 1850.

BALTADJI, c.-à-d. porteur de hache à fendre le bois, nom des employés inférieurs du sérail : portiers, jardiniers, portefaix, cuisiniers, bouchers, etc

BALTA-LIMAN, anse et port de la Turquie d'Europe, sur le Bosphore, et près de Constantinople. Il y fut signé le 30 avril 1849, entre la Russie et la Turquie, une convention relative aux principautés danubiennes qui autorisait la Russie à y laisser une armée d'occupation de 10 000 hommes.

BALTARD (L. Pierre), architecte et graveur, né en 1764 à Paris, mort en 1846, manifesta de bonne heure d'heureuses dispositions pour le dessin, fut remarqué par le baron de Breteuil, ministre de la maison du roi, qui lui procura les moyens de visiter l'Italie, fut rappelé en France par la Révolution, s'enrôla, fut adjoint au génie militaire, et devint successivement professeur d'architecture à l’École polytechnique, à l’École des beaux-arts, architecte du Panthéon et des prisons, membre des conseils des bâtiments et des travaux publics. On lui doit plusieurs constructions monumentales (Palais de justice à Lyon, Chapelles de St-Lazare et de Ste-Pélagie à Paris etc.). En outre il a gravé, avec un talent qui l'égale à Piranesi, une foule de planches soit au burin, soit à l'eau-forte ou à l'aqua-tinta, notamment des Vues des monuments de Rome (1801); les planches du Voyage en Égypte de Denon (1802); Paris et ses monuments (1803); la Colonne de la Grande armée (1810), les planches du Voyage en Espagne d'Al. de La Borde, du Voyage à Thèbes de Caillaud, des Antiquités de la Nubie de Gau, et les Grands prix d'architecture, collection continuée par son fils. — Celui-ci, M. Victor B., 1805-1874, a été membre de l'Institut, et a construit les Halles Centrales de Paris.

BALTCHIK, petite v. de la Turquie d'Europe (Roumélie), à 24 kil. N. E. de Varna. Près de là était Tomi, célèbre par l'exil d'Ovide.

BALTES, c.-à-d. Hardis, famille illustre chez les Visigoths, était en possession de leur fournir des rois, comme les Amales en fournissaient aux Ostrogoths. Selon quelques auteurs, les Baltes se sont perpétués en Septimanie, puis en Languedoc sous le nom corrompu de Baux. Les seigneurs de Baux, près d'Arles, étaient indépendants des comtes de Provence et prétendaient descendre des anc. Baltes.

BALTHAZAR, dernier roi de Babylone (554-538 avant J.-C.), se livra à la mollesse et laissa le gouvernement à sa mère Nitocris. Ayant profané dans un festin les vases sacrés enlevés au temple de Jérusalem, il vit aussitôt tracer sur la muraille, par une main inconnue, ces trois mots mystérieux : Manè, Thécel, Pharès. Daniel, appelé pour les expliquer, lui apprit qu'ils annonçaient sa punition prochaine et sa mort (V. Daniel, chap. V). En effet, dans la nuit même du festin, Cyrus, contre lequel Balthazar avait excité Crésus, s'introduisit dans Babylone, et Balthazar fut massacré. Hérodote donne à ce prince le nom de Labynetus, et Bérose celui de Nabonid ou Nabonadius.

BALTIA, nom ancien de la Scandinavie, lui fut donné, soit à cause des Baltes, la plus noble des tribus gothiques, soit plutôt à cause des Belts ou détroits qui sont fort nombreux entre la péninsule scandinave et le Danemark. Ce monosyllabe balt se retrouve encore auj. dans le nom même de la mer Baltique.

BALTIMORE, petit port d'Irlande (Cork), à 73 kil. S. O. de Cork; 1000 hab. C'est un seigneur originaire de cette ville, lord Calvert, comte de Baltimore, qui colonisa le Maryland. On a par reconnaissance donné son nom à la Baltimore des États-Unis.

BALTIMORE, v. des États-Unis, dans le Maryland, sur le Patapsco, près de son emb. dans la baie de Chesapeak, à 58 kil. N. O. de Washington, avec un port vaste et commode; sa pop., qui en 1792 était à peine de 13 000 hab., dépasse auj. 200 000. C'est la 3e ville des États-Unis et l'un des ports les plus commerçants du monde. On y fait surtout un grand commerce de farine et de tabac. Archevêché catholique duquel relèvent tous les évêchés des États-Unis, évêché anglican, université (depuis 1812); collége de Ste-Marie; riche bibliothèque, nombreux établissements d'instruction; chemins de fer. — Baltimore fut fondée en 1729; elle joua un grand rôle dans la guerre de l'indépendance : elle fut attaquée en 1814 par les Anglais, qui furent repoussés : un monument, dit Battle monument, fut érigé en mémoire de ce succès. Un concile catholique fut tenu en 1831 à Baltimore.

BALTIMORE (le comte de). V. CALVERT.

BALTIQUE (mer), Codanus sinus, vaste golfe de la mer du Nord auquel l'unissent le Cattégat et les 3 détroits dits le Sund, le Grand Belt et le Petit Belt, a pour limites au N. la Botnie, au S. le Mecklembourg et les États prussiens, à l'O. la Suède, à l'E. la Russie. On la distingue en Baltique proprement dite au S., golfe de Botnie au N., golfe de Finlande à l'E; dans la Baltique propre est le golfe de Livonie. L'Oder, la Vistule, le Niémen, la Dwina méridionale se jettent dans la mer Baltique proprement dite. Grande pêche du hareng; ambre sur les côtes de Prusse et de Courlande. — La partie de cette mer comprise entre la Suède et le Danemark gela tout entière en 1333, 1423 et 1670.

BALTUS (J. François), savant jésuite, né à Metz en 1667, professa les belles-lettres à Dijon et la théologie à Strasbourg, dirigea plusieurs colléges et m. à Reims en 1743, bibliothécaire du collége de cette ville. Il est principalement connu par une Réponse à l'Histoire des oracles de Fontenelle, Strasb., 1708, 2 vol. in-8; il soutient dans cet ouvrage que les oracles sont l’œuvre du démon et non de la fraude des prêtres païens. On a aussi de lui : Défense des saints Pères accusés de platonisme, Paris, 1711, in-4; La religion prouvée par l'accomplissement des prophéties, 1728, in-4.

BALUE (Jean La). V. LA BALUE.

BALUZE (Étienne), savant historiographe né à Tulle en 1630, mort à Paris en 1718, fut bibliothécaire de Colbert, professeur de droit-canon au Collége de France (1670), puis inspecteur de cet établissement. Ayant inséré dans son Histoire de la maison d'Auvergne quelques passages qui favorisaient les prétentions du duc de Bouillon sur ce comté, Louis XIV le priva de sa chaire et l'exila de Paris (1710); il ne put y revenir qu'en 1713. Ses principaux ouvrages sont : Regum francorum capitularia, 1677, 2 vol. in-fol., réimprimés en 1780 avec des additions par Chiniac; Conciliorum nova collectio, 1683, 1 vol. in-fol.; Vies des papes d'Avignon, 1693, 2 vol. in-4 (mises à l’Index à Rome); Hist. généalogique de la maison d'Auvergne, 1708, 2 vol in-fol.; Miscellanea, 1674-1715, 7 vol. in-8, réimprimés avec additions à Lucques, 1761, 4 vol. in-fol., par J. D. Mansi. Il a fait en outre une foule d'éditions d'ouvrages rares et précieux pour l'histoire ecclésiastique.

BALZAC, bourg de la Charente, à 6 k. N. d'Angoulême, sur la r. g. de la Charente; 1000 hab. Château d'où le célèbre Guez de Balzac a pris son nom.

BALZAC (J. L. Guez de), un des écrivains qui ont le plus contribué à former la langue française, né à Angoulême en 1594, mort en 1655. Après avoir passé à Rome 2 années (1621-23) comme agent du cardinal Lavalette, il vint à Paris, s'y fit bientôt connaître par ses écrits, obtint les bonnes grâces de Richelieu, qui lui fit donner les titres d'historiographe et de conseiller d'État avec une pension de 2000 livres, et fut un des premiers membres de l'Académie française. Dégoûté du séjour de Paris à cause des attaques dirigées contre ses ouvrages (V. D. GOULU), il se retira dans sa terre de Balzac et se livra presque entièrement à des exercices de piété. Il avait légué à l'Académie française 2000 livres pour fonder un prix d'éloquence, et à l'hospice d'Angoulême une somme de 12 000 livres. Ses œuvres se composent de Lettres, adressées à Conrart, à Chapelain et autres; de Discours, d’Entretiens ou Dissertations littéraires, de petits traités, dont les principaux sont Aristippe ou la Cour, le Prince (apologie de Louis XIII et de Richelieu), le Socrate chrétien; de quelques poésies françaises et de vers latins. Ces œuvres, qui pour la plupart avaient été publiées séparément par les Elzevir, ont été réunies par l'abbé Cassaigne en 2 vol. in-fol., Paris, 1664, et réimprimées en 1854 par L. Moreau, 2 vol. in-12. Le principal fondement de la réputation de Balzac, ce sont ses Lettres, dont il parut un 1er recueil en 1624, et un 2e in 1636 : il y donna à la langue française une élégance et une harmonie qu'on n'avait rencontrées jusque-là dans aucun ouvrage en prose. Voltaire et La Harpe reprochent à cet auteur de s'être plus occupé des mots que des pensées. M. Campenon a publié en 1806 un choix de Lettres de Balzac, Voiture et Boursault, 2 vol. in-12; M. Mersan a donné les Pensées de Balzac, 1 vol. in-12. Paris, 1807, et M. Malitourne ses Œuvres choisies (moins les Lettres),1822, 2 v. in-8.

BALZAC (Honoré de), fécond romancier, né à Tours en 1799, mort à Paris en 1850, était fils d'un ancien secrétaire du conseil du roi. Il étudia au collége de Vendôme, débuta fort jeune par des romans médiocres, publiés sous le voile du pseudonyme; fut imprimeur à Paris de 1826 à 1829, quitta, après de graves pertes, une profession qui convenait peu à ses goûts, et se remit à écrire, mais en adoptant une manière toute nouvelle, qui le conduisit rapidement au succès. Il donna en 1830, et sous son vrai nom cette fois, la Physiologie du mariage, vive satire de l'état conjugal, qui assura sa réputation; il ne cessa depuis de produire des romans et des nouvelles qui furent lus avec avidité. Après une vie laborieuse et précaire, il était enfin arrivé à la renommée et à l'aisance, et venait de contracter une alliance honorable, lorsqu'il fut enlevé par une mort prématurée, dans la force de l'âge et du talent. Balzac avait entrepris de décrire sous toutes ses faces la société contemporaine, et il a, dans ce but, mais après coup, distribué toutes ses œuvres sous un certain nombre de chefs qui devaient tout embrasser : Scènes de la vie privée, — de la vie parisienne , — de la vie de province, — de la vie politique, — de la vie militaire, — de la vie de campagne;Études philosophiques, — Études analytiques; le tout devait former la Comédie humaine; mais il n'a pu remplir un si vaste cadre. Parmi ses œuvres, dont le nombre ne s'élève pas à moins de 90, on remarque, outre la Physiologie du mariage, la Femme de trente ans, la Femme abandonnée, le Père Goriot, les Parents pauvres, le Lis dans la vallée, Eugénie Grandet, l’Illustre Gaudissart, César Birotteau, un Prince de la Bohème, le Médecin de campagne, le Curé de village, la Peau de chagrin, la Recherche de l'absolu. Balzac s'essaya aussi sur la scène, mais avec moins de bonheur : son drame de Vautrin, joué en 1840, fut défendu comme dangereux; cependant, Mercadet le Faiseur, comédie jouée après sa mort, obtint un succès de vogue : il y dévoile les roueries des spéculateurs. On trouve dans la plupart de ses romans, avec un intérêt vif et soutenu, un style pittoresque et original quoique peu correct et quelque-fois de mauvais goût, une profonde observation de mœurs, une vérité de description frappante, ainsi qu'une grande subtilité d'analyse ; il a créé des types qui resteront : il a surtout excellé à peindre la femme et à saisir les ridicules de la bourgeoisie; mais il s'est plu à représenter le côté le plus défectueux de la société; en outre, il affecte le ton d'un homme sans principes fixes, se montrant alternativement, et comme indifféremment, moraliste sévère, critique rêveur, ou cynique effronté. Une édition illustrée de ses Œuvres a été publiée par Furne (20 vol. in-8, 1842-1852). On doit à M. Ste-Beuve des Études littéraires sur Balzac, et à M. E. Werdet un Essai sur la Vie et le caractère de cet écrivain.

BAMBA, État de la Nigritie méridionale, dans la partie S. O. du Congo, tributaire du roi de Congo, a pour ch.-l. Bamba, par 7° 16' long. E. et 7° 2' lat. S.

BAMBARA, État de la Nigritie centrale, entre ceux de Birou, Massina, Baédou, Garou, Douara, Kong, par 6°-10° long. O. et 12°-16° lat. N.; v. princip., Ségo, Djenné et Bammakou. Il est traversé par le Djoliba. Le Bambara fournissait les esclaves les plus estimés.

BAMBERG, v. de Bavière (Haute-Franconie), sur la Regnitz, à 40 kil. O. de Bayreuth, ch.-l. du cercle de Haute-Franconie; 21 000 hab. Archevêché, lycée, gymnase, muséum d'histoire naturelle, etc. Anc. université, supprimée en 1803. Château et cathédrale remarquables. Industrie variée, fonderies de canons et de cloches, pépinières renommées. — Bamberg était jadis le ch.-l. d'un évêché souverain, qui comptait 200 000 hab. Ce petit État a été depuis incorporé à la Bavière, et l'évêché a été en même temps érigé en archevêché.

BAMBOCHE (P. VAN-LAAR, dit le), peintre hollandais, ainsi surnommé parce qu'il était contrefait, né en 1613 à Laaren, près de Naarden, passa 16 ans à Rome dans la société des meilleurs maîtres, et vint en 1639 se fixer à Harlem, où il mourut en 1673. Ce maître excella surtout à représenter des chasses, des pêches, des kermesses ou fêtes de village; d'où ce dernier genre de composition a conservé le nom de bambochades. Le musée du Louvre possède deux de ses tableaux : le Départ de l'hôtellerie; une Femme qui trait une chèvre à côté d'un pâtre jouant du chalumeau.

BAMBOUK, État de la Nigritie occidentale, entre le Haut-Sénégal et la Falémé, par 11° et 12° long. E., 14° et 15° lat. N., a 160 kil. sur 124, et env. 100 000 hab. (Mandings). Places princip., Farbana, Natako. On y trouve beaucoup d'or. Ce pays fut exploré au XVe siècle par les Portugais, qui l'abandonnèrent à cause de son insalubrité.

BAMBYCE, v. de la Syrie anc. (Cyrrhestique), à l'E. d'Antioche et au S. O. de Zeugma et d'Apamée, avait un temple célèbre de la Grande Déesse de Syrie, ce qui en faisait une ville sainte : d'où le nom d’Hiérapolis sous lequel elle est désignée par les Grecs.

BAN. Ce mot signifia d'abord, dans son acception la plus générale, la proclamation d'un édit, d'un statut, d'un jugement, toute espèce de cri public; dans la suite il s'étendit à la chose même qui était proclamée, et c'est dans ce sens qu'on appelait ban de l'Empire toute prescription sanctionnée par un édit de l'empereur, notamment la déchéance prononcée contre un prince, et, en France, ban du roi, les règlements ou les ordonnances de la couronne et même l'amende prononcée contre celui qui les violait. — Le mot ban se disait aussi de l'appel fait par le seigneur à ses vassaux pour les convoquer sous son étendard. Du mot ban pris dans cette acception sont dérivés les mots bannière et seigneur banneret. Dans les appels faits pour service militaire, on distinguait le ban proprement dit, composé des vassaux immédiats, qui étaient convoqués par le roi lui-même, et l’arrière-ban, composé des vassaux qui étaient convoqués par leurs suzerains.

BAN (du slave pan, seigneur?). On appelait ainsi en Hongrie et dans les Marches orientales de l'empire germanique un commandant militaire, gouverneur d'un banat ou marche, qui peut être assimilé aux margraves. Il prenait rang immédiatement après le roi, et était l'égal du comte palatin. Il y avait des bans de Dalmatie, de Slavonie, de Valachie, de Bulgarie, de Bosnie et de Servie. Il n'y a plus auj. de véritable ban qu'en Croatie. Le banat de Temeswar doit son nom à sa position limitrophe, mais nulle part il n'est fait mention d'un ban effectif de Temeswar. Le ban de Croatie est le 3e des barons hongrois; il commande en outre dans les districts militaires de Gradiska et de Brod. V. BANAT.

BAN DE LA ROCHE, en allem. Steinthal, vallée des Vosges, sur les confins de la Lorraine et de l'Alsace, bornée au S. par le Val de Villé, à l'E. par les pays d'Obernai et de Barr, à l'O. et au N. par la Brusche, comprend plusieurs villages dont le plus central est Waldbach. C'était une principauté féodale qui fut réunie à la France en 1648 par le traité de Westphalie. Le pasteur Oberlin tira les habitants de cette vallée d'un état presque sauvage et fut leur bienfaiteur.

BANAT, prov. administrée par un ban. V. ce mot.

BANAT DE CROATIE. V. BAN et CARLSTADT-VARASDIN

BANAT DE TEMESWAR, contrée de la Hongrie, entre le Maros, la Theiss, le Danube, la Transylvanie et la Valachie. Capit., Temeswar. Auj. comprise dans les comitats de Temeswar, Torontal, Krassova et le Généralat du Banat. — Le Généralat du BANAT, en all. Banat-Grænze, une des 4 divisions des Confins militaires, a pour places princ. Temeswar (ch.-l.), Pancsova, Karansebes, Weisskirchen, Mehadia.

BANBURY, v. d'Angleterre (Oxford), à 33 kil. N. d'Oxford; 6000 hab. Bataille sanglante entre les partisans des maisons d'York et de Lancastre, en 1469.

BANC DE BAHAMA, DE TERRE-NEUVE, etc. V. BAHAMA, TERRE-NEUVE, etc.

BANC DU ROI OU DE LA REINE, une des grandes cours de justice en Angleterre, siége à Westminster. Sa juridiction s’étend sur tous les tribunaux inférieurs, ainsi que sur toutes les corporations.

BANCA, île de l’archipel de la Sonde à l’E. et près de Sumatra ; 230 kil. sur 40 ; 25 000 hab. (Malais, Chinois et indigènes dits Orang-Gonnoungs). Riches mines d’étain. — Cette île était jadis au sultan de Palembang, qui la céda aux Anglais en 1812. Ceux-ci l’ont cédée aux Hollandais en 1816.

BANCAL DES ISSARTS (J. Henri), conventionnel, né en Auvergne en 1750, mort en 1826, était notaire à Paris, lorsqu’éclata la Révolution. Il en embrassa les doctrines, fut nommé en 1792 député à la Convention par le Puy-de-Dôme et s’y montra fort modéré. Il fut un des commissaires envoyés à l’armée du Nord pour arrêter Dumouriez (V. ce nom). Arrêté lui-même par ce général et livré aux Autrichiens, il resta captif près de 3 ans. À son retour il fut élu membre du Conseil des Cinq-cents. Il renonça aux affaires dès 1797 et se retira à Clermont.

BANCHI (le P. Séraphin), dominicain de Florence. Chargé par Ferdinand I, grand-duc de Toscane, d’observer en France les troubles du temps de la Ligue, il eut l’occasion de se trouver à Lyon avec Barrière, qui lui fit part de son projet d’assassiner Henri IV. Il se hâta d’en instruire ce prince, et prévint ainsi le crime (V. BARRIÈRE). On lui offrit en reconnaissance un évêché ; mais il se contenta d’une modique pension avec laquelle il se retira dans un couvent de son ordre à Paris, où il mourut en 1622.

BANDA (îles), groupe d’îles dans l’archipel des Moluques, par 126°-127° long. E., 3o-4o lat. S. Les principales sont Banda, Banda-Neira et Key. La v. de Nassau, située dans l’île Banda, est le ch.-l. de tout le groupe. On y cultive spécialement la muscade. — Découvertes en 1512 par les Portugais, qui les occupèrent en 1524. Ils en furent chassés en 1599 par Le Hollandais qui les possèdent encore auj., bien que les Anglais les aient occupées de 1810 à 1814.

BANDA-ORIENTAL. V. URUGUAY.

BANDE NOIRE, association de spéculateurs qui après la Révolution française se réunirent pour acheter les châteaux, les antiques abbayes, les monuments d’art les plus précieux, dans le but de les démolir et d’en vendre les matériaux.

BANDELLO (Mathieu), romancier italien, né en 1480 à Castel-Nuovo dans le Milanais, mort en 1561 était Dominicain. Il enseigna les belles-lettres à Milan, et donna des leçons à la célèbre Lucrèce Gonzague. Les Espagnols s’étant rendus maîtres de Milan en 1525, il se réfugia en France avec le général César Frégoso, et fut nommé par Henri II, en 1550, évêque d’Agen ; il se démit de ses fonctions au bout de 5 ans. On a de lui un recueil estimé de Nouvelles, en 4 livres (1564 et 73), dans le genre de Boccace, où il règne une fort grande liberté. Ces nouvelles ont été trad. en français par P. Boaistuau et Belleforêt, Paris, 1580. On a encore de Bandello 11 Chants à la louange de Lucrèce de Gonzague (Agen, 1545), les Trois Parques, et des poésies diverses (réimprimées à Turin, 1816).

BANDERALI (David), célèbre chanteur, né en 1789 à Palazzo, en Lombardie, mort à Paris en 1849, fut choisi pour maître de chapelle par la princesse Amélie, femme du prince Eugène, vice-roi d’Italie, devint professeur au Conservatoire de Milan, et compta parmi ses élèves Rubini, Pellegrini, Mmes Pasta, Camporosi ; fut appelé en 1828 au Conservatoire de Paris, et y forma de nombreux élèves, dont plusieurs ont brillé sur nos scènes lyriques. Cet artiste avait une méthode large et expressive, et un goût exquis. Il a laissé des vocalises et des compositions qui sont entre les mains de tous les amateurs.

BANDES MILITAIRES. V. AVENTURIERS, BRABANÇONS, COMPAGNIES (GRANDES), ROUTIERS.

BANDINELLI (BACCIO), sculpteur et peintre italien né à Florence en 1487, mort en 1559, voulut rivaliser avec Michel-Ange. Bien que fort inférieur, il a exécuté des œuvres remarquables par la vigueur, entre autres, le S. Pierre de la cathédrale de Florence ; Hercule, vainqueur de Cacus, groupe colossal, les tombeaux des papes Léon X et Clément VII, une copie très-estimée du fameux Laocoon, qui a été endommagée en 1762 dans l’incendie de la galerie de Florence, mais a été bien restaurée. On lui doit aussi quelques tableaux d’un style pur, mais qui manquent de grâce et de coloris. Vasari a écrit sa Vie.


BANDINI (Ange-Marie), savant italien, né à Florence en 1726, mort en 1800, fut chanoine dans sa patrie et conservateur de la bibliothèque Laurentine. On lui doit une Vie d’Améric Vespuce, Florence, 1745 ; un Spécimen de la littérature florentine au XVe siècle, 1747 ; une Description de l’obélisque d’Auguste retrouvé au champ de Mars, Rome, 1750 ; un Catalogue des manuscrits de la bibliothèque Laurentienne, 1764 ; des notices sur les personnages importants de l’Italie, et des éditions savantes.

BANDOL, petit port et fort du dép. du Var, sur la Méditerranée, à 16 kil. O. de Toulon ; 1895 hab. Vins renommés. Le port a été réparé en 1846.

BANDURI (D. Anselme), bénédictin, né à Raguse en 1670, mort à Paris en 1743, professa l’histoire ecclésiastique à Pise, et fut envoyé à Paris par le grand-duc de Toscane pour s’y former à l’étude des antiquités. L’Académie des inscriptions l’admit dans son sein en 1715, et le duc d’Orléans le choisit en 1724 pour son bibliothécaire. On a de lui Imperium orientale,' Paris, 1711, -12, 2 vol. in-fol. Numismata imperatorum, Romæ ad Trajano Decio ad Paleologos Augustos, 1718, 2 vol. in-fol.

BANER (Jean Gustavson), vulgairement appelé Banier, feld-maréchal suédois né en 1596, se forma sous Gustave-Adolphe à l’art de la guerre, accompagna ce monarque en Pologne et en Allemagne, se signala dans plusieurs campagnes, notamment à la bataille de Leipsick (1631) prit Magdebourg, Donawert, Munich, et fut blessé dangereusement Nuremberg. Après la mort de Gustave-Adolphe, Baner commanda l’armée suédoise, défit les Impériaux à Wittstock (1636) et à Chemnitz (1639), et les repoussa jusqu’en Bohême. Il mourut au milieu de ses succès en 1641. C’est un des plus grands généraux de la Suède : on le surnommait le Second Gustave.

BANFF, v. et port d’Écosse, ch.-l. du comté de Banff à 200 kil. N. d’Édimbourg ; 4000 hab. — Le comté, entre ceux d’Aberdeen, d’Elgin, d’Inverness, et le détroit de Forth, a 102 kil. sur 48. Quelque industrie, pêche, pierres calcaires ; sources minérales.

BANGALORE, v. de l’Inde anglaise, dans l’État de Maïssour, la plus grande ville du pays, à 96 k. N. E. de Seringapatnam ; 60 000 hab. Étoffes de coton et soie. Fondée au dernier siècle par Haïder Ali ; prise en 1791 par les Anglais.

BANGOR, v, et port d’Angleterre (Galles), à 47 kil. N. E. de Caernarvon, au fond d’une baie, à 3 kil. du pont tubulaire de Menay ; 7000 hab. Évêché. Ville jadis Importante ; brûlée par le roi Jean en 1210. — Bourg du pays de Galles (Flint), à 12 kil. N. d’Ellesmere ; 1260 hab. Célèbre monastère, où 1200 moines furent massacrés par les Saxons en 613. — V. d’Irlande (Ulster), à 40 kil. N. E. de Belfast ; 3116 hab. Très-anc. monastère, détruit en 820 par les Danois. — V. des États-Unis (Maine), à 90 kil. N. E. d’Augusta ; 14 432 h. Chemin de fer.

BANIANS, dits aussi Waïshyas. On nomme ainsi en Orient la caste commerçante des Hindous. Ils sont répandus dans toute l’Asie, surtout dans le N. de l’Inde et dans les ports de Bombay, Surate et Cambaye. Ils croient à la métempsycose et ne mangent jamais la chair des animaux ; ils regardent comme impurs tous les hommes d’une religion différente et évitent toute communication avec eux.

BANIAS, Paneas, Cæsarea Philippi, v. de Syrie (Damas), à 60 kil. S. O. de Damas. Ruines d’un temple érigé par Hérode en l’honneur d’Auguste.

BANIER (l’abbé Antoine), savant mythologue, né en 1673 à Dallet en Auvergne, mort en 1741, vint de bonne heure à Paris, où il fut précepteur des enfants du président Dumetz, consacra tous ses loisirs à l’étude et à l’interprétation de la mythologie, et fut reçu en 1713 à l’Académie des inscriptions. Il publia en 1711 l’Explication historique des Fables ; il retoucha toute sa vie cet ouvrage important, et en donna en 1738 une 3e édition entièrement refondue sous le titre de la Mythologie et les Fables expliquées par l’histoire, 3 vol. in-4. On a encore de lui une trad. des Métamorphoses d’Ovide, 1732-1738, et quelques éditions, entre autres celle qu’il donna, avec Lemascrier, des Cérémonies et coutumes religieuses des différents peuples, de J. F. Bernard, 1741, 1 vol. in-fol. C’est lui qui rédigea le 3e Voyage de P. Lucas.

BANIER ou BANNIER, général suédois. V. BANER.

BANJERMASSING, v. de l'île Bornéo, près de l’emb. d’une riv. de même nom, sur la côte S. E. Fort hollandais. Commerce actif avec la Chine ; export. de diamants, or, camphre, poivre, nids d’hirondelles.

BANKOK, capit. du roy. de Siam (depuis 1766), à 80 kil. S. de Siam, à l’emb. du Meïnam dans le golfe de Siam. On lui donne de 400 à 500 000 hab., en grande partie Chinois, et vivant sur l’eau. Les maisons sont en bois, à l’exception de la résidence royale et d’un temple fort curieux, consacré à Bouddha ; beau palais du roi. Très-grand commerce maritime, surtout avec Singapour et Bombay.

BANKS (sir Joseph), savant naturaliste, né à Londres en 1740, mort en 1820, se livra dès sa jeunesse à l’étude de l’histoire naturelle, dont il avait puisé le goût dans les ouvrages de Linné et de Buffon, et employa une grande fortune à hâter les progrès de cette science. Il visita en 1763 le Labrador et Terre-Neuve, accompagna Cook dans son voyage autour du monde (1768-1771), et rapporta de cette expédition d’abondants matériaux. Il fit ensuite à ses frais un voyage aux îles Hébrides et en Islande (1772). Il fut nommé en 1778 président de la Société royale de Londres, en 1797, conseiller du roi, et obtint auprès de Georges III une influence dont il ne se servit que pour protéger les savants. Banks a peu écrit, mais il forma de précieuses collections qu’il ouvrait à tous ceux qui voulaient les consulter, et une bibliothèque, la plus riche qui existât alors en ouvrages sur les sciences naturelles. Il légua cette bibliothèque au Musée Britannique. Dryander en a publié un catalogue en 5 vol. in-8, 1796-1800.

BANKS (presqu'île de), dans la Nouvelle-Zélande, île méridionale, à l’E. On y remarque le port d’Akaroa.

BANKS (détroit de), au N. de l’Amérique, entre la Terre de Banks et l'île Melville, par 73°-75° lat. N., forme le Passage-Nord-Ouest, découvert en 1853 par le capitaine Mac-Lure.

BANNALEC, ch.-l. de cant. (Finistère), à 13 kil. N. O. de Quimperlé ; 594 hab.

BANNER. V. BANER.

BANNERET, chevalier ayant droit de porter bannière. V. ce mot au Dictionnaire des Sciences.

BANNOCKBURN, v. d’Écosse (Stirling), à 7 kil. S. de Stirling. Robert Bruce y défit Édouard II en 1314 ; Jacques III fut battu et tué près de là par son fils révolté (1488).

BANON, ch.-l. de cant. (B.-Alpes.), à 20 kil. N. O. de Forcalquier ; 561 hab.

BANQUES, institutions financières. V. ce mot au Dictionnaire des Sciences, des Lettres et des Arts.

BANQUO, thane ou chef royal d’une province d’Écosse, sous le roi Duncan, au XIe s. Il rendit d’abord de grands services à son pays et détruisit une armée de Danois qui l’avaient envahi ; mais ensuite il servit l’ambition de Macbeth, qui assassina son roi et s’empara du trône. Il périt lui-même au bout de peu d’années, victime des défiances de Macbeth.

BANTAM, v. de l'île de Java, capit. de l’anc. roy. de Bantam, à 88 kil. O. de Batavia. Port et rade ensablés et envahis par les bancs de corail. Poivre, camphre, etc. — Le roy. de BANTAM, situé à l’extrémité O. de l'île, a 155 kil. de long ; 230 000 hab. Occupé d’abord par les Anglais, il appartient aux Hollandais depuis 1693.

BANTRY, v. d’Irlande (Cork), à 24 kil. N. de Baltimore, sur une baie de même nom ; 4000 h. Deux fois (1689 et 1796) une flotte française essaya, mais sans succès, d’y opérer un débarquement.

BANYA, v. de Hongrie. V. NEUSTADT.

BAOUR-LORMIAN (Louis), poëte français, né en 1770 à Toulouse, mort à Paris en 1854, était fils d’un imprimeur. Après avoir débuté, dans sa ville natale, par des satires, il vint à Paris, y publia, dès 1795, une traduction en vers de la Jérusalem délivrée, œuvre imparfaite, qui fut vivement critiquée, surtout par Lebrun ; donna en 1801 une traduction, également en vers, des Poésies d’Ossian, qui partagea la vogue dont jouissaient alors les poésies attribuées au barde écossais ; fit représenter en 1809 Omasis ou Joseph en Égypte, trag. en 5 actes qui réussit, grâce à l’élégance de la versification, et la fit suivre en 1811 de Mahomet II, où il fut moins heureux. Il publiait en même temps des Veillées poétiques et morales (1811), imitées d’Young et d’Hervey, enfantait une épopée, l’Atlantide ou le Géant de la Montagne (1812), complétement oubliée, écrivait des Satires, où il se montrait piquant sans être amer ; chantait dans des Odes les divers gouvernements qui se succédaient ; donnait des opéras (Jérusalem délivrée, Aminte, l’Oriflamme, Alexandre à Babylone), et composait des contes et des romans. En 1819, il refondit entièrement sa traduction du Tasse, qui cette fois obtint un grand succès. Dans ses dernières années, devenu aveugle, il mit en vers le poëme de Job, vers lequel ses propres infirmités avaient tourné son attention. Baour-Lormian a la réputation d’un versificateur pur, élégant et harmonieux, mais pompeux et monotone. Il était de l’Académie française depuis 1815. Il a laissé des Mémoires. M. Ponsard, son successeur à l’Académie, a fait son éloge dans son Discours de réception.

BAPAUME, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 22 kil. S. S. E. d’Arras ; 2900 h. Ville jadis forte : ses fortifications ont été détruites en 1847. Batistes, linons. — Cette v. fit longtemps partie de la Flandre espagnole : elle fut assurée aux Français par la paix des Pyrénées (1659). Victoire du général Faidherbe sur l’armée allemande (3 janv. 1871).

BAPAUME, bourg de la Seine-Inf., à 4 k. O. de Rouen, commune de Canteleu. Filatures, indiennes..

BAPHOMET, idole des Gnostiques, attribuée aussi aux Templiers. V. notre Diction. des Sciences.

BAPTES, prêtres de la déesse Cotytto, ainsi nommés de baptô, baigner, parce qu’ils se baignaient et se parfumaient avant la célébration de leurs mystères. Ils célébraient leurs fêtes la nuit par des danses lascives et par toutes sortes de débauches.

BAPTISTE (S. JEAN-). V. JEAN (S.).

BAPTISTE de Mantoue, poëte. V. BATTISTA.

BAPTISTE LULLI, Compositeur. V. LULLI.

BAPTISTES, hérétiques. V. ANABAPTISTES.

BAR, v. de la Russie d’Europe (Podolie), sur la Rov, à 68 kil. N. de Mohilev ; 2400 hab. Citadelle bâtie sur un roc. C’est dans cette ville que Pulawski, Krasinski et plusieurs autres patriotes polonais, protestant contre l’immixtion moscovite dans le gouvernement de la Pologne, proclamèrent, le 29 février 1768, la fameuse confédération de Bar, qui fut le signal des guerres de la Pologne pour l’indépendance.

BAR, v. de la Turquie d’Europe. V. ANTIVARI.

BAR (le), ch.-l. de cant. (Alpes-Maritimes), à 8 kil. N. E. de Grasse ; 1629 hab. Anc. comté.

BAR-LE-DUC ou BAR-SUR-ORNAIN, v. de France, jadis capit. du duché de Bar ou Barrois, auj. ch.-l. du dép. de la Meuse, sur l’Ornain, à 234 kil. E. de Paris (254 par chem. de fer) ; 14 922 h. Trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, bibliothèque. Cotonnades, teintureries en rouge d’Andrinople ; vins et confitures de groseilles renommées. Patrie des maréchaux Oudinot et Exelmans. La ville s’est formée autour d’un fort construit au Xe siècle.

BAR-SUR-AUBE, ch.-l. d’arr. (Aube), sur l’Aube, à 53 kil. E. de Troyes ; 4473 hab. Station. Trib., collége. Eaux-de-vie et liqueurs ; toiles de coton, tanneries, mégisseries, etc. Aux env., bons vins blancs. Anc. ch.-l d’un comté, réuni à la Champagne en 1095, et qui se donna au roi de France en 1328.

BAR-SUR-SEINE, ch.-l. d’arr. (Aube), sur la Seine, à 33 kil. S. E. de Troyes ; 2542 hab. Beau pont, jolies promenades. Vins communs, eaux-de-vie, papier.

BARABBAS, juif qui avait été condamné à mort pour sédition et meurtre, se trouvait en prison au moment de la Passion de J.-C. Comme la coutume était, à la fête de Pâques, de donner la liberté à un criminel. Pilate demanda aux Juifs qui de Barabbas ou de Jésus ils voulaient délivrer : dans leur aveugle haine, ils choisirent Barabbas.

BARAC, général des Hébreux. V. DÉBORA.

BARAÏKTAR. V. BEIRAKTAR.

BARANYA, comitat de Hongrie, entre ceux de Tolna et de Bacs, entre la Drave et le Danube ; 88k. sur 66 ; 200 000 hab. Ch.-l., Cinq-Églises.

BARATIER (J. P.), enfant célèbre par sa précocité, né en 1721 à Schwabach dans le margraviat d’Anspach, fils d’un pasteur français réfugié, parlait à 4 ans le français et l’allemand, savait le latin à 5 ans, le grec et l’hébreu à 7 ; il étudia les livres rabbiniques et l’histoire ecclésiastique, et composa dès l’âge de dix ans plusieurs savants ouvrages sur ces matières. Il se livra ensuite à l’étude des mathématiques et de l’astronomie, inventa de nouveaux calculs, ou du moins trouva par lui seul plusieurs de ceux qui étaient déjà connus ; créa une méthode pour déterminer la longitude en mer, et fut à quatorze ans membre de l’Académie de Berlin. Il embrassait en même temps l’étude du droit public, de la littérature et des antiquités de toute espèce. Il avait déjà publié des ouvrages pleins d’érudition (entre autres une édition de l’Itinéraire de Benjamin de Tudèle, 1735, Disquisitio chronologica de successione antiquissima Romanorum ponticum, 1740), lorsqu’une mort prématurée l’enleva à l’âge de 19 ans, en 1740. Il n’avait eu d’autre maître que son père. Formey a écrit sa Vie.

BARBADE (la), une des Antilles anglaises, par 62° long. O., 13° lat. N. ; 32 kil. sur 18 ; 123 000 hab. Ch.-l., Bridgetown. Fertile, surtout en cannes à sucre. Elle fut découverte par les Portugais ; elle appartient aux Anglais depuis 1625.

BARBANÇON, bourg de Belgique (Hainaut), à 35 k. S. de Charleroi ; 740 hab. Marbre, forges, dentelles. Cette v. faisait précédemment partie du Hainaut français ; elle a été cédée aux Pays-Bas en 1815.

BARBANÈGRE (Joseph), général de brigade, né à Pontacq (Basses-Pyrénées) en 1772, mort à Paris en 1830, entra au service en 1793, se distingua aux batailles d’Austerlitz, d’Iéna, d’Eylau, d’Eckmühl, de Ratisbonne, de Wagram, à Krasnoï et au passage du Niémen, s’enferma en 1813 dans Stettin, et ne rendit cette ville qu’après l’abdication de Napoléon. Il se couvrit de gloire en 1815 par sa défense d’Huningue : il arrêta 25 000 Autrichiens avec 500 recrues ou invalides, ne capitula qu’après 12 jours de tranchée ouverte, et obtint tous les honneurs de la guerre.

BARBARELLI, peintre. V. GIORGIONE.

BARBARES, dénomination sous laquelle on a désigné plus spécialement dans l’histoire les différents peuples qui, sortis de Germanie au commencement du Ve siècle, firent invasion dans l’empire romain, et y exercèrent d’horribles ravages. Les principaux sont : les Alains, les Suèves, les Gépides, les Goths, les Vandales, les Huns, les Francs, les Bourguignons. En 405, Radagaise pénètre en Italie à la tête des Germains ; en 409, Alaric, roi des Visigoths, prend Rome, tandis que les Francs commencent leurs établissements en Gaule ; en 449, les Anglo-Saxons envahissent la Grande-Bretagne ; de 451 à 453, les Huns, sous la conduite d’Attila, ravagent les Gaules, puis l’Italie ; en 476, Odoacre, roi des Hérules, envahit l’Italie et met fin à Vampire romain. À partir de cette époque, les peuples barbares forment des établissements fixes, les Ostrogoths et les Lombards en Italie, les Francs en Gaule, les Vandales en Afrique, les Visigoths en Espagne, et jettent les fondements des puissances qui deviendront les empires modernes.

BARBARIE, ÉTATS BARBARESQUES, région de l’Afrique septentrionale qui comprend les États de Tripoli, de Tunis, d’Alger, de Maroc et l’État de Sidy-Hescham, et forme par conséquent la partie la plus importante du Maghreb. Elle est ainsi nommée des Berbers, ses habitants indigènes. Cette contrée comprend la Mauritanie, la Numidie, l’Afrique propre, la Byzacène, la Gétulie et la Zeugitane des anciens, ainsi qu’une portion de la Cyrénaïque.

BARBARO, noble famille vénitienne qui a produit plusieurs hommes remarquables, entre autres : Nicolo Barbaro, ambassadeur de Venise à Constantinople en 1453, à qui l’on doit une relation italienne de la prise de Constantinople par les Turcs (publ. par Ellissen dans ses Analecten, Leips., 1857) ; — Josaphat Barbaro, qui de 1436 à 1475 fit plusieurs voyages dans la Perse, l’Inde et la Turquie, dont la relation a été publiée en 1543 à Venise ; — Hermolao Barbaro, né en 1454, mort en 1493 : il fut chargé par le sénat de Venise de plusieurs négociations importantes auprès des empereurs Frédéric III et Maximilien, et fut nommé par le pape Innocent VIII patriarche d’Aquilée ; il cultiva les lettres avec succès : on lui doit des traductions de Dioscoride, de Thémistius, et des travaux importants sur Aristote et sur Pline (Rome, 1492 ; — Daniel Barbaro, 1513-1570 : il fut ambassadeur en Angleterre et cultiva aussi les lettres. On estime sa traduction italienne de Vitruve avec commentaires, Venise, 1556, in-fol.

BARBAROUX (Charles), né en 1767 à Marseille, était en 1789 avocat dans cette ville. D’un caractère exalté et impétueux, il embrassa avec feu les idées révolutionnaires, rédigea à Marseille un journal démocratique qui exerça une grande influence, et fut nommé en 1789 secrétaire de la commune. Envoyé à Paris en 1791 comme mandataire particulier de sa ville natale, il y devint l’âme des Marseillais et se lia avec Roland. Il eut avec ses compatriotes une grande part au 10 août, fut nommé député à la Convention, se fit remarquer à la tribune par la beauté de sa personne non moins que par son éloquence, entra dans le parti des Girondins, se prononça ouvertement contre Marat et Robespierre, demanda l’appel au peuple dans le procès de Louis XVI, et fut proscrit au 31 mai comme royaliste et ennemi de la république une et indivisible. Il chercha un asile dans le Calvados, et s’embarqua à Quimper pour Bordeaux ; mais à peine arrivé dans cette ville, il fut arrêté et bientôt décapité, le 25 juin 1794. Il n’avait que 27 ans. Barbaroux a laissé des mémoires qui ont été publiés par son fils dans la collection des Mémoires relatifs à la Révolution de Baudouin, 1822.

BARBASTRO, v. d’Espagne (Catalogne), sur le Cinca, à 48 kil. S. E. de Huesca ; 6000 hab. Évêché. Prise en 1064 par Sanche-Ramirez.

BARBAULD (Anna Lætitia AIKIN, mistriss), née en 1743, à Kilworth dans le comté de Leicester, morte en 1825, était fille d’un pasteur protestant. Elle se fit connaître de bonne heure par des poésies religieuses, dirigea ensuite une institution, et rédigea pour l’enfance, sous les titres de : Premières Leçons, Simples Contes, Historiettes du premier âge, Soirées au logis, divers ouvrages qui eurent un grand succès et qui ont été pour la plupart traduits en français. Elle a aussi publié des lettres inédites de Richardson, avec une notice fort estimée sur l’auteur, une Collection des Romanciers anglais, 50 vol. in-12, avec notices biographiques et critiques et plusieurs pamphlets politiques. Son mari, M. Barbauld, était un pasteur, issu d’une famille de réfugiés français. BARBAZAN, vge de l'anc. pays de Bigorre (H.-Garonne), à 4 k. S. O. de St-Bertrand ; 425 h. C'est de là qu'étaient originaires les sires de Barbazan.

BARBAZAN (Arnauld-Guilhem, baron de), général français sous Charles VI et Charles VII, surnommé le Chevalier sans reproche, d'une famille distinguée du pays de Bigorre, se signala jeune encore dans un combat où six chevaliers français combattaient contre six chevaliers anglais (1404). Dans les guerres civiles que fit naître la démence de Charles VI, il resta fidèle à la cause royaliste, et obtint plusieurs avantages sur le duc de Bourgogne. En 1420, il défendit Melun contre les Anglais, et fut retenu prisonnier malgré une capitulation qui lui laissait la liberté. Délivré par Lahire, il remporta en 1430 une victoire signalée sur les Anglais et les Bourguignons à La Croisette en Champagne. Il périt l'année suivante, des blessures qu'il avait reçues à la bataille de Bulgnéville (près Nancy), que René d'Anjou avait livrée malgré lui.

BARBAZAN (Étienne), écrivain, né à St-Fargeau, près d'Auxerre, en 1696, mort en 1770, vint de bonne heure à Paris où il se livra à l'étude des anciens auteurs français qui ont écrit du XIIe au XVIe s. et continua, en société avec l'abbé De la Porte et Graville, le Recueil alphabétique de pièces historiques, commencé par l'abbé Pérau, 24 vol. in-12, Paris, 1745 et années suivantes. Il a donné : Fabliaux et Contes français des XIIe, XIIIe, XIVe et XVe s., Paris, 1756, 3 vol. in-12; l’Ordène de chevalerie, 1759; le Castoiement ou Instruction d'un père à son fils, 1760. Il s'est surtout attaché à rechercher les origines de la langue française, et a laissé sur ce sujet de précieux manuscrits, qui sont à l'Arsenal.

BARBE (Ste), vierge et martyre, était, selon la légende, fille d'un riche païen de Nicomédie nommé Dioscore, et subit le martyre, soit à Nicomédie, soit à Héliopolis, vers 306, sous le règne de Galère, ou, d'après Baronius, en 235, sous Maximin. On assure que son père, n'ayant pu lui faire renier sa foi, lui trancha lui-même la tète. Ste-Barbe est la patronne des canonniers, sans doute parce qu'on la représente dans une tour. On l'hon. le 4 déc.

BARBE DE CILLEY. V. SIGISMOND et PODIEBRAD.

BARBÉ-MARBOIS (Franç., marquis de), né à Metz en 1745, mort en 1837, fut successivement secrétaire de légation et chargé d'affaires en Allemagne, consul aux États-Unis, intendant de St-Domingue (1785), ministre de France auprès de la diète de l'Empire; quitta les affaires pendant la Terreur, devint maire de la ville de Metz en 1795, puis membre et président du conseil des Anciens. Après le 18 fructidor an V, il fut déporté à Sinnamary. Rappelé en 1800, il entra au conseil d'État, fut nommé en 1801 directeur (puis ministre) du Trésor, se vit révoqué en 1806 pour une faute de gestion, mais n'en devint pas moins en 1808 président de la cour des Comptes et en 1813 sénateur. Sous Louis XVIII, les sceaux lui furent confiés; mais, ennemi de toute réaction, il ne put les conserver longtemps, et il reprit les fonctions de président de la cour des comptes. Il se retira des affaires en 1834, laissant la plus honorable réputation. Barbé-Marbois était membre de l'Académie des inscriptions. Il a laissé plusieurs écrits, entre autres une Histoire de la Louisiane, Paris, 1829, in-8.

BARBEAU DE LA BRUYÈRE (J. L.), né à Paris en 1710, mort en 1781, publia en 1750 une Mappemonde historique qui permet d'embrasser d'un seul coup d’œil le tableau des révolutions des peuples. On lui doit aussi des éditions perfectionnées des Tablettes chronologiques de Lenglet-Dufresnoy, 1763; de la Géographie de La Croix, 1773, etc.

BARBEAUX, anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux, à 8 kil. S. E. de Melun, avait été fondée par Louis VII.

BARBENTANNE, bourg de France (Bouches-du-Rhône), au confluent du Rhône et de la Durance, à 25 k.N. d'Arles; 1999 h. Vins muscats, fruits, melons.

BARBERINI, famille florentine, originaire du bourg de Barberino en Toscane, et dont plusieurs membres ont joué un rôle important au XVIIe siècle. L'un d'eux, Maffeo Barberini, devint cardinal, et fut élu pape en 1623 sous le nom d'Urbain VIII. Il combla ses neveux de faveurs et de richesses. Trois d'entre eux (François et deux Antoine) furent faits cardinaux, et un quatrième, Taddeo, fut nommé général des troupes papales. Abusant de leur crédit, les Barberini voulurent enlever au duc de Parme, Édouard Farnèse, les duchés de Castro et Ronciglione, et firent déclarer la guerre à ce prince par le pape; mais, après d'inutiles efforts, ils furent obligés de renoncer à leur injuste projet. Ils se rendirent si odieux par leurs exactions qu'à la mort d'Urbain VIII, en 1644, ils furent forcés de quitter l'Italie. Ils vinrent se réfugier en France; toutefois ils conservèrent la propriété de Palestrine.

BARBEROUSSE, nom sous lequel on désigne vulgairement deux frères qui régnèrent sur Alger dans le XVIe siècle; ce nom vient de la couleur de leur barbe. Ils étaient fils, dit-on, d'un renégat sicilien. Le 1er, Aroudj, né à Mételin en 1474, après avoir longtemps exercé le métier de corsaire, et s'y être fait une grande réputation d'audace et d'habileté, s'empara d'Alger en 1516, en détrônant le cheik arabe qui l'avait appelé à son secours contre les Espagnols. Il avait déjà fait de grandes conquêtes lorsque Charles-Quint, voyant ses possessions d'Afrique menacées, envoya contre lui une armée considérable : Barberousse fut battu et tué à Tlemcen par les Espagnols, en 1518. — Le 2e, Khaïr-Eddyn, dit Hariadan ou Chérédin, né en 1476, fut, avec Doria, le plus grand marin de son époque. Il succéda à son frère dans le gouvernement d'Alger; mais, craignant pour sa puissance, il se mit sous la protection du sultan Sélim, et le reconnut pour souverain d'Alger, tout en se réservant le gouvernement de la ville. Soliman II le nomma amiral de toutes ses flottes. Il fortifia Alger, soumit à la Porte Tunis, Bizerte, et ne fut arrêté dans ses conquêtes que par les armes de Charles-Quint (1535). Il vint alors par représailles ravager l'Italie, remporta un avantage sur Doria à Ambracie, prit d'assaut Castel-Nuovo (1539), battit les Chrétiens devant Candie, prêta le secours de sa flotte à François I contre Charles-Quint, et aida les Français à prendre Nice (1543). Il mourut en 1546, des excès auxquels il se livrait. Il a paru à Paris en 1839 une vieille traduction française d'une chronique arabe du XVIe siècle renfermant une histoire des Barberousse, publiée d'après un manuscrit de la Bibliothèque impériale, par MM. Sander Rang et Ferd. Denis.

BARBEROUSSE (Fréd.), empereur. V. FRÉDÉRIC I.

BARBETS, nom injurieux donné dans les XVIe et XVIIe siècles aux religionnaires des Cévennes et aux Vaudois du Dauphiné, leur venait de celui de Barbes, qu'ils donnaient eux-mêmes à leurs ministres parce qu'ils portaient la barbe longue.

BARBEU-DUBOURG (Jacques), médecin et botaniste, né à Mayenne en 1709, mort à Paris en 1779, exerça la médecine à Paris et publia plusieurs ouvrages, dont les plus estimés sont : le Botaniste français, 1767, 2 vol. in-12, où il expose, en la modifiant, la classification de Linné, et un traité Des usages des plantes, 2 vol. in-12. Lié avec Bolingbroke, il traduisit ses Lettres sur l'histoire.

BARBEYRAC (Jean), moraliste et publiciste, né en 1674 à Béziers, de parents calvinistes, mort en 1744, quitta la France lors de la révocation de l'édit de Nantes, professa successivement les belles-lettres à Berlin, le droit et l'histoire à Lausanne, et le droit public à Groningue, et fut nommé membre de l'Académie de Berlin. IL a traduit en français : Le Droit de la nature et des gens, de Puffendorf, Amsterdam, 1712; Les Devoirs de l'homme et du citoyen, du même; le Traité du droit de la guerre et de la paix, de Grotius; Les Lois de la nature expliquées, de Cumberland; Du pouvoir des souverains et De la liberté de conscience, de Noodt, en accompagnant ces ouvrages de notes qui sont presque aussi estimées que le texte. Il est auteur d'une Histoire des anciens traités, d'un Traité du jeu, et d'un Traité de la morale des Pères (mis à l’Index à Rome).

BARBEZIEUX, ch.-l. d'arr. (Charente), à 34 kit. S. O. d'Angoulême ; 2557 hab. Trib. de 1re inst. Vieux château fort, qui sert auj. de prison. Toiles, tanneries, truffes, chapons truffés, etc. Source minérale. — C'était jadis une seigneurie de la Saintonge, avec titre de marquisat. Elle fut longtemps possédée par la maison de La Rochefoucauld, d'où elle passa dans celle de Louvois, qui donna à un de ses fils le titre de marquis de Barbezieux.

BARBEZIEUX (Louis-François-Marie LETELLIER, marquis de), fils de Louvois, né en 1668. Après la mort de son père, Louis XIV lui confia le ministère de la guerre, quoiqu'il n'eût encore que 23 ans ; il se montra d'abord digne de ce choix, mais il négligea bientôt les affaires pour les plaisirs, et mourut à 33 ans, épuisé par les excès, l'an 1701.

BARBIÉ DU BOCAGE, savant géographe, né à Paris en 1760, mort en 1825, fut l'élève de d'Anville et l'ami de Barthélemy. Il fut d'abord attaché au cabinet des médailles de la Bibliothèque du roi (1785), puis nommé géographe du ministère des relations extérieures (1803), membre de l'Institut (1806), et enfin professeur de géographie à la faculté des lettres de Paris (1809). Il a coopéré à presque toutes les entreprises géographiques de quelque importance faites de son temps ; il est surtout connu par son bel Atlas du Voyage d'Anacharsis, Paris, 1789 et 1799, et par ses cartes du Voyage pittoresque en Grèce de Choiseul-Gouffier. Il fut un des fondateurs de la Société de Géographie de Paris.

BARBIER D'AUCOUR (Jean), avocat au parlement de Paris, né à Langres en 1641, mort en 1694, est surtout connu comme critique. Il a composé, entre autres écrits, les Sentiments de Cléanthe, Paris, 1671, où il réfute avec beaucoup d'esprit les Entretiens d'Ariste et d'Eugène du P. Bonheurs. Il fut reçu en en 1683 à l'Académie française et eut une grande part à la rédaction du Dictionnaire. Ardent janséniste, quoique élève des Jésuites, il écrivit plusieurs pamphlets en prose et en vers contre les Jésuites.

BARBIER (Edm. Jean-François), avocat consultant au parlement de Paris, né à Paris en 1689, mort en 1771 a laissé un Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, qui va de 1718 à 1762, et qui a été publié par A. de La Villegille, Paris, 1851-1857. Ce journal comble une lacune entre les Mémoires de St-Simon, qui s'arrêtent en 1723, et ceux de Bachaumont, qui commencent en 1762, et offre d'utiles renseignements sur l'histoire du parlement, de la justice et des mœurs de l'époque.

BARBIER (Antoine-Alexandre), savant bibliographe, né à Coulommiers en 1765, mort en 1825, exerça d'abord des fonctions ecclésiastiques, mais y renonça pour se livrer à ses goûts littéraires et devint bibliothécaire du Directoire, puis de Napoléon et de Louis XVIII. Il est surtout connu par un Dictionnaire des anonymes et des pseudonymes, Paris, 1806-1808, 4 vol. in-8, réimprimé en 1822-27 avec de nombreuses additions. Il a aussi publié la Nouvelle Bibliothèque de l'homme de goût, 1808, 5 vol. in-8, et des Catalogues très-estimés.

BARBO, famille puissante de Venise qui a fourni à la république vénitienne et à l'Église plusieurs hommes distingués, entre autres Pierre Barbe, pape sous le nom de Paul II.

BARBOSA. Ce nom a été porté par plusieurs savants portugais qui se sont distingués dans la jurisprudence ou dans les lettres. Le plus connu est Diégo Barbosa Machado, abbé de Sever, né à Lisbonne en 1682, mort en 1770, auquel on doit une Bibliothèque portugaise avec des notices sur les auteurs, Lisbonne, 1741-59, 4 vol. in-fol.

BARBOU, célèbre famille de libraires et imprimeurs, originaire de Lyon. Joseph Gérard Barbou, le plus connu, libraire et imprimeur à Paris depuis 1746, publia, de 1755 à 1775, un grand nombre de classiques latins, qui forment la jolie collection dite des Barbou, à laquelle coopérèrent Lallemand, Brottier, Capperonnier, Beauzée, etc. Cette collection, qui avait été commencée dès 1743, d'après les conseils de Lenglet-Dufresnoy, par le libraire Coustelier, se compose de 76 vol. in-12.

BARBOUDE (la), une des Antilles anglaises, à 30 k. N. d'Antigoa, par 64° 10' long. 0., 17° 40 lat. N.; 30 k. sur 16 ; 1600 h. Très-basse et sans ports; côtes très dangereuses. Coton, indigo, tabac, gingembre, canne à sucre. Elle appartient aux Anglais depuis 1628.

BARBY, v. des États prussiens (Saxe), à 25 kil. S. E. de Magdebourg sur l'Elbe, près de l'emb. de la Saale ; 3600 hab. Comté depuis 1497. Les Frères Moraves y formèrent en 1749 un établissement.

BARCA ou BARQUAH, la Cyrénaïque ou Libye Pentapole des anciens, vaste contrée des États barbaresques, s'étend le long de la Méditerranée et dans l'État de Tripoli, du golfe de la Sidre à l'O. jusqu'à l'Égypte à l'E., et est bornée au S. par les monts Gerbodah ; 800 kil. de l'E. à l'O., 200 du N. au S.; capit., Benghazy. Autres villes : Barca (Barce ou Ptolemaïs), Grennah (Cyrène), Lebdah (Leptis Magna), Derne, Massakhit, etc. Le bey de Barca réside à Benghazy et dépend du bey de Tripoli. Les côtes et la partie occidentale de cette contrée sont assez fertiles : on y cultive du millet et du mais. L'intérieur est un vaste désert, habité par des Bédouins nomades et qui n'a point de villes. Le désert de Barca se confond vers le S. avec le grand désert de Sahara. On trouve cependant dans la partie méridionale les oasis d'Audgélah et de Syouah. — Conquise en 643 par les Arabes, cette contrée obéit depuis aux Thoulounides d'Égypte, aux Aglabites, aux Fatimites, aux Ayoubites, aux souverains de Tunis, et enfin, depuis le XVIe siècle, aux beys de Tripoli.

BARCA, famille de Carthage. V. BARCINE.

BARCELONA-LA-NUEVA, v. de l'État de Vénézuela, à 70 kil. S. O. de Cumana, sur le Neveri ; 5000 hab. Jadis ch.-l. de la prov., auj. déchue, à cause de l'insalubrité du climat.

BARCELONE, Barcino, v. d'Espagne, capit. de la capitainerie générale de Catalogne et de l'intendance de Barcelone, sur la mer, à l'emb. du Llobregat, à 500 kil. N. E. de Madrid, par 0° 12' long. O., 41° 23' lat. N.; 200 000 hab. (y compris ceux de Barcelonette, son faubourg principal). Place très-forte, défendue par une citadelle à l'E. et par le fort de Juich ou Montjouy au S. Port grand, mais barré. Évêché ; université ; nombreuses écoles ; académies, musées et bibliothèques. Monuments remarquables palais de l’Audiencia, bourse, hôtel de ville, hôtel de la douane, cathédrale, théâtre. Antiquités nombreuses. Industrie active ; grand commerce en vins, eaux-de-vie, rubans, soieries, chapeaux, etc. — Fondée vers 230 av. J.-C. par Amilcar Barca, Barcelone appartint successivement aux Carthaginois, aux Romains, aux Goths, aux Français sous Charlemagne (801); puis elle fut le ch.-l. d'un comté vassal de la France jusqu'en 1258. Prise par les Arabes en 986, par les Français en 1640, 1697, 1714, 1808 ; désolée par la fièvre jaune en 1821, insurgée en 1842, 1843 et 1856. Il y fut signé en 1493 un traité par lequel Charles VIII cédait à Ferdinand le Roussillon et la Cerdagne.

BARCELONE (comté de) ou Catalogne. Il fut créé par Charlemagne en 801, après la conquête de l'Espagne sept., et fut joint au roy. d'Aquitaine. En 843, le traité de Verdun le laissa à la France. En 888, il devint héréditaire en faveur de la famille du comte Geoffroi le Velu. Les descendants de Geoffroi conquirent le reste de la Catalogne et acquirent la Provence ; enfin ils montèrent sur le trône d'Aragon en 1137, en la personne de Raymond-Bérenger (époux de Pétronille, héritière de la couronne d'Aragon) mais tout en continuant à relever, pour le comté de Barcelone, de la couronne de France. Alphonse II, fils de Raymond, se rendit, en 1182, indépendant de la France, mais cette usurpation ne fut sanctionnée qu'en 1258, par la paix de Corbeil. L'histoire du comté le Barcelone se confond désormais avec celle de l'Aragon, sur lequel la dynastie de Barcelone régna jusqu'en 1412. – L'étendue du comté de Barcelone varia beaucoup : il allait d'abord des Pyrénées à l'Ebre et de la Noguera à la mer; il se grossit sensiblement par la réunion de divers fiefs et par quelques conquêtes sur les Arabes. On donne le nom de comté de Barcelone, tantôt au comté seul, tantôt à toutes les possessions de la maison de Barcelone au S. des Pyrénées; quelquefois même on y comprend le comté de Roussillon.

BARCELONE (intendance de). V. CATALOGNE.

BARCELONNETTE, ch.-l. d'arr. (B.-Alpes), à 75 k. N. E. de Digne; sur la r. dr. de l'Ubaye; 1810 hab. Trib. de 1re inst., collége. Fabriques de cadis; métiers à soie; commerce de blé et de moutons. Patrie de l'orateur J. A. Manuel. — Fondée vers 1225 par Raymond-Bérenger, comte de Provence, qui lui donna ce nom parce qu'il était issu des comtes de Barcelone. Elle fut plusieurs fois prise et reprise par les Français et les ducs de Savoie, et resta définitivement à la France en 1713.

BARCILONNETTE, ch.-l. de cant. (H.-Alpes), sur la Déoule, à 27 kil. S. O. de Gap; 345 hab.

BARCINE, famille puissante de Carthage, dont le chef était Amilcar Barca, fut surtout illustrée par Annibal et Asdrubal. Elle formait une faction opposée à celle de la famille Hannon, et fut toujours ennemie jurée du nom romain.

BARCINO, v. d'Hispanie, auj. Barcelone.

BARCLAY (Alex.), traducteur anglais du XVIe s., né vers 1470, mort en 1552 à Croydon, fut d'abord bénédictin, puis franciscain, et voyagea beaucoup. Il contribua par ses écrits à former la langue anglaise. Il trad. du latin La Nef des fous (Navis stultifera) de Brandt, ainsi que les Églogues d'Æneas Sylvius.

BARCLAY (Jean), écrivain anglais du XVIIe siècle, naquit en 1582 à Pont-à-Mousson en Lorraine, où son père, savant jurisconsulte écossais, s'était retiré pour se soustraire aux persécutions dont les Catholiques étaient alors l'objet dans sa patrie. Après la mort de son père (1605), il passa en Angleterre, y fut bien accueilli de Jacques I, qui lui donna une place lucrative, et y publia un ouvrage de son père De potestate papæ (1607) : il eut à cette occasion une vive controverse avec Bellarmin, puis avec le jésuite Jean Eudæmon, qui l'accusait d'hérésie. A la suite de ces querelles, il se retira à Rome, où il publia de nouveaux écrits dans le but d'établir son orthodoxie. Il y mourut en 1621. J. Barclay est surtout connu par l’Argénis, roman allégorique écrit en latin et mêlé de prose et de vers, où il trace le tableau des vices et des révolutions des cours. Ce livre, qui faisait les délices de Richelieu, est remarquable par l'élégance et l'originalité. Publié d'abord à Paris en 1621, il a été fréquemment réimprimé, notamment à Leyde, Elzevir, 1630 et 1664, avec une clef des personnages. L’Argénis a été traduite en français par l'abbé Josse, 1732, et mieux par Savin, 1776. On a encore de Barclay : 1° Euphormio, autre satire allégorique, dirigée surtout contre les Jésuites, Londres, 1603, et Leyde, 1637, avec clefs, trad. par Drouet de Maupertuis, Anvers, 1711; 2° Icon animorum ou Portrait des rimes, Londres, 1614, traduit en français, 1625; 3° Histoire de la conspiration des poudres, Oxford, 1634, et deux livres de poésies latines, 1615.

BARCLAY (Robert), célèbre quaker, né en 1648 en Écosse, d'une famille riche et ancienne, mort en 1690, embrassa en 1666, ainsi que son père, la doctrine des Quakers; se lia étroitement avec Guillaume Penn; voyagea en Angleterre, en Hollande et en Allemagne pour faire des conversions et écrivit plusieurs ouvrages pour exposer les dogmes de sa secte. Le plus connu est l’Apologie de la véritable théologie chrétienne, telle que la professent ceux que par dérision on appelle Quakers; il la publia à Amsterdam, en latin, 1676, et la dédia au roi Charles II. Elle a été traduite en français en 1702.

BARCLAY DE TOLLY (Michel), général russe, né en 1750, en Livonie, d'une famille originaire d'Écosse, mort en 1818,commença sa réputation par une entreprise des plus hardies : en 1809 il pénétra en Suède en traversant sur la glace le golfe de Botnie. Ministre de la guerre en 1810, il dirigea en 1812 la campagne contre Napoléon, et adopta ce fameux plan de défense qui consistait à attirer les Français au cœur de la Russie pour les y faire périr par le froid et la disette. Il commença lui-même l'exécution de ce plan comme général en chef; mais, poursuivi par l'envie, il fut au bout de peu de mois supplanté par Koutousof, et se vit forcé de servir sous les ordres de ceux auxquels il avait d'abord commandé; il n'en rendit pas moins de grands services pendant la campagne, surtout à la bataille de la Moskowa. Replacé à la tête des troupes russes en 1813, après la bataille de Bautzen, il battit Vandamme à Kulm (en Bohême), contribua puissamment au gain de la bataille de Leipsick, pénétra en France, où il livra plusieurs combats meurtriers, et fit capituler Paris (30 mars 1814). En récompense de ses services il fut nommé feld-maréchal et fait prince.

BARCOCHÉBAS, imposteur juif qui parut sous le règne d'Adrien. De concert avec le rabbin Akiba, il se fit passer pour le Messie et excita parmi les Juifs une révolte contre les Romains. Il fut vaincu et tué après une longue résistance, avec un nombre immense de Juifs, l'an 135; ceux qui survécurent furent à jamais chassés de Jérusalem.

BARD, vge des États sardes, sur la Doire, à l'entrée de la vallée d'Aoste, à 36 kil. S. E. d'Aoste. On y avait élevé un fort regardé comme imprenable; il fut pris et rasé par les Français en 1800, mais rétabli en 1815.

BARDANE, roi des Parthes. V. VARDANE.

BARDANE, empereur d'Orient. V. PHILIPPIQUE.

BARDAS, patrice de l'empire d'Orient, était frère de l'impératrice Théodora, femme de Théophile. Nommé par Théophile tuteur de son fils, le jeune empereur Michel (842), il s'empara de l'autorité, chassa du palais Théodora elle-même, à laquelle il devait tout, et garda le pouvoir pendant 24 ans. Michel, fatigué de son joug, s'en délivra en le faisant assassiner par Basile le Macédonien (866). Bardas favorisait les sciences et les lettres. Il avait, en 857, nommé patriarche de Constantinople le célèbre Photius, qui était son neveu.

BARDAS PHOCAS et BARDAS SCLÉRUS, deux généraux de l'empire grec qui se disputèrent le pouvoir sous le règne de Basile II et de Constantin IX. Tous deux prirent et déposèrent plusieurs fois la pourpre. Après de nombreuses vicissitudes, ils se réunirent contre Constantin IX; mais Bardas Phocas mourut empoisonné au moment où il allait livrer bataille; Sclérus fit la paix avec l'empereur et obtint de hautes dignités. Il mourut à la cour en 990.

BARDES, poëtes nationaux chez les Celtes. Ils composaient des hymnes en l'honneur des dieux, chantaient sur la harpe les exploits des héros, accompagnaient les guerriers pendant qu'ils marchaient au combat, pour animer leur courage ou pour recueillir leurs hauts faits et les transmettre à la postérité. C'est en Irlande, en Écosse, en Bretagne, et dans la principauté de Galles que les chants des bardes se sont le plus longtemps conservés; les noms des bardes Fingal et d'Ossian sont devenus à jamais célèbres. — Owen Jones a fait un recueil des poëmes ces bardes gallois. On peut encore consulter les Recherches sur les Bardes de David Williams, Dolgelly, 1828, et les Chants populaires de la Bretagne (Barzoz Breiz), de La Villemarqué, Paris, 1845.

BARDESANE, hérésiarque du IIe siècle, né en Syrie, avait été longtemps une des gloires du Christianisme, quand il se laissa entraîner dans les erreurs des Valentiniens. Ayant abandonné cette hérésie, il se fit une doctrine particulière qui se rapproche de celle des Manichéens : il voulait comme ces derniers expliquer l’origine du mal. On trouve dans Eusèbe (Prép., VI, X) un beau fragment de Bardesane sur le destin.

BARDILI (Christ. Godefroy), professeur de philosophie à Stuttgard, né en 1761, mort en 1808, a publié plusieurs écrits, dans lesquels il a prétendu réformer la logique et déterminer la nature de l’absolu, que Kant avait posé comme condition de toute science, mais qu’il avait déclaré introuvable. Son système, exposé dans sa Logique première (Stuttgard, 1800), fut renversé par Fichte et Schelling.

BARDIN (le général), né à Paris en 1774, mort en 1840, était fils de Jean Bardin, peintre distingué. Il fit avec distinction, depuis 1792, les campagnes de la République et de l’Empire, devint général de brigade en 1813, se signala à la bataille de Dresde et à la défense d’Anvers, et quitta le service en 1814, avec le titre de baron. On lui doit un Manuel d’infanterie et un Dictionnaire de l’armée, vaste encyclopédie des sciences militaires, à laquelle il consacra 30 ans de travail. Cet ouvrage, qui forme 4 forts vol. in-8 à deux colonnes, ne fut publié qu’après sa mort (1841-50).

BARÈGES, vge du dép. des Hautes-Pyrénées, à 57 kil. S. E de Tarbes, entre deux chaînes de mont., et sur le gave de Bastan, n’a qu’une seule rue et ne compte que 400 hab. permanents. Eaux thermales sulfureuses, célèbres surtout pour la guérison des plaies d’armes à feu ; hôpital militaire. Près de là est la belle cascade de Gavarnie. — Barèges donne son nom à des tissus légers en crêpe, qu’on y porte beaucoup, mais qu’on fabrique plutôt à Bagnères-de-Bigorre.

BAREILY, v. forte de l’Inde anglaise (Calcutta), ch.-l. d’un district du même nom, à 220 kil. N. E. d’Agrah, près du confluent de la Dhara et de la Goula ; 67 000 hab. Industrie active, collége.

BARENTIN, joli bourg de la Seine-Inf., à 17 kir. N. O. de Rouen, sur le chemin de fer de Paris au Havre ; 2184 hab. Étoffes de coton, siamoises, papeteries. Station.

BARENTIN (Ch. L. Franç. de), magistrat, né en 1739, mort en 1819, fut nommé garde des sceaux en 1788, ouvrit les États généraux en 1789, s’efforça vainement de rapprocher les partis, fut chargé de signifier à l’Assemblée le refus fait par Louis XVI d’éloigner les troupes de la capitale, se vit pour ce motif dénoncé par Mirabeau comme ennemi du peuple, émigra, mais revint après le 18 brumaire et vécut depuis dans la retraite.

BARENTON, ch.-l. de cant. (Manche), à 11 kil. S. E. de Mortain ; 533 hab. Toiles, grains.

BARÈRE (Bertrand) DE VIEUZAC, conventionnel, né à Tarbes en 1755, mort en 1841, avait été d’abord avocat à Toulouse. Élu député du tiers aux États généraux, il ne se fit guère remarquer dans l’Assemblée Nationale que par d’estimables travaux sur le droit public, sur les finances et l’administration, et fut chargé de prononcer l’oraison funèbre de Mirabeau. À la même époque, il rédigeait un journal politique, le Point du Jour, assez modéré. Député à la Convention, il joua dans cette nouvelle assemblée un des principaux rôles, se rallia au parti le plus violent, fut nommé membre du comité de constitution et peu après présidant de la Convention ; il dirigea en cette qualité le procès de Louis XVI et vota pour la mort. Membre du Comité de salut public de 1793 à 1795, il remplit les fonctions de rapporteur de cette commission sanguinaire et fit décréter que « la Terreur était à l’ordre du jour. » Il finit pourtant par se séparer de ses principaux collègues, Robespierre, Couthon et St-Just, et eut une grande part à l’événement du 9 thermidor. Il n’en fut pas moins proscrit et condamné à la déportation comme membre de l’ancien Comité de salut public (12 germinal an III), mais il s’évada. Amnistié après le 18 brumaire, il vécut oublié sous le Consulat et sous l’Empire. Pendant les Cent-Jours, il fut membre de la Chambre des Représentants. Exilé par les Bourbons comme régicide, il alla vivre à Bruxelles et ne revint en France qu’après la Révolution de 1830. On a de Barère, outre plusieurs écrits politiques et de nombreux Discours et Rapports aux diverses assemblées législatives, quelques écrits littéraires (Éloges de Louis XII, de l’Hôpital, de Montesquieu, de J. J. Rousseau, Beautés poétiques des Nuits d’Young, les Veillées du Tasse, etc.). Barère était un orateur facile et disert, mais il avait peu de force ; il chercha souvent à colorer d’un brillant vernis d’éloquence les motions les plus sanguinaires, ce qui le fit surnommer l’Anacréon de la guillotine. Son nom se trouve associé aux actes les plus violents ; cependant il n’était pas cruel : il était plutôt faible et lâche. Ses Mémoires ont été publiés par M. Carnot fils, avec une Notice, Paris, 1834, 2 v. in-8.

BARETOUN (AL-), Parætonium, v. d’Égypte, sur la Méditerranée, à 244 O. d’Alexandrie, et sur la frontière du Barca. Ruines antiques.

BARETTI (Jos.), littérateur italien, né à Turin en 1716, mort à Londres en 1789, écrivit avec succès en prose et en vers, et vint en 1751 se fixer à Londres, où il enseigna la langue et la littérature italienne. Il a donné, entre autres ouvrages, une traduction en vers des tragédies de Corneille, Venise, 1748 ; un Dictionnaire anglais et italien, Londres, 1760, et une Grammaire italienne et anglaise, ouvrages fort répandus en Angleterre.

BARFLEUR, Barafletum, petit port de France (Manche), dans l’arr. et à 25 k. N. E. de Valognes ; 1200 hab. Vastes huîtrières. Beau phare dit de Gatteville. C’était jadis une ville importante. — C’est là, dit-on, que Guillaume le Conquérant prépara son expédition contre l’Angleterre. C’est aussi là que s’embarqua Henri I en 1120 pour la traversée dans laquelle périrent ses deux fils. Cette ville fut ruinée par Édouard III en 1346.

BARGEMONT, vge de Franco (Var), à 11 kil. N. E. de Draguignan ; 1900 hab. Patrie de Moréri.

BARHEBRÆUS. V. ABOUL-FARADJ.

BARI, Barium, v. de l’Italie méridionale, ch.-l. de la Terre de Bari, à 230 kil. N. E. de Naples, sur l’Adriatique ; 22 000 hab. Archevêché, citadelle, grand arsenal, collége pour les nobles, lycée. Port ensablé. Quelque industrie, un peu de commerce ; liqueur renommée dite Sta-Scolastica. Patrie de Piccini. — Quoique soumise aux Romains, Barium conserva ses magistrats. Après la chute de l’empire, elle tomba entre les mains des Sarrasins, leur fut enlevée en 841 par les empereurs grecs ; fut prise au XIe siècle par les Normands, qui en firent la capitale de leur principauté, et passa ensuite aux rois de Naples.

BARI (Terre de), partie de l’anc. Apulie, entre la Basilicate, la Capitanate, la Terre d’Otrante et l’Adriatique, a 155 kil. sur 48, et 450 000 hab., dont beaucoup d’Arnautes. Elle est traversée par une chaîne des Apennins et arrosée par l’Ofanto. Le sol est très-fertile ; le climat très-chaud. Buffles, moutons à laine très-fine ; côtes très-poissonneuses ; salines.

BARILLON (N. de), ambassadeur de France près du roi d’Angleterre Charles II, était un homme de plaisir fort propre à traiter avec un tel roi. Ch. Fox a publié sa Correspondance avec Louis XIV de 1684 à 1685 (à la suite de son Histoire de Jacques II).

BARIUM, v. d’Apulie, auj. Bari.

BARJAC, ch.-l. de cant. (Gard), à 36 kil. N. E d’Alais ; 1715 hab. Houille.

BARJÉSU, faux prophète juif, que S. Paul priva de la vue à Paphos, parce qu’il s’opposait à la prédication de l’Évangile. On le nommait aussi Élymas.

BARJOLS, ch.-l. de cant. (Var), à 36 kil. E. d’Alais ; 3004 hab. Chapelle souterraine à stalactites. Huile estimée, distillerie, vermicelle, nougat.

BARJONE (Simon), c.-à-d. Simon, fils de Jone ou de Jonas, vrai nom de S. Pierre. V. PIERRE (S.).

BARKER (H.), philologue anglais, 1788-1839, donna des éditions estimées des classiques grecs et latins et publia à Londres, de 1816 à 1828, une nouvelle édit. du Thesaurus linguæ grwcæ de H. Étienne. BARKIAROC, chah de Perse de la dynastie des Seldjoucides, fils de Malekchah, monta sur le trône en 1093, et fut contraint de partager ses États avec ses deux frères Mohammed et Sandjar. Lors de la 1re Croisade, il envoya contre les chrétiens à Antioche, sous la conduite de Kerboga, une armée qui fut défaite en 1098. Il mourut en 1105.

BARKOK, chef d’une dynastie des Mamelouks circassiens en Égypte, était d’abord esclave. Il s’éleva aux premières dignités de la milice des Mamelouks, et chassa du trône le soudan Hadji (1382), de la dynastie des Baharites. Il eut à combattre plusieurs insurrections, mais il en triompha. Il rétablit l’ordre dans l’État, fonda un collége au Caire, fit défricher le Fayoum, et laissa 400 000 pièces d’or dans son épargne. Il mourut en 1399.

BARLAAM, savant moine de l’ordre de St-Basile, né dans la Calabre ultérieure vers l’an 1300, mort vers 1348. Étant allé en Grèce pour y étudier la langue de ce pays, alors entièrement inconnue en Italie, il y embrassa le schisme grec et jouit d’une grande faveur auprès de l’empereur Andronic le Jeune, qui l’envoya vers 1339 en Occident pour demander des secours contre les Turcs et les Bulgares et pour travailler à la réunion des deux églises. Il s’attira dans la suite une disgrâce pour avoir contredit les moines du mont Athos, qui soutenaient que la lumière du mont Thabor était la gloire incréée de Dieu, et il se vit forcé de quitter Constantinople. Il revint alors en Italie et rentra dans le sein de l’Église catholique. Clément VI le nomma évêque de Gerace. Barlaam a laissé un grand nombre d’écrits, parmi lesquels on distingue : Contra primatum Papæ, en grec, Hanovre, 1608 ; six livres d’Arithmétique algébrique, Paris, 1606 ; deux livres d’une Éthique selon les Stoïciens, dans la Bibliothèque des Pères. Il est des premiers qui aient fait renaître en Italie l’étude de la langue et de la philosophie grecques.

BARLÆUS (Gaspard VAN BAERLE, en latin), né en 1584 à Anvers, mort en 1648, fut ministre d’une église réformée, puis professeur de logique à Leyde, 1617 ; perdit cet emploi pour s’être déclaré en faveur de la secte des Arminiens, et fut nommé en 1631 professeur de philosophie à Amsterdam. On a de lui des poésies latines estimées, recueillies sous le titre de Poemata, Amsterdam, 1645 ; des discours latins, Orationes, 1632 et quelques écrits historiques.

BARLETTA, Barolum, v. du roy. d’Italie (Terre de Bari), ch.-l. de district, à 40 kil. N. O. de Bari, sur l’Adriatique ; 20 000 hab. Port ; grande citadelle, mais presque ruinée ; belle cathédrale ; collége fondé par Ferdinand IV ; statue colossale qu’on suppose représenter l’empereur Héraclius. La ville est belle et bien bâtie. Riche saline, pêche active. — Fondée au XIe siècle ; agrandie, embellie par Frédéric II en 1250 ; elle était considérée au XVe siècle comme un des boulevards de l’Italie. Néanmoins, elle fut prise par Gonsalve de Cordoue (1583).

BARLETTA (Fra Gabriele de), prédicateur dominicain du XVe siècle, jouit à Naples d’une grande réputation ; il attirait la foule en mêlant dans ses prédications le burlesque au sérieux. Ses sermons ont eu plus de 30 éditions tant en France qu’en Italie.

BARLOW (Joël), poète et diplomate américain, né en 1755 dans le Connecticut, prit part dans sa première jeunesse à la guerre de l’indépendance, fut à la fois ministre presbytérien et avocat, fut consul à Alger, à Tripoli, ministre plénipotentiaire à Paris (1811), et mourut en 1812 en Pologne, où il s’était rendu pour négocier avec Napoléon. Il s’est fait un nom par un poëme en 10 chants, la Vision de Colomb ou la Colombiade, qu’il publia en 1781 (réimprimé avec luxe en 1807 à Philadelphie).

BARMÉCIDES, c.-à-dire fils de Barmek, famille célèbre en Orient par son élévation et par ses malheurs, joua un rôle important sous les premiers califes abbassides. Le premier qui soit connu dans l’histoire est Khaled, fils de Barmek noble du Khoraçan : il fut promu vers 750 à la dignité de grand vizir par Aboul-Abbas, qu’il avait contribué à placer sur le trône, et conserva quelque temps cette charge sous Almanzor, dont le règne glorieux fut en grande partie son ouvrage. Il devint ensuite gouverneur de Mossoul (765), et fut chargé d’élever l’héritier du trône, Haroun-al-Raschid (778) ; il mourut peu après, avec une grande réputation de sagesse. — Son fils, Yahia, porta au plus haut point la fortune et la gloire des Barmécides. Il contribua beaucoup à assurer la couronne à Haroun, qui en reconnaissance lui donna la charge de vizir dès qu’il fut sur le trône (786) : c’est à lui qu’est dû l’éclat du règne d’Haroun-al-Raschid. — Yahia eut plusieurs fils, dont les plus connus sont : Fadhl et Djafar (le Giafar des Mille et une Nuits), qui tous deux partagèrent la fortune et la faveur de leur père ; on les nommait les Petits Vizirs. Fadhl eut l’administration de la justice, et Djafar, la surintendance du palais du calife : il était le compagnon et le confident du prince. Haroun lui confia en outre l’éducation de son fils Al-Mamoun. Au bout de 17 ans d’une prospérité sans égale, cette famille se vit tout d’un coup renversée du faîte des grandeurs et frappée de la manière la plus cruelle, par ce même Haroun-al-Raschid qui lui devait tant (803). Djafar fut décapité à Anbar, à peine âgé de 37 ans ; Yahia fut, ainsi que son fils Fadhl, envoyé dans une prison lointaine ; tous les parents ou amis des Barmécides, enveloppés de la même disgrâce, furent massacrés ou emprisonnés, et dépouillés de leurs biens. On ne connaît pas bien la cause de cette étrange révolution : selon les uns, Haroun était jaloux des Barmécides qui avaient usurpé tout le pouvoir et ne lui laissaient que le vain nom de calife ; selon d’autres, Djafar avait désobéi au calife en mettant en liberté un descendant d’Ali qu’il lui avait ordonné de mettre à mort ; selon d’autres enfin, Djafar avait séduit une sœur du prince, la belle Abbassa, pour laquelle Haroun avait lui-même une vive passion. Les malheurs des Barmécides ont été chantés par les poëtes orientaux ; ils ont aussi fourni le sujet de plusieurs tragédies, de celle entre autres que La Harpe fit représenter en 1778.

BARMEN, v. de la province rhénane (régence de Dusseldorf), sur la Wüpper, est contiguë à Elberfeld ; 43 000 hab. Industrie florissante. Tissage du coton, métiers à toile, rubans, velours, quincaillerie. Cette ville a été formée tout récemment par la réunion de 8 villages compris dans la vallée de la Wüpper.

BARNABÉ (S.), un des premiers disciples des apôtres, cousin de S. Marc, était Juif et établi en Chypre. Il se convertit peu après S. Paul qui avait été son condisciple, alla avec lui prêcher la foi aux Gentils, parcourut l’Asie-Mineure, la Syrie, la Grèce, et souffrit, à ce qu’on croit, le martyre à Salamine en Chypre, vers l’an 63. On a sous son nom un Évangile et ses Actes, qui sont apocryphes, et une Épître dont l’authenticité est plus vraisemblable (dans les collections des Pères). On le fête le 11 juin. L’église de Milan le reconnaît pour son apôtre.

BARNABITES, ordre religieux de clercs réguliers, institué à Milan, en 1530, par Antoine-Marie Zaccaria, tire son nom d’une église dédiée à S. Barnabé, dans laquelle cet ordre s’établit d’abord. Ces religieux se vouent aux missions, aux prédications et à l’instruction de la jeunesse, et font vœu de ne pas rechercher les dignités de l’Église. Ils fondèrent en Italie, en Espagne, en Autriche, en Bohème et en France, où ils furent appelés en 1608, des colléges qui ont fourni un grand nombre d’hommes célèbres, tels que J. Morigia, A. Torniel, Côme d’Ossène, le P. Niceron. Les Barnabites n’existent plus qu’en Italie et en Espagne.

BARNAOUL, v. de la Russie d’Asie (Tomsk), sur le Barnaoul, à 380 kil. S. de Tomsk, 10 000 h. Siége de la direction des mines de l’Altaï. Fonderie ; manufacture de glaces ; fours à chaux. La v. doit son origine à des usines fondées en 1730 par Nikita Demidoff. BARNAVE (Pierre-Joseph-Marie), né en 1761 à Grenoble, était déjà célèbre dans cette ville comme avocat lorsqu’éclata la Révolution. Partisan des idées nouvelles, il fut nommé député du tiers état aux États généraux par le Dauphiné, et bientôt il s’acquit, par son éloquence et son ardent amour pour la liberté, une très-haute influence et une grande popularité. Il parla dans toutes les discussions importantes, et souvent il osa lutter contre Mirabeau. Barnave, qui avait combattu avec énergie la royauté tant qu’il s’agissait de faire reconnaître les droits du peuple, voulut combattre pour la royauté lorsqu’il fut question de lui enlever à elle-même ses droits légitimes. Dès ce moment, sa popularité chancela, et il la perdit bientôt entièrement. Ayant été envoyé comme commissaire à Varennes, après l’arrestation de Louis XVI dans cette ville, il revint dans la voiture même du roi pour mieux assurer son retour, mais il lui témoigna les plus grands égards, ainsi qu’à la reine. Cette noble conduite le fit regarder comme un déserteur de la cause du peuple. Après la session, il se retira à Grenoble : il y exerçait les fonctions de maire lorsque l’ouverture de l’armoire de fer vint, après la journée du 10 août, découvrir une correspondance qu’il avait entretenue avec la cour dans les derniers temps ; il fut arrêté le 19 août 1792, resta 15 mois dans les prisons de Grenoble, et fut ensuite conduit à Paris, où il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. Il n’avait que 32 ans. Un de ses plus éloquents discours est celui qu’il prononça devant ses juges. Il laissait de nombreux manuscrits, qui ont été publiés en 1843 par les soins. de M. Bérenger, sous le titre d’Œuvres de Barnave.

BARNES (Josué), savant helléniste, né à Londres en 1654, mort en 1712, fut professeur de grec à Cambridge. Il a laissé, outre plusieurs ouvrages originaux, des éditions estimées d’Euripide, Cambridge, 1694 ; d’Anacréon, 1705 ; et d’Homère, 1710. Il avait beaucoup d’érudition, mais peu de jugement et de goût, ce qui fit dire au spirituel Bentley que Barnes savait le grec aussi bien qu’un savetier d’Athènes.

BARNET, b. d’Angleterre (Hertford), à 16 k. N. O. de Londres ; 2400 hab. Warwick, alors général de Henri VI, y fut battu et tué par Édouard d’York, 1471.

BARNEVELDT (Jean OLDEN-), grand pensionnaire de Hollande, magistrat intègre, négociateur habile, et ardent ami de la liberté de son pays, naquit en 1549 à Amersfoort, remplit diverses missions près d’Élisabeth, de Jacques I et de Henri IV, et eut la gloire de conclure avec l’Espagne en 1609 le traité qui assurait l’indépendance des Provinces-Unies. À la tête du parti républicain, il s’opposa de tout son pouvoir à l’ambition du stathouder Maurice de Nassau, qui menaçait la liberté de la Hollande ; il se vit par là exposé aux attaques les plus violentes. Deux fois il voulut se retirer des affaires ; il ne fut retenu que par les instances des députés des États. Maurice, ayant enfin pris le dessus, le fit condamner comme hérétique en 1618 par le synode calviniste de Dordrecht, parce qu’il avait embrassé la doctrine des Arminiens, et l’année suivante il le fit juger par une commission et condamner à mourir sur l’échafaud l’accusant d’avoir livré son pays aux Espagnols. Il subit le supplice avec la plus grande fermeté. Barneveldt était âgé de 70 ans. Sa mort a fourni à Lemierre le sujet d’une tragédie. — Il laissa deux fils, René et Guillaume. Le deuxième avait conçu le projet d’assassiner Maurice pour venger son père, et avait communiqué son dessein à René qui, sans l’approuver, n’avait cependant pas voulu le dénoncer. Le complot ayant été découvert, Guillaume échappa par la fuite ; René fut pris, et, quoiqu’innocent, il fut mis à mort (1623).

BARNEVILLE, ch.-l. de c. (Manche), à 25 kil. S. O. de Valognes ; 604 hab. Église romane.

BAROCHE (Frederico BAROCCI, dit le), célèbre peintre italien, né à Urbin en 1528, d’une famille qui avait déjà produit plusieurs artistes distingués, se forma d’abord par l’étude des tableaux de Raphaël et du Titien ; puis, quittant le sublime pour le gracieux, prit le Corrége pour modèle. Appelé à Rome par Pie IV, il exécuta pour ce pape plusieurs grands ouvrages de peinture au palais du Belvédère. Pendant son séjour à Rome, quelques peintres, jaloux de ses succès, tentèrent de l’empoisonner ; il m’avait alors que 32 ans ; les soins qu’il reçut aussitôt l’arrachèrent à la mort, mais sa santé en fut profondément altérée pour le reste de ses jours. Il vécut cependant encore longtemps et put produire de nouveaux chefs d’œuvre. Il mourut à Urbin à 1612, à 84 ans. Ceux de ses tableaux qu’on estime le plus sont une Déposition de croix, le Pardon, l’Annonciation, le Martyre de S. Vital. Le Louvre possède de ce maître un S. Antoine, une Ste Lucie et une Madone. Il se distingue par la noblesse du style et la pureté du goût.

BARODE, v. de l’Inde anglaise (Bombay), ch. l. de district, dans le Guzzerat, à 130 kil, N. de Surate ; 100 000 hab. Beau port, vastes citernes, pagodes, hôpitaux, quelques beaux monuments, restes de la puissance des Mogols. La v. a beaucoup souffert d’un tremblement de terre en 1819.

BARŒUL, petit pays de l’anc. Flandre, donne son nom à Marc-en-Barœul et à Mons-en-Barœul (Nord).

BARON, faron ou varon (dérivé du vieil all. bar, libre, ou selon d’autres du lat. vir, homme). Ce titre n’était guère employé avant le VIe siècle. À cette époque on nommait communément hauts barons tous les grands du royaume, tous ceux qui exerçaient dans leur plénitude les droits féodaux, qu’ils fussent ducs, comtes ou évêques. Le titre de baron eut beaucoup d’éclat aux XIe, XIIe et XIIIe siècles. Les princes du sang et les fils du roi le préférèrent souvent à celui de comte ou de duc. Les Montmorency se qualifiaient de premiers barons de France, de premiers barons chrétiens. — De nos jours, le titre de baron n’est plus qu’un titre de noblesse conféré par le roi ou l’empereur et inférieur à celui de comte.

BARON (Michel BOYRON, dit), célèbre acteur, né à Paris en 1653, fut l’élève et l’ami de Molière. Doué par la nature des plus heureux dons, il sut encore les perfectionner par l’art, et mérita d’être appelé le Roscius de son siècle. Après avoir parcouru quelque temps la province, il vint à Paris et s’engagea dans la troupe de Molière. À la mort de son ami, il passa à l’hôtel de Bourgogne. Il quitta le théâtre dans la force de l’âge et du talent, à 39 ans (1691). Cependant il reparut sur la scène après une absence de près de trente ans, à l’âge de 67 ans (1720) ; il semblait n’avoir rien perdu. Il mourut en 1729. À la fois grand comique et grand tragédien, il créa plusieurs des plus beaux rôles des pièces de Molière et de Racine. Baron a composé lui-même quelques comédies : la plus connue est l’Homme à bonnes fortunes. On a dit qu’il était non seulement l’auteur et l’acteur principal, mais aussi le héros de cette pièce. Il a aussi traduit l’Andrienne de Térence. Son théâtre a été imprimé à Paris, 1759, 3 v. in-12.

BARONIUS (César), cardinal, né en 1538 à Sora, dans le roy. de Naples, mort en 1607, devint, en 1593, général de la congrégation de l’Oratoire en Italie. Clément VIII le choisit pour confesseur et le nomma en 1596 cardinal et bibliothécaire du Vatican. Il fut deux fois sur le point d’être lui-même nommé pape. Il a composé des Annales ecclésiastiques, 12 vol. in-fol., Rome, 1588-1593 : elles embrassent toute l’histoire de l’Église depuis les premiers temps jusqu’en 1198. Malgré quelques erreurs de détail, surtout dans la partie chronologique, ce grand ouvrage, entrepris pour rectifier ce qu’il y avait d’inexact dans les Centuries de Magdebourg, est resté classique en son genre. Il a été continué par Rainaldi, Laderchi et Theiner. L’ouvrage entier a été réimprimé à Lucques, en 38 vol. in-fol., 1738-57.

BARONNET, titre de noblesse créé en Angleterre en 1611, par Jacques I, vient après celui de baron et est héréditaire. Ce titre, qui donne droit de placer le mot Sir devant son nom, se vendit d'abord; depuis, il a été conféré gratuitement et réservé aux illustrations de tout genre.

BARONNIES (les), petit pays du H.-Dauphiné, au S., répond auj. à une partie du dép. de la Drôme. On y distinguait les deux baronnies de Mévoillon et de Montauban, d'où le pays tira son nom. Toutes deux furent réunies au Dauphiné par Humbert I et ses fils vers la fin du XIIIe siècle. - On donnait aussi ce nom à une partie du B.-Armagnac, qui avait pour ch.-l. Castelmayran (Hte-Garonne).

BARONS (conjuration des), formée, après la mort d'Alphonse le Magnanime, roi de Naples et d'Aragon, contre Ferdinand, son fils, par les barons napolitains, qui lui opposaient Jean I, duc de Calabre, fils de René d'Anjou (1461). Celui-ci, d'abord vainqueur, fut bientôt abandonné de ses alliés, et Ferdinand reçut, en 1464, la soumission de tous les barons napolitains. Vingt ans après, impatients du joug, les barons se soulevèrent de nouveau; mais la conjuration fut découverte, et Ferdinand, les ayant attirés dans son palais, les y fit mettre à mort. San-Severino, prince de Salerne, échappa seul au piége : il s'enfuit en France à la cour de Charles VIII, et fut un des plus ardents promoteurs de la guerre qui, quelques années plus tard, détrôna Ferdinand.

BAROUTCH ou BROACH, Barygaza, v. de l'Inde anglaise (Bombay), ch.-l. de district, sur la Nerbudda, à 100 kil. N. de Surate; 33 000 h. Citadelle. Mousselines; grand commerce en riz, huile, grains coton. — Cédée en 1782 par les Mahrattes aux Anglais.

BAROZZIO, architecte. V. VIGNOLE.

BARQUISIMETO, v. du Vénézuela, à 145 kil. O. S. O. de Valencia, ch. l. (depuis 1830) d'une prov. qui prend son nom; 10 000 hab. — Fondée en 1552, ruinée en 1812 par un tremblement de terre.

BARR, v. d'Alsace-Lorraine, à 14 kil. N. de Schelestadt; 3976 h. Industrieuse et commerçante. Aux environs, grande forêt, dite Forêt de Barr; source minérale tiède, dite de St-Ulrich, et chapelle de Ste-Odile, but de pèlerinage.

BARRA, État de la Nigritie occid., au N. de la Gambie; 200 000 hab.; capit. Barra-Inding.

BARRABAS. V. BARABBAS.

BARRAL (l'abbé), littérateur, né à Grenoble vers 1700, mort en 1772, vint à Paris, où il se voua à l'éducation de la jeunesse, et où il se fit estimer par ses qualités. Il était zélé janséniste. Il est surtout connu par un Dictionnaire historique, littéraire et critique des hommes célèbres, 6 vol. in-8, Paris, 1758, où il donne une grande place aux hommes de son parti : on a dit que c'était le martyrologe des Jansénistes fait par un convulsionnaire. On a aussi de lui : Dictionnaire portatif, historique, géographique et moral de la Bible, 1750; Dictionnaire des antiquités romaines, extrait de Pitiscus, 1766.

BARRAS (Paul Fr. J. Nic., comte de), l'un des directeurs de la république française, né en 1755 à Fos-Emphoux (Var), d'une famille ancienne, entra de bonne heure au service, fut envoyé à l'Ile de France, puis dans l'Inde, où il concourut à la défense de Pondichéry; se retira avec le grade de capitaine; vint à Paris, où il mena quelque temps une vie fort dissipée, se jeta dans le parti de la Révolution et prit part, en 1789, à l'attaque de la Bastille. Élu député à la Convention par le département du Var en 1792, il siégea avec les Montagnards; l'année suivante il fut envoyé dans le Midi, en qualité de commissaire de la Convention, pour réprimer les mouvements des fédéralistes et des royalistes, pressa le siége de Toulon et distingua pendant ce siége le jeune Bonaparte, qui n'était encore que capitaine. Nommé au 9 thermidor (27 juillet 1794) commandant de la force armée de Paris, il s'empara de la personne de Robespierre et délivra la France du règne de la Terreur. Chargé quelque temps après de défendre la Convention contre les insurgés, il dirigea la journée du 13 vendémiaire (5 octobre 1795), et, secondé par le général Bonaparte, dispersa le peuple par la mitraille. Lors de la création du Directoire, il en fut nommé membre; il fut longtemps un des directeurs les plus influents, et forma avec Rewbell et La Réveillère une espèce de triumvirat. Pour assurer leur puissance, ces trois directeurs firent le fameux coup d'État du 18 fructidor (4 septembre 1797), et proscrivirent un grand nombre de membres des deux Conseils, accusés de tendances royalistes. Mais bientôt après, le gouvernement du Directoire tomba dans le discrédit; il fut renversé au 18 brumaire (9 nov. 1799) par le général Bonaparte. On assure qu'au moment où éclata cette révolution, Barras négociait pour replacer les Bourbons sur le trône. Il se retira dans son château de Gros-Bois, puis à Bruxelles, rentra en France sous la Restauration, et mourut oublié à Chaillot en 1829, accablé d'infirmités. Barras était un homme de mœurs dissolues; il était en outre avide d'argent. On l'accuse d'avoir dilapidé les finances et introduit dans l'administration la corruption et la vénalité.

BARRAUX, vge du dép. de l'Isère, à 34 kil. N. E. de Grenoble, et à 2 kil. des frontières de Savoie; 1800 hab. Fort construit en 1596 par Charles-Emmanuel, duc de Savoie, pris en 1597 par les Français, qui l'ont gardé par le traité de Vervins (1598).

BARRE, ch.-l. de cant. (Lozère), à 10 kil. S. E. de Florac; 421 hab. Église calviniste.

BARRÉ (Yves), vaudevilliste, né à Paris en 1750, mort en 1832, fut d'abord avocat au parlement, puis greffier à Pau. De concert avec Piis, Radet et Desfontaines, il fonda en 1792 le théâtre du Vaudeville, alors rue de Chartres. Il en eut la direction jusqu'en 1815, et enrichit d'un grand nombre de charmants vaudevilles le répertoire de ce théâtre. Il a aussi composé de joyeuses et spirituelles chansons.

BARRÊME, ch.-l. de c. (B.-Alpes), dans une vallée de même nom, à 36 kil. S. E. de Digne; 760 h.

BARRÊME (Fr.), calculateur dont le nom est devenu proverbial, né à Lyon vers 1640, mort à Paris en 1703, donna longtemps à Paris des leçons de tenue de livres et jouit de la protection de Colbert. Il a publié le Livre des Comptes faits, plus communément appelé de son nom le Barrême, 1670, et souvent réimprimé; le Livre nécessaire, contenant le calcul des intérêts 1674; le Livre du grand commerce, contenant les changes, 1691.

BARRÈRE. V. BARÈRE.

BARRETT (J. J. de), laborieux traducteur, né à Condom en 1717, mort à Paris en 1792, était fils d'un Anglais qui avait suivi le roi Jacques II en France. Il fut nommé en 1762 professeur de langue latine à l'École militaire, et trois ans après inspecteur des études dans cet établissement. Il a traduit les Offices de Cicéron, 1759, les traités de l’Amitié, de la Vieillesse et le Songe de Scipion, 1760, les Métamorphoses d'Ovide, 1778, les Œuvres de Virgile, 1782 (d'après la traduction de Catrou), l’Histoire de Tacite ouvrage posthume publié en 1811 par Delalain; l’Histoire de Florence, de Machiavel, 1784; l’Éloge de la Folie, d’Érasme, 1789; le Selectæ e profanis scriptoribus sous le titre d’Histoires et Maximes morales, etc., 1781.

BARRIA ou BAHR-ABAD, partie centrale de l'Arabie, comprend le Nedjed et les vastes déserts qui s'étendent entre l'Euphrate à l'E. et la Syrie au N. O. Ces déserts sont parcourus en tous sens par un grand nombre de tribus nomades.

BARRICADES (Journée des). Le 12 mai 1588, le duc Henri de Guise, chef des Ligueurs, étant venu à Paris malgré la défense du roi Henri III, ce prince fit entrer des Suisses dans la ville, afin de l'expulser; mais le peuple, animé par les Seize, barricada les rues avec des barriques ou tonneaux et avec des chaînes afin de s'opposer à la marche des troupes, et les força par ses attaques à reculer. Henri III effrayé quitta sa capitale le lendemain. — Le 5 août 1648, le peuple de Paris, irrité de l'arrestation de Blancmesnil, Charton et Broussel, conseillers au parlement, éleva aussi des Barricades : ce fut le commencement de la Fronde. — On connaît encore les Barricades de juillet 1830 et de février 1848. V. JUILLET et FÉVRIER.

BARRIÈRE (P.), régicide, né à Orléans, avait été d’abord batelier, puis soldat. Ayant conçu le projet d’assassiner Henri IV, il s’en ouvrit au P. Banchi, dominicain, qui révéla son coupable projet : il fut arrêté à Melun au moment où il allait exécuter l’attentat. Il fut rompu vif (1593). Le parlement accusa le P. Varade, recteur des Jésuites, de l’avoir poussé au crime, mais Henri IV prit lui-même la défense de ce père.

BARRIÈRE (J. de La), instituteur de la congrégation des Feuillants, né en 1544 à St-Céré en Quercy, mort à Rome en 1600, fut nommé en 1562 abbé de Feuillant, au diocèse de Rieux. Il réforma cette abbaye et imposa à ses moines des austérités excessives ; la nouvelle règle fut approuvée par Sixte-Quint en 1586. Pendant la guerre de la Ligue, il resta fidèle à Henri III, ce qui lui attira des persécutions. Sixte-Quint, trompé par les ennemis de ce saint homme, le dépouilla de son abbaye et le manda à Rome ; mais il fut rétabli peu après par le pape Clément VIII, et mourut à Rome en odeur de sainteté.

BARRIÈRES (traité des) ou DE LA BARRIÈRE, traité particulier signé entre la France et la Hollande, le 29 janvier 1713, quelques mois avant le traité d’Utrecht, et par lequel Louis XIV accordait aux Hollandais, comme barrières, les villes de Tournai, Ypres, Menin, Furnes, Warneton, Comines et le fort de Knock. — On connaît aussi sous le même nom un traité conclu le 15 novembre 1715 entre les Hollandais et l’Empereur, devenu possesseur des Pays-Bas espagnols : ce traité, confirmatif du précédent, accordait aux Hollandais le droit de tenir garnison dans un certain nombre de places des Pays-Bas (les mêmes que celles qui sont nommées ci-dessus).

BARROIS, anc. prov. de France, faisait partie du grand gouvernement de Lorraine, et s’étendait sur les deux rives de la Meuse, ayant pour bornes au N. la Lorraine proprement dite et une partie de l’évêché de Verdun, au S. la Champagne et les Vosges. Il forme auj. à peu près tout le dép. de la Meuse et une partie de celui des Vosges ; capit., Bar-le-Duc. Il dépendait pour le spirituel en partie de l’évêché de Verdun, en partie de l’évêché de Toul. On le divisait en Barrois royal ou mouvant et Barois ducal ou non mouvant. Le 1er, situé sur la riv. g. de la Meuse, dépendait du parlement de Paris ; le 2e, situé sur la riv. dr., dépendait du parlement de Nancy. — Ce pays, connu dès le Ve siècle sous le nom de pagus Barrensis, fut enclavé dans le roy. d’Austrasie, puis, au IXe siècle, compris dans le duché de Haute-Lorraine ou de Mosellane. Il eut une suite de comtes peu connus. L’affaiblissement des Carlovingiens permit aux comtes de Bar de se rendre indépendants ; ils le furent en effet depuis 958 jusqu’en 1302. À cette époque, Henri III, comte de Bar, s’étant allié aux Anglais contre la France, fut battu et fait prisonnier par Philippe le Bel. Pour obtenir sa liberté, il fut obligé de faire hommage au roi de France de tout ce qu’il possédait sur la rive de la Meuse. C’est de ce moment que date la distinction du Barrois mouvant (c.-à-d. relevant de la couronne) et du Barrois non mouvant. En 1354, le comté de Bar fut érigé en duché en faveur de Robert, qui épousa Marie de France, fille du roi Jean. Le cardinal de Bar, resté seul des 4 enfants de ce prince, hérita du duché ; mais il en céda la propriété, en 1419, à son petit-neveu René, duc de Guise, qui, devenu en 1431, duc de Lorraine, réunit les deux États. Depuis, le Barrois, tout en conservant ses droits, ses coutumes et sa juridiction particulière, suivit les destinées de la Lorraine.

BARROS (J. de), célèbre historien portugais, né à Viseu en 1496, mort en 1571, fut, sous le règne de Jean III, gouverneur général des établissements portugais sur la côte de Guinée, puis trésorier et enfin agent général des colonies. Profitant des lumières que lui fournissait sa position, il rédigea, sous le titre d’Asie portugaise, Lisbonne,1552 et années suivantes, une histoire des Portugais dans l’Inde (de 1412 à 1526) en 4 décades ou 40 livres, ouvrage classique pour le style autant que pour l’exactitude des faits, et qui a beaucoup contribué à fixer la langue. Cette histoire lui a valu le titre de Tite-Live portugais. Elle a été augmentée de 8 décades nouvelles par D. de Couto. Les deux ouvrages ont été réunis à Lisbonne, 1778-88, 24 vol. in-8.

BARROW (Isaac), savant anglais, né à Londres en 1630, mort en 1677, était philologue, mathématicien et théologien. Il obtint en 1660 une chaire de grec à Cambridge ; en 1662, il fut chargé d’une chaire de mathématiques et eut la gloire de compter Newton au nombre de ses élèves ; il fut reçu en 1662 à la Société royale. En 1669, il résigna sa chaire de mathématiques en faveur de Newton. Depuis, il se livra tout entier à la théologie et devint chapelain de Charles II. Il fut nommé, en 1675, chancelier de l’Université de Cambridge. Barrow a traduit et éclairci les traités des géomètres grecs, a fait lui-même un assez grand nombre de découvertes en géométrie et a mis sur la voie de la découverte du calcul différentiel. Ses ouvrages mathématiques sont : des Leçons d’Optique et de Géométrie, Londres, 1674, en latin, où il expose les découvertes qui lui sont propres ; une traduction latine d’Archimède, d’Apollonius, Londres, 1675 ; une Exposition des éléments d’Euclide, 1659 et 1698. On a aussi de lui des Œuvres théologiques, morales et poétiques, que Tillotson a recueillies à Londres en 1682, en 3 vol. in-fol., et qui ont été réimprimées en 1859, en 9 vol.

BARROW (J.), voyageur et administrateur anglais, 1764-1849, accompagna lord Macartney en Chine et au Cap, fut après son retour secrétaire général de l’Amirauté, seconda les expéditions scientifiques de Ross et de Franklin, et devint président de la Société géographique de Londres. On a de lui : Voyages dans le Sud de l’Afrique et à la Cochinchine, la Vie d’Anson, celle de Drake, etc.

BARROW (détroit de), au N. de l’Amérique, entre le détroit de Lancastre à l’E. et celui du Prince-régent à l’O., par 74° lat. N.

BARRUEL (l’abbé Augustin), jésuite, né en 1741, à Villeneuve de Berg, mort en 1820, avait été membre de la Société de Jésus. Il rédigea le Journal ecclésiastique depuis 1787, émigra en 1792, rentra en France après le 18 brumaire, et publia l’apologie du Concordat de 1801 dans le livre Du Pape et de ses droits. Ses ouvrages principaux sont : les Helviennes, 1781, lettres où il combat la philosophie du XVIIIe s. ; Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme, 1797, écrits avec diffusion et qu’on accuse de partialité.

BARRUEL-BEAUVERT (Ant. JOS., comte de), écrivain royaliste, né en 1756, au château de Beauvert près Bagnols, mort en 1817, servit jusqu’à la Révolution dans les troupes roy., s’offrit pour otage de Louis XVI après le voyage de Varennes, rédigea en 1795 les Actes des Apôtres, feuille monarchique, fut condamné à la déportation, mais échappa à la peine en se cachant, et finit par se rallier à l’Empire. On a de lui quelques écrits de circonstance, justement oubliés.

BARRY (Gérald), Giraldus Cambrensis, vieil écrivain anglais, né vers 1146 à Mainarpir près de Pembroke, dans le pays de Galles, obtint de riches bénéfices sous Henri II et Richard I ; administra l’évêché de St-David, qu’il tenta vainement d’obtenir pour lui-même ; fut chargé par Richard I (Cœur de Lion), qui partait pour la croisade, de gouverner le royaume en son absence, et mourut vers 1220. On a de lui Topographia Hiberniæ, Itinerarium Cambriæ, De rebus a se gestis (journal de sa vie, remarquable surtout par la vanité de l’auteur) ; Ecclesiæ speculum, où il censure sévèrement les mœurs des Moines. Ses ouvrages ont été publiés par Camden, dans sa Collection d'anciens historiens, Francfort, 1602, in-fol.

BARS ou BREMSEMBURG, v. de Hongrie, dans le comitat de même nom et dans le cercle en deçà du Danube, sur le Gran, à 6 kil. N. O. de Lewenz. Jadis forteresse importante. — Le comitat compte 142 000 hab. (Hongrois, Slaves, Allemands), et a pour ch.-l. Kremnitz.

BARSAC, bourg de France (Gironde), sur la riv. g. de la Garonne, à 35 kil. S. E. de Bordeaux, à 13 kil. N. O. de Langon; 1364 hab. Vins blancs. Station.

BARSINE, veuve de Memnon, général perse, était fille d'Artabaze, et fut prise à Damas, avec les autres femmes de la suite du roi de Perse. Alexandre en fit sa concubine, et en eut un fils nommé Hercule. Cassandre les fit mourir tous deux.

BART (Jean), intrépide marin français, né à Dunkerque en 1650, mort en 1702, était fils d'un pêcheur. Après avoir servi quelque temps sous Ruyter, dans la marine hollandaise, il revint en France quand la guerre éclata avec la Hollande, et équipa un corsaire avec lequel il fit beaucoup de mal à l'ennemi. Instruit de ses exploits, Louis XIV l'appela dans la marine militaire, quoiqu'on n'y admît d'ordinaire que des nobles. Nommé en 1691 chef d'escadre, Jean Bart rendit les plus grands services : étant parvenu à sortir avec sept frégates du port de Dunkerque que bloquaient étroitement les Anglais, il brûla plus de 80 bâtiments ennemis, fit une descente à Newcastle, et revint avec un immense butin. En 1694, il préserva son pays de la disette en faisant entrer à Dunkerque, malgré le blocus, une flotte considérable chargée de grains, et en reprenant un convoi important dont les Anglais s'étaient emparés : dans ce dernier combat, il attaqua à l'abordage une flotte beaucoup plus considérable que la sienne, et tua de sa propre main le contre-amiral. Il ne se reposa qu'à la paix de Ryswick (1697). Louis XIV lui donna des titres de noblesse et voulut le voir : comme sa brusque franchise et ses manières gauches prêtaient à rire aux courtisans, le roi prit plus d'une fois la peine de le défendre lui-même contre leurs sarcasmes. Sa Vie a été publiée en 1780. Statue à Dunkerque.

BARTENSTEIN, v. de Wurtemberg, à 12 kil. N. O. de Gerabronn; 1100 habitants.

BARTHE (Nic. Thomas), auteur dramatique, né à Marseille en 1734, m. en 1785. La meilleure de ses pièces est la comédie des Fausses infidélités (1768).

BARTHE (Félix), jurisconsulte et homme d'État, né à Narbonne en 1795, m. en 1863; se fit remarquer de bonne heure par son talent comme avocat et par l'ardeur de son opposition contre la Restauration; défendit les quatre sergents de la Rochelle; prit part aux protestations provoquées par les ordonnances du 26 juillet 1830; fut nommé député de Paris; devint ministre de l'instruction publique (1830), de la justice (1831-34), puis premier président de la Cour des comptes (1834); fut de nouveau ministre de la justice (1837-39), reprit alors son poste à la Cour des comptes, fut révoqué en 1848 et rétabli en 1849; fut nommé sénateur en 1852.

BARTHÉLEMITES, clercs séculiers vivant en commun, ainsi nommés de Barthélemy Holzhauser qui fonda cet ordre à Saltzbourg en 1640 pour l'éducation des jeunes gens et des ecclésiastiques. Malgré la protection de l'empereur Léopold et du pape Innocent XI, cet ordre avait cessé d'exister dès 1795.

BARTHÉLEMY (S.), l'un des douze apôtres. On croit qu'il prêcha l'Évangile dans les Indes et en Éthiopie. Il souffrit le martyre en Arménie vers 71. On le fête le 24 août. Quelques-uns l'identifient avec Nathanaël, un des 72 disciples. On lui a attribué un Évangile qui est rangé parmi les livres apocryphes.

BARTHÉLEMY (Pierre), prêtre de Marseille, se croisa en 1096, anima l'ardeur des Croisés, au siége d'Antioche, en leur persuadant qu'il avait trouvé miraculeusement la lance qui avait percé le flanc du Sauveur et que cette arme divine allait mettre en fuite les infidèles. Sa prétendue découverte ayant rencontré des incrédules, il subit l'épreuve du feu pour la confirmer, mais il succomba peu après, 1099.

BARTHÉLEMY DES MARTYRS, évêque portugais, né en 1514 à Lisbonne, fut baptisé dans l'église de Notre-Dame des Martyrs, d'où lui vient son nom, et entra chez les Dominicains. Il fut précepteur de don Antonio, neveu du roi Jean III, fut nommé en 1559 archevêque de Braga, se démit de son évêché pour s'enfermer dans un couvent, et mourut en 1590, en odeur de sainteté. Il a laissé des écrits parmi lesquels on remarque : un Compendium spiritualis doctrinæ, trad. en 1699 par Godeau sous le titre de Maximes de la vie spirituelle; et le Stimulus pastorum ou Devoirs et Vertus des évêques, trad. en francais par Melle, 1672. Lemaistre de Sacy a écrit sa Vie.

BARTHÉLEMY (l'abbé J. J.), savant archéologue, né en 1716 à Cassis près d'Aubagne en Provence, mort en 1795, vint à Paris en 1744, après avoir étudié, outre les langues classiques, l'hébreu, le syriaque, le chaldéen et l'arabe. Attaché au cabinet des médailles par Gros de Boze, garde de ce cabinet, il le remplaça à sa mort, en 1753. Il enrichit le cabinet de nombreuses acquisitions : dans ce but il parcourut l'Italie et visita les ruines de Pompéies, de Pæstum et d'Herculanum. Pendant son séjour à Rome il connut le duc de Choiseul. L'abbé Barthélemy, qui ne s'était d'abord fait connaître que par des travaux d'érudition, publia en 1788 un ouvrage qui lui fit prendre rang dans les lettres, le Voyage du jeune Anacharsis. Au moyen d'un cadre simple et ingénieux, il y présentait, dans un style élégant, le tableau fidèle de la Grèce au siècle de Périclès et de Philippe; il avait employé 30 années à élever ce monument; on estime surtout l’Introduction de l'ouvrage. La Révolution dépouilla Barthélemy de la plupart de ses places; il fut même un instant emprisonné, en 93; cependant on lui rendit bientôt la liberté et sa place de garde du cabinet des médailles. Il la conserva jusqu'à sa mort. Il avait été reçu en 1747 à l'Académie des inscriptions, et en 1789 à l'Académie française. Outre le Voyage d'Anacharsis (souvent réimprimé), Barthélemy a donné un grand nombre de dissertations savantes, insérées dans les Mémoires de l'Acad. des inscriptions ou publiées à part. On remarque surtout les Réflexions sur l'alphabet et la langue de Palmyre, 1754; les Réflexions sur quelques monuments phéniciens, 1758; l’Explication de la mosaïque de Palestrine, 1760. Sainte-Croix a donné en 1798 ses Œuvres diverses. Villeneuve a publié en 1821 la meilleure édition de ses Œuvres complètes, 4 vol. in-8. Barthélemy avait rédigé en 1792 et 93 des Mémoires sur sa vie qui se trouvent entête de plusieurs éditions du Voyage d'Anacharsis.

BARTHÉLEMY (le marquis François), l'un des directeurs de la république française, né en 1750, à Aubagne en Provence, mort à Paris en 1830, était neveu du précédent. Protégé par le duc de Choiseul, ami de son oncle, il suivit avec succès la carrière de la diplomatie. Nommé ministre de France en Suisse pendant la Révolution, il conclut à Bâle, en 1795, deux traités, l'un avec la Prusse, l'autre avec l'Espagne, qui commencèrent à mettre un terme à la guerre européenne. Sa réputation de modération le fit porter au Directoire (20 mai 1797); mais cette modération même, et les dispositions royalistes qu'on lui supposait, l'en firent exclure au 18 fructidor. Déporté à Cayenne, il fut bientôt après transféré avec ses compagnons d'infortune dans les déserts pestilentiels de Sinnamari; mais il parvint à s'échapper et fut accueilli dans la Guyane hollandaise, où on lui fournit les moyens de se rendre en Angleterre. Il rentra en France après le 18 brumaire, et devint membre du sénat conservateur. S'étant rallié à la Restauration, il fut un des commissaires chargés par Louis XVIII de rédiger la Charte, puis nommé pair et marquis. Il fit en 1819 une proposition célèbre, qui avait cour but de restreindre les droits électoraux. — Son nom et son titre de marquis passèrent, après sa mort, à son petit-neveu, M. Sauvaire-Barthélemy, qui siéga en 1848 à l'Assemblée constituante.

BARTHÉLEMY (la SAINT-). On nomme ainsi le massacre des Protestants ordonné dans toute la France par Catherine de Médicis et Charles IX, et qui eut lieu le 24 août 1572, jour de la St-Barthélemy. On a émis les opinions les plus contradictoires sur le nombre des victimes, les uns l'élevant jusqu'à 60 000, les autres l'évaluant à 3000 à peine. Coligny, le jeune La Rochefoucauld, Caumont de La Force, de Guerchy, Antoine de Clermont le marquis de Renel, Pardaillan, le capitaine de Piles, furent les principales victimes de cette horrible boucherie. Beaucoup de Catholiques périrent eux-mêmes assassinés par leurs ennemis personnels. Dans plusieurs provinces cependant, les gouverneurs refusèrent d'obéir aux ordres sanguinaires de Charles IX. On connaît la réponse attribuée au comte d'Orthes, gouverneur de Bayonne : « Sire, je n'ai trouvé parmi les gens de guerre de la garnison que bons citoyens et braves soldats, mais pas un bourreau. » Loin de mettre un terme aux luttes intestines, comme le prétendaient les instigateurs, la St-Barthélemy ne fit que les rendre plus violentes et devint le signal d'une nouvelle guerre de religion.

BARTHEZ (Paul Jos.), célèbre médecin français, né à Montpellier en 1734, mort en 1806, était fils d'un ingénieur des ponts et chaussées. Il étudia à Montpellier, fut reçu docteur à 20 ans, puis vint à Paris, fut deux fois couronné par l'Académie des inscriptions, et se lia avec les savants les plus distingués, entre autres d'Alembert, qui le fit travailler à l’Encyclopédie. Il fut en 1756 nommé médecin d'un hôpital militaire, puis envoyé comme officier de santé à l'armée de Westphalie. Il obtint en 1759, à la suite d'un brillant concours, une chaire de médecine à Montpellier, se voua désormais tout entier à l'enseignement, et y eut pendant plus de 20 ans les plus éclatants succès. Appelé à Paris en 1780, il fut nommé médecin consultant du roi, médecin du duc d'Orléans et conseiller d'État. En 1801 il devint médecin du premier consul et fut élu correspondant de l'Institut. Ses principaux ouvrages sont : Oratio de principio vitali hominis, Montpellier, 1773 ; Nova Doctrina de functionibus corporis humani, 1774; Nouveaux Éléments de la science de l'homme, 1778, le plus important de tous ses écrits; Nouvelle Mécanique des mouvements de l'homme et des animaux, 1802; Histoire des maladies goutteuses, 1802; Traité du Beau, posthume, 1807. A une étude profonde du corps humain, au talent de généraliser, Barthez joignait une érudition prodigieuse : il possédait presque toutes les langues de l'Europe. En médecine, il renonça aux explications purement chimiques ou mécaniques, et reconnut la nécessité d'admettre, pour expliquer les phénomènes physiologiques, une force spéciale, distincte des propriétés générales de la matière, et qui même peut quelquefois les combattre : c'est ce qu'il appelait principe vital.

BARTHIUS (Gaspard DE BARTH, en latin), savant critique allemand, né en 1587 à Custrin, mort en 1658, était fils d'un professeur de droit et se fit remarquer par sa précocité. Il a laissé des commentaires estimés sur Claudien, Francfort, 1650, sur Stace, 1664, sur Juvénal (publ. seulement en 1827), un poëme latin, en 12 chants, Zodiacus vitæ christianæ, 1623, et des mélanges sous le titre d’Adversaria, 1624. — Fréd. Gottlieb Barth, de Wittemberg, 1138-94, est auteur d'une édition de Properce, Leipsick, 1777.

BARTHOLE, célèbre jurisconsulte, né en 1313 à Sasso-Ferrato en Ombrie, enseigna le droit à Pise et à Pérouse, et fut député par cette dernière ville auprès de l'empereur Charles IV, dont il se concilia la bienveillance, et qui le nomma conseiller. Il abrégea sa vie par sa trop grande assiduité à l'étude, et mourut en 1356, à 44 ans. Jusqu'à lui, on s'était contenté de faire, sous le titre de Gloses, des notes fort courtes sur les passages obscurs du Corpus juris; Barthole est le premier qui ait fait des commentaires suivis sur toutes les parties du texte : il y réussit si bien, que les jurisconsultes qui l'ont suivi l'ont, d'un commun accord, regardé comme leur maître. Dumoulin l'appelle le coryphée des interprètes du droit. Le principal ouvrage de Barthole est intitulé : Lecturæ in tres libros Codicis, Naples, 1471, in-fol. Toutes ses œuvres ont été imprimées en 10 vol. in-fol., Venise, 1590. On y remarque un écrit bizarre : Processus Satanæ contra Virginem coram judice Jesu. On lui attribue la rédaction de la fameuse bulle d'Or. Il a paru à Munich une nouvelle édition complète de ses Œuvres, 1845-46, 8 vol. in-4. On doit à M. Vidalin une Étude sur Barthole, 1856.

BARTHOLIN, savante famille danoise, qui a produit plusieurs médecins distingués. Le plus connu, Thomas Bartholin, né à Copenhague en 1616, mort en 1680, fut professeur de médecine à Copenhague. Ses principaux ouvrages sont : Anatomia, 1641; De luce Animalium, 1641; De monstris in natura et medicina; Acta medica et philosophica Hafniensia, année 1672; De veterum puerperio, 1676: Bartholin a fait plusieurs découvertes anatomiques, particulièrement sur les vaisseaux lactés, thoraciques, et lymphatiques.

BARTOLE. V. BARTHOLE.

BARTOLI (Daniel), jésuite, né à Ferrare en 1608, mort à Rome en 1685, remplit d'abord avec succès le ministère de la prédication dans les principales villes d'Italie, et se livra ensuite au travail de cabinet. On lui, doit une Histoire de la Compagnie de Jésus, Rome, 1653-73 en italien, en partie trad. en latin, par M. L. Jannin, Lyon, 1666-71; l’Uomo di lettere, traduit en latin et en français; l’Ortografia italiana, 1672. Ses ouvrages ont été plusieurs fois imprimés, notamment à Turin, 1825, 12 vol. in-8.

BARTOLI (Pietro Santi), peintre et graveur à l'eau-forte, élève du Poussin, né à Pérouse en 1635, mort en 1700, a gravé un grand nombre de monuments antiques d'après ses propres dessins. Ses principaux ouvrages sont: Admiranda Romanarum antiquitatum vestigia, Rome, 1693, in-fol.; Colonna Trajana, en italien; Colonna Antonina, Gli antichi sepolcri, 1697, in-fol.; Musæum Odescalcum, 1747 et 1751, in-fol. On a publié à Paris, de 1757 à 1783, un Recueil de peintures antiques d'après P. S. Bartoli, avec la description par Mariette et Caylus. Comme graveurs sa manière manque de correction.

BARTOLINI (Lorenzo), sculpteur florentin, 1776-1850, vint étudier à Paris sous Lemot, futé sur la recommandation de Denon, chargé par Napoléon de fonder une école de sculpture à Carrare, devint professeur à l'Académie des beaux-arts de Florence et correspondant de l'Institut de France. Parmi ses ouvrages, on remarque des bustes de Napoléon (au Louvre), de Méhul, Denon, Cherubini, Mme de Staël, Byron, C. Delavigne, Rossini, le monument de lady Strattford Canning, à Lausanne, et un des bas-reliefs de la place Vendôme, à Paris. Il est un des artistes modernes qui ont le plus approché de la` simplicité et de la pureté de l'antique.

BARTOLOMEO (Fra). V. BACCIO.

BARTON (Élisabeth), dite la sainte de Kent, femme fanatique, née vers 1500, dans le comté de Kent en Angleterre, entra comme religieuse au couvent du St-Sépulcre à Cantorbéry et se donna pour prophétesse. Des hommes graves, entre autres l'évêque Fisher, crurent à sa bonne foi. S'étant avisée de prédire à Henri VIII que s'il divorçait pour épouser Anne de Boulen, il perdrait sa couronne et périrait un mois agrès, le roi la fit juger comme criminelle d'État, et lui fit trancher la tête, ainsi qu'à quelques fanatiques dont elle était l'instrument (1534).

BARUCH, un des douze petits prophètes, de la tribu de Juda, prophétisait vers l'an 606 av. J.-C. Il fut disciple et compagnon de Jérémie, qu'il suivit en Égypte lors de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Après la mort du prophète, il rejoignit les Juifs captifs à Babylone. C'est là qu'il publia ses prophéties, dans lesquelles on trouve une éloquence qui enthousiasmait La Fontaine. Les Juifs et les Protestants ne reconnaissent point comme canonique le livre de Baruch, qui n'existe plus qu'en grec.

BARUFFALDI (Jérôme), littérateur ferrarais, né en 1675, mort en 1755, fut professeur de belles-lettres et grand vicaire à Ferrare, et forma chez lui-même une petite académie, sous le titre de la Vigna. Il a composé un grand nombre d'ouvrages en prose et en vers. Les principaux sont : Les Poëtes de Ferrare, en latin; l’Histoire de Ferrare, de 1555 à 1700; Il Grillo, poëme en 10 chants, 1738: Il Canapaio (le Chanvre), en 8 chants.

BARYGAZA, auj. Baroutch? gr. v. de l'Inde anc., sur le Lamnée, Nerbudda, près de son embouchure.

BAS, petite île de la Manche sur la côte sept. du dép. du Finistère, dont elle dépend, au N. de St-Pol-de-Léon, 5100 hab. Rade de refuge.

BAS-EN-BASSET, ch.-l. de cant. (Haute-Loire) à 18 kil. N. d'Yssengeaux; 4500 hab. Dentelles et rubans.

BAS-EMPIRE. On désigne sous ce nom significatif l'empire romain à son temps de décadence, époque que les uns font commencer, pour l'empire entier, au règne de Constantin, et pour l'empire d'Orient, après Théodose. L’Histoire du Bas-Empire a été écrite par Le Beau et Ameilhon. Paris, 1757, 29 vol. in-12. V. ORIENT (empire d').

BASAN, contrée de la Judée. V. BATANÉE.

BASAN (Fr.), graveur et marchand d'estampes, né à Paris en 1723, mort en 1797, a fait plusieurs collections de gravures très-estimées. Son Œuvre se compose de 650 estampes et forme 6 vol. in-fol, Paris, 1762-79. On a aussi de lui un Dictionnaire des graveurs, 1767, 3 vol. in-12, réimprimé en 1809.

BASEDOW (J. Bernard), né à Hambourg en 1723, mort à Magdebourg en 1790, enseigna la morale et les belles-lettres à Soroë et à Altona en Danemark, et se livra en même temps avec ardeur à la théologie; mais, s'étant attiré des persécutions à cause de la hardiesse de ses opinions, il renonça à l'enseignement et à la théologie pour s'occuper de pédagogie. Il tenta de réformer l'éducation et proposa dans divers écrits un système nouveau dont il avait puisé l'idée dans l’Émile de Rousseau, et par lequel il voulait exercer les forces physiques autant que les facultés de l'âme. Il trouva de nombreux approbateurs, et, aidé par le prince d'Anhalt-Dessau, il fonda, en 1774, à Dessau, sous le titre de Philanthropinon, une école-modèle où il devait appliquer ses principes. Cet établissement eut peu de succès, sans doute parce que Basedow, quoique plein de zèle pour le bien, était grossier dans ses manières et même enclin à l'intempérance. Ses principaux ouvrages sont : Philosophie pratique pour toutes les conditions, 1758 ; De l'éducation des princes, trad. par Bourgoing, 1777; Philaléthie ou Considérations sur les vérités de la religion et de la raison, 1764, où il prêchait une religion purement naturelle, ce qui fut la source des difficultés qu'il éprouva; Recueil des connaissances nécessaires à l'instruction de la jeunesse (avec 100 gravures), 1774, où il résume tout ce qu'il avait écrit sur l'éducation.

BASEILHAC. V. COSME (Frère).

BASIENTO, Casuentus, riv. du territoire napolitain (Basilicate), naît près de Potenza et tombe dans le golfe de Tarente après un cours de 80 kil. Métaponte (auj. détruite) était à son embouchure.

BASILAN, île de l'archipel Soulou, au S. O. de Mindanao, a env. 90 kil. de tour. Repaire de pirates, qui furent châtiés en 1845 par les Français. L'île a été occupée en 1853 par les Espagnols.

BASILE (S.), surnommé le Grand, Père de l'église grecque, né en 329 à Césarée en Cappadoce, de parents chrétiens, mort en 379, étudia les lettres à Constantinople et à Athènes où il se lia avec S. Grégoire de Nazianze et avec le prince Julien (alors catholique, et depuis apostat); professa la rhétorique à Césarée, et y exerça quelque temps avec distinction la profession d'avocat. En 357, il renonça au monde, se retira dans une solitude du Pont, et y fonda, sur les bords de l'Iris, un monastère qui fut le modèle de presque tous ceux qui s'établirent depuis en Orient (V. ci-après Ordre de St-Basile.) En 370, il fut nommé archevêque de Césarée; il s'occupa avec zèle d'instruire son peuple, chercha à rétablir la paix dans l’Église, et combattit plusieurs hérésies. Il résista à l'empereur Valens, qui voulait le forcer à embrasser l'Arianisme, mais qui ne put cependant se décider à signer l'arrêt de son exil. On le fête le 14 juin. S. Basile a laissé des Homélies, des traités de Morale et d’Ascétisme, des Commentaires sur diverses parties de l'Écriture, et un grand nombre de Lettres. Partout on y admire, avec l'onction du pieux évêque, une éloquence gracieuse et fleurie, unie à une dialectique rigoureuse et à des connaissances profondes : il possédait les lettres profanes aussi bien que la science sacrée. Le plus estimé de ses ouvrages est l’Hexaméron ou Les six jours de la création. On remarque aussi son traité de la Lecture des auteurs profanes. Ses œuvres ont été réunies en 3 vol. fol., gr.-lat., par dom Garnier et dom Maran, Paris, 1721-1730, et réimprimées par les frères, Gaume, 1835-1840, et dans la collection de l'abbé Migne. Les Homélies et les Lettres ont été trad. en français par l'abbé de Bellegarde, 1691 ; l’Hexaméron, par l'abbé Auger, 1788; les Ascétiques, par Hermant, 1661; un des traités de Morale, par l'abbé Leroy, 1663; le Discours sur l'utilité des livres profanes, par Frémion, 1819. M. Roustan a publié une traduction complète de S. Basile, 12 vol. in-8, 1846 et suiv. Hermant a donné sa Vie, 1674; M. Fialon une Étude histor. et litt. sur S. Basile, suivie de l’Hexaméron trad. en français, 1865.

BASILE I, le Macédonien, empereur grec de 867 à 886, né en Macédoine de parents pauvres, était d'abord simple écuyer et obtint la faveur de l'empereur Michel III, par son adresse à dresser les chevaux. Michel se l'associa en 866, en reconnaissance de ce qu'il l'avait délivré du patrice Bardas (V. ce nom); peu de mois après, Basile, sachant que Michel méditait sa perte, se plaça seul sur le trône en lui donnant la mort. Il se montra digne de la couronne, fit avec succès la guerre en Orient, repoussa les Sarrasins de la Sicile, fit fleurir la justice et réforma les abus. Il chassa Photius du siége de Constantinople pour y replacer Ignace, mais il l'y rappela après la mort de ce patriarche. On a de lui un traité de l’Art de régner, adressé à son fils Léon (publié à Palerme, 1584, grec-latin, et trad. en français par dom Porcheron, 1590). Il avait commencé en 877 un recueil de lois en 60 liv., que son fils termina et qui est connu sous le titre de Basiliques : c'est une traduction grecque des Institutes, du Digeste et du Code Justinien, avec des compléments. Ce recueil a été publié en 1647 à Paris par Fabrot, 7 vol. in-fol., et à Leipsick, par Heimbach, 1831-49, 5 vol. in-4.

BASILE II, le Jeune, empereur grec, fils de Romain II, né en 955, devait régner dès 963, à la mort de son père, mais ne fut reconnu qu'en 969, après la mort de Zimiscès, et régna conjointement avec son frère Constantin. Il étouffa les révoltes de Bardas Sclérus et de Bardas Phocas, battit les Bulgares, 1013, et les Khazars, 1016, et réunit la Bulgarie à l'empire d'Orient. Ayant fait 15 000 prisonniers bulgares, il eut la cruauté de leur faire crever les yeux, n'en épargnant qu'un par centaine, pour reconduire les autres dans leur pays. Il mourut en 1025, au moment où il allait attaquer les Sarrasins.

BASILE, grand-duc de Russie. V. VASSILI.

BASILE (Ordre de St-), le plus ancien des ordres religieux, a tiré son nom de S. Basile, évêque de Césarée, qui l'institua vers l'an 357, en fondant un monastère dans une solitude du Pont, sur les bords de l’Iris, et qui lui donna une règle. Cet ordre, auquel appartiennent presque tous les monastères de l’Orient, se voue surtout à la prière et à la contemplation. Il ne passa en Occident que vers l’an 1057, et eut en Italie plusieurs établissements importants, dans lesquels se conserva la culture des lettres grecques. Barlaam et Bessarion appartenaient à cet ordre. Le pape Grégoire XIII le réforma en 1579.

BASILIA, v. de la Grande Séquanaise, chez les Rauraci, est auj. Bâle.

BASILICATE(partie de l’anc. Lucanie), prov. du roy. d’Italie, entre la Capitanate, la Calabre Citérieure, la Terre de Bari, les Principautés Ultérieure et Citérieure, est baignée par le golfe de Tarente et la Méditerranée. Elle compte 420 000 h. et a pour ch.-l. Potenza. Elle est arrosée par l’Agri, le Basiento, le Bradano. Climat tempéré ; fréquents tremblements de terre ; sol fertile, mais l’agriculture est arriérée.

BASILIDE, hérésiarque gnostique, né à Alexandrie dans le Ier siècle de notre ère, mort vers l’an 130. Pour expliquer le mal, il imaginait 365 cieux habités par des intelligences de différents degrés, et prétendait que notre monde avait été créé par des intelligences du dernier ordre. Il admettait deux âmes dans le même homme pour expliquer les combats de la raison et des passions, et croyait à la métempsycose. Il créa le fameux Abraxas, symbole ou talisman formé des lettres qui exprimaient le nombre 365, le nombre le plus agréable à la Divinité. Il avait rédigé un Évangile qui s’est perdu. Il eut un grand nombre de disciples qu’on nomma Basilidiens. Le plus célèbre est Marcion.

BASILIQUES (les), code grec. V. BASILE I.

BASILISQUE, Basiliscus, frère de Vérine, femme de l’emp. Léon I. Après la mort de Léon II (474), il disputa le trône à Zénon l’Isaurien qui avait été reconnu empereur, et resta quelque temps maître de Constantinople ; mais il se rendit si odieux que ses partisans l’abandonnèrent, et que Zénon put se replacer sur le trône sans coup férir (477). Pris et enfermé dans une tour en Cappadoce, il y mourut de faim.

BASIN (Thomas), év. de Lisieux, né en 1412 à Caudebec, mort en 1491, était membre du Conseil privé de Charles VII et fit partie de la commission chargée de reviser le procès de Jeanne d’Arc. Il encourut la disgrâce de Louis XI, pour avoir accédé à la Ligue du Bien public, et fut contraint de résigner son évêché, mais fut nommé par le pape archevêque de Césarée (in partibus). On a de lui un précieux mémoire en faveur de Jeanne d’Arc, publié par J. Quicherat sous le titre de Procès de la Pucelle (1841-49), et une chronique des règnes de Charles VII et Louis XI, longtemps attribuée par erreur à un certain Amelgard, et publ. également par J. Quicherat, 1856-57. — V. BAZIN.

BASINE, femme de Childéric, roi des Francs, et mère de Clovis, avait d’abord été mariée à Basin, roi de Thuringe, qui avait donné asile à Childéric ; mais elle quitta ce prince pour suivre Childéric quand celui-ci revint dans ses États.

BASKERVILLE (John), Imprimeur anglais, né en 1706, à Wolverley (Worcester), mort en 1775, avait d’abord été maître d’écriture. Il consuma beaucoup de temps et de dépenses pour améliorer les caractères d’imprimerie, et il fut lui-même le dessinateur, le graveur et le fondeur de ceux qu’il employait. Il perfectionna aussi le papier et inventa, dit-on, le vélin. Il donna de 1756 à 1775 un grand nombre d’éditions, parmi lesquelles on remarque celles de Virgile et de plusieurs autres classiques latins, ainsi que celles de la Bible, de l’Arioste, du Paradis perdu. Après sa mort, Beaumarchais fit l’acquisition de ses caractères, et les employa à sa belle édition de Voltaire (1785), connue sous le nom d’édition de Kehl, du lieu où elle fut imprimée. Baskerville avait une haine profonde pour le Christianisme : il ne voulut pas être inhumé en terre consacrée.

BASKIRS, peuplade de race mêlée, turque et mongole, habite auj. en Russie, entre les fleuves Kama, Belaïa, Oural et Volga, dans les gouvernements de Perm et d’Orenbourg, au nombre de 25 000 familles environ. Les Baskirs vivent sous des tentes et s’occupent de l’élève des chevaux, des bestiaux et des abeilles. Ils sont braves, agiles, et fournissent de bons cavaliers aux armées russes.

BASNAGE DE BEAUVAL (Jacques), ministre protestant, né à Rouen en 1653, mort en 1723, était pasteur à Rouen lors de la révocation de l’édit de Nantes. Il se réfugia en Hollande, exerça son ministère à Rotterdam, puis à La Haye, obtint la faveur du grand pensionnaire Heinsius, et en profita pour rendre des services à son pays : il contribua puissamment à faire conclure le traité d’alliance avec la Hollande, que signa en 1717 l’abbé Dubois. On lui doit, entre autres ouvrages : Hist. des Églises réformées, 1690 ; Hist. de l’Église, 1699 ; Hist. des Juifs depuis J.-C., 1706 et 1716 ; Dissertations sur les Duels et les Ordres de Chevalerie, 1720, tous ouvrages qui attestent un savoir étendu.

BASNAGE DE BEAUVAL (H.), frère du préc., né en 1656, m. en 1710, se réfugia aussi en Hollande, et y rédigea, de 1687 à 1709, l’Histoire des ouvrages des Savants, recueil périodique qui fait suite aux Nouvelles de la République des lettres de Bayle. On lui doit une édit. augmentée du Dictionnaire de Furetière.

BASOCHE, du mot latin basilica, palais royal. Lorsque les rois de France habitaient le Palais de Justice, les juges, les avocats, les procureurs et tous les gens de justice furent désignés sous le nom de clercs de la basoche (c.-à-d. clercs du Palais). Il se forma plus tard entre les clercs du Palais et les clercs du Châtelet une association qui fut reconnue en 1303 par Philippe le Bel et qui obtint des privilèges particuliers. Associés pour le plaisir, les basochiens élisaient un chef qui prenait le titre pompeux de roi de la basoche, avait une cour, des grands officiers, une monnaie, des armoiries (trois écritoires d’or sur champ d’azur) ; ce roi faisait la revue de ses sujets tous les ans au pré au Clercs, et il leur rendait la justice deux fois par semaine. Les basochiens jouèrent longtemps des soties, des farces et des moralités ; mais leur licence obligea François I à défendre ces représentations (1540). Henri III supprima le titre de roi de la basoche, et transmit au chancelier tous les droits et privilèges qui avaient été concédés à ce roi pour rire. On doit à M. Ad. Fabre d’intéressantes Études historiques sur les Clercs de la Basoche, 1856.

BASQUES, en leur propre langue Escualdunac, peuple de la famille ibérienne, habite en France et en Espagne sur les deux versants des Pyrénées, et forme presque toute la population des provinces basques en Espagne (V. ci-après), une grande partie de celle de la Navarre tant espagnole que française, du Béarn, ainsi que du Labourd et de la Soule : on en compte env. 650 000. Les Vascones ou Gascons, qui vinrent se fixer en France au VIe siècle, étaient des Basques. Les Basques parlent une langue particulière, dont on ne connaît pas bien l’origine, mais qui paraît être l’ancien ibérien, et qui a sa littérature à part. Pour l’histoire, V. BISCAYE et BÉARN.

BASQUES (les provinces), contrée d’Espagne qui comprend les trois provinces de Guipuscoa, Biscaye et Alava. Elles jouissent de priviléges particuliers.

BASS, îlot fortifié d’Écosse (Haddington), à l’entrée du détroit de Forth. Château fort qui tint jusqu’en 1745 pour le Prétendant.

BASS (détroit de), entre la Nouv.-Hollande et la Diéménie. Découvert en 1798 par un chirurgien anglais du nom de Bass.

BASSAM (Grand-), v. de Guinée, sur la côte d’Ivoire, à l’emb. de l’Assinie, est la capit, d’un État dépendant des Achantis. Comptoir français depuis 1843 ; exportation de poudre d’or.

BASSAN (Jacq. DA PONTE, dit le), célèbre peintre italien, né en 1510 à Bassano (d’où son nom), mort en 1592, eut pour maître son père, François da Ponte, dit aussi le Bassan, peintre distingué. Il peignit successivement dans le style du Titien et du Corrége, et excella surtout à faire les intérieurs ou à représenter les fêtes champêtres, avec des troupeaux. Il imitait la réalité avec une telle perfection qu'un jour Annibal Carrache, étant allé le voir, s'avança pour prendre un livre qui était peint chez lui sur une toile. Il fut choisi, concurremment avec le Tintoret et Paul Véronèse, pour peindre le palais de St-Marc à Venise. Parmi ceux de ses tableaux qu'on estime le plus on cite : Moïse frappant le rocher, l’Adoration des Bergers, Joseph d'Arimathie, tous au Louvre. On lui reproche peu de vigueur et peu de variété dans ses sujets. — On le surnomma le Vieux, pour le distinguer de ses fils qui se distinguèrent aussi dans la peinture, surtout François, auteur de Jésus chez Marthe et Marie, et Léandre, auteur d'une Résurrection de Lazare, qu'on voit au Louvre.

BASSANO, v. de Vénétie, sur la Brenta, à 28 k. N. E. de Vicence; 11 760 hab. Bien bâtie, trottoirs en marbre; beau pont. Draps, soieries, etc. Aux environs, vins estimés. Patrie du Bassan, peintre célèbre. Bonaparte y battit les Autrichiens le 7 septembre 1796.

BASSANO (marquis de). V. SANTA-CRUZ.

BASSANO (duc de). V. MARET.

BASSARABA. V. BESSARABA.

BASSEIN, ville de l'Hindoustan anglais, sur la mer des Indes, à 35 kil. N. de Bombay; environ 13 000 hab. Prise en 1750 par les Mahrattes, et en 1802 par les Anglais; ceux-ci y conclurent un traité qui anéantissait la confédération des Mahrattes.

BASSELIN (Olivier), poëte populaire, était propriétaire d'un moulin à foulon dans le Val-de-Vire en Normandie. On place sa mort vers 1418. Il composait pour ses amis et ses voisins des chansons bachiques et des rondes, que l'on nomma des vaux-de-vire, du lieu de sa résidence, nom d'où quelques-uns ont voulu faire dériver celui de vaudeville. Ces poésies ont été publiées longtemps après sa mort, en 1610, par Lehoux, un de ses compatriotes, et réimprimées d'une manière plus complète à Avranches, par J. Travers, en 1833, et par Lacroix, Paris, 1859.

BASSE-TERRE (la), ch.-l. de l'île de la Guadeloupe, sur la côte S. O. de l'île; 13 000 hab. Rade peu sûre. Évêché (créé en 1850), cour impériale. Arsenal, fort Richepance qui le défend du côté de la campagne, palais de justice, vaste hôpital. — La ville fut fondée en 1635.

BASSE-TERRE, ch.-l. de l'île St-Christophe, une des Antilles anglaises, sur la côte S. O.; 9000 hab.

BASSEVILLE (N. J. HUGON de), secrétaire de la légation française à Naples, sous la Convention. Se trouvant à Rome, le 13 janvier 1793, chargé d'une mission particulière, il y fut assailli à coups de pierres par un attroupement populaire pour avoir fait porter à ses gens la cocarde tricolore, et fut frappé dans sa maison même d'un coup de rasoir, dont il mourut peu d'heures après. La Convention ordonna qu'on tirât une vengeance éclatante de cet attentat et adopta son fils au nom de la République. Basseville avait écrit une Vie de François Lefort, 1786, ainsi que des Mémoires sur la Révolution, 1790, et avait coopéré à divers journaux politiques.

BASSIEN. V. CARACALLA et HÉLIOGABALE.

BASSIGNY, petit pays de France, compris auj. dans le dép. de la H.-Marne, appartenait, partie à la Champagne, partie à la Lorraine. Il a environ 80 k. du N. au S. et 70 de l'E. à l'O. Chaumont était le ch.-l. du Bassigy champenois; Vaucouleurs et Bourmont étaient les lieux principaux du Bassigy lorrain.

BASSOMPIERRE (François de), maréchal de France, né au château d'Haroué, en Lorraine, en 1579. Après avoir voyagé en Italie et dans le roy. de Naples, il se fixa à la cour de Henri IV, où les avantages de sa personne et de son esprit, ainsi que son goût pour le faste, le jeu et la galanterie, le firent rechercher, et où il obtint des succès de tout genre. Il figura avec distinction dans la plupart des guerres que Henri IV et Louis XIII eurent à soutenir, fut nommé en 1614 colonel général des Suisses et en 1622 maréchal de France. Louis XIII l'employa dans diverses ambassades. Malgré ses services, le cardinal de Richelieu, irrité de ce qu'il avait pris part à quelques intrigues contre lui, le fit arrêter et conduire à la Bastille (1631) : il y resta 12 ans, et n'en sortit qu'à la mort du cardinal, en 1643; il mourut en 1646. Il a laissé des Mémoires, Cologne, 1665, et le récit de ses Ambassades en Espagne, en Suisse et en Angleterre, 1668, 4 vol. in-12. De Nouveaux Mémoires ont été publiés sous son nom par Serieys, Paris, 1802, mais l'authenticité en est douteuse.

BASSORA, v. de la Turquie d'Asie (Bagdad), sur le Chat-el-Arab (Euphrate), à 88 kil. N. du golfe Persique, à 420 kil. S. E. de Bagdad; 60 000 hab. Bazars immenses; rues irrégulières, étroites et sales; les inondations du Chat-el-Arab rendent la ville très-malsaine. Grande culture de roses, d'où l'on tire une essence estimée; excellentes dattes. Bassora est une des villes les plus commerçantes de l'Asie; toutes les nations de l'Europe y ont des comptoirs. Elle était encore plus grande et plus florissante autrefois; elle est en partie inhabitée aujourd'hui. — Fondée en 636 par Omar, qui en fit la capitale d'un pachalik particulier. Les Perses, puis les Turcs (1638) s'en emparèrent successivement. Reprise en 1773 par les Perses, qui l'occupèrent jusqu'en 1779, elle est retombée auj. entre les mains de la Turquie.

BASSUS (Cassianus). V. CASSIANUS.

BAST (Fréd. Jacques), savant helléniste, né en 1771, mort à Paris en 1811, était secrétaire de la légation de Hesse-Darmstadt au congrès de Rastadt. Unissant les lettres à la diplomatie, il a donné un Commentaire sur le Banquet de Platon, et une Lettre critique sur Antoninus Liberalis, Parthenius et Aristénète, 1805, adressée à Boissonade, dont il était l'ami. — Un autre Bast, de Gand, 1753-1825, a laissé un recueil d’Antiquités romaines et gauloises, 1804, et des Recherches sur les Langues celtique, gauloise et tudesque, 1815.

BASTAN, Bithynium chez les anc., puis Claudiopolis, v. d'Anatolie (Boli), à 44 k. S. O. d'Amasieh.

BASTAN, vallée d'Espagne, dans la Navarre (Pampelune), sur le versant mérid. des Pyrénées, au S. du dép. des B.-Pyrénées; 40 kil. sur 20; 8000 hab. ; ch.-l., Élizondo. Elle est traversée par le Gave de Bastan. Cette vallée est régie par un alcade élu pour 3 ans. Tous les habitants se disent nobles. Moncey battit les Espagnols en 1794 dans la vallée de Bastan.

BASTARNES, anc. peuple de l'Europe barbare, occupaient la Podolie et une partie de la Transylvanie et de la Moldavie. Ils vivaient de pillage et servaient comme mercenaires. Persée, roi de Macédoine, les appela pour combattre les Romains (168 av. J.-C.). A la fin du IIe siècle de J.-C., chassés de leur pays par les Goths, ils se jetèrent sur la Dacie. - On appelle Alpes bastarniques la moitié orient. des monts Krapacks, qui traverse le pays des anc. Bastarnes.

BASTELICA, ch.-l. de cant. (Corse), à 23 kil. N. E. d'Ajaccio; 3003 hab.

BASTIA, ch.-l. d'arr. (Corse), sur la côte E., 151 kil. N. E. d'Ajaccio; 19 304 hab. Place de guerre de lie classe, ch.-l. de la 17e division militaire; port créé en 1845. La ville est bâtie en amphithéâtre. Cour d'appel; lycée Napoléon; statue de Napoléon. Distilleries; vins, huiles, cuirs, corail.-Bastia, l'ancienne Mantinum, était jadis la capitale de l'île. Quand la Corse formait deux départements, elle était le chef-lieu de celui du Golo. Prise par les Anglais en 1745 et 1794; les Autrichiens et les Piémontais l'assiégèrent vainement en 1748.

BASTIAT (Frédéric), économiste, né en 1801 à Bayonne mort en 1850, était fils d'un négociant aisé. Après avoir médité les écrits de Smith, de Say, de Tracy, de Ch. Comte, il débuta par des articles remarquables dans le Journal des Économistes devint en 1846 rédacteur en chef d'un journal libre échangiste publié à Paris, et fit paraître plusieurs ouvrages dans lesquels il combattait à la fois le système prohibitif et le socialisme. Il fut : élu en 1848 à l'Assemblée constituante, et en 1849 à l'Assemblée législative. Ses principaux écrits sont : Cobden et la Ligue, 1845 ; Sophismes économiques, 1846 ; Harmonies économiques, 1850 et 1851.

BASTIDE, nom qui en provençal veut dire maison de campagne, est donné dans le Midi à un grand nombre de lieux. V. LA BASTIDE.

BASTIEN (J. Fr.), libraire-éditeur, né à Paris en 1747, mort en 1824, cultivait les lettres. On a de lui une traduction nouvelle des Lettres d'Héloïse et d'Abélard, 1782 ; la Nouvelle Maison rustique, 1798 ; le Nouveau Manuel du Jardinier, 1827, et un assez grand nombre d'éditions, dont les plus estimées sont celles d’Apulée, Montaigne, Charron, Scarron, Rabelais, Boileau, La Bruyère, Buffon, d'Alembert, Plutarque (traduction d'Amyat), Lucien (traduction de Belin de Ballu).

BASTILLE, nom que portaient autrefois tous les châteaux fortifiés, mais que dans la suite on donna spécialement à un château fort construit à Paris sous Charles VI et Charles VII, et situé sur Laplace qui sépare la rue St-Antoine du faubourg; il servait à la fois de forteresse pour défendre ou pour commander la ville et de prison d'État. Commencée en 1369 par Aubriot, prévôt de Paris, elle ne fut achevée qu'en 1383. Elle fut prise et détruite par le peuple de Paris les 14 et 15 juillet 1789. L’Histoire de la Bastille a été écrite par Delort (1827), et par Arnold, Pujol et Maquet (1844). Parmi ceux qui y furent enfermés, on cite J. Aubriot, son fondateur, J. d'Armagnac, Anne Dubourg, Biron, Bassompierre, Bussy-Rabutin, Fouquet, Pélisson, Voltaire, La Bourdonnais, Latude, Linguet.

BASTION-DE-FRANCE (LE), un des forts que la France avait dans l'État d'Alger avant le XIX{e siècle, était situé sur la côte, au N. E. de Bone et près de La Calle. Il est auj. détruit.

BASTITANI, peuple de l'Hispanie (Bétique), vers l'E., entre le Tuder et le mont Orospéda, avait pour ch.-l. Basti, auj. Baza (Grenade).

BASTOGNE, v. du Luxembourg belge, à 60 kil. N. O. de Luxembourg et à 30 k. N. E. de Neufchâteau ; 2 300 hab. Commerce de grains et bestiaux. La v. appartint aux Français de 1684 à 1697.

BASTULI POENI, peuple d'Hispanie (Bétique), au S., le long de la Méditerranée, avait pour capit. Malava.

BASVILLE, seigneurie du pays Chartrain, à 26 k. S. O. de Paris, appartenait aux Lamoignon.

BATALHA, bourg de l'Estramadure portugaise, à 26 k. de Santarem, est remarquable par un magnifique couvent de Dominicains, fondé en 1385 par Jean I, roi de Portugal, en mémoire de la bataille d'Aljubarrota, qu'il gagna sur le roi de Castille.

BATANÉE, auparavant Basan, petite région de la Palestine, à l'E. du Jourdain entre ce fleuve et les mont. Galaad. Josué tua le géant Og, roi de Basan, et comprit ce pays dans la tribu orient. de Manassé.

BATARDS (Guerre des). V. CHARLES IV (France).

BATAVA CASTRA, v. de Vindélicie, auj. Passau.

BATAVES, Batavi, peuple d'origine germaine, habitait, entre le Rhin et le Wahal, le pays qu'on nomma file des Bataves (Batavorum insula). Leur nom s'étend vulgairement à toute la Hollande actuelle. Ils furent d'abord mêlés aux Cattes ; mais, chassés par ce peuple, ils vinrent dans le pays qui a conservé leur nom. Ils furent tantôt alliés, auxiliaires ou même tributaires des Romains, tantôt en guerre avec eux. Ils étaient très-braves. La révolte de Civilis, qui éclata en 69 et se prolongea sous Vitellius et Vespasien, est le fait le plus remarquable de l'histoire des Bataves. Les Francs Saliens envahirent leur pays à la fin du IIIe siècle. Aux VIe et VIIe siècles, le nom de Bataves s'efface et fait place à celui de Frisons ; cependant il en reste une trace dans celui de Betuwe que garde un district de l'anc. île des Bataves.

BATAVES (île des), auj. Bommeler-Waard. V. ce nom.

BATAVIA, capit. de l'île de Java et de tous les établissements hollandais dans l'Inde, sur la côte N. O., à l'emb. du Jacatra ; env. 60 000 h. Port grand et commode, mais peu profond ; superbe rade ; beaux canaux, monuments nombreux ; hôtel de vile, magasins de la marine, hôtel du gouverneur général, palais, hôpital militaire, théâtre, etc. Société des arts et des sciences, écoles diverses, commerce immense. — Fondée par les Hollandais en 1619, sur l'emplacement da l'anc. ville de Jacatra ; prise en 1811 par les Anglais, qui l'occupèrent jusqu'en 1816. Batavia a longtemps été un séjour fort malsain. Au commencement de ce siècle, le général Dændels voulut l'abandonner pour Sourabaya, et sa destruction fut commencée ; mais Van Capellen a fait renaître cette ville en prenant des mesures efficaces pour l'assainir et y diminuer la mortalité.

BATH (c.-à-d. Bains), Aquæ Solis, Aquæ Calidæ, v. d'Angleterre, un des ch.-l. du comté de Somerset, sur l'Avon ; à 17 kil. E. de Bristol, à 160 kil. S. O. de Londres ; 50 800 hab. Elle donne son nom à l'évêché de Bath-et-Wells, dont le siége est à Wells. Cathédrale gothique, belle salle de spectacle. C'est une des plus jolies villes de l'Europe. Gymnase, société d'agriculture, société des lettres et des sciences, société philosophique, société musicale de Bath. Bains chauds très-fréquentés : le beau monde s'y rend de toutes les parties de l'Angleterre. Vestiges d'antiquités, ruines d'un temple de Minerve élevé par Agricola. — On compte aux États-Unis plusieurs villes et comtés du nom de Bath. La principale est dans le Maine, sur le Kennebeck, à 40 kil. N. E. de Portland ; 12 000 hab. Chantiers de construction, chemin de fer.

BATHILDE (Ste), épouse de Clovis II, née en Angleterre, avait été enlevée et réduite en esclavage par des pirates. Après la mort de son mari, qui mourut à 23 ans (656), elle gouverna sagement pendant la minorité de son fils Clotaire III. En 665, elle se retira dans le monastère de Chelles, qu'elle avait fondé, et y vécut saintement jusqu'à sa mort, en 680. On la fête le 30 janvier.

BATHNA, poste militaire établi par les Français en 1844 dans la prov. de Constantine, entre Constantine et Biskara, à 120 k. S. de Constantine et à 11 k. de Lambessa ; ch.-l. de subdivision militaire ; 2500 h.

BATHORI, vge de Hongrie, dans le comitat de Szabolcs, est le berceau de la famille des Bathori qui a donné à la Transylvanie cinq princes, et à la Pologne un de ses plus grands rois, Étienne Bathori.

BATHORI (Étienne), roi de Pologne, né en 1532, d'une des familles les plus nobles et les plus anciennes de la Hongrie, fut élu prince de Transylvanie en 1571, et succéda en 1575 à Henri de Valois sur le trône de Pologne, par l'influence d'Amurat III, qui le soutint contre sen compétiteur Maximilien d'Autriche. Il reprit Dantzick sur ce dernier, força les Russes à lui céder la Courlande et une partie de la Livonie, apporta de sages réformes dans le gouvernement civil et fonda l'Université de Vilna. Il pensait à faire de la Pologne un royaume héréditaire, lorsqu'il mourut en 1586, d'un accès de colère. — Il fut remplacé en Transylvanie par son frère aîné, Christophe Bathori, qui régna de 1576 à 1581 et s'allia avec les Turcs. — Sigismond Bathori, fils de Christophe, lui succéda en Transylvanie en 1581. Ce prince belliqueux, mais bizarre et capricieux, s'allia successivement avec les Turcs et avec l'Autriche. Il quitta et reprit trois fois la couronne ; il la céda définitivement à l'empereur Rodolphe en 1602, et se retira à Prague, où il mourut dans l'obscurité en 1603. — Gabriel Bathori, frère de Sigismond, fut élu prince de Transylvanie en 1608. Il se rendit tellement odieux que ses sujets le déposèrent (1613); il mourut peu après, assassiné. Après Gabriel, la principauté sortit de cette famille.

BATHURST (comtes de). Cette famille anglaise rattache son origine à la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant. Un de ses membres, Ralph Bathurst, né en 1620, mort en 1704, se distingua à la fois comme médecin, poëte, théologien et physicien, et fut vice-chancelier de l'Université d'Oxford. — Allen, comte de Bathurst, né en 1684, mort en 1775, fut, sous la reine Anne, un des membres les plus distingués du parti tory et l'adversaire du ministre Horace Walpole. Il fut nommé pair et baron en 1711, et fait comte en 1772. Il était lié avec Pope et Swift. — Lord Henri Bathurst, son petit-fils, 1762-1834, fut ministre sous Georges IV, et l'un des tories les plus exaltés. Nommé en 1809 secrétaire d'État pour les colonies, il fonda plusieurs établissements, qui portent encore son nom. Président du conseil en 1828, il fut renversé en 1830 par le contre-coup de la révolution française de Juillet.

BATHURST. Ce nom a été donné à plusieurs établissements anglais en l'honneur de la noble famille des Bathurst. Le principal est une v. de la Sénégambie, située dans l'île Sainte-Marie, à l'embouch. de la Gambie : c'est le ch.-l. des établissements anglais sur la Gambie. Fondé en 1816.

BATHYLLE, jeune homme de Samos, remarquable par sa beauté, fut aimé de Polycrate, qui lui éleva une statue, et d'Anacréon, qui le chanta dans ses vers. — Célèbre pantomime, natif d'Alexandrie, vint à Rome sous le règne d'Auguste et fut le rival de Pylade. Il excellait surtout dans le genre comique et dans les sujets voluptueux. Il avait été l'esclave de Mécène, qui l'affranchit. — Mauvais poëte latin, contemporain Virgile, s'attribuait les vers du cygne de Mantoue : c'est pour le confondre que Virgile composa cet hémistiche célèbre en le défiant de l'achever :

Sic vos non vobis, etc.

BATIGNOLLES-MONCEAUX (les), anc. commune du dép. de la Seine, au N. des murs de Paris, près de la barrière Clichy. Sa population, insignifiante il y a peu d'années, s'élevait en 1856 à 43 302 âmes. Cette commune est depuis 1860 presque tout entière englobée dans le nouveau Paris. Le chemin de fer de Paris à St-Germain passe sous les Batignolles.

BATNES, Batnæ, v. de l'anc. Syrie (Cyrrhestique), au S. O. d'Hiérapolis, était un des plus grands entrepôts de l'Orient. — Ville de Mésopotamie (Osrhoène), à l'E. de l'Euphrate, et au S. d'Édesse; entrepôt entre l'Inde et la Syrie. Fondée par les Macédoniens. C'est auj. Saroudj ou Sérug.

BÂTON-ROUGE, nouv. capitale de la Louisiane, sur la r. g. du Mississipi; à 130 k. N. O. de la Nouv.-Orléans; env. 5000 h. Remarquable par sa salubrité, ce qui y a fait transporter en 1847 le siége du gouvernement. On prétend que son nom vient de ce que les premiers colons remarquèrent sur son emplacement un énorme cyprès, arbre de couleur rouge, qui était droit et dépouillé comme un bâton; selon d'autres, on y trouva des bâtons rougis de sang.

BATOUM, v. de la Turquie d'Asie, ch-l. de la Gourie, à l'emb. du Batoumi dans la mer Noire, et à 150 kil. O. d'Akhaltsiké. Port fréquenté.

BATOURINE, v. de la Russie d'Europe (Tchernigov), à l'E. de Tchernigov; 9250 hab. Anc. résidence de l'hetman des Cosaques. Prise et saccagée par les Russes en 1708. Donnée par l'impératrice Élisabeth à l'hetman Razoumovski, qui la rebâtit.

BATTERSEA, v. d'Angleterre (Surrey), à 4 kil. S. O. de Londres en face de Chelsea. Asperges renommées. Mausolée de lord Bolingbroke.

BATTEUX, littérateur. V. LE BATTEUX.

BATTHYANI, anc. maison de Hongrie, dont les membres furent faits barons de l'Empire en 1585, et princes en 1764, a produit : Franç. de Batthyani, qui commandait en chef à la bataille de Mohacz, 1526; — Charles de Batthyani, qui battit les Français et les Bavarois à Pfaffenhofen, 1745; — Louis de Batthyani, qui figura en 1848 dans l'insurrection hongroise contre l'Autriche, et qui, malgré ses efforts pour rapprocher les deux partis, fut condamné à mort et fusillé en 1849 par le général autrichien.

BATTISTA SPAGNUOLI, dit le Mantouan, poëte latin du XVe siècle, né à Mantoue vers 1436, mort en 1516, entra chez les Carmes, devint général de son ordre et entreprit de le réformer; n'ayant pu y réussir, il abdiqua et consacra aux lettres le reste de sa vie. Ses poésies, qui se composent d'églogues, d'élégies, de sylves ou mélanges, et d'un poëme sur tous les saints du calendrier, ont été réunies en 3 vol. in-fol., Paris, 1513. Ce poëte, trop fécond, jouit de son temps d'une telle réputation que quelques-uns l'égalaient à son compatriote Virgile. — Un autre Battista (Jos.), Napolitain, né vers 1620, mort en 1675, a laissé des épigrammes latines (Venise, 1653), des poésies lyriques en italien, et une poétique (1676).

BATTLE, (c.-à-d. Bataille), bourg d'Angleterre (Sussex), à 9 kil. N. O. d'Hastings et à 69 kil. de Londres; 3000 hab. Poudrerie. C'est là qu'eut lieu la bataille dite d'Hastings (1066). On y voit les ruines de l'abbaye de St-Martin, bâtie par Guillaume en mémoire de sa victoire.

BATTUS, berger de Pylos, fut changé par Mercure en pierre de touche, pour avoir révélé l'endroit où ce dieu avait caché les troupeaux dérobés à Apollon.

BATTUS, de Théra, l'une des Cyclades, conduisit une colonie en Afrique par l'ordre de l'oracle de Delphes, bâtit Cyrène vers 630 av. J.-C., et y régna 40 ans.

BATUECAS (LAS), vallée d'Espagne (Estramadure), à 62 kil. S. O. de Salamanque. Petite et entourée de mont. si hautes et si escarpées que le soleil y pénètre à peine. On a prétendu à tort que cette vallée était restée inconnue jusqu'au siècle dernier : elle était connue dès le temps des Romains.

BATU-KHAN, fils de Touchi et l'un des petits-fils de Gengis-Khan, reçut en partage, après la mort de ce dernier (1227), le Kaptchak, la Russie mérid. et la Bulgarie. Il envahit la Pologne et la Silésie (1241), conquit la Moldavie et la Hongrie sur Béla IV (1242), ravagea la Dalmatie et répandit la terreur par toute l'Europe. Cependant, à la suite de quelques échecs, il regagna son palais de Seraï, près du Volga (1243). Il aida ensuite son parent Mangou à s'emparer de la Perse et à faire la conquête de la Chine. Il mourut en 1256.

BATZ, petit port du dép. de la Loire-Inf., arrond. de Savenay, à 8 kil. S. de Guérande; 1164 hab. Exploitation de marais salants.

BAUCIS, femme pauvre de Phrygie, épouse de Philémon. Jupiter et Mercure, pour récompenser ces époux du bon accueil qu'ils en avaient reçu, quoiqu'ils n'eussent pas fait connaître leur divinité, les préservèrent d'un déluge qui inonda la contrée, et changèrent leur cabane en un temple dont ils les firent ministres. Philémon et Baucis vécurent jusqu'à la dernière vieillesse et moururent en même temps. Ils furent changés en arbres, Philémon, en chêne et Baucis en tilleul. Ovide (Mét., liv. VIII) et La Fontaine ont raconté cette métamorphose.

BAUD, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 23 kil. B. de Napoléonville; 1326 hab. Antiquités romaines.

BAUDELOCQUE (Jean-Louis), célèbre accoucheur, né à Heilly en Picardie en 1746, mort en 1810, vint de bonne heure à Paris, où il s'appliqua surtout à l'art des accouchements, fut nommé chirurgien en chef de l'hospice de la Maternité, et professeur d'accouchements à l'école de médecine. Ses écrits principaux sont : Principes des accouchements, 1775, et l’Art des accouchements, 1781, souvent réimprimés.

BAUDELOT DE DAIRVAL (Ch. César), antiquaire, né à Paris en 1648, mort en 1722, quitta le barreau, où il avait du succès, pour se livrer à l'étude de l'antiquité, fit de précieuses découvertes, et devint membre de l'Académie des inscriptions et garde du cabinet des médailles de Madame. On a de lui : De l'Utilité des voyages, 1686; Hist. de Ptolémée-Aulète, 1698; et de savantes dissertations : Sur des pierres gravées; Sur la guerre des Athéniens contre les peuples de l'île Atlantide, etc. Il légua à l'Académie les Marbres de Nointel (auj. au musée du Louvre). BAUDIER (Michel), historiographe de France sous Louis XIII, né en Languedoc vers 1589, mort en 1645, a écrit : Hist. de la guerre de Flandre, 1618 ; Hist. générale de la religion des Turcs, avec la vie de Mahomet et des quatre premiers califes, 1626 ; Hist. du cardinal d’Amboise, 1634 ; — du maréchal de Thoiras, 1644 ; — de Suger, — de Ximenès, 1645, etc.

BAUDIN (Charles), amiral, né en 1784, à Sedan, mort en 1854, était fils du conventionnel Baudin, dit des Ardennes. Il se distingua en 1808 dans la mer des Indes, eut le bras droit emporté en combattant les Anglais, mais n’en continua pas moins à servir ; gagna, en 1812, le grade de capitaine de frégate, en luttant dans la Méditerranée contre un brick anglais de force supérieure ; quitta le service à la rentrée des Bourbons et fonda au Havre une maison de commerce que ruina la révolution de 1830, rentra alors dans la marine et fut bientôt nommé contre-amiral. Chargé en 1838 de tirer vengeance d’actes de violence commis au Mexique contre des négociants français, il attaqua et détruisit, avec quatre vaisseaux seulement, le fort de St-Jean d’Ulloa, réputé imprenable, et, par ce coup hardi, termina glorieusement la guerre. Il venait d’être élevé par Napoléon III à la dignité d’amiral lorsqu’il mourut. Baudin était protestant : il fut élu par ses coreligionnaires président du conseil central des églises réformées.

BAUDIUS (Dominique), poëte latin moderne, et professeur d’éloquence, né en 1561 à Lille, mort en 1613, exerça quelque temps la profession d’avocat à La Haye ; fut chargé par les États généraux de Hollande de plusieurs missions diplomatiques à Londres et à Paris (ou il resta 10 ans) ; fut nommé en 1606 professeur d’éloquence à Leyde, puis enseigna l’histoire et le droit. Il était lié avec Sully, Mornay, de Thou. Achille de Harlay, Phil. Sidney, et leur adressa des Lettres et des Discours qu’on a recueillis, Amsterdam, 1654 et 1662, ainsi que des Poésies estimées, publ. à Leyde sous le titre de Baudii Amores.

BAUDOT DE JULLY (Nicolas), né à Paris en 1678, mort en 1759, était fils d’un receveur des tailles de Vendôme, et fut lui-même délégué de l’intendant à Sarlat. Il a publié, étant encore fort jeune, plusieurs ouvrages, écrits pour la plupart avec assez d’art, mais d’un style négligé : Hist. de Catherine de France, reine d’Angleterre, 1696 ; Hist. secrète du connétable de Bourbon, 1696 ; Relation historique et galante de l’invasion d’Espagne par les Maures, 1699 ; Hist. de la conquête d’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie, 1701 ; Hist. de Philippe-Auguste, 1702, etc. Il fit aussi paraître quelques autres écrits sous le pseudonyme de Mlle de Lussan.

BAUDOUIN. Ce nom a été porté par plusieurs comtes de Flandre, dont voici les plus connus : Baudoin I Bras de fer, fils d’un gouverneur de la Flandre : il épousa en 863 Judith fille de Charles le Chauve, qu’il avait enlevée, obtint la Flandre avec le titre de comte, et mourut en 879. — Baudouin V, qui épousa une fille de Robert, roi de France. Il ajouta le Hainaut à ses États. Après la mort du roi de France Henri I, il fut chargé de la régence pendant la minorité de Philippe I (1060), et se montra digne de la confiance qu’avait eue en lui la nation. Il mourut en 1067. Sa fille Mathilde avait épousé, en 1050, Guillaume le Conquérant. — Baudouin IX, qui devint empereur de Constantinople sous le nom de Beaudoin I. V. l’art. suivant.

BAUDOUIN I, 1er empereur latin de Constantinople, né en 1171, était d’abord comte de Hainaut et de Flandre sous le nom de Baudouin IX et se croisa en 1200. Il établit sur le trône de Constantinople Alexis IV, fils d’Isaac-l’Ange ; ces deux princes étant morts, il se fit proclamer lui-même empereur, en 1204. Il indisposa les Grecs par ses mépris ; les mécontents appelèrent à leur secours Joannice, roi des Bulares, qui vint l’attaquer pendant qu’il assiégeait Andrinople révoltée, le battit, le prit et le fit mourir dans les tortures, 1206. Cependant on douta de sa mort, et 20 ans plus tard, un faux Baudouin parut en Flandre. V. HAINAUT (Jeanne de).

BAUDOUIN II, dernier empereur latin de Constantinople (1228-1261), était fils de Pierre de Courtenay, et n’avait que 11 ans quand il monta sur le trône. Le gouvernement fut confié pendant sa minorité à Jean de Brienne. Pressé par deux puissants ennemis, Asan, roi des Bulgares, et J. Ducas Vatace, empereur grec de Nicée, ce prince faible, au lieu de résister par lui-même, vint plusieurs fois en Europe pour mendier des secours, mais sans succès. En 1261, Michel Paléologue s’empara de Constantinople, et Baudouin se retira en Italie, où il mourut en 1273, âgé de 56 ans. C’est ce prince qui fit don à S. Louis de la couronne d’épines pour laquelle fut construite la Ste-Chapelle.

BAUDOUIN I, roi de Jérusalem (1100-1118), frère et successeur de Godefroy de Bouillon, était fils d’Eustache, comte de Boulogne. Il avait pris la croix en 1095, et s’était emparé pour son propre compte de la principauté d’Édesse (1097). Devenu roi, il fit perpétuellement la guerre aux Sarrasins, fut battu par eux à Rama, mailles vainquit à Jaffa et leur enleva Tripoli, Ptolémaïs, Béryte et Sidon.

BAUDOUIN II, cousin du préc., lui succéda d’abord dans sa principauté d’Édesse (1100), puis sur le trône de Jérusalem (1118-1131). Après avoir obtenu quelques succès et avoir battu les Musulmans devant Antioche, il fut fait prisonnier par eux en 1124, et ne fut délivré que plusieurs années après, par Josselin de Courtenay, comte d’Édesse. Il eut pour successeur Foulques, comte d’Anjou, son gendre.

BAUDOUIN III, fils de Foulques, régna de 1144 à 1162, perdit Édesse, et sollicita une nouvelle croisade, qui fut dirigée par Louis VII et Conrad III, mais qui eut peu de résultats : cependant, il prit Ascalon, 1153. Il eut Amaury pour successeur.

BAUDOUIN IV, fils et successeur d’Amaury (1174-1185), était mineur à la mort de son père. Accablé d’infirmités et affligé de la lèpre, ce jeune prince fut battu par Saladin, près de Sidon, en 1178 ; incapable de gouverner par lui-même, il confia le gouvernement de ses États à Guy de Lusignan, puis à Raymond III, comte de Tripoli.

BAUDOUIN V, fils de Guillaume de Montferrat et de Sibylle, et neveu de Baudoin IV, fut désigné par ce prince pour lui succéder, quoiqu’en bas âge. Il ne régna que de nom (1185), et mourut au bout de 7 mois. Un an après, Jérusalem tombait au pouvoir de Saladin.

BAUDOUIN (J.), fécond traducteur, membre de l’Académie française, né en 1590 dans le Vivarais, mort en 1650, était lecteur de la reine Marguerite. Il a traduit Tacite, Suétone, Xiphilin, le Tasse et les œuvres morales de Bacon, et a publié une Iconologie, 1636, et des Emblèmes, 1638.

BAUDRAND (Mich. Ant.), géographe, né à Paris en 1633, mort en 1700, fut secrétaire du cardinal Barberini, qu’il accompagna aux conclaves de 1655 et 1667, et fit plusieurs voyages qui étendirent ses connaissances. On lui doit Geographia ordine litterarum disposita, 2 vol. in-fol., 1681-82 (c’est un des plus anciens recueils de ce genre) ; Dictionnaire géographique et historique, en partie traduit du précédent, et achevé par dom Gelé, 2 vol. in-fol., 1705.

BAUDRAND (Henri, comte), général, 1774-1848, fit avec distinction les campagnes de la République et de l’Empire, figura comme chef d’état-major à la bat. de Mont-St-Jean (1815), comme aide de camp du duc d’Orléans au siége d’Anvers (1832), et fut nommé en 1837 gouverneur du comte de Paris.

BAUDRICOURT (Robert, sire de), gouverneur de Vaucouleurs, accueillit Jeanne d’Arc et l’envoya à Charles VII. V. JEANNE D’ARC.

BAUDRILLART (Jos.), savant forestier, né en 1774 à Givron (Ardennes), mort en 1832, fut dans sa jeunesse employé aux hôpitaux ambulants, profita de ses voyages pour étudier l’aménagement des forêts en Allemagne, acquit sur cette partie de précieuses connaissances qui lui donnèrent entrée dans l’administration forestière, et y devint, en 1819, chef de division. Outre des traductions de l’allemand, on lui doit plusieurs ouvrages qui font autorité, notamment un Traité général des eaux et forêts, chasses et pêches (10 vol. in-4, 1821-34), qui renferme, avec un recueil chronologique des Règlements forestiers depuis 1219, des Dictionnaires des eaux et forêts, des chasses et pêches. Il publia le Code forestier (1827), le Code de la pêche (1829), le Mémorial forestier, l’Annuaire forestier, tous ouvrages d’une utilité pratique.

BAUDRY, chroniqueur. V. BALDERIC.

BAUER (Ad. Félix), général au service de la Russie, né vers 1667 dans le Holstein, mort vers 1718, contribua en 1702 à la prise de Marienbourg, où il prit sous sa protection une pauvre orpheline du nom de Catherine (V. CATHERINE I), battit les Suédois à Kalisch, 1706, et eut une grande part à la victoire de Pultava, où il commandait l’aile gauche. La Russie lui doit le perfectionnement de sa cavalerie.

BAUFFREMONT, vge de France (Vosges), à 11 k. de Neufchâteau, a donné son nom aux barons de Bauffremont, famille française très-ancienne, qui longtemps releva de l’empire d’Allemagne et des ducs de Bourgogne, auxquels elle s’allia par mariages. Au XIIIe siècle, cette maison se divisa en deux branches. L’aînée ne tarda pas à s’éteindre ; la branche cadette acquit successivement la principauté de Listenais, le duché de Pont-de-Vaux, le marquisat de Marnay-la-Ville, et hérita des possessions des Gorrevod et des Courtenay. — Nic. de BAUFFREMONT, grand prévôt sous Charles IX, prit part aux massacres de la St-Barthélemy, aux batailles de Jarnac et de Moncontour, et fut orateur de la noblesse aux États de Blois, 1576. — Henri de BAUFFREMONT, son petit-fils, fut gouverneur d’Auxonne et président de la noblesse aux États généraux de 1614 : on a conservé de lui quelques harangues. — Roger de BAUFFREMONT, frère de Henri, fut évêque de Troyes, ce qui ne l’empêcha pas d’embrasser publiquement la religion protestante. — En 1757, l’empereur François I conféra le titre de prince du St-Empire à Louis, fils de L. Bénigne de Bauffremont et d’Hélène de Courtenay, ainsi qu’à tous les membres de sa famille. — Alexandre Emmanuel, petit-fils de ce dernier, 1773-1833, émigra à Coblentz, mais depuis il se rallia à Napoléon et accepta le titre de comte de l’Empire français ; il fut nommé pair en 1815 par Louis XVIII.

BAUGÉ, Balgium, ch.-l. d’arr. (Maine-et-Loire), sur le Couesnon, à 39 kil. N. E. d’Angers ; 3189 hab. Tribunal, collége. Étoffes de laine, toiles communes, ouvrages en corne ; bestiaux, bois de charpente, etc. Les Français, commandés par le maréchal de La Fayette, y battirent les Anglais en 1421. — Près de Baugé se voit Baugé le Vieil, village où sont les restes d’un château bâti par le comte d’Anjou, Foulques Nerra, et autour duquel se forma la ville.

BAUGY, ch.-l. de cant. (Cher), à 25 kil. E. de Bourges ; 799 hab. Ancien château fort pris par Charles VI en 1412.

BAUHIN (Jean), célèbre botaniste français, né à Bâle en 1541, mort en 1613, était fils d’un médecin, qui fut obligé de quitter la France pour avoir embrassé la religion réformée. Il enseigna d’abord la rhétorique à Bâle, puis fut nommé médecin d’Ulrich, duc de Wurtemberg-Montbéliard (1570), et vint séjourner auprès de ce prince à Montbéliard. Son principal ouvrage est l’Historia universalis plantarum, publiée après sa mort, à Yverdun, en 1650, 3 vol. in-fol., et qui fit longtemps autorité. On a encore de lui un Traité des animaux ayant ailes qui nuisent par leurs piqûres, etc., 1593, et plusieurs opuscules de botanique. Il était lié avec les principaux botanistes de son temps, Conrad Gesner, Fuchs, Dalechamp, etc. — Gaspard, son frère, né à Bâle en 1550, mort en 1624, fut professeur de langue grecque, puis de botanique et d’anatomie à Bâle. Son principal ouvrage est le Pinax theatri botanici, Bâle, 1671, in-4 : c’est un index des ouvrages de Théophraste, Dioscoride, Pline, etc., avec la synonymie des plantes, rangées dans un ordre méthodique ; il mit 40 ans à le composer. On lui doit encore Theatrum anatomicum, Francfort, 1605, réimprimé avec de grandes avec un additions en 1621. L’anatomie lui doit quelques découvertes, entre autres celle de la valvule placée entre l’iléon et le colon (valvule de Bauhin).

BAUMANN (grotte de), dans le duché de Brunswick, à 8 kil. S. O. de Blankenbourg, se compose de 6 ou 7 voûtes qui communiquent par de petites ouvertures et où l’on trouve de belles stalactites et des ossements fossiles.

BAUME, du mot provençal baoumo, caverne, est dans le Midi le nom de plusieurs lieux, dont le plus connu est la montagne de Ste-Baume. V. STE-BAUME.

BAUME-LES-DAMES, ch.-l. d’arr. (Doubs), sur le Doubs, à 28 kil. N. E. de Besançon ; 2519 h. Trib., collége. Forges, taillanderies, tanneries, papeteries. Aux environs, fer, houille, marbre, ardoise, gypse en abondance. Baume-les-Dames a dû son nom à une célèbre abbaye de chanoinesses ou dames nobles.

BAUMÉ (Antoine), pharmacien et chimiste, né à Senlis en 1728, mort en 1804, s’établit à Paris, où il consacra au progrès de la science une fortune acquise par son travail, et devint membre de l’Académie des sciences. Il a fait en commun avec Macquer plusieurs ouvrages de chimie qui ne sont plus au courant de la science, des Éléments de pharmacie, 1773, un grand nombre d’articles dans le Dictionnaire des Arts et Métiers et de Mémoires sur divers points importants de chimie. On lui doit plusieurs inventions utiles aux arts, plusieurs procédés de teinture et de dorure ; il parvint à rendre les thermomètres comparables, et inventa l’aréomètre qui porte son nom. Il était grand partisan des doctrines chimiques de Stahl et se montra opposé à la révolution opérée dans la science par Lavoisier.

BAUMEISTER (Fréd. Christ.), recteur du gymnase de Gœrlitz né en 1708, dans la Saxe-Gotha, mort en 1785, a publié des ouvrages empreints de l’esprit de de Wolf : Philosophia definitiva, 1735 ; Institutiones philosophiæ methodo wolfiana conscriptæ', 1738 ; Historia doctrinæ de optimo mundo, 1741.

BAUMGARTEN (Alex. Gottlieb), philosophe allemand, né à Berlin en 1714, mort en 1762, enseigna la philosophie et les belles-lettres, mais s’occupa surtout des beaux-arts ; il est un des premiers qui en aient présenté une théorie générale. Son principal ouvrage est intitulé : Æsthetica (Francfort-sur-l’Oder, 1750, 1758) ; sous ce nom, dont il fut le créateur, il exposa sa théorie du beau. — Son frère, Jacques Sigismond, 1706-1757. théologien luthérien, publia un Abrégé de l’histoire ecclésiastique, Halle, 1742, et commença l’Histoire universelle, dite de Halle, que continuèrent Semler, Schlœzer, etc.

BAUMHOLDER, principauté. V. LICHTENBERG.

BAUR (Ferd.-Chrétien), théologien protestant allemand, né en 1792, m. en 1860, a publié un grand nombre d’ouvrages de critique religieuse presque aussi hardis que ceux du Dr Strauss, son disciple : la Gnose chrétienne (1835) ; S. Paul, sa vie et ses doctrines (1845) ; Recherches critiques sur les Évangiles canoniques (1847) ; le Christianisme aux trois premiers siècles (1853), ouvrage complété depuis par une Hist. du Christianisme jusqu’au VIe siècle.

BAUSCH (J. Laurent), Bauschius, médecin allemand, 1605-1665, fonda en 1652, à Leipsick, l’Académie des curieux de la nature (Naturæ curiosorum), qui a publié des mémoires importants.

BAUSSET (L. F. de), cardinal, né à Pondichéry en 1748, mort en 1824 ; fut d’abord grand vicaire de M. de Boisgelin, archevêque d’Aix ; il devint évêque d’Alais en 1784, et fut député à l’assemblée des notables en 1787. L’Assemblée constituante supprima son évêché en 1790, et il réclama inutilement. Incarcéré pendant la Terreur, il fut rendu à la liberté après le 9 thermidor. Il publia en 1808 une Histoire de Fénelon, qui eut beaucoup de succès (3 vol. in-8, portés à 4 dans l’édition de 1817). Il la fit suivre bientôt après d’une Histoire de Bossuet (4 vol. in-8, I814), qui ne fut pas aussi bien accueillie. Lors de la formation de l’Université, Napoléon le créa conseiller titulaire (1810). En février 1815, il fut nommé par Louis XVIII président du conseil de l’instruction publique ; mais les événements des Cent-Jours l’empêchèrent d’exercer ses fonctions. Au retour des Bourbons, il fut fait pair et reçut le chapeau de cardinal (1817). Il avait été admis à l’Académie française en 1816. M. Tabaraud a publié en 1822 un Supplément aux deux histoires de M. de Bausset, ouvrage rédigé dans un esprit tout autre que celui de l’auteur.

BAUTRU (Guill.), bel esprit, né à Angers en 1588, mort en 1665, se fit une grande réputation par ses bons mots, se concilia la faveur de Richelieu et de Mazarin, et fut nommé comte de Séran et ambassadeur en Flandre, puis en Espagne et en Angleterre. Il fut un des premiers membres de l’Académie française, quoiqu’il n’eût guères écrit que des épigrammes.

BAUTZEN ou BUDISSIN, v. du. roy. de Saxe (Hte-Lusace), sur la Sprée, à 52 kil. N. E. de Dresde ; 12 000 hab. Cour d’appel, consistoire. Église St-Pierre, hôtel de ville, salle de spectacle, château d’Ortenburg, gymnase, 2 bibliothèques publiques. Draps, toiles, linge de table, futaines, etc. Jadis ville impériale. Patrie du poëte Meissner. Napoléon y vainquit les Russes et les Prussiens, 21 mai 1813.

BAUX (LES), bourg des Bouches-du-Rhône, à 15 k. N. E. d’Arles, à 7 kil. S. de St-Remy ; 1600 hab. — Il a donné son nom à la maison de Baux, une des plus anc. de la Provence, et qui prétendait descendre des Baltes, famille royale chez les Visigoths. Les barons de Baux ont été seigneurs de Marseille et princes d’Orange. Ils ont prétendu aux titres de rois d’Arles et de comtes de Provence, et ont soutenu leurs prétentions à main armée. Le plus ancien baron de Baux dont l’histoire fasse mention est Guillaume-Hugues, qui vivait au milieu du XIe siècle. En 1393, Marie de Baux porta dans la maison de Châlon la principauté d’Orange, qui passa plus tard dans celle de Nassau. Depuis la fin du XIVe siècle jusqu’en 1641, la baronnie de Baux fut réunie au comté de Provence. Louis XIII en fit don au prince de Monaco, Honoré de Grimaldi, qui avait secoué le joug de l’Espagne et s’était mis sous la protection de la France. On voit encore les ruines du château des comtes de Baux.

BAVAY, Bagacum, ch.-l. de tant. (Nord), à 25 k. N. O. d’Avesnes ; 1519 h. Fonderie de fer et de cuivre, fabrication d’instruments aratoires, etc. Anc. capit. des Nerviens, jadis florissante. Ruines d’un cirque, d’un aqueduc ; pyramide à 7 faces d’où partaient 7 routes dites chaussées de Brunehaut, parce qu’on les attribuait à cette reine d’Austrasie.

BAVIÈRE, Noricum, puis Boiaria ou Bajuvaria en latin, Baiern en allemand ; royaume de l’Allemagne du Sud, est composé de deux parties séparées par le roy. de Wurtemberg et le grand-duché de Bade, et situées, l’une à l’E., sur le Danube, l’autre à l’O., sur la rive gauche du Rhin. La 1re, qui forme la presque totalité du roy., a pour bornes, au N. les principautés de Reuss, les duchés et le roy. de Saxe ; à l’O. la Hesse électorale, les grands-duchés de Hesse-Darmstadt et de Bade et le roy. de Wurtemberg ; au S. et à l’E., le Vorarlberg, la Bohème et l’Inn. La 2e, beaucoup plus petite, est comprise entre le grand-duché de Bade à l’E., le grand-duché de Darmstadt au N. E., celui du Bas-Rhin à l’O., et la France au S. ; 79 800 kil. carrés ; population, 6 600 000 h., dont les deux tiers catholiques ; capit., Munich. Le royaume actuel de Bavière est formé de l’ancien cercle de Bavière (moins l’archevêché de Saltzbourg et le pays de Berchtesgaden, cédés à l’Autriche en 1802), de presque tout le cercle de Franconie, de la partie orientale du cercle de Souabe ; des évêchés de Fulde, Spire, Worms ; du duché de Deux-Ponts ; d’une partie de l’électorat de Mayence, et du Bas-Palatinat, avec Aschaffembourg ; enfin d’une fraction de l’Alsace, et de la forteresse de Landau. Elle se divise en 8 cercles qui, depuis 1837, portent les noms suivants :

Noms actuels. Noms précéd. Chefs-lieux.
Haute-Bavière…. Iser, Munich.
Basse-Bavière. .. . Bas-Danube, Passau.
Palatinat Rhin, Spire.
Haut-Palatinat…. Regen, Ratisbonne.
Haute-Franconie .. Haut-Mein, Bayreuth.
Franconie-Moyenne. Rezat, Anspach.
Basse-Franconie.. Bas-Mein, Wurtzbourg.
Souabe Haut-Danube, Augsbourg.

La Bavière danubienne est très-montagneuse ; sa partie méridionale est hérissée des ramifications de l’Arlberg et des Alpes Noriques ; à l’E. le Bœhmerwald, au N. E. l’Erzgebirge et le Fichtelberg dessinent ses frontières ; enfin elle est traversée du S. O. jusqu’à la riv. de l’Altmühl par une branche des Alpes de Souabe. La Bavière rhénane est coupée en deux parties égales par la chaîne des Vosges ; au centre est le mont Tonnerre. Les fleuves de la Bavière sont : le Danube, qui la traverse de l’O. à l’E. et qui y reçoit l’Iller, le Lech, l’Iser, l’Inn, l’Altmühl ; la Naab et la Regen ; le Mein, qui reçoit la Regnitz et la Saale de Franconie. Les princip. affluents qu’y reçoit le Rhin sont la Lauter, la Queich, l’Issenach et la Nahe. On trouve aussi en Bavière plusieurs lacs : l’Ammer, le Wurm et le Chiem. Le climat est doux et tempéré ; le sol renferme beaucoup de mines et de carrières ; il produit en abondance des grains, des légumes, des fruits, du vin, du lin, du chanvre. On trouve au N. de vastes plaines et de belles forêts, beaucoup de bêtes fauves et de gibier, une grande quantité de bestiaux, d’abeilles et de volailles. Industrie active et grand commerce. L’instruction est très-avancée : on compte trois universités, celles de Munich, d’Erlangen et de Wurtzbourg ; il y en avait une précédemment à Landshut, elle a été transportée à Munich. La Bavière est une monarchie constitutionnelle : le gouvernement est représentatif : il se compose d’un roi et de deux chambres, le sénat et les députés, qui partagent le pouvoir législatif ; la couronne se transmet de mâle en mâle par droit de primogéniture. La Bavière occupait le 3e rang dans la Confédération germanique ; elle avait 4 voix à l’assemblée générale, et une dans les assemblées ordinaires.

Histoire. Au temps de César, cette contrée paraît avoir été encore déserte ; mais sous Auguste on la voit déjà figurer au nombre des provinces romaines : elle était comprise dans la Vindélicie et le Norique. Au Ve s., les Boii ou Boioarii, venus de Bohème, étendirent leurs possessions dans le Norique occidental ; ces nouveaux conquérants furent eux-mêmes soumis du temps de Dagobert par les Francs Austrasiens (630-660). À cette époque la Bavière était gouvernée par des ducs de la race des Agilolfinges, dont le fondateu, Agilulf, régnait vers 530. Les ducs agilolfinges continuèrent à régir la Bavière au nom des rois francs jusqu’à Odilon, qui en 743 prit le titre de roi. Il essaya, mais en vain, de se soustraire à la suzeraineté de Charles Martel. Tassillon, son successeur (748-788), imitant son exemple, viola le serment de fidélité qu’il avait prêté à Pepin et se ligua contre Charlemagne,. d’abord avec Didier, roi des Lombards, et avec le duc d’Aquitaine, puis avec les Avares ; mais vaincu et pris par le roi des Francs, il alla finir ses jours dans un couvent (788). Charlemagne confia le gouvernement du duché à Gérold, comte de Souabe. Louis le Débonnaire l’érigea en royaume, 814, et le donna à son fils aîné, Lothaire, qui en 817 le céda à Louis le Germanique. Le roy. de Bavière comprenait alors, outre la Bavière propre, la Carinthie, la Carniole, l’Istrie, le Frioul, l’ancienne Pannonie, la Moravie et la Bohême. Eu 912, la race des Carlovingiens s’étant éteinte en la personne de Louis l’Enfant, les Bavarois se choisirent pour chef le margrave Arnoul, fils de Luitpold, qui prit le titre de duc. À sa mort (937), le duché passa successivement dans diverses maisons : il fut possédé par des ducs de la maison de Saxe (947-1004), de celle de Franconie (1004-1070), par les Guelfes ou Welfs de la maison d'Este (1070-1139), puis par des ducs autrichiens; en 1180, il tomba entre les mains d'Othon, comte palatin de Bavière, descendant d'Arnoul de Wittelsbach, fils de Luitpold, et chef de la maison qui régna jusqu'à la fin du dernier siècle. Sous les successeurs de ce prince, le duché de Bavière, qui avait été considérablement réduit, reprit de nouveaux accroissements. Après la mort d'Othon l'Illustre (1253), ses deux fils, Louis II et Henri XIII, se partagèrent ses États : Louis régna sur la Haute-Bavière, et Henri sur la Basse. Louis III, dit le Bavarois, fils de Louis II, réunit en 1312 la Haute et Basse-Bavière, et fut couronné empereur en 1313. Louis III agrandit considérablement ses domaines : lorsqu'il mourut (1347) il possédait outre la Bavière, le Brandebourg, la Hollande, la Zélande, le Tyrol, etc. Les fils de Louis se partagèrent ces diverses provinces, et formèrent un grand nombre de branches qui s'éteignirent rapidement, de sorte qu'en 1507, Albert II de la branche de Munich, réunit de nouveau toute la Bavière. Les successeurs d'Albert s'opposèrent de toutes leurs forces à la réforme et prirent parti pour l'Empereur dans la guerre de Trente ans. En récompense, l'empereur Ferdinand II éleva le duc Maximilien à la dignité d'électeur (1623), et rendit ce titre héréditaire dans sa famille. Cette dignité lui fut confirmée en 1648 par le traité de Westphalie. Son petit-fils, Maximilien-Emmanuel (1679-1726), s'étant déclaré pour la France dans la guerre de la succession d'Espagne, fut, après la bataille d'Hochstœdt (1704), mis au ban de l'Empire et il ne rentra dans ses droits qu'après la paix de Bade (1714). Charles-Albert, qui lui succéda, prétendit à la succession de l'empereur Charles VI, conquit la Bohême et l'Autriche, et se fit même couronner à Francfort en 1742, sous le nom de Charles VII; mais vaincu par François de Lorraine, à la tête des troupes autrichiennes, il se vit forcé non-seulement de renoncer à l'empire, mais d'abandonner la Bavière elle-même à François de Lorraine; il mourut avant la fin de la guerre. Maximilien-Joseph, son fils, fit la paix avec François et recouvra ses États par la paix de Fussen (1745). La Bavière jouissait d'un peu de repos lorsque la mort de Maxim.-Joseph, dernier rejeton des Wittelsbach, souleva de nouvelles discordes (1777). Charles-Théodore, électeur palatin, allié à cette famille, parvint cependant à régner en Bavière, malgré l'Autriche ; et après sa mort (1799), son neveu, Maximilien-Joseph, lui succéda. La Bavière eut beaucoup à souffrir pendant les guerres de la Révolution. Par la paix de Lunéville, elle dut céder ses possessions sur la r. g. du Rhin, mais elle reçut d'amples compensations. Longtemps fidèle alliée de la France, elle fut obligée de lui fournir de nombreux contingents. Elle signa l'acte de la confédération du Rhin, et sous la protection de Napoléon, qui avait considérablement agrandi son territoire, elle fut érigée en royaume dès 1806; néanmoins, après les désastres de 1813, Maximilien tourna ses armes contre la France. Pour prix de cette conduite, il reçut au congrès de Vienne la confirmation de sa royauté et de ses possessions. Il donna en 1818 à ses États une charte constitutionnelle. Son fils, Louis I, signala son règne par son goût pour les beaux-arts. Il abdiqua en 1848 en faveur de son fils Maximilien II qui, pour maintenir l'importance de la Bavière, s'est constamment opposé à toute tentative de centralisation de l'Allemagne.

Souverains de la Bavière.
(D'abord avec titre de ducs.)
Ducs agilolfinges. Welf I, 1070
Agilulf, vers 530 Welf II, 1101
Caribald I 554 Henri IX, 1120
Tassillon I, 593 Henri X, 1126
Caribald II, 610 Ducs autrichiens.
Theudon I, 640 Léopold, 1139
Theudon II, 680 Henri XI, 1141
Théodebert et Grimoald, 700 Henri XII, 1156
Hubert ou Hugibert, 728 Maison de Wittelsbach.
Odilon, 737 Othon I, 1180
Tassillon II, 748 Louis I, 1183
Rois francs. Othon I, l'illustre, 1231
Charlemagne, 788 Henri XIII et Louis II, 1253
Louis I et Lothaire, 814 Louis III, 1294
Louis II, le Germanique, 817 Étienne I, 1347
Carloman, 876 Jean de Munich, 1378
Louis III, 880 Ernest et Guillaume, 1397
Charles le Gros, 882 Albert, 1438
Arnoul de Carinthie, 888 Jean et Sigismond, 1460
Louis IV, l'Enfant, 900 Albert II, 1467
Ducs bavarois. Guillaume et Louis, 1508
Arnoul, le Mauvais, 911 Albert III, 1550
Eberhard, 937 Guillaume III, 1579
Berthold, 938 (Électeurs.)
Ducs de Saxe et de Franconie. Maximilien I,
Henri I, 948 duc, 1598
Henri II, le Querelleur, 955-967 électeur, 1623
et 885-995 Ferdinand-Marie, 1651
Othon I, de Souabe, 974-978 Maximilien II (Emmanuel), 1679
Henri III, 983 Charles-Albert, 1726
Henri IV, 985 Maximilien III (Joseph), 1745
Henri V, 1004 Maison palatine.
Henri VI, 1026 Ch.-Théodore, 1777
Henri VII, 1039 (Rois.)
Conrad I, de Zutphen, 1049 Maximilien-Joseph,
Henri VIII, 1053 IV comme électeur, 1799
Conrad II, 1056 I comme roi, 1806
Agnès, 1057 Louis I, 1825
Othon II, 1061 Maximilien II, 1848
Ducs guelfes ou welfs. Louis II, 1864

BAVIÈRE (Cercle de). Il comprenait tout le territoire qui forme auj. la partie orientale de la Bavière.

BÂVILLE ou BASVILLE. V. BASVILLE et LAMOIGNON.

BAVIUS, mauvais poëte de Rome, ennemi d'Horace et de Virgile.

BAWR (Sophie COURY DE CHAMPGRAND, baronne de), femme auteur, née à Stuttgart en 1776, d'une famille française, m. en 1860; a publié des comédies, dont la plus estimée est la Suite d'un bal masqué (1813), restée au répertoire du Théâtre-Français, des livres d'éducation, des nouvelles, des contes et romans moraux; enfin ses Souvenirs.

BAXAS (cap DAS), Noti Cornu, promont. d'Afrique, sur la côte d'Ajan, par 5° lat. N. et 46° long. E.

BAXTER (Richard), 1615-1691, théologien anglais non-conformiste, prit parti pour Charles I dans la guerre civile, fut chapelain de l'armée du Parlement, et contribua par ses prédications au retour de Charles II, mais n'en fut pas moins en butte aux persécutions pour avoir refusé d'accepter le bill d'uniformité. Il a écrit de nombreux ouvrages dans le but d'unir toutes les églises chrétiennes.

BAXTER (Will.), philologue anglais, 1650-1723. On a de lui une Grammaire latine, 1679; des édit. d’Anacréon, 1695; et d’Horace, 1701; et un Glossaire des Antiquités britanniques, en latin, 1719 et 1733.

BAXTER (André), écrivain écossais, 1687-1750, est surtout connu par ses Recherches sur la nature de l'âme, 1737.

BAYADÈRES (corruption du portugais bailadera, danseuse), femmes indiennes qui s'adonnent au chant, à la danse et à la pantomime. Elles se partagent en quatre classes : les dévadachis, qui habitent les temples et animent les fêtes religieuses de leurs chants et de leurs danses; les natchés, qui remplissent les mêmes fonctions, mais sans être attachées à un temple particulier; enfin les vestiatris et les cancenis, qui se consacrent aux divertissements des grands seigneurs de l'Orient. Elles sont choisies parmi les plus jolies filles; leur costume est riche et voluptueux; leur danse, souple et gracieuse, peint le plus souvent la passion de l'amour. Dans l'opinion du pays, leur état n'a rien de déshonorant. Cependant la plupart mènent une vie licencieuse.

BAYAN-KARA, chaîne de mont. de l'empire chinois, fait partie du grand massif du Kouen-Lun; elle commence sous 94° 30' long. E., 35° lat. N., court au S. E., sépare les sources du Hoang-ho de celles du Mouroui-Oussou, se joint vers l'E. aux mont. Neigeuses, et se lie aux monts du Thibet oriental.

BAYARD (Pierre DU TERRAIL, seigneur de), surnommé le Chevalier sans peur et sans reproche, né en 1476 au château de Bayard (près d'Allevard, Isère), réunit en lui les vertus qu'on admire séparément dans les héros de l'antiquité. Il commença à se signaler sous Charles VIII, à la bataille de Fornoue (1495). Sous Louis XII, il contribua puissamment à la conquête du Milanais (1499), et tua en combat singulier le capitaine espagnol Alonzo de Sotomayor. Il se signala également dans le royaume de Naples pendant la guerre contre les Espagnols (1503) : comme Horatius Coclès, il défendit seul contre les ennemis le pont du Garigliano, ce qui lui fit donner cette devise : Vires agminis unus habet. Il comprima en 1507 la révolte de Gênes, prit la part la plus glorieuse à la victoire d'Agnadel (1509), puis concourut avec succès à la guerre contre le Pape Jules II; mais, non moins loyal que Fabricius, il repoussa avec indignation les propositions d'un traître qui lui offrait d'empoisonner son ennemi. Blessé à la prise de Brescia, il n'en sauva pas moins l'honneur d'une famille qui allait être livrée à la brutalité du soldat, et n'accepta un don de 2500 ducats que pour les partager entre deux jeunes filles dont il venait de protéger la vertu. Sous François I, il fit de nouveau la guerre en Italie et prit à Villafranca, en 1515, un des généraux ennemis, Prosper Colonna. Quelques jours après, à Marignan, placé à côté du roi, il fit des prodiges de valeur et décida la victoire (1515) : pour lui témoigner sa haute estime, François I voulut être armé par lui chevalier. En 1521, il sauva Mézières, assiégée par une armée de Charles-Quint. Chargé, quelques années agrès, de ramener une armée qu'avait compromise l'impéritie de Bonnivet, il éprouva un échec à Rebec, mais il sauva l'armée en lui faisant passer la Sésia à Romagnano, en présence des Espagnols, quoique ceux-ci fussent bien supérieurs en force; étant resté le dernier pour couvrir la retraite, il reçut une blessure dont il mourut peu d'instants après (1524). Quoique expirant, il exigea qu'on le plaçât en face de l'ennemi, ne voulant pas, disait-il, lui tourner le dos pour la première fois. Le connétable de Bourbon, qui servait dans les rangs des Espagnols, voyant Bayard à ses derniers moments, déplorait son sort : « Ce n'est pas moi qu'il faut plaindre, lui dit le héros, mais vous, qui combattez contre votre roi et votre patrie. » La Vie de Bayard a été écrite par S. Champier, 1525; par son secrétaire, dit le Loyal Serviteur, 1527; par Guyard de Berville, 1760; P. Cohen, 1821, et autres.

BAYARD (J. Franç.), auteur dramatique, né en 1796, à Charolles (Saône-et-Loire), mort en 1853, fit de brillantes études à Ste-Barbe, et vécut dans une étroite intimité avec Scribe, dont il fut souvent le collaborateur et dont il épousa la nièce. Composant avec une extrême facilité, il donna aux divers théâtres, soit seul, soit en collaboration, une foule de pièces dont la plupart eurent la vogue. C'étaient le plus souvent des vaudevilles; cependant il aborda aussi avec succès le drame et même la haute comédie. Le nombre de ses pièces s'élève à plus de 200. On remarque dans le nombre : la Belle-Mère, Christine ou la Reine de seize ans, les Fées de Paris, Marie Mignot, les Enfants de troupe, les Premières armes de Richelieu, la Manie des places, la Fille de l'avare, Mathilde ou la jalousie, le Gamin de Paris, et, dans un genre plus élevé : Roman à vendre, un Ménage parisien, un Château de cartes, comédies en vers, enfin, le Mariage à la campagne, son chef-d’œuvre. Il venait d'achever le Fils de famille, lorsqu'il fut enlevé subitement à la fin d'une fête qu'il donnait. Bayard était de l'école de Dancourt et de Picard, un peu grivois, mais plein d'esprit, de gaieté, de verve, d'entrain; bien peu d'auteurs ont possédé à un aussi haut degré le talent de l'invention, l'entente du théâtre et toutes les ressources de l'art dramatique. MM. Hachette ont publié son Théâtre choisi, 12 vol. in-12, 1855-1858.

BAYARD, cheval fameux. V. AYMON.

BAYAZID, v. de la Turquie d'Asie (Arménie), à 240 kil. E. d'Erzeroum et 50 kil. S. O. du mont Ararat; 4000 hab. Jadis beaucoup plus peuplée. Citadelle, beau monastère. Commerce assez actif avec la Géorgie et la Perse. La ville fut fondée par Bajazet I, dont elle reçut le nom. Prise par les Russes en 1828.

BAYEN (Pierre), pharmacien et chimiste, né à Châlons-sur-Marne en 1725, mort en 1798, suivit en 1755, comme pharmacien en chef, l'expédition de Minorque, puis passa à l'armée d'Allemagne pendant la guerre de Sept ans, et y rendit les plus grands services en créant pour ainsi dire la pharmacie militaire. Il analysa les eaux minérales de la France, découvrit la propriété fulminante du mercure, reconnut avant Lavoisier que, dans la combustion, les minéraux enlèvent à l'air un de ses principes, et fit plusieurs autres observations importantes, consignées dans ses Opuscules chimiques, Paris, 1798.

BAYER (J.), astronome, né à Augsbourg au XVIe s., publia en 1603 à Augsbourg, sous le titre d’Uranometria, un recueil de 51 cartes sidérales, longtemps estimé, qui a été reproduit en 1627 sous le titre de Cœlum stellarum christianum.

BAYER (Théoph. Sigefroy), antiquaire et orientaliste, né à Kœnigsberg en 1694, mort en 1738, occupa une chaire d'antiquités grecques et romaines à Pétersbourg. On a dit de lui : Museum sinicum, Pétersbourg, 1730 ; Historia osrhoena et edessana nummis illustrata, 1734; Hist. regni Bactriani, 1738, et un grand nombre de savants mémoires, dans les actes de l'Académie de Pétersbourg.

BAYEUX, Aregenus ou plutôt Augustodurus, Civ. Baiocassum, ch.-l. d'arr. (Calvados), sur l'Aure, à 28 k. O. N. O. de Caen, à 269 k. de Paris ; 8562 h. Évêché, tribunal, collége. Belle cathédrale gothique, place St-Patrice, hôtel de ville, bibliothèque. Industrie active : dentelles, tulles, blondes, toiles, etc.; grand commerce de bétail, de volailles, de beurre. — Les Druides avaient à Bayeux une école célèbre au mont Phaunus. Cette ville fut au moyen âge la capit. du Pays Bessin; les ducs de Normandie y résidaient quelquefois. On y conserve la célèbre tapisserie attribuée à la reine Mathilde, qui y aurait retracé la conquête de l'Angleterre par Guillaume, son mari. Bayeux a vu naître les deux Chartier, l'abbé Pluquet, le maréchal de Coigny, etc.

BAYLE (Pierre), célèbre écrivain français, né en 1647, au Carlat, dans le comté de Foix, m. en 1706, fut élevé dans le Protestantisme, que des jésuites lui firent abjurer dans sa jeunesse, mais auquel il retourna bientôt. Après avoir été quelques années précepteur, il obtint au concours une chaire de philosophie à Sedan, et l'occupa avec distinction jusqu'à la suppression des universités protestantes, en 1681; il fut alors appelé à Rotterdam pour y remplir une chaire semblable. Il publia cette même année ses Pensées sur la comète, 1681, dans lesquelles, à l'occasion d'un de ces météores qui venait de paraître, il attaqua le préjugé vulgaire qui y voyait un présage effrayant. Il fit paraître peu après une Critique de l'histoire du Calvinisme du P. Maimbourg, qui éclipsa le livre donné sur le même sujet par Jurieu. Il fonda en 1684 les Nouvelles de la république des lettres, qui obtinrent dans toute l'Europe un rapide succès. Lors de la révocation de l'édit de Nantes, il combattit dans ses écrits l'intolérance de Louis XIV; mais en même temps il compromit par ses attaques toutes les communions chrétiennes : ses ennemis, à la tête desquels était le ministre Jurieu, le firent, pour ce motif, priver de sa chaire (1693). Il se mit alors à rédiger l'ouvrage qui a fait sa réputation, le Dictionnaire historique et critique, dont la 1re édition parut en 1697, en 2 vol. in-fol. Cet ouvrage lui suscita de nouvelles attaques : Jurieu le dénonça au consistoire comme impie, et au prince d'Orange, devenu roi d'Angleterre, comme ennemi de l'État et partisan secret de la France; mais, grâce à la protection de lord Shaftesbury, il échappa cette fois aux coups de ses persécuteurs. Il employa le reste de sa vie à étendre son Dictionnaire, dont il donna une nouvelle édition en 1702, 3 vol. in-folio, et à composer plusieurs ouvrages de critique ou de controverse, parmi lesquels on remarque les Réponses aux questions d'un provincial, 6 vol. in-8, Rotterdam, 1704-6. Bayle est surtout connu comme sceptique. Dans son Dictionnaire, il se plaît à exhumer les opinions les plus paradoxales et à les fortifier d'arguments nouveaux, sans toutefois les avouer pour son propre compte; par l'incrédulité qui règne dans ses écrits, il a frayé la voie à Voltaire. Ses Œuvres diverses ont été publiées à La Haye, 4 vol. in-fol. 1727. L'édition la plus récente et la plus complète de son Dictionnaire est celle de Beuchot, 16 vol. in-8, 1820-1824. Sa Vie a été écrite par Desmaizeaux, 1732. On doit à M. Lenient une savante Étude sur Bayle, 1856.

BAYLE (Gasp. Laur.), médecin, né en 1774 au Vernet en Provence, m. à Paris en 1816, était médecin de l'hospice de la Charité. Il a puissamment contribué aux progrès de l'anatomie pathologique. On estime surtout ses Recherches sur la phthisie pulmonaire, Paris, 1810. - Son neveu, Ant. Laurent B., né en 1799, mort 1859, professeur agrégé et sous-bibliothécaire de la Faculté de médecine de Paris, fonda en 1824 la Revue médicale et publia lui-même quelques ouvrages estimés, entre autres la Bibliothèque de thérapeutique, 1828-37, 4 v. in-8.

BAYLEN, v. d'Espagne (Jaen), à 23 kil. N. de Jaen, au pied de la Sierra Morena; 4000 hab. Célèbre par la capitulation que le général Dupont, surpris entre ce bourg et Andujar, y signa le 22 juillet 1808 : le vainqueur, Castanos, fut fait duc de Baylen.

BAYON, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle) sur la r. dr. de la Moselle, à 38 kil. S. de Nancy, à 25 k. S. O. de Lunéville; 800 hab. Station.

BAYONNE (du basque baia ona, bonne baie), Lapurdum ? v. et port du dép. des Basses-Pyrénées, ch.-l. d'arr., sur la Nive et l'Adour, à 79 k. O. N. O. de Pau, à 788 k. S. O. de Paris par la route, 776 par chemin de fer, à 4 kil. de l'Océan Atlantique; 25 611 hab. Bayonne est comme divisée en trois villes : le Grand Bayonne, le Petit Bayonne et le faubourg de St-Esprit, de l'autre côté de l'Adour, dans le dép. des Landes. Évêché, place forte de 1re classe, tribunal, collége, bibliothèque, bourse. Ville généralement bien bâtie; charmantes promenades le long de l'Adour; place Grammont, place d'Armes, belle cathédrale, citadelle, arsenal, théâtre, port, école de navigation; station. Distilleries, chocolats et jambons renommés, etc. Chantiers de construction pour la marine impér. et le commerce. Assez grand commerce avec l'Espagne; armements pour la pêche de la morue et pour l'Amérique. C'est, dit-on, à Bayonne qu'a été inventée la baïonnette. Patrie de l'abbé de St-Cyran, de J. Laffite, etc. — Bayonne dépendit longtemps du duché d'Aquitaine; elle passa avec ce duché sous la domination des Anglais, auxquels Charles VII l'enleva en 1451. Depuis, elle a été 14 fois assiégée, mais toujours inutilement. Aussi se glorifie-t-elle d'être une ville vierge. C'est à Bayonne que Napoléon fit renoncer Charles IV à la couronne d'Espagne.

BAYREUTH, v. de Bavière, jadis ch.-l. de margraviat auj. ch.-l. du cercle du H.-Mein ou Hte-Franconie, sur le Mein-Rouge, à 42 k. E. de Bamberg; 15 000 h. Belle rue de Frédéric, marché, deux châteaux, opéra, hôtel de ville, statue de Jean-Paul Richter, qui y résida, etc. Étoffes de coton, draps, chapeaux, etc.

BAYREUTH (margraviat de), anc. État de l'Allemagne dans le cercle de Franconie, avait pour places principales : Bayreuth (capit.), Culmbach, Pegnitz, Erlang, Neustadt-sur-Aisch, Bayersdorf, Neuhausen. — La principauté de Bayreuth s'est formée lentement à partir de 1248, époque à laquelle Bayreuth, qui dépendait d'abord des bourgeois de Nuremberg, entra dans la maison de Hohenzollern. Elle fut réuni e en 1769 au margraviat d'Anspach et vendue en 1791 par le dernier titulaire au roi de Prusse. Elle fut supprimée en 1806 et réunie à la Bavière. V. ANSPACH.

BAYREUTH (Soph. Wilhelmine, margravine de), fille du roi de Prusse Fréd. Guillaume I, et sœur du grand Frédéric, née en 1709, m. en 1758, eut beaucoup à souffrir dans sa jeunesse, ainsi que son frère, des violences du roi. Elle épousa en 1731 l'héritier du margraviat de Bayreuth et fut mère du trop fameux margrave d'Anspach (V. ce nom). C'était une princesse distinguée par les qualités de l'esprit et du cœur. Frédéric II la chérissait. Voltaire a écrit une Ode sur sa mort. Elle a laissé de curieux Mémoires, qui vont de 1706 à 1742, et qui n'ont paru qu'en 1810; ils ont été réimprimés à Paris en 1845. Ces Mémoires offrent les plus intéressants détails sur l'intérieur de la cour de Prusse. La Correspondance de cette princesse avec Frédéric II a été imprimée dans les Œuvres du roi (t. XXVII).

BAZA, Basti, v. d'Espagne (Grenade), à 33 kil. N. E. de Guadix; 6900 h. Les Français y battirent les Espagnols et les Anglais en 1810.

BAZADAIS, Vasates, anc. pays de France, dans la Guyenne, entre le Bordelais à l'O., le Périgord et l'Agénois à l'E., la Gascogne au S. et la Saintonge au N., avait pour v. principales Bazas (ch.-l.), Langon, La Réole, Sauveterre, Captieux, Casteljaloux et Castelmoron. Il fait auj. partie des dép. de la Gironde et de Lot-et-Garonne.

BAZARD (Aman), disciple de St-Simon, né en 1791, mort en 1832, s'était d'abord voué à la politique d'opposition, et avait fondé dans les premières années de la Restauration, la Charbonnerie française. Converti au St-Simonisme en 1825, il prêcha avec ardeur la nouvelle doctrine, rédigea le Producteur et l'Organisateur, journaux où elle était exposée, et fut un instant reconnu pour chef par les St-Simoniens ; mais il se sépara d'eux en 1831, lorsqu'abandonnant la direction purement philosophique et sociale, ils prétendirent créer une religion nouvelle.

BAZAS, Cossio, Oppidum Vasatum, ch.-l. d'arr. (Gironde), à 60 kil. S. E. de Bordeaux, sur un rocher escarpé, au pied duquel coule la Beuve; 2411 hab. Tribunal. Salpêtrière, verrerie, cuirs, cire, etc. Commerce de grains, bétail, bois de chauffage. — Autrefois capitale des Vasates. Elle fut prise par Crassus, ravagée au Ve siècle par les Vandales et les Goths; elle devint au VIe siècle le siége d'un évêché. S. Bernard y prêcha la croisade en 1153. Patrie de Jules Ausone, préfet d'Illyrie, père du poëte Ausone.

BAZIN DE RAUCOU, né à Paris en 1797, mort en 1850, était fils d'un riche avoué. Garde du corps, puis avocat, il quitta de bonne heure le barreau pour se consacrer aux lettres. Il fut couronné par l'Académie en 1831 pour un Éloge de Malesherbes, publia en 1838 une Histoire de France sous Louis XIII, qui obtint en 1840 le 2e prix Gobert, et compléta ce bel ouvrage par une Hist. de France sous le ministère du cardinal Mazarin, 1842. Il a laissé des études de mœurs contemporaines sous le titre de L'Époque sans nom, et des Études d'histoire et de biographie.

BAZIN, évêque de Lisieux. V. BASIN.

BAZOCHE (Clercs de la). V. BASOCHE.

BAZOCHE-SUR-HOESNE, ch.-l. de cant. (Orne), à 6 kil. N. O. de Mortagne; 1300 hab.

BAZOUGES-LA-PÉROUSE, bourg du dép. d'Ille-et-Vilaine, à 30 kil. de Fougères; 4243 h. Verrerie

BEACHY, cap d'Angleterre (Sussex), sur la Manche, entre Brighton et Pevensey. Tourville y battit en 1690 une flotte anglaise.

BÉARN, prov. de l'anc. France, sur les confins de l'Espagne, avait pour bornes à l'O. la Navarre française et la Soule, à l'E. le Bigorre, au N. la Chalosse; 60 kil. sur 65. Elle faisait partie du gouvt de Béarn-et-Navarre, se divisait en 5 sénéchaussées, et avait pour capit. Pau. — Cette contrée était jadis habitée par les Beneharni; sous les Romains elle fut comprise dans la Novempopulanie; elle appartint ensuite aux Goths, aux Francs, aux Vascones ou Gascons (600, etc.), qui reconnaissaient toutefois la suprématie des ducs ou rois mérovingiens. Le Béarn fit partie de l'empire des Carlovingiens comme toute l'Aquitaine; il devint, au IXe siècle, une vicomté héréditaire, et eut dès lors pour vicomte Centule I, 2e fils de Loup, duc de Gascogne. Après l'extinction de cette 1re maison, en 1134, il passa aux vicomtes de Gabaret, puis aux Moncade (1170), et dans la maison de Foix (1290). Les vicomtés de Béarn et de Gabaret, suivant alors les destins du comté de Foix, finirent par entrer avec lui dans la maison d'Albret (1465), puis dans celle de Bourbon (1550). Ils furent réunis à la couronne de France par Henri IV, 1594; l'édit de réunion ne fut publié néanmoins qu'en 1620, sous Louis XIII. En 1790, le Béarn fut enclavé dans les dép. des Basses-Pyrénées et des Landes, où il forme les arr. d'Oloron, d'Orthez et de Pau. Les Basques, habitants du Béarn, ont conservé le costume, les mœurs du moyen âge, ainsi qu'une langue particulière. V. BASQUES.

BÉATES, institutrices de village répandues dans plusieurs départements du Midi, surtout dans la Haute-Loire, forment une congrégation dont l'origine remonte au XVIIe siècle; mais qui n'a été autorisée comme établissement d'utilité publique qu'en 1843. Leurs écoles sont en même temps des ouvroirs, où les jeunes paysannes se forment aux travaux d'aiguille, surtout à l'industrie de la dentelle.

BEATON (David), archevêque de St-Andrews en Écosse, né en 1494, de la famille des comtes de Fife, était neveu de James Beaton, qui avait été lui-même archevêque de St-Andrews, et qui fut chancelier d’Écosse, pendant la minorité de Jacques V. David Beaton fut un des plus zélés antagonistes de la Réforme en Écosse. Jacques V lui confia les sceaux et le chargea de missions importantes : c'est lui qui négocia le mariage de ce prince, d'abord avec Marguerite de France (1533), puis avec Marie de Lorraine (1538). Il fut nommé cardinal la même année. Après la mort du roi (1542), il devint chancelier de la jeune reine Marie Stuart. Il exerça sous son nom l'autorité avec beaucoup de rigueur, chassa J. Knox de l'Université de St-Andrews, fit brûler plusieurs hérétiques et s'attira tant de haine qu'il périt assassiné (1547).

BÉATRIX (Ste), fut condamnée à mort sous Dioclétien (303) pour avoir donné la sépulture à ses frères, S. Sulpice et S. Faustin, qui avaient subi le martyre. On l'hon., avec ses frères, le 29 juillet.

BÉATRIX, nom de plusieurs princesses du moyen âge, dont les plus connues sont : Béatrix de Bourgogne, fille de Renaud, comte de Bourgogne, qui épousa en 1156 l'empereur Frédéric I et lui apporta en dot la Bourgogne Cisjurane et la Provence; — Béatrix de Savoie, qui épousa en 1220 Raymond Bérenger, comte de Provence, et qui favorisa les poëtes; — Béatrix de Provence, fille de la préc. et de Raymond Bérenger IV, dernier comte de Provence; elle épousa en 1245 Charles d'Anjou, frère de Louis IX, depuis roi de Naples, union qui prépara l'annexion de la Provence à la France.

BÉATRIX, femme illustrée par le Dante, qui s'éprit d'elle dès son enfance, et lui consacra une place dans tous ses ouvrages, était de Florence et issue de la famille des Portinari : née en 1266, elle mourut en 1290 à peine âgée de 24 ans, dans la fleur de sa beauté.

BEATTIE (James), écrivain écossais, docteur en théologie, né en 1735 à Laurencekirk (Kincardine), mort en 1803, était fils d'un fermier. D'abord maître d'école, il devint en 1760 professeur de philosophie au collège Maréchal à Aberdeen. Cultivant à la fois la poésie et la philosophie, il publia le Jugement de Pâris (1765), le Ménestrel (1774-77), l'Ermite, ainsi que plusieurs autres poésies qui eurent beaucoup de succès, et composa des essais estimés sur la Poésie et la Musique (1762), sur le Rire et les ouvrages de plaisanterie (1764), sur la Nature et l'immutabilité de la Vérité (1770 et 1776); dans ce dernier ouvrage, le plus connu de tous, il combat, comme l'avait déjà fait son compatriote Reid, les sophismes de Berkeley et de Hume. On lui doit encore des essais sur les Songes, sur le Langage, sur l’Utilité des études classiques, et des Éléments de morale (17$0-93), trad. par M. C. Manet, 1840. W. Forbes a donné à Londres en 1806 une notice sur sa vie et ses écrits.

BEAUCAIRE, Ugernum, Bellum Quadrum en lat. moderne, ch.-l. de cant. (Gard), près de la r. dr. du Rhône, à 25 kil. E. de Nîmes par la route, 28 par chemin de fer, vis à. vis de Tarascon, auquel l'unit un beau pont; 9694 hab. permanents. Station. Commerce en grains, farine, vins. Il s'y tient tous les ans une foire célèbre, établie en 1217 par Raymond VII, comte de Toulouse. Jadis il y venait des marchands, d'Espagne, d'Italie, et même de la Grèce, du Levant, de l'Égypte. La foire se tient dans la ville et dans une longue prairie au bord du Rhône; elle commence le 1er juillet et dure jusqu'au 28. — Le Canal de Beaucaire, ouvert en 1773, part du Rhône près de Beaucaire et se termine à Aigues-Mortes.

BEAUCE (la), anc. pays de France, compris jadis dans le gouvt de l'Orléanais, embrassait le pays Chartrain, le Dunois, le Vendomois, le Hurepoix. Souvent on restreignait le nom de Beauce au pays Chartrain. Villes principales : Chartres, ch.-l., puis Bretigny, Nogent-le-Roi, Gallardon, Épernon, Maintenon, Bonneval. La Beauce propre est toute en plaines; elle produit surtout des blés, et est renommée par sa fertilité. Elle forme env. la moitié du dép. d'Eure-et-Loir et partie de celui de Loir-et-Cher.

BEAUCHAMP (Alphonse de), homme de lettres, né à Monaco en 1767, d'un père français, mort en 1832; servit d'abord dans les troupes sardes, revint en France à l'époque de la Révolution, occupa un emploi dans les bureaux de la sûreté générale, puis de la police, où il recueillit de précieux matériaux pour ses ouvrages, et se livra presque tout entier aux lettres. On lui doit une Histoire de la Vendée, qui parut d'abord en 1806, 3 vol. in-8, et qui eut plusieurs édit. On a aussi de lui une Hist. de la captivité de Pie VII, 1814; une Vie du général Moreau, 1814; et de nombreux articles dans la Biographie universelle.

BEAUCHAMPS (P. GODARD de), littérateur, né à Paris en 1689, mort en 1761, a traduit du grec les Amours d'Ismène et d'Isménias, d'Eustathe, 1742; les Amours de Rhodanthe et de Dosiclès, de Prodrome, 1746, et a publié, outre des romans et des pièces de théâtre, auj. oubliées, d'intéressantes Recherches sur les théâtres de France, 1735.

BEAUCHÊNE, petit pays du Dauphiné, aux env. de Gap (Hautes-Alpes), dont les lieux principaux étaient St-Julien-en-Beauchêne et St-André-en-Beauchêne, dans les cantons d'Aspres et de La Faurie.

BEAUFORT, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), sur le Couesnon, à 16 k. S. O. de Baugé; 2629 h. Toile à voile, etc. Érigé en comté en 1340, acheté en 1469 par le roi René qui le laissa à sa femme Jeanne de Laval. — Ch.-l. de c. (Jura), à 16 k. S. O. de Lons-le-Saulnier; 787 hab. — Ch.-l. de c. du dép. de Savoie, à 16 k. d'Albertville; 3150 h. Fromages.

BEAUFORT-MONTMORENCY, anc. seigneurie, située en Champagne, à 38 kil. S. de Châlons, fut érigée en duché par Henri IV pour Gabrielle d'Estrées, 1597.

BEAUFORT (Henri), prélat anglais, frère de Henri IV, roi d'Angleterre, fut évêque de Lincoln, puis de Winchester, chancelier d'Angleterre, cardinal et ambassadeur en France, et couronna roi de France en 1430, à Notre-Dame de Paris, le jeune Henri VI, amené en France par le duc de Bedford. Ce prélat fut membre du tribunal qui condamna au feu Jeanne d'Arc. On l'accuse d'avoir fait assassiner son neveu, le duc de Glocester. Il mourut en 1447.

BEAUFORT (la duch. de). V. ESTRÉES (Gabrielle d').

BEAUFORT (François DE VENDÔME, duc de), né à Paris en 1616, était fils de César, duc de Vendôme, fils naturel de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées. Il se distingua de bonne heure aux siéges de Corbie, de Hesdin et d'Arras. Après avoir joui de la faveur de la régente Anne d'Autriche, il fut disgracié et se jeta dans la cabale des Importants, ennemie de la cour. Pris et jeté en prison, il réussit à s'échapper. Il joua un rôle dans la guerre de la Fronde et acquit sur la populace une si grande influence qu'on le surnommait le Roi des halles. S'étant soumis, il fut chargé de plusieurs expéditions importantes : en 1665, il battit deux fois sur mer les Algériens; en 1669, il conduisit des secours aux Vénitiens contre les Turcs, et se distingua au siége de Candie; mais il fut tué dans une sortie (1669).

BEAUFORT (Louis de), historien judicieux du XVIIIe siècle, mort à Maëstricht en 1795, avait été gouverneur du prince de Hesse-Hombourg. Il a composé une Dissertation sur l'incertitude des cinq premiers siècles de Rome, Utrecht, 1738, qui contient le germe des doutes exprimés depuis par Niebuhr, et une Histoire très-estimée de la République romaine, 1766.

BEAUFREMONT. V. BAUFFREMONT.

BEAUGENCY, ch.-l. de cant. (Loiret), sur la r. dr. de la Loire, à 26 kil. S. O. d'Orléans; 4002 hab. Beau pont. Station du chemin de fer d'Orléans à Tours. Anc. tour dite Tour de César. Vins estimés. Château des seigneurs de Beaugency, dont la seigneurie fut réunie à la couronne vers la fin du XIIIe siècle. Plusieurs fois prise par les Anglais; reprise par Jeanne d'Arc et le duc d'Alençon en 1429.

BEAUHARNAIS, famille noble de l'Orléanais, honorablement connue dès le XIIe siècle, tirait son nom de La Ferté-Beauharnais (Loir-et-Cher). Elle porta d'abord le titre de comte et reçut celui de marquis en 1764, en récompense de ses services.

BEAUHARNAIS (Franç., marquis de), né à La Rochelle en 1756, mort en 1823, représenta la noblesse aux États généraux de 1789, émigra, servit comme major général dans l'armée de Condé, écrivit à Bonaparte pour l'engager à replacer les Bourbons sur le trône, se rallia néanmoins à l'Empire et fut chargé de plusieurs ambassades. Sa fille, Émilie-Louise de Beauharnais, épousa le comte de Lavalette, qu'elle sauva par son noble dévouement (V. LAVALETTE). — Son frère, Alexandre, vicomte de Beauharnais, né en 1760, à la Martinique, fut également député de la noblesse aux États généraux, mais adopta les principes de la Révolution, fut nommé en 1792 général de division et commanda un corps à l'armée du Rhin, mais se vit accusé de trahison pour avoir tardé à secourir Mayence, fut arrêté en 1794 comme suspect dans sa terre de La Ferté-Beauharnais, et périt sur l'échafaud. Il avait épousé Joséphine Tascher de La Pagerie, qui fut depuis l'épouse de Napoléon, et il en avait eu un fils, le célèbre Eugène de Beauharnais, et une fille, Hortense, qui devint reine de Hollande, par son mariage avec Louis Bonaparte.

BEAUHARNAIS (Eugène de), fils du préc. et de Joséphine Tascher de La Pagerie, né à Paris en 1781, se fit remarquer fort jeune de Bonaparte en allant lui réclamer l'épée de son père qui avait été enlevée lors du désarmement de Paris, et fut appelé à jouer un rôle fort important lorsque ce général eut épousé sa mère (1796). Il l'accompagna en qualité d'aide de camp dans les campagnes d'Italie et d'Égypte, se distingua à Marengo, et devint en peu de temps colonel, puis général de brigade (1804). Lors de la création de l'Empire, il fut élevé à la dignité de prince (1804), et bientôt après nommé vice-roi d'Italie (1805). En peu d'années, il rétablit l'ordre et ramena la prospérité dans ce pays. En 1806, Napoléon lui fit épouser la princesse Amélie, fille du roi de Bavière Maximilien-Joseph, l'adopta solennellement et le désigna comme héritier présomptif de la couronne d'Italie. Chargé en 1809 du commandement de l'armée d'Italie contre l'Autriche, il éprouva d'abord un revers à Sacile, mais bientôt il réussit à repousser l'ennemi, opéra sa jonction avec la grande armée aux environs de Vienne, gagna la bataille de Raab, et fut une des principales causes du succès de celle de Wagram. Dans la guerre de Russie il commanda un corps de la grande armée; se signala aux combats d'Ostewno, de Mohilow, à la Moskowa, à Viazma et à Krasnoï, et, après le départ de Napoléon, ramena l'armée jusqu'à Magdebourg; on admire universellement cette retraite. Pendant nos revers, on lui offrit de lui garantir la couronne d'Italie s'il consentait à séparer sa cause de celle de Napoléon : il repoussa avec une généreuse indignation cette honteuse proposition. Après la chute de l'Empire, il se retira avec le titre de duc de Leuchtenberg, auprès du roi de Bavière, son beau-père. Il mourut à Munich en 1824, d'une attaque d'apoplexie. On doit au général Vaudoncourt l’Histoire politique et militaire du prince Eugène, Paris, 1828, 2 vol. in-8. M. A. du Casse a publié ses Mémoires et sa Correspondance, 10 v. in-8, 1858-60. Le prince Eugène a laissé 6 enfants : le duc de Leuchtenberg, qui épousa en 1835 la reine de Portugal dona Maria, et mourut la même année; Joséphine, mariée à Oscar Bernadotte, prince héréditaire de Suède; Eugénie, mariée au prince de Hohenzollern-Hechingen; Amélie, mariée à don Pédro, empereur du Brésil; Théodolinda, mariée à Guillaume, comte de Wurtemberg; et le prince Maximilien, qui prit le titre de duc de Leuchtenberg après la mort de son frère aîné, et qui épousa en 1839 une fille de l'emp. Nicolas.

BEAUHARNAIS (Fanny, comtesse de), née à Paris en 1738, morte en 1813, avait épousé, fort jeune, le comte de Beauharnais, oncle de François et d'Alexandre, dont elle fut obligée de se séparer. Elle cultiva la littérature avec passion et admit dans sa familiarité plusieurs gens de lettres, entre autres Dorat et Cubières. Elle a composé des poésies (Paris, 1772) et un assez grand nombre de romans : on trouve dans ses écrits de la sensibilité et de la philosophie, mais ils ne s'élèvent pas au-dessus du médiocre. — Son fils, Claude, comte de Beauharnais, mort en 1819, fut sous l'Empire chevalier d'honneur de Marie-Louise et sénateur, et devint pair de France sous la Restauration. Il est le père de Stéphanie, fille adoptive de Napoléon Ier, qui épousa Charles-Louis-Frédéric, grand-duc de Bade, et qui mourut en 1859, grande-duchesse douairière.

BEAUJEU, ch.-l. de cant. (Rhône), sur l'Ardière, à 28 kil. N. O. de Villefranche; 2690 hab. Grand comm. de vin du Beaujolais. — Jadis capit. du Beaujolais (V. ce mot). Restes du château des sires de Beaujeu.

BEAUJEU (la dame de). V. ANNE de France.

BEAUJOLAIS, ancienne contrée de France, faisait jadis partie du gouvt du Lyonnais, et était située au N. du Lyonnais proprement dit et du Forez; ch.-l., Beaujeu, puis Villefranche. Elle forme auj. une partie des dép. du Rhône et de la Loire. Excellents vignobles. — Le Beaujolais fut d'abord une baronnie, qui était possédée au IXe siècle par Guillaume, comte du Lyonnais et du Forez, mort en 900. A sa mort, la baronnie échut à son fils, Bérard, qui le 1er porta le titre de Sire de Beaujeu. Cette 1re maison s'éteignit en 1265, en la personne de Guichard V. Isabeau, son héritière, épousa Renaud, comte du Forez, qui devint chef d'une nouvelle maison de sires de Beaujeu, parmi lesquels on remarque Édouard I, maréchal de France sous Philippe de Valois, qui vainquit les Anglais à Ardres, mais périt dans la bataille. La baronnie de Beaujeu passa, vers 1400, dans la maison de Bourbon, par la cession qu'en fit Édouard II à Louis de Bourbon, son oncle. Un des descendants de celui-ci, Pierre II de Bourbon, sire de Beaujeu, épousa Anne de France, fille de Louis XI, connue sous le nom de Dame de Beaujeu. En 1522, le Beaujolais, confisqué sur le connétable de Bourbon, fut donné à Louise de Savoie, mère de François I. Réuni à la couronne en 1531, il fut rendu en 1560, par François II, à Louis de Bourbon, duc de Montpensier. Marie de Montpensier le porta en dot, en 1626, à Gaston d'Orléans, dont la fille, la célèbre Mademoiselle, le légua à Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV. Le Beaujolais, érigé dès lors en comté, resta depuis dans la maison d'Orléans. Le dernier prince qui ait porté le titre de comte de Beaujolais fut le 3e frère du roi Louis-Philippe I, né à Paris en 1779 et mort à Malte en 1808.

BEAUJON (Nicolas), banquier de la cour et fermier général sous Louis XV, né à Bordeaux en 1718, mort à Paris en 1786, fit beaucoup de bien. Il fonda et dota en 1784, dans le faubourg du Roule, à Paris, un hôpital qui porte encore son nom.

BEAUJOUR (Félix), publiciste, né en Provence en 1765, m. en 1836, remplit diverses missions diplomatiques et politiques sous l'Empire et la Restauration, fut élu député par Marseille et élevé à la pairie par Louis-Philippe en 1835. On a de lui, entre autres écrits : le Traité de Lunéville; le Traité d'Amiens; Aperçu des États-Unis; Théorie des Gouvernements, Voyage dans l'empire ottoman. Il fonda en 1832 un prix de 5000 fr. pour le meilleur ouvrage sur le commerce de Marseille, prix qui est décerné chaque année par l'Académie des sciences morales.

BEAULIEU, ch.-l. de cant. (Corrèze) sur la Dordogne, à 30 kil. S. de Brives ; 2042 h. Célèbre abbaye de Bénédictins, fondée en 855, supprimée en 1789. — Bourg du Calvados, près de Caen. Maison centrale de détention. — Village d'Indre-et-Loire, à 30 kil. S. O. de Tours et près de Loches; anc. seigneurie appartenant à Agnès de Sorel, dite la dame de Beaulieu. il y fut signé en 1575 un traité favorable aux Protestants, ce qui fut le prétexte de la Ligue.

BEAULIEU (Séb. PONTAUT de), ingénieur et maréchal de camp sous Louis XIV, mort en 1674, fut un des créateurs de la topographie militaire. Il a publié Les Glorieuses conquêtes de Louis le Grand, recueil de cartes et de plans des siéges, batailles et expéditions depuis 1643, continué après sa mort, jusqu'en 1694.

BEAULIEU (J. P., baron de), général des armées autrichiennes, né dans le Brabant en 1725, m. en 1819, commença sa carrière militaire dans la guerre de Sept Ans (1756-63), réduisit en 1789 le Brabant insurgé, obtint en 1792 et 1794 quelques avantages dans les Pays-Bas sur les Français eux-mêmes et battit Jourdan à Arlon; mais ayant été nommé en 1796 général en chef en Italie, il fut perpétuellement battu par Bonaparte, surtout à Montenotte et à Lodi, et fut obligé de renoncer à son commandement.

BEAUMANOIR (Philippe de), jurisconsulte, né vers 1226 dans le Beauvoisis, m. vers 1295, fut successivement bailli à Senlis, à Clermont (en Beauvoisis), à Tours et dans le Vermandois, et jouit de la confiance de S. Louis et de son fils Robert, comte de Clermont. Il recueillit en 1283, en les accompagnant d'un précieux commentaire, les Coutumes du Beauvoisis, le monument le plus précieux de notre ancien droit. Montesquieu regarde Beaumanoir comme la lumière de son temps. La Coutume de Beauvoisis, publiée pour la 1re fois en 1690 par La Chaumassière, mais d'une manière fort imparfaite, a été éditée de nouveau et avec beaucoup plus de soin, par M. Beugnot en 1842. On doit à M. Morel une Étude historique sur l’œuvre de Beaumanoir, 1851.

BEAUMANOIR (Jean de), d'une famille noble de Bretagne, embrassa avec chaleur la cause du duc Charles de Blois contre Jean de Montfort, qui lui disputait la possession de la Bretagne, et fut un des héros qui se distinguèrent le plus au Combat des Trente, livré en 1351 par trente Bretons contre trente Anglais près de Ploërmel. Il était dévoré de soif et demandait à boire : Bois ton sang, lui répondit un de ses chevaliers. A la bataille d'Auray, il fit en vain des prodiges de valeur et fut fait prisonnier avec Du Guesclin. Il fut un des négociateurs du traité de Guérande, et, la paix faite, il reçut du vainqueur le titre de maréchal de Bretagne.

BEAUMANOIR (J. de). V. LAVARDIN (le maréchal de).

BEAUMARCHAIS (P. Aug. CARON de), né à Paris en 1732, mort en 1799, était fils d'un habile horloger, et se distingua d'abord dans l'état de son père en inventant une nouvelle espèce d'échappement. Il avait beaucoup de goût pour la musique, et excellait sur la harpe et la guitare; ce qui le fit admettre à la cour, où il donna des leçons à Mesdames, filles de Louis XV. Profitant de la faveur que lui procurait son talent, il se lia avec le financier de la cour, Pâris Duverney, se lança dans les spéculations commerciales et déploya un tel génie en ce genre qu'en peu d'années il eut acquis une grande fortune : ce fut surtout lors de la guerre de l'indépendance des États-Unis qu'il s'enrichit, en approvisionnant les Américains d'armes et de munitions. Il se fit en même temps une grande réputation dans le monde par ses factums, mémoires judiciaires pleins de malice et d'intérêt, qui eurent un succès prodigieux, et par des pièces de théâtre pleines de verve et d'originalité, mais d'une hardiesse inouïe, qui obtinrent une vogue extraordinaire. Il donna la 1re édition des œuvres de Voltaire, édition de Kehl, et dépensa dans cette entreprise des sommes considérables. A l'époque de la Révolution, il fut nommé membre provisoire de la commune de Paris, mais il quitta bientôt les affaires publiques pour se livrer à de nouvelles spéculations; moins heureux cette fois, il se ruina presque en voulant fournir d'armes les troupes de la République. Emprisonné à l'Abbaye sous la Terreur, il échappa cependant à l'échafaud et se tint quelque temps caché. Il vécut encore plusieurs années. On a de Beaumarchais : Mémoires contre les sieurs de Goëzman, La Blache, Marin d'Arnaud, 1774 et 1775; Mémoire en réponse à celui de Guill. Kornmann, 1787; Eugénie, drame représenté en 1767, avec peu de succès; les Deux Amis, drame en 5 actes, 1170; le Barbier de Séville, comédie en 4 actes, 1775, la Folle Journée, ou le Mariage de Figaro, comédie en 5 actes, 1784, qui ne fut représentée qu'avec de grands obstacles (ce sont principalement ces deux pièces qui firent sa réputation); Tarare, opéra en 5 actes, 1787 ; la Mère coupable, drame en 5 actes, 1792; Mes six Époques, mémoires autobiographiques, 1795. On a publié ses Œuvres complètes, Paris 1809, 7 vol. in-8, avec grav., et 1821-1826, 6 vol. in-8. M. L. de Loménie a donné, d'après des documents inédits, Beaumarchais et son temps, 1856, 2 vol. in-8. Le nom de Beaumarchais est resté à un boulevard de Paris, percé à travers des jardins qui lui avaient appartenu.

BEAUMARIS, v. de l'île d'Anglesey, ch.-l. du comté d'Anglesey, sur le détroit de Menai; 2500 h. Jolie église paroissiale. Bains de mer.

BEAUMES (les), ch.-l. de c. (Vaucluse), à 17 kil. E. d'Orange; 1100 hab. Vin muscat.

BEAUMESNIL, ch.-l. de cant. (Eure), à 12 kil S. E. de Bernay; 450 hab.

BEAUMETZ-LES-LOGES, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 10 kil. S. O. d'Arras; 538 hab. Fabriques de sucre de betterave.

BEAUMONT, petit pays de l'anc. Dauphiné, avait pour lieux principaux St-Laurent-en-Beaumont et St-Michel-en-Beaumont, dans le cant. de Corps (Isère).

BEAUMONT, Ch.-l. de c. (Dordogne), sur la Couse, à 24 kil. E. de Bergerac; 908 hab. Vins rouges.

BEAUMONT-EN-AUGE, bourg du Calvados, à 6 kil. O. de Pont-l'Évêque. Belle terrasse. Patrie du mathématicien Laplace.

BEAUMONT-DE-LOMAGNE, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), sur la Gimone, à 28 kil. S. O. de Castel-Sarrasin; 3304 hab. Grains. Patrie de Fermat.

BEAUMONT-LE-ROGER, ch.-l. de cant. (Eure), sur la Rille, à 16 k. E. de Bernay ; 1300 hab. Draps, molletons, toiles, verrerie.

BEAUMONT-LE-VICOMTE, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 26 k. S. O. de Mamers, et à 29 kil. du Mans ; 1827 h. Anc. seigneurie, érigée en 1543 en duché-pairie.

BEAUMONT-SUR-OISE, petite v. du dép. de Seine-et-Oise, sur l’Oise, à 34 kil. N. de Paris par la route, 47 par chemin de fer, à 18 kil N. E. de Pontoise ; 2070 h. Station. Église du XIIIe siècle. Salpêtrerie, verrerie. Commerce de grains, de volailles, de chevaux.

BEAUMONT (Francis), auteur dramatique anglais, né en 1585 à Grâce-Dieu, dans le comté de Leicester, mort en 1615, travailla toujours en commun avec Fletcher. Voy. ce nom.

BEAUMONT (Christophe de), archevêque de Paris, né en 1703 au château de La Roque, en Périgord, m. en 1781, fut d’abord évêque de Bayonne, puis archevêque de Vienne, et fut élevé en 1746, malgré sa résistance, sur le siége de Paris, qu’il occupa jusqu’à sa mort, en 1781. Il fit bénir son épiscopat par son inépuisable charité, soutint avec fermeté l’autorité de la bulle Unigenitus, combattit les Jansénistes ainsi que les philosophes, et publia contre ces derniers plusieurs mandements, dont un provoqua de la part de J. J. Rousseau la célèbre Lettre à M. de Beaumont. Son courage à résister aux volontés de la cour et aux prétentions du parlement le fit plusieurs fois exiler. Il a laissé 4 vol. d’Instructions.

BEAUMONT (Mad. LEPRINCE de). V. LEPRINCE.

BEAUMONT (J. B. ÉLIE de). V. ÉLIE.

BEAUNE, ch.-l. d’arr. (Côte-d’Or), sur la Bouzoise, à 38 k. S. S. O. de Dijon, à 318 kil. S. E. de Paris par route, 352 par chemin de fer ; 9700 hab. Ville bien percée et bien bâtie. Collége, tribunal, bibliothèque, célèbre hôpital fondé par Nicolas Rollin en 1443. Gros draps, coutellerie, etc. Beaune fut érigé en commune dès 1203. Patrie de Monge. — Les environs produisent des vins excellents, dits vins de Beaune : on en exporte annuellement plus de 100 000 pièces. Presque tous les grands crus de Bourgogne (Beaune, Volnay, Pomard, Corton, Meursault, Montrachet), sont dans cet arrondissement.

BEAUNE-LA-ROLANDE, Vellaunodunum, ch.-l. de c. (Loiret), à 17 kil. N. E. de Pithiviers ; 1034 hab. Combat de l’armée de la Loire contre les Prussiens (28 nov. 1870).

BEAUNE (Jacq. de). V. SAMBLANÇAY.

BEAUNOIR (Alex. ROBINEAU, dit de), auteur dramatique, né à Paris en 1746, m. en 1823. Il fit pour les petits théâtres de Paris une foule de pièces, qui eurent une très-grande vogue. À la Révolution, il quitta la France et se retira d’abord en Belgique, puis en Russie, où il dirigea les théâtres de la cour. Il revint à Paris sous l’Empire et obtint une sinécure sous la Restauration. Ses principales pièces sont : l’Amour quêteur, 1777 ; Vénus pèlerine, 1777 ; Jeannot, 1780 ; Jérôme Pointu, 1781 ; Fanfan et Colas, 1784.

BEAUPRÉAU, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), sur l’Èvre, à 47 kil. S. O. d’Angers ; 2377 hab. Étoffes de laine, toiles, etc. Les Vendéens y obtinrent un avantage sur les Républicains le 29 mars 1793. — Cette ville fut chef-lieu d’arrondissement jusqu’en 1858 : elle fut alors remplacée par Chollet.

BEAURAIN (Jean de), géographe du roi, né en 1696 à Aix-en-Issart (ancien Artois), mort en 1771, se forma sous P. Moulart Sanson. On a de lui : Description topographique militaire de la Flandre, ou Campagnes du maréchal de Luxembourg (1690-94), Paris, 1756, 3 vol. in-fol., et un Atlas de géographie ancienne et moderne en 14 vol. in-fol. — Son fils, nommé aussi Jean, a donné des cartes pour l’Histoire des campagnes de Condé en 1674, et pour celles de Turenne en 1672-75, Paris, 1782, 2 vol. in-fol.

BEAUREGARD, vge du dép. de l’Ain, sur la r. g. de la Saône, à 4 kil. E. de Villefranche ; 350 hab. Jadis capit. de la principauté de Dombes et résidence de son parlement. — Il y a beaucoup d’autres lieux appelés de ce nom à cause de la belle vue dont on y jouit, notamment un village à 6 kil. N. E. de Clermont-Ferrand, d’où l’on découvre plus de 100 villes ou villages. Anc. résidence des évêques de Clermont.

BEAUREGARD (J. Nic.), prédicateur jésuite, né en 1731 à Pont-à-Mousson, mort en 1804, en Souabe, se fit une grande réputation à Paris par son éloquence impétueuse. Dans plusieurs de ses discours, notamment dans un sermon prêché à Notre Dame, en 1789, il prédit tous les excès de la Terreur.

BEAUREPAIRE, ch-l. de cant. (Isère), à 23 kil. S. E. de Vienne ; 2245 hab. — Autre ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 12 kil. N. E. de Louhans ; 880 h.

BEAUREPAIRE, chef du 1er bataillon de Maine-et-Loire, né à Coulommiers en 1740, fut chargé en 1792 du commandement de la place de Verdun. Sommé par le conseil municipal de livrer cette ville aux Prussiens qui l’assiégeaient, il se fit sauter la cervelle plutôt que de se rendre à l’ennemi, comme le voulait son conseil de guerre. La Convention lui décerna les honneurs du Panthéon, et donna son nom à une rue de Paris (quartier Montorgueil).

BEAUSOBRE (Isaac de), savant ministre protestant, né à Niort en 1659, mort à Berlin en 1738, exerça d’abord son ministère à Châtillon-sur-Indre. Forcé de quitter la France lorsque Louis XIV eut proscrit la religion réformée, il se réfugia en Hollande, puis à Berlin (1694), où il devint pasteur et fut comblé de faveurs par le roi. On a de lui, outre des Sermons et une trad. du Nouv.-Testament, une Hist. du Manichéisme (Amst., 1734-39), très-estimée ; une Hist. de la Réforme depuis 1517 jusqu’à 1530, ouvrage posthume, publié à Berlin en 1785, 4 v. in-8 : ce n’est qu’un fragment d’une grande histoire du Protestantisme à laquelle il travailla la plus grande partie de sa vie sans pouvoir l’achever. L’Hist. du Manichéisme a été vivement attaquée par le jésuite Alticozzi. — Louis de Beausobre, son fils, a donné Le Pyrrhonisme du Sage, Berlin, 1754.

BEAUSSET (le), ch.-l. de cant. (Var), à 17 kil. N. O. de Toulon ; 1886 hab. Huile d’olives, savon, draps, verreries. Patrie des Portalis. — V. BAUSSET.

BEAUTEMPS-BEAUPRÉ (Ch. Franç.), hydrographe, né en 1766 à Neuville-au-Pont (Aisne), mort en 1854, fit ses premières études d’hydrographie sous la direction le Buache, accompagna le contre-amiral d’Entrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse (1791) ; imagina dès lors une nouvelle méthode hydrographique qu’il exposa dans un appendice au Voyage d’Entrecasteaux ; fut nommé en 1798 sous-conservateur du dépôt des cartes et plans de marine ; procéda à partir de 1799 à la reconnaissance du littoral de l’Empire français ; fut nommé en 1814 ingénieur hydrographe en chef, et dirigea de 1815 à 1838 la rédaction des nouvelles cartes des côtes de la France, dont se compose le Pilote français imprimé en 1844 (6 atlas grand in-fol.). Par la sûreté de sa méthode et l’étendue de ses travaux, Beautemps-Beaupré doit être considéré comme l’un des créateurs de l’hydrographie. Il avait été admis en 1810 à l’Académie des sciences. M. Élie de Beaumont a lu son Éloge devant cette compagnie en 1859.

BEAUTÉ (château de), anc. résidence royale et forteresse, située sur la r. dr. de la Marne, entre Nogent et Vincennes, avait été construite par Charles V et donnée par Charles VII à Agnès Sorel, qui prit de là le nom de Dame de Beauté. Le château avait disparu dès le XVIIIe siècle. Son emplacement porte encore le nom de Rond de Beauté ; près de là est un moulin dit aussi Moulin de Beauté.

BEAUVAIS, Bellovaci, Cæsaromagus, ch.-l. du dép. de l’Oise, sur le Thérain, à 72 kil. N. de Paris par la route, 104 par chemin de fer ; 15 394 h. Évêché, tribunal, collége, bibliothèque. Magnifique cathédrale ; hôtel de ville ; boulevards, promenade sur les remparts ; station. Industrie active : manuf. impériale de tapis et tapisseries (fondée en 1644) ; draps, toiles peintes, etc. Pat. de Vincent de Beauvais, Villiers de l’Ile-Adam, Lenglet-Dufresnoy, Dubos, Restaut, Vaillant, d'Agincourt, etc. — Anc. capitaine des Bellovaci, dans la Belgique 1re. Elle se rendit à César sans coup férir (57 ans av. J.-C.), fut ravagée par les Normands en 850 et à d'autres époques et se constitua en commune en 1099. Assiégée par les Anglais en 1443, et par Charles le Téméraire en 1472, elle fut sauvée la 1er fois par l'héroïque dévouement de Jean Lignière, et la 2e par le courage de Jeanne Hachette, à qui une statue a été érigée sur la principale place en 1851. La ville fut ravagée par un fort incendie en 1810.

BEAUVAIS (J. B. Ch. Marie de), prédicateur, né en 1731 à Cherbourg, mort en 1790, prêcha avec un grand succès à la ville et devant la cour ; fut nommé évêque de Senez, se démit de son siége en 1783, et revint vivre à Paris, où il fut député aux États généraux de 1789. On a de lui des sermons, ainsi que des oraisons funèbres, qui occupent un rang honorable après les chefs-d'œuvre des grands maîtres : on remarque surtout celle de Louis XIV. Ses sermons ont été imprimés à Paris en 1806, 4 vol. in-12, par l'abbé Galard. Par la figure comme par le genre de talent, ce prédicateur rappelait Fénelon.

BEAUVAIS (Vincent de). V. VINCENT.

BEAUVARLET (Jacques-Firmin), graveur né à Abbeville en 1731, mort en 1797, grava d'après Luc Jordaens, Carle Vanloo et de Troy, eut une grande vogue de son vivant et fut admis à l'Académie dès 1765. Il avait un talent aimable et visait surtout au gracieux. On recherche encore ses gravures.

BEAUVAU, vge du dép. de Maine-et-Loire, à 26 k. S. E. d'Angers, dans une belle vallée, a donné son nom à une seigneurie qui devint marquisat en 1664.

BEAUVAU (maison de), anc. et noble famille de l'Anjou, naturalisée depuis en Lorraine, et dont l'illustration remonte au Xe siècle. Elle compte parmi ses membres des maréchaux, des dignitaires de l'ordre de Malte, des ambassadeurs, des ministres, des prélats, des écrivains, etc. Nous citerons : René de Beauvau, qui accompagna Charles d'Anjou en 1226 à la conquête du roy. de Naples et devint son connétable. — Henri, baron de B., qui, à la fin du XVIe siècle, combattit en Allemagne pour l'électeur de Bavière, puis contre les Turcs, et fut ambassadeur du duc de Lorraine à la cour de Rome : il a écrit une relation de ses campagnes, Nancy, 1619. — Marc de B., prince de Craon et du Saint-Empire, grand d'Espagne, né en 1679, mort en 1754. Il fut gouverneur du duc François de Lorraine, depuis empereur, et administra pour ce prince, avec titre de vice-roi, le grand duché de Toscane. — Charles-Juste, duc de B., maréchal de France, né à Lunéville en 1720, mort en 1793. Entré comme volontaire au service de la France, il se distingua sous le maréchal de Belle-Isle au siége de Prague en 1741, commanda en chef les troupes envoyées en Espagne en 1762, fut en 1783 gouverneur du Languedoc, puis de la Provence, où il fit bénir son administration, reçut en 1783 le bâton de maréchal, et entra en 1789 au ministère, où il ne resta que cinq mois. Il était de l'Académie française et de celle della Crusca. — Marc-Étienne-Gabriel de B., prince du St-Empire, 1773-1849, se rallia à Napoléon, fut un de ses chambellans, et fut élevé à la pairie par Louis-Philippe en 1831. — Son fils, Charles-Juste-Victor (1793-1864), fit avec honneur les campagnes de l'Empire et fut appelé au sénat en 1852. — René-François de B., d'une branche cadette, né en 1664, m. en 1739, archevêque de Toulouse et de Narbonne présida vingt ans les États de Languedoc. On doit à ses encouragements la Description du Languedoc par les Bénédictins de St-Maur, 5 vol. in-fol.

BEAUVILLE, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 22 kil. N. E. d'Agen; 462 hab.

BEAUVILLIERS (François-Honorat de), duc de St-Aignan, 1607-1687, suivit la carrière militaire, se signala aux siéges de Dôle et de Landrecies (1637), combattit la Fronde (1653) et devint gouverneur de la Touraine. Il jouit d'une grande faveur auprès de Louis XIV et s'en servit pour protéger les gens de lettres. Il était de l'Académie française.

BEAUVILLIERS (Paul, duc de), fils du préc., né en 1648, mort en 1714, servit quelque temps dans les armées et se concilia l'estime de Louis XIV par ses vertus austères. Le roi le nomma en 1685 président du conseil des finances, et lui confia l'éducation du jeune dauphin, duc de Bourgogne, puis celle du duc d'Anjou (Philippe V), et du duc de Berri. Beauvilliers s'adjoignit Fénelon, dont il devint l'ami; et lorsque l'archevêque de Cambray eut été disgracié, il ne craignit point de lui rester fidèle. Nommé en 1691 ministre d'État, il donna au roi de sages conseils et fut d'avis de ne point accepter pour son élève le trône d'Espagne. Il eut la douleur de voir expirer le duc de Bourgogne à la fleur de l'âge (1712), et survécut peu à un coup si cruel.

BEAUVOIR, ch.-l. de cant. (Vendée), à 50 kil. N. O. des Sables-d'Olonne, à 4 kil. de la mer; 459 hab. Petit port, joint à la mer par un canal de 4 k. Jadis la ville était sur la côte même.

BEAUVOIR-SUR-NIORT, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 15 k. S. de Niort; 1074 hab.

BEAUVOISIS, Bellovaci, petit pays de l'ancienne France, au S. de la Picardie et au N. du Vexin français, avait pour ch.-l. Beauvais, et pour villes principales Clermont, Liancourt, Fitzjames, Gerberoy, Boufflers, Beaumont. Il appartint d'abord au gouvt de Picardie, pris à celui de l'Ile-de-France; il fait auj. partie du dép. de l'Oise.

BEAUZÉE (Nic.), grammairien, né à Verdun en 1717, mort à Paris en 1789, fut professeur de grammaire à l'École militaire, et devint membre de l'Académie française. Il fut chargé, après la mort de Dumarsais, de rédiger les articles de grammaire dans l’Encyclopédie. Ses principaux ouvrages sont : une Grammaire générale, 1767, ouvrage profond, mais dans lequel on trouve une métaphysique quelquefois obscure et trop subtile; une édition augmentée des Synonymes de l'abbé Girard, enfin des traductions de Salluste, 1770, et de Quinte-Curce, 1789, estimées pour l'exactitude.

BÉBÉ, célèbre nain, dont le vrai nom était Nicolas Ferry, naquit dans les Vosges en 1739, et fut élevé à la cour du roi de Lorraine Stanislas, dont il faisait l'amusement. Quand il naquit, il n'avait que 24 centimètres; et lorsqu'il eut atteint toute sa croissance, à 15 ans, il n'en dépassa pas 70. Il mourut à 25 ans, avec tous les signes de la vieillesse. Son intelligence était fort peu développée.

BEBEL ou BEBELIUS (H.), poëte latin et érudit, professeur de belles-lettres à Tubingue, né en Souabe vers 1475, mort en 1516, cultiva dans sa jeunesse la poésie latine avec un tel succès que l'empereur Maximilien I lui décerna la couronne de poëte lauréat; il s'occupa ensuite de recherches sur les antiquités et l'histoire de l'Allemagne. On a de lui : Triumphus Veneris, petit poëme souvent réimprimé, 1503; Ars condendi carmina, 1506; un recueil de Facéties (en lat.) et un grand nombre de dissertations savantes, réunies sous le titre d’Opuscula, 1516,

BEBRYCES, peuple très-ancien de la Bithynie, à l'E. du cap Posidium, ainsi nommé, dit-on, de Bébryx, un de ses premiers rois. — D'autres Bébryces habitaient fort anciennement les côtes méridionales de la Gaule, à l'O. du Rhône. Ils sont les mêmes que les Helysices. V. ce nom.

BEC, qu'on dérive du scandinave bekk, ruisseau, termine un grand nombre de noms géographiques, surtout en Normandie : Bolbec, Caudebec, etc:

BEC (LE), bourg du dép. de l'Eure, sur la Rille, à 17 kil. N. N. E. de Bernay, à 43 kil. N. O. d'Évreux; 700 hab. Il y exista jadis une cél. abbaye de Bénédictins, fondée en 1077 par Herluin, qui en fut le premier abbé et y eut pour disciples Lanfranc et Anselme de Cantorbéry. Le cloître sert auj. de haras. L'histoire de l'abbaye a été écrite par dom Bourget.

BEC-D'AMBEZ. V. AMBEZ. BECCARIA, famille de Pavie, était à la tête du parti gibelin dans cette ville aux XIIIe et XVIe siècles, et avait pour antagonistes les comtes de Langusco, chefs du parti guelfe. Après de longues luttes, les Beccaria furent exterminés par le duc de Milan (1418).

BECCARIA (César BONESANA, marquis de), célèbre publiciste, né à Milan en 1738, mort en 1794, étudia avec passion les philosophes français du XVIIIe siècle et se modela sur eux. Il publia, en 1764, un petit ouvrage qui a changé la face du droit criminel en Europe, le Traité des délits et des peines : il y établissait les bases et les limites du droit de punir, et recommandait de proportionner la peine au délit, de supprimer les supplices barbares et de prévenir le crime plutôt que de le réprimer. En 1768, on créa pour lui à Milan une chaire d'économie politique où il professa avec distinction jusqu'à la fin de sa vie. Il s'était proposé de rédiger un grand ouvrage sur la législation en général; mais, découragé par les attaques violentes dont son premier écrit avait été l'objet, il renonça à rien publier désormais. Ses leçons n'ont été imprimées qu'après sa mort, en 1804. Beccaria avait participé en 1764 et 1765 à une publication périodique analogue au Spectateur, le Café (1764-65), où étaient traités divers sujets de littérature et de philosophie. Ses œuvres ont été publiées en 1821 à Milan, 2 vol. in-8. Le Traité des délits et des peines a obtenu un grand nombre d'éditions; il a été traduit par Morellet, 1766; Chaillou de Lisy, 1773; Dufey, 1810; Faustin Hélie, 1856. Il a été commenté par Voltaire, Diderot, Brissot, Servan, dont les commentaires se trouvent dans l'édition donnée par Ed. Gauthier, Paris, 1823.

BECHER (J. Joseph), médecin et chimiste allemand, né à Spire en 1628, mort à Londres en 1685, est le premier qui ait tenté de créer une théorie scientifique en chimie : il chercha un acide primitif dont tous les autres ne fussent que des modifications, s'occupa beaucoup d'expliquer les transformations que subissent les métaux quand on les chauffe, et préluda ainsi à la doctrine du phlogistique de Stahl. Il résuma la science de son temps dans le Tripus hermeticus, pandens oracula chemica, Francf., 1689. On estime surtout sa Physica subterranea, Francfort, 1669, réimprimée, avec un supplément de Stahl, à Leipsick, 1735. Becher s'était aussi occupé des langues, et avait publié en 1661 Character pro notitia linguarum universali, espèce de pasigraphie.

BÉCHEREL, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 30 kil. N. O. de Rennes; 706 h. Anc. place forte. Près de là commence la lande d'Évran.

BÉCHIN, v. de Bohême, à 16 kil. S. O. de Tabor, 1966 hab. Elle était autrefois le ch.-l. du cercle de Tabor.

BECHSTEIN (J. Math.), naturaliste, né en 1757 dans le comté de Saxe-Gotha, mort en 1822, s'occupa surtout des forêts et des chasses, fonda une école forestière à ses frais, et publia plusieurs ouvrages utiles, entre autres l’Histoire naturelle de l'Allemagne, 1801-9 (all.), et une grande collection de Figures d'objets d'histoire naturelle.

BECH-TAMAK (c.-à-d. les cinq embouchures), contrée de la Grande Kabardah, est arrosée par 5 rivières, la Malkha, le Bakzan, le Tchéghem, le Tchérek, qui s'y unissent au Térek.

BECH-TAU (c.-à-d. les cinq montagnes), les monts Hippiques de Ptolémée, portion N. du Caucase, se rattache par une chaîne de collines à la base de l'Elbourz, qui est à 110 k. au S. On en tire d'excellents chevaux (d'où le nom de monts Hippiques, du grec hippos, cheval). Eaux thermales sulfureuses.

BECK (Chrét. Daniel), philologue, né à Leipsick, en 1757, mort en 1832, professa les langues grecque et latine, puis l'histoire, à l'université de Leipsick, et devint doyen et recteur de cet établissement. On a de lui des éditions estimées de Pindare, d’Apollonius, d’Aristophane, d’Euripide, une Histoire générale du monde, 1787-1810, et un Répertoire général de bibliographie, 1819-1832, un des plus étendus qui existent.

BECKER, nom de plusieurs savants et écrivains allemands, dont le plus connu est l'historien Charles Fréd. B., né à Berlin en 1777, mort en 1806, auteur d'une Histoire universelle pour les enfants et pour leurs maîtres (9 vol. in-8, Berlin, 1801-1805), qui eut un succès populaire et obtint rapidement plusieurs éditions. Cet ouvrage a servi de base au cours d'histoire moderne de Schœll. — Il ne faut pas confondre ce nom avec celui de BEKKER, illustré par un professeur de l'Université de Berlin, à qui l'on doit une savante édition d’Aristote.

BECKET (S. Thomas), archevêque de Cantorbéry, né à Londres en 1117 d'une famille normande, jouit longtemps des bonnes grâces du roi Henri II, qui le nomma d'abord grand chancelier et précepteur de son fils, et qui l'éleva ensuite (1162) au siége de Cantorbéry, auquel était joint le titre de primat d'Angleterre. Mais Becket eut bientôt de violents démêlés avec Henri II, et résista énergiquement à ce prince, qui, par les statuts de Clarendon, voulait violer les prérogatives de l'Église. Condamné à la prison sous un faux prétexte par le Parlement (1164), il se réfugia en France auprès de Louis VII. Rappelé en 1170, il eut bientôt de nouveaux démêlés avec Henri, et, peu de mois après son retour, il fut tué dans son église même, au pied de l'autel, par quatre gentilshommes qui croyaient en cela se rendre agréables au roi, mais qui furent désavoués. Le pape Alexandre III le canonisa comme martyr : on l'honore le 29 décembre sous le nom de S. Thomas de Cantorbéry. Lorsque Henri VIII se fut séparé de l'Église, il raya son nom du calendrier. Sa Vie a été écrite plusieurs fois, notamment par l'abbé Mignot, Paris, 1756, par Bataille, 1843, par J. A. Giles, Londres, 1846, avec ses Lettres, et par l'abbé Darboy, Paris, 1858. M. Hippeau a édité en 1860 une Vie de Th. Becket, en vers, composée au XIIe siècle par Garnier de Pont-Ste-Maxence. J. A. Giles a publié ses Opera omnia, 8 vol. in-8, Oxford, 1844-1846.

BECKMANN (J.), professeur à l'université de Gœttingue, né dans le Hanovre en 1739, mort en 1811, a donné des manuels estimés sur l’Économie rurale, 1769; sur la Technologie, 1777; et des Notices pour une Histoire des découvertes dans les arts et métiers, 5 vol., 1786-1805, ouvrage fort estimé.

BÉCLARD (P.-Aug.), professeur d'anatomie à la faculté de Paris et chirurgien en chef de la Charité, né à Angers en 1785, mort en 1825, appliqua avec succès l'anatomie à la chirurgie, et se distingua par l'éclat de son enseignement. Il donna en 1821 une édition de l’Anatomie générale de Bichat, avec notes et additions, 1821, et publia lui-même, en 1823, des Éléments d'Anatomie, longtemps classiques.

BÉCULE ou BÉTULE, v. d'Hispanie. V. BÉTULE.

BÉDARIEUX, ch.-l. de c. (Hérault), sur l'Orbe, à 31 kil. N. de Béziers; 9170 hab. Collége. Draps, étoffes de filoselle et laine, etc. Troublé en 1851 par une violente insurrection.

BÉDARRIDES, Bituritæ, ch.-l. de c. (Vaucluse), sur l'Ouvèze, à 13 kil. N. E. d'Avignon; 2131 hab.

BÈDE (S.), dit le Vénérable, né en 672 à Wearmouth; dans le comté de Durham, mort en 735, embrassa toutes les sciences de son temps, et fut l'homme le plus distingué de son siècle. Il passa sa vie dans le monastère de Jarrow, près de Durham, et refusa les propositions du pape Sergius qui l'appelait à Rome. Il a laissé une foule d'écrits sur l'histoire, la rhétorique, la théologie et la philosophie. Les principaux sont une Histoire ecclésiastique de l'Angleterre (jusqu'en 731), et un Manuel de Dialectique, qui fut une des bases de la scolastique. Ses œuvres ont été publiées, à Paris, 1544, 3 vol. in-fol., et à Londres, 1844, 6 vol. in-8. Son surnom lui fut donné à cause de la vénération due à sa science et à ses vertus. On l'honore le 27 mai.

BEDFORD, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Bedford, sur l'Ouse, à 80 k. N. O. de Londres, à 100 k. par chemin de fer ; 12 000 hab. Belle église gothique, beau pont; hôpital d'aliénés, pénitencier. manufactures de flanelle, dentelles. Commerce de blé, houille, fer. — Le comté, presqu'au centre de l'Angleterre, est entre ceux d'Huntingdon, Cambridge, Hertford, Buckingham, Northampton; 57 k. sur 35; 125 000 h. — Les premiers ducs de Bedford ont appartenu à la famille royale des Plantagenets : l'un d'eux, Jean, duc de Bedford, fut régent de France pour Henri VI. Dans la suite, le titre de duc de Bedford passa dans la maison de Russell. V. RUSSELL.

BEDFORD (J. PLANTAGENET, duc de), frère puîné du roi Henri V, né en 1389, mort en 1435, aida puissamment son frère à conquérir la France, fut nommé régent de ce royaume à la mort de ce prince, dont il proclama le fils (Henri VI) roi de France et d'Angleterre à la fois (1422), vainquit à Cravant (1423), à Verneuil (1424), et fut un moment maître de presque tout le royaume ; mais la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc (1429), puis la défection du duc de Bourgogne (1434), mirent un terme à ses succès, et il se vit bientôt enlever la plus grande partie de ses conquêtes. C'était un des princes les plus accomplis de son temps ; mais il ternit sa gloire par le supplice de Jeanne d'Arc.

BEDJAPOUR, vulgairement VISAPOUR, v. de l'Inde anglaise (Bombay), dans le Decan, ch.-l. du district de Bedjapour et jadis du roy. de ce nom, à 370 k. S. O. de Bombay. Autrefois très-grande et très-riche, elle comptait près d'un million de maisons; auj. ce n'est plus qu'un immense amas de ruines, parmi lesquelles on remarque quelques beaux monuments : les mausolées des sultans Mohammed-chah et Ibrahim, la Djema mesdjid, superbe mosquée. Par l'étendue et la beauté de ses ruines elle a mérité d'être surnommée la Palmyre de l'Inde. — Le Bedjapour est borné au N. par l'Aurengabad, au S. par le Balaghat, le Maïssour, le Kanara; à l'E. par le Bider et l'Haïderabad, et baigné à l'O. par l'Océan Indien; 570 k. sur 300; 7 000 000 hab. Ce pays formait jadis un roy. mahométan important. Il fut soumis au XVIIe siècle par Aureng-Zeyb qui s'empara de la capitale en 1689, puis fut envahi par les Mahrattes; il a été au dernier s. conquis par les Européens. Il se divise aujourd'hui en Bedjapour anglais, Bedjapour tributaire des Anglais, et Bedjapour portugais. Le Bedjapour anglais, acquis en 1818, forme 5 districts, dits Konkan septentrional, Konkan méridional, Bedjapour, Anagoundi, Darouar. Le Bedjapour portugais ne consiste que dans Goa et le territoire environnant.

BEDLAM (corruption de Bethléem), hospice d'aliénés, situé hors des murs de Londres, au S. de la ville. Comme notre Bicêtre, il sert aussi de prison. Créé sous Henri VIII, rebâti en 1812.

BEDMAR (Alph. DE LA CUEVA, marquis de), prélat espagnol, né en 1572. Étant ambassadeur de Philippe III à Venise en 1618, il conspira contre cette république avec le gouverneur de Milan et le vice-roi de Naples, et forma le projet d'y anéantir le gouvernement républicain et de s'emparer de la ville au profit de l'Espagne. La conspiration ayant été déjouée, il s'éloigna précipitamment. Il fut depuis gouverneur de Flandre, évêque de Malaga et d'Oviédo ; le pape le nomma cardinal en 1722. Il mourut en 1655. L’Histoire de la conspiration de Venise a été écrite par St-Réal. Le fait de la conspiration, longtemps contesté, a été mis hors de doute par les documents publiés par L. Ranke à Berlin, en 1831.

BEDNOR, v. de l'Inde anglaise (présid. de Madras), dans le Kanara, sur le Cheravotty, à 230 k. N. O. de Seringapatnam ; 15 000 h. Jadis ch.-l. de tout le Kanara. Prise et reprise plusieurs fois; ravagée en 1763 par Haïder-Ali.

BÉDOUIN, bourg de France (Vaucluse), à 13 kil. E. de Carpentras; 2548 hab. Brûlé en 1794 par le représentant Maignet, comme repaire d'aristocrates.

BÉDOUINS, Arabes répandus dans les déserts de l'Arabie, de la Syrie, de l’Égypte, du Maghreb, mènent une vie nomade. Comme les autres Arabes, les Bédouins se divisent en tribus, qui obéissent à des cheiks, lesquels eux-mêmes reconnaissent un chef suprême ou émir. Ils sont, dans certains cas, aussi hospitaliers, que voleurs.

BÉDRIAC, v. de la Gaule Cisalpine, chez les Cénomans, entre Mantoue et Crémone. Les troupes d'Othon y furent vaincues en 69 par celles de Vitellius ; la même année, Vitellius y fut vaincu à son tour par Antonius Primus, lieutenant de Vespasien. On a cru en retrouver l'emplacement à San-Lorenzo, à Beverara ou à Cividale.

BÉELPHÉGOR. V. BELPHÉGOR.

BÉELZÉBUTH. V. BELZÉBUTH.

BEER (Guill.), astronome, né à Berlin en 1797, mort en 1850, était fils d'un riche banquier israélite. Tout en vaquant aux affaires, il cultivait les sciences : il construisit près de Berlin un observatoire où il travailla en commun avec Mædler, fit paraître en 1830 de savantes Observations sur Mars, et donna en 1836 une excellente Mappa selenographica, qu'il fit suivre en 1837 de la Sélénographie générale. — Son frère, Michel Beer, né en 1800, enlevé dès 1833, s'était déjà distingué comme poëte. On a de lui, outre des poésies lyriques, plusieurs tragédies qui ont été représentées avec succès à Munich : Clytemnestre, les Fiancées d'Aragon (1823), le Paria (1826), Struensée, son chef-d'œuvre (1827), l’Épée et la Main (1832). Ses Œuvres ont été réunies à Leipsick en 1835. — Le compositeur Meyer Beer, né en 1794, le célèbre auteur de Robert le Diable, des Huguenots, du Prophète, est le frère aîné des deux précédents.

BEETHOVEN (Louis), célèbre compositeur, né en 1770 à Bonn, mort en 1827, était fils d'un ténor de la chapelle de l'électeur de Cologne. Il alla à Vienne se former sous Mozart et Haydn, et devint l'égal de ses maîtres. Invité par le roi de Westphalie (Jérôme Bonaparte) à venir prendre la direction de sa chapelle, il fut retenu à Vienne par les libéralités de trois princes qui s'unirent pour lui assurer une pension de 4000 florins. Cet artiste fut de bonne heure affligé d'une surdité qui le rendit morose. On lui doit la musique de Fidelio, de Coriolan, d’Egmont, de Prométhée; il excella surtout dans la musique instrumentale, et composa un grand nombre de symphonies, de sonates, de concertos, etc. On y admire un génie hardi et original, et une instrumentation des plus riches. Il a laissé un Traité d'harmonie et de composition, qui a été traduit par Fétis, 1833. M. Schindler a donné la Vie de Beethoven, Leipsick, 1860.

BEFFROY DE REIGNY (Louis Abel), dit le Cousin Jacques, né à Laon en 1757, mort à Paris en 1811, se fit d'abord connaître par des compositions bizarres et originales, qui eurent une grande vogue, entre autres les Lunes du Cousin Jacques, 1785-1791 ; le Testament du Cousin Jacques, 1795 ; et commença en 1800 la publication d'un Dictionnaire des hommes et des choses, dont la police empêcha la continuation. Il n'eut pas moins de succès comme écrivain dramatique : il fit représenter Nicodème dans la Lune, Nicodème aux Enfers, la Révolution pacifique, 1790 ; le Club des bonnes gens, 1791, la petite Nanette, 1797, pièces pleines d'allusions aux événements du temps. Il composait lui-même la musique de ses pièces.

BÉFORT, v. d'Alsace. V. BELFORT.

BEG ou BEY, mot turc qui signifie prince ou seigneur. Ce titre avait jadis la plus haute importance; c'était le seul titre d'un grand nombre de souverains turcomans et de khans tartares, et entre autres de Tamerlan; il n'est guère usité auj. qu'après les noms propres comme titre honorifique et se donne aux chefs de distinction, aux fils de pachas, et même à des étrangers; dans l'armée, il répond à notre grade de colonel. Il n'y a plus de beys souverains que dans les États barbaresques : tels sont les beys de Tunis, de Tripoli. Dans la régence d'Alger, il y avait avant l’occupation française un bey de Titterie, un bey d’Oran et un bey de Constantine, qui étaient soumis au dey.

BEGARD, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 13 k. N. O. de Guingamp ; 482 hab. Anc. abbaye.

BEGARDS (de beg, prier, mendier ?), hérétiques qui se répandirent au XIIe siècle en France et en Allemagne, surtout sur les bords du Rhin. Ils enseignaient que Dieu est tout, qu’il n’y a aucune différence entre Dieu et la créature, que la destinée de l’homme est de s’unir à Dieu, que par cette union l’homme devient Dieu lui-même ; que dès lors il est au-dessus des prescriptions de la loi humaine ou de la loi divine. Ces erreurs, qu’on retrouve chez les Turlupins et chez les mystiques allemands du XIVe s., Eckart, Tauler, Suso, Ruysorock, paraissent se rattacher aux doctrines orientales, accueillies et propagées par Jean Scott Érigène. Elles furent condamnées en 1311 par le concile de Vienne.

BEG-CHEHER, ch.-l. d’un livah de même nom (Turquie d’Asie), à 93 kil. S. O. de Konieh, sur le bord O. du lac Beg-Cheher, qui a 48 kil. de tour.

BEGER (Laurent), archéologue, né en 1653 à Heidelberg, mort à Berlin en 1705, bibliothécaire de Frédéric-Guillaume, électeur de Brandebourg, a publié, entre autres savants ouvrages : Bellum trojanum, 1679 (d’après la Table iliaque) ; Spicilegium antiquitatis, Heidelberg, 1692 ; Thesaurus ex thesauro Palatino selectus, seu Gemmæ, Heidelberg, 1685 ; Thesaurus Brandenburgicus, 1696 et 1701 ; Numismata pontificum romanorum, 1703 ; Regum et imperatorum romanorum Numismata, 1710, etc.

BEGLERBEG, c.-à-d. beg des begs, titre sous lequel on désigne en Turquie les gouverneurs généraux des provinces. Ce sont des pachas à trois queues ; ils ont sous leur dépendance les gouverneurs des livahs ou sandjakats, qui ne sont que pachas à deux queues ou à une seule queue.

BÉGUELIN (Nicolas de), physicien, né en 1714 à Courtelary près de Bienne en Suisse, mort à Berlin en 1789, étudia sous Bernouilli, fut professeur au collége de Joachimstahl, puis sous-précepteur de Frédéric-Guillaume, qui fut roi de Prusse, et devint membre, puis directeur de l’Académie de Berlin. Outre de savants mémoires sur des questions de physique et de philosophie, lus à l’Académie de Berlin, on a de lui un poëme de Wilhelmine ou la Révolution de Hollande, Berlin, 1787. — V. WEGELIN.

BEGUILLET (Edme), avocat et notaire à Dijon, mort en 1786, s’est surtout occupé d’agriculture. On a de lui : Principes de la végétation et de l’agriculture, 1769 ; Œnologie ou Traité de la vigne et des vins, 1770 ; De la connaissance des grains, 1775 ; et une Hist. des guerres des deux Bourgognes, 1772.

BÉGUINES. On donnait ce nom à des filles ou veuves qui, sans faire de vœux, se réunissaient pour vivre dans la dévotion. Ces communautés, qui remontent au XIIe siècle, ont été ainsi nommées, suivant Moréri, de Lambert Begg ou Le Bègue, prêtre liégeois, qui les aurait fondées en 1170 ; suivant d’autres, de Ste Bègue ou Begga, sœur de Ste Gertrude, qui aurait fondé la communauté dès 692. On a fait enfin dériver ce nom du vieil allemand beggen, demander, prier. Il y a encore en Allemagne, et surtout en Belgique, des maisons appelées béguinages, où vivent ces religieuses. Les Béguines furent supprimées en France par Louis XI, et remplacées, pour les soins à donner aux malades, par des sœurs du tiers ordre de St-François, auxquelles le vulgaire appliqua aussi le nom de Béguines.

BÉGUM, titre donné dans l’Indoustan à l’épouse favorite du sultan, équivaut à celui de reine. On a vu des Begums commander des armées.

BEHADER ou BEHADOUR-KHAN, sultan de la dynastie mogole, descendant de Gengis-Khan, né en 1292, mort en 1335, monta sur le trône de Perse en 1317. Il se laissa gouverner par ses femmes et ses favoris ; cependant, il combattit les Usbeks. En lui finit la dynastie mogole en Perse. — BEHADER-CHAH, fils d'Aureng-Zeyb, régna sur les Mogols de 1707 à 1712. Il eut continuellement à se défendre contre ses frères ; à la faveur de ces dissensions, les Mahrattes, les Radjepoutes, les Sikes, etc., envahirent l’empire et commencèrent à l’ébranler. — HUSSEIN. V. HUSSEIN.

BEHAIM (Marin), cosmographe et navigateur, né à Nuremberg en 1436, mort en 1506, était d’abord négociant. Il se mit au service du Portugal, et accompagna en 1484 et 1485 Diego Cam, qui faisait un voyage de découvertes autour de l’Afrique. De retour à Nuremberg (1492), il fit un globe terrestre qui représentait l’état des connaissances à cette époque. De Murr a donné la description du globe de Behaim (trad. en franç. par Jansen, à la suite du voyage de Pigafetta, Paris, 1802). Ghillany, de Nuremberg, a donné sa Vie, Leips., 1853. On a prétendu, mais à tort, que Behaim avait eu connaissance du Nouveau-Monde avant Colomb.

BEHAR, prov. de l’Inde. V. BAHAR.

BÉHÉMOTH, animal mystérieux dont parle Job (XL, 10), est, selon les Pères, le symbole du démon et du mal : les uns en font un taureau énorme, les autres un hippopotame ou un rhinocéros. Les rabbins prétendent que le Béhémoth est réservé pour le festin des élus, qui aura lieu à la fin du monde.

BEHN (Aphara), femme poëte, née à Cantorbéry vers 1640, morte en 1689, suivit son père à Surinam, où il se rendait en qualité de gouverneur, et inspira une vive passion à un prince indigène nommé Oronoko, dont elle raconta depuis les aventures dans un roman qui porte ce nom. De retour en Angleterre, elle épousa un négociant hollandais nommé Behn ; dans un séjour qu’elle fit à Anvers, elle découvrit le projet formé par les Hollandais de brûler la flotte anglaise dans la Tamise et elle le révéla, mais sans être écoutée. Elle finit par se fixer à Londres, où elle cultiva la poésie et travailla pour le théâtre. Elle prenait le nom d’Astrée dans ses compositions poétiques. On lui reproche une grande licence dans ses écrits comme dans sa conduite. Son Théâtre, publié à Londres, obtint plusieurs éditions,

BÉHOBIE, village frontière de France (B.-Pyrénées), commune d’Urrugne, près de la Bidassoa ; 200 hab. C’est un des ports (passages) de France en Espagne.

BEHRING (Vital), navigateur danois, au service de la Russie, né dans le Jutland en 1680. Chargé par Pierre le Grand en 1725 d’un voyage de découvertes sur les côtes de Kamtchatka (1728), il découvrit le détroit qui porte son nom, et s’assura ainsi que l’Asie et l’Amérique forment deux continents séparés. Il entreprit en 1741 une nouvelle expédition, et mourut près des côtes du Kamtchatka, dans une petite île qui a reçu son nom.

BEHRING (détroit de), à l’extrémité N. E. de l’Asie, sépare ce continent de l’Amérique, et joint l’Océan Glacial arctique à l’Océan Pacifique ; il a 88 k. de large. Découvert en 1728 par Behring. — On appelle mer de BEHRING la partie de l’Océan Pacifique qui s’étend entre le Kamtchatka à l’O., l’Amérique à l’E. et les îles Aléoutes au S. ; 2600 kil. de long. — L'île de BEHRING est dans l’Océan Glacial arctique, par 162° 30' — 164° long. O., 54° 4' — 55° 38' lat. N. Env. 120 kil. de long, et 40 de large ; stérile et déserte.

BEINE, ch.-l. de cant. (Marne), à 12 kil. E. de Reims ; 1089 hab. Filatures de laine, draps.

BEIRA, prov. du Portugal, bornée à l’O. par l’Atlantique, à l’E. par l’Espagne, au N. par les prov. portugaises de Tra-Douro-le-Minho, Tras-os-Montes, au S. par l’Alentejo et l’Estramadure portugaise ; 240 kil. sur 135 ; 1 200 000 hab. ; capit., Coïmbre. Riv., le Tage, le Douro, la Vouga, le Mondego. Salines importantes. Sol fertile ; bons fruits.

BEIRAKTAR (Mustapha), grand vizir de Turquie en 1808, voulut introduire dans l’armée turque l’organisation et la discipline européenne, ce qui donna lieu à une insurrection terrible. Se voyant au moment de tomber entre les mains des insurgés, il se fit sauter avec la partie du palais qu'il habitait.

BEIRAM. On nomme ainsi deux fêtes des Musulmans : le Grand Beïram, qui se célèbre le 10e jour du dernier mois de l'année, en commémoration du pèlerinage de la Mèque que tout Musulman doit faire dans ce mois, et le Petit Beïram, qui tombe le 1re de la lune de Chaval et met fin au jeûne du Ramazan. La 1re de ces fêtes dure quatre jours et la 2e trois. Pendant le Beïram, on cesse tout travail et l'on se fait des visites et des cadeaux. L'année mahométane étant lunaire et beaucoup plus courte que la nôtre, il est impossible d'assigner d'une manière fixe l'époque correspondante de ces deux fêtes.

BEIT-EL-FAKIH, v. forte de l'Arabie (Yémen), dans l'État de Sana, à 30 k. S. O. de Sana, à 150 k. N. de Moka; 7000 hab. Entrepôt du café des environs. Plusieurs puissances y ont des résidents.

BÉJA, Pax Julia, puis Pax Augusta, v. de Portugal (Alentejo), à 130 k. S. E. de Lisbonne: 5500 h. Évêché. Fort, bâti par le roi Denis; cathédrale, antiquités. Environs délicieux; plantations d'oliviers.

BÉJAR, v. d'Espagne (Salamanque), à 70 kil. S. de Salamanque, sur le versant E. des montagnes du même nom. Eaux minérales. Ancien duché.

BÉJART, famille de comédiens qui faisait partie de la troupe de Molière, a fourni Jacq. Béjart, qui joua avec succès dans les Précieuses ridicules; Louis Béjart, qui créa le rôle de La Flèche dans l’Avare et y obtint un succès prodigieux; Madeleine et Armande Béjart, qui réussirent surtout dans les rôles de soubrettes. Armande épousa Molière en 1662, et empoisonna ses dernières années par sa coquetterie.

BEKES, v. de Hongrie, dans le comitat de même nom, à 16 k. N. O. de Gyula; 17 000 h. Ville grande, commerçante, et jadis forte. — Le comitat, situé entre ceux de Bihar, Arad, Csanad, Csongrad, Hevesch et la Grande Cumanie, a l55 000 h. Il a pour ch.-l. Gyula, et non la ville qui lui donne son nom.

BEKKER (Balthazar), né dans la Westfrise, en 1634, mort à Amsterdam en 1698, fut pasteur dans différentes églises de Hollande. Partisan de Descartes et suspect de Socinianisme, il fut inquiété pour ses opinions philosophiques et religieuses. Ses principaux ouvrages sont : le Monde ensorcelé, 1691, traduit en français dès 1694, dans lequel il réfute l'opinion vulgaire sur l'influence du démon; Recherches sur les comètes, 1683, où il combat le préjugé relatif à l'influence maligne de ces astres.

BEKKER (Élisabeth), femme auteur, née à Flessingue en 1738, morte en 1804, a donné en hollandais plusieurs romans qui se distinguent par l'intérêt et par la vérité des mœurs et des caractères : Cornélie Wildschut et Abraham Blankaart sont devenus populaires. — V. BECKER.

BEL. V. BAAL et BÉLUS.

BELA I, roi de Hongrie de 1061 à 1063, affermit la religion chrétienne récemment introduite en Hongrie (V. ÉTIENNE I). — II, dit l'Aveugle, parce que le roi Coloman, son oncle, lui avait fait crever les yeux dans sa jeunesse, fut appelé à la couronne en 1131, à la mort d’Étienne II, son cousin germain. Il s'abandonna aux excès du vin, et mourut en 1141. — III, succéda à son père Étienne III en 1173, et mourut en 1196. Il se signala par sa justice. Il avait épousé une sœur de Philippe-Auguste, roi de France. — IV, fils d'André II, lui succéda en 1235, et mourut en 1270. Les Tartares ayant ravagé ses États, il se réfugia en Dalmatie; il fut rétabli sur le trône en 1244, par les chevaliers de Rhodes. Il employa le reste de son règne à rebâtir les villes et les églises.

BELABRE, ch.-l. de canton (Indre), à 11 k. S. E. du Blanc. Grandes forges aux environs; 1238 hab.

BELAD-EL-DJÉRID. V. BILÉDULGÉRID.

BELASPOUR, v. de l'Inde anglaise (Bengale), à 290 k. N. de Delhi; 15 000 h. Autrefois capit. d'un État indépendant ; appartient aux Anglais depuis 1822.

BELBEYS, Ramsès, v. de Basse-Égypte, à 48 k. N. E. du Caire, sur la r. dr. de l'ancienne branche pélusiaque du Nil; 5000 hab. Jadis fortifiée. Bonaparte en fit réparer les fortifications.

BELCAIRE, ch.-l. de cant. (Aude), à 33 k. S. O. de Limoux; 830 hab. Bâti en amphithéâtre.

BELEM, v. de Portugal, sur la dr. du Tage, à 8 k. O. de Lisbonne, dont elle est comme un faubourg; 6000 hab. Beau palais des rois de Portugal; tour célèbre; anc. couvent d'Hiéronymites, dont l'église possède les tombeaux de plusieurs rois du pays.

BELEM, v. du Brésil. V. PARA.

BELENUS, divinité principale de quelques pays germains, surtout de l'Illyrie, de la Pannonie et au Noricum; on croit que c'est le Soleil ou Apollon.

BÉLÉSIS, prêtre chaldéen, se révolta en Babylonie contre Sardanapale, roi d'Assyrie, vers 759 av. J.-C. et détrôna ce prince, de concert avec Arbace, gouverneur de la Médie. Il se fit nommer roi de Babylone et régna jusqu'en 747.

BELESTA, bourg de l'Ariége, sur le Lers, à 28 k. S. E. de Foix; 1248 hab. Forges, marbreries. Près de là, source intermittente de Fontestorbe.

BELFAST, v. et port d'Irlande (Antrim), capit. de la province d'Ulster, à l'emb. du Lagan, à 22 kil. S. E. d'Antrim et à 135 k. N. de Dublin; 120 000 h. Évêché catholique. Ville belle et bien bâtie. Grandes manuf. de toiles de lin et de coton, verreries, vitriol, etc. — Ville et port des États-Unis (Maine), à l'entrée de la baie de Penobscot; 6000 h.

BELFORT ou BÉFORT, v. forte de France, ch.-l. d'arr., sur la r. g. de la Savoureuse, à 78 k. S. O. de Colmar, à 424 kil. E. de Paris par la route, 503 par chemin de fer; 5285 hab. Belfort (c.-à-d. beau fort) est à la base d'un roc fortifié par Vauban et que couronne un château, plus ancien que la ville. A quelque distance est la tour de la Miotte. Tribunal, lycée. Industrie active; papeterie, chapellerie, brasseries, tanneries, horlogeries, forges, etc. Comm. de grains, vins, eaux-de-vie, métaux. etc. — La v. de Belfort fit longtemps partie du comté Ferrette, qui appartenait à l'Autriche; plusieurs fois prise et reprise, elle fut cédée à la France par l'Autriche en 1648. Belle défense contre les Allemands (2 nov. 1870-16 février 1871).

BELFORT (territoire de Belfort), division administrative formée, après la guerre de 1870-71, des débris de l'ancien arrondissement de Belfort, et comprenant Belfort Delle, Fontaine et Giromagny.

BELGES, Belgæ, peuple ancien, qui a donné son nom à la Gaule Belgique, paraît avoir la même origine que les Celtes, mais être arrivé en Gaule après eux. Cependant ils différaient des Celtes par le caractère et par la langue. On a remarqué que Belgæ ou Bolgæ est le même mot que l'allemand Volk. Ce nom se retrouve dans celui des Volces Arécomiques et Tectosages, de la Gaule, ainsi que dans Venta Belgarum (Winchester), v. de la Bretagne ancienne.

BELGIOJOSO, bg de Lombardie, à 16 kil. E. de Pavie; 2700 h.; a donné son nom à une famille célèbre.

BELGIQUE, roy. d'Europe, situé entre 49° et 52° lat. N., entre 0° 15' et 3° 46' long. E., est borné an N. et au N. O. par la mer du Nord et la Manche, au N. E. par la Hollande, à l'E. par le grand-duché de Luxembourg et la prov. Rhénane de Prusse, au S. par la France ; env. 270 k. sur 200 ; 4 548 507 h. Capit., Bruxelles. La Belgique est divisée en 9 prov., savoir :

Provinces. Chefs-lieux.
Anvers, Anvers.
Brabant, Bruxelles.
Flandre occidentale, Bruges.
Flandre orientale, Gand.
Hainaut, Mons.
Liége, Liége.
Namur, Namur.
Limbourg belge, Hasselt.
Luxembourg belge, Arlon.

Le pays est généralement plat, excepté dans le Hainaut et la prov. de Namur, où les Ardennes étendent leurs ramifications; on y trouve beaucoup de marais; une partie des côtes est même au-dessous du niveau de la mer, ce qui exige d'immenses digues. Un grand nombre de rivières arrosent la Belgique : l'Escaut, dont les principaux affluents sont la Scarpe et la Lys; la Meuse, qui reçoit la Sambre et l'Ourthe; la Dyle, la Senne, la Dendre, etc. Nombreux canaux, parmi lesquels on distingue ceux de Bruges, d'Anvers, de Louvain, de Malines, de Bruxelles, de Charleroi. Nombreux chemins de fer : lignes du Nord, conduisant à Anvers; de l'O., à Ostende par Gand et Bruges; du S., continuant notre chemin du N. et conduisant à Bruxelles et Mons; de l'E., conduisant en Prusse par Louvain, Liége et Verviers. Le sol, maigre dans les prov. de Liége et de Limbourg, est très-fertile dans les Flandres et le Hainaut et bien cultivé; l'industrie bien développée : très-belles toiles, sucre, eau-de-vie, genièvre, tabac, bière, colle forte, produits chimiques teintureries, impressions sur tissus, fonderies, machines à vapeur, nombreuses imprimeries et librairies (d'où sortirent, jusqu'au traité de 1854, d'innombrables contrefaçons), immense exploitation de houilles à Mons, Charleroi, Huy, Liége, Namur; fabriques d'armes (surtout à Liége), nombreuses forges et usines de toute espèce. — Le gouvernement est une monarchie héréditaire et constitutionnelle, avec deux assemblées électives (sénat et chambre des représentants). L'enseignement est libre; cependant l’État entretient des universités à Gand et à Liége; à côté d'elles s'élèvent les universités libres de Louvain et de Bruxelles. Les habitants vivent en général dans l'aisance, malgré la forte population. Le Belge ressemble beaucoup au Français du Nord. Le flamand est parlé par le peuple ; mais la seule langue de la bonne société est le français. La religion est le Catholicisme.

Histoire. Les Belges, qui paraissent être originaires de la Germanie, vinrent à une époque inconnue occuper la partie N. E. des Gaules, précédemment habitée par les Celtes. Lors de la conquête des Gaules, ce furent les Belges, et parmi eux les Nerviens, qui opposèrent à César la plus vive résistance (57-54 av. J.-C.). Drusus, Germanicus, Caligula furent plusieurs fois obligés de conduire leurs armées en Belgique pour maintenir dans la soumission ce peuple indocile et remuant. Ce fut par la Belgique que les Francs, sous Clodion, commencèrent la conquête des Gaules ; leur première capitale fut Tournay. Au VIe siècle, la Belgique faisait partie du royaume d'Austrasie; au VIIIe la famille des Héristal, sortie des pays belges de Liége et de Namur, y fonda la puissance des Carlovingiens. Vers le même temps, du VIIe au VIIIe siècle, le Christianisme y fut établi par les efforts de S. Amand, S. Remacle, S. Bavon, etc. Après la mort de Louis le Débonnaire, la Belgique fut comprise dans le royaume de Lotharingie; et quand celui-ci, devenu duché de l'empire germanique, eut été partagé en Haute et Basse-Lorraine, la Belgique entra presque tout entière dans cette dernière, dont elle forma la partie principale (la Flandre seule jusqu'à l'Escaut était au royaume de France). Le duché de Basse-Lorraine se morcela ensuite en Brabant, Hainaut, Luxembourg, Limbourg, Artois, Flandre, Malines, Anvers, évêché de Liége, etc., tous fiefs de l'Empire. Au XVe siècle, la plus grande partie de ces fiefs fut réunie dans les mains des ducs de Bourgogne, Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Le mariage de Marie de Bourgogne, fille de ce dernier, avec Maximilien d'Autriche, les fit passer dans la maison d'Autriche. Charles-Quint, en y joignant de nouvelles acquisitions, en composa les dix-sept provinces qui furent nommées Cercle de Bourgogne, et qui relevèrent de l'Empire, tout en appartenant, depuis 1556, à la ligne espagnole de la maison d'Autriche. Lors de l'insurrection qui enleva sept de ces provinces à l'Espagne et à l'Empire ainsi qu'au Catholicisme (V. PAYS-BAS et HOLLANDE), et qui donna naissance à la République des Provinces-Unies (1566-1609), les provinces qui répondaient à la Belgique actuelle restèrent fidèles à la maison espagnole. Elles furent gouvernées successivement au nom de l'Espagne par le duc d'Albe, par Requesens, don Juan d'Autriche, Alexandre Farnèse, le comte de Mansfeld, les archiducs Ernest et Albert. Elles passèrent à la maison d'Autriche en 1714 par les traités de Rastadt et de Bade. Elles se soulevèrent en 1789 contre l'Autriche, qui avait violé leurs privilèges, mais furent aussitôt comprimées. En 1792 la France, ayant déclaré la guerre à l'empereur François II, envahit la Belgique : dès 1795, cette contrée était totalement conquise. Déclarée possession française en 1801, elle forma alors 9 départements (Dyle, Escaut, Forêts, Jemmapes, Lys, Meuse-Inférieure, Deux-Nèthes, Ourthe et Sambre-et-Meuse). Après la chute de Napoléon, en 1814, la Belgique, conjointement avec les provinces hollandaises, fut érigée en royaume particulier sous le nom de Royaume des Pays-Bas, et donnée à Guillaume, prince d'Orange-Nassau, fils du dernier stathouder, qui prit le nom de Guillaume I. Enfin, en 1830, les provinces hollandaises et belges se séparèrent d'une manière violente, et les deux peuples se battirent avec acharnement. Après de longues conférences tenues à Londres, et grâce à l'intervention de la France (juillet 1831), la Belgique fut reconnue indépendante. La même année, les deux chambres, par un votre libre, décernèrent à Léopold I, prince de Saxe-Cobourg, la couronne, qu'elles avaient d'abord offerte au duc de Nemours, 2e fils de Louis-Philippe. Ce n'est néanmoins qu'en 1839, après le traité de paix conclu entre la Hollande et la Belgique et le partage du Luxembourg et du Limbourg, que ce royaume a été définitivement reconnu par toutes les puissances de l'Europe. Il a été en même temps déclaré état neutre.

BELGIQUE ANCIENNE, Belgica. Les limites de la Belgique sous les Romains ne coïncidaient point avec celles de la Belgique actuelle. Cette contrée, la plus septentrionale des quatre grandes divisions de la Gaule Transalpine, comprenait au temps de César tous les pays qui se trouvent entre le Rhin, la mer du Nord, la Seine et la Marne. Sous Adrien, on y adjoignit même les Sequani, les Helvetii et les Lingones. On la divisa alors en 4 provinces : Belgique 1re au N. O. et Belgique 2e au centre, Germanie 1re au N. et Germanie 2e à l'E. — La Belgique 1re, entre la Germanie 2e au N., la Germanie 1re à l'E., la Belgique 2e à l'O., la Lyonnaise et la Séquanaise au S., était divisée en 4 territoires : Leuci, Veroduni, Mediomatrices, Treviri, lesquels répondent aux départements des Vosges, de la Meurthe, de la Moselle, de la Meuse, et une partie de la Prusse rhénane; ch.-l., Civitas Trevirorum (Trêves). — La Belgique 2e, entre la mer (Manche et mer du Nord) et la Belgique 1re, comprenait onze peuples principaux : Nervii, Morini, Atrebates, Ambiani, Bellovaci, Veromandui, Silvanectes, Viducasses, Suessiones, Remi, Catalauni; ce sont aujourd'hui : la Flandre orientale et occidentale, le Hainaut et les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l'Oise, de l'Aisne, de la Marne et de l'Aube; ch.-l., Civitas Remorum (Reims). — Pour les 2 Germanies, V. ces noms.

BELGIUM. César nomme ainsi un district particulier de la Belgique, composé du territoire des Ambiani, des Atrebates, et des Bellovaci. C'est là que s'établit primitivement le peuple belge, qui étendit ensuite son nom à une grande partie de la Gaule.

BELGIUS, général gaulois, fit une expédition en Macédoine vers l'an 279 av. J.-C., battit les troupes de Ptolémée Céraunus, fit ce prince prisonnier et le mit à mort. On croit qu'il retourna dans la Gaule après cette victoire. Brennus était un de ses lieutenants.

BELGODÈRE, ch.-l. de cant. (Corse), à 19 kil. E. de Calvi; 1001 hab.

BELGOROD, v. de Russie (Koursk), à 110 kil. S. de Koursk; 11 000 hab. Foires très-fréquentées.

BELGRADE (c.-à-d., dans la langue du pays, Ville blanche), Singidunum ou Taurunum des Lat. ? Alba Græca en latin moderne ; v. de la Servie, capit. de cette principauté, à 800 kil. N. O. de Constantinople, sur la riv. droite du Danube, près de son confluent avec la Save ; 30 000 hab. Port ; deux citadelles, et autres ouvrages qui pourraient en faire une des places les plus fortes de l'Europe. Archevêché grec et évêché catholique ; cour d'appel et de cassation. Quelques monuments, mais qui sont en ruines (palais du prince, plusieurs églises et mosquées, arsenal, etc.). Tapis, armes, étoffes de soie, de coton, tanneries ; grand commerce. — B. a été plusieurs fois prise et reprise : en 1521, par Soliman II, sous Charles-Quint; en 1688, par le duc de Bavière pour l'Autriche ; en 1690, par les Turcs ; en 1717, par le prince Eugène (l'année suiv. le traité de Passarovitz la donna à l'Autriche, qui la perdit en 1739); en 1789, par Laudon (elle fut rendue à la Turquie en 1791); en 1806, par Czerni George, qui commandait les Serviens insurgés ; elle fut reprise en 1813 par les Turcs, qui la possèdent encore. Ses fortifications étaient alors peu de chose ; mais en 1820 elles devinrent plus formidables que jamais. — Il fut signé à Belgrade en 1739 un traité par lequel la Turquie victorieuse se fit rendre les conquêtes faites par l'Autriche et la Russie (Valachie, Moldavie, Servie, etc.) et obligea la Russie à renoncer à la navigation de la mer Noire.

BELIAL, idole des Phéniciens, adorée surtout à Sidon (et mentionnée dans la Bible [Juges, XIX, 22 ; Rois, I, 2, 12], est sans doute le même dieu que Baal. On donne souvent ce nom au démon.

BÉLIDES, c.-à-d. fils de Bélus, nom patronymique des Danaïdes, de Lyncée, de Palamède, et de plusieurs rois d'Argos, descendants de princes grecs du nom de Bélus.

BÉLIDOR (Bernard FOREST de), ingénieur français, né en 1697 en Catalogne, mort en 1761, était fils d'un officier français mort en Espagne. Il servit avec distinction, et fut, après plusieurs campagnes, nommé professeur à l'école d'artillerie de La Fère, puis inspecteur général des mineurs de France. On a de lui, outre un Cours de mathématiques à l'usage de l'artillerie, la Science des ingénieurs, 1729 ; le Bombardier français, 1731 ; un Traité des fortifications, 1735 ; l’Architecture hydraulique, 1737 (son meilleur ouvrage, réimprimé avec additions, par Navier. 1819), et un Dictionn. de l'ingénieur, 1758. Ses ouvrages furent longtemps classiques. Bélidor était membre des Académies des sciences de Paris et de Berlin.

BELIN, ch.-l. de cant. (Gironde), à 42 kil. S. O. de Bordeaux ; 261 hab. — C'est aussi le nom d'un petit pays de l'anc. Maine où se trouvaient Écomoy, Laigné-en-Belin, Moncé-en-Belin, St-Ouen-en-Belin.

BELIN DE BALLU (Jacq. Nic.), savant helléniste, né à Paris en 1753, occupait une charge de conseiller à la Cour des Monnaies. Il fut après la Révolution professeur de langues anciennes à Bordeaux, puis directeur du prytanée de St-Cyr (1800), mais il quitta ces fonctions pour aller occuper une chaire de littérature grecque à Charkov en Russie. Il mourut à Pétersbourg en 1815. Il avait été admis en 1787 à l'Académie des inscriptions. Ses principaux ouvrages sont : Oppiani poemata de Venatione et Piscatione, cum interpretatione latina et scholiis, Strasbourg, 1785 (il n'a paru que le De Venatione); la Chasse, poëme d'Oppien, trad. en français, 1788 ; Œuvres de Lucien, en français, avec notes historiques, littéraires et critiques, 1788, 6 vol in-8 (traduction exacte, mais qui laisse à désirer pour le style); Histoire critique de l'Éloquence chez les Grecs et les Romains, 1803, 2 vol. in-8 (ouvrage estimé).

BÉLISAIRE, général de Justinien, né vers 490, dans la Dardanie, fit d'abord partie de la garde de l'empereur, se signala dans la guerre contre les Perses, qu'il força à faire la paix (532), passa en 533 en Afrique pour combattre les Vandales, vainquit à Tricaméron Gélimer leur roi, leur enleva Carthage et les chassa pour jamais de l'Afrique ; se rendit ensuite en Sicile, reprit sur les Goths Catane, Palerme, Syracuse ; pénétra en Italie, enleva aux Goths Naples et Rome après un long siége ; poursuivit Vitigès leur roi jusqu'à Ravenne où il s'était réfugié, le fit prisonnier et l'emmena à Constantinople (540); puis, retournant en Perse, arrêta les progrès de Chosroès en Asie-Mineure (543). Rappelé de nouveau en Italie par les succès de Totila, il reprit Rome, dont ce conquérant s'était emparé (547); mais le manque de troupes le força bientôt à abandonner ses conquêtes. Il reprit les armes après douze ans pour repousser les Bulgares, qui menaçaient Constantinople (559). Malgré ses services, Bélisaire fut, à la fin de sa vie, accusé de conspiration et disgracié ; toutefois l'empereur reconnut son innocence et lui rendit sa faveur. Il mourut en 565. Selon une tradition, fort répandue, et que Marmontel a suivie dans son Bélisaire, ce grand général aurait eu les yeux crevés et aurait été réduit à mendier sa vie ; mais il paraît que ses infortunes sont une fable inventée au XIIe s. par le conteur Tzetzès. Bélisaire eut le malheur d'avoir pour femme Antonine, amie de l'impératrice Théodora et aussi dissolue qu'elle, dont il fut obligé de châtier les débordements et qui, par ses intrigues, amena sa disgrâce. Procope, qui a écrit l'histoire de ses campagnes, avait servi sous lui.

BÉLISE ou BALISE. V. BALISE.

BELL (André), fondateur de l'enseignement mutuel en Europe, né à St-André en Écosse en 1753, mort en 1832, était ministre de l'église anglicane et chapelain à Madras. Ayant trouvé dans l'Inde la pratique de l'enseignement mutuel, il en fit l'application avec succès dans une école de Madras, de 1790 à 1795. De retour à Londres, il y fit connaître les résultats qu'il avait obtenus, dans un ouvrage intitulé : Expériences sur l'éducation faite à l'école des garçons à Madras, 1798. J. Lancaster, maître d'école à Londres, se hâta d'adopter le nouvel enseignement, et disputa à Bell la priorité de sa découverte.

BELL (John), chirurgien écossais, né à Édimbourg en 1762, mort à Rome en 1820, enseigna avec éclat l'anatomie à Édimbourg. C'était un des plus habiles praticiens de son temps. Il a donné, avec son frère Charles Bell, plusieurs traités d'anatomie qui ont fait avancer la science ; les principaux sont : Anatomie du corps humain, Édimbourg, 1792-1802, et Principes de chirurgie, 1801-1803; Anatomie expressive, 1806-1844, à l'usage des artistes.

BELL (Charles), frère du précéd., 1774-1842, se distingua d'abord comme chirurgien militaire, professa la physiologie à l'Université de Londres dès sa fondation, et alla en 1836 à Édimbourg pour occuper la chaire d'anatomie qu'avait illustrée son frère. Il coopéra à plusieurs ouvrages de John Bell, et publia lui-même un Système de chirurgie opératoire, 1807. C'est lui qui découvrit que les racines antérieures de la moelle épinière servent au mouvement et les racines postérieures à la sensibilité, découverte capitale, qu'il consigna dans son Exposition of the natural system of the nerves, publ. à Londres en 1824, et traduit par J. Genest dès 1825.

BELL (H.), habile mécanicien, né en Écosse en 1767, mort en 1830, est le premier qui ait appliqué avec succès en Angleterre la vapeur à la navigation. Il fit ses premiers essais en 1812 à. Helensburgh (près de Dumbarton), où il demeurait. Jouffroy, en France, et Fulton, en Amérique, avaient déjà fait en 1807 des expériences du même genre.

BELLAC, ch.-l. d'arrond. (Hte-Vienne), à 37 kil. N. O. de Limoges ; 2930 hab. Chapeaux, tanneries.

BELLAMY (miss Anna), tragédienne anglaise, née à Londres en 1731, morte vers 1788, était fille naturelle de lord Tirawley. Elle obtint les plus grands succès sur la scène, en même temps que Garrick et Kean. Forcée par un accident funeste de quitter le théâtre, elle publia ses Mémoires, qui eurent une grande vogue et furent traduits par Benoist, 1799.

BELLARMIN (Robert), savant théologien, de l'ordre des Jésuites, né en 1542 à Montepulciano en Toscane, mort en 1621, était neveu du pape Marcel II. Il enseigna la théologie avec un grand succès à Louvain et à Rome; accompagna Caïetan, envoyé en France comme légat par Sixte-Quint, fut fait cardinal par Clément VIII en 1598, archevêque de Capoue en 1601, et se démit de son archevêché en 1605 pour remplir les fonctions de bibliothécaire du Vatican. Il fut plusieurs fois sur le point d'être nommé pape. Bellarmin employa toute sa vie à défendre la doctrine catholique contre les hérétiques : il rédigea dans ce but un célèbre corps de controverse (Disputationes de controversiis fidei, adversus hæreticos, Rome, 1587; Paris, 1688; Prague, 1721). Il écrivit aussi avec force en faveur du pouvoir temporel du pape (De potestate summi Pontificis in rebus temporalibus, 1610), mais il n'alla pas aussi loin que d'autres théologiens de son temps; de sorte qu'il se vit à la fois regardé à Rome par quelques-uns comme trop modéré, et condamné en France par le parlement comme ultramontain (1610). On a de lui en outre : De scriptoribus ecclesiasticis (allant jusqu'à 1612), un Catéchisme, qui est très-estimé et très-répandu, et 3 vol. in-fol. d’Œuvres diverses (Cologne, 1619). Ses Œuvres complètes ont paru à Naples en 1857-60, 7 vol. in-4. Il a laissé lui-même l’Hisloire de sa vie, adressée au jésuite Eudémon-Jean.

BELLART (Nicolas Fr.), procureur général à la Cour royale de Paris, né à Paris en 1761, mort en 1826, se distingua d'abord comme avocat et défendit pendant la Révolution un grand nombre de victimes : les généraux Menou et Moreau lui confièrent également leur défense. Membre du conseil général du département de la Seine, il fut un des premiers en 1814 à provoquer la déchéance de Napoléon. Nommé procureur général, à la Restauration, il débuta par poursuivre le maréchal Ney, et se fit remarquer par ses rigueurs contre la presse. Outre ses plaidoyers, on a de lui un Essai sur la légitimité. Ses œuvres ont été publiées en 1828, 6 vol. in-8.

BELLE-ALLIANCE. V. WATERLOO.

BELLEAU (Rémi), un des poëtes de la Pléiade française, né à Nogent-le-Rotrou en 1528, mort en 1577, était précepteur de Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf. Il a traduit en vers les Odes d'Anacréon, les Phénomènes d'Aratus, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, a composé des Bergeries, et un poëme sur les Amours et échanges des pierres précieuses, où il décrit ces brillants minéraux avec les plus vives couleurs. Il jouait dans les pièces de son ami Jodelle, et il a fait lui-même une comédie, intitulée : la Reconnue. En outre, on a de lui un poëme macaronique : De bello huguenotico. Ses œuvres ont été réunies à Rouen, 1604, 2 vol. in-12. Ronsard faisait grand cas de Rémi Belleau, et l'appelait le peintre de la nature. Son talent élégant et facile le fit surnommer par ses contemporains le gentil Belleau.

BELLEFOREST (François de), écrivain fécond, mais peu exact, né en 1530 à Sarzan (Gers), mort en 1583, écrivit sur les matières les plus diverses. Il avait été nommé historiographe de France sous Henri III; mais l'infidélité de ses récits lui fit perdre cette place. Il se mit alors aux gages des libraires et inonda Paris de ses écrits. Les moins mauvais sont : Hist. des neuf rois qui ont eu le nom de Charles; Annales ou Hist. générale de France; Histoires tragiques (extraites de Bandello) ; Histoires prodigieuses : dans ces deux derniers ouvrages, il ne fit que continuer l'œuvre de Boaistuau (V. ce nom).

BELLEGARDE, ch.-l. de cant. (Creuse), à 11 kil. N. E. d'Aubusson; 1000 hab. Chevaux, cuirs. — Ch.-l. de cant. (Loiret), à 20 kil. O. de Montargis; 1027 h. Safran, miel. — Hameau du dép. de l'Ain, à 20 kil. E. de Nantua, au confluent du Rhône et de la Valserine; 522 h. C'est tout près de là qu'est la fameuse perte du Rhône. Station. — Place forte des Pyrénées orient., à 10 kil. S. E. de Céret, près de la frontière et sur la route de Perpignan à Figueras. Prise par les Espagnols en 1674 et 1793; reprise en 1675 et 1794.

BELLEGARDE (Roger DE ST-LARY de), un des favoris de Henri III, était petit-neveu du maréchal de Thermes. Colonel sous Charles IX, il accompagna en Pologne Henri, alors duc d'Anjou, et fut nommé par lui, à son avènement, maréchal de France (1574). Ayant perdu la faveur du roi, il se lia avec le duc de Savoie et agit contre les intérêts de son pays. Il mourut en 1579, empoisonné, à ce qu'on crut, par Catherine de Médicis. — Roger de Bellegarde, de la même famille, duc et pair, grand écuyer de France sous Henri III, seconda vaillamment Henri IV pendant la guerre civile et fut comblé par lui de faveurs. Louis XIII le fit duc et pair en 1620. Il mourut en 1646, à 83 ans, sans postérité. Il avait aimé la belle Gabrielle avant Henri IV, qui la lui enleva.

BELLEGARDE (H., comte de), général des armées autrichiennes, d'une famille ancienne de Savoie, né à Chambéry en 1755, mort à Vérone en 1831, servit sous l'archiduc Charles dans la guerre d'Italie, signa en 1797, avec Bonaparte, les préliminaires de Léoben, et commanda en chef après Mélas (1800). Malgré quelques beaux faits d'armes, il ne fut pas plus heureux que son prédécesseur : il se vit enlever Mantoue, Ferrare, etc., et fut forcé de conclure à Trévise un armistice (16 janv. 1801), qui fut bientôt suivi de la paix de Lunéville. Président du Conseil aulique en 1805, il fut nommé en 1806 feld-maréchal, et administra de 1814 à 1815 les provinces autrichiennes d'Italie, où il sut se faire aimer.

BELLEGARDE (J. B. MORVAN, abbé de), né en 1648, mort en 1734, a trad. plusieurs ouvrages des Pères de l'Église, les œuvres de Thomas A-Kempis, le Manuel d'Épictète, la Destruction des Indes, de Las-Casas, et a composé une Histoire d'Espagne, 1716, et une Histoire universelle des voyages, 1707.

BELLE-ISLE ou BELLE-ISLE-EN-MER, Vindilis, île de la France, sur la côte du Morbihan, à 12 k. S. O. de la presqu'île de Quiberon; 16 k. sur 8; 8553 h. Place principale, le Palais. Prison politique. Pêche de la sardine. L'île appartint longtemps aux abbés de Quimperlé, qui, au XVIe, la cédèrent au maréchal de Retz, amiral de Bretagne. Fouquet l'acheta en 1638; le maréchal de Belle-Isle, son héritier, la céda en 1718 au duc d'Orléans. Elle fut prise par les Hollandais en 1674 et par les Anglais en 1761.

BELLE-ISLE-EN-TERRE, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 19 k. O. de Guingamp; 691 hab. Forges.

BELLE-ISLE (Ch. L. Aug. FOUQUET de), maréchal de France, né en 1684, à Villefranche en Rouergue, mort en 1761, était petit-fils du surintendant Fouquet. Après s'être distingué sous Louis XIV et sous la régence dans les guerres de Flandre et d'Espagne, il fut nommé en 1732 lieutenant général, et servit en 1734 sous le maréchal de Berwick. Habile négociateur, il contribua puissamment à assurer la Lorraine à la France (1736), et à faire élire empereur l'électeur de Bavière sous le nom de Charles VII. Maréchal depuis 1740, il prit une grande part à la guerre de la succession d'Autriche, commanda en Bohême et s'empara de Prague; mais, entouré par des forces supérieures, il fut forcé de quitter cette place, et fit alors une retraite qui fut universellement admirée (1742). Il alla ensuite défendre le Dauphiné et la Provence que menaçaient les Autrichiens et les Piémontais (1746). Appelé en 1757 au ministère de la guerre, il fit d'utiles réformes. — Son frère, connu sous le nom de chevalier de Belle-Isle, se fit tuer en 1746, en essayant de forcer le col de l'Assiette pour pénétrer en Piémont.

BELLÊME, ch.-l. de cant. (Orne), à 18 k. S. de Mortagne, 3018 h. Toiles jaunes, étoffes de coton; graines de trèfle, etc. Aux environs, belle forêt et sources minérales de la Herse. — Bellême était jadis une ville forte. Prise en 1114 par Henri I roi d'Angleterre, elle fut reprise en 1228 par S. Louis. Elle était autrefois la capit. de tout le Perche et en particulier de la vicomté de Bellême, qui appartenait à des seigneurs de la maison de Montgomery. BELLENCOMBRE, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), à 26 kil. S. E. de Dieppe; 698 hab.

BELLENGER (Fr.), docteur de Sorbonne, né en 1688, mort en 1749, a donné une assez bonne traduction des Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, 1723, et a publié des Essais de critique, 1740, sous le pseudonyme de Van der Meulen.

BELLÉROPHON, héros grec, fils de Glaucus, roi d'Éphyre (Corinthe), ayant tué involontairement son frère à la chasse, se retira à la cour de Prœtus, roi d'Argos. Sthénobée, femme de ce prince, conçut pour le jeune héros une violente passion, et, n'ayant pu le faire condescendre à ses vœux, l'accusa près de son mari d'avoir voulu attenter à son honneur. Prœtus, pour se venger, envoya Bellérophon chez Iobate, roi de Lycie, son beau-père, en priant secrètement celui-ci de le faire périr. Iobate, ne voulant pas souiller ses mains du sang de son hôte, le chargea des entreprises les plus périlleuses, espérant qu'il y périrait : il l'envoya successivement combattre la Chimère, les Solymes, les Amazones; mais Bellérophon, avec le secours du cheval Pégase que lui avait donné Minerve, triompha toujours, et même à son retour il tua des soldats apostés pour l'assassiner. Iobate, persuadé de son innocence par un bonheur qui prouvait la protection des dieux, lui donna une de ses filles et le nomma son successeur.

BELLESME. V. BELLÊME.

BELLEVAL (P. RICHER de), médecin et botaniste, né en 1558 à Châlons-sur-Marne, mort en 1623, fut chargé par Henri IV, en 1596, de créer un jardin botanique à Montpellier, et se montra tout dévoué à la science, à laquelle il fit faire d'importants progrès. Il publia en 1598, sous le titre d’Onomalologia, la nomenclature des plantes du jardin de Montpellier, et en 1603, Recherches des plantes du Languedoc.

BELLEVILLE, anc. comm. du dép. de la Seine, c. de Pantin, à 2 k. N. E. de Paris, sur une éminence. La population, qui n'était guère que de 8000 h. en 1831, s'élevait en 1856 à 56 833 h. Nombreuses fabriques : châles, cuirs vernis, savons, produits chimiques. Sources abondantes, dont les eaux sont portées à Paris par un aqueduc construit au XIIe siècle. Des hauteurs de Belleville, l'armée et la garde nationale opposèrent une vigoureuse résistance aux alliés en mars 1814. Cette commune est depuis 1860 comprise dans le nouveau Paris (XVIe arr.).

BELLEVILLE-SUR-SAÔNE, ch.-l. de c. (Rhône), sur la Saône, à 13 k. N. E. de Villefranche ; 1898 h. Station du chemin de fer de Paris à Lyon. Mousselines, toiles de coton. Anc. abbaye d'Augustins, auj. détruite.

BELLEVUE, vge de Seine-et-Oise, entre Sèvres et Meudon, à 9 k. N. O. de Paris; 1000 hab. Un beau château, auj. détruit, y avait été construit par Mme de Pompadour en 1748; vue magnifique. Station. — Plusieurs autres châteaux ont aussi reçu le nom de Bellevue, même à l'étranger, à cause de la beauté de leur site, notamment près de Berlin, sur la r. g. de la Sprée; — dans la Hesse, près de Cassel; — en Wurtemberg, près de Stuttgard.

BELLEY, ch.-l. d'arr. (Ain), à 70 kil. S. E. de Bourg, entre deux coteaux, sur le Furant; 3802 h. Évêché, tribunal, école ecclésiastique. Biblioth., musée d'antiquités. Vers à soie; mousselines; pierres lithographiques, les meilleures de France. Jadis ch.-l. du Bugey. Patrie de Brillat-Savarin.

BELLIARD (Aug. Daniel, comte), général de cavalerie, né en 1769 à Fontenay-le-Comte en Vendée, occupait un grade supérieur dans l'armée de Dumouriez lors de la défection de ce général. Devenu suspect par suite de cet événement, il fut destitué; mais il s'enrôla aussitôt comme simple volontaire et mérita bientôt d'être replacé à son rang. Il suivit le général Hoche en Vendée, combattit héroïquement en Italie, sous Bonaparte, à Castiglione, à Vérone, à Caldiero, et fut après l'affaire d'Arcole fait général sur le champ de bataille. Il prit une grande part aux exploits d’Égypte; fit comme chef d'état-major général les guerres d'Allemagne, d'Espagne, de Russie, ainsi que la campagne de France, où il se distingua surtout à Craonne, et fut couvert de blessures. Nommé en 1831 ambassadeur en Belgique, il organisa l'armée belge et signa le traité qui séparait la Belgique de la Hollande. Il mourut peu après à Bruxelles en 1832. Il a laissé des Méritoires, Paris, 1834

BELLIÈVRE (Pomponne de), négociateur, d'une famille illustre originaire de Lyon, né en 1529, mort en 1607, fut envoyé en 1586 par Henri III près d’Élisabeth pour demander la liberté de Marie Stuart, mais sans y réussir, fut chargé en 1588 de porter au duc de Guise la défense d'entrer dans Paris, et ne fut pas plus heureux en cette occasion, négocia avec Sillery la paix de Vervins, 1598, et devint chancelier de France en 1599.

BELLIN (J. Nic.), ingénieur hydrographe, né à Paris en 1703, mort en 1772, rédigea poulie service de la marine le Neptune français, 1753, et l’Hydrographie française, 1756, ouvrages qui résument les connaissances géographiques de son temps.

BELLINI, nom de deux frères qui sont regardés comme les chefs de l'école des peintres vénitiens. L'aîné, Gentile Bellini, naquit en 1421 et mourut en 1501 ; le 2e, Jean Gentile B., né en 1426, mourut en 1516; tous deux eurent pour maîtres leur père Jacq. Bellini, déjà fort habile. Les deux frères furent chargés de la décoration de la grande salle du conseil à Venise. Jean fut un des premiers à adopter la peinture à l'huile et à mettre en usage tous les procédés de la science moderne. On cite de lui un S. Zacharie, la Vierge sur son trône et une Bacchante. C'est lui qui forma le Titien et Giorgione.

BELLINI (Laurent), célèbre anatomiste, né à Florence en 1643, mort en 1704, professa pendant 30 ans la médecine et l'anatomie à Pise. Ainsi que Borelli, son maître, il appliqua la mécanique et le calcul à la physiologie. On lui doit un mémoire sur la structure et l'usage des reins et la découverte des canaux urinifères dits tubes de Bellini. Ses ouvrages ont été recueillis en 1708 à Venise, 2 vol. in-4.

BELLINI (Vincent), compositeur italien, né à Catane en 1802, mort à Puteaux près Paris en 1835, a fait pour les théâtres de Naples, de Milan et de Paris, plusieurs opéras qui eurent un grand succès : il Pirata, la Straniera, la Sonnambula, Norma, i Puritani; il promettait de nouveaux chefs-d'œuvre quand il fut enlevé par une mort prématurée. Cet artiste laissait à désirer pour l'harmonie et l'orchestration; mais il excellait dans l'expression des sentiments tendres et mélancoliques : ses accents vont au cœur. Norma est regardée comme son triomphe.

BELLINZONA, Baltiona, Bilitio en latin, Bellenz en allemand, v. de Suisse, dans le cant. du Tessin, sur la r. g. du Tessin, à 88 kil. S. O. de Coire et à 271 kil. S. E. de Berne, est un des trois ch.-l. du canton; 2000 hab. Trois châteaux forts, cathédrale riche en marbres; digue de 804 mètres qui préserve la ville des inondations du Tessin. Entrepôt des marchandises qui passent par le St-Gothard et vont soit en Italie, soit en Suisse. — Cette ville faisait jadis partie du duché de Milan ; elle fut plusieurs fois prise et reprise par les Allemands, les Suisses et les Français. En 1499, elle se soumit volontairement au canton d'Uri, et depuis les Suisses l'ont gardée. Elle fut réunie en 1798 au canton du Tessin.

BELLMANN (Ch. Michel), poëte suédois, né en 1740 à Stockholm, mort en 1795, se fit un nom populaire par ses chansons bachiques et érotiques, et gagna la faveur de Gustave III. On l'a surnommé l’Anacréon de la Suède, et on lui a élevé une statue dans le parc de Stockholm.

BELLONE, l’Ényo des Grecs, déesse de la guerre, sœur ou femme de Mars, était fille de Phoreys. Elle attelait les chevaux du dieu Mars lorsqu'il partait pour la guerre et conduisait son char. Les poëtes la dépeignent courant parmi les combattants, les cheveux épars, le feu dans les yeux, et faisant retentir dans les airs son fouet ensanglanté ; on lui met dans la main une lance, un fléau, ou une verge teinte de sang. Bellone avait des temples célèbres à Comana et à Rome : c'est dans ce dernier que le Sénat donnait audience aux ambassadeurs.

BELLORI (J. P.), antiquaire, né à Rome en 1615, mort en 1696, fut inspecteur de la bibliothèque et du cabinet d'antiquités de la reine Christine à Rome. Ses principaux ouvrages sont : Vite di Pittori, Scultori e Architecti moderni, 1672; Imagines veterum philosophorum, 1685; Veteres arcus Augustorum, 1690, in-fol.; Admiranda Romæ antiquæ vestigia, 1693; Gli antichi sepolcri, 1699; la Colonna Antoniniana, 1704; Pitture antiche delle grotti di Roma e del sepolcro de Nasoni, 1706.

BELLOVACI, peuple de la Gaule (Belgique 2e), entre les Ambiani, les Silvanectes et les Viducasses, occupaient à peu près le Beauvoisis et avaient pour ch.-l. Bellovaci ou Cæsaromagus, auj. Beauvais.

BELLOVÈSE, chef gaulois, neveu d'Ambigat, roi des Bituriges, franchit les Alpes vers 587 av. J.-C., s'empara de la contrée qui prit depuis le nom de Gaule Cisalpine, et jeta les fondements de Milan.

BELLOY (P. Laurent BUIRETTE de), auteur tragique, né à St-Flour en 1727, mort à Paris en 1775. Destiné par sa famille au barreau, il le quitta pour se livrer à sa passion pour le théâtre, se fit acteur, et joua avec succès dans les cours du Nord, surtout à Pétersbourg. Il travaillait en même temps pour la scène, et fit représenter, à son retour en France, plusieurs tragédies, dont la principale, le Siége de Calais, 1765, eut un succès prodigieux. Ses autres pièces sont : Titus, Zelmire, imitées de Métastase, Gaston et Bayard, Gabrielle de Vergy, Pierre le Cruel. Ses Œuvres ont été publiées à Paris en 1779, 6 v. in-8. De Belloy est loin d'égaler nos grands maîtres, mais ses pièces offrent du mouvement, de l'intérêt et de nobles sentiments ; en outre, il a le mérite d'avoir un des premiers traité des sujets nationaux. On lui reproche l'abus des coups de théâtre, des scènes d'horreur (surtout dans Gabrielle de Vergy), ainsi que de la déclamation.

BELLOY (J. B. de), cardinal, né à Senlis, en 1709, mort en 1808, fut évêque de Marseille après Belzunce, 1756, et ne se montra pas moins charitable. Il devint en 1801 archevêque de Paris, et fut nommé cardinal l'année suivante. D'un esprit modéré, il fut un des évêques qui, par leur désintéressement, facilitèrent la conclusion du Concordat.

BELLOZANNE, anc. abbaye de Prémontrés en Normandie (Seine-Inf.), près de Gournay, a compté Vatable, Ronsard et Amyot au nombre de ses abbés.

BELLUNE, Belunum, v. forte Vénétie, ch.-l. de province, sur la Piave, à 70 kil. N. de Venise; 11 000 hab. Aqueduc, bibliothèque. Soieries, ouvrages en paille, etc. Commerce de bois, vins, fruits.

BELLUNE (duc de). V. VICTOR (le maréchal).

BELMONT, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 28 kil. S. O. de Ste-Affrique; 660 hab. — Ch.-l. de cant. (Loire), à 25 kil. N. E. de Roanne; 2400 hab.

BELŒIL, vge de Belgique (Hainaut), arr. et à 25 k. E. de Tournay; 300 hab. Superbe château des princes de Ligne, bâti en 1146, et chanté par Delille.

BELON (P.), naturaliste français du XVIe siècle, né dans le Maine vers 1518, obtint la protection du cardinal de Tournon qui lui fournit les moyens de voyager; visita, outre les principaux États européens, la Grèce, la Palestine, l’Égypte et l'Arabie, et donna à son retour une relation de ses Observations en Grèce, en Asie, etc., Paris, 1553. Il a aussi laissé (en latin) des ouvrages fort estimés sur l’Histoire naturelle des Poissons, 1551; sur les Arbres verts, 1553; et sur les Oiseaux, 1555, avec des gravures fidèles. Il périt en 1564, assassiné par des voleurs dans le bois de Boulogne, près de Paris. Belon est un des fondateurs de l'histoire naturelle, et le créateur de l'anatomie comparée. Buffon en faisait grand cas.

BELOT (Octavie GUICHARD, dame), née en 1719, morte en 1805, a traduit de l'anglais plusieurs romans et l’Histoire des Plantagenets et des Tudors, de Hume. En outre elle a publié des Réflexions d'une Provinciale, au sujet du discours de J. J. Rousseau Sur l'inégalité des conditions, 1756, et des Observations sur la noblesse et le tiers état, 1758.

BELOUR ou BOLOR, chaîne de montagnes de l'Asie centrale, part de l'Hindou-Kouch vers 35° lat. N. 67° long. E., et joint vers 48° lat. N. l'Ouloug-tag, après avoir séparé le Turkestan indépendant de l'empire chinois. De son versant occidental sort le Djihoun.

BELOUTCHISTAN, Gédrosie et Drangiane, contrée de l'Asie mérid., s'étend de 56° à 66° long. E. et de 25° à 30° lat. N., et est bornée à l'O. par la Perse, à l'E. par la principauté de Sindhy et le roy. de Lahore, au N. par le roy. de Kaboul, au S. par la mer d'Oman ; env. 2 700 000 hab. ; capit., Kélat. On le divise en six parties, qui forment une sorte de confédération, Saraouan, Djalaouan, Katch-Gandava, Lous, Mekran et Kouhistan ; on peut y joindre la désert de Béloutchistan, qui s'étend au N. et au N. E. Sol varié; fruits, garance, coton, indigo. Les habitants, nommés Béloutchis, sont à demi barbares. Ils professent l'Islamisme et sont Sunites. Ils parlent une langue dérivée du sanscrit. — Le Béloutchistan, après avoir fait partie de l'empire de Perse, de l'Inde, puis enfin du roy. de Kaboul, se rendit indépendant en 1758, et forma un État fédéral divisé en une foule de khanats, gouverné par des chefs (Serdars), qui reconnaissaient la souveraineté de celui de Kélat. Ce lien de vassalité s'est fort relâché depuis 1795.

BELPECH, ch.-l. de cant. (Aude), à 22 kil. S. O. de Castelnaudary; 1139 hab.

BELPHÉGOR (de Bel pour Baal, et Phégor, mont où ce dieu avait un temple), divinité des Moabites et des Madianites, présidait aux plaisirs licencieux et était représenté sous une figure obscène.

BELSUNCE DE CASTEL MORON (H. Fr. Xavier de), célèbre évêque, né en 1671 dans le Périgord, mort en 1755, appartenait à l'ordre des Jésuites. Il fut promu en 1709 au siége de Marseille, qu'il ne voulut jamais quitter, même pour un poste plus élevé. Pendant la peste qui désolait Marseille en 1720 et 1721, il se signala par son zèle à secourir les malades et par son courage héroïque. Dans les querelles que suscita le Jansénisme, il se prononça avec force contre la nouvelle secte et s'attira par là de vifs démêlés avec le parlement d'Aix. On a de lui des Instructions pastorales et quelques autres écrits, publiés à Metz en 1822, sous le titre d’Œuvres choisies. — Millevoye a chanté son dévouement dans le poëme de Belsunce. M. de Pontchevron a écrit sa Vie, 1854. Marseille lui a érigé une statue (1853).

BELT, nom commun à deux détroits de l'archipel Danois : le Grand Belt, qui sépare les îles de Fionie et de Seeland; le Petit Belt, entre l'île de Fionie et la côte du Jutland ; tous deux unissent le Cattégat et la mer Baltique. Ils gèlent quelquefois : en 1658, le roi de Suède Charles-Gustave traversa le Grand Belt sur la glace pour aller assiéger Copenhague.

BELUS, roi d'Assyrie, délivra la Babylonie du joug des Arabes, et régna 27 ans, de 1993 à 1966 avant J.-C. Il eut pour fils Ninus, qui le fit mettre au rang des dieux. — Un autre Bélus, père d'Egyptus, de Danaüs et de Céphée, régnait en Phénicie vers l'an 1500 av. J.-C. — Bélus est aussi le nom d'une riv. de Phénicie, qui sortait du mont Carmel et se jetait dans la Méditerranée près d'Acco (St-Jean d'Acre).

BELVÉDÈRE, c.-à-d. belle vue, v. du roy. de Naples (Calabre), à 32 kil. N. O. de Paola; 4600 hab. Mines de sel. Vins, raisins secs. — Pavillon du Vatican, élevé par Bramante, et enrichi par Pie VI des chefs-d'œuvre de l'art. On y admire, entre autres statues antiques, l’Apollon dit du Belvédère.

BELVÈS, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 21 kil. S. O. de Sarlat, sur la Dordogne; 1830 h. Huile de noix.

BELZ, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 16 kil. E. de Lorient; 204 hab.

BELZÉBUTH, idole des Accaronites, peuple philistin, est qualifié dans la Bible de prince des démons. Son nom veut dire Dieu chasse-mouche, mais on ne connaît pas ses vraies attributions.

BELZONI (J. B.), voyageur italien, né à Padoue en 1778, avait d'abord été destiné à l'état religieux. Il vint en Angleterre en 1803, s'engagea comme acteur au théâtre d'Astley, quitta Londres après un séjour de 9 ans pour se rendre en Égypte, où il exerça d'abord la profession de danseur, gagna la bienveillance du pacha, et parvint à faire ouvrir les pyramides de Gizeh, celle du roi Chéphrem et plusieurs tombeaux à Thèbes. Il fit transporter de cette dernière ville à Alexandrie le fameux buste de Jupiter Ammon, auj. au Musée britannique. Il parcourut ensuite les côtes de la mer Rouge, visita Bérénice, découvrit les mines d'émeraudes de Zabarah et pénétra jusqu'à l'oasis d'Ammon. Il écrivit en anglais la Relation de ce voyage, qui parut à Londres en 1821. En 1823, il entreprit un 2e voyage pour visiter le royaume de Bénin et pénétrer jusqu'à Tombouctou ; mais la mort le surprit à Gata, sur la route de Bénin.

BEMBO (Pierre), cardinal et écrivain, d'une famille patricienne de Venise, né en 1470, mort en 1547, se distingua dès sa jeunesse par son esprit, et jouit de la faveur des princes de Ferrare et d'Urbin, ainsi que de celle du pape Léon X et de ses successeurs. Léon X en fit son secrétaire pour les lettres latines et lui donna de riches bénéfices. A la mort de ce pape, il se retira à Venise où il devint conservateur de la bibliothèque de St-Marc. Paul III le nomma cardinal (1539). Bembo n'est pas moins célèbre par sa galanterie que par son esprit ; il savait unir les plaisirs aux affaires : avant d'être ordonné il avait eu plusieurs enfants d'une femme nommée Morosina, qu'il a célébrée dans ses vers. Ses œuvres ont été publiées à Bâle, 1567, 3 vol. in-8, et plus complètement à Venise en 1729, 4 vol. in-fol. Elles comprennent des poésies diverses en italien et en latin (sonnets, canzone, etc.), dans lesquelles il a imité Pétrarque ; des Dialogues sur l’amour (Gli Asolani, écrits au château d’Azola) : une Histoire de Venise, en latin, et un grand nombre de lettres. Dans ses écrits latins, Bembo s'est surtout attaché à reproduire le style de Cicéron. Les Asolani ont été traduits en français par J. Martin. Paris, 1545.

BEN, mot arabe qui veut dire fils, précède beaucoup de noms propres. Pour les noms qui ne seraient pas ci-après, cherchez le mot qui suit Ben.

BENACUS lacus, lac d'Italie, auj. lac de Garda.

BENADAD, roi de Syrie au xe siècle av. J.-C., fit la guerre aux rois d'Israël Achab et Joram. Achab le battit et le força à une paix avantageuse pour les Israélites. Quant à Joram, il fut d'abord vaincu et Benadad, campé devant Samarie, se croyait déjà sûr de s'emparer de cette ville, quand son armée fut dispersée par une terreur panique. Il mourut l'année suivante à Damas, assassiné par Hazaël, un de ses officiers, vers l'an 800 av. J.-C. — Il y eut deux autres princes du même nom, l'un contemporain d'Asa, roi de Juda, qu'il secourut contre Baasa, roi d'Israël ; l'autre, contemporain de Joas, qui le vainquit.

BENALCAZAR (Sébast.), capitaine espagnol, seconda Pizarre dans la conquête de la Nouv.-Grenade et du Pérou, s'empara de Quito vers 1533, en fut nommé gouverneur, et passa ensuite au gouvt du Popayan, dans lequel il eut à soutenir une longue guerre contre Almagro, et où il fonda Guayaquil. Il mourut vers 1550.

BÉNARÈS, grande v. de l'Inde anglaise (Calcutta), ch.-l. du district de Bénarès, sur le Gange, à 640 k. N. O de Calcutta ; 600 000 h. Les Hindous la regardent comme une ville sainte et y font de fréquents pèlerinages. Elle a une université brahmanique dont les Anglais payent les professeurs, et un observatoire hindou très-ancien. Monuments divers, entre autres superbe mosquée, bâtie par Aureng-Zeyb ; temples fort nombreux, quais et débarcadères le long du Gange. Industrie variée : étoffes de soie, coton, laine. Commerce étendu : marché pour les châles du N., les diamants du S., les mousselines anglaises. Pour le commerce des diamants et pierreries, Bénarès est sans rivale dans toute l'Asie. — Le district de Bénarès était indépendant au xie siècle. Les rois d'Aoude le possédèrent ensuite. Les Anglais se le sont fait céder en 1775.

BÉNAUGES (comté de), partie du Bordelais, avait pour villes principales Cadillac, Cantois, Castelvielh. Il est auj. compris dans le dép. de la Gironde.

BENAVENTE, v. d'Espagne (Zamora), à 31 kil N. de Zamora ; 3000 hab. Titre de duché, porté auj. par la famille d'Ossuna. Monastère d'Hiéronymites.

BENCOULEN, v. de l'île de Sumatra, sur la côte O., dans le gouvt de Padang ; 10 000 h. C'est le principal établissement des Hollandais dans l'île. Séjour malsain. Opium, muscade, girofle, houille. — Occupée par les Anglais en 1685, cette ville fut la capit. de leurs possessions dans Sumatra jusqu'en 1824, époque où elle fut cédée au roi des Pays-Bas.

BENDER, en moldave Tigino, v. de Russie (Bessarabie), sur le Dniestr, à 57 kil. S. E. de Kischnau ; 12 000 h. Mosquée, église arménienne ; citadelle. Salpêtrières, forges, tanneries, papeteries. — Bender est fameuse par le séjour qu'y fit Charles XII après la bataille de Pultawa (1709-13), et par l'espèce de siége qu'il soutint près de là (à Varnitza). Attaqué par les Turcs dans une maison où il s'était retranché avec quelques domestiques, il ne se rendit que lorsque la maison fut réduite en cendres. Les Russes prirent trois fois Bender, en 1770, en 1789 et 1811 ; elle leur fut définitivement assurée avec toute la Bessarabie en 1812, par la paix de Bucharest.

BENDER-ABASSI ou GOMROUN, v. de Perse (Laristan), à 40 k. N. d'Ormus, sur le golfe Persique ; 20 000 h. Grand commerce. — bender-bouchehr. V. abouchehr.

BENE, Augusta Vagiennorum, puis par corruption Baienna, v. des États sardes, à 20 k. N. de Mondovi ; 5000 hab. Prise par les Français en 1796.

BENÉDETTE (J. Bénédette castiglione, dit le), peintre italien, né à Gênes en 1616, m. à Mantoue en 1670, avait pris les leçons de Van Dyck, Titien, Paul Véronèse. Il peignit d'une manière distinguée l'histoire, le paysage, les marchés, mais surtout les vendanges, les campagnes remplies d'ouvriers, de troupeaux, etc ; il excellait également dans la gravure à l'eau-forte. — Son frère Salvatore et son fils François marchèrent sur ses traces.

BÉNÉDICTINS, ordre religieux fondé par S. Benoît, au VIe siècle, mêlait aux exercices de piété la culture des terres, les travaux littéraires et l'enseignement, ce qui l'a rendu à la fois le plus riche et le plus savant de tous. Ils étaient vêtus de noir, ce qui les faisait quelquefois nommer Moines Noirs; cependant, ceux de Cîteaux et de Clairvaux avaient adopté la robe blanche, ce qui les fit appeler Bénédictins blancs. Tous se rasaient la tête. — Le 1er couvent de Bénédictins fut établi au mont Cassin par S. Benoît lui-même vers 529. Il se répandirent bientôt dans toute l'Europe et donnèrent naissance à plusieurs congrégations devenues célèbres. Les principales sont celles de Cluny, formée vers 910 ; de Cîteaux, fondée en 1098 ; du Mont-Cassin, 1408 ; de St-Vanne, formée à Verdun en Lorraine en 1600, et celle de St-Maur, constituée en 1621, et à laquelle furent subordonnées toutes les autres congrégations de Bénédictins en France (Feuillants, Camaldules, Célestins, etc). Les Bénédictins de St-Maur avaient pour maison mère l'abbaye de St-Germain des Prés à Paris, et possédaient une fort belle résidence à St-Maur, près de Vincennes. Cette congrégation, qui compta parmi ses membres Mabillon, Montfaucon, Ste-Marthe, d'Achéry et une foule d'autres savants laborieux et modestes, a exécuté les travaux les plus précieux pour l'histoire ecclésiastique et civile, entre autres, la Gallia Christiana, les Acta Sanctorum, la Collection des Historiens de France, le Spicilegium, l’Art de vérifier les dates, la Diplomatique, l’Histoire littéraire de la France, les Annales de l'ordre des Bénédictins, et de magnifiques éditions des Pères de l'Église. Elle a été supprimée comme toutes les autres, en 1790, par l'Assemblée constituante. Les Bénédictins portaient le titre de dom (dominus) devant leur nom, en signe de la noblesse de leur ordre. — Les plus célèbres, abbayes de Bénédictins hors de France sont celles de Prum, Ratisbonne, Fulde, Ellwang, Saltzbourg, Reichnau, en Allemagne ; de Cantorbéry, d'York, de Westminster, de St-Alban, en Angleterre. — Quelques religieux réunis depuis peu à Solesmes (Sarthe), sous la direction de dom Guéranger, ont relevé en France l'ordre des Bénédictins et continuent avec succès leurs travaux.

BÉNÉDICTINES, religieuses qui suivaient la règle de St-Benoît, avaient été instituées au vie siècle par Ste Scholastique, sœur de S. Benoît. Elles portaient la robe noire avec un scapulaire de même couleur. C'est à cet ordre qu'appartenaient les Oblates, instituées par Ste Françoise.

BÉNÉFICE, du latin beneficium, bienfait. Ce mot, mis en usage, après l'établissement des Barbares dans l'empire romain, par les rois goths et lombards, s'appliquait aux terres que ces princes donnaient en récompense à ceux de leurs leudes qui s'étaient distingués, qui avaient bien fait à la guerre. Les possesseurs des bénéfices devaient en échange le service militaire et une redevance en argent ou en nature. Les bénéfices, d'abord amovibles, devinrent ensuite pour la plupart viagers, et enfin héréditaires, à partir de 877 (V. kiersky). Au ixe siècle, le nom de bénéfice avait fait place à celui de fief. — Quand les bénéfices militaires eurent cessé d'exister, le nom de bénéfice s'appliqua encore aux fonds de terre ou aux revenus affectés à certaines charges ou dignités ecclésiastiques, et ces sortes de bénéfices se sont conservés en France jusqu'à la révolution de 1789.

BENEHARNUM, v. de la Novempopulanie, chez les Tarbelli, devait être située près de Castelnon, sur la riv. de Lageu, sans doute au lieu où se trouve le village actuel de Benejacq. Son nom s'est aussi conservé dans celui de Béarn.

BÉNÉVENT, Beneventum, ville forte du roy. d'Italie, ch.-l. de province, à 220 kil. S. E. de Rome, sur le Calore ; env. 16 000 hab. Archevêché (érigé en 929). Belle cathédrale, hôtel de ville ; antiquités, parmi lesquelles on remarque un arc de triomphe de Trajan en marbre de Paros. — La ville de Bénévent, dont on attribuait la fondation à Diomède, appartint d'abord aux Samnites. Elle portait alors le nom de Maloeis ou Maleventum ; mais les Romains, s'en étant emparés après y avoir battu Pyrrhus (275), changèrent ce nom, qui semblait de mauvais augure, en celui de Beneventum, nom qui a un sens opposé. Annibal l'assiégea en vain. Elle appartenait encore à l'empire d'Orient, lorsqu'en 545 le Goth Totila la prit et la ruina ; bientôt après, elle fut relevée par le roi lombard Autharis (589), qui l'érigea en duché. Après la chute de l'empire lombard, ce duché fut longtemps gouverné par des ducs et des princes particuliers. En 1047, les Normands s'en emparèrent ; mais ils en furent chassés par l'empereur Henri III, qui en 1053 céda le duché au pape Léon IX, son parent. Depuis ce temps, il est considéré comme domaine de l’Église. Le roi de Naples Ferdinand I posséda cette ville de 1709 à 1774 ; en 1806, Napoléon l'érigea en principauté en faveur de Talleyrand ; elle fut rendue au pape en 1814 et devint le ch.-l. d'une délégation romaine, qui était enclavée dans la Principauté ultérieure du roy. de Naples et ne comptait guère que 25 000 h. Elle a été annexée en 1860 au nouveau roy. d'Italie. — Il se livra près de Bénévent, en 1266, une bataille dans laquelle Mainfroi perdit la couronne et la vie, et par suite de laquelle Charles d'Anjou resta maître de Naples et de la Sicile.

BÉNÉVENT, ch.-l. de cant. (Creuze), à 24 k. N. O. de Bourganeuf  ; 1321 hab, Anc. abbaye, où l'on conservait les reliques de S. Barthélémy, apportées en France de Bénévent en Italie.

BÉNÉZET (Ant.), philanthrope américain, né en 1713, mort en 1784, était issu d'une famille française de St-Quentin, chassée de France par la révocation de l'édit de Nantes. Il se fixa à Philadelphie, adopta la doctrine des Quakers et fut un des premiers défenseurs de la cause des noirs. Il publia en leur faveur : Relation historique de la Guinée, 1762, où il fait connaître l'origine et les déplorables effets de la traite ; Tableau abrégé de l'état misérable des nègres esclaves, 1767. Il créa à Philadelphie une école pour l'instruction des noirs, et la dirigea lui-même jusqu'à la fin de sa vie. Il a aussi écrit sur l’Origine et l’établissement en Amérique de la Société, des Amis (Quakers), et a laissé des Mémoires, dont une 2e édition a paru en 1859.

BENFELD, ville d'Alsace-Lorraine, sur l'Ill, à 17 kil. N. E. de Schelestadt ; 2911 hab. Station de chemin de fer de Strasbourg à Bâle. Filature de coton, fabrique de tôle ; grains, chanvre, tabac.

BENGALE, anc. prov. de l'Hindoustan, bornée au N. par le Népal et le Boutan, à l'O. par l'Orissa, le Gandouana, le Bahar, est située par 84-90° long. E., 21°-27° lat. N. ; 580 kil. sur 530 ; env. 25 000 000 h. Capit., Calcutta. Le Bengale est arrosé par plusieurs rivières : le Gange, le Brahmapoutre et leurs affluents. Le sol est très-fertile, mais fort humide et malsain ; il produit surtout du riz, du tabac, de l'opium. On y trouve en grand nombre des buffles, des tigres, des éléphants. — Le Bengale forma longtemps un roy. indépendant ; il fut conquis par les Afghans en 1203, puis devint tributaire des Mongols jusqu'en 1340, époque à laquelle Fakher-Addin s'en empara et en fit un État particulier. Conquis en 1338 par Cher-chah, il fut bientôt réuni au Delhi ; Akbar le soumit et en fit une prov. de l'empire du Grand-Mogol ; enfin les Anglais s'en rendirent maîtres de 1757 à 1765 ; néanmoins ils laissèrent son titre à l'ancien souverain et lui firent une forte pension. La prov. du Bengale est auj. comprise dans la Présidence.

BENGALE (Présid. du), la plus grande et la plus orient. des 3 div. de l'Inde anglaise, s'étend à l'O. et à l'E. du Gange, depuis l'Himalaya jusqu'au golfe de Bengale, et est bornée au N. par le Thibet, à l'E. par l'empire Birman, à l'O. et au S. O. par la présidence de Madras. Elle se subdivise administrativement en 3 parties, dont la 1re, sous l'autorité directe du gouverneur général, comprend le Pendjab (Lahore, Djelam, Moultan, Laja, Peychawer, Djallandar), l'État du Cis-Sutledge, l'Aoude, le Nagpour, le Bérar, le Ténassérim ; la 2e, sous l'autorité d'un vice-gouverneur, comprend les États de Patna, Bhaghalpour, Murchidabad, Djacca, Djessore, Sunderbound, Tchittagong, Kattack ; et la 3e formant la vice-présidence d'Agrah ou du Nord-Ouest, comprend les prov. d'Agra, Delhi, Mirout, Rohilcand, Allahabad, Bénarès. Elle compte env. 97 000 000 d'hab.

BENGALE (golfe du), Gangelicus Sinus, grand golfe de l'Océan Indien, sépare les deux presqu'îles de l'Inde. Il est borné au N. par le Bengale, à l'O. par les côtes d'Orissa et de Coromandel, à l'E. par l'empire Birman, où il forme le golfe de Martaban. Il reçoit au N. le Gange, à l'E. le Salouen et l'Iraouaddy ; à l'O. le Godavery et la Krichna. On y trouve l'île Ceylan, ainsi que les îles Andaman et Nicobar.

BENGAZI, autrefois Bérénice, v. de l’État de Tripoli (Barca), sur la côte E. du golfe de la Sidre, à 255 kil. S. O. de Derne ; 5000 hab. Port encombré. Antiquités. Cette v. a été plusieurs fois désolée par peste, notamment en 1858.

BENGUÉLA ou san-felipe, v. d'Afrique, capit. du roy. de Benguéla, par 11° 10' long. E., 12° 28' lat. S., sur l'Atlantique, dans la baie de Las Vacas. Mouillage commode. Air très-malsain. Lieu d'exil pour les criminels portugais. A 20 kil. de là, riche mine de salpêtre. — Le roy. de Benguéla, sur la côte occidentale d'Afrique, s'étend au S. de l'Angola, de 10° 30' à 16° 15' lat. S. Manioc, maïs, coton, indigo, palmiers, piment, ébéniers, etc. Or, ambre, ivoire; jadis fer, cuivre. — Ce pays appartient aux Portugais, mais ne leur est guère soumis que de nom.

BENI, BENY, pluriel de Ben, fils, mot par lequel commence le nom de beaucoup de tribus arabes, comme Beni-Ali, Beni-Amer, tribu d'Ali, d'Amer.

BÉNIGNE (S.), apôtre de la Bourgogne, était, à ce qu'on croit, disciple de S. Polycarpe. Il subit le martyre à Dijon, vers l'an 179. Sur l'emplacement de son tombeau fut élevée, au VIe siècle, la célèbre abbaye de St-Bénigne. On l'honore le 1er novembre.

BENIN, v. d'Afrique, capit. du roy. de Bénin, par 3° 25' long. E., 6° 10' lat. N.; 15 000 hab. Fossé d'enceinte; palais du roi, qui ne consiste qu'en une longue suite de huttes en planches. — Le roy. de Bénin, un des plus puissants États de la Nigritie maritime, s'étend sur la côte N. du golfe de Guinée, depuis Lagos jusqu'à Bonny, et a de nombreux tributaires. Farouches, belliqueux, les habitants immolent des victimes humaines et vendent comme esclaves ce qu'ils ne tuent pas. Ils regardent leur roi comme un dieu, qui subsiste sans se nourrir. Un puits profond sert de sépulture à ce chef ; on précipite sur son corps tous ses favoris. Le Bénin a été découvert en 1484 par le Portugais J. d'Aveiro. — On appelle Golfe de Benin la partie du golfe de Guinée qui baigne la côte de cet État.

BÉNIOWSKI (Maur. Aug., comte de), intrépide aventurier, né en 1741 en Hongrie, d'une famille noble et riche, devint un des chefs de la confédération de Bar formée en 1768 en Pologne pour résister à la Russie, obtint quelques avantages sur les Russes ; mais fut fait prisonnier et enfermé dans une forteresse du Kamtchatka. Il réussit à s'évader, gagna les établissements français dans l'Inde, vint de là en France, puis s'embarqua pour Madagascar, et y forma un établissement. Il méditait de conquérir l'île quand il y fut tué dans un engagement, en 1786. Ses Voyages et ses Mémoires, écrits par lui-même en français, ont été publiés à Paris en 1791.

BENISOUEYF, Hermopolis ou Cæne, v. de la Moyenne-Égypte, ch.-l. d'une prov. du même nom, à 98 kil. S. du Caire , sur la r. g. du Nil. Elle est en ruines et fort triste : aussi sert-elle de lieu d'exil. Entrepôt des produits du Fayoum.

BENJAMIN, le dernier et le plus aimé des fils de Jacob, né en 2096 av. J.-C., avait pour mère Rachel, qui mourut en le mettant au monde. Lorsque les fils de Jacob allèrent chercher du blé en Égypte, il resta près de son père; mais Joseph, s'apercevant de son absence, exigea qu'on le lui amenât; à son arrivée il le reçut avec de grandes démonstrations de joie. — Benjamin a donné son nom à une tribu située entre celles d'Éphraïm au N., de Juda au S., de Dan à l'O., et le Jourdain à l'E. Les v. principales étaient Jérusalem, Jéricho, Béthel et Gabaon.

BENJAMIN (S.), prêcha la foi en Perse sous Varam V, et fut mis à mort en 424 pour n'avoir pas voulu renoncer à la prédication. On l'honore le 31 mars.

BENJAMIN de Tudèle, rabbin, né à Tudéla en Navarre, au commencement du XIIe siècle, mort en 1173, parcourut toutes les synagogues du monde pour connaître les mœurs et les cérémonies de chacune. On a de lui une Relation de ses voyages, rédigée en hébreu en 1160, imprimée à Constantinople en 1543; trad. en latin, Leyde, 1633, et en français par J. B. Baratier, Amsterdam, 1734, et Paris, 1830.

BEN-JONSON. V. JONSON.

BENKENDORF (Ernest de), général de cavalerie, né à Anspach en 1711, d'une famille russe, mort en 1801, servit avec distinction dans l'armée de l'électeur de Saxe, allié de Marie-Thérèse, pendant la guerre de Sept ans ; décida le gain de la bataille de Kollin contre Frédéric II (1757) et eut une part glorieuse à la prise de Schweidnitz et à l'affaire de Breslau. — Alexandre de Benkendorf, 1784-1844, servit en Russie. Lors de la rébellion militaire de 1825, il se montra dévoué à l'empereur Nicolas, qui le combla d'honneurs : il le prit pour aide de camp, le fit comte, sénateur, chef de la gendarmerie et directeur de la police. Alexandre de B. avait pour sœur la célèbre princesse de Lieven.

BENNE, petit pays de l'anc. Gascogne, où se trouvaient Castets (arrond. de Dax) et Magesc (canton de Soustons), dans le dép. des Landes.

BENNET (Agnès-Marie), romancière anglaise, née vers 1760, morte en 1808, à Brighton, est auteur de romans qui ont eu un grand succès, et qui ont été pour la plupart traduits en français. Les principaux sont : Rosa ou la jeune Mendiante, Anna ou l'Héritière galloise, Agnès de Courcy, Henri Bennet et Julie Johnson, etc. Elle excellait à tracer les caractères et à peindre les passions.

BENNET (Henri), comte d'Arlington. V. ARLINGTON

BEN-NEVIS, la plus haute mont. d’Écosse (comté d'Inverness), dans la chaîne des Grampians, a 1331m.

BENNINGSEN (le comte Théophile de), général, né en 1745 à Brunswick, mort à Banteln en 1826, se mit en 1773 au service de la Russie, obtint de grands avantages sur les Polonais et les Perses (1788-96), et fut comblé de faveurs par Catherine. Disgracié par Paul I, il entra dans la conspiration formée contre lui et dirigea les coups, s'il ne les porta lui-même. Rentré en faveur sous Alexandre, il obtint en 1805 le commandement de l'armée du Nord dans la guerre contre la France. Il perdit la bataille d'Eylau(1807), et n'en prétendit pas moins l'avoir gagnée; cependant il donna sa démission après cet échec. Dans la campagne de 1812, il battit Murat à Voronova; il prit une grande part à la bataille de Leipsick (1813).

BENNINGTON, v. des États-Unis (Vermont), à 160 kil. S. O. de Montpellier; 4000 hab. Victoire du général américain Stark sur les Anglais (16 août 1777).

BENOÎT (S.), Benedictus, fondateur de l'ordre qui porte son nom et l'un des premiers instituteurs de la vie monastique en Occident, né en 480 près de Nursie (Norcia) en Ombrie, mort en 543, se retira jeune encore dans les déserts de Sublaqueum (Subiaco), à 40 milles de Rome, et y mena une vie si sainte qu'un grand nombre de personnes, attirées par sa réputation, voulurent vivre près de lui. Persécuté dans cette retraite, il se transporta avec ses disciples au mont Cassin et y fonda, en 529, un monastère devenu célèbre. Il donna à ses moines une règle qui est regardée comme un modèle de sagesse (V. BÉNÉDICTINS); cette règle a été imprimée à Paris, 1734, 2 v. in-4, avec un commentaire de Calmet. Sa Vie a été écrite par D. Mège, Paris, 1690. On le fête le 21 mars.

BENOÎT d'Aniane (S.), réformateur de la discipline monastique en France, né en Languedoc vers 750, mort en 821, était fils d'Aigulphe, comte de Maguelone, et occupait un rang distingué à la cour de Pépin et de Charlemagne. Il entra dans l'ordre de St-Benoît, et fonda en 780, sur les bords de l'Aniane, en Languedoc, un monastère où il appliqua une nouvelle règle, dans laquelle étaient combinées celles de S. Benoît, de S. Pacôme et de S. Basile. Louis le Débonnaire l'établit chef de tous les monastères de son empire. Il y réforma un grand nombre d'abus. On a de lui : Codex regularum, Paris, 1663, et Concordantia regularum, 1638. On le fête le 12 février.

BENOÎT I, pape, surnommé Bonose, élu en 574, mort en 578, soulagea de tout son pouvoir Rome désolée par la peste et la famine. — BENOÎT II, Romain, pape de 684 à 685, répara plusieurs églises, et fut mis au nombre des saints. — BENOÎT III, Romain, pape de 855 à 858, fut élu malgré l'opposition des empereurs Lothaire et Louis, et eut à repousser les agressions de l'antipape Anastase. Il établit en Angleterre le denier de S. Pierre. C'est entre son règne et celui de son prédécesseur Léon IV, que l'on place l'histoire fabuleuse de la papesse Jeanne (V. ce nom). — BENOÎT IV, Romain, pape de 900 à 903, gouverna avec beaucoup de sagesse; mais ne put, malgré ses efforts, corriger la dépravation des mœurs. — BENOÎT V, Romain, fut élu en 964, après la mort de Jean XII, par le parti opposé à Léon VIII, qu’avait fait nommer Othon le Grand. L’empereur, irrité de son élection, le fit détenir à Hambourg, où il mourut en 965. — BENOÎT VI, Romain, élu en 972, fut enfermé au château St-Ange par l’antipape Boniface VII ; il mourut en 974, empoisonné ou étranglé dans sa prison. - BENOÎT VII, parent d’Albéric, seigneur de Rome, régna de 975 à 983. Il eut, comme Benoît VI, à lutter contre l’antipape Boniface VII. - BENOÎT VIII, pape de 1012 à 1024, eut pour concurrent un certain Grégoire, qui le força à sortir de Rome ; mais il fut réintégré par l’empereur Henri II. Les Sarrasins étant venus en 1016 envahir ses États, il se mit lui-même à la tête des troupes et extermina l’ennemi. Il rendit des ordonnances contre le mariage des prêtres. - BENOÎT IX, neveu du pape Jean XIX et fils d’Albéric, comte de Tusculum, fut placé sur le Saint-Siége par l’intrigue à l’âge de 12 ans, en 1033, et se livra à toutes sortes d’infamies. On le déposa en 1045, mais il parvint deux fois à se faire réintégrer. Touché enfin de repentir, il résigna lui-même ses fonctions en 1048. Il mourut en 1054. Il avait eu plusieurs compétiteurs. V. GRÉGOIRE VI. - BENOÎT X, antipape, fut placé en 1058 sur le siége de Rome par une troupe de factieux, et se fit chasser quelques mois après par les Romains, qui élurent Nicolas II ; il mourut en 1059. Son nom a été conservé par l’usage, quoique indûment, sur la liste des papes. - BENOÎT XI (S.), pape de 1303 à 1304, était fils d’un berger de Trévise et avait été maître d’école. Il devint général des Frères Prêcheurs et fut élu pape à la mort de Boniface VIII. Par amour de la paix, il annula les bulles lancées par son prédécesseur contre Philippe le Bel, rappela les Colonna et leur rendit leurs possessions. On a prétendu, mais sans fondement, qu’il avait été empoisonné dans des figues. Il fut canonisé ; on l’honore le 7 juillet. - BENOÎT XII, J. de Novelles, dit Fournier, pape de 1334 à 1342, était fils d’un boulanger de Saverdun. Il s’attacha à réformer les mœurs des religieux, à récompenser le mérite, et se porta comme arbitre pour terminer les contestations de plusieurs princes. Il siégeait à Avignon. - BENOÎT XIII, Pierre de Lune, antipape, né en Aragon d’une famille distinguée. Il s’adonna d’abord à la jurisprudence civile et canonique, quitta cette étude pour porter les armes, la reprit ensuite, enseigna le droit dans l’Université de Montpellier, et fut fait cardinal en 1375. A la mort de l’antipape Clément VII (1394), qui siégeait à Avignon, les cardinaux avignonnais l’élurent en même temps que les cardinaux de Rome élisaient Boniface IX ; il prit le nom de Benoît XIII. Avant son élection, il avait promis de se démettre, pour mettre fin au schisme ; mais devenu pape, il oublia sa promesse. Il amusa pendant quelque temps par des paroles trompeuses Charles VI, roi de France, ainsi que divers princes de l’Europe, et finit par déclarer qu’il gardait la tiare. Il ne fut plus regardé partout que comme un schismatique : on résolut de s’emparer de sa personne et de le déposer, et Charles VI le fit assiéger dans Avignon ; mais il trouva le moyen de s’échapper, et se retira d’abord à Château-Renard, près d’Avignon, puis à Perpignan et enfin dans une petite ville du roy. de Valence, nommée Peniscola, où il conserva son titre jusqu’à la fin de sa vie, et d’où il lançait des foudres sur toute la terre. Il mourut en 1424. On ne le compte pas dans la suite des papes. - BENOÎT XIII, pape de 1724 à 1730, né à Rome en 1649, était de la famille des Ursins, appartenait à l’ordre de St-Dominique, et avait occupé successivement les siéges de Manfredonia, de Césène, de Bénévent. Il assembla en 1725 un concile à Rome pour confirmer la bulle Unigenitus. Ce pape, éminemment charitable, se fit bénir par les Romains.

BENOÎT XIV, Lambertini, pape de 1740 à 1758, né à Bologne en 1675, avait été évêque d’Ancône, puis archevêque de Bologne. Éclairé, conciliant, il tâcha de calmer les querelles religieuses, de ramener l’église grecque dans le giron de l’Église, et, tout en confirmant la bulle Unigenitus, adoucit les rigueurs que l’on exerçait à l’occasion de cette bulle. Il réforma les Jésuites de Portugal. Ce pape protégea les arts et l’industrie, ainsi que les lettres, qu’il cultiva lui-même. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages, qui ont été publiés à Bassano en 1788, 15 vol. in-folio. Les principaux sont les traités de la Béatification, du Sacrifice de la Messe, des Synodes.

BENOÎT DE SAINTE-MORE, trouvère normand ou tourangeau (fin du XIIe siècle), a composé le Roman de Troie, où il s’écarte d’Homère, et suit Darès et Dictys. Ce poëme a été publié, avec une Étude, par M. A. Joly (in-4o, 1870). - Benoît de Ste-More est probablement aussi l’auteur d’une Chronique des ducs de Normandie, en vers, publiée par M. Francisque Michel (3 vol. in-4o, 1836-44), et qu’on a crue d’un autre Benoît, qui serait son contemporain.

BENOÎT (René), curé de St-Eustache à Paris, né à Savenières, près d’Angers, en 1521, mort en 1609, était appelé le pape des Halles, à cause de l’influence qu’il exerçait sur les marchands des halles, au milieu desquels était située son église. En 1588 il fit imprimer une traduction française de la Bible qui fut accusée de Calvinisme. Il fut, en conséquence, exclu de la Faculté de théologie ; la censure fut ratifiée par Grégoire XIII. Lorsque les Seize furent maîtres de Paris, il se retira dans le camp de Henri IV. Choisi par ce prince pour confesseur, il travailla à sa conversion. Henri IV lui réservait l’évêché de Troyes, mais les Ligueurs lui firent refuser ses bulles.

BENSERADE (Isaac de), poëte et bel esprit du siècle de Louis XIV, né en 1612 à Lyons-la-Forêt (Eure), mort en 1691, fut en faveur à la cour, à cause des agréments de sa personne et de sa conversation, et pour la finesse de ses reparties. Il fit avec succès des vers pour les ballets de la cour, composa des rondeaux, des sonnets et des chansons. Son sonnet de Job partagea l’admiration publique avec celui de Voiture sur Uranie. On a aussi de lui des pièces de théâtre, médiocres en général (Cléopâtre, la Mort d’Achille, Iphis et Iante, Gustave, Méléagre). Il fut nommé membre de l’Académie française en 1674, et obtint de Richelieu, de Mazarin et de plusieurs princes de fortes pensions. Vers la fin de sa vie, il eut la malheureuse idée de mettre en rondeaux les Métamorphoses d’Ovide (1676, in-4). Ses œuvres choisies ont été publ. à Paris, 1697, en 2 v. in-12.

BENTHAM (Jérém.), publiciste anglais, né à Londres en 1747, m. en 1832. Il étudia pour être avocat ; mais révolté des vices des lois anglaises et des abus de toute espèce qui régnaient dans les tribunaux, il aima mieux consacrer sa vie à les réformer, et s’efforça de constituer sur de nouvelles bases la législation et la politique. Imbu des doctrines d’Helvétius, il pose comme principe fondamental qu’en législation et en morale on ne doit admettre d’autre règle que l’utilité : ce qui a fait donner à son école le nom d’utilitaire. Il fut fort lié avec le conventionnel Brissot et visita plusieurs fois la France ; la Convention lui conféra le titre de citoyen français. Il ordonna par testament que son corps fût porté aux amphithéâtres d’anatomie pour être disséqué, afin de combattre le préjugé qui règne en Angleterre à cet égard. Les principaux ouvrages de Bentham sont : Introduction aux principes de morale et de jurisprudence ; Traités de législation civile et pénale ; Théorie des peines et des récompenses ; Tactique des assemblées délibérantes ; Des sophismes politiques ; Panoptique ou Maison d’inspection, où fut proposé pour la première fois, en 1791, le système pénitentiaire ; Défense de l’usure, en forme de lettres ; Code constitutionnel ; Déontologie ou Théorie des devoirs posthume ; Essai sur la nomenclature et la classification d’art et science, publié par son neveu George Bentham. La plupart des ouvrages de Bentham ont été traduits en français ; quelques-uns même n’ont paru qu'en français, rédigés de concert avec lui par Etienne Dumont, ministre calviniste à Genève. Ses Œuvres complètes ont été publ. à Bruxelles en 1840.

BENTHEIM, bourg du Hanovre, à 60 kil. N. O. d'Osnabrück; 1800 hab. Château fort. Cour d'appel. — Jadis ch.-l. d'un comté situé entre l'Over-Yssel et l'évêché de Munster, le long de la Vecht. Les comtes de Bentheim étaient feudataires immédiats de l'Empire. En 1421, cette maison se divisa en trois branches, Bentheim, Tecklembourg et Steinfurt. Les domaines de cette dernière branche, qui est éteinte aujourd'hui, appartiennent aux comtes de Bentheim; le comté de Tecklembourg a été acquis par la Prusse en 1706. En 1753, le comte de Bentheim fut obligé d'engager ses domaines au Hanovre. Napoléon comprit le comté dans le grand-duché de Berg (1807), puis le réunit à la France (1810). En 1815, le comté rentra dans le territoire de Hanovre, mais le Steinfurt fut donné à la Prusse. Les comtes de Bentheim ont été faits princes en 1817.

BENTINCK (William), premier comte de Portland, né en Hollande en 1648, mort en 1709, fut d'abord page de Guillaume, stathouder de Hollande, devint son ami dévoué, l'accompagna dans son expédition en Angleterre, et contribua a le mettre sur le trône. Devenu roi, Guillaume le créa comte de Portland (1689), pair d'Angleterre, l'envoya en ambassade en France (1698), et l'employa dans plusieurs négociations importantes. — BENTINCK (Will. H. CAVENDISH), duc de Portland, arrière petit-fils du précédent, né en 1738 à Oxford, mort en 1809, avait pour mère l'héritière des Cavendish. Nommé pair en 1762, il fut d'abord dans l'opposition, puis il accepta diverses charges importantes, fut gouverneur de l'Irlande, et devint en 1783 premier lord de la trésorerie et chef du ministère dit de la coalition; mais il fut renversé la même année et rentra dans l'opposition. Il se rapprocha du ministère en 1792, reçut alors les titres de chancelier de l'Université d'Oxford, de secrétaire d'État de l'intérieur, et devint en 1801 président du conseil, après la retraite de Pitt. Il donna sa démission en 1805. Il est un de ceux auxquels on a fait l'honneur des Lettres de Junius. — BENTINCK (Will. Charles CAVENDISH, lord), 2e fils du précédent, né en 1774, mort en 1839, était dès l'âge de 20 ans gouverneur de Madras. Il commanda en Sicile les troupes anglaises qui protégeaient cette île contre les armes de Napoléon, et y introduisit, malgré la reine Caroline, une constitution libérale (1810). En 1814, ayant reçu la mission de soulever l'Italie contre l'empereur, il adressa plusieurs proclamations aux Italiens, et entraîna Gênes par la promesse du rétablissement de la république; mais lord Castlereagh le désavoua, et le congrès de Vienne livra les Génois au roi de Sardaigne. Nommé en 1827 gouverneur général de l'Inde, il montra dans ces hautes fonctions, qu'il remplit jusqu'en 1833, beaucoup de talent et de désintéressement. Il combattit l'usage qui obligeait les veuves à se brûler sur le corps de leur mari. — Son fils, G. Fréd. B., 1802-1848, membre de la Chambre des communes, zélé protectioniste, combattit avec ardeur en 1845, mais sans succès, la proposition faite par Robert Peel d'autoriser la libre importation des grains. Ce lord avait la passion des courses et possédait un magnifique haras.

BENTIVOGLIO, illustre famille de Bologne, qui occupa le pouvoir souverain dans cette ville au XVe siècle, prétendait descendre d'un fils naturel de l'empereur Frédéric II. Les Bentivoglio disputèrent longtemps dans Bologne le pouvoir aux papes; ils finirent par être dépouillés en 1512. Expulsés de Bologne, ils se réfugièrent à Mantoue et à Ferrare. Plusieurs de leurs descendants se sont distingués dans les lettres et la diplomatie. Les plus connus sont :

BENTIVOGLIO (Hercule), né vers 1506 à Bologne, mort en 1573, fils d'Annibal Bentivoglio, qui régna le dernier sur Bologne. Il vécut à la cour de Ferrare et fut plusieurs fois employé dans des négociations délicates; mais il est surtout estimé comme poëte. On a de lui des comédies, des sonnets, des églogues et des satires; dans ce dernier genre, il se plaça près de l'Arioste. Ses œuvres ont été publiées à Venise, 1633, et à Paris, 1719. — BENTIVOGLIO (Gui), cardinal, historien et politique habile, né à Ferrare en 1579, mort en 1644. Il jouit de la faveur des papes Clément VIII, Paul V et Urbain VIII; fut envoyé comme nonce en Flandre (1607) et en France (1617) et plut tellement à Louis XIII que ce prince le choisit pour défendre les intérêts de la France à Rome. Il mourut au moment où il allait être nommé pape. On a de lui une Histoire de la guerre de Flandre, en italien, Cologne, 1632-1639, trad. par l'abbé Loiseau, 1769; un Recueil de lettres, Cologne, 1631, trad. par Biagioli, Paris, 1807; des Mémoires sur sa vie, publiés en 1648, et trad. en français par Vayrac, 1713. Ses œuvres ont été réunies à Milan, 1806-1807, 5 vol. in-8.

BENTLEY (Richard), savant critique anglais, né en 1661 dans le comté d'York, mort en 1742, était fils d'un artisan et fut d'abord maître d'école. Il devint ensuite chapelain de l'évêque de Worcester, bibliothécaire de St-James, maître du collége de la Trinité à Cambridge, et archidiacre d'Ely. Il était d'un caractère difficile et eut partout de vifs démêlés; sa querelle avec Ch. Boyle, qui avait contesté sa science, occupa tout le public lettré. On a de lui des Sermons, prononcés en 1692 pour la fondation de Robert Boyle (V. BOYLE); une Dissertation sur les Épîtres de Thémistocle, Socrate, Euripide, Phalaris, et sur les Fables d'Ésope, en anglais (1797) : il y prouve que ces ouvrages sont apocryphes; des Observations sur Aristophane, Ménandre et Philémon (1710); des éditions estimées d'Horace (1711 et 1728), de Térence et de Phèdre (1726), ainsi que de Manilius (1739); une édition de Milton (1732); des Remarques sur le Discours de la liberté de penser de Collins (1713), qu'il publia sous le nom de Phileleutherus lipsiensis (trad. sous le titre de Friponnerie des esprits forts, par Armand La Chapelle, 1738); enfin des Lettres fort instructives, plusieurs fois réimprimées, notamment à Londres en 1842, 2 v. in-8. On reproche à ce savant une trop grande hardiesse dans ses corrections.

BÉNUÉ ou BINUÉ, riv. d'Afrique centrale, la même que la Tchadda, un des affluents du Niger. V. TCHAD.

BENVENUTO CELLINI. V. CELLINI.

BENY-BOCAGE, ch.-l. de cant. (Calvados), à 3 k. de Vire; 303 hab.

BÉOTIE, Bœotia, contrée de l'anc. Grèce, avait pour bornes au N. la Phocide et la Locride, à l'O. l'Étolie, au S. E. l'Attique, et n'était séparée de l'Eubée, au N. E., que par un canal étroit. Thèbes en était la ville principale. La partie septent. de la Béotie est froide, âpre, montueuse et peu fertile; la partie mérid., au contraire, est riche en fruits et en vins, mais l'atmosphère y est plus lourde et plus malsaine. C'est en Béotie qu'on trouvait l'Hélicon, le Cithéron, montagnes si célèbres dans la Fable. Elle était arrosée par l'Asope, le Permesse et le Céphise, et contenait les deux lacs Copaïs et Hylice, dont le débordement, qui eut lieu vers 1862 av. J.-C., est connu sous le nom de déluge d'Ogygès. Les Béotiens furent d'abord presque tous pasteurs (de là sans doute leur nom : Boôtai, bouviers). Ils avaient dans la Grèce une réputation de stupidité que démentent les grands hommes qui sont nés parmi eux, tels qu'Hésiode, Corinne, Pindare, Épaminondas, Pélopidas, Plutarque, etc. — La Béotie eut pour premiers habitants les Aones et les Hyantes, de race pélasgique, et forma d'abord avec l'Attique une seule et même contrée ; toutes deux étaient réunies sous le nom commun d'Ogygie ou domaine d'Ogygès. Plus tard, elle eut une existence à part, lorsque vinrent s'y établir d'abord Cadmus (1580) avec des Phéniciens, puis des Minyens : il y eut alors deux villes principales en Béotie : Thèbes et Orchomène, chefs-lieux de deux États différents. Orchomène déchut de bonne heure ; Thèbes, au contraire, fut longtemps florissante. Elle fut régie par des rois ; mais la monarchie y fut abolie au xiie s., et les villes de la contrée formèrent une ligue dite Pambéotique, à la tête de laquelle étaient des chefs annuels nommés Béotarques. Platée, Haliarte, Orchomène, Thespies, Tanagre, Anthédon, Coronée, Chéronée, sont les villes les plus importantes de cette confédération. Dans les guerres médiques, deux villes de Béotie, Thespies et Platée, se signalèrent par leur dévouement à la cause nationale. Pendant la lutte de Sparte et d’Athènes, les Béotiens secondèrent les projets ambitieux de Sparte. Néanmoins, peu après la prise d’Athènes, les Lacédémoniens vainqueurs soumirent aussi la Béotie, à la suite de la bataille de Coronée (394). Thèbes, la capitale, secoua cependant leur joug (378), et devint un instant la puissance prépondérante ; mais son despotisme envers ses alliés souleva une haine générale et amena sa ruine (V. Thèbes). Depuis, la Béotie ne joue plus aucun rôle dans l’histoire. — La Béotie, qui sous les Turcs faisait partie de la Livadie, forme auj. avec l’Attique une des 10 Nomarchies du roy. de Grèce et comprend les deux Éparchies de Thèbes et Livadie.

BÉRANGER (Pierre Jean de), chansonnier national, né à Paris en 1780, mort en 1857, avait pour père un agent d’affaires, ardent royaliste, qui se compromit dans la Révolution et qui fut obligé de se cacher. Recueilli par une tante, aubergiste à Péronne, il suivit quelque temps dans cette ville l’Institut patriotique organisé d’après les idées de J. J. Rousseau, et y puisa quelque instruction, mais sans s’initier aux lettres anciennes, entra à 14 ans comme apprenti chez un imprimeur de Péronne, qui faisait des vers et lui en donna le goût, revint à 16 ans à Paris pour être commis chez son père, qui faisait alors la banque, se livra en même temps à la poésie, s’essayant successivement dans l’épopée, l’idylle, le dithyrambe, la comédie, et ne s’attacha qu’assez tard au genre qui devait l’immortaliser. Il luttait contre la gêne lorsqu’en 1803 Lucien Bonaparte, à qui il avait adressé ses poésies manuscrites, apprécia son talent naissant et assura son existence en lui abandonnant son traitement de l’Institut. En 1809, sur la recommandation d’Arnault, il fut attaché comme expéditionnaire aux bureaux de l’Université. Tout en s’acquittant de sa besogne de copiste, il faisait de joyeuses et piquantes chansons, qui le firent admettre en 1813 au Caveau moderne, où il devint le rival de Désaugiers. Sous la Restauration, qui blessait tous ses sentiments, il composa des chansons d’un genre nouveau, où il combattait les tendances antinationales du gouvernement, frondait les ridicules du jour et célébrait les gloires de la République et de l’Empire. Il fut en 1821 privé de son modeste emploi, poursuivi et condamné à 3 mois de prison et 500 fr. d’amende ; en 1828, il se vit condamné de nouveau, mais cette fois à 9 mois de prison et 10 000 fr. d’amende. Ces condamnations ne firent que rendre son nom plus populaire : l’amende fut acquittée par souscription. La révolution de 1830 ayant en grande partie donné satisfaction à ses vœux, il renonça à la chanson politique, et ne traita plus guère que des sujets philosophiques ou humanitaires. Ses amis, arrivés au pouvoir, le pressaient d’accepter un emploi avantageux : il refusa constamment, ne voulant pas aliéner son indépendance. Élu en 1848 à l’Assemblée nationale, il refusa également de siéger ; jamais non plus il ne voulut se mettre sur les rangs pour l’Académie française. Aussi bienfaisant que désintéressé, il n’usa de son crédit que pour rendre service. Il mourut pauvre : le gouvernement impérial fit les frais de ses funérailles. Après avoir débuté par des chansons bachiques, licencieuses et mêmes impies, qui l’auraient laissé confondu dans la foule, Béranger sut se créer un genre à part : il éleva la chanson à la hauteur de l’ode. Dans les pièces où il traite des sujets patriotiques ou philosophiques, il sait le plus souvent unir à la noblesse des sentiments l’harmonie du rhythme, la hardiesse des figures, la vivacité et l’intérêt du drame. On remarque surtout la Sainte Alliance des peuples, le Vieux Drapeau, le Vieux Sergent, les Enfants de la France, l’Orage, le Cinq mai, les Souvenirs du Peuple, le Champ d’Asile, les Adieux à la Gloire, le Dieu des Bonnes gens, le Bon Vieillard, les Hirondelles, les Quatre âges, le Déluge. — Béranger avait publié son premier recueil en 1815 sous le titre malicieux de Chansons morales et autres ; il en publia trois nouveaux en 1821, 1825 et 1833. Ce dernier, qui parut sous le titre de Chansons nouvelles et dernières, est dédié à Lucien Bonaparte, pour lequel il avait conservé une vive reconnaissance. Il a laissé une centaine de chansons inédites, qui forment une sorte de romancero napoléonien ; sa propre Biographie, et une Correspondance : Béranger a été apprécié dans le Cours familier de littérature de Lamartine et dans les Causeries du lundi de Sainte-Beuve. On a de J. Janin Béranger et son temps, 1865.

BÉRAR, prov. de l’Inde anglaise, dans le roy. du Decan, au centre de la presqu’île ; bornée par le Kandeich et le Malouah au N. ; l’Aurengabad et le Bider au S., le désert de Gandouana à l’E. ; 420 kil. sur 220 ; 3 000 000 hab. Villes princ., Nagpour et Ellitchpour. Sol très fertile ; moutons d’espèce particulière ; beau bois de tek. — Le Bérar fut longtemps un État indépendant ; les Anglais s’en emparèrent en 1817, en s’engageant à faire une riche pension au radjah titulaire ; à la mort du dernier héritier de ce prince, ils ont annexé le pays à leurs possessions.

BÉRARD (Fréd.), médecin, né en 1789 à Montpellier, y fut reçu docteur à 20 ans, y publia en 1821 la Doctrine médicale de l’école de Montpellier, puis vint à Paris, y donna en 1823 sa Doctrine du physique et du moral, où il combattait Cabanis, fit paraître en même temps une Lettre sur les causes premières, écrit inédit de Cabanis où ce philosophe lui-même se rétractait en partie, fut nommé en 1825 professeur d’hygiène à Montpellier, et mourut dans cette ville en 1828, à peine âgé de 39 ans.

BÉRARD (Aug.), habile chirurgien, fils d’un médecin militaire, était né en 1802, et mourut en 1846. Il se fit remarquer de bonne heure par de savants mémoires autant que par la dextérité de sa main, et fut nommé en 1842, à la suite d’un brillant concours, professeur de clinique chirurgicale à la Faculté de Paris. Il entreprit (avec M. Denonvilliers) un Compendium de chirurgie pratique, qui est resté classique. — Son frère aîné, Pierre-Honoré B., 1797-1858, fut nommé en 1831 professeur de physiologie à la Faculté de Paris, devint doyen en 1848 et inspecteur général en 1854. Il avait commencé la publication d’un Cours de physiologie, vaste et important ouvrage que la mort l’empêcha d’achever.

BÉRARDIER (l’abbé), né à Quimper vers 1730, mort en 1794, fut professeur d’éloquence, puis grand maître du Collége Louis-le-Grand, et se fit chérir de ses élèves. Nommé en 1789 député du clergé aux États généraux, il siégea au côté droit. Incarcéré en 1792, il échappa au massacre de septembre par la protection de Camille Desmoulins, qui avait été son élève. On a de lui un Essai sur le Récit, 1776 ; un Précis d’Histoire universelle, 1776 ; une trad. en vers français de l'Anti-Lucrèce, 1786 ; et les Principes de la foi sur le gouvernement de l’Église, 1791, écrit où il combat la constitution civile du clergé.

BÉRAT, v. de Turquie (Albanie), à 46 k. N. E. d’Avlone ; 8000 h. Citadelle. Archevêché grec.

BÉRAUD (Laurent), jésuite, né à Lyon en 1703, mort en 1777, fut nommé en 1740 directeur de l’observatoire de sa ville natale, fit quelques observations astronomiques, et forma Montucla, Lalande et Bossut. Il a donné la Physique des corps animés, 1755, et de savants Mémoires sur la cause de l’augmentation de poids que certaines matières acquièrent dans la calcination; sur la cause et les effets de l'aimant, du tonnerre et de l'électricité, etc.

BÉRAULT-BERCASTEL (Ant. Henri), jésuite, né en 1722 à Briey (Moselle), mort vers 1795, fut curé d'Omerville, au diocèse de Rouen, et chanoine de Noyon. Il a composé des poëmes, oubliés auj. (le Serin des Canaries, 1754, la Terre promise, 1766), et a trad. de l'espagnol les Voyages récréatifs du chevalier de Quévedo; mais il est surtout connu par son Histoire de l'Église (24 vol. in-12, 1778 et années suiv.). Cet ouvrage, écrit avec méthode et précision, eut un légitime succès; cependant les derniers volumes sont moins soignés. Il a été réimprimé et complété en 1844 par Henrion.

BERAUN, v. de Bohême, à 26 k. S. O. de Prague: 12 200 h.; ch.-l. d'un cercle de même nom, situé entre ceux de Pilsen, Rakonitz, Kaurzim, et qui compte 140 000 h.

BERBERS, peuple qui occupe les hautes vallées de l'Atlas et une partie des plaines voisines, dans l'empire de Maroc, l'Algérie et l’État de Tunis, est partagé en une foule de tribus dont beaucoup vivent indépendantes. Ce sont les vrais indigènes de la région atlantique. Le nom de Barbarie semble n'être qu'une altération du leur. On distingue plusieurs rameaux dans la famille berbère : les Kabyles, dans l'Algérie et l'État de Tunis; les Amazigs, dans le Maroc; les Tibbous et les Touaregs, dans le Sahara. Les Berbères ont en général des habitations fixes, surtout ceux de l'Atlas. Ils sont très-belliqueux.

BERBICE, riv. de la Guyane anglaise, naît dans les mont. des Guacanayas et tombe dans l'Océan Atlantique par 59° 50° long. O., 6° 35' lat. N., après un cours de 186 k. Elle donne son nom à l'un des deux gouvts de la Guyane anglaise; 25 000 h. (dont 800 blancs seulement); ch.-l., Nouvel-Amsterdam. — Ce pays faisait jadis partie de la Guyane hollandaise; il a été pris par les Anglais en 1796.

BERCHEM, peintre hollandais. V. BERGHEIM.

BERCHOUX (Joseph), poëte français, né en 1765 à St-Symphorien près de Lyon, mort en 1839, était juge de paix quand éclata la Révolution. Il s'enrôla pour échapper à la proscription, et quitta le service après les orages de la Révolution pour se livrer aux lettres. Il débuta par une Épître qui est une boutade contre les anciens et commence par ce vers célèbre :

Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ?

Il publia en 1800 la Gastronomie, poëme badin, qui obtint un grand succès. Il donna en 1806 la Danse ou les Dieux de l'Opéra; en 1814, Voltaire ou le Triomphe de la philosophie moderne, espèce d'invective contre le XVIIIe s.; ces deux derniers poëmes eurent peu de succès. D'un caractère doux et aimable, Berchoux eut partout des amis.

BERCHTESGADEN, v. de la Hte-Bavière, ch.-l. d'une anc. principauté, sur l'Achen, à 100 k. E. de Munich, à 20 k. S. O. de Salzbourg; 1450 h. Chat. royal. Grandes salines, plomb, zinc. Anc. prieuré, fondé en 1106, supprimé en 1803. — Cette v. appartint à l'Autriche de 1805 à 1810.

BERCY, anc. bourg important du dép. de la Seine, sur la r. dr. de la Seine, à l'E. de Paris, auquel il tenait immédiatement et auquel il a été réuni en 1860 (IXe arrt), comptait 14 239 h. en 1856. Immense entrepôt de vins, vinaigres, huiles, eaux-de-vie, destinés à la consommation de Paris. A l'extrémité E., beau château avec parc, démoli en 1860.

BERDITCHEV, v. de la Russie d'Europe (Volhynie), à 44 kil. S. de Jitomir, 20 000 hab. On y révère une image de la Vierge, à laquelle le peuple attribue le don de faire des miracles.

BERDOUAN, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), ch.-l. de district, à 95 kil. N. O. de Calcutta; 54 000 hab. Citadelle; quelques monuments, entre autres le tombeau de Sukka, saint mahométan. Chemin de fer.

BÉRÉCYNTHE, montagne de Phrygie, sur la frontière de la Carie et de la Lydie, où Cybèle était née et avait un temple : d'où la déesse prit le surnom de Bérécynthie. — La Crète avait aussi un mont Bérécynthe, séjour des Dactyles idéens.

BÉRÉE ou BÉROÉ, Berœa chez les anciens, Verre ou Veria au moyen âge, Karaferja en turc, v. de Macédoine (Émathie), au S. O. de Pella et au pied du mont Bermius. Prise par les Athéniens dans la guerre du Péloponèse; elle se rendit aux Romains après la bat. de Pydna. S. Paul y prêcha l'Évangile. Ruinée en 904 par un tremblement de terre; occupée par les Turcs en 1397. — V. de Syrie, dans ta Cyrrhestique, était aussi appelée Chalybon : c'est auj. Alep.

BÉREGH, comitat de Hongrie, dans le cercle en deçà de la Theiss, entre ceux de Marmarosch, Ugotsch, Szathmar, Zemplin, Onghvar; env. 135 000 hab.; ch.-l. Béregh-Szasz, v. de 4000 h., sur la Borsova.

BÉRENGER I, roi d'Italie, fils d'Éberhard, duc de Frioul, et de Gisèle, fille de Louis le Débonnaire, se fit déclarer roi par les États du roy. en 888, après la déposition de Charles le Gros. Il eut pour compétiteurs Guy, duc de Spolète, Arnoul, roi de Germanie, Louis, fils de Boson, roi d'Arles; mais il se défit de tous ses rivaux, et fut couronné empereur en 915. Après 36 ans de règne, les grands, jaloux de son autorité croissante, lui suscitèrent un nouveau compétiteur, Rodolphe II, roi de la Bourgogne Transjurane. Celui-ci le vainquit en 923 avec le secours du comte Boniface, et l'enferma dans Vérone, où il fut assassiné, l'an 924.

BÉRENGER II, roi d'Italie, fils d'Adalbert, marquis d'Ivrée, et petit-fils du préc. par sa mère. Forcé par la tyrannie de Hugues, roi d'Italie, de se réfugier en Allemagne, il implora la protection d'Othon le Grand, s'empara avec son secours d'une partie de l'Italie, et s'en fit déclarer roi en 950. Othon ayant voulu faire de ses États un fief relevant de l'Allemagne, Bérenger se révolta, mais il ne put résister longtemps à l'empereur, et fut obligé, dès 952, de se reconnaître son vassal. S'étant révolté de nouveau, il tomba, en 961, entre les mains d'Othon, qui l'envoya dans les prisons de Bamberg, où il mourut en 966.

BÉRENGER de Tours, théologien, né à Tours en 998, mort en 1088, fut nommé en 1030 scolastique ou maître d'une école dans sa ville natale, et devint, en 1039, archidiacre d'Angers. Il eut pendant quelque temps beaucoup de succès dans son enseignement; mais ensuite, voyant son école abandonnée pour celle de Lanfranc, il imagina, pour rappeler la foule, de se distinguer par des opinions singulières, et attaqua les mystères de l'eucharistie et de la transsubstantiation. Il fut réfuté par Abbon et Lanfranc, dénoncé en 1050 au concile de Tours, et condamné par plusieurs conciles. Il se vit forcé d'abjurer ses erreurs et de brûler ses livres; mais il ne tarda pas à dogmatiser de nouveau. Enfin il reconnut de bonne foi ses torts dans le concile de Rome (1079), et se retira dans l'île de St-Côme près de Tours, où il mourut à 90 ans. La plupart de ses ouvrages sont perdus; ce qui en reste se trouve, avec les écrits de Lanfranc, dans les Collections des PP. d'Achéry et Martenne. Lessing a retrouvé à Wolfenbüttel sa Défense contre Lanfranc, ainsi que quelques autres écrits, qui ont été publiés par Fr. Vischer, Berlin, 1834. Sudendorf a publié à Hambourg, en 1850, un recueil de ses Lettres.

BÉRENGER (Laur. Pierre), oratorien, né à Riez en Provence en 1749, mort en 1822, professa la rhétorique au collége d'Orléans avant la Révolution; fut nommé professeur à l'École centrale et au lycée de Lyon, puis inspecteur d'académie, en 1816. Il est auteur d'ouvrages moraux très-répandus : le Mentor vertueux, la Morale en action, la Morale en exemples, le Fablier de la jeunesse, etc.

BÉRENGER, chansonnier. V. BÉRANGER.

BÉRENGÈRE, reine de Léon et de Castille, était fille de Raymond IV et femme d'Alphonse VIII, roi deCastille. S'étant renfermée dans Tolède en 1139, pour défendre cette ville contre les Maures, elle parut sur les remparts pendant le siége et traita de lâches des hommes qui venaient ainsi attaquer une femme, tandis que la gloire les appelait sous les murs d'Oréja, ville dont le roi de Castille, son époux, faisait alors le siége en personne. Les chevaliers maures, par un esprit de galanterie qui donne une idée des mœurs de ce temps-là, ordonnèrent la retraite, et l'armée défila devant la reine en célébrant sa vertu et sa beauté. Elle mourut en 1149.

BÉRENGÈRE, fille aînée d'Alphonse IV, roi de Castille, épousa Alphonse IX, roi de Léon, qui la répudia en 1209 sous prétexte de parenté. Les États de Castille l'ayant déclarée régente pendant la minorité de son frère Henri I, elle abdiqua en faveur du comte de Lara, qui néanmoins la bannit du royaume dans la suite. Elle y rentra après la mort de son frère, auquel elle succéda en 1217, remit la couronne à son fils aîné Ferdinand, et mourut en 1244.

BÉRÉNICE, fille de Ptolémée Philadelphe, roi d’Égypte, épousa son frère Ptolémée Évergète, et occupa le trône avec lui (247-222 av. J.-C.). Après la mort de son époux, elle fut mise à mort par son propre fils, Ptolémée Philopator. Cette princesse avait, en exécution d'un vœu, consacré sa chevelure à Vénus : cette chevelure ayant disparu du temple où elle était placée, l'astronome Conon publia par flatterie qu'elle avait été changée en astre, et donna le nom de Chevelure de Bérénice à une constellation récemment découverte. Callimaque chanta cette métamorphose dans un poëme, que Catulle a imité. — Une autre Bérénice, fille aussi de Ptolémée Philadelphe, épousa Antiochus Théos, roi de Syrie, et fut assassinée avec son époux par Laodice, sa rivale, eu 216 av. J.-C.

BÉRÉNICE, princesse juive, fille d'Agrippa, née l'an 28 de J.-C., épousa d'abord un Hérode, roi de Chalcis; puis Polémon, roi de Cilicie, et quitta ce prince pour aller vivre auprès d'Agrippa II, son frère. Titus, l'ayant vue lors de la guerre de Judée, conçut pour elle une vive passion, l'emmena à Rome, et voulut même l'épouser; mais l'opposition des Romains l'obligea de renoncer à ce projet et il se décida à éloigner Bérénice. Cette situation est, comme on le sait, le sujet d'une tragédie de Racine, qui fut composée par ce poëte pour une situation semblable, à la demande d'Henriette d'Orléans.

BÉRÉNICE, nom commun à diverses villes d’Égypte, ainsi appelées du nom de princesses de la dynastie des Lagides. Les principales étaient : 1° Bérénice de Cyrénaïque, auj. Bernik ou Bengazy, une des 5 villes de la Pentapole d'Afrique ; — 2° Bérénice de Thébaïde, sur la mer Rouge, à 36 kil. N. du Ras-el-Enf, sous le parallèle de Syène; elle servait d'entrepôt aux marchandises de l'Inde; elle est auj. détruite; — 3° Bérénice d'Éthiopie, auj. Ollaki, chez les Troglodytes et sur la mer Rouge, fameuse par ses mines d'or (d'où son surnom Panchrysos, c.-à-d. toute d'or). — 4° Bérénice Épidirès, c.-à-d. sur le col, en Éthiopie, sur le détroit de Bab-el-Mandeb : on l'appelait quelquefois Arsinoé.

BERESFORD (W. CARR, vicomte), général anglais, d'une anc. famille du Straffordshire, né en 1770, s'est distingué au commencement de ce siècle dans la guerre de la Péninsule. Nommé en 1809 généralissime de l'armée portugaise, avec le titre de maréchal du Portugal, il la réorganisa promptement, obtint plusieurs avantages sur les Français, battit Soult en 1811, à Albuhéra, et eut une grande part aux victoires de Vittoria, de Bayonne et de Toulouse. Il reçut pour récompense en Portugal les titres de duc d'Elvas et de marquis de Campo-Mayor, et dans son pays ceux de pair d'Angleterre et de vicomte.

BÉRÉSINA ou BÉRÉZINA, riv. de Russie, prend sa source aux env. de Viléika (gouvt de Minsk), passe à Stoudianka, Borisov, Bobrouisk, Gorval, Rechitza, et tombe dans le Dnieper, après un cours de 350 kil. Charles XII passa la Bérésina en 1708 au gué de Stoudianka. Mais cette rivière est surtout célèbre par le passage désastreux des Français qui eut lieu près du même gué le 26 novembre 1812.

BÉRÉSOV ou BÉRÉZOV, v. de la Russie d'Asie (Tobolsk), sur la Sosva et la Vogoulka, à 570 kil. N. de Tobolsk. Grand commerce de pelleteries; riche mine d'or. Lieu d'exil.

BERETTINI, peintre. V. CORTONE.

BERG, c.-à-d. mont en allemand, entre dans beaucoup de noms géographiques, soit comme initiale (Berg-op-zoom), soit comme finale (Kœnigsberg).

BERG (comté, puis duché de), État de l'anc. Allemagne, avait pour bornes, avant la Révolution française, à l'O. le Rhin; à l'E. Nassau-Siegen, le duché de Westphalie, le comté de la Mark; au N. le duché de Clèves; capitale Dusseldorf. Il appartint d'abord, avec titre de comté, à la maison des comtes d'Altena; porté en 1348 à la maison de Juliers par Marguerite, fille du 11e comte, Adolphe VII, il fut érigé en duché en 1389 par l'empereur Wenceslas. En 1423, Adolphe, duc de Berg, devint duc de Juliers, et depuis, Berg suivit les destinées de Juliers; il passa en 1624 à la maison de Neubourg, qui le garda lors du traité de Lunéville (1801). En 1806, Napoléon se le fit céder, y ajouta diverses parties du duché de Clèves et d'autres pays, et l'érigea en grand-duché pour Murat : il fut ensuite incorporé à l'Empire français et partagé entre les dép. du Rhin, de la Sieg, de la Roer et de l'Ems. En 1815, le duché de Berg fut attribué à la Prusse. Il fait auj. partie de la prov. Rhénane; outre Dusseldorf, on y remarque Elberfeld et Barmen, villes très-industrielles.

BERGA, petite v. d'Espagne (Barcelone), à 80 k. N. O. de Barcelone ; 6500 h. Prise et reprise pendant la guerre civile d'Espagne; définitivement enlevée aux carlistes par les troupes de la reine en 1840.

BERGAMASC, territoire de Bergame. Outre Bergame, on y remarque Romano, Martinengo, Somasca.

BERGAME, le Bergomum des anciens, Bergamo en italien, v. de Lombardie, ch.-l. de la délégation de Bergame, à 44 kil. N. E. de Milan, sur une colline, entre le Brembo et le Serio; 38 000 hab. Évêché; place forte. Cathédrale, bibliothèque, théâtre, palais-neuf, statue du Tasse. Sociétés savantes. Draps estimés. Commerce de soie, laine, toile, vin, huile, fruits, ustensiles de fer, etc. Grande foire de 14 jours. Patrie de Bernardo Tasso (père de l'auteur de la Jérusalem délivrée), du jésuite P. Mafféi, de Tiraboschi et de Donizetti. Après avoir eu des seigneurs particuliers, Bergame se donna aux Vénitiens en 1447. Prise par les Français en 1509 et 1796; ch.-l. du dép. du Serio sous Napoléon. — La délégation de Bergame, dans le gouvt de Milan, sur les frontières de la Suisse et du Tyrol, a 120 k. sur 70, et 350 000 h.

BERGARA, v. d'Espagne. V. VERGARA.

BERGASSE (Nic.), avocat de Paris, né à Lyon en 1750, mort en 1832, commença à se faire connaître en 1787 en plaidant contre Beaumarchais pour Kornmann, qui poursuivait sa femme en adultère, fut nommé en 1789 député de Lyon aux États généraux, et se montra très-favorable à la royauté; mais ne pouvant faire prévaloir ses plans, il donna sa démission dès 1789. Emprisonné pendant la Terreur, il échappa à la mort par le dévouement de quelques amis et vécut depuis dans la retraite. On a de lui des Discours et Rapports prononcés à l'Assemblée constituante, un Essai sur la loi, la souveraineté et la liberté de la presse (1817), un Essai sur la propriété (1821), où il attaque la vente des biens nationaux, et un grand nombre de brochures de circonstance. Au commencement de la Révolution on fit paraître plusieurs fois sous son nom des pamphlets odieux auquels il n'avait eu aucune part. Chaud partisan du Mesmérisme, il publia en 1784 des Considérations sur le Magnétisme animal, et une Théorie du Monde suivant les principes de Mesmer.

BERGEDORF, v. d'Allemagne, à 14 kil. S. E. de Hambourg, sur la Bille ; 2400 hab. ; appartient en commun, ainsi que son territoire, aux villes libres de Hambourg et de Lubeck. C'était un repaire de pirates au XIVe siècle. Enlevée par Hambourg et Lubeck au duc de Saxe-Lauenbourg Eric II en 1376; perdue en 1412; reprise en 1420 par les 2 villes; comprise dans le dép. des Bouches de l'Elbe par Napoléon, et rendue depuis 1814 aux deux Républiques.

BERGEN, v. de Norvège, ch.-l. de la prov. de Nirdenfiels, à 290 k. N. O. de Christiania, au milieu d'une longue baie nommée Waag; 26 000 hab. Évêché luthérien, cour d'appel. Place forte; port sûr, mais d'un accès dangereux. Chantiers de construction; école de navigation. Bergen est l'entrepôt de tout ce qui se pêche dans les mers environnantes. C'était jadis une ville anséatique. Patrie de Holberg. Fondée vers 1070, et longtemps la capitale de la Norvège. — La prov. de Bergen compte 180 000 h.

BERGEN, v. du district de Cassel (Prusse), à 4 kil. N. E. de Francfort: 5600 hab. Les Français, commandés par le duc de Broglie, y battirent les Prussiens commandés par Fréd. de Brunswick, 1759.

BERGERAC, ch.-l. d'arr. (Dordogne), sur la Dordogne, à 49 kil. S. O. de Périgueux; 12 116 hab. Trib., collége, église calviniste. Vins, eaux-de-vie, truffes, pierres meulières, etc. Patrie de Cyrano et du maréchal de Biron, décapité par ordre de Henri IV. — Après avoir longtemps appartenu aux Anglais, Bergerac fut définitivement reprise en 1450. C'était, au XVIe siècle, une des places fortes des Calvinistes : elle fut démantelée par Louis XIII en 1621. Il y avait été signé en 1577 une célèbre paix de religion.

BERGERAC (Savinien CYRANO de), auteur comique, né vers 1620, au château de Bergerac en Périgord, mort en 1655, mena une jeunesse fort dissipée, entra comme cadet dans le régiment des gardes, s'y distingua par sa bravoure, et eut de nombreux duels. Ayant reçu deux blessures graves à la guerre, il quitta le service et se livra aux lettres. On a de lui : Agrippine, tragédie; le Pédant joué, comédie en prose; Voyage dans la lune, et Histoire comique des États et empires du soleil. Molière, dans plusieurs de ses comédies, Fontenelle, dans les Mondes, Voltaire, dans Micromégas, et Swift, dans Gulliver, n'ont pas dédaigné de faire des emprunts à cet auteur. Ses œuvres ont été plusieurs fois réimprimées, notamment à Paris, en 1741, en 1851 par M. Leblanc Duvernet, et en 1858 par le bibliophile Jacob.

BERGÈRE DE CREST (Isabeau VINCENT, dite la), fanatique du Dauphiné, née vers 1670 de parents pauvres, de la religion réformée, gardait les troupeaux au bourg de Crest, lorsqu'elle se sentit, disait-elle, inspirée, et se mit à faire la prophétesse. Elle eut du succès auprès des gens superstitieux de son parti, jusqu'au moment où l'intendant du Dauphiné la fit arrêter (1686); elle avoua, dit-on, sa supercherie et tomba promptement dans l'oubli.

BERGERON (Pierre), géographe, était fils de Nicolas Bergeron, jurisconsulte et historien du XVIe s., auteur du Valois royal (histoire de la maison royale de Valois, 1583). Pierre Bergeron, né vers 1580, abandonna le barreau pour voyager, et mourut en 1637. Il a donné un traité estimé De la Navigation et des voyages modernes, 1620, une Hist. de la découverte des Canaries, 1630; un Traité des Tartares et un Abrégé de l'histoire des Sarrasins, joints à sa trad. des Voyages en Tartarie de Rubruquis et autres, Paris, 1634. On retrouve ces ouvrages dans la collection de Van der Aa, intitulée : Recueil de voyages curieux en Tartarie, Leyde, 1729.

BERGHEM ou BERCHEM (Nic.), peintre hollandais, né à Harlem en 1624, mort en 1683, fut d'abord élève de son père, artiste médiocre, et ensuite de J. Van Goyen. Il réussissait également dans l'histoire, le portrait et le paysage : reproduisant avec une exactitude frappante la feuillée, les animaux et les figures, il en formait un ensemble parfait. Le Musée possède 9 tableaux de lui, parmi lesquels une Vue des côtes de Nice et une Vente d'animaux dans les ruines du Colysée. — Ville. V. BERGEN.

BERGIER (Nic.), antiquaire, né à Reims en 1567, mort en 1623, a publié, en 1622, une Histoire des grands chemins de l'empire romain, ouvrage estimé qui se joint à la Carte itinéraire de Peutinger, et dont l'édition la plus complète a paru à Bruxelles, 1736.

BERGIER (Nic. Silv.), théologien, né en 1718 à Darney en Lorraine, mort à Paris en 1790, professa la théologie à Besançon, puis devint principal du collége de cette ville, et enfin chanoine de Notre-Dame de Paris. Il fut un des adversaires les plus redoutables des philosophes du XVIIIe siècle, et écrivit contre eux de nombreux ouvrages, entre autres : le Déisme réfuté par lui-même, 1768 (contre J. J. Rousseau) ; Certitude des preuves du Christianisme (contre l’Examen des apologistes de la religion chrétienne, attribué à Burigny), 1768; Apologie de la religion chrétienne (contre le Christianisme dévoilé, de d'Holbach), 1769; Réfutation du Système de la nature (de d'Holbach), ou Examen du matérialisme, 1771; Traité historique et dogmatique de la vraie religion, 1780. On a aussi de lui un Dictionnaire Théologique, faisant partie de l’Encyclopédie méthodique, et plusieurs fois réimpr., notamment en 1854 par les frères Gaume, en 7 vol. in-8, avec additions du cardinal Gousset, et en 1858, avec des augmentations par Mgr Doney. Bergier était associé de l'Académie des inscriptions.

BERGMANN (Torbern), chimiste suédois, né en 1735, dans la Westrogothie, mort en 1784, cultiva avec une égale ardeur toutes les branches des sciences, et devint, en 1766, professeur de chimie à Upsal. On lui doit une foule de découvertes importantes, entre autres celle de l’air fixe (acide carbonique), de l'acide oxalique, du gaz hépatique (hydrogène sulfuré) ; il réforma la minéralogie en la fondant sur la composition chimique des corps, et observa le premier le rapport constant des formes géométriques des cristaux avec la nature de chaque substance. Il recommandait l'usage du chalumeau, dont il avait lui-même usé pour ses découvertes. Exempt de jalousie, il s'empressa de proclamer le mérite de Scheele. On a de lui : Description physique de la terre, 1770; Analyse du fer, trad. en franç. par Grignon, 1783; Manuel du minéralogiste, trad. par Mongez, 1784; Traité des affinités, 1788; Opuscula physica et chimica, 1779-1790, trad. en partie par Guyton-Morveau, 1780. Condorcet et Vicq d'Azyr ont prononcé son Éloge.

BERGOMUM (de berg, montagne, et home, demeure), v. de la Gaule Cisalpine, capit. des Orobii, peuple ligure ou montagnard, est auj. Bergame.

BERG-OP-ZOOM (c.-à-d. mont-sur-le-Zoom), v. du roy. de Hollande (Brabant septent.), sur le Zoom, à 31 kil. N. d'Anvers; 10 000 hab. Place forte. Pêche et salaison des anchois. — Fondée en 1287; assiégée par les Espagnols en 1588 et 1622; fortifiée depuis par Cohorn; prise par les Français sous les ordres du maréchal de Lowendhal en 1747, après un siége célèbre. Assiégée vainement en 1814 par les Anglais; rendue par la France à la paix.

BERGOU ou BORGOU, État peu connu de la Nigritie centrale, dit aussi Ouadaï; à l'O. du Nil et à l'E. du lac Tchad, entre le Baghermé à l'O. et le Darfour à l'E., a pour v. principales Ouarra et Konka. Comm. d'esclaves et de cuirs. Contrée inhospitalière.

BERGUES, ch.-l. de cant. (Nord), à 10 kil. S. E. de Dunkerque, au pied d'une montagne (Berg), d'où l'on a une vue magnifique; 5455 h. Place forte. Petit port; station du chemin de fer; canal. Anc. abbaye de St-Winoc. Construction de bateaux; raffineries, distilleries; dentelles; entrepôt de fromages estimés. — Fondée au Xe siècle. Prise et reprise plusieurs fois; assurée à la France par la paix des Pyrénées (1659). Assiégée en vain par les Anglais en 1793.

BERIGARD ou BEAUREGARD (Cl. GUILLERMET de), philosophe du XVIe siècle, né à Moulins vers 1578, m. vers 1663, professa la philosophie à Pise et à Padoue, combattit à la fois l'enseignement scolastique et le système de Galilée, et adopta une doctrine empruntée aux Ioniens et aux Épicuriens. Son principal ouvrage a pour titre Circuli Pisani, seu de veterum et peripatetica philosaphia dialogi, Udine, 1643.

BERING. V. BEHRING.

BERINGTON (Joseph), historien anglais, né vers 1760, mort en 1827, était catholique et fut longtemps curé en France. Il est auteur d'une Histoire littéraire du moyen âge, Londres, 1814-1816, ouvrage estimé, trad. par Boulard; d'une Histoire de Henri II, et d'une Vie d'Héloïse et d'Abélard.

BERKELEY, bourg d'Angleterre (Glocester), à 22 kil. S. E. de Glocester, près de la Severn. Anc. château fort. Patrie de Jenner.

BERKELEY, célèbre métaphysicien irlandais, né à Kilkrin en 1684, mort en 1753, fit ses études au collége de la Trinité à Dublin, et devint associé de ce collége. Le comte de Peterborough l'emmena en qualité de secrétaire dans son ambassade en Sicile et en Italie. Il obtint à son retour le doyenné de Derry, et résigna bientôt ce riche bénéfice pour se rendre aux îles Bermudes, où il voulait établir un collége pour l'instruction et la conversion des sauvages; mais, le gouvernement ne lui envoyant point les fonds nécessaires, il revint en Irlande et fut nommé à l'évêché de Cloyne, qu'il garda jusqu'à sa mort. On a de lui : Théorie de la vision, 1709 ; Principes de la connaissance humaine, 1710 ; Dialogues d'Hylas et de Philonoüs, 1713, trad. par l'abbé du Gua de Malves, 1750 ; Alciphron, ou Apologie de la religion chrétienne, trad. par Joncourt, La Haye, 1734; Siris ou Réflexions sur l'eau de goudron, 1744; quelques écrits politiques ou tbéologiques, et des poésies estimées. Ses Œuvres ont été réunies en 2 vol. in-4, avec une Vie de l'auteur, par Arbuthnot, Londres, 1784. Berkeley soutenait que nous ne connaissons que nos propres idées, que les corps extérieurs n'existent pas, et que c'est par une illusion mensongère que nous leur accordons de la réalité : c'est dans les Principes de la connaissance et dans les Dialogues d'Hylas (le matérialiste) et Philonoüs (le spiritualiste) qu'il a exposé ce système d'idéalisme.

BERKEN (Louis de), né à Bruges au XVe s., découvrit en 1476 l'art de tailler et de polir le diamant, au moyen d'une roue et de la poudre de diamant.

BERKS, comté d'Angleterre, vers le centre, entre ceux de Buckingham, Oxford, Surrey, Hamp, Wilt; 75 k. sur 44; 162 000 h.; ch.-l., Reading. Climat très-sain. La forêt de Windsor occupe la partie E. de ce comté; beaucoup de grains dans l'O.

BERLAIMONT, ch.-l. de cant. (Nord), sur la Sambre, à 13 kil. N. O. d'Avesnes; 1505 hab. Poterie.

BERLICHINGEN (Gœtz ou Godefroi de), surnommé Main de fer, brave chevalier allemand, né à Iaxthausen, dans le Wurtemberg, vers 1480, mort en 1562, prit une part glorieuse aux guerres que se livrèrent les électeurs de Brandebourg et de Bavière au commencement du XVIe siècle. Ayant perdu une main, il s'en fit faire une en fer, d'où le surnom sous lequel il est connu. Il a écrit lui-même l'histoire de ses aventures (publiée en 1731 et 1858). Gœthe l'a pris pour héros d'un de ses drames.

BERLIN, Berolinum, capit. des États prussiens, dans la province de Brandebourg (gouvt de Potsdam), sur la Sprée, à 890 kil. E. N. E. de Paris; 470 000 hab. (on n'en comptait que 10 000 en 1651 et 103 000 en 1803). La v. se divise en 5 quartiers : Berlin proprement dit, Cologne (Kœln), Friedrichswerder, Neustadt ou Dorotheenstadt, Friederichstadt. On y compte 34 ponts, 19 hôpitaux, 21 églises, dont une seule catholique; chemins de fer pour Stettin, Hambourg, Cologne, Leipsick, etc. On remarque les rues Frédéric-Guillaume et des Tilleuls, les places Guillaume, de Leipsick et de la Belle-Alliance; le parc ou Thiergarten, la cathédrale, la porte de Brandebourg, le château royal, celui de Bellevue, le palais de Monbijou, la statue de Frédéric II, celles de Schiller et de Gœthe. Université célèbre, qui compta parmi ses professeurs Fichte, Schelling ; Hegel, Wolf, Ritter, Schleiermacher, Gans, Savigny ; école militaire, institut de sourds-muets, Académie royale des sciences (fondée en 1700 par Leibnitz), Académie des beaux-arts ; Académie des sciences mécaniques et d'architecture; sociétés savantes et littéraires; cabinets d'histoire naturelle, de médailles, galerie de tableaux, statues, musée égyptien; observatoire, bibliothèque royale. Industrie active : draps, porcelaines, dentelles, galons d'or et d'argent, étoffes de soie, velours de coton, laine, toile, tapisserie, horlogerie, ouvrages d'acier et bronze, bougies, cartes à jouer, produits chimiques (notamment bleu de Prusse), berlines et autres voitures, etc. Patrie du grand Frédéric, de Baumgarten, de Fr. Ancillon, des poëtes Canitz et Tieck, de Humboldt, de Meyer-Beer, etc. — On croit que cette ville fut fondée vers 1142 par Albert l’Ours, margrave de Brandebourg, ou seulement en 1200 par Albert II. Elle fut la résidence des margraves depuis 1495; mais elle ne prit d'importance que sous Frédéric-Guillaume, le grand-électeur (1650). Berlin fut occupée par les Autrichiens en 1757, par les Russes en 1760, et par les Français en 1806, après la bataille d'Iéna.

BERLINGUES, petit groupe d'îles de l'Océan Atlantique, sur la côte de Portugal (Estramadure), à 80 kil. N. de Lisbonne, à 9 kil. du cap Carvoeiro.

BERMUDE I, roi de Léon et des Asturies (788-791), fut élevé sur le trône au préjudice d'Alphonse II, fils de Froïla; mais restitua la couronne à ce jeune prince au bout de 3 ans. — II, régna de 982 à 999. Il ne put d'abord résister aux Arabes, qui étaient venus envahir ses États sous la conduite d'Almanzor; mais ayant ensuite réuni ses armes à celles des rois de Navarre et de Castille, il repoussa le conquérant et contribua puissamment à la victoire de Calatanazor, 998. — III, régna de 1027 à 1037, eut à combattre Sanche le Grand, roi de Navarre, qui le dépouilla d'une partie de ses États, voulut les reprendre à la mort de ce prince (1035), mais périt dans une bataille. En lui finit la dynastie des rois de Léon.

BERMUDES, groupe d'îles de l'Océan Atlantique, au N. E. des Antilles, par 64° 19'-64° 43' long. O., 31° 53'-32° 18' lat. N., forme un gouvt des possessions anglaises. Elles sont au nombre d'environ 300, dont les principales sont : Bermude, St-George, avec une v. de ce nom, St-David, Cooper, Somerset, Long-Island, etc.; environ 10 000 hab., dont 5000 nègres. Hamilton, dans l'île Bermude, est le ch.-l. de l'archipel. Ce ne sont généralement que des rocs ou des bancs de sable, mais quelques-unes offrent la plus brillante végétation : arrow-root, café, coton, sucre. Climat sain et agréable, mais d'une chaleur accablante. Fréquents et violents ouragans. — Découvertes par l'Espagnol don Juan Bermudez en 1522; l'Anglais George Somers, qui y fit naufrage en 1609, s'y établit, les colonisa et en assura la possession à son pays. Elles forment un gouvernement de l'Amérique anglaise et sont une station maritime et commerciale très-importante pour la Grande-Bretagne. Une division des pontons avec un grand nombre de condamnés y est établie.

BERMUDEZ (Jean), médecin portugais, suivit en 1520 l'ambassadeur du roi Emmanuel en Abyssinie, et s'insinua tellement dans l'esprit du roi de ce pays, alors catholique, que ce prince lui donna le titre de patriarche d'Abyssinie. Il résida dans cette contrée pendant trente ans, et revint mourir à Lisbonne vers 1575. Il a laissé une relation de son voyage, dédiée au roi Sébastien, et conservée manuscrite aux archives de Lisbonne.

BERMUDEZ (Jérôme), poëte espagnol du XVIe siècle, était dominicain et professa ta théologie à Salamanque. On a de lui deux tragédies : Nise (Inès) malheureuse, et Nise couronnée, qu'il publia sous le nom d'Antonio Silva (1577), et un poëme intitulé l’Hesperodia (1589), dont le duc d'Albe est le héros.

BERNADOTTE. V. CHARLES XIV, roi de Suède. BERNARD (S.) de Menthon, fondateur de l'hospice du mont St-Bernard, né en 923, au château de Menthon, près d'Annecy, en Savoie, mort en 1008, fut archidiacre d'Aoste. Témoin des dangers qu'offrait le passage des Alpes, il fit construire, en 962, sur le sommet des deux montagnes qui ont depuis conservé les noms de Grand et de Petit St-Bernard, deux hospices consacrés à recueillir les voyageurs et à rechercher les malheureux qui auraient perdu leur route ou qui seraient engloutis par les neiges, et il en confia le soin à des religieux de l'ordre de St-Augustin. Ces généreux hospitaliers se font aider dans leurs recherches par des chiens intelligents dressés à ce service. On le fête le 15 juin.

BERNARD (S.), fondateur de l'ordre des Bernardins, né en 1091, à Fontaine-lès-Dijon, d'une famille noble, mort en 1153, entra dans l'ordre de Cîteaux, réforma cette communauté dont les religieux prirent de lui le nom de Bernardins, et fut le premier abbé de Clairvaux (1115). Il se fit une telle réputation par sa piété et son éloquence, qu'il attira autour de lui une foule de novices, dont plusieurs devinrent par la suite des hommes éminents, et que les évêques, les rois et les papes le prenaient pour arbitre de leurs différends. Lorsque Innocent II et Anaclet se disputèrent la tiare (1130), on s'en remit à sa décision. Il prêcha en 1146 la 2e croisade à Vézelay; il le fit avec un tel succès que le roi Louis le Jeune et l'empereur Conrad III prirent eux-mêmes la croix. Plein de zèle pour l'orthodoxie, il combattit les erreurs d'Abélard, de Pierre de Bruys, d'Arnaud de Brescia, de Gilbert de la Porée, mais il s'opposa aux excès du moine Raoul, qui voulait qu'on massacrât tous les Juifs. S. Bernard fonda jusqu'à 72 monastères, répandus dans toutes les parties de l'Europe. Ses œuvres, écrites en latin, ont été plusieurs fois imprimées : l'édition la plus estimée est celle de Mabillon, 1690, 2 vol. in-fol., réimprimée à Paris par les frères Gaume, 1835-40, 4 vol. in-8, et à Milan, 1852, 3 vol. in-4. Elles renferment des traités théologiques, des lettres et des sermons, dont quelques-uns, notamment les harangues pour la croisade, ont été prononcés en langue romane. On le fête le 20 août. M. de Montalembert a donné l’Histoire de S. Bernard. Ses Œuvres ont été trad. par abbé Charpentier, 1867.

BERNARD, roi d'Italie, fils de Pepin et petit-fils de Charlemagne, fut placé en 812 sur le trône d'Aquitaine qu'avait occupé son père. Après la mort de Charlemagne, il eut des démêlés avec Louis le Débonnaire, son oncle, qui voulait le dépouiller au profit de son fils Lothaire, associé à l'empire, et il prit les armes contre eux; mais il fut battu et fait prisonnier, en 818. Louis eut la barbarie de lui faire arracher les yeux; Bernard mourut de ce supplice.

BERNARD, duc de Septimanie, fut investi de ce duché en 820 par Louis le Débonnaire, et jouit d'une telle faveur à la cour de ce prince qu'on l'accusa d'adultère avec l'impératrice Judith. Louis le dépouilla de son duché en 832, mais il le lui rendit l'année suivante, parce qu'il l'avait secouru contre ses fils révoltés. Ayant plus tard favorisé la rébellion de Pépin II d'Aquitaine, il fut mis à mort par Charles le Chauve (844).

BERNARD del CARPIO, héros castillan du IXe siècle, vainqueur de Roland. V. CARPIO.

BERNARD, duc de Saxe-Weimar, général célèbre, né à Weimar en 1604, fut un des principaux soutiens du parti protestant pendant la guerre de Trente ans. Il fit ses premières armes sous le roi de Bohême et se signala au combat de Wimpfen, 1622; puis servit sous Christian de Brunswick, et enfin sous Gustave-Adolphe; il chassa les Impériaux du Landgraviat de Hesse-Cassel, aida à la prise de Wurtzbourg, 1631, passa le Rhin à Oppenheim, surprit Manheim, et remporta plusieurs avantages sur Wallenstein. Il prit le commandement de l'armée après la mort de Gustave à la bataille de Lutzen, et acheva la victoire, 1632. Privé par Oxenstiern d'une moitié de l'armée et mis sous les ordres de Horn, il n'en fit pas moins capituler Ratisbonne; mais il perdit la bataille décisive de Nordlingen contre les Impériaux, 1634. Écarté par les Suédois à la suite de ce revers, il se mit au service de la France, qui était entrée dans la ligue protestante, délivra ou prit diverses villes, entre autres Mayence, opéra une admirable retraite en Lorraine, 1635, seconda les manœuvres de Condé en Bourgogne, 1636, conquit l'Alsace sur les Impériaux, les battit en 1637 à Rheinfeld, et prit Fribourg et Brisach, 1638. Il mourut au milieu de ses succès, près d'Huningue, en 1639, enlevé par la fièvre, ou, selon d'autres, par le poison.

BERNARD (Claude), dit le Pauvre Prêtre, et le Père Bernard, fils d’Étienne Bernard, avocat et magistrat distingué du temps de Henri IV, naquit à Dijon en 1588, et mourut à Paris en 1641. Après une jeunesse dissipée, il se convertit, reçut les ordres et se consacra tout entier au service des pauvres, des malades et des condamnés. Il exerça ces fonctions pénibles pendant 20 ans à l'Hôtel-Dieu de Paris, puis à la Charité, et employa en aumônes un héritage de 400 000 fr. Il fut l'émule et l'ami de S. Vincent de Paul.

BERNARD (Catherine), née à Rouen en 1662, morte à Paris en 1722, était parente de Corneille. Elle se distingua par son talent pour la poésie dramatique, obtint plusieurs couronnes à l'Académie française et à celle des Jeux-Floraux, et fut membre de l'Académie des Ricovrati de Padoue. Elle a donné au Théâtre Laodamie, 1689, Brutus, 1690, Inès de Cordoue, 1696, et a fait quelques romans.

BERNARD (Samuel), riche financier, né en 1651 à Paris, mort en 1739, âgé de 88 ans, était fils d'un artiste distingué, nommé aussi Samuel, qui fut nommé en 1655 professeur à l'Académie de peinture. Il s'enrichit dans le métier de traitant sous le ministère Chamillard, et amassa une fortune d'environ 60 millions, dont il fit, du reste, un noble usage. Deux fois il vint au secours de l'État et prêta des sommes considérables à Louis XIV et à Louis XV, qui ne dédaignèrent point de venir les lui demander en personne. Il fut fait chevalier, et il allia ses enfants aux plus nobles familles du royaume.

BERNARD (Jacq.), laborieux écrivain, né en 1658 à Nyons en Dauphiné, mort en 1708, était calviniste. Chassé de France par la révocation de l'édit de Nantes, il alla s'établir à La Haye, y fonda une école pour les lettres et la philosophie, y continua la Bibliothèque universelle de Leclerc et les Nouvelles de la République des Lettres de Bayle, travailla au Supplément de Moréri, et donna un Recueil des Traités de paix, La Haye, 1700, 4 vol. in-fol.

BERNARD (J. Fréd.), libraire et compilateur d'Amsterdam, s'établit dans cette ville en 1711 et y mourut en 1752. Oh a de lui un grand nombre de publications, dont les plus importantes sont : Recueil de Voyages au Nord, 1715-38, 10 vol. in-12, Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples, représentées par des figures dessinées par Bernard Picart, 1723-43, 9 vol. in-fol., suivies des Superstitions anciennes et modernes, 1733-36. Ce grand ouvrage a été reproduit avec quelques modifications par Banier, Paris, 1741, et réimpr. avec additions, par Prudhomme, en 13 v. in-f., 1807-1810.

BERNARD (P. Jos.), poëte connu sous le nom de Gentil Bernard, que lui donna Voltaire, né à Grenoble en 1710, mort en 1775, montra de bonne heure pour la poésie un goût que les circonstances ne lui permirent pas toujours de satisfaire. Il fut d'abord clerc de procureur, puis s'enrôla et devint secrétaire du maréchal de Coigny, qui commandait l'armée d'Italie. Il obtint après la mort du maréchal une place lucrative, et put alors suivre son goût pour la poésie et pour les plaisirs; mais ayant commis un excès dans un âge déjà avancé, il perdit tout d'un coup la mémoire (1771), et resta jusqu'à la fin de sa vie dans un état d'enfance. On a de lui Castor et Pollux, opéra qui eut un grand succès ; l'Art d'aimer, poëme galant, ou plutôt licencieux, qui ne fut publié qu'au bout de 30 ans, et qui jouit d'une grande réputation tant qu'il ne fut pas publié; Phrosine et Mélidore, poëme; des épîtres, des odes et des chansons. Ses œuvres ont été recueillies en 1776, 1 v. in-8, et réimprimées avec additions en 1803, 2 vol. in-8.

BERNARD (Charles de), écrivain dont le vrai nom est Ch. Bernard Dugrail de La Villette, d'une famille noble et légitimiste, né en 1804 à Besançon, mort en 1850, débuta par des poésies (Plus deuil que joie, 1832), puis composa des nouvelles et des romans qui, pour la plupart, parurent dans les revues du temps, et qui se font remarquer par la grâce et l'élégance, mais dont le style n'est pas exempt d'afféterie. Parmi ses nouvelles on remarque la Femme de quarante ans, qui fait le pendant de la Femme de trente ans de Balzac; l'Anneau d'argent, le Persécuteur, l'Arbre de science, le Pied d'argile; parmi ses romans, Gerfaut, 1838; les Ailes d'Icare, 1840; la Peau de Lion et la Chasse aux amants, 1841; le Beau-Père, 1845; le Gentilhomme campagnard, 1846; le Veau d'or, 1847. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Michel Lévy, 1854, 12 vol. in-18, avec une Notice de Pontmartin.

BERNARD (GRAND et PETIT ST-). V. ST-BERNARD.

BERNARDÈS (Diego), poëte portugais, né vers 1540, mort en 1596, fut secrétaire d'ambassade à Madrid, suivit le roi Sébastien en Afrique et fut pris à la bataille d'Alcaçar. Il a surtout réussi dans l'idylle, et est regardé comme le Théocrite du Portugal. Il a intitulé le recueil de ses églogues le Lyma, du nom d'un ruisseau qu'il a chanté.

BERNARDI (Jos. Dominique), écrivain, né en 1751, mort en 1824, avait été membre du conseil des Cinq-Cents, puis chef de division au ministère de la justice. Il a composé plusieurs ouvrages de jurisprudence, mais est surtout connu pour avoir publié, avant la découverte des nouveaux fragments de la République de Cicéron, un ouvrage composé des fragments conservés de cet ouvrage et de centons pris dans les autres écrits de l'auteur, 1800.

BERNARDIN (S.), d'une famille illustre de Sienne, né en 1380, mort en 1444, se consacra au service des malades et montra un dévouement admirable pendant la peste qui désola Sienne en 1400. Il entra chez les Franciscains de l'Étroite-Observance, devint vicaire général de cet ordre et y porta la réforme. Plein d'humilité, il refusa plusieurs évêchés. Il a laissé des œuvres spirituelles, imprimées à Venise, en 1591, et à Paris en 1636, 5 vol. in-fol. On l'honore le 20 mai.

BERNARDIN DE ST-PIERRE. V. ST-PIERRE.

BERNARDIN (le), ou le BERNARDINO, montagne des Alpes, dans le canton des Grisons, offre un passage situé à 2191m au-dessus du niveau de la mer, qui unit Coire à Bellinzona, par une route carrossable, construite de 1819 à 1823, et fait communiquer Turin avec la Suisse et l'Allemagne occid. Le général Lecourbe traversa ce passage en 1799 pour aller attaquer les Autrichiens.

BERNARDINS, nom que prirent les religieux de Cîteaux lorsque S. Bernard, qui était entré dans leur ordre, l'eut réformé et étendu. Ils avaient en France un grand nombre de couvents, notamment celui de Paris, où se tinrent souvent les assemblées de l'Université et qui sert auj. d'entrepôt pour les huiles (rue des Bernardins). V. CÎTEAUX (ordre de).

On connaissait sous le nom de Bernardines une congrégation de femmes qui suivait la règle de S. Bernard, et qui se consacrait surtout à l'éducation des jeunes filles. Leurs principales maisons étaient celles de Port-Royal et du faubourg St-Antoine.

BERNAVILLE, ch.-l. de cant. (Somme), à 13 kil. S. O. de Doulens; 1109 hab.

BERNAY, Bernacum, ch.-l. d'arr. (Eure), à 48 kil. N. O. d’Évreux, à 153 k. de Paris, sur la Charentonne; 7237 h. Trib., collége. Toiles, draps, papier, cuirs, bougies, etc. Grande foire aux chevaux dite la Foire fleurie parce qu'elle se tient à Pâques fleuries (Rameaux). Anc. abbaye de femmes, fondée au XIe s., et dont il ne reste que l'église.

BERNBOURG, ch.-l. du duché d'Anhalt-Bernbourg, sur la Saale, à 32 k. O. de Dessau; 10 000 h. Château fort, bâti sur un rocher élevé; station de chemin de fer. Faïence, poterie de grès, verrerie, haut fourneau, etc. V. ANHALT.

BERNE, dite en lat mod. Arctopolis, c.-à-d. ville de l'Ours, parce que l'étendard des Bernois portait un ours (en ail. bær), v. de Suisse, ch.-l. du cant. de Berne, sur l'Aar, à 425 k. S. E. de Paris; 27 560 h. Siége des autorités fédérales et des représentants des puissances étrangères. Université, fondée en 1834. Belle cathédrale, hôtel de ville, monnaie, arsenal, porte de Morat, beau pont de la Nydeck (1844), belle promenade de la Plate-forme d'où l'on a une vue magnifique, chemin de fer. Riche biblioth., cabinet de médailles, musée. Industries : beaux chapeaux de paille, soieries, ouvrages en or et en argent. Patrie de Haller, de Bonstetten, etc. — Fondée ou rebâtie par le duc Berthold V de Zæhringen en 1191; ville impériale en 1218; inutilement assiégée par l'empereur Rodolphe de Habsbourg, 1288.

BERNE (Canton de), le plus grand de tous les cantons helvétiques, entre ceux de Bâle, Soleure, Argovie, Lucerne, Underwald, Uri, Valais, Vaud, Fribourg, Neuchâtel; 120 k. sur 84; 459 000 h., dont 40 000 cathol. Mont, au S. (Alpes bernoises); riv. principale, l'Aar; plusieurs lacs, Bienne, Thunn, Brienz; sol varié, fertile en beaucoup d'endroits; fruits, grains, prairies. Le gouv. est représentatif et se compose d'un Grand Conseil et d'un Conseil exécutif. Berne alterna jusqu'en 1848 avec Zurich et Lucerne pour la présidence de la Confédération suisse. — Le cant. de Berne entra en 1353 dans la ligue helvétique, qui jusqu'alors n'avait été que de 7 cant. ; il adopta en 1528 la religion réformée. Avant 1798, ce canton n'avait pas les mêmes limites qu'aujourd'hui : il possédait en plus les cantons actuels d'Argovie et de Vaud presque en entier; en moins, tout ce qu'il a auj. de l'ancien évêché de Bâle. C'est en 1415 qu'avait eu lieu la conquête de l'Argovie; c'est en 1536 que fut soumis le pays de Vaud. La constitution actuelle du canton date de 1846.

BERNI (François), poëte burlesque italien, né en 1490 à Lamporecchio en Toscane, mort en 1536, prit l'habit ecclésiastique, fut longtemps secrétaire de Ghiberti, évêque de Vérone, et devint chanoine de la cathédrale de Florence. On dit qu'il fut empoisonné par Alexandre de Médicis, duc de Florence, pour avoir refusé d'empoisonner lui-même le jeune cardinal Hippolyte de Médicis. Berni excella dans le genre burlesque, ou plutôt dans ce genre plaisant et badin dont Pulci était le créateur, mais que, depuis lui, on a nommé en Italie genre bernesque. Il est à regretter qu'il règne dans ses vers une licence extrême. On a de lui : Rime Burlesche, poésies badines recueillies après sa mort avec celles de quelques autres poëtes, Venise, 1538; Orlando inamorato, Venise, 1541, poëme héroïcomique, dans lequel il a refait avec succès le Roland amoureux de Boiardo; et des Poésies latines, Florence, 1562.

BERNICIE, anc. division de la Grande-Bretagne, au N. du mur de Septime Sévère, dans la partie appelée depuis Northumberland, s'étendait jusqu'à l'embouchure de la Tweed. Elle formait, avec la Déirie, un des 7 royaumes de l'Heptarchie saxonne.

BERNIER (François), célèbre voyageur et philosophe épicurien, né à Angers vers 1625, vint de bonne heure à Paris, où il embrassa la philosophie de Gassendi, puis alla se faire recevoir docteur en médecine à Montpellier. Il partit en 1654 pour voyager en Orient, visita la Syrie, l’Égypte, l'Inde, et séjourna 12 ans dans les États du Grand Mogol Aureng-Zeyb, dont il devint le médecin. A son retour en France (1668), il publia ses écrits ; puis il alla visiter l'Angleterre (1685), et mourut à Paris en 1688. Ses Voyages parurent pour la 1re fois en 1670-1671 : ils sont regardés comme un modèle d'exactitude. On a de lui un Abrégé de la philosophie de Gassendi, 1678, auquel il joignit en 1682 des Doutes sur quelques chapitres de l'Abrégé. Bernier était d'un caractère enjoué et aimable ; il fut lié avec Gassendi, Molière, Chapelle, Ninon de Lenclos. St-Evremond l'appelait le Joli Philosophe.

BERNIER (l'abbé), né en 1764 à Daon (Mayenne), mort en 1806, était curé de St-Laud à Angers quand éclata la Révolution. Il refusa en 1790 de prêter serment à la constitution civile du clergé, se rendit en 1793 à l'armée vendéenne, et fut quelque temps, avec Stofflet, l'âme de l'insurrection. Quand tout espoir raisonnable fut perdu, il négocia avec Hoche et travailla à pacifier le pays ; il seconda également les efforts faits dans ce sens par Bonaparte, auprès de qui il était comme l'ambassadeur de la Vendée. Il fut un des plénipotentiaires qui négocièrent le Concordat, et fut, en récompense, promu à l'évêché d'Orléans (1802).

BERNIK, pour BÉRÉNICE. V. BENGAZY.

BERNINA, montagne de Suisse (Grisons), à 44 k. S. E. de Coire, dans les Alpes Rhétiques ; 4052m. Passage très-fréquenté entre la Haute-Engaddine et la Valteline. Glacier magnifique.

BERNINI (J. Laurent), dit le Cavalier Bernin, artiste célèbre, né à Naples en 1598, mort en 1680, se distingua à la fois comme peintre, comme statuaire et comme architecte, et mérita d'être surnommé le second Michel-Ange. Amené de bonne heure à Rome, il se concilia par son talent précoce la faveur du pape Paul V, et fut employé sans interruption par les pontifes qui suivirent. Grégoire XV le créa chevalier ; Urbain VIII le combla de richesses. Charles I, roi d'Angleterre, fit faire sa statue par lui ; Louis XIV l'appela en France (1665) pour prendre ses conseils sur la restauration du Louvre, lui fit faire sa statue équestre, et le garda cinq mois près de lui, le comblant d'honneurs. A Rome, Bernini avait été chargé des embellissements de la basilique de St-Pierre : il exécuta le baldaquin et la chaire que l'on admire dans ce monument, ainsi que la place circulaire qui précède le temple. Parmi ses ouvrages de sculpture on remarque la statue de Constantin, à St-Pierre de Rome, les groupes d’Apollon et Daphné, d’Énée et Anchise, et la statue équestre de Louis XIV, à Versailles. On reproche à cet artiste peu d'élévation et un style maniéré, que ses contemporains exagérèrent encore, et qui influa d'une manière fâcheuse sur l'art.

BERNIS, vge du dép. du Gard, à 9 kil. S. O. de Nîmes ; 1200 hab. Station du chemin de fer de Cette.

BERNIS (Franç. Joachim DE PIERRES de), cardinal et poëte, né en 1715, à St-Marcel (Ardèche), d'une famille noble, mais pauvre, mort à Rome en 1794, reçut les ordres, et vint de bonne heure à Paris, où il se fit avantageusement connaître par des vers galants, ainsi que par les grâces de son esprit et de sa personne. Il plut à Mme de Pompadour, qui lui fit obtenir une pension du roi, et il fut reçu à l'Académie française dès l'âge de 29 ans. Après la mort du cardinal de Fleury, qui n'avait pas voulu l'employer, Bernis fit une fortune rapide : il fut nommé ambassadeur à Venise et devint cardinal. Chargé en 1756 du ministère des affaires étrangères, il signa en cette qualité le traité d'alliance avec l'Autriche ; mais pendant la guerre de Sept ans, il fut disgracié pour avoir conseillé la paix contre l'avis de Mme de Pompadour (1758). Cependant il fut nommé en 1764 archevêque d'Alby, et cinq ans après ambassadeur à Rome. Révoqué à l'époque de la Révolution, et dépouillé de toute sa fortune, il resta néanmoins à Rome, subsistant des libéralités que lui fit obtenir de la cour d'Espagne le chevalier d'Azara, son ami. Les poésies qui avaient fait la réputation de Bernis consistent en épîtres, madrigaux, odes anacréontiques, etc.; on y trouve de l'afféterie et une grande profusion de figures et de fleurs de rhétorique : aussi Voltaire avait-il surnommé l'auteur Babet la Bouquetière. On a en outre de Bernis un poëme sérieux, la Religion vengée, publié après sa mort ; une correspondance avec Voltaire, et une autre avec Pâris-Duverney. On a réuni ses poésies en 1 vol. in-8, Paris 1797 et 1825.

BERNON, noble bourguignon, mort en 927, fut le premier abbé de Cluny et réforma plusieurs autres monastères. Il prit l'habit religieux dans l'abbaye de La Baume, dont il devint prieur, donna sa démission en 926, et partagea ses abbayes entre Vidon, son parent, et Odon, son disciple.

BERNOUILLI et mieux BERNOULLI, famille suisse, originaire d'Anvers, a produit dans les XVIIe et XVIIIe siècles une suite de savants, dont les plus connus sont Jacques, Jean, son frère, et Daniel, fils de Jean.

BERNOUILLI (Jacques), savant mathématicien, né à Bâle en 1654, mort en 1705, professa les mathématiques à l'Université de Bâle, et mérita par ses travaux et ses découvertes d'être nommé associé de l'Académie des sciences de Paris (1699) et de celle de Berlin (1701). Il fut un des premiers à comprendre et à appliquer le calcul différentiel et intégral, proposé par Leibnitz, découvrit les propriétés des nombres dits depuis nombres de Bernouilli, et donna la solution de problèmes regardés jusque-là comme insolubles. On a de lui Ars conjectandi, publié après sa mort par son neveu Nic. Bernouilli, Bâle, 1713. trad. par Vastel, Paris, 1801, ouvragés où sont posées les bases du calcul des probabilités, et une foule de mémoires, recueillis sous le titre de Jacobi Bernoulli Opera, Genève, 1744,2 vol. in-4.

BERNOUILLI (Jean), frère du préc., et comme lui profond géomètre, né à Bâle en 1667, mort en 1748, professa les mathématiques à Groningue (1695), puis à Bâle, après la mort de Jacques (1705), et devint associé des Académies de Paris et de Londres, de Berlin et de St-Pétersbourg. Formé par son frère, il avait longtemps travaillé de concert avec lui à développer les conséquences du nouveau calcul inventé par Leibnitz ; mais il s'établit ensuite entre eux, à l'occasion de la solution de quelques problèmes, une rivalité qui dégénéra en inimitié. Jean B. eut aussi des démêlés assez vifs avec Hartzoeker sur la physique, et avec quelques savants anglais au sujet de l'accusation de plagiat intentée à Leibnitz. Il vint à Paris en 1690, et se lia avec les savants les plus distingués de l'époque, particulièrement avec L’Hôpital. Il découvrit le calcul exponentiel et fournit un grand nombre de mémoires aux Académies dont il était membre ; on les a réunis sous le titre d’Opera omnia, Lausanne, 1742, 4. vol. in-4. Il faut y joindre son Commercium philosophicum et mathematicum avec Leibnitz, 2 v. in-4, Lausanne, 1745. Il eut la gloire de former Euler.

BERNOUILLI (Daniel), 2e fils de Jean, né à Groningue en 1700, mort à Bâle en 1782, cultiva à la fois les sciences mathématiques et les sciences naturelles ; se fit recevoir médecin, puis alla enseigner les mathématiques à Pétersbourg, et revint en 1733 dans sa patrie, où il remplit une chaire d'anatomie et de botanique, puis une chaire de physique. Il fut le rival d'Euler, et remporta un si grand nombre de prix à l'Académie des sciences de Paris qu'il s'en fit une sorte de revenu. Il fut comme son père membre des Académies de Paris, de Berlin, de Londres et de St-Pétersbourg. L’Hydrodynamica (Strasbourg, 1738, in-4) est le plus important de ses ouvrages. — Un 2e Jean Bernouilli, son neveu (1744-1807), s'est distingué comme mathématicien et astronome.

BERNSTORF (Jean Ernest HARTWIG, comte de), l'un des plus grands hommes d'État du XVIIIe siècle, né à Hanovre en 1712, se fixa de bonne heure en Danemark. Après avoir été employé dans diverses ambassades, il fut placé par Frédéric V à la tête des affaires étrangères. Il assura la paix au Danemark, négocia le traité de commerce de 1756 avec la Porte, attira dans le pays des artistes étrangers, favorisa le commerce maritime, créa presque la marine marchande, et protégea les arts et les sciences. A la mort du roi, Struensée ayant été mis à la tête du conseil, Bernstorf se retira à Hambourg. Après la chute de Struensée. il fut rappelé : il allait se rendre à Copenhague, lorsqu'il mourut, en 1772.

BÉROALDE de VERVILLE (Franç.), écrivain, né à Paris en 1558, mort en 1612, était fils de Mathieu Béroalde, qui, après avoir été évêque, avait embrassé le calvinisme et était devenu ministre de l’Évangile à Genève. Élevé dans la religion calviniste, François se convertit, reçut les ordres et obtint en 1593 un bon canonicat à Tours. Savant presque universel, il a laissé un grand nombre d'ouvrages dans les genres les plus divers; mais il est surtout connu par le Moyen de parvenir, satire piquante de la vie humaine, écrite dans le style de Rabelais. Publié pour la première fois en 1610, ce livre a été plusieurs fois réimprimé, notamment en 1844 par le bibliophile Jacob (P. Lacroix), avec commentaires.

BEROALDO (Phil.), littérateur italien, né à Bologne en 1453, mort en 1505, professa les belles lettres à Bologne, et vint enseigner à l'Université de Paris, où il fit goûter la littérature ancienne. Il a donné des éditions annotées de plusieurs auteurs latins, de Pline, Apulée, Aulu-Gelle, Suétone, Catulle, Properce; mais il est surtout connu par un ouvrage curieux, intitulé : Declamatio ebriosi, scortatoris et aleatoris, Bologne, 1499, fiction spirituelle dans laquelle trois mauvais sujets débattent lequel sera privé de la succession de leur père. — Cet auteur est quelquefois nommé l'Ancien, pour le distinguer d'un autre Philippe Beroaldo, dit le Jeune, son neveu, né en 1472, mort en 1518, auteur d’Odes et Épigrammes latines qui eurent un grand succès, et d'une édition des Annales de Tacite.

BÉROÉ, nom de plusieurs villes anc. V. BÉRÉE.

BEROLINUM, nom de Berlin en latin moderne.

BÉROSE, historien chaldéen, né à Babylone, était prêtre de Bélus et vivait au IVe siècle av. J.-C., vers le temps d'Alexandre et de Ptolémée Philadelphe. Il avait écrit une Histoire de la Chaldée, dont Josèphe a cité quelques fragments, et dans laquelle il remontait jusqu'à la naissance du monde, et parlait d'un déluge universel. Il se distingua aussi dans l'astronomie et fit connaître une nouvelle espèce de cadran solaire. Il quitta sa patrie pour visiter la Grèce, et se fit tellement admirer des Athéniens qu'ils lui élevèrent une statue. Quelques savants font de l'astronome et de l'historien deux personnages différents. Fabricius a réuni dans le XIVe vol. de sa Bibliothèque grecque les fragments de Bérose; on les trouve également dans les Fragmenta historic. græcorum de Didot, 1848. Richter les a publiés à part à Leipsick, en 1825, avec une Notice sur la vie de l'auteur. Annius de Viterbe avait en 1498 publié une histoire en 5 livres sous le nom de Bérose; mais on ne tarda point à reconnaître la fausseté de cet écrit.

BERQUIN (Arnaud), l'ami de l'enfance, né en 1749 à Langoiran près de Bordeaux, mort en 1791 à Paris, commença à se faire connaître par des idylles et des romances, puis consacra tous ses travaux à instruire et à distraire les enfants. Il publia successivement l'Ami des enfants, ouvrage imité de Weisse et qui fut couronné par l'Académie en 1784; Lecture pour les enfants; l'Ami de l'adolescence ; Sandfort et Merton; le Petit Grandisson; Bibliothèque des villages, le Livre de famille. Il travailla en outre au Moniteur et à la Feuille villageoise. Tous ses ouvrages respirent une saine morale et sont écrits dans un style simple et facile, à la portée de l'enfance. Ses œuvres complètes ont été publiées par Renouard, 1803, 20 vol. in-18, et fréquemment réimprimées.

BERRIAT-SAINT-PRIX (Jacq.), jurisconsulte, né en 1769 à Grenoble, mort en 1845, devint en 1805 professeur de procédure à l'Académie de Grenoble, publia de 1808 à 1810 un Cours de procédure, qui attira sur lui l'attention, et fut appelé en 1819 à la Faculté de Paris, où il enseigna jusqu'à sa mort. Outre le Cours de procédure, on lui doit un Cours de droit criminel, 1817, une Histoire de droit romain, suivie d'une Hist. de Cujas, 1821. Non moins habile philologue, il a donné une bonne édition critique des Œuvres de Boileau, 1830, 4 vol. in-8. Membre de l'Académie de Grenoble depuis 1796, de la Société des Antiquaires de France depuis 1820, il fut admis en 1840 à l'Académie des sciences morales.

BERRE, autrefois Cadarose, ch.-l. de cant. (Bouches-du-Rhône), sur l'étang de Berre, à 24 kil. S. O. d'Aix, à 23 kil. N. O. de Marseille; 1454 hab. Marais, air malsain. Amandes, figues, huile excellente. — L'étang de Berre, à l'E. du Rhône, est une grande lagune de la Méditerranée ; il forme plusieurs baies : les étangs de St-Chamas au N.; de Vains et de Marignane à l'E. L'Arc et le canal de Craponne se rendent dans cet étang. Pêche abondante, salines.

BERRUGUÈTE (Alph.), artiste espagnol, né près de Valladolid vers 1480, mort en 1561, fut à la fois, comme son maître Michel-Ange, peintre, sculpteur et architecte distingué. Charles-Quint le chargea de nombreux travaux pour l'Alcazar de Madrid, le palais de Grenade et la cathédrale de Tolède, où il exécuta toutes les sculptures du chœur. Il excellait surtout dans la statuaire, réunissant la correction du dessin, la noblesse des poses, avec un habile emploi des draperies et des détails anatomiques.

BERRUYER (Jos. Isaac), jésuite, né à Rouen en 1681, mort en 1758, publia en 1728 et années suiv. une Histoire du peuple de Dieu (en 3 parties formant ensemble 14 vol. in-4), qui causa de grands scandales dans l’Église à cause de la manière légère et profane dont les événements sacrés y étaient racontés. Cet ouvrage, condamné par plusieurs évêques et même par le pape, n'en obtint pas moins un succès populaire. — Les passages incriminés ont été retranchés dans l'édition des frères Gauthier (Besançon, 1840).

BERRUYER (Jean Franç.), général (1737-1804), commanda en 1793 les troupes rassemblées par la Convention près de Paris, puis fut envoyé dans la Vendée, y éprouva quelques échecs, et fut suspendu après sa défaite à Saumur. Il servit depuis en Suisse et en Italie, il fut nommé en 1796 gouverneur des Invalides.

BERRY, une des anciennes provinces de France, presque au centre, répondait à la plus grande partie du pays des Bituriges Cubi, et avait pour bornes au N. l'Orléanais, au S. la Marche, à l'O. la Touraine, à l'E. le Nivernais; ch.-l., Bourges. Il se divisait en H. et B.-Berry. On remarquait dans le H.-Berry, outre Bourges : Dun-le-Roi, Châteauneuf, Vierzon, Sancerre; dans le B.-Berry : Issoudun, Charost, La Châtre, Chateauroux, Argenton, Aigurande, Valençay, St-Aignan. Le petit État de Bois-Belle ou Henrichemont était une enclave du H.-Berry. Auj. le Berry forme les dép. de l'Indre et du Cher, et quelques fractions de ceux de Loir-et-Cher, et de la Creuse. Fertilité assez grande : vins, céréales, lin, chanvre. Moutons renommés. Fer, ocre, etc. — Les Bituriges, qui avaient pour capitale Avaricum, opposèrent une vive résistance à César. Après la conquête, leur pays fut paisiblement possédé par les Romains jusque vers 475, époque où il fut envahi par Euric, roi des Visigoths. Clovis s'en empara en 507. Le Berry fut alors gouverné par des chefs militaires ou comtes, qui finirent par se rendre indépendants, et qui sous Charles le Chauve érigèrent cette province en comté héréditaire. Vers 1100, Arpin, vicomte de Bourges, vendit son fief à Philippe I, roi de France, pour prendre la croix, et depuis ce moment ce fief ne fut détaché de la couronne que pour servir d'apanage aux princes du sang. Érigé en duché-pairie par le roi Jean (1360), il fut d'abord possédé par son 3e fils, Jean de France (dont l'art. suit), et ensuite par Charles (Charles VII), 2e fils de Charles VI; par Charles, frère de Louis XI (1461); par Jeanne de France, qui épousa Louis XII (1499) ; par Marguerite de Navarre, sœur de François I ; par Marguerite de Savoie, sœur de Henri II ; par le duc d’Anjou (Henri III) en 1570, et par la veuve de ce prince, la reine Louise. Après la mort de cette princesse (1601), le Berry fut définitivement réuni à la couronne. Depuis ce temps, le titre de duc de Berry, devenu purement nominal, a été porté par un petit-fils de Louis XIV, puis par Louis de France (Louis XVI) et enfin par Ferdinand, fils de Charles X. — L. Raynal a donné une Histoire du Berry, 1844-47.

BERRY (Canal du), fait communiquer le canal latéral à la Loire avec le Cher en traversant l’ancien Berry ; il commence un peu au-dessous de Nevers et passe à Bourges et à Vierzon.

BERRY (Jean DE FRANCE, duc de), 3e fils de Jean le Bon, né en 1340 à Vincennes, mort en 1416, assista à la désastreuse bataille de Poitiers, où son père fut fait prisonnier (1356), et fut donné en otage aux Anglais lorsque le roi revint en France (1360). À la mort de son frère Charles V (1380), il fut nommé un des tuteurs du jeune roi Charles VI, conjointement avec les ducs d’Anjou et de Bourgogne ; mais il ne se signala que par son avarice et sa rapacité. Les dissensions de ces princes firent le malheur de la France pendant la démence de Charles VI. Toutefois le duc de Berry fut celui qui eut le moins de part au pouvoir ; il se contenta du gouvernement du Languedoc, où il exerça toutes sortes de vexations et d’exactions. Charles VI, dès qu’il put gouverner, lui retira son gouvernement et fit périr sur le bûcher Béthisac, le principal agent de sa tyrannie (1389). Le duc de Berry se vengea plus tard en promettant aux Anglais de leur livrer la Guyenne (1412).

BERRY (Charles, duc de), petit fils de Louis XIV, et 3e fils du grand Dauphin, né en 1686, m. en 1714, à 28 ans, ne joua aucun rôle politique et n’est guère connu que pour avoir épousé la fille du duc d’Orléans, si célèbre pour ses déportements (V. l’art. suiv.).

BERRY (Marie Louise Élisabeth D’ORLÉANS, duchesse de), fille de Philippe d’Orléans, depuis régent, née en 1695, morte en 1719, épousa en 1710 le duc de Berry, petit-fils de Louis XIV, et devint veuve dès 1714. Cette jeune princesse, qui avait reçu une très-mauvaise éducation et pour laquelle son père avait une faiblesse extrême, se livra avec une telle fureur à son goût pour le plaisir qu’elle succomba à l’âge de 24 ans. La malveillance l’a accusée de crimes qui ne sont nullement prouvés.

BERRY (Ch. Ferd., duc de), 2e fils du comte d’Artois (Charles X), né à Versailles en 1778, suivit sa famille dans l’émigration, fit partie de l’armée de Condé, revint en France en 1814 avec son père, et épousa, en 1816, la princesse Caroline, de la maison de Naples. Il fut assassiné le 13 février 1820, en sortant de l’Opéra, par le fanatique Louvel, qui voulait éteindre en lui la race des Bourbons, et dont il eut en mourant la générosité de demander la grâce. Il laissa une fille, Louise Marie Thérèse (1819-1864), mariée en 1845 au duc de Parme, m. en 1864, et un fils posthume, le duc de Bordeaux, né le 29 septembre 1820, marié en 1846 à une princesse de Modène, et resté sans enfants. La duch. de Berry est morte en 1870.

BERRYER (P. Ant.), avocat et homme politique français, né à Paris en 1790, m. en 1868 ; était fils d’un avocat distingué, P. N. Berryer (1757-1841) ; se fit remarquer surtout dans des causes politiques (maréchal Ney, 1815, Lamennais, 1826, Chateaubriand, 1833, le prince Louis Napoléon, 1840, Montalembert, 1858), et aussi dans plusieurs procès civils et criminels importants ; fit partie, depuis 1839, de toutes les législatures, et s’y fit un grand nom comme soutien de la cause légitimiste et des opinions libérales ; fut un des membres de l’Assemblée Législative qui, après le coup d’État de déc. 1851, proclamèrent la déchéance du Président ; fut, en 1854, élu membre de l’Académie française. À ses qualités oratoires il joignait une prestance majestueuse et un magnifique organe, qui donnaient à ses discours un effet puissant à l’audition, mais en partie détruit à la lecture.

BERSABÉE, v. de Palestine, à l’extrémité S., fut attribuée d’abord à la tribu de Juda, puis à celle de Siméon. Abraham y fit alliance avec Abimélech.

BERTAUT (Jean), poëte, né à Caen en 1552, m. en 1611, était prêtre. Il fut successivement précepteur du duc d’Angoulême, lecteur du roi, évêque de Séez, aumônier de Marie de Médicis, et dut à son talent poétique ces postes éminents. Il imita Ronsard, mais fut moins ampoulé et plus élégant, ce qui a fait dire à Boileau, dans l’Art poétique :

Ce poëte orgueilleux (Ronsard), trébuché de si haut,
Rendit plus retenus Desportes et Bertaut.

Il a écrit des vers purs, pleins de sentiment et a contribué à perfectionner la langue. On a recueilli ses Œuvres poétiques en 1 vol. in-8, 1620 et 1623. Il a aussi laissé des Sermons pour toutes les fêtes de l’année.

BERTAUX (DUPLESSIS), dessinateur et graveur au burin, mort en 1815, adonné les Scènes de la Révolution (auxquelles il avait pris lui-même quelque part), les Métiers de Paris et les Cris de Paris, et les Campagnes de Napoléon en Italie, d’après Carle Vernet, estampes qui eurent la vogue.

BERTHAULD (Pierre), oratorien, né à Reims vers 1600, mort en 1681, professeur au collége de Marseille, est auteur du Florus Gallicus et du Florus Francicus, abrégés de notre histoire fort estimés, et d’un traité De Ara, plein d’érudition. — Un autre Berthauld, abbé, est auteur du Quadrille des Enfants ou Système nouveau de lecture, publié en 1743, in-8, souvent réimprimé. Dans ce système, on apprend à l’enfant à énoncer le son des lettres et des syllabes en lui mettant sous les yeux la figure d’objets dont le nom finit par ces lettres ou ces syllabes.

BERTHE (Ste), abbesse de Blangy en Artois, fille d’un seigneur de la cour de Clovis II, épousa un prince du nom de Sigefroy, se retira après la mort de son époux au couvent de Blangy, qu’il avait fondé, et y mourut en 725. On l’honore le 4 juillet. — BERTHE, dite au grand pied (elle avait un pied plus grand que l’autre), fille d’un comte de Laon, épousa Pépin le Bref, roi de France, et fut mère de Charlemagne. Elle mourut à Choisy en 783, et fut enterrée à St-Denis. Elle est l’héroïne d’un poème composé par Adenez au XIIIe siècle. — BERTHE, fille de Lothaire et de Waldrade, épousa d’abord Thibaut, comte d’Arles, puis Adalbert, marquis de Toscane, et mourut en 925. À la beauté elle unissait l’esprit et le courage ; mais par son ambition et ses intrigues, elle entraîna son mari dans un grand nombre de guerres. — BERTHE, fille de Conrad, roi de Bourgogne, fut la 1re femme de Robert, roi de France (996), qui l’aima tendrement. Son mariage fut cassé par le pape pour cause de parenté (V. ROBERT). — BERTHE est aussi le nom de la 1re femme de Philippe I, qui fut répudiée pour Bertrade.

BERTHELIER (Philibert), brave Genevois, né en 1470. Lorsque Charles III, duc de Savoie, entreprit de soumettre Genève à son pouvoir (1517), Berthelier, membre du conseil de cette ville, lui résista courageusement, et fit conclure à ses concitoyens un traité d’alliance avec Fribourg. Le duc s’étant emparé de Genève, il fut pris et décapité (1519).

BERTHEREAU (George François), savant bénédictin, né à Bellême en 1732, fut professeur de grec et d’hébreu à l’abbaye de St-Lucien de Beauvais, quitta l’enseignement pour s’associer aux travaux des religieux de sa congrégation sur l’histoire de France et fit d’amples extraits des manuscrits arabes se rattachant à l’histoire des croisades : ces extraits n’avaient plus besoin que d’être revus lorsqu’il mourut, en 1794. Ce savant a laissé en manuscrit : Histoire générale des Croisades, trad. de l’arabe, Hist. de la 1re Croisade ; Bibliographie des Croisades. Ses travaux ont été repris et continués de nos jours par l’Académie des inscriptions. BERTHEZÈNE (Pierre), général, né en 1775 à Vendargues (Hérault), mort en 1847, s'enrôla en 1793, fut nommé général de brigade en récompense de sa belle conduite à Wagram (1809), prit une grande part aux victoires de Lutzen et de Bautzen (1813), après lesquelles il devint général de division, seconda Napoléon pendant les Cent-Jours, et se distingua à Fleurus ; fut exilé au retour des Bourbons, mais rappelé au bout de peu d'années, eut un des commandements les plus importants dans l'expédition d'Alger, et gagna la bataille de Staouéli (1830); fut nommé gouverneur général de l'Algérie en 1831 et élevé à la pairie en 1832. Il a laissé des Souvenirs militaires, publiés par son fils, Paris, 1855.

BERTHIER (Guill. François), jésuite, né à Issoudun en 1704, mort en 1782, professa les humanités à Blois, la philosophie à Rennes et à Rouen, puis la théologie à Paris, et rédigea de 1745 à 1763 le Journal de Trévoux. Il eut de vifs démêlés avec Voltaire et avec les encyclopédistes, dont il avait hardiment censuré les écrits. A la fin de 1762, le Dauphin le fit nommer garde de la Bibliothèque royale, et adjoint à l'éducation du duc de Berry (Louis XVI) et de Monsieur. Après la dissolution de la Société des Jésuites, il alla se fixer à Offenbourg, rentra en France au bout de 10 ans et se fixa à Bourges. Il a continué l’Histoire de l'Église gallicane commencée par le P. Longueval, et a composé une Réfutation du Contrat social, ainsi que des œuvres théologiques estimées, notamment un Commentaire sur les Psaumes.

BERTHIER (L. Bénigne François), intendant de Paris en 1789, fut une des premières victimes de la Révolution. Après la prise de la Bastille, il tomba entre les mains de forcenés qui le pendirent à une lanterne, après lui avoir fait baiser la tête de Foullon, son beau-père, qui venait d'éprouver le même sort.

BERTHIER (Alexandre), maréchal de l'Empire, né à Versailles en 1753, était fils d'un officier distingué du génie, et fit ses premières armes dans la guerre d'Amérique, d'où il revint colonel (1778). En 1789 il commandait la garde nationale de Versailles, et protégea la cour. Après avoir servi dans divers corps d'armée, il fut fait en 1796 général de division et envoyé en Italie : il y rendit les plus grands services au général en chef Bonaparte, et se lia avec lui d'une étroite amitié. Chargé lui-même du commandement à la fin de 1797, il s'empara de Rome (10 fév. 1798), où il renversa le gouvernement papal et fit proclamer la république. Il accompagna Bonaparte en Égypte. Celui-ci, devenu premier consul, le choisit pour ministre de la guerre. Pendant les campagnes de Marengo, d'Austerlitz et d'Iéna, Berthier remplit avec le plus grand zèle les importantes fonctions de chef d'état-major. En 1809, il contribua puissamment à la victoire de Wagram. Napoléon, satisfait de ses services, le combla de faveurs : il le nomma maréchal (1804), lui donna la principauté de Neuchâtel (1806), le créa vice-connétable, enfin prince de Wagram (1809), et lui fit épouser une nièce du roi de Bavière. Berthier prit part à l'expédition de Russie ; mais il désapprouvait cette entreprise et soupirait après le repos. Aussi fut-il des premiers à se soumettre aux Bourbons. Lors du retour de l'empereur, il voulut rester neutre et se retira à Bamberg auprès de son beau-père : il y périt peu après son arrivée (1er juin 1815) : selon les uns, il tomba du haut d'un balcon pendant un accès de fièvre chaude ; selon d'autres, il en fut précipité par des hommes masqués qui restèrent inconnus. Berthier était plus propre à exécuter les ordres d'un autre qu'à commander en chef. Il a donné des relations de la Campagne d’Égypte, 1800, de la Bataille de Marengo, 1804, et a laissé des Mémoires, publiés en 1826. — Son fils, Napoléon Alexandre, né en 1810, pair de France par hérédité dès 1815, a été nommé en 1852 sénateur.

BERTHOLD, duc de Zaehringen. V. ZAEHRINGEN.

BERTHOLLET (Claude Louis), célèbre chimiste, né en 1748, à Talloire en Savoie, d'une famille originaire de France, mort en 1822, étudia d'abord en médecine et vint de bonne heure à Paris où il fut nommé médecin du duc d'Orléans. Il abandonna sa profession pour se livrer tout entier à l'étude de la chimie, se fit connaître par d'excellents mémoires, et fut successivement nommé membre de l'Académie des sciences (1780), commissaire pour la direction des teintures (1784), membre de la commission des monnaies (1792), professeur aux écoles normales et à l'École polytechnique (1794); il entra à l'Institut dès sa fondation (1795). Il accompagna Bonaparte en Égypte, et fit dans ce pays d'importantes recherches sur le natron. Il fut nommé membre du sénat dès 1805, et devint pair sous la Restauration. Il passa ses dernières années dans sa maison d'Arcueil, où il avait formé une Société chimique devenue célèbre. Cuvier et Pariset ont prononcé son Éloge. Outre une foule de mémoires lus à l'Institut, à la société d'Arcueil ou dans d'autres sociétés savantes, il a donné : Éléments de l'art de la teinture, 1791 et 1804 ; Recherches sur les lois de l'affinité, 1801, Statique chimique, 1803, son œuvre capitale : il y pose les lois des doubles décompositions connues depuis sous le nom de lois de Berthollet. On lui doit la découverte des propriétés décolorantes du chlore et l'application de ces propriétés au blanchiment des toiles, l'emploi du charbon pour purifier l'eau, la fabrication de plusieurs poudres fulminantes. Il fut, avec Lavoisier et Guyton, un de ceux qui contribuèrent le plus à opérer en chimie une révolution salutaire. Il fut aussi, avec Monge, un de ceux qui furent chargés pendant les guerres de la Révolution de diriger la fabrication de la poudre et de multiplier les moyens de défense.

BERTHOUD, ville de Suisse. V. BURGDORF.

BERTHOUD (Ferdinand), habile horloger, né en 1725 dans le comté de Neuchâtel, en Suisse, mort en 1807, vint se fixer à Paris en 1745, y fit les premières horloges marines destinées à faire connaître la longitude en mer et mérita d'être choisi pour horloger-mécanicien de la marine. Il fut nommé dès la création membre de l'Institut (1795). Ses horloges marines ont beaucoup servi au perfectionnement de la géographie. On a de lui : l’Art de conduire et de régler les pendules, 1759 ; Essai sur l'horlogerie, 1763 et 1786 ; Traités des horloges marines, 1787 ; Traité des montres à longitude, 1792 ; Histoire de la Mesure du temps, 1802. — Son neveu, Louis Berthoud, mort en 1813, s'est aussi distingué comme horloger. On lui doit le châssis de compensation.

BERTIER. V. BERTHIER.

BERTIN (S.), moine de St-Colomban, né vers 610 à Constance en Suisse, mort en 709, dirigea longtemps comme abbé le monastère de Sithieu, qui avait été fondé par S. Omer, mais qui reçut depuis en son honneur le nom de St-Bertin. On l'hon. le 5 sept.

BERTIN (Nic.), peintre, né à Paris en 1667, mort en 1736, élève de Jouvenet et de Boullongne, fut admis à l'Académie de peinture en 1703. Il avait un dessin ferme, expressif et correct. On estime de lui un Hercule délivrant Prométhée et S. Philippe baptisant l'eunuque de Candace. — Un autre peintre de ce nom, Jean Victor, natif aussi de Paris, 1775-1842, s'est livré au paysage historique. Il se distingue par la correction du dessin et l'harmonie du coloris, mais on lui reproche quelque monotonie. On cite de lui : une Fête de Bacchus, une Fête du dieu Pan, une Offrande à Vénus, Cicéron à son retour d'exil. Il forma d'excellents élèves, entre autres Michallon et Coignet.

BERTIN (Antoine), poëte, né à l'île Bourbon en 1752, vint étudier à Paris, embrassa la carrière des armes et devint capitaine de cavalerie. Il avait publié en 1773, dès l'âge de 21 ans, un recueil de poésies diverses ; il donna en 1782 un volume d'élégies, les Amours, qui eut un grand succès. Ses vers sont pleins de grâce et de sentiment ; il imite souvent Tibulle, Properce ou Ovide. Il mourut en 1790 à St-Domingue, au moment où il se rendait à l'autel pour épouser une jeune créole. Bertin était l'ami de Parny, son compatriote. Ses Œuvres complètes ont été réunies à Paris on 1802 et en 1824, 1 vol. in-8.

BERTIN (Théod. Pierre), traducteur, né à Donnemarie, en 1751, mort à Paris en 1819, introduisit en France, en 1792, l'art de la sténographie, inventé par Taylor en Angleterre, et le perfectionna. Il a traduit de l'anglais : la Vie de Bacon de Mallet, 1788 ; les Satires d'Young, 1798, et le Système de Sténographie de Taylor, 1792 et 1803.

BERTIN (L. Franç.), dit Bertin l'Aîné, écrivain politique, né à Paris en 1766, mort en 1841, était fils d'un secrétaire du duc de Choiseul. Il fonda en 1799, dans le but de défendre les idées conservatrices, le Journal des Débats, qui, sous son habile direction, et grâce au concours d'hommes tels que Fiévée, Geoffroy, Dussault, Chateaubriand, Féletz, Boissonade, Malte-Brun, Hoffmann, Ch. Nodier, obtint bientôt un immense succès et jouit d'une grande autorité, surtout en littérature. Suspect de royalisme, il fut emprisonné au Temple en 1800, puis exilé, et ne put rentrer en France qu'en 1805. En 1811 il se vit dépouillé, par décret impérial, de sa propriété. En 1814 il en reprit la direction et y soutint chaudement la cause de la Restauration. En 1815, il accompagna Louis XVIII en Belgique, et fut un des rédacteurs du Moniteur dit de Gand. En 1824, il se sépara, avec Chateaubriand, d'une politique devenue impopulaire, et dès lors le Journal des Débats prit la défense des doctrines constitutionnelles. Après 1830, Bertin l'aîné se rallia promptement à Louis-Philippe, et fut, ainsi que son frère, un des plus fermes appuis de la nouvelle monarchie. — Son frère, Pierre Louis Bertin de Vaux, 1771-1842, le seconda dans la rédaction du Journal des Débats, tout en dirigeant une maison de banque, qu'il avait fondée en 1801. Député dès 1815, secrétaire général du ministère de la police sous M. Decazes, conseiller d'État en 1827, il donna sa démission à l'avènement du ministère Polignac (1829). Le roi Louis-Philippe le rappela au conseil d'État, le nomma ambassadeur près du roi des Pays-Bas, et l'éleva en 1832 à la pairie. Après la mort de Bertin l'aîné, le Journal des Débats a été dirigé successivement par ses deux fils, Armand Bertin, mort en 1854, et Ed. Bertin, mort en 1871. — Mlle Bertin, sœur d'Armand Berlin, s'est distinguée à la fois dans la poésie et la composition musicale ; on lui doit la musique de quelques opéras (le Loup-Garou, opéra-comique, 1827 ; Fausto, opéra italien, 1831 ; Esméralda, donné au grand Opéra, 1836), et un recueil de poésies, les Glanes, œuvre remarquable par la délicatesse du sentiment et la pureté de la forme, qui fut couronnée par l'Académie en 1832.

BERTINAZZI (Charles), acteur célèbre, connu au théâtre sous le nom de Carlin, né à Turin en 1713, mort à Paris en 1783, a rempli au Théâtre-Italien de Paris depuis 1742 jusqu'à sa retraite le rôle d'Arlequin avec un succès continu. Il fit les délices des spectateurs par son jeu vrai, naturel, comique, et par la gaieté de ses lazzi. On a de lui les Métamorphoses d'Arlequin, comédie en 5 actes, 1763. Sa Correspondance avec Ganganelli est une pure invention.

BERTINCOURT, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 10 k. E. de Bapaume ; 1535 h.

BERTINORO, v. de l'État ecclésiastique, à 11 k. S. E. de Forli ; 3000 hab. Évêché. Bons vins.

BERTON (Pierre MONTAN), habile musicien et compositeur, surintendant de la musique du roi et directeur de l'Opéra, né à Paris en 1727, mort en 1780. Sous son administration il s'opéra une véritable révolution musicale, due aux chefs-d'œuvre de Gluck et de Piccini. On lui doit à lui-même Érosine, opéra représenté en 1764, et le divertissement de Cythère assiégée, 1775. — Son fils, Henri Berton, né à Paris en 1766, mort en 1844, le surpassa comme compositeur. Il reçut les leçons de Sacchini, fit représenter à 20 ans, en 1787, son premier opéra comique, la Promesse de mariage, donna successivement plus de 40 autres ouvrages, dont plusieurs de circonstance (le Nouveau d'Assas, 1791 ; Viola, 93 ; Tyrtée, 97), fut professeur d'harmonie au Conservatoire dès la création (1796), devint en 1806 directeur de l'Opéra italien, en 1811 chef de chant à l'Académie de musique, et entra en 1815 à l'Institut. Il en fut arbitrairement exclu pour opinion politique en 1816, mais fut réélu en 1817. Parmi ses nombreuses productions, on remarque Ponce de Léon, opéra bouffon, dont il fit les paroles aussi bien que la musique (1798); Montano et Stéphanie (1798); le Délire (1801); Aline, reine de Golconde (1803); la Romance (1804); les Maris garçons (1806). Ses compositions se distinguent par l'originalité, l'élégance, la pureté du style et la vérité dramatique. Berton a laissé un Traité de l'harmonie, suivi d'un Dictionnaire des accords, 1815, 4 vol. in-4, et des Mémoires posthumes. — Son fils, nommé aussi Henri Berton, compositeur distingué, auteur de Ninette à la cour, fut enlevé prématurément en 1832 par le choléra.

BERTON (J. B.), général, né en 1769 près de Sedan, fit avec distinction les campagnes de la République et de l'Empire, prit Malaga, dont il fut nommé gouverneur, fut promu général en 1813 et eut un commandement à la bataille de Toulouse ainsi qu'à Waterloo. Rayé des contrôles sous la Restauration à cause de son attachement à l'Empire, il entra dans un complot contre les Bourbons, et marcha sur Saumur à la tête de quelques insurgés ; mais il fut pris, condamné à mort et aussitôt exécuté, 1822. On a de lui un Précis historique de la bataille de Waterloo, Paris, 1818.

BERTRADE, femme d'une grande beauté, fille d'un comte de Montfort et épouse de Foulques le Réchin, comte d'Anjou, inspira une passion violente à Philippe I, roi de France, qui la fit divorcer pour l'épouser (1092), malgré l'opposition d'Yves, évêque de Chartres, et l'excommunication prononcée contre lui par le pape. Il promit bien de s'en séparer, mais il ne put jamais s'y résoudre.

BERTRAND (S.), archidiacre de Paris et évêque du Mans, né en 553, mort en 623, était issu des comtes d'Aquitaine et vivait sous le règne de Clotaire. On l'honore le 3 juillet. — Évêque et patron de Comminges, 1073-1126, est honoré le 15 octob.

BERTRAND-MOLLEVILLE (Ant. Franç., marquis de), ministre d'État, né à Toulouse en 1744, mort à Paris en 1818, fut nommé par le chancelier Maupeou intendant de Bretagne, reçut la mission de dissoudre le parlement de Rennes, fut appelé en 1791 par Louis XVI au ministère de la marine, eut de vifs démêlés avec l'Assemblée constituante, surtout à l'occasion des désastres de St-Domingue, et se vit bientôt obligé de se retirer. Décrété d'accusation en 1792, il se réfugia en Angleterre, où il rédigea plusieurs écrits politiques et historiques. Les principaux sont une Histoire de la révolution de France, en 14 vol. in-8, Paris, 1800-3, qui passe pour fort partiale, et des Mémoires particuliers sur le règne de Louis XVI, 2 vol. in-8, 1816.

BERTRAND (H. Gratien, comte), le fidèle ami de Napoléon, né en 1773 à Châteauroux, où son père était maître des eaux et forêts, mort en 1844, servit dans le génie, fit la campagne d’Égypte, contribua au gain de la bataille d'Aboukir (1799), après laquelle Bonaparte le choisit pour aide de camp, et revint en Europe avec le grade de général de brigade. Il eut une part glorieuse aux victoires d'Austerlitz, de Friedland, de Wagram, fut en récompense nommé général de division, comte de l'Empire, et devint grand maréchal du palais à la mort de Duroc (1813). Il protégea la retraite de nos troupes en Allemagne, sauva les débris de l'armée après le désastre de Leipsick, défendit intrépidement le territoire français en 1814, surtout à Montmirail, suivit l'Empereur à l'île d'Elbe, puis à SteHélène, où il fut son plus intime confident et son secrétaire, et ne le quitta qu’après lui avoir fermé les yeux. Il avait été condamné à mort par contumace en 1816 : à son retour de Ste-Hélène (1821), Louis XVIII annula la peine et lui rendit ses grades. Élu en 1830 député de Châteauroux, il se montra le zélé défenseur de l’ancienne armée et en même temps de la liberté illimitée de la presse. Il accompagna en 1840 le prince de Joinville à Ste-Hélène et rapporta en France avec lui les restes de l’Empereur. Ses propres restes ont été déposés aux Invalides, auprès de ceux de Napoléon ; Châteauroux lui a élevé une statue (1854). Ses fils ont publié en 1847 les Campagnes d’Égypte et de Syrie (2 v. in-8 et atlas), qu’il avait écrites à Ste-Hélène, sous la dictée de Napoléon.

BERTRAND (le Dr Alexandre), né à Rennes en 1795, mort en 1831, étudia la médecine à Paris après avoir passé par l’École polytechnique. Observant en philosophe les curieux phénomènes du magnétisme et du somnambulisme, il les rapporta à un état particulier qu’il nommait extase, et tenta d’expliquer avec leur secours des faits extraordinaires attribués jusque-là soit à une intervention surnaturelle, divine ou diabolique, soit à la jonglerie. Il écrivit dans ce but plusieurs ouvrages : Traité du somnambulisme, 1823 ; du Magnétisme en France, 1826 ; de l’Extase, 1829. On a aussi de lui des Lettres sur les révolutions du globe, 1824, et des Lettres sur la physique, 1825, où il s’attache à mettre les résultats de la science à la portée des gens du monde. Bertrand avait été un des fondateurs du Globe.

BERTUCH (Fréd. Justin), compilateur allemand, né à Weimar en 1748, mort en 1822, fut d’abord précepteur chez le baron d’Echt, puis secrétaire, et enfin conseiller de légation du duc de Saxe-Weimar. On lui doit de bonnes traductions d’ouvrages français et espagnols, notamment du Don Quichotte ; la publication de la Bibliothèque bleue (1790-1800), recueil de contes de fées, qui obtint une immense popularité ; le Bilderbuch ou livre d’images, (1790-1815), vaste collection d’estampes avec un texte instructif à l’usage des enfants (ce livre a été mis en latin sous le titre de Novus orbis pictus). Bertuch fonda avec Wieland le Journal général de littérature, 1784 ; avec Kraus, le Journal du luxe et des modes, 1786 ; et avec le baron de Zach, l’Institut géographique de Weimar.

BÉRULLE (Pierre de), cardinal, né en 1574 au château de Sérilly près de Troyes, mort en 1629, établit en France, en 1611, l’ordre des Carmélites et la congrégation de l’Oratoire, malgré les obstacles de toute espèce qui lui furent opposés. Jouissant de toute la confiance de Louis XIII et de la reine mère, il fut chargé de plusieurs négociations importantes, notamment de solliciter à Rome une dispense pour le mariage d’Henriette de France avec le prince de Galles, qui était anglican. Il mourut subitement en célébrant la messe. Il avait été nommé cardinal 2 ans auparavant. Protecteur des lettres, il encouragea Descartes et favorisa la publication de la Bible polyglotte de Lejay ; il a lui-même laissé d’excellents écrits (publ. par le P. Bourgoing, 1644, 2 vol. in-fol. et à Montrouge, 1856). M. Nourrisson a donné le Cardinal de Bérulle, sa Vie et ses Écrits, 1856.

BERVIC (Charles Clément BALVAY, dit), graveur en taille-douce, né à Paris en 1756, mort en 1822, a relevé, par la pureté de son goût et la sévérité de son dessin, l’art de la gravure, qui depuis un siècle était tombée en décadence. On estime surtout de lui S. Jean dans le désert, d’après Raphaël ; l’Éducation d’Achille, de Regnault ; l’Enlèvement de Déjanire, du Guide, qui obtint en 1810 le prix décennal. Il fut admis à l’Institut en 1803.

BERWICK, comté d’Écosse, entre ceux d’Haddington, Roxburgh, Édimbourg, Selkirk ; 53 kil. sur 31 ; 34 780 hab. ; ch.-l. Greenlaw. Ce comté répond en partie à l’anc. prov. romaine de Valentia.

BERWICK, autrefois Tuesis, v. et port d’Angleterre (Northumberland), à 90 kil. S. E. d’Édimbourg, à l’emb. de la Tweed, ce qui l’a fait nommer Berwick-sur-Tweed ; 15 000 hab. Grande et bien bâtie. Beau pont de six arches, hôtel de ville, casernes, chemin de fer. Grande pêcherie de saumons, importation de bois de construction de la Norvége. Après, avoir longtemps appartenu à l’Écosse et avoir subi plusieurs sièges cette v. fut cédée à l’Angleterre en 1502.

BERWICK (NORD-), v. d’Écosse (Haddington), à 12 kil. N. E. d’Haddington, à 50 kil. N. O. de Berwick-sur-Tweed ; 1800 hab. Station de chemin de fer.

BERWICK (Jacques FITZ-JAMES, duc de), maréchal de France, né en 1670, mort en 1734, était fils naturel du duc d’York (depuis Jacques II). Il fit ses premières armes en Hongrie, et assista au siége de Bude en 1686. Il prit après la révolution de 1688 une part très-active à toutes les tentatives qui furent faites pour replacer son père sur le trône, se fit naturaliser Français quand sa cause fut désespérée, servit sous Luxembourg et Villeroi, et développa de grands talents militaires. Louis XIV lui confia en 1704 le commandement des troupes françaises en Espagne ; l’année suivante il l’envoya contre les Camisards du Languedoc. Créé maréchal en 1706 et envoyé de nouveau en Espagne, il gagna en 1707 la bataille d’Almanza, qui rendit à Philippe V royaume de Valence ; en 1714, il prit Barcelone. La guerre s’étant rallumée en 1719, il enleva aux Espagnols Fontarabie, Urgel et St-Sébastien. En 1733, il reçut le commandement de l’armée du Rhin, et fit le siège de Philipsbourg ; il y fut tué d’un boulet de canon. Berwick est placé comme général à côté de Villars et de Catinat. Margon avait publié en 1737, sous le titre de Mémoires du marécha1 de Berwick, un ouvrage informe ; mais le duc de Fitz-James, petit-fils du maréchal, a donné ses véritables Mémoires, revus par l’abbé Hook, 1778.

BÉRYTE, Berytus, auj. Baïrout ou Beyrouth, v. de Phénicie, sur la côte, au N. de Sidon. Colonisée sous Auguste, elle reçut le nom de Julia Augusta Felix. À partir du IIIe siècle elle eut une école de droit fameuse qui subsista jusqu’au VIe siècle. Dévastée en 384 et 554 par des tremblements de terre. Patrie de l’historien Sanchoniathon. — Pour la v. actuelle, V. BEYROUTH.

BERZÉLIUS (Jacq.), célèbre chimiste suédois, né en 1779 près de Linkœping (Ostrogothie), mort en 1848, était fils d’un maître d’école. Il étudia d’abord la médecine, fréquenta en même temps le laboratoire de chimie d’Afzelius et y prit un goût décidé pour la chimie ; se fit connaître dès 1800 par des observations sur les eaux minérales de Medevi (1800), publia bientôt après des Recherches sur les effets du galvanisme (1802), fut en 1804 nommé professeur à l’École de médecine de Stockholm, commença en 1806, avec Hisinger, la publication de Mémoires relatifs à la physique, à la chimie et à la minéralogie ; fut en 1808 admis à l’Académie de Stockholm, devint en 1818 le secrétaire perpétuel de cette compagnie, et reçut du roi Charles-Jean (Bernadotte) des titres de noblesse en récompense des services qu’il avait rendus à la science. Désirant se livrer tout entier à ses recherches expérimentales, il renonça en 1832 aux fonctions de l’enseignement. Berzélius fut le premier analyste du siècle : outre un nombre immense d’analyses faites avec la plus grande précision, on lui doit la découverte de plusieurs corps simples (cerium, selenium, zirconium, thorinium), la connaissance des combinaisons du soufre avec le phosphore, l’étude du fluor et des fluorures, la détermination d’un grand nombre d’équivalents chimiques. Il fut presque le créateur de la chimie organique. Philosophe aussi bien qu’expérimentateur, il consolida la théorie atomistique ainsi que celle des proportions chimiques ; il inventa et fit admettre universellement, pour exprimer la composition des corps, des formules chimiques analogues aux formules algébriques ; enfin il adopta, pour expliquer les phénomènes, la célèbre théorie du dualisme électro-chimique, et fit au moyen de cette théorie de nombreuses réformes dans la nomenclature et la classification. Il fut aussi un des premiers à fonder la minéralogie sur la connaissance des éléments chimiques des corps : ses vues sur ce sujet sont exposées dans son Nouveau système de minéralogie (Paris, 1819, in-8). Outre un nombre infini de mémoires, Berzélius a rédigé un grand Traité de chimie, qui est un des ouvrages les plus complets sur la matière : la 1re édition en fut publiée à Stockholm de 1808 à 1818 en 3 v. in-8. Ce traité a été traduit et refondu, avec le concours de l’auteur, en 1840 et années suivantes, par MM. Esslinger et Hœfer, 8 vol. in-8 (chez Didot). On doit encore à Berzélius un Traité des proportions chimiques, ainsi qu’un Traité du chalumeau : ces deux ouvrages ont aussi été traduits en français (le 1er en 1812 et 1835, le 2e en 1821). Enfin, il publia, à partir de 1822, un Compte rendu annuel des progrès de la chimie et de la minéralogie, recueil précieux qui contient l’exposition et l’appréciation, souvent sévère, des travaux faits dans tous les pays ; il le continua jusqu’à sa mort. Berzélius était depuis 1832 associé de l’Institut de France.

BESANÇON, Vesontio, ch.-l. du dép. du Doubs, sur le Doubs, à 350 kil. S. E. de Paris (399 par Dijon) ; 46 756 hab. Archevêché, église consistoriale calviniste ; cour d’appel ; tribunal de 1re instance et de commerce ; académie universitaire, facultés des lettres et des sciences, lycée. Ch.-l. de la 7e division militaire ; place forte, citadelle (ouvrage de Vauban) ; école d’artillerie. Beau pont, belle cathédrale gothique, églises diverses ; anc. palais de Granvelle ; riche bibliothèque, musée Pâris et musée d’antiquités, sociétés savantes. Restes d’antiquités. Fabriques de bas, tapis de pied, bleu de Prusse et bleu céleste ; horlogerie, chapellerie, distillerie ; raffinerie impériale de poudre et salpêtres, etc. Commerce actif, surtout avec la Suisse, l’Alsace et le midi de la France. Patrie de Dunod, J. B. Bullet, Mairet, Pâris, Chifflet, Nonotte, Suard, Ch. Nodier, V. Hugo. — Vesontio, l’une des plus importantes cités des Séquanais, se soumit à César l’an 58 av. J. C. Métropole de la Grande Séquanaise sous l’empire romain ; dévastée en 456 par les Burgundes, en 937 par les Hongrois ; ville impériale de 1184 à 1648 ; réunie à l’Espagne en 1648 et depuis lors, capit. de la Franche-Comté. Prise par Louis XIV en 1668, elle appartient à la France depuis 1674, ainsi que toute la province. Un parlement y avait été établi en 1668 et une université en 1676. Besançon fut vainement assiégée par les Autrichiens en 1814.

BESENSTADT, v. des États prussiens (Saxe), sur l’Elster, entre Halle et Wettin. Les fils de Henri l’Illustre y vainquirent Albert de Brunswick en 1263, et assurèrent ainsi à leur maison le margraviat de Misnie, qui lui avait été conféré en 1247.

BESENVAL (Pierre Victor, baron de), officier suisse au service de la France, né à Soleure en 1722, mort en 1791, était en 1789 lieutenant général et inspecteur général des Suisses et Grisons. Chargé de commander des troupes réunies autour de Paris, il ne prit que des mesures timides, et finit par s’éloigner avec des passe-ports qu’il s’était ménagés. Arrêté dans sa fuite et traduit au tribunal du Châtelet, il fut déclaré innocent et resta depuis oublié. On a publié des Mémoires de Besenval, 1805-1807, 4 vol. in-8 ; mais cette publication, pleine d’anecdotes scandaleuses, a été désavouée par sa famille.

BESIKA (baie de), à l’entrée des Dardanelles, côte orientale, à 48 heures de Constantinople, et en vue de l’ancienne Troie, offre un bon mouillage.

BESME ou BÊME (Ch. DANOWITZ, dit), ainsi appelé parce qu’il était natif de Bohême, fut élevé par les Guise, et eut la principale part au meurtre de Coligny : c’est lui qui jeta le corps de la victime par les fenêtres. Il tomba dans la suite entre les mains des protestants de la Saintonge : il était parvenu à s’échapper de leurs mains ; mais Bertauville, gouverneur de la place où il avait été détenu, l’atteignit, et le perça de son épée, 1575.

BESSAPARA, auj. Bazardjik, v. de Thrace, chez les Besses, dont elle était la principale place.

BESSARABA, famille qui a joué un rôle historique dans les contrées situées entre le Dniester et le Pruth, prétendait descendre de la famille impériale des Cantacuzène. Elle a fourni à la Valachie plusieurs voïvodes et a laissé son nom à la Bessarabie, qui longtemps fut sous sa dépendance. On connaît surtout : Rodolphe Bessaraba, dit le Noir, mort en 1265 : il fonda la principauté de Valachie aux dépens des Hongrois, pendant l’invasion de Batou-Khan et bâtit Bucharest ; — [[w:Mircea Ier de Valachie|Mirce Bessaraba]], voïvode de 1382 à 1418 : il prit part à la bataille de Cassova, et fut contraint de signer, en 1393, un traité qui le constituait vassal de Bajazet I ; — [[w:Michel Ier le Brave|Michel Bessaraba]], dit le Brave, voïvode de 1592 à 1601 : il s’allia, afin d’affranchir son pays de la domination ottomane, avec Sigismond Bathori, voïvode de Transylvanie, et avec l’emp. Rodolphe II ; il voulut ensuite s’emparer de la Transylvanie, mais il succomba devant une coalition de l’Autriche et de la Pologne ; — Mathieu Bessaraba, de 1633 à 1654 : il s’efforça de rendre son pays indépendant de la Turquie, mais sans y réussir complètement ; — Constantin Brancovan Bessaraba, voïvode de 1688 à 1714 : recherchant et trahissant tour à tour les Russes, les Autrichiens et les Turcs, il se perdit par cette conduite équivoque : il fut étranglé à Constantinople comme traître, avec ses quatre fils. Avec lui finit le rôle historique de cette famille.

BESSARABIE, gouvt frontière de la Russie d’Europe, borné au N. par celui de la Podolie, à l’E. par celui de Kherson, au S : par la mer, à l’O. par la Moldavie, dont le Pruth la sépare ; 400 k. sur 164 ; 600 000 h. ; ch.-l., Kichenev ; autres villes, Bender, Ismaïl, Chotim ou Choczim, Kilia, Akkermann. Rivières : Danube, Pruth, Dniester, Kagalnik. Pays de plaines, fertile en grains, fruits, raisins ; excellents pâturages. — La Bessarabie faisait jadis partie de la Dacie Trajane ; elle fut successivement comprise dans les empires des Goths, des Huns, des Avares, des Petchenègues, fut affranchie au XIIIe s. par Rodolphe Bessaraba, dont elle prit le nom, fit dès lors partie de la Valachie, fut réunie à la Moldavie au XIVe s., fut conquise par les Ottomans en 1484, et cédée a la Russie en 1812. Par le traité de Paris de 1856, la partie mérid., qui côtoie le Danube, a été restituée à la Moldavie.

BESSARION (Jean), cardinal, né à Trébizonde en 1395, mort à Ravenne en 1472, était un simple religieux de l’ordre, de St-Basile, dans un monastère du Péloponèse. En 1438, lorsque l’empereur Jean Paléologue eut formé le projet de réunir l’église grecque à l’église latine, il tira Bessarion de sa retraite, le fit évêque de Nicée, et l’amena en Italie avec plusieurs autres savants. L’union ayant été prononcée au concile de Ferrare, le pape Eugène IV, pour récompenser le zèle de Bessarion, le fit cardinal (1439). Dès lors, les Grecs schismatiques conçurent une telle aversion pour lui qu’il ne voulut plus retourner au milieu d’eux. Il fixa son séjour à Rome, où sa maison devint le rendez-vous de tous ceux qui cultivaient les lettres. Pie II lui conféra le titre de patriarche de Constantinople (1463). À la mort de Nicolas V et de Paul II, il eut un grand nombre de voix pour obtenir la tiare. La cour de Rome lui confia plusieurs missions importantes. Les écrits de ce cardinal tiennent un rang distingué parmi ceux qui marquèrent la renaissance des lettres ; ils contribuèrent surtout à faire revivre en Italie le goût de la philosophie platonicienne. On a imprimé de lui 4 livres, en latin, Contre les calomniateurs de Platon, Rome, 1469 (circa), in-fol. ; Orationes de bello Turcis inferendo, Paris, 1471 ; une trad. latine des 4 livres de Xénophon sur Socrate, Louvain, 1533 ; une trad. latine de la Métaphysique d'Aristote, Paris, 1516. Il avait aussi composé beaucoup d'ouvrages de théologie, qui sont restes manuscrits.

BESSE, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 24 k. O. d'Issoire; 927 h. Aux environs, eau minérale, lac Pavin, qui occupe le cratère d'un volcan. — Ch.-l. de cant. (Var), à 11 k. S. E. de Brignolles: 1560 h.

BESSÈGE, vge du dép. du Gard, arr. d'Alais, cant. de St-Ambroix; 4500 h. Mines de nouille, hauts fourneaux. Chemin de fer conduisant à la Grand'Combe.

BESSEL (Fréd. Guill.), astronome, né à Minden en 1784, mort en 1846, fut l'élève d'Olbers qui le fit attacher à l'université de Gœttingue, fut appelé en 1810 à une chaire d'astronomie à Kœnigsberg, dirigea la construction de l'observatoire de cette ville, et y fit une foule d'observations et de découvertes, dont il publia le recueil. Comme Arago, il chercha, dans ses lectures populaires, à rendre la science accessible à tous. Dès 1840, il avait conjecturé qu'il devait exister une grande planète au delà d'Uranus, préludant ainsi à la découverte de Neptune, que M. Leverrier accomplit en 1846.

BESSES, Bessi, peuple de la Thrace, au S. O., habitait les monts Rhodopes, à l'O. du Strymon. Ils étaient féroces, sauvages et voleurs. On nommait leur pays Bessique; il avait pour ch.-l. Bessapara.

BESSIÈRES (J. B.), duc d'Istrie, maréchal de l'Empire, né à Preissac en Quercy, en 1768, d'une famille pauvre, mort en 1813, servit d'abord comme simple soldat dans la garde constitutionnelle de Louis XVI. Dans les guerres de la République, il se distingua surtout à Roveredo et à Rivoli; Bonaparte, témoin de sa bravoure, l'attacha à sa personne en le nommant commandant de ses guides et l'emmena en Égypte avec le titre de général de brigade; il lui confia un commandement important dans sa 2e campagne d'Italie : à Marengo, c'est Bessières qui décida la victoire par une dernière charge de cavalerie. Il fut créé maréchal lors de l'établissement de l'empire. Après avoir pris une part glorieuse aux batailles d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau, de Friedland, il passa en Espagne en 1808, et y gagna les bat. de Medina-del-Rio-Seco, de Burgos, de Somo-Sierra; il fut en récompense fait duc d'Istrie. Il commandait la cavalerie de la garde impériale dans la campagne de 1813, en Saxe : il y fut tué, le 1er mai, au combat qui précéda la bataille de Lutzen. La ville de Preissac lui a élevé une statue en 1846.

BESSIN (le), Bajocasses, petit pays de la B.-Normandie, entre la mer, la campagne de Caen, le Bocage, le Cotentin, a pour villes principales : Bayeux, St-Lô, Isigny, Port-en-Bessin. Il est auj. réparti entre les dép. du Calvados et de la Manche.

BESSINES, ch.-l. de cant. (H.-Vienne), à 24 kil. E. de Bellac; 2000 hab.

BESSUS, satrape de la Bactriane sous Darius III, trahit ce prince, l'assassina après la bat. d'Arbèles, et prit le titre de roi de la Bactriane. Alexandre le poursuivit, le prit, et le livra à un frère de Darius, qui le fit périr dans les plus cruels tourments.

BESTUCHEFF-RIUMIN (Alexis, comte de), chancelier de Russie et sénateur, né à Moscou en 1693, mort en 1766, fut chargé de plusieurs ambassades en Angleterre, en Suède, etc., par Pierre I et Anne, s'attacha à Biren, devint chancelier sous Élisabeth (1741), négocia la paix d'Abo, renversa le favori Lestocq, fut exilé en 1758 sous l'inculpation de trahison, supporta noblement cette injuste disgrâce et rentra en faveur sous Catherine II en 1762. — Michel Bestucheff, lieutenant d'artillerie, entra en 1825 dans une conspiration contre l'Empereur Nicolas, et fut mis à mort, en 1826, à l'âge de 30 ans. — Alexandre Bestucheff, né en 1795, également impliqué dans la conspiration contre l'empereur Nicolas, fut exilé en Sibérie, puis enrôlé dans l'armée du Caucase, où il fut tué en 1837. Il s'est fait connaître comme romancier : il excelle surtout à décrire la vie du soldat.

BÉTAU ou BÉTUWE, pays de la Hollande (Gueldre), dans le S. O. de l'île que forment le Wahal et le Rhin. On retrouve dans son nom celui des Bataves.

BÉTHANIE, bourg de la tribu de Benjamin, près de Jérusalem, au pied du mont des Oliviers. C'est là qu'habitaient Lazare et ses sœurs Marthe et Marie, et qu'eut lieu le miracle de la résurrection de Lazare.

BÉTHEL, v. de la tribu de Benjamin, sur les confins de celle d'Ephraïm. Dieu y apparut à Jacob et lui promit la terre de Chanaan : c'est en mémoire de cet événement que Jacob donna à ce lieu le nom de Béthel, qui veut dire maison de Dieu.

BÉTHENCOURT (Jean de), gentilhomme normand, chambellan de Charles VI, se fit céder les droits du roi de Castille sur les Canaries, partit de La Rochelle en 1402 pour aller former un établissement dans une de ces îles, puis réussit, avec le secours qu'il obtint du roi d'Aragon et du roi de France, à les soumettre toutes. En 1406, il laissa le gouvernement des Canaries à son neveu Maciot de Béthencourt, et revint dans son pays pour y passer le reste de ses jours. Il mourut à Granville en 1425.

BÉTHISAC (J.), conseiller et favori du duc de Berry, frère de Charles V, opprimait cruellement les habitants du Languedoc, dont le duc était gouverneur. Charles VI le fit arrêter et juger : impliqué en même temps dans une accusation d'hérésie, il fut condamné à être brûlé vif, 1389.

BÉTHISY (Eug. de), marquis de Mézières, général de cavalerie, 1656-1721, servit avec distinction sous Luxembourg et Catinat, se signala surtout à Steinkerque, à la Marsaille et couvrit la retraite à la malheureuse affaire de Ramillies. — Eustache-comte de B., de la même famille, 1737-1823, servit vaillamment sous le duc de Richelieu à Minorque, contribua au gain de la bataille de Johannisberg en 1762, émigra en 1791, eut un commandement dans l'armée de Condé et devint, à la Restauration, gouverneur des Tuileries.

BETHLÉEM, d'abord Éphrata, auj. Beit-el-Lahm, vge de Judée, dans la tribu de Juda, auj. en Syrie (Damas), à 10 kil. S. de Jérusalem; 3000 familles. Ce lieu est célèbre par la naissance du Sauveur. Il fut pris par les Croisés en 1099. On y voit un vaste couvent enclos de hautes murailles, et une église élevée sur le lieu même où naquit Jésus. On y vend des croix de bois incrustées de nacre. — Il y avait en Judée un autre Bethléem, à 40 kil. N. O. de Génésareth. — Plusieurs villes des États-Unis ont reçu le même nom, une entre autres dans la Pensylvanie, à 80 kil. N. O. de Philadelphie; 3000 hab. Fondée en 1741 par les frères Moraves.

BETHLEM-GABOR, fils d'un gentilhomme pauvre de Transylvanie, chassa avec l'aide des Turcs le prince Gabriel Bathori, qui avait été son bienfaiteur, et se fit proclamer à sa place prince de Transylvanie, en 1613. Ayant fait ensuite plusieurs conquêtes en Hongrie, il prit le titre de roi de ce pays en 1618. Dans la guerre de Trente ans, il soutint la Bohême, révoltée contre l'Autriche, et menaça Vienne. L'emp. Ferdinand II envoya contre lui Tilly et Wallstein, ce qui le força à demander la paix et à renoncer au titre de roi de Hongrie. Il mourut en 1629, au moment où il allait reprendre les armes.

BÉTHORON, ville lévitique de Palestine (Éphraïm), au N. E. de Jérusalem. Josué y battit les rois chananéens; le général Nicanor, envoyé contre Judas Machabée, y périt.

BETHSABÉE, femme d'Urie, lui fut enlevée par David, qui la rendit mère de Salomon. V. URIE.

BÉTHULIE, v. de la tribu de Zabulon, à l'O. du lac Génésareth, est célèbre par le siège qu'elle soutint contre Holoferne, et que fit lever Judith, l'an 659 av. J.-C. C'est auj. Safet.

BÉTHUNE, ch.-l. d'arrond. (Pas-de-Calais), sur la Brette et sur les canaux de Law et d'Aire, à 30 k. N. O. d'Arras; 7273 hab. Ville forte. Trib., collége. Jolie église; chemin de fer. Huile, savon, genièvre, raffineries de sel et de sucre, draps, toiles, salaisons, etc. patrie de Buridan. C'est à Béthune qu'ont été percés les premiers puits artésiens. — Cette v., qui eut des seigneurs particuliers d`ws le XIe s., a suivi le sort de l'Artois. Enlevée aux Espagnols par Gaston d'Orléans en 1645, reprise en 1710 par le prince Eugène, elle fut réunie définitivement à la France par le traité d'Utrecht (1713).

BÉTHUNE (maison de), noble maison de l'Artois, qui remonte au XIe siècle, se divisait en plusieurs branches, dont les principales sont celles d’Orval, de Sully, de Charost et de Selles. Elle s'est éteinte au commencement de notre siècle. Les membres les plus célèbres de cette famille sont :

BÉTHUNE (Maximilien de), ministre de Henri IV, plus connu sous le nom de Sully. V. SULLY.

BÉTHUNE (Phil. de), comte de Selles et de Charost, frère puîné du célèbre Sully. Il fut ambassadeur en Écosse, à Rome, en Savoie et en Allemagne sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII, et gouverneur de Gaston, duc d'Orléans. Il mourut en 1649, à 88 ans. On a de lui Observations et Maximes politiques pouvant servir au maniement des affaires publiques, à la suite de l’Ambassade de Mgr le duc d'Angoulême, publiée par Henri, comte de Béthune, en 1677. - Son fils, Hipp. de Béthune, né en 1603, m. en 1665, servit avec distinction sous Louis XIII. Il légua à Louis XIV 2500 manuscrits, dont 1200 regardent l'histoire de France. Ils furent tous déposés à la Bibliothèque royale, où ils forment le Fonds de Béthune. — Armand Joseph de Béthune, duc de Charost, né à Versailles en 1728, mort en 1800, s'est fait un nom par sa philanthropie et par son zèle pour les progrès de l'agriculture et de l'industrie. A l'Assemblée des notables en 1788, il se prononça pour l'égale répartition des impôts sur toutes les classes. Maire du 12e arrondissement de Paris en 1793, il périt victime de son dévouement en soignant des malades atteints de la petite vérole. Il créa plusieurs institutions charitables.

BÉTIQUE, Bætica, à peu près l’Andalousie et le roy. de Grenade des modernes, prov.de l'Hispanie, la plus méridionale de toutes, bornée au S. par la Méditerranée, au N. et à l'O. par l’Anas (Guadiana), qui la sépare de la Tarraconaise, était ainsi nommée du Bætis (Guadalquivir) qui la traversait. On y remarquait : au N. les Turduli, au S. les Bastuli Pœni, à l'E. les Bastitani, au N. O. les Bœturiani, au S. O. les Turdetani. Places principales : Corduba, Italica, Hispalis, Cades, Astigis, Barbesula, Carteia, Malaca, Munda, etc. Plusieurs villes de la Bétique étaient des colonies phéniciennes et carthaginoises. C'était un des pays les plus beaux, les plus fertiles et les plus commerçants de l'Hispanie. — Pour l'histoire de cette contrée, V. ANDALOUSIE.

BÉTIS, gouverneur de Gaza pour Darius III, défendit avec courage pendant deux mois cette ville contre Alexandre, mais finit par être vaincu et pris. Le conquérant, irrité de sa résistance, le fit attacher à un char et traîner autour de la ville, à l'imitation de la conduite d'Achille envers Hector.

BETJOUANAS, peuple de la famille cafre, habite les déserts de l'Afrique méridionale, entre 19° et 27° jat. S., dans la Cafrerie intérieure; ils élèvent des bêtes a cornes, préparent les peaux et l'ivoire. Leur pays a été vu pour la première fois en 1801 par les Anglais Trutter et Somerville.

BETLIS, v. d'Arménie. V. BIDLIS.

BETTINELLI (Xavier), littérateur italien, né à Mantoue en 1718, mort en 1808, entra chez les Jésuites, et enseigna les belles-lettres à Brescia, puis à Venise, où il se lia avec les hommes les plus illustres. Il dirigea quelque temps le collége des nobles à Parme, puis voyagea en Italie, en Allemagne, en France, alla en Lorraine à la cour du roi Stanislas, et visita Voltaire aux Délices. A la fin de sa vie il donna une édit. complète de ses propres Œuvres, Venise, 1801, 24 vol. in-12; elles contiennent des Discours philosophiques, formant un cours de morale religieuse, un Discours sur l'enthousiasme pour les beaux-arts, des Dialogues sur l'Amour, des morceaux d'histoire littéraire, des Lettres de Virgile aux Arcades, où il parle du Dante avec une grande liberté; des Poésies diverses, des tragédies qui ne manquent pas d'intérêt, surtout Jonathas (1771). Les Lettres de Virgile ont été trad. par M. de Pommereul. Comme Voltaire, qu'il avait pris pour modèle, Bettinelli se montra fort libéral et grand partisan de la tolérance.

BÉTULE ou BÉCULE, Bætula ou Bæcula, v. de l'Hispanie Tarragonaise, au N., chez les Ausetani. Scipion y battit en 209 Asdrubal et en 206 Magon et Masinissa. Ces victoires lui soumirent l'Espagne.

BÉTURIE, partie N. O. de la Bétique. V. BÉTIQUE.

BÉTUWE. V. BÉTAU.

BÉTYLES, pierres révérées des anciens païens. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

BETZ, ch.-l. de cant. (Oise), à 33 kil. S. E. de Senlis, 452 hab.

BEUCHOT (Adr. J. Quentin), bibliographe, né en 1773 à Paris, mort en 1851, était fils d'un avocat. Il quitta le notariat pour se livrer à ses goûts littéraires, prit part à la rédaction du Nouvel Almanach des Muses et de la Décade philosophique, fut l'un des principaux collaborateurs de la Biographie universelle, et rédigea, de 1811 à 1847, la Biographie de la France, journal général de l'imprimerie et de la librairie : il sut donner de l'intérêt à cette publication par les précieuses informations qu'il y insérait. Il fut élu en 1834 bibliothécaire de la Chambre des Députés. On lui doit plusieurs grandes éditions, qui se recommandent par la bonne distribution des matières et par des recherches qui prouvent autant de goût que d'érudition : on estime surtout ses éditions de Bayle (16 vol. in-8, 1820-24) et de Voltaire (72 vol. in-8, dont 2 de tables, 1831-41).

BEUDANT (Franç. Sulpice), minéralogiste, né à Paris en 1787, m. en 1850, entra à l’École normale dès sa fondation, professa aux lycées d'Avignon et de Marseille, fut la 1814 chargé par Louis XVIII de ramener d'Angleterre son cabinet de minéralogie, fit en 1818 un voyage d'exploration scientifique en Hongrie, obtint en 1822, à la mort d'Haüy, son ancien maître, la chaire de minéralogie de la Faculté de Paris, fut en 1824 admis à l'Institut et devint en 1840 inspecteur général de l'Université. On lui doit de savantes recherches sur les rapports de la composition chimique des minéraux avec la cristallisation, d'après lesquelles il réforma la classification et la nomenclature minéralogiques. Outre un grand nombre de mémoires (dans le Recueil de l'Académie des Sciences, les Annales de chimie, etc.), il a publié un Cours des sciences physiques, 1821-1824, où se trouve exposé son système de classification, et a rédigé la partie minéralogique dans le Cours élémentaire d'histoire naturelle, publié en société avec A. de Jussieu et Milne Edwards. Il avait dès 1822 fait paraître son Voyage minéralogique et géologique en Hongrie; 4 vol. in-4.

BEUGNOT (J. Claude, comte), ancien ministre, né en 1761 à Bar-sur-Aube, mort en 1835, fut élu en 1790 procureur général syndic de l'Aube, puis député à la Législative (1791), soutint dans cette assemblée la monarchie constitutionnelle, fit décréter d'accusation Marat pour ses provocations incendiaires, fut emprisonné sous la Terreur, devint après le 18 brumaire préfet de la Seine-Inférieure, puis conseiller d'État, organisa en 1807 le nouveau roy. de Westphalie et en 1808 le grand-duché de Berg et obtint en récompense le titre de comte; se rallia de bonne heure aux Bourbons, reçut en 1814 du gouvernement provisoire le portefeuille de l'intérieur, et de Louis XVIII celui de la marine, accompagna le roi à Gand, mais fut écarté par le parti extrême après la 2e restauration, et ne reçut que le vain titre de ministre d'État. Député de la Hte-Marne dès 1815, il siégea au centre gauche. Il fut élevé à la pairie en 1830. BEUGNOT (Arthur), érudit et h. politique, fils du précédent, 1797-1865, a écrit une Histoire de la destruction du paganisme en Occident (1835, 2 vol. 8°), et publié les Olim, ou registre des anciens arrêts royaux (1840-48, 3 vol. 8°), les Coutumes du Beauvoisis (1842, 2 vol. 8°), et les Assises de Jérusalem, (1848, 2 vol. f°); était membre de l'Académie des inscriptions; fut un des plus ardents défenseurs de la cause catholique à la Chambre des Pairs, où il entra en 1841, et à l'Assemblée législative (1849), où il fut le rapporteur de la loi sur l'instruction publique.

BEUKELS (Guill.), pêcheur hollandais, né à Biervliet (Zélande) vers 1340, mort en 1397, inventa, ou plutôt importa l'art de saler et d'encaquer les harengs, art qui enrichit la Hollande.

BEURNONVILLE (Pierre RIEL de), maréchal de France, né en 1752 à Champignoles (Bourgogne), m. en 1821, fit ses premières armes dans l'Inde, adopta les idées de la Révolution, servit avec distinction sous Luckner et Dumouriez, devint général en 1792; prit une part glorieuse aux batailles de Valmy et de Jemmapes; devint ministre de la guerre (1792) ; fut envoyé en 93 avec 4 commissaires à l'armée du Nord pour arrêter Dumouriez, qui la fit arrêter lui-même avec ses collègues et les livra aux Autrichiens ; passa près de trois ans dans les cachots d'Olmutz; fut à son retour (1795) mis à la tête de l'armée de Sambre-et-Meuse; fut, sous le Consulat et l'Empire, ambassadeur à Berlin et à Madrid, comte et sénateur; fut un des 5 membres du gouvernement provisoire (1814), et s'opposa à la proclamation de Napoléon II; devint sous Louis XVIII pair, ministre d'État, et maréchal de France.

BEUVRON, riv. de France, naît dans le dép. du Loiret, et s'unit à la Loire dans celui de Loir-et-Cher; 50 kil. de cours. — Autre riv., qui se jette dans l'Yonne à Clamecy, a 40 kil. de cours.

BEUZEVILLE, ch.-l. de canton (Eure), à 14 kil. O. de Pont-Audemer ; 765 hab.

BEVELAND (NORD-), île du roy. de Hollande (Zélande), à l'emb. de l'Escaut, est bornée à l'O. par l'île de Walcheren, au N. par celle de Schouwen, au S. par celle de Wolfertsdyk; 13 kil. sur 6. En 1532, elle fut entièrement submergée. — ZUYD-BEVELAND, île de la prov. de Zélande, au S. de la préc. ; 40 kil.sur 13.

BEVEREN, bourg de Belgique (Flandre orient.), ch.-l. de cant., à 22 kil. N. N. E. de Termonde; 6000 hab. Dentelles, tabac, brasseries, tanneries. — Bourg du duché de Brunswick, à 60 kil. S. O. de Hanovre; 1050 hab. Une branche de la maison de Brunswick, éteinte en 1809, en tirait son nom.

BÉVERLEY, v. d'Angleterre (York), à 44 kil. S. E. d'York, sur l'Hull; 8000 hab. Ancien monastère fondé au VIIIe siècle par Jean de Béverley, archev. d'York; magnifique église gothique.

BEVERNINCK (Jérôme VAN), le Pacificateur, né à Gouda en 1614, mort en 1690, négociateur habile, représenta les États généraux aux traités de Bréda, 1667, d'Aix-la-Chapelle, 1668, et de Nimègue, 1678. Il se retira près de Leyde, et s'appliqua avec ardeur à l'étude de la botanique, dont il aida puissamment les progrès : on lui doit l'introduction en Europe de la capucine à grandes feuilles, et un livre estimé sur les Plantes rares, Dantzick, 1678.

BEX, Baccium, bourg de Suisse (Vaud), sur l'Avençon, à 40 kil. S. de Lausanne; 3700 hab. Sites pittoresques; aux environs plusieurs glaciers, riches mines de sel gemme, découvertes en 1554; neuf sources sulfureuses; marbre et soufre.

BEXON (Gabriel), naturaliste, né en 1748 à Remiremont, mort en 1784, était prêtre et fut, après un long séjour à Nancy, nommé chanoine de la Ste-Chapelle à Paris. D'un caractère doux et modeste, il eut beaucoup d'amis, entre autres François de Neuchâteau, Lebrun, Daubenton, Buffon, dont il fut un des plus utiles collaborateurs. Il coopéra à l'histoire des minéraux et surtout à celle des oiseaux : son style offre tant de ressemblance avec celui de Buffon que souvent les meilleurs connaisseurs les confondaient. Bexon a publié sous son propre nom un Catéchisme d'Agriculture et le Système de la fertilisation. — Son frère, Scipion Jérôme Bexon, 1753-1822, est un de nos meilleurs criminalistes.

BEY. V. BEG.

BEYAH ou BIAS, Hyphasis, riv. de l'Hindoustan, descend des monts Himalaya, par 34° 4' lat. N., se dirige au S. O., passe à Nadone, à Rayghat, et tombe dans le Setledje après un cours de 220 kil.

BEYLE (Henri). V. STENDHAL.

BEYNAT, ch.-l. de cant. (Corrèze), à 14 kil. E. S. E. de Brives; 2000 hab.

BEYROUTH, l'anc. Béryte, v. et port de Syrie (pachalik de Saïda), sur la Méditerranée, à l'emb. d'une petite riv. de même nom, à 50 kil. N. de Saïda, env. 15 000 h., Druses, Maronites, Turcs, Arabes et Grecs. Évêchés maronite et grec, consuls étrangers. C'est le principal port de commerce de la Syrie : soieries, mousselines et étoffes de coton, noix de galle, huile, garance, etc. — Ville très-ancienne (V. BÉRYTE), détruite plusieurs fois par des tremblements de terre; bombardée en 1840 par une escadre anglo-autrichienne qui la reprit sur Méhémet-Ali.

BÈZE, commune de la Côte-d'Or, à 25 kil. N. E. de Dijon; 1200 hab. Source d'une riv. de même nom. Forges importantes.

BÈZE (Théodore de), l'un des principaux chefs des Réformés, né à Vézelay en 1519, mort en 1605, st fit d'abord connaître par des poésies latines élégantes, mais licencieuses, et eut une jeunesse assez dissipée. En 1548, il renonça à ce genre de vie et se rendit à Genève, où il se lia étroitement avec Calvin, et embrassa sa doctrine. Il professa avec succès pendant dix ans les lettres grecques à Lausanne, puis revint se fixer à Genève, où il reçut le titre de citoyen et fut nommé recteur de l'Académie que l'on venait d'y fonder (1559). Il prêcha avec succès les nouvelles doctrines en France, y attira le roi de Navarre, assista au colloque de Poissy (1561) et à la bataille de Dreux, et fut, à la mort de Calvin (1564), regardé universellement comme le chef de la Réforme. Il présida le synode de La Rochelle, auquel assistaient les délégués de toutes les églises réformées de France, et ne cessa jusqu'à sa mort de travailler à la propagation de ses doctrines. Th. de Bèze porta dans la controverse une violence excessive ; on l'a accusé d'avoir excité la guerre civile en France et même d'avoir été l'instigateur du meurtre du duc de Guise. Intolérant tout en réclamant la tolérance, il écrivit pour justifier le supplice de Servet. Ses principaux écrits, outre ses Poemata juvenilia, sont une traduction en vers français des Psaumes de David, qui complète celle de Marot, 1563; une Histoire des églises réformées de France de 1521 à 1563, Anvers (Genève), 1580, 3 vol. in-8, et une traduction du Nouveau Testament, 1556.

BÉZIERS, Biterra et Biterræ, ch.-l. d'arr. (Hérault), à 56 kil. S. O. de Montpellier, à 756 S. de Paris, sur l'Orbe, à l'endroit où elle reçoit le canal de Languedoc ; 24 270 hab. Trib., collége, biblioth. ; station. Anc. évêché (supprimé en 1789). Murailles, tours antiques. Aqueduc, casernes, restes d'un amphithéâtre romain; statue de Riquet. Vin estimé, eau-de-vie et esprit de vin, confitures. Patrie de Pellisson, Riquet, Vanière, Mairan, J. Bouillet. — Conquise par les Romains vers 120 av. J. C. ; colonisée en 52 par Jules César, d'où elle reçut le nom de Julia Biterra. Prise et saccagée : 1° par les Visigoths en 450; 2° par Charles Martel qui l'enleva aux Arabes d'Espagne, 73-5; 3° dans la guerre des Albigeois, par Simon de Montfort, qui y passa près de 60 000 hommes au fil de l'épée, 1209. Plusieurs conciles se sont tenus à Béziers.

BEZOUT (Étienne), mathématicien , né à Nemours en 1730, m. en 1783, fut placé par M. de Choiseul en 1763 à la tête de l'instruction de la marine royale, fut chargé en 1768 de l'enseignement des élèves du corps de l'artillerie, et rédigea pour ses élèves des cours qui eurent un grand succès. Les principaux sont : Cours de mathématiques à l’usage de l’artillerie ; Cours de Mathématiques à l’usage de la marine, 1764 ; Théorie des équations algébriques, 1779. Bezout est simple, clair, et sait se mettre à la portée des jeunes esprits : aussi, ses ouvrages sont-ils restés classiques.

BHAGAVAD ou BAHGAVAT, c.-à-d. Bienheureux, titre sous lequel Çakyamouni est souvent désigné dans les livres sanscrits. V. BOUDDA-GOUTAMA.

BHAGAVAD-GITA, épisode du Mahabarata. V. ce mot.

BHAVANI, c.-à-d. qui donne l’existence, ou PARVATI, déesse des monts, épouse de Siva ou Mahadeva, dans la mythologie indienne. Elle est la déesse de la vengeance, qui punit le mal et détruit les méchants. On la représente avec huit ou seize bras armés. Dans les fêtes de la déesse, les dévots se font écraser sous les roues du char sur lequel est porté le colosse qui la représente. La vache, animal qui lui est consacré, est souvent aussi son image symbolique.

BHERTPOUR ou BHURPOUR, v. de l’Inde, capit. de l’État de Bhertpour, à 51 kil. O. d’Agrah. En vain assiégée par les Anglais dans la guerre contre les Mahrattes. — L'État de Bhertpour est situé dans l’Inde sept. (anc. province d’Agrah). Sol plat, qu’inonde souvent le Ramganga ; grande fertilité. Le radjah, longtemps indépendant, est sous la protection de l’Angleterre depuis 1826.

BIAFRA, roy. de l’Afrique occid., sur le golfe de Guinée, limitrophe de la côte de Gabon et de l’État d’Ouari. — Le golfe de Biafra occupe le fond du grand golfe de Guinée, entre les caps Formose et Lopez.

BIAGIOLI (Nic. Jos.), grammairien, né en 1768 à Vezzano près de Gênes, mort à Paris en 1830, avait pris parti pour les Français lors de la conquête de l’Italie et fut forcé par les événements de chercher un asile en France. Il enseigna avec succès la langue et la littérature italiennes à Paris. On a de lui une Grammaire italienne, 1805, souvent réimprimée ; un Traité de la poésie italienne, 1808, et des éditions estimées d’ouvrages italiens avec notes.

BIAGRASSO, pour Abbiategrasso, v. de Lombardie, sur la Ticinella, à 16 kil. S. O. de Milan, et à 30 kil. N. O. de Parie. Les Français y furent vaincus par les Impériaux en 1524, malgré les efforts du chevalier Bayard.

BIALA, v. des États autrichiens (Galicie), sur la Biala, affluent de la Vistule, et à 30 k. S. O. de Wadovice ; 6000 hab. Fab. de toiles et de draps. Ville libre depuis 1789. — Biala, qui veut dire blanche, est un nom commun à beaucoup de villes et de rivières, en Pologne, en Hongrie et en Russie,

BIALYSTOK, v. de Russie, ch.-l. de prov., sur le Bialy, à 70 kil. S. O. de Grodno, et à 800 kil. S. O. de St-Pétersbourg ; 6000 hab. Château des comtes Potecki. — La prov. est bornée au N., à l’O. et au S. par la Pologne, à l’E. par le gouvt de Grodno ; 155 kil. sur 88 ; 230 000 hab. Réunie à la Russie en 1807 par le traité de Tilsitt ; avant cette époque, elle appartenait à la Pologne.

BIANCHI (J. B.), anatomiste, né à Turin en 1681, mort en 1761, fut reçu docteur à 17 ans, et devint professeur d’anatomie dans sa ville natale. Il avança l’anatomie pathologique. Ses ouvrages sont : Ductus lacrymales novi ; De Lacteorum vasorum positionibus et fabrica ; Storia del monstro di due corpi ; Lettera sull' insensibilità ; De naturali in humano corpore, vitiosa, morbosaque generatione historia ; Historia hepatica. — Jean Bianchi, naturaliste, né à Rimini en 1693, mort en 1775, plus connu par le nom latin de Janus Plancus, sous lequel il a publié plusieurs ouvrages, se fit recevoir docteur en médecine, se dévoua au service des pauvres, et publia d’utiles écrits de médecine et d’anatomie, un notamment sur les Monstruosités (1749). Il fit revivre l’Académie des Lincei à Rimini.

BIANCHINI (François), astronome et antiquaire de Vérone, 1662-1729, vint de bonne heure à Rome, et jouit de la faveur d’Alexandre VIII et de ses successeurs, qui lui confièrent plusieurs missions scientifiques importantes. Il fut bibliothécaire d’Alexandre VIII, secrétaire d’une commission chargée de la réforme du calendrier, dressa un gnomon sur une grande échelle dans l’église de Ste-Marie-des-Anges, tira une ligne méridienne à travers l’Italie, perfectionna plusieurs instruments d’astronomie, et découvrit les taches de Vénus. On a de lui : Astronomicæ observationes, Vérone, 1737 ; Palazzo dei Cesari, 1738 ; Iscrizioni sepolcrali della casa d’Augusto, Rome, 1727 ; Istoria universale provata con monumenti, Rome, 1697, etc.

BIARMIE. V. PERMIE.

BIARRITZ, bourg du dép. des B.-Pyrénées, sur la côte, à 6 k. S. O. de Bayonne ; 1928 h. Bains de mer fréquentés. Grottes curieuses.

BIAS, philosophe grec, l’un des sept sages, naquit à Priène vers l’an 570 av. J.-C. Il avait fait une étude particulière des lois de sa patrie, et consacrait ses connaissances en ce genre à plaider pour ses amis, mais sans vouloir jamais défendre une cause injuste. Il mourut en plaidant. Priène, sa patrie, ayant été prise par Cyrus, tous les habitants emportèrent dans leur fuite ce qu’ils avaient de plus précieux ; Bias seul n’emportait rien. On lui en demanda la raison : « C’est, dit-il, que je porte tout avec moi. Omnia mea mecum porto. »

BIBANS ou PORTES DE FER, défilé dangereux de l’Atlas, dans le Djurjura, entre Alger et Constantine, par 2° 10′ long. E. et 36° lat. N. Il est traversé par plusieurs, torrents, et entre autres, par l’Oued-Mailah, tributaire de l’Adouse. Les Français, conduits par le duc d’Orléans et le maréchal Valée, le franchirent en 1839.

BIBARS, sultan de la dynastie des Mamelouks Baharites en Égypte, fut proclamé par la milice en 1260, après avoir assassiné son prédécesseur. Il donna une forme stable à l’empire des Mamelouks, enleva aux califes toute autorité politique, repoussa les Tartares, rétablit la puissance des Musulmans, combattit avec un grand succès les Francs établis en Syrie, leur enleva un grand nombre de places et de postes importants, et détruisit leurs églises ; mais il échoua à deux reprises devant St-Jean d’Acre. Il mourut de poison en 1277. — Un autre Bibars s’insurgea contre le sultan Nasser-Mohammed en 1309 et régna quelques mois ; mais il fût dès l’année suivante renversé et mis à mort.

BIBBIENA (Bernard DOVIZI de), cardinal et littérateur, né en 1470, de parents obscurs, à Bibbiena en Toscane, fut secrétaire de Jean de Médicis, qui, devenu pape sous le nom de Léon X, le fit cardinal (1513), et le chargea de plusieurs nuisions importantes. Au retour d’une ambassade en France, il fut enlevé par une mort imprévue, en 1520 : on prétendit qu’il avait été empoisonné et on accusa, mais sans aucun fondement, le pape même qui avait été son protecteur, mais qui le soupçonnait d’aspirer à la tiare. Bibbiena avait composé plusieurs poésies, auxquelles on reproche trop de licence, et une comédie écrite en prose, la Calandria, qui contribua à restaurer le théâtre en Italie.

BIBERACH, v. du roy. de Wurtemberg (prov. du Danube), sur le Riess, à 37 k. S. O. d’Ulm, sur le chemin de fer de Stuttgard à Constance ; 5000 h. Murailles flanquées de tours. Aux env. bains très-fréquentés. Moreau battit les Autrichiens près de Biberach en 1796. — Cette v. faisait jadis partie de l’Argovie. En 1803, elle passa au Wurtemberg. Patrie de Wieland.

BIBERICH, v. de Prusse (Hesse-Nassau), à 3 kil. S. de Wiesbaden ; 2500 hab.

BIBIANE (Ste) ou STE VIVIENNE, vierge qui subit le martyre à Rome sous Julien, 363, est hon. le 2déc. On érigea sur son tombeau une chapelle qui est devenue la belle église de Ste-Marie-Majeure.

BIBLE (biblos, biblion, livre), nom donné par excellence au livre qui contient les saintes Écritures. On le divise en deux parties, l'Ancien et le Nouveau Testament. La 1re partie comprend l'histoire des plus anciens temps du monde et du peuple de Dieu jusqu'à la naissance de J.-C., et se compose d'écrits historiques, de prophéties, d'ouvrages lyriques ou moraux. Voici, d'après le concile de Trente, l'ordre et la division des livres de l'Ancien Testament : les 5 livres de la Loi ou le Pentateuque, écrits par Moïse, et comprenant la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome; Josué; les Juges, avec Ruth; les quatre livres des Rois; les Paralipomènes; Esdras et Néhémie; Tobie; Judith; Esther; Job; les Psaumes; les Proverbes; l'Ecclésiaste; le Cantique des Cantiques; la Sagesse; l'Ecclésiastique; les Prophéties d'Isaïe, de Jérémie, et de Baruch, d’Ézéchiel, de Daniel; le livre des 12 petits Prophètes, et les 2 premiers livres des Machabées. Les Juifs et les Protestants rejettent comme apocryphes les livres de Tobie et de Judith, la Sagesse, l'Ecclésiastique, plusieurs parties du livre d'Esther, le livre de Baruch, le cantique des trois jeunes Hébreux, l'histoire de Suzanne, celles des idoles de Bel et du Dragon, les 2 premiers livres des Machabées. Les livres de l'Anc. Testament que les Catholiques et les Protestants s'accordent à rejeter comme apocryphes sont : le livre d'Hénoch, les IIIe et IVe livre d'Esdras, les IIIe et IVe liv. des Machabées, l'oraison ou prière de Manassé. — Le Nouveau Testament se compose : des 4 Évangiles de S. Matthieu, de S. Marc, de S. Luc et de S. Jean; des Actes des Apôtres; des 14 Épîtres de S. Paul, et de 7 autres Épîtres; enfin de l’Apocalypse. On y a joint quelquefois les Épîtres de S. Barnabé, les Épîtres de S. Paul aux Laodicéens et à Sénèque, plusieurs faux Évangiles, le Pasteur, la lettre de J.-C. à Abgar, etc. ; mais aucun de ces livres n'est admis comme canonique. — L'Ancien Testament a été écrit en hébreu, et le Nouveau presque tout entier en grec. Les Septante (V. ce mot) traduisirent en grec tout l'Ancien Testament, sous le règne de Ptolémée Philadelphe. S. Jérôme, au IVe s., traduisit en latin la Bible tout entière; sa traduction, connue sous le nom de Vulgate, est la seule qui soit reconnue par l'Église. Après les Septante, le Juif Aquila donna de la Bible une nouvelle traduction grecque, littéralement calquée sur l'hébreu. Les modernes ont traduit la Bible dans toutes les langues. V. LUTHER, SACY, ULPHILAS, VENCE.

BIBLIANDER (Théod.), dont le vrai nom est BUCHMANN, théologien suisse, de St-Gall, né en 1500, mort en 1564, embrassa la Réforme, succéda à Zwingle dans la chaire de théologie de Zurich, mais fut suspendu parce qu'il différait de la doctrine reçue sur la grâce. Il laissa un grand nombre de savants écrits sur l'histoire ecclésiastique, donna une édition de trad. latine de l'Alcoran de J. Fabricius, qu'il fit suivre de la Vie de Mahomet (Bâle, 1543), et composa un traité fort curieux De ratione communi omnium linguarum et litterarum, Zurich, 1548. On lui doit le recueil des Epistolæ doctorum virorum, Bâle, 1548.

BIBRACTE ou AUGUSTODUNUM, v. de la Gaule, capitale des Éduens, est auj. Autun.

BIBRAX, nom donné par César à un oppidum des Remi que l'on croit être Bébrieux près de Laon.

BIBULUS (M. Calpurnius), consul l'an 59 av. J.-C., en même temps que César. Il s'opposa d'abord de tout son pouvoir aux mesures démocratiques proposées par son collègue; mais, voyant toute résistance inutile, il s'enferma dans sa maison et y passa les huit derniers mois de son consulat sans prendre aucune part aux affaires : ainsi son consulat fut de fait entièrement nul. Les plaisants de Rome désignèrent cette année sous le nom des consuls Caïus et Julius César, faisant allusion aux 2 prénoms de César.

BICÊTRE, vge du dép. de la Seine, arr. de Sceaux, sur la' route de Fontainebleau, à 2 k. S. de Paris; 6500 h. Vaste hospice qui compte env. 4000 individus. Bicêtre est ainsi nommé d'un château situé autrefois sur le même emplacement et qui fut construit en 1290 par Jean, évêque de Winchester, dont le nom corrompu a fait Bicêtre. Sous Charles V, Jean, duc de Berry, y fit construire un hôpital qui fut détruit pendant les guerres qui désolèrent le règne de Charles VI. Rétabli sous Louis XIII, il servit d'asile aux soldats infirmes jusqu'à l'établissement de l'hôtel des Invalides; aujourd'hui il contient des vieillards, des infirmes et des aliénés. Pendant longtemps il servit aussi de prison pour les vagabons et les condamnés. On voit à Bicêtre un très-beau puits, construit en 1733, et un grand réservoir. Un fort y a été construit en 1842.

BICHAT (Marie Franç. Xav.), célèbre physiologiste, né en 1771 à Thoirette près de Bourg, commença ses études médicales à Lyon, sous Ant. Petit, et vint, lors du siège de cette ville (1793), les terminer à Paris. Desault, dont il suivait assidûment les leçons, ne tarda pas à le distinguer; Bichat devint son ami, l'aida dans ses travaux et après sa mort (1795), publia et acheva ses œuvres. Il entra en 1797 dans la carrière du professorat et fut bientôt entouré d'auditeurs. En 1800, il fut nommé médecin de l'Hôtel-Dieu, quoiqu'à peine âgé de 29 ans. En même temps qu'il remplissait ces doubles fonctions, il faisait d'immenses recherches anatomiques et publia de grands ouvrages. Tous ces travaux avaient déjà fortement altéré sa santé lorsqu'il fit, sur l'escalier de l'Hôtel-Dieu, une chute violente qui détermina sa mort (1802). Il n'avait que 31 ans. Ses principaux ouvrages sont : Recherches physiologiques sur la vie et la mort, 1800; Anatomie générale appliquée à la physiologie et à la médecine, 4 vol. in-8; 1801; Anatomie descriptive, 1801-1803, 5 vol. in-8, dont les trois derniers furent publiés après sa mort par Buisson et Roux. Il a en outre laissé des manuscrits dont l'Académie de médecine a fait l'acquisition en 1833. Bichat adopta les idées de Bordeu et de Barthez sur la force vitale, mais en distinguant la vie animale et la vie organique : il plaça spécialement cette dernière dans les tissus qui enveloppent les viscères, et rechercha le mode de vitalité propre à chaque tissu. On lui a érigé une statue à Bourg et à l'École de méd. de Paris. Magendie a recueilli ses Opuscules, 1827.

BICHNAGAR (ville de la science), v. de l'Inde anglaise (Madras), sur la Toumbedrah, à 190 k. S. E. de Bedjapour, par 74° 14' long. E., 15° 14' lat. N. Fondée en 1336. Elle était jadis grande et riche et était la capit. d'une souveraineté importante ; elle fut détruite en 1564 par les princes mahométans voisins : il n'en reste plus qu'un quartier qui forme la ville auj. nommée Anagoundi.

BICOQUE (LA), Bicocca, vge de Lombardie, à 7 k. N. E. de Milan. Lautrec y fut battu par les Impériaux le 29 avril 1522 : cette défaite entraîna la perte du Milanais.

BIDACHE, ch.-l. de cant. (B.-Pyrén.), à 33 k. E. de Bayonne, sur la Bidouze ; 2250 h. Pierre de taille.

BIDASSOA, Vidassus ou Magrada, pet. riv. qui sépare la France de l'Espagne, prend sa source dans la Navarre espagnole, puis coule entre les deux pays et se jette, après un cours de 60 kil., dans la baie de Biscaye près de Fontarabie. Près de son emb. elle forme l'île des Faisans, où fut conclu le traité des Pyrénées en 1659. Les Français effectuèrent en 1823 le passage de la Bidassoa.

BIDEFORT, v. et port d'Angleterre (Devon), à 57 kil. N. O. d'Exeter, sur le Torridge et le Taw, près de la mer ; 6000 h. Pont de 24 arches sur le Taw. Chantier de construction.

BIDER ou BAYDER, v. forte de l'Inde en deçà du Gange, par 17° 49' lat. à 115 k. N. O. d'Hayder-Abad. Grande ville, renommée pour les armes et le placage en argent. — Elle était jadis la cap. d'un État indépendant du même nom, borné au N. par le Bérar, au S. par le Bedjapour et l'Hayder-Abad, à l'E. par la Gandouana, et arrosé par le Godaveri. Villes principales : Bider, Kalberga et Nandere.

BIDLIS ou BETLIS, v. de la Turquie d’Asie (Arménie), à 130 kil. O. de Van ; 12 000 hab., moitié Kourdes, moitié Arméniens. Place très-forte. Grand commerce de tabac. — Suivant les Arméniens, cette ville aurait été fondée par Alexandre le Grand ; elle a été longtemps le siège d’un khan indépendant : aujourd’hui elle est régie par un bey. Les Turcs y furent battus par les Perses en 1554.

BIDOUZE, riv. de France, sort des Pyrénées à 20 kil. S. O. de Mauléon, passe à Ostabat, St-Palais, Bidache, et se perd dans l’Adour (r. g.).

BIDPAY, fabuliste indien. V. PILPAY.

BIDSCHOW, v. de Bohême, dans le cercle de Bidschow dont elle fut le ch.-l. jusqu’en 1784, à 70 k. E. N. E. de Prague ; 3900 hab. — Le cercle de B., entre ceux de Kœnigsgratz et de Bunzlau, compte 255 000 h. et a pour ch.-l. Gitschin.

BIEL. Ce mot, qui entre dans la composition d’un grand nombre de noms géographiques, veut dire blanc dans les langues slaves.

BIÉLAIA, c.-à-d. blanche, riv. de la Russie d’Europe (Orenbourg), naît dans les monts Ourals, coule au S., puis au N. ; reçoit l’Oufa, puis tombe dans la Kama après un cours de 930 k.

BIELEFELD, v. de Prusse (Westphalie), régence de Minden, sur le Lutterbach, à 62 k. E. de Munster ; 10 000 hab. Chemin de fer. Fabriques de toiles, Blanchisseries. Jadis ville hanséatique.

BIELGOROD. V. BELGOROD et AKKERMAN.

BIELLA, Bugella, ville d’Italie (Piémont), sur le Cervo, à 64 kil. N. E. de Turin par chemin de fer ; 9000 h. Évêché, colléges. Vin estimé.

BIELO-OSERO, c.-à-d. lac blanc, lac de Russie (Novogorod), par 60° lat. N. et 35° long. E., reçoit la Kovja et la Kéma et donne naissance à la Cheksna.

BIELSK, v. de Russie (Bialystok), à 13 k. N. E. de Plock ; 2600 h. Là se tint le congrès qui amena l’union de la Lithuanie et de la Pologne, 1564.

BIEN PUBLIC (Ligue du). V. LIGUE.

BIENNE, en allem. Biel, en lat. Petinesca ? v. de Suisse (Berne), à 27 k. N. O. de Berne, au pied du Jura et près du lac de Bienne ; 1360 h. Cette ville, mentionnée dès 814 dans les actes, appartint successivement au prieur de Moutiers, aux comtes de Neuchâtel, aux évêques de Bâle. Elle s’allia en 1279 avec Berne, fut incendiée par l’évêque de Bâle en 1367, embrassa la réforme en 1528, devint alors alliée des Suisses tout en restant sous la suzeraineté de l’évêque de Bâle ; forma de 1797 à 1814 un canton du dép. français du H.-Rhin, et fut réunie au canton de Berne en 1815. — Au S. O. de la ville est le lac de Bienne, qui reçoit les eaux du lac de Neuchâtel par la Thiele, et au milieu duquel est la jolie île St-Pierre, séjour de J. J. Rousseau en 1765.

BIERLING (Fréd. Guill.), théologien, né en 1676 à Magdebourg, mort en 1728, professa la théologie à Rinteln, se distingua par son talent pour la prédication, ainsi que par l’étendue de ses connaissances et fut en correspondance avec Leibnitz. Il est auteur de beaucoup de dissertations savantes, entre autres : De Pyrrhonismo historico, Leipsick, 1724.

BIERNÉ, ch.-l. de cant. (Mayenne), à l2k. E. de Château-Gontier ; 950 h.

BIERVLIET, vge de Hollande (Zélande), sur la r. g. de l’Escaut, à 18 k. E. de Sluis. Patrie de Beukels, inventeur du moyen d’encaquer le hareng.

BIÈVRE, riv. de France, naît à 4 kil. S. O. de Versailles, passe au village de Bièvre et à la manufacture de tapisseries des Gobelins (d’où elle prend aussi le nom de rivière des Gobelins), et tombe dans la Seine à Paris même, près du pont d’Austerlitz, après un cours de 31 k. Jadis elle se jetait beaucoup plus bas dans la Seine ; mais on a détourné son cours toutes les fois qu’on a reculé l’enceinte de Paris. Eau excellente pour la teinturerie ; il y a sur ses rives beaucoup d’établissements de teinturiers et de tanneurs. Assainie et canalisée de 1846 à 1848. — Le village de Bièvre (Seine-et-Oise) est à 8 k. S. de Versailles, à 24 k. S. O. de Paris ; 1200 h.

BIÈVRE (N. MARÉCHAL, marquis de), né en 1747, mort en 1789, était petit-fils de G. Maréchal, 1er chirurgien de Louis XIV et servit d’abord dans les mousquetaires. Il acquit bientôt de la célébrité par ses reparties et ses calembours, qui devinrent à la mode. Outre plusieurs facéties, qui ne sont en quelque sorte que des recueils de calembours, telles que Lettre à la comtesse Talion (contestation) par le sieur (scieur) de Bois (flotté), étudiant en droit (fil), 1770 ; l’Almanach des calembours, 1771 ; les Amours de l’ange Lure (engelure), 1772, on a de lui une comédie en 5 actes et en vers qui eut du succès, le Séducteur, 1783. Le marq. de Bièvre avait inutilement tenté de se faire admettre à l’Académie : l’abbé Maury l’ayant emporté sur lui, il se consola de cet échec par un calembour, en parodiant ce vers connu :

Omnia vincit amor, et nos cedamus amori (à Maury).

On a publié en 1800, sous le titre de Bievriana, un recueil de ses calembours.

BIGA, v. de la Turquie d’Asie (Anatolie), à 99 kil. E. S. E. de Gallipoli ; 2000 h. ; ch.-l. d’un livah de même nom, situé entre ceux de Kodavenkiar et de Karassi, sur la mer de Marmara et l’Archipel, et qui répond à une portion de l’anc. Mysie. On y trouve les ruines de Troie, d’Abydos, de Lampsaque.

BIGERRONES, peuple de la Novempopulanie, entre les Osquidates à l’O. et les Convenæ à l’E. Ch.-l., Turba (Tarbes). Leur pays a formé le Bigorre

BIGLAND (John), historien anglais, 1750-1832, fut d’abord maître d’école, puis se voua aux lettres. Ses principaux ouvrages sont une Histoire d’Espagne (jusqu’en 1809), trad. par le gén. Mathieu Dumas, et un Précis de l’histoire de l’Europe depuis 1783, trad. et continué par Maccarthy, 1819.

BIGNON (Jérôme), célèbre magistrat, né à Paris en 1589, mort 1656, se fit remarquer par une érudition aussi précoce que vaste, et publia dès l'âge de 10 ans une Chorographie de la terre sainte. D’abord précepteur du Dauphin, il entra ensuite au barreau, fut nommé en 1620 avocat général au grand conseil, puis conseiller d’État et avocat général au parlement de Paris (1626). Ayant résigné sa charge en 1641, il devint l’année suivante bibliothécaire du roi. Ses principaux ouvrages sont des traités De l’élection des papes, 1604 ; De l’excellence des rois de France, 1610 ; et une édition des Marculphi monachi formulæ,1613. Il mérita d’être surnommé le Varron français ; — Son petit-fils, J. P. Bignon, oratorien, 1661-1743, fut aussi bibliothécaire du roi, et se distingua également par une grande instruction. On lui doit l’Explication historique des médailles dit règne de Louis XIV. Il était de l’Académie française. Il légua à la bibliothèque royale 50 000 volumes.

BIGNON (L. Pierre Édouard), diplomate, né en 1771 à La Meilleraye (Seine-Inf.), mort en 1841, était fils d’un teinturier de Rouen. Engagé volontaire en 1792, il fut remarqué de son général, qui le prit pour secrétaire, devint en 1798 secrétaire de légation, remplit avec succès de nombreuses missions sous l’empire (en Suisse, en Piémont, à Berlin, à Cassel, à Carlsruhe, à Vienne, enfin a Varsovie, où il dirigea les affaires pendant 4 ans), administra avec autant de modération que d’intégrité plusieurs des pays conquis, reçut en récompense le titre de baron, et fut un des plénipotentiaires à Dresde (1813). Sous-secrétaire d’État aux affaires étrangères pendant les Cent-Jours, il se vit en cette qualité forcé de signer la capitulation de Paris (3 juillet 1815). Député depuis 1817, il fut un des plus constants et des plus redoutables adversaires du gouvernement de la Restauration. Après la révolution de 1830, il tint quelques instants le portefeuille des affaires étrangères ; il fut élevé à la pairie en 1837. Napoléon lui avait légué 100 000 fr., en l’invitant à écrire une Histoire de la diplomatie française depuis le 18 brumaire (1799) jusqu’en 1815 (14 vol. in-8o). On a de lui, outre de nombreux écrits de circonstance, des Discours et opinions politiques, aussi remarquables par la lucidité que par la force de l’argumentation. Bignon entra à l’Académie des sciences morales dès son rétablissement (1832). M. Mignet a lu à cette académie une Notice historique sur ce diplomate.

BIGNAN (Anne), littérateur, né à Lyon en 1795, m. en 1861, obtint plusieurs prix dans les concours de poésie de l’Acad. française, et a donné d’estimables traductions en vers de l’Iliade (1830), de l’Odyssée (1840), des Beautés de la Pharsale (1859).

BIGORRE, Bigerrones, province de la Gascogne, au S. O., entre le Béarn et le Nébouzan ; ch.-l. Tarbes. Il se divisait en 3 parties : 1° la plaine ; 2° les montagnes, comprenant les 3 vallées de Lavedan, de Campan, de Barèges ; 3° le Rustan. Villes principales : Tarbes, Vic-Bigorre, Ibos, Antin, Lourdes, Luz, Campan, Bagnères, Barèges, Saint-Sever. Il forme auj. la majeure partie du dép. des Htes-Pyrénées. — Le Bigorre, érigé en comté en 819, dépendait du duché d’Aquitaine ; il fut réuni à la couronne en 1284, par le mariage de Philippe le Bel avec Jeanne, héritière du comté de Bigorre ; le Prince Noir s’en empara en 1369, mais il fut reconquis par Charles V. Cédé en 1425 par Charles VII au comte de Foix, il passa ensuite à la maison d’Albret. Henri IV, héritier de cette maison, le réunit définitivement à la couronne en 1589.

Bigot de préameneu (Félix), ministre des cultes sous l’Empire, né à Rennes en 1747, mort en 1825, était avocat au parlement de Paris avant la Révolution, et fut député en 1791 à l’Assemblée législative. Il y professa des opinions très-modérées et s’éloigna des affaires après le 10 août pour ne reparaître que sous le consulat. Nommé en 1802 président de la section de législation au conseil d’État, il concourut de la manière la plus active, avec Portalis et Tronchet, à la rédaction du nouveau code. En 1804 il fut fait comte ; en 1807 il remplaça Portalis comme ministre des cultes ; il conserva ces fonctions jusqu’à la Restauration. Il était membre de l’Académie française.

bigot de morogues (P. M. Sébastien), minéralogiste et agronome, né à Orléans en 1776, mort en 1840, a publié un grand nombre d’ouvrages utiles sur les sciences naturelles et agricoles, entre autres : Mémoire sur les aérolithes, 1812 ; Essai sur le moyen d’améliorer l’agriculture, 1822 ; et a dirigé la publication du Cours complet d’agriculture. Il a aussi écrit sur la politique des livres empreints d’un sage libéralisme : Politique religieuse et philosophique, 1827 ; Politique basée sur la morale, 1834. Il fut nommé pair en 1835.

BIHAR, comitat de Hongrie, à l’O. de la Transylvanie, a pour ch.-l. Gros-Varadin et Debreczin, et compte 445 000 h. Il tire son nom d’un anc. bourg de Bihar, à 20 k. N. O. de Gros-Varadin. Ce comitat renferme des montagnes à l’E. et des marais à l’O. Métaux précieux, beaux marbres.

BIKANIR, v. de l’Inde anglaise, à 23 kil. N. O. d’Adjmir, dans le désert ; capit. d’un État de même nom, jadis indépendant, soumis aux Anglais depuis 1818. Murs flanqués de tours, citadelle.

BIKEND, bourg de la Grande-Boukharie, à 44 k. S. O. de Boukhara, fut capitale avant Boukhara.

BILBAO, Amanes portus ou Flaviobriga, v. d’Espagne, capit. de la prov. de Biscaye, sur l’Ansa, près de la mer, à 290 k. N. E. de Madrid ; 15 000 h. Portugalète en est le port. Air très-sain ; rues très-propres, belles maisons, quelques fresques au dehors. Belle place, superbe quai, hôtel de ville, pont en bois d’une seule arche. Commerce considérable, entrepôt de toutes les laines d’Espagne qui s’expédient à l’étranger, etc. — Agrandie et presque créée en 1300 par Diégo Lopez de Haro. Prise et reprise dans les guerres de la France et de l’Espagne, notamment en 1795, 1808 et 1809 ; vainement assiégée par les carlistes en 1835 et 1836.

BILBILIS, auj. Calatayud ou Baubola, v. de l’Hispanie (Tarraconaise), sur le Salo (Xalon). Patrie de Martial. — Le fleuve Xalon, qui arrose cette ville, portait aussi le nom de Bilbilis.

Bilderyck (Guill.), poëte hollandais, que ses compatriotes placent à côté de Goethe et de Byron, né à Amsterdam en 1756, mort à Harlem en 1831. On a de lui une traduction d’Ossian, 1802 et 1806 ; une imitation de l’Homme des champs de Delille, 1804 ; des tragédies, imitées de Corneille et de Racine, un poëme didactique, l’Astronomie, un poëme épique, la Destruction du premier monde, et une Grammaire hollandaise estimée, 1824.

Biledulgérid ou mieux belad-el-djérid, c.-à-d. pays des dattes, contrée de l’Afrique sept., au S. de l’Atlas et au N. du Sahara, se compose de plusieurs portions appartenant à des États divers, savoir : 1° à l’O. les 3 pays de Sous, Tafilet, Sedjelmesse, dans le Maroc ; 2° au N. ceux de Tegorarin et de Zab, situés au S. de l’Algérie ; 3° le Bilédulgérid proprement dit, dans l’État de Tunis ; 4° le Fezzan, l’Audjélah et le Siouâh, à l’E. des précédents. Vastes déserts coupés par quelques oasis, et arrosés par des ruisseaux d’eau saumâtre ; on y récolte surtout des dattes et autres fruits tropicaux. Les habitants sont Maures, Kabaïls, Touaregs et Tibbous.

Bilfinger (G. Bernard), savant allemand, né en 1693, dans le Wurtemberg, mort en 1750 ; enseigna à Tubingue, où il jouit d’un grand crédit ; devint conseiller privé, président du consistoire, et contribua à la prospérité du Wurtemberg. Ses principaux ouvrages sont : De harmonia præstabilita, Tub., 1721 et 1735 ; De origine et permissione mali, 1724 ; De Deo, anima et mundo, 1725. On lui doit aussi un nouveau genre de fortifications, qui porte son nom. Il remporta le prix proposé par l’Académie des sciences de Paris sur la Cause de la pesanteur.

Billaud-Varenne (J. Nic), conventionnel, né à La Rochelle en 1762, fut d’abord oratorien, puis avocat ; embrassa avec ardeur les idées révolutionnaires, et se lia avec Danton, Marat et Robespierre ; fut après le 10 août substitut du procureur de la commune, et dirigea de concert avec Danton les sanglantes journées de septembre (1792). Député de Paris à la Convention, il poursuivit avec acharnement Louis XVI, puis les Girondins. Membre du comité de salut public, il organisa avec Robespierre le système de la Terreur et pressa le supplice de Marie-Antoinette ; puis se sépara de son collègue, et contribua puissamment à la journée du 9 thermidor. Il n’en fut pas moins, peu après, déporté à Cayenne avec Collot-d’Herbois (1795). Il refusa sa grâce après le 18 brumaire, et mourut à St-Domingue en 1819. Ses ouvrages, tous de circonstance, sont oubliés aujourd’hui. On a publié sous son nom en 1821 des Mémoires qui sont apocryphes.

BILLAUT (Adam), poëte.V, adam (Maître).

BILLAUT (Aug.-Ad.-Marie), avocat et homme d’État, né à Vannes en 1805, mort en 1863, se fit un nom comme avocat à Nantes ; fut nommé député (1837) par trois collèges électoraux, et siégea dans l’opposition jusqu’en 1840, où il devint sous-secrétaire d’État sous le ministère de M. Thiers, rentra dans l’opposition et y demeura jusqu’en 1848 ; fut représentant à la Constituante, où il vota avec le parti démocratique modéré ; ne fut pas réélu à la Législative ; devint, après le 2 décembre 1851, député puis président du Corps législatif ; contribua au rétablissement de l’Empire ; fut à deux reprises (1854 et 1859) ministre de l’intérieur ; puis (1860-63), comme ministre sans portefeuille, défendit avec un grand éclat de parole la politique impériale.

BILLITON, une des îles de la Sonde, au S. O. de Bornéo ; 100 kil sur 80. Possession hollandaise depuis 1822.

BILLOM, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 50 kil. S.E. de Clermont ; 3519 hab. Collége. Une université, fondée en 1455 ; anc. maison de Jésuites, fondée en 1555. Basalte, poterie en terre rouge, dite terre de Billom. — Billom était considérée comme la capit. de la Limagne ; elle joua un rôle dans la Réforme. Il s'y tint en 1589 des États provinciaux.

BILLUART (Ch. René), théologien, né en 1685 à Revin (Ardennes), mort en 1757, était dominicain et devint provincial de son ordre. Il enseigna longtemps la théologie à Douai, et rédigea pour l'usage des écoles un Cours de théologie d'après S. Thomas (Summa S. Thomæ hodiernis academiarum moribus accommadata), 19 vol. in-8, Liége, 1746-51, ouvrage immense, qui fit si longtemps autorité.

BILLY, petit pays de l'anc. Bourbonnais (Allier), où se trouvait un bourg du même nom, à 16 kil. O. de La Palisse. Ancienne seigneurie. — Bourg de la Marne, au S. E. de Reims ; grand souterrain traversé par le canal de l'Aisne à la Marne.

BILSTON, V. d'Angleterre (Stafford), à 17 k. N. O. de Birmingham ; 20 000 h. Houille, fer aux env. Hauts fourneaux, fonderies. La ville communique avec Londres par un canal.

BINASCO, v. de Lombardie (Milan), sur un canal qui joint l'Adda au Tésin ; 4300 hab. Brûlée en 1796 par les Français.

BINCHE, v. de Belgique (Hainaut), sur la Haine, à 14 kil. S. E. de Mons ; 5000 hab. Broderie sur tulle.

BINET (René), né en 1732, près de Beauvais, mort à Paris en 1812, fut professeur de rhétorique au Plessis, puis recteur de l'Université de Paris (1792), et enfin proviseur du lycée Bonaparte, poste qu'il conserva jusqu'à sa mort. On a de lui des traductions en prose d’Horace,1833 ; de Valère-Maxime, 1796 ; de Virgile, 1805, et de quelques Discours de Cicéron, ainsi qu'une Histoire de la décadence des mœurs chez les Romains, 1795.

BINGEN, Bingium, v. du grand-duché de Hesse-Darmstadt, au confluent du Rhin et de la Nahe, à 25 kil. O. de Mayence ; 6000 h. Sur une hauteur voisine, on voit les ruines d'un ancien château. Cataracte du Rhin, dite Bingenloch (trou de Bingen), qui longtemps entrava la navigation du fleuve : des travaux achevés en 1833 y ont obvié. — La v. fut fondée par Drusus et embellie par Julien.

BINGLEY, v. d'Angleterre (York), sur l'Aire, et près du canal de Liverpool, Leeds et Bradford, à 19 kil. N. O. de Leeds ; 12 000 hab.

BINIC, bourg des Côtes-du-Nord, à 12 kil. N. O. de St-Brieuc ; 2800 hab. Port sur la Manche ; pêche de la morue et de la baleine.

BINTANG, île de l'archipel de la Sonde, au S. de la presqu'île de Malacca, a 28 kil. sur 15, et compte env. 20 000 hab. Elle appartient aux Hollandais. Poivre, terre japonique, poudre d'or.

BINUÉ, fleuve d'Afrique. V. BÉNUÉ.

BION, poëte bucolique grec, natif de Smyrne, contemporain de Théocrite, florissait en Sicile vers 290 av. J.-C., et mourut, dit-on, empoisonné. Il nous reste de lui plusieurs idylles d'un goût exquis, en dialecte dorien, parmi lesquelles on distingue l’Amour fugitif et le Chant funèbre d’Adonis. Il eut pour disciple Moschus. Ses poésies sont réunies à celles de Théocrite et de Moschus. Elles ont été trad. en français par Gail, 1795. — BION le Borysthénite, philosophe scythe, d'Olbia sur le Borysthène, était de la secte des Cyniques. Il se distingua aussi comme poëte et comme musicien, excella surtout dans la satire, et n'épargna point les superstitions de son temps ; ce qui fut cause qu'on l'accusa d'être athée. Il mourut très-vieux, 241 ans av. J.-C. Stobée a conservé de lui quelques fragments.

BIONDO (flavio), savant italien, né à Forli en 1388, mort en 1463, découvrit à Milan l'exemplaire unique du dialogue de Cicéron De claris oratoribus, dont toute l'Italie posséda bientôt des copies, devint secrétaire des papes Eugène IV, Nicolas V, Calixte III et Pie II. Il s'occupa un des premiers de recherches sur l'ancienne Rome. (Roma instaurata, 1842 ; Roma triumphans, 1482 ; Italia illustrata, 1531.)

BIORN I, l'un des 4 fils de Ragnar Lodbrok, régna à Upsal de 860 à 880, fit de fréquentes expéditions contre la France et l'Angleterre et laissa prêcher le Christianisme dans ses États. — BIORN II, 873-885, périt dans une invasion en France.

BIOT (J.-B.), savant célèbre, né à Paris en 1774, m. en 1862 ; entra à l'École polytechnique dès sa fondation, fut appelé en 1800 à la chaire de physique au Collége de France ; fit en 1804 une périlleuse ascension aérostatique avec Gay-Lussac ; accompagna en 1806 Arago en Espagne, pour y terminer la triangulation de la méridienne ; était membre de l'Académie des sciences, de l'Académie des inscriptions et de l'Académie française. Il consacra la plus grande partie de ses travaux à l'optique et à l'astronomie. Outre de nombreux mémoires insérés dans le recueil de l'Académie des sciences ou dans le Journal des Savants, on a de lui un Essai sur l’Hist. des sciences pendant la Révolution (1803), des Traités d'Astronomie (1805), de Physique expérimentique et mathématique (1816), et des Recherches sur l’astronomie égyptienne (1823), qui ont servi à fixer plusieurs points de chronologie ; des Mélanges scientifiques et littéraires (1858).

BIOT (le), ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 10 kil. S. E. de Thonon ; 1000 hab. Fabr. de poteries et creusets.

BIPONTIUM, nom latin de la v. de Deux-Ponts.

BIR, Birtha, v. de la Turquie d'Asie (Syrie), à 100 kil. N. E. d'Alep et à 55 kil. S. O. d'Orfa, sur l'Euphrate ; env. 3000 hab. Jadis très-commerçante ; ruinée par Tamerlan. Résidence d'un primat jacobite.

BIRAGUE (René de), né à Milan en 1507, m. en 1583, sortait d'une maison noble et ancienne, attachée à la France, et se retira en France pour échapper à la vengeance de Louis Sforce, duo de Milan ; devint conseiller au parlement de Paris, surintendant de la justice, puis garde des sceaux ; prit une part active au complot de la St-Barthélemy, et en fut récompensé par la dignité de chancelier ; embrassa sur la fin de sa vie l'état ecclésiastique et devint év. de Lavaur, puis cardinal, 1578. On l'a accusé de plusieurs empoisonnements ; il est du moins un de ceux qui introduisirent en France la politique machiavélique.

BIRAN (MAINE de). V. MAINE DE BIRAN.

BIRCH (Thomas), théologien et historien anglais, né en 1705, m. en 1766, publia entre autres ouvrages un Dictionnaire général, historique et critique, traduit de Bayle et considérablement augmenté, 10 vol. in-fol., 1734-1745.

BIREN (J. Ernest), duc de Courlande, né en 1687, mort en 1772, était fils d'un paysan courlandais. Chambellan et favori d'Anne, duchesse de Courlande, il devint tout-puissant lorsque cette princesse monta sur le trône de Russie (1730), exila ou fit périr tous ceux qui lui faisaient ombrage, et se fit élire duc de Courlande, malgré l'opposition de la noblesse de cette province. A la mort de l'impératrice, il s'empara de la régence (1740), mais fut bientôt renversé et envoyé en Sibérie. Élisabeth le rappela dès l'année suivante, et Catherine II lui rendit son duché de Courlande, qu'il résigna à son fils en 1766. Biren, était cruel, mais habile. Il avait la vanité de se faire appeler Biron, pour faire croire qu'il appartenait à l'illustre famille française de ce nom.

BIRGER DE BIELBO, comte du palais et régent de Suède, de la famille des Folkungiens, né vers 1210, mort en 1266, épousa Ingeburge sœur du roi Éric le Bègue sauva la ville de Lubeck, assiégée par les Danois (1236), obtint en 1248 la dignité de comte du palais, soumit la Finlande, dont les pirateries désolaient la Suède, et y introduisit le Christianisme. Nommé régent à la mort d'Éric (1250), il gouverna glorieusement jusqu'à sa mort. C'est lui qui fonda Stockholm et la cathédrale d'Upsal. — BIRGER II, son petit-fils, fut reconnu roi en 1284, fut sans cesse en guerre avec ses frères, finit par être détrôné et se réfugia en Danemark, où il mourut en 1321.

BIRKADEM, vge d'Algérie, sur la route d'Alger à Blidah, à 10 kil. E. d'Alger, dans un site charmant ; 2000 hab. Créé en 1835 et organisé en 1842.

BIRKENFELD, v. du grand-duché d'Oldenbourg, sur la Nahe, à 35 kil. E. de Trêves : 1800 h. Ch.-l. d'une principauté qui, avant la Révolution française, appartenait à la maison de Wittelsbach et qui comptait 18 000 hab. Elle fut incorporée au dép. français de la Sarre de 1796 à 1814, donnée à la Prusse en 1814, puis cédée au grand-duc d'Oldenbourg en 1815.

BIRKENHEAD, v. manufacturière d'Angleterre (Lancastre), à l'emb. et sur la riv. g. de la Mersey, en face de Liverpool, dont elle est comme un faubourg, n'avait guère en 1821 que 200 h. ; elle en compte auj. plus de 40 000, presque tous occupés à fabriquer les articles de Liverpool. La compagnie des Docks y a construit des habitations modèles pour les ouvriers.

BIRKET-EL-HADGI, c.-à-d. lac des Pèlerins, lac de la B.-Égypte, à 15 kil. N. O. du Caire ; 45 kil. sur 10. Rendez-vous des pèlerins qui d'Afrique vont en Arabie. — BIRKET-EL-KEROUN, lac de la Moyenne-Égypte, communique par un canal avec le Nil. C'était jadis le lac Mœris. V. MŒRIS.

BIRMAN (empire), État de l'Inde transgangétique, dans la partie occid., entre 91°-99° long. E. et 19° 30'-27° 7' lat. N., a pour bornes au N. le Thibet ; à l'E. la Chine et la riv. Salouen ; à l'O. l'Aracan et le Kassaï ; au S. les golfes de Martaban et de Bengale ; 2000 kil. sur 500 ; env. 8 000 000 hab. (bouddhistes). Capit., jadis Ava, dite aussi Ratna-Poura (la ville des joyaux), puis Amarapoura et Montschobo. L'empire Birman se compose auj. de 4 parties : le Birman propre ou Ava, le Laos, le Martaban et divers pays tributaires. Sol montueux, traversé par les ramifications des monts du Thibet, longues vallées. Riv. principales : l'Iraouaddy, le Zittang, le Salouen. Chaleur excessive ; fertilité extraordinaire : canne à sucre, riz, indigo, thé, etc. Bois de tek et autres bois de construction. Or, étain, fer, plomb, antimoine, soufre, jaspe, marbres admirables, pierres précieuses. Éléphants superbes et autres animaux de l'Inde Transgangétique. — Les Birmans furent longtemps assujettis au Pégou ; ils se révoltèrent à l'instigation des Portugais, mais les Pégouans les vainquirent en 1752. Dès l'année suivante, Alompra, sorti d'un rang obscur, expulsa l'étranger ; puis, il soumit les contrées voisines et même le Pégou, et fonda ainsi l'empire Birman, dont il fut le premier monarque. En 1826, à la suite d'une guerre heureuse, les Anglais se sont fait céder par les Birmans l'Assam, le Ténasserim, l'Aracan, et quelques autres territoires ; dans une 2e guerre, qui eut lieu en 1852 et 1853, ils leur enlevèrent en outre le Pégou. Le gouvt. est une monarchie héréditaire et absolue.

BIRMINGHAM, v. d'Angleterre (Warwick), sur la Rea, à 176 k. N. O. de Londres ; 220 000 h. (4000 en 1690). On distingue la ville haute, qui offre de beaux monuments, la ville basse, qui est laide et vieille, et le faubourg de Soho, où sont les vastes fabriques de Bolton et de Watt. Collége, bibliothèques, hôtel des monnaies, etc. Chemins de fer pour Londres, Liverpool, etc. Immense industrie : fonderies, machines à vapeur, armes blanches et à feu, ouvrages de toute espèce en fer et en acier, coutellerie, harnacherie, instruments de physique et autres, peinture sur verre. Commerce très-actif, favorisé par plusieurs canaux, dont les principaux sont le canal de Fazeley et le Vieux-Canal. — Birmingham existait, à ce qu'on croit, dès le temps des Romains sous le nom de Bremenium; elle figure dans le Domesday book sous le nom de Bermengeham; mais sa prospérité ne date guère que de ce siècle : elle est due surtout à son immense bassin houiller et à ses riches mines de fer.

BIRNBAUM, v. de Prusse (Posen), sur la Warta à 70 kil. N. C. de Posen ; 3000 h. Ch.-l. de cercle.

BIRON, bourg de l'anc. Périgord (Dordogne), à 40 k. S. E. de Bergerac ; 12 000 hab. Il a donné son nom à l'illustre famille des Biron : c'était d'abord une simple baronnie ; elle fut érigée en duché-pairie en 1598, par Henri IV, pour Ch. de Biron.

BIRON (Armand de GONTAUT, baron de), maréchal de France, né en 1524, d'une famille ancienne du Périgord, servit d'abord en Piémont sous le maréchal de Brissac ; prit part, dans l'armée catholique, aux batailles de Dreux, de St-Denis et de Moncontour, quoiqu'il fût secrètement porté pour les Huguenots ; fut nommé en 1569 grand maître de l'artillerie, et fut chargé, ainsi que de Mesmes, seigneur de Malassise, de conclure avec les Huguenots la paix dite de St-Germain ; reçut en 1577 le bâton de maréchal, et commanda successivement en Guyenne, dans les Pays-Bas et en Saintonge ; fut, à la mort de Henri III, l'un des premiers à reconnaître Henri IV, rendit les plus grands services à ce prince à la bataille d'Arques et à l'attaque de Paris, et fut tué au siège d'Épernay en 1592. C'était un des plus grands capitaines de son temps.

BIRON (Charles de GONTAUT, duc de), fils du préc., célèbre par l'amitié de Henri IV et par sa trahison, né en 1561, fit ses premières armes sous le maréchal, son père, servit pendant longtemps Henri IV avec autant de dévouement que d'intrépidité, et se couvrit de gloire aux batailles d'Arques et d'Ivry, aux siéges de Paris, de Rouen, et au combat d'Aumale. En récompense, le roi le combla d'honneurs : il le nomma amiral de France (1592), maréchal (1594), gouverneur de la Bourgogne, le fit duc et pair (1598), et l'envoya en ambassade auprès de la reine Élisabeth ; en outre, Henri lui avait sauvé la vie au combat de Fontaine-Française (1595). Malgré tant de bienfaits, Biron, égaré par l'orgueil, l'ambition et la cupidité, conspira contre son roi, traita avec l'Espagne et la Savoie, et s'engagea à prendre les armes contre son pays. Le complot fut révélé par Lafin, qui en avait été l'instigateur. Biron voulut tout nier, mais il fut convaincu par ses écrits. Henri IV, qui déjà lui avait pardonné une première fois, essaya à plusieurs reprises, mais inutilement, d'obtenir l'aveu de son nouveau crime et de son repentir, afin de lui pardonner. Il eut la tête tranchée en 1602 ; il n'avait que 40 ans.

Ch.-Armand, duc de Biron, petit-fils d'Armand, 1663-1756, servit avec distinction sous Louis XIV et Louis XV, et fut fait maréchal par ce dernier. — L. Ant, duc de B., 4e fils du précéd., 1700-1788, fut aussi fait maréchal, après avoir fait la guerre en Italie, en Bohême et en Flandre. — Armand-Louis, duc de B., neveu du précéd., né en 1747, fut longtemps connu sous le nom de Lauzun. Après une jeunesse orageuse, il entra au service, et alla combattre en Amérique en faveur de l'indépendance (1780). Député aux États généraux en 1789 par la noblesse du Quercy, il entra dans le parti du duc d'Orléans ; il fut nommé en 1792 général en chef de l'armée du Rhin, commanda en 1793 l'armée des côtes de La Rochelle, prit Saumur sur les Vendéens et les battit à Parthenay. Il n'en fut pas moins accusé de trahison par le Comité de salut public pour avoir offert sa démission ; traduit devant le tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort et exécuté le 31 décembre 1793. Ses Mémoires, qui vont de 1747 à 1783, ont été publiés en 1822, et depuis, en 1858, avec Biographie par L. Lacour.

BISACCIA, v. du roy. d'Italie (Princip. Ultérieure), à 36 kil. N. E. de Naples ; 6000 h. Évêché.

BISCAYE, en espagnol Vizcaya, prov. d'Espagne, bornée au N. par la baie de Biscaye, à l'E. par le Guipuscoa, au S. par l'Alava, à l'O. par l'intendance de Burgos, 60 kil. sur 200 ; 200 000 hab., Basques pour la plupart ; ch.-l., Bilbao. Montagnes, forêts ; riv. nombreuses, mais sans importance ; climat humide, mais salubre. Peu de céréales, vin médiocre, bons fruits, châtaignes. Côtes poissonneuses. Assez d'industrie et de commerce. — Du temps des Romains les Cantabri, les Autrigones, les Caristi occupaient cette contrée ; elle ne fut appelée Biscaye que depuis Alphonse le Grand (866). Vers le xie s., Inigo Lopez, gouverneur de cette province, s'y rendit presque indépendant ; 19 de ses successeurs la gouvernèrent après lui jusqu'à la réunion de la Biscaye à la couronne de Castille, qui eut lieu en 1379. Malgré cette réunion, les Biscayens conservèrent leurs coutumes et privilèges dits fueros. Ce n'est que dans ces derniers temps que des modifications y furent apportées après une longue guerre civile (1833-39).

BISCAYE (golfe de). V. GASCOGNE (golfe de).

BISCEGLIA, ville du roy. d'Italie (Terre de Bari), à 22 k. E. de Barletta : 15 000 hab. Évêché. Beau palais épiscopal. Un célèbre combat y fut soutenu en 1503 par Bayard et 12 Français contre 13 Espagnols.

BISCHWILLER, Episcopi villa, v. d'Alsace-Lorraine, sur la Moder, à 23 kil. N. de Strasbourg ; 6946 h. Fabriques de gants, de draps, filature de laine.

BISERTE. V. BIZERTE.

BISIGNANO, Besidiæ, v. du roy. d'Italie (Calabre Citér.), à 24 k. N. de Cosenza ; 8000 h. Évêché.

BISKARA ou BISKRA, v. et oasis d'Algérie (Constantine), dans les Ziban, à 236 kil. S. O. de Constantine et à l'entrée du grand désert ; 1000 h. Occupée en 1844. C'est un de nos postes les plus avancés. Très-haute température ; palmiers, oliviers, grenadiers, figuiers. Beaucoup d'habitants émigrent dans les villes où ils font le métier de portefaix.

BISSAGOS ou BISSAOS (archipel des), sur la côte occidentale de l'Afrique, entre la Gambie et la Sierra Leone, près de l'emb. du Rio Grande, par l6° 50'-19° 30' long. O., 10° 12' lat. N. Iles d'un abord dangereux. Les Français fondèrent en 1685 dans la principale de ces îles un établissement, qui a été abandonné. L'archipel appartient auj. aux Portugais. Il fut longtemps un grand entrepôt d'esclaves.

BISSON (H.), lieutenant de vaisseau, né en 1795, à Guéméné. Chargé, dans l'expédition de Grèce, de commander un brick qui avait été pris sur les Turcs par la flotte de l'amiral de Rigny et qui allait être repris, il se fit sauter avec l'équipage plutôt que de se rendre (6 nov. 1827). Une pension fut décernée à sa sœur, à titre de récompense nationale.

BISTONES, peuple de Thrace, habitait au S. du mont Rhodope et sur les côtes de la mer Égée. Dans leur territoire et près d'Abdère se trouvait le Bistonis lacus, auj. Lagos Bourou.

BISTRICA, riv. de Galicie, sort des Carpathes au mont Biszt, passe à Stanislavov, et tombe dans le Dniester entre Mariempol et Sesapol ; 70 k.

BISTRITZ, v. de Transylvanie (Pays des Saxons), ch.-l. de district, sur le Bistritz, affluent du Szamos, au N. E. de Karlsbourg ; 7000 h.

BISTRITZA, v. de Moldavie, ch.-l. de district, sur la Bistritza, affluent du Sereth, à 80 k. S. O. d'Iassy. — La Bistritza charrie de l'or.

BITAUBÉ (P. Jérémie), écrivain, né à Kœnigsberg en 1732, d'une famille de réfugiés français, mort en 1808, exerça le ministère évangélique et cultiva la littérature. Il vint vers 1770 se fixer à Paris, où il passa le reste de ses jours, et y fut nommé membre associé de l'Académie des inscriptions. On a de lui deux poëmes en prose, Joseph (1767) et les Bataves (1790), ainsi que des traductions libres de l’Iliade (1780) et de l'’Odyssée (1785), qui obtinrent du succès, grâce à un certain parfum d'antiquité. Ses œuvres ont été publiées en 9 vol. in-8, Paris, 1804.

BITCHE, Bidiscum ou Bicina, v. d'Alsace-Lorraine, à 24 k. S. E. de Sarreguemines, 3077 h. Place forte, assiégée par les Autrichiens en 1793 et par les Prussiens en 1797 ; prise par les Allemands le 6 mars 1871, après 6 mois de siége. Forges, faïences, etc.

BITERRÆ, v. des Volcæ Tectosages, auj. Béziers.

BITETTO, v. épiscopale du roy. d'Italie (Terre de Bari), à 16 k. S. O. de Bari ; 4350 h. Marquisat.

BITHYNIE, partie N. O. de l’Anatolie, contrée de l'Asie-Mineure, bornée au N. par le Pont-Euxin, au S. par la Galatie et la Phrygie, à l'O. par la Propontide, à l'E. par la Paphlagonie. Villes principales : Pruse, Nicée, Nicomédie, Héraclée, Chalcédoine. — On suppose que la Bithynie fut peuplée originairement par des Thraces : elle était habitée par les Bebryces, les Thyni, les Mariandyni, les Mygdones, les Caucones. Soumise par Crésus, puis par Cyrus, elle formait, lors de l'invasion d'Alexandre, un petit roy. indépendant de la Perse, dont le roi était Zypétès (328). Ce dernier reconnut la suprématie macédonienne. Après sa mort (281), Nicomède I secoua le joug, et la Bithynie redevint libre. Mais, dans le siècle suivant (vers l'an 183), elle subit l'influence romaine. Elle eut pour rois, depuis Nicomède, Zélas (250), Prusias I (231), Prusias II (192), qui livra Annibal aux Romains, Nicomède II (148), Nicomède III (90). Ce dernier mourut 75 av. J.-C., léguant son roy. aux Romains. Au iiie siècle de l'empire, la Bithynie fut une prov. du diocèse de Pont. Au ve, on en fit deux provinces, qui étaient séparées par le Sangarius : la Bithynie propre, à l'O. (B. occident.), et l'Honorie, à l'E. (B. orient.). Au xie siècle, les Seldjoucides s'emparèrent de cette contrée ; les Grecs la reprirent dans le siècle suivant et établirent le siége de leur empire à Nicée ; mais en 1298 les Ottomans l'envahirent de nouveau : ils firent de Brousse (Prusa) la capitale de leur empire de 1325 à 1453.

BITHYNIUM, puis Claudiopolis, v. de Bithynie, auj. Bastan, était la patrie d'Antinoüs. Elle devint sous Théodose II la capitale de l'Honorie.

BITON. V. cléobis.

BITONTO, Butuntum ou Biaruntum, v. du territoire napolitain, à 15 k. S. O. de Bari : 16 500 h. Évêché. Aux environs, vin de Zagarello, fort renommé. Les Espagnols y battirent les Impériaux en 1734 (V. charles iii d'Espagne).

BITTERFELD, v. des États prussiens (Saxe), sur la Mulde, à 37 k. N. E. de Merseburg ; 4000 hab. Draps, bonneterie, etc. Fondée au xiie siècle par une colonie flamande, dont les membres font valoir leurs terres en commun.

BITUIT, roi des Arvernes, se fit battre, près de l'Isère, ainsi que les Allobroges, ses alliés, par le consul romain Q. Fabius Maximus, 121 av. J.-C.

BITURIGES, peuple de la Gaule, se divisait en deux grandes branches : les Bituriges Cubi et les B. Vivisci. Les 1ers étaient au N. des Lemovices, au S. des Aureliani, et avaient pour ch.-l., Avaricum (Bourges), qu'on nomme aussi Bituriges. Leur territoire forma depuis le Berry et une partie du Bourbonnais. — Les B. Vivisci, colonie des B. Cubi, étaient à l'O. des Petrocorii, et au S. des Santones ; ch.-l., Burdigala (Bordeaux). Leur territoire représente auj. les arrond. de Bordeaux, Blaye, Libourne (Gironde).

BITURITÆ, auj. Bédarrides, v. des Allobroges, aux environs de laquelle ce peuple fut complètement défait par Domitius Ænobarbus (122 av. J.-C.).

BIVAR (Rodrigue de). V. Cid (le).

BIZERTE, Hippo Zarytos, v. et port de la régence de Tunis, à 55 k. N. O. de Tunis ; 10 000 hab. Ce port fut jadis un des meilleurs et des plus commerçants de l'Afrique. Bizerte fut longtemps fameuse par ses pirateries.

BIZY, vge et parc. V. vernon.

BLACAS D'AULPS, maison française très-ancienne, ainsi nommée du château d'Aulps en Provence. Dès le xiie siècle, un Blacas, dit le Grand Guerrier, mort en 1235, se distingua parmi les plus vaillants chevaliers de la cour de Raymond Bérenger, comte de Provence. — À cette famille appartient Casimir, duc de Blacas d'Aulps, pair de France, né en 1770 à Aulps (Var), mort en 1839. Il émigra en 1790, s'attacha dans l'exil à la personne du comte de Provence (Louis XVIII), qui le chargea de diverses missions et qui, devenu roi, le nomma en 1814 secrétaire d'État et ministre de sa maison. Il l'accompagna à Gand, fut nommé pair à son retour, puis ambassadeur à Naples, où il négocia le mariage du duc de Berry avec la fille du prince royal ; et à Rome, où il fit signer le concordat de 1817. En 1830, il suivit les Bourbons dans l'exil. Pendant son administration, il avait favorisé Champollion et créé le Musée égyptien du Louvre. M. de Blacas avait formé un riche cabinet d'antiquités que M. Reinaud a décrit en partie sous le titre de Description des monuments musulmans du cabinet du duc de Blacas, 1828. Il était associé à l'Académie des inscriptions.

BLACK (Joseph), chimiste, né en 1728 à Bordeaux, de parents écossais, mort en 1799, enseigna avec distinction la médecine et la chimie à Glasgow, puis à Édimbourg, et enrichit la science d'importantes découvertes. Il soupçonna le premier l'existence de l'acide carbonique, qu'il appelait air fixe, et montra sa présence dans les alcalis, dans la chaux et la magnésie. On lui doit aussi la connaissance de la chaleur latente. Ses Leçons de chimie ont été publiées en 1803, 2 vol. in-8. il était associé de l'Institut.

BLACKBURN. v. d'Angleterre (Lancastre), sur le Derwent, à 37 k. S. E. de Lancastre ; 72 000 h. On n'en comptait que 11 000 en 1800. Grandes fabriques de calicot et autres tissus de coton. C'est à Blackburn que fut inventée en 1697 la Spinning-Jenny, métier à filer.

BLACKMORE (sir Richard), médecin et poëte, né vers 1658, mort en 1729, fut médecin de Guillaume III et de la reine Anne. Il composa plusieurs grands poëmes : le Prince Arthur, en 10 chants ; le Roi Arthur, en 12 chants ; la Création, en 7 chants ; ces poëmes sont fort médiocres. On le compare à notre Chapelain. Whig ardent, il encourut les sarcasmes des tories Swift, Pope et Arbuthnot.

BLACK-RIVER, c.-à-d. rivière-noire, nom commun à plusieurs riv. de l'Amérique septentrionale. La principale, la Big-Black-River, sort des monts Ozark, au S. de Jefferson (Missouri), et tombe dans la White-River (riv. blanche), au N. E. de Little-Rock, après 380 k. de cours.

BLACKSTONE (Will.), jurisconsulte, né à Londres en 1723, mort en 1780, exerça d'abord avec peu de succès la profession d'avocat à Londres ; puis ouvrit à Oxford, en 1753, un cours de droit civil et politique ; ce cours, qui manquait à l'université, fut très-suivi. Blackstone fut quelques années après nommé juge au tribunal des plaids-communs et élu député à la Chambre des communes (1761). Il a publié, sous le titre de Commentaires sur les lois d'Angleterre (4 vol., 1765 et ann. suiv.), les leçons qu'il avait faites à Oxford : cet ouvrage, dans lequel il avait pris Montesquieu pour modèle, l'a placé auprès de ce grand homme. Ses Commentaires ont été trad. par Gomicourt, Bruxelles, 1774, et par Chompré, Paris, 1823. Sam. Warrens en a donné en 1855 une nouv. édit., en indiquant les changements survenus depuis 1765 dans la constitution.

BLACKWELL (Thomas), écrivain écossais, né à Aberdeen en 1701, mort en 1757, était professeur de langue grecque. On a de lui : Lettres sur la Mythologie, 1748, trad. en 1779 ; Mémoires de la cour d'Auguste, 1752-1757, trad. par Feutry, 1781,3 vol. in-12 ; Recherches sur Homère, 1757, trad. par Quatremère de Roissy, Paris, 1799. On trouve dans ses écrits de l'érudition et de l'esprit, mais du désordre.

BLÆSUS (Junius), général romain, parent de Séjan, commandait les trois légions qui se révoltèrent dans la Pannonie au commencement du règne de Tibère (14 de J.-C.), et fit d'inutiles efforts pour arrêter le désordre. Nommé gouverneur d'Afrique, il battit Tacfarinas (22), reçut de ses soldats le titre d’Imperator, et obtint à Rome les honneurs du triomphe, honneurs qui, depuis, ne furent accordés à aucun particulier. Enveloppé dans la disgrâce de Séjan, il se donna la mort.

BLAEUW (Guill.), savant géographe, disciple et ami de Tycho-Brahé, né en 1571, à Alkmaar, mort en 1638, a publié des atlas et des globes d'une exactitude remarquable pour l'époque. On a de lui : Theatrum urbium, Amsterd., 1619 ; et Usage des globes et sphères célestes et terrestres, 1642. Il était à la fois auteur, imprimeur et éditeur de ses cartes. — Son fils, J. Blaeuw, fut son collaborateur et termina un grand atlas commencé par lui sous le titre de Theatrum mundi, 1663-67, 14 vol. in-f°. On a de Jean les Théâtres de Belgique, d’Italie, et du Piémont.

BLAIN, ch.-l. de cant. (Loire-Inf.), à 17 k. N.E. de Savenay, sur l'Isac et le canal de Redon à Nantes ; 1177 h. V. jadis forte, assiégée par le duc de Mercœur en 1589 et 1591, et prise au second siége.

BLAINVILLE (H. M. ducrotay de), zoologiste, né en 1777 à Arques, près de Dieppe, d'une famille noble, mort en 1850, étudiait la peinture quand il sentit naître subitement en lui, à 27 ans, le goût de l'histoire naturelle en assistant par hasard à une leçon de Cuvier : il s'attacha à ce grand naturaliste, qui bientôt le choisit pour son suppléant ; obtint en 1812 la chaire de zoologie à la Faculté des sciences de Paris, fut admis à l'Académie des sciences en 1825, et succéda en 1832 à Cuvier dans sa chaire d'anatomie comparée au Muséum. Comme professeur, il brillait moins par le talent de l'élocution que par la verve, l'abondance et l'originalité des idées. Blainville s'attacha surtout à introduire dans la zoologie une classification : il publia dès 1816 le Prodrome d'une nouvelle distribution du règne animal, distribution qu'il fondait principalement sur la structure comparée du squelette. Outre une foule de Mémoires et d'articles (dans les recueils de l'Académie et autres sociétés savantes et dans le Dictionnaire d'histoire naturelle), on a de lui plusieurs traités capitaux : de l'Organisation des animaux, 1822, resté incomplet ; Cours de physiologie générale et comparée, recueilli par le Dr Hollard, 1829 ; Manuel de Malacologie et de Conchyliologie, 1825 ; Manuel d'Actinologie et de Zoologie, 1834 ; Ostéographie ou Description comparée du squelette des 5 classes d'animaux vertébrés, ouvrage destiné à guider les anatomistes et paléontologistes, et dont la publication, commencée en 1839, a été terminée en 1864, après la mort de l'auteur. MM. Hollard et Maupied ont rédigé ses leçons sur les Principes fondamentaux de la Physiologie et de la Zoologie. Auteur d'idées neuves, mais contestées, Blainville eut à soutenir pour les défendre les luttes les plus vives ; il ne tarda pas à se séparer de Cuvier. Dans l'exposition de ses doctrines, il affectionnait la méthode a priori. M. Flourens a prononcé son Éloge à l'Académie des sciences (1854).

BLAIR (John), savant chronologiste, né en Écosse vers 1720, mort vers 1783, était simple maître d'étude dans une école de Londres, lorsqu'il publia en 1754 ses Tables chronologiques. Cet ouvrage, qui obtint un grand succès, le fit admettre à la Société royale de Londres et à la Société des antiquaires ; il fut en outre nommé chapelain de la princesse de Galles, et maître de mathématiques du duc d'York. Ses Tables chronologiques ont été trad. par Chantreau, Paris, 1795, in-4, et refondues par H. Ellis, Londres, 1852. J. Blair a laissé une Histoire de la géographie, qui a été publiée après sa mort.

BLAIR (Hugh), prédicateur et critique écossais, né en 1718 à Édimbourg, mort en 1800. Après avoir exercé pendant plusieurs années le ministère évangélique et s'être distingué par ses prédications, il fut nommé professeur de belles-lettres à l'Université de St-André, puis à celle d’Édimbourg, chaire qui fut créée pour lui en 1762, et il exerça ses fonctions jusqu'en 1783. On a de lui un recueil de Sermons et un ouvrage intitulé Leçons de littérature ou Cours de belles-lettres. Ses sermons, dirigés vers l'instruction morale plutôt que vers les discussions métaphysiques ou théologiques, opérèrent une révolution dans l'éloquence de la chaire. Dans son Cours de littérature, qui fait encore autorité, il traita en philosophe des principes du beau et des règles de la composition, et se distingua par la justesse et la pureté de son goût. Ses sermons ont été traduits par Frossard, 1784, et par l’abbé de Tressan, 1807 ; son Cours de littérature par Cantwell, 1797 ; par Prévost, Genève, 1808, et par Quénot, 1830. H. Blair fut le fondateur de la Revue d’Édimbourg.

BLAISE (S.), évêque de Sébaste, en Arménie, fut martyrisé sous Licinius, en 316, par l’ordre d’Agricola, gouverneur de Cappadoce. Les bourreaux lui déchirèrent les côtes avec des peignes de fer ; en mémoire de ce fait les cardeurs l’ont pris pour patron. On l’honore le 3 février. Ce saint était très-vénéré dans l’église grecque : on lui attribuait le pouvoir de guérir les maladies des enfants et celles des bestiaux. Il est d’usage dans beaucoup de pays de bénir le pain et le sel le jour de la fête de ce saint : c’est ce qu’on appelle la bénédiction de S. Blaise.

BLAISOIS ou BLÉSOIS, petit pays qui avait Blois pour capitale, faisait partie de l’ancien Orléanais, et était situé entre le Vendomois, la Beauce, l’Orléanais propre, la Sologne, le Berry et la Touraine. Auj. compris dans le dép. de Loir-et-Cher.

BLAKE (Robert), amiral anglais, né à Bridgewater en 1599, mort en 1658. Dans la guerre civile, il prit parti contre Charles I. Néanmoins il désapprouvait la condamnation du roi : Cromwell, pour l’éloigner, le chargea du commandement d’une escadre, quoiqu’il ne connût pas la mer ; il n’en obtint pas moins d’éclatants succès : il poursuivit jusque sur les côtes du Portugal la flotte royale, que commandaient les princes Rupert et Maurice ; fit des prises importantes ; brûla presque tous les vaisseau du prince Rupert à Carthagène et à Malaga ; réduisit les îles de Scilly et de Guernesey ; résista en 1652 aux forces supérieures de Tromp et de Ruyter, dans la rade de Douvres et près des sables de Godwin, et les chassa de Portland en 1653. Envoyé par Cromwell, en 1654, dans la Méditerranée pour protéger le commerce anglais, il força les États de Tripoli, de Tunis, d’Alger à demander la paix. Dans une guerre avec l’Espagne (1656), il bloqua Cadix, s’empara, avec l’amiral Montague, de deux flottes espagnoles chargées de trésors, et les conduisit triomphant en Angleterre ; mais il mourut en arrivant à Piymouth.

BLAMONT, ch.-l. de cant. (Doubs), sur le Glou, à 14 k. S. E. de Montbéliard ; 601 h. Château fort. Église consistoriale protestante. — Ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle, sur la Vézouse, à 30 k. de Lunéville, 2381 h. Patrie de Régnier, duc de Massa. Blamont appartenait jadis aux princes de Salm-Salm.

BLANC (Cap-) On nomme ainsi trois caps d’Afrique : le 1er sur la côte N., dans l’État de Tunis, par 7° 28′ long. E., 37° 20′ lat. N. ; les 2e et 3e sur la côte O., l’un par 11° long. O., 33° 10′ lat. N., dans l’empire de Maroc ; l’autre par 19° 21′ long. O., 20° 54′ lat. N., sur la côte du Sahara. Le 1er était connu des Romains sous le nom de Candidum promontorium. Le 3e fut découvert par les Portugais en 1441.

BLANC (Le), Oblincum, ch.-l. d’arr. (Indre), sur la Creuse, a 59 k. S. O. de Châteauroux ; 4455 h. Beaucoup de forges aux environs. La route du Blanc à St-Savin s’appelle levée de César.

BLANCHARD (Jacques), peintre, né à Paris en 1600, mort dès 1638, prit pour modèles le Titien, le Tintoret et Paul Véronèse, dont il avait étudié les ouvrages en Italie, et devint ainsi excellent coloriste. Il exécuta un plafond à Versailles et une galerie à l’hôtel Bullion. Ses chefs-d’œuvre sont : la Descente du St-Esprit et S. André à genoux devant sa croix (pour Notre-Dame de Paris). On l’a surnommé le Titien français.

BLANCHARD (l’abbé), né en 1731 à Vouziers (Ardennes), mort en 1797, était entré dans l’ordre des Jésuites. Après la suppression de l’ordre, il se retira en Belgique et y publia des livres destinés à l’éducation, qui eurent longtemps une grande vogue. Le plus connu est l’École des mœurs, qui parut d’abord sous le titre de Le Poëte des mœurs, Namur, 1772.

BLANCHARD (François), aéronaute, né en 1753 aux Andelys, mort en 1809, essaya de diriger les ballons et réussit à traverser la Manche de Douvres à Calais (1785). On lui doit l’invention des parachutes. — Sa femme suivit la même carrière : après 67 ascensions heureuses, elle périt en 1819, au jardin de Tivoli, son ballon, d’où elle lançait des artifices, ayant pris feu dans les airs.

BLANCHE (Mer), vaste golfe de l’Océan Glacial arctique, sur la côte septent. de la Russie d’Europe, s’étend de 32° à 40° long. E. Elle reçoit la Dvrina et l’Oneg au S., la Kandela à l’O., la Mezen à l’E. Elle est gelée 8 mois de l’année, d’octobre à juin. Son principal port est Arkhangel. Elle communique avec la mer Noire par des canaux qui l’unissent au Dnieper, et avec la mer Caspienne par le Volga.

BLANCHE (Rivière), White-River, nom de 2 riv. de l’Amérique sept. L’une tombe dans le Missouri, par 43° lat. N., entre la Chayenne et la Rapide. L’autre, beaucoup plus au S., forme 2 bras : le bras orient. se joint au Mississipi, le bras occid. à l’Arkansas.

BLANCHE. Ce nom a été porté par plusieurs princesses des maisons de Castille et de Navarre.

BLANCHE DE CASTILLE, reine de France, fille d’Alphonse IX, roi de Castille. Elle épousa Louis VIII, fut mère de S. Louis, et l’éleva dans les sentiments de piété qui en ont fait un saint. Elle fut régente du royaume de 1226 à 1236, pendant la minorité de son fils, et, plus tard, pendant les expéditions de ce monarque en Terre-Sainte et en Égypte. Elle sut triompher des ligues formées contre elle et contre l’état par les grands vassaux ; gouverna avec la plus grande sagesse, et mit fin à la guerre des Albigeois. Retirée à Melun vers la fin de sa carrière, elle y mourut en 1252, à 65 ans. Blanche était aussi célèbre par sa beauté que par sa sagesse. Elle inspira, dit-on, une vive passion à Thibaut, comte de Champagne, qui la seconda dans sa politique et la chanta dans ses vers.

On connaît encore Blanche de Bourgogne, fille d’Othon IV, comte de Bourgogne, qui épousa en 1308 Charles, alors comte de La Marche, roi depuis sous le nom de Charles le Bel : cette princesse, partagea les désordres de Marguerite de Bourgogne, sa belle-sœur (V. ce nom), fût enfermée en 1314 au Château-Gaillard d’Andely, pour adultère, puis transférée à l’abbaye de Maubuisson, où elle mourut en 1326 ; — et Blanche de Navarre, qui était fille de Charles III, roi de Navarre, et qui régna après lui (1425-1441) : devenue reine, elle épousa Jean d’Aragon, fils de Ferdinand I, et l’associa au trône ; mais elle nomma pour héritier de la couronne de Navarre son fils don Carlos, de préférence à son époux : ce qui amena de vifs démêlés entre le père et le fils.

BLANCHET (Pierre), vieux poëte satirique, né à Poitiers en 1459, mort en 1519, fut d’abord avocat et embrassa l’état ecclésiastique à 40 ans. On lui attribue, mais à tort, la farce de l’Avocat Patelin, qui est plus ancienne que lui.

BLANCHET (l’abbé Franç.), né en 1707 à Angerville près de Chartres, mort en 1784, se livra d’abord avec succès à l’éducation et à la prédication, puis fut attaché à la Bibliothèque du Roi à Versailles. On a de lui : Variétés morales et amusantes, 1784 ; Apologues et Contes, 1785 (publiés de nouveau en 1840, avec ceux de Caylus). Blanchet excellait dans l’art de narrer : on trouve dans ses contes, avec un style agréable, de l’instruction et de l’esprit.

BLANCMESNIL, magistrat. V. POTIER.

BLANCS (les), épithète sous laquelle on désigna pendant la Révolution française les partisans de la royauté, qui avaient pour emblème le drapeau blanc. On opposait les Blancs aux Bleus.

BLANCS et NOIRS, factions rivales qui se formèrent en Italie au sein du parti guelfe à la fin du XIIIe s. et qui ensanglantèrent Florence pendant les cinq premières années du XIVe. Les noirs étaient le parti de la noblesse et les blancs celui des riches bourgeois. Persécutés par les noirs, les blancs se rapprochèrent des Gibelins et ils finirent par se confondre avec eux. Dante fut exilé comme blanc en 1302. BLANCS-MANTEAUX, nom qu'on donna aux Servites, puis aux Guillemites, à cause du manteau blanc qu'ils portaient. Une rue de Paris a retenu leur nom.

BLANDRATA (George), né dans le marquisat de Saluces vers 1520, fut poursuivi par l'inquisition de Pavie pour avoir embrassé les doctrines d'Arius et de Socin, chercha un asile à Genève, mais y fut persécuté par Calvin ; se sauva en Pologne, où il devint médecin du roi Étienne Bathori, 1558, puis en Transylvanie, où il réussit à établir les doctrines unitaires. Il fut étouffé dans son lit par un neveu qui convoitait son héritage, vers 1590.

BLANDUSIE, Blandusiæ, source du pays des Sabins, au N. de Tibur, et près de la maison de campagne d'Horace, qui la chante dans ses Odes (III, 13).

BLANGY, ch.-l. de cant. (Calvados), à 8 k. S. E. de Pont-l'Évêque ; 272 h. — Ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), sur la Bresle, à 28 k. N. E. de Neufchâtel ; 1328 n. Papeteries, filatures, toiles à voiles, savon.

BLANKENBOURG, v. du duché de Brunswick, au pied du mont Blankenstein, à 55 kil. S. E. de Brunswick ; 4000 h. Ch.-l. d'une principauté qui dépend du duc de Brunswick et qui compte 11 000 hab.

BLANQUEFORT, ch.-l. de cant. (Gironde), à 9 k. N. O. de Bordeaux ; 2037 h. Vins rouges et blancs. Anc. seigneurie, qui comprenait une partie du Médoc.

BLANQUET DU CHAYLA (Armand), vice-amiral, né en 1759 à Marvéjols (Lozère), mort en 1826 ; se distingua dans la guerre d'Amérique, commanda une division de la flotte française, dans l'expédition d’Égypte, et montra un courage héroïque à la bataille d'Aboukir ; mais, ayant vu sa conduite en cette journée mal appréciée, il se retira du service (1803); il reçut de Louis XVIII le titre de comte.

BLANQUI (J. Adolphe), économiste, né en 1798 à Nice, mort en 1854, était fils d'un conventionnel. Il s'attacha de bonne heure à J. B. Say, auquel il succéda dans sa chaire d'économ. polit. (1830), et fut un des rédacteurs du Journal du Commerce, du Courrier français, du Siècle, etc., directeur de l'École du Commerce (1830), membre de l'Académie des sciences morales (1838), député de la Gironde (1848). Ses principaux ouvrages sont : Résumé de l'histoire du commerce et de l'industrie (1826), Précis élémentaire d'économie politique (1826), Histoire de l'économie politique en Europe (1838), Les classes ouvrières en France (1848), Rapport sur l'exposition de Londres (1851). Il admettait les principes de Say sur la liberté du commerce, mais il se séparait de son maître sur d'autres points et professait un sage électisme. — Son frère, Auguste Blanqui, né en 1805, s'est fait un nom fâcheux par ses doctrines démagogiques en 1830 et en 1848.

BLANZAC, ch.-l. de cant. (Charente), sur le Nay, à 19 k. S. O. d'Angoulême ; 671 h. Vins rouges.

BLANZY, bourg de Saône-et-Loire, à 30 k. S. S. E. d'Autun ; 4558 h. Riche mine de houille exploitée. — Hameau du dép. de l'Aisne, à 5 k. de Soissons. Antiquités : une belle mosaïque y fut trouvée en 1858.

BLAQUIE-ET-BOUGRIE, nom que donne Geoffroi de Villehardouin au roy. valaque-bulgare.

BLAUBEUREN, Aræ Flaviæ, v. du Wurtemberg, sur le Blau, à 15 k. O. d'Ulm ; 2000 b. Jadis château fort (rasé en 1806). Victoire des Français sur les Autrichiens en 1800.

BLAVET, Blabia, riv. de France, naît dans le dép. des Côtes-du-Nord, à l'O. S. O. de Bourbriac, passe à Hennebon, où elle est navigable, et tombe dans la rade de Lorient, à Port-Louis, après un cours de 120 k. Canalisée entre Hennebon et Pontivy.

BLAYE, Blavia, ch.-l. d'arr. (Gironde), sur la riv. dr. de la Gironde, à 50 kil. N. de Bordeaux ; 3389 hab. Tribunal, collége, école d'hydrographie. Place de guerre, citadelle très-forte, construite par Vauban (1652-8). De l'autre côté de la Gironde est le fort Médoc, et entre les deux, au milieu du fleuve, le Pâté de Blaye. Petit port, chantier de construction. Vins, esprits, huiles, etc. — Blaye était une station militaire dès le temps des Romains. La duchesse de Berry y fut détenue en 1832.

BLAYMARD (le), ch.-l. de cant. (Lozère), à 18 k. E. de Mende ; 500 hab. Fabriques de serge.

BLEKINGE, prov. mérid. de la Suède, bornée par la Scanie à l'O. et la mer Baltique au S., a pour chef-lieu Carlscrona et compte 99 000 hab. Ce pays a jusqu'en 1658 appartenu au Danemark.

BLEMMYES, peuplade qui au IIIe siècle de J.-C. habitait au S. O. de l’Égypte, soutint le tyran Firmus, puis s'empara de Ptolémaïs et de Coptos au temps de Probus. On finit par les réduire. Suivant les récits populaires, ils étaient sans tête, sans cou, et avaient les yeux et la bouche sur la poitrine.

BLÉNEAU, ch.-l. de cant. (Yonne), sur le Loing, arrond. et à 60 kil. S. O. de Joigny à 47 kil. O. d'Auxerre ; 1168 hab. En 1652, Condé, à la tête des Espagnols, y battit l'armée royale; il y fut défait lui-même peu après par Turenne.

BLENHEIM, vge de Bavière (H.-Danube), sur le Danube, à 40 kil. N. O. d'Augsbourg ; 2200 hab. Les Français et les Bavarois y furent défaits en 1704 par les Impériaux et les Anglais ; cette bataille est plus connue en France sous le nom d'Hochstædt, nom d'un bourg voisin. Le général anglais Marlborough, qui la gagna, reçut on récompense, par un vote du parlement anglais, un superbe château qu'on nomma Blenheim (aux environs de Woodstock).

BLÉRANCOURT, bourg du dép. de l'Aisne, à 42 kil. O. de Laon ; 900 hab. Patrie de Le Cat.

BLÉRÉ, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), sur la r. g. du Cher, à 27 kil. E. S. E. de Tours ; 1875 h. Vin rouge.

BLESLE, ch.-l. de cant. (Hte-Loire), à 17 kil. O de Brioude ; 1108 hab.

BLESME, vge du dép. de la Marne, à 13 kil. E. de Vitry, sur le chemin de fer de l'Est ; 300 hab. Tête de ligne d'un chemin se dirigeant sur Langres.

BLÉSOIS. V. BLAISOIS.

BLESSINGTON (lady), célèbre Irlandaise, née en 1789, morte à Paris en 1849, tint longtemps à Londres le sceptre de la mode. Elle publia en 1822 des Esquisses de voyage en Belgique ; en 1833, les Conversations de Byron, livre ou l'on trouve d'intéressantes révélations sur ce poëte, et donna ensuite plusieurs romans de mœurs où elle attaquait ouvertement la pruderie anglaise : Confessions d'une dame sur le retour, les Victimes de la société, la Loterie de la vie, Pensées décousues. Sa résidence de Gorehouse, à Kensington, était le rendez-vous des étrangers de distinction, mais elle était peu fréquentée par les dames anglaises. Comme écrivain, lady Blessington brillait par la finesse, la grâce et le bon goût.

BLÉSUS. V. BLÆSUS.

BLETTERANS, ch.-l. de c. (Jura), sur la Seille, à 13 kil. N. O. de Lons-le-Saulnier; 1039 hab.

BLEU (fl.).V. BAHR-EL-AZREK et YANG-TSÉ-KIANG.

BLEUES (mont.), chaîne orient. des monts Alleghanys, s'étend de la Géorgie à la pointe S. E. de l'État de New-York, puis forme au N. le petit groupe dit Catts-Hill, et les montagnes Vertes.

BLEUS (les) et les VERTS, en latin Veneti et Prasini. A Byzance, les compagnies de cochers qui se disputaient le prix dans le cirque, et qui se distinguaient par leurs couleurs, avaient partagé la ville en deux factions : les Bleus et les Verts. Justinien s'étant déclaré pour les Bleus, ces divisions prirent bientôt un caractère politique. En 532, les Verts, profitant du mécontentement du peuple, qu'avaient irrité les exactions de Jean, préfet du prétoire, et du questeur Tribonius, se révoltèrent, proclamèrent empereur dans le cirque le prince Hypatius, et assiégèrent Justinien dans son palais. L'empereur eût péri sans le courage de Bélisaire et de Mundus, gouverneur d'Illyrie, qui repoussèrent les rebelles. Plus de 30 000 personnes trouvèrent la mort dans cette sédition ; Hypatius fut pris et décapité, et son corps jeté dans le Bosphore. Cette sédition est connue sous le nom de Nika (triomphe !), du cri de ralliement qu'avaient adopté les insurgés.

BLEUS (les). Dans les guerres de la Vendée, pendant la Révolution française, le nom de Bleus fut donné aux soldats de l'armée républicaine par les royalistes, à cause de la couleur de leur uniforme.

BLIDAH, v. d'Algérie, au pied du petit Atlas, à 50 kil. S. O. d'Alger et à l'entrée de la plaine de la Métidjah : env. 15 000 hab. Excellentes oranges. Prise en 1830 et occupée en 1838.

BLIGNY, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or), sur l'Ouche, à 15 kil. N. O. de Beaune; 1181 hab. Toiles.

[[w:Bilichilde (femme de Childéric II)|BLITILDE]], reine de France, femme de Childéric II, fut massacrée, ainsi que son époux et l'aîné de ses fils, par un parti de mécontents, en 673.

BLOCH (Marc Éliézer), naturaliste, né à Anspach en 1723, mort en 1799 à Carlsbad, était israélite. Il exerça la médecine à Berlin et fut membre de la société des Curieux de la Nature. On a de lui une Histoire naturelle des poissons, avec 432 planches, en allemand, Berlin, 1781-85, trad. par M. Lavaux, en 12 vol. in-fol., avec 216 planches : c'est un des ouvrages fondamentaux pour cette partie de la science.

BLOCUS CONTINENTAL. V. l'article BLOCUS au Dict. universel des Sciences, des Lettres et des Arts.

BLOEMAERT, famille de peintres et de graveurs flamands qui produisit dans le XVIe et le XVIIe siècle plusieurs artistes distingués. Les plus connus sont Abraham Blœmaert, 1565-1647, qui réussissait dans le paysage et brillait par le coloris ; et son fils, Corneille Blœmaert, né à Utrecht en 1603, mort à Rome en 1680. Ce dernier vint à Paris en 1630, y fit les gravures du Temple des Muses, de Marolles, puis alla à Rome. Son burin se distingue par la diversité des tons et la douceur des transitions. Il est le chef de l'école qui a produit les Natalis et les Rousselet. Ses meilleurs morceaux sont une Sainte Famille, d'après A. Carrache; une Adoration des bergers, d'après le Cortone; Méléagre, d'après Rubens, etc.

BLOIS, Blesæ, ch.-l. du dép. de Loir-et-Cher, sur la r. dr. de la Loire, à 176 kil. S. S. O. de Paris ; 20 331 hab. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce, cour d'assises; collége, séminaire; sociétés savantes, bibliothèque publique; dépôt d'étalons. Station de chemin de fer. Anc. château royal, récemment restauré, et dont une partie sert de caserne; palais épiscopal, hôtel de préfecture, église gothique de St-Nicolas, beau pont, aqueduc romain. Gants, faïence ; vins, eaux-de-vie, vinaigre; céréales. Patrie de D. Papin. — Avant Grégoire de Tours, Blois était déjà un lieu considérable. Ses comtes étaient issus de la famille de Hugues Capet. Thibaut, comte de Chartres, s'en empara sous le règne de Charles le Simple; ses successeurs conservèrent ce comté jusqu'à Guy II, qui, en 1391, vendit ses domaines au duc d'Orléans (Louis XII); ce dernier, en montant sur le trône, le réunit à la couronne. Blois devint alors le séjour favori des Valois : François I, Charles IX, Henri III, y résidèrent. Louis XII y publia, en 1499, une ordonnance sur la manière de rendre la justice. Durant les guerres religieuses, Blois fut deux fois le siége des États généraux, en 1576 et en 1588 (V. ÉTATS GÉNÉRAUX). Le duc H. de Guise y fut assassiné en 1588. Marie de Médicis y fut détenue en 1619. En 1814, l'Impératrice Marie-Louise se retira à Blois ; c'est de là que sont datés ses derniers actes.

V. CHARLES DE BLOIS, CHAMPAGNE, CHATILLON.

BLONDEL, célèbre trouvère du XIIe siècle, natif de Nesle en Picardie, s'attacha à Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, devint son confident et le suivit dans toutes ses expéditions. On cite Blondel comme un modèle de fidélité : on raconte qu'après de longues recherches, il découvrit la prison où Léopold I, duc d'Autriche, avait renfermé le roi anglais, et que ce fut en chantant une romance qu'il avait composée avec ce prince qu'il s'en fit reconnaître. Cette anecdote a fourni à Sedaine le sujet de son charmant opéra de Richard. Malheureusement, rien n'est moins authentique. Prosper Tarbé a publié en 1862, d'après les manuscrits, 34 chansons de Blondel.

BLONDEL (François), architecte, né en 1617 à Ribemont en Picardie, mort en 1686, a élevé la porte St-Denis, à Paris, ainsi que les portes St-Antoine et St-Bernard, auj. détruites, et a rédigé un Cours d'architecture fort estimé, 1698. 2 vol. in-fol. Louis XIV encouragea ses talents, lui confia plusieurs missions importantes et le nomma professeur, puis directeur de l'École d'architecture, et professeur de mathématiques du Dauphin. — Son neveu, Jacq. Fr. Blondel (1705-1774), a aussi écrit sur l'architecture. On estime encore son Architecture française, 1772, et son Architecture civile, 1773.

BLONDEL (Marie Joseph), peintre d'histoire, élève de Regnault, né à Paris en 1781, mort en 1853, obtint en 1803 le grand prix de Rome, fut admis en 1832 à l'Institut et nommé peu après professeur à l’École des beaux-arts. Ce maître, éminemment classique par le choix des sujets comme par sa manière, a donné, entre autres œuvres estimées : la Chute d'Icare, Énée sauvant son père, Zénobie mourant sur les bords de l'Araxe, l’Évanouissement d'Hécube après l'enlèvement de sa fille Polyxène, Sapho rappelée à la vie par le charme de la mélodie, Élisabeth de Hongrie déposant la couronne aux pieds de l'image du Christ, la Reddition de Ptolémaïs (au musée de Versailles), Philippe-Auguste à Bouvines (au Palais-Royal), Philippe le Long recevant la couronne, Louis XII proclamé père du Peuple, les Derniers moments de Louis XII. Il a en outre décoré de peintures la salle des séances du Sénat, plusieurs plafonds du Louvre, la Bourse de Paris, le musée de Versailles, ainsi que la grande galerie de Fontainebleau.

BLOOMFIELD (Robert), poëte anglais, né dans le comté de Suffolk en 1766, mort en 1823, était fils d'un tailleur, et exerça longtemps lui-même à Londres le métier de cordonnier. Au milieu des travaux de son état, il trouvait le temps de se livrer à la poésie, et il composa vers 1798 un poëme qui eut beaucoup de succès, le Garçon de ferme, dans lequel il décrit les travaux de la campagne (il a été trad. par Allard, 1800). On a en outre de lui un recueil de contes, ballades et chansons champêtres, 1802,

BLOUET (G. Abel), architecte, membre de l'Institut, né en 1795 à Passy, mort en 1853, remporta en 1821 le grand prix de Rome, fut adjoint à l'expédition scientifique de Morée, découvrit l'emplacement du temple de Jupiter olympien (1829), termina l'Arc de Triomphe de l'Étoile (1836), donna les plans d'un grand nombre de pénitenciers, devint en 1846 professeur à l'École des beaux-arts, et en 1848 architecte du palais de Fontainebleau. On lui doit une édition revisée et complétée de l’Art de bâtir de Rondelet (1847). Il fonda un prix de 1000 fr. pour l'élève qui aurait obtenu la grande médaille.

BLOUNT (Charles), déiste anglais, né en 1654, mort en 1693, excita de grands scandales par l'impiété de ses écrits. Les principaux sont: Anima mundi ou Exposé des opinions des anciens sur l'âme humaine après la mort, 1679; Vie d'Apollonius de Tyane, trad. de Philostrate, avec des notes, 1680 (trad. par J. de Castillon) ; Origine de l'idolâtrie, 1680 ; Religio laïci, 1683; les Oracles de la Raison, 1693, posthume; Manuel des Déistes, 1705. Devenu veuf, il rechercha la sœur de sa femme, et se tua de désespoir parce qu'il ne pouvait obtenir sa main.

BLUCHER (Gebhard LEBRECHT de), prince de Wahlstadt, général des armées prussiennes, né en 1742 à Rostock dans le Mecklenbourg, mort en 1819, entra en 1760 au service de la Prusse, prit part aux guerres de la Révolution et des premiers temps de l'Empire, éprouva plusieurs échecs, fut même fait prisonnier à Lubeck (1806), n'en fut pas moins chargé en 1813 du commandement des armées prussiennes, se battit courageusement à Lutzen et à Bautzen, remporta sur Macdonald et Sébastiani une victoire à la Katzbach (26 août 1813), contribua à telle de Leipsick, entra un des premiers en France, gagna à La Rothière et à Laon deux batailles qui influèrent puissamment sur le sort de la campagne, et fut en récompense fait prince de Wahlstadt et maréchal. En 1815, il se fit battre à Ligny, mais il décida le gain de la bataille de Waterloo par son arrivée inopinée. Ennemi implacable des Français, Blucher leur fit tout le mal qu'il put : pendant son séjour à Paris, il avait donné l'ordre de faire sauter le pont d'Iéna. Excellent officier de cavalerie, ce général brillait surtout par la rapidité de ses mouvements. Des statues lui ont été élevées à Berlin et à Rostock.

BLUMENBACH (Jean Frédéric), célèbre naturaliste, né à Gotha en 1752, mort en 1840, fut reçu médecin à 21 ans, enseigna de bonne heure les sciences naturelles à Gœttingue et devint bientôt un des savants les plus distingués de l'Allemagne. Il s'est spécialement occupé de l'histoire physique de l'homme, et a publié sur ce sujet : De generis humani varietate nativa, Gœttingue, 1775 et 1794; Decades VIII craniorum diversarum gentium, 1790-1808. Il partage le genre humain, d'après la conformation du crâne, en cinq races distinctes : la caucasienne, la mongole, la nègre, l'américaine et la malaise. On a de lui un Manuel d'histoire naturelle, très-estimé (trad. en français par S. Artaud, Metz, 1803). Il a laissé aussi de nombreux travaux sur l'anatomie comparée : Specimen physiologiæ comparatæ inter animantia calidi ac frigidi sanguinis, vivipara et ovipara, 1787 et 1789, Manuel d'anatomie comparée, 1805 et 1815; et sur la médecine : Introductio ad historiam medicinæ litterariam, 1786; Institutiones physiologicæ et pathologicæ, 1787 et 1798; Bibliothèque médicale, 1793-1795. La gloire de Blumenbach est d'avoir, avant Cuvier, assis l'histoire naturelle sur une base scientifique, l'anatomie comparée. Ce savant était associé de l'Institut : M. Flourens y a prononcé son Éloge en 1847.

BOABDIL ou ABOU-ABDALLAH, dernier roi maure de Grenade, fils de Mulei-Hassem, se révolta contre son père en 1481, et chassa de sa capitale ce malheureux prince, qui en mourut de douleur. Peu après il fut vaincu par les troupes réunies de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille, et fait prisonnier; il n'obtint la liberté qu'en se reconnaissant vassal du vainqueur. La division s'étant mise entre ses sujets par suite de ce traité honteux, Ferdinand profita de cet état de troubles pour assiéger Grenade, et s'en empara bientôt (1492). Boabdil pleura comme une femme en perdant un trône qu'il n'avait pas su défendre. Il passa en Afrique et fut tué en combattant pour le roi de Fez contre celui de Maroc.

BOADICÉE, reine des Icènes, peuple puissant de la Grande-Bretagne, se révolta contre les Romains qui avaient envahi ses États, leur tua près de 80 000 hommes, et s'empara de Camalodunum (Colchester), une de leurs colonies. Vaincue à son tour par le gouverneur Suétonius, elle s'empoisonna, l'an 61 de J.-C.

BOAISTUAU (Pierre), dit LAUNAY, compilateur, né à Nantes vers 1500, mort à Paris en 1566, a publié plusieurs ouvrages qui eurent de son temps une grande vogue : Le Théâtre du monde, discours sur les misères et l'excellence de l'homme, écrit d'abord en latin; les Amants fortunés; Histoires prodigieuses, extraites de divers auteurs; Histoires tragiques, traduites de Bandello. Ces deux derniers ouvrages ont été continués et augmentés par Belleforest. La Fontaine a emprunté aux Histoires prodigieuses le sujet du paysan du Danube; Shakspeare a tiré des Histoires tragiques plusieurs des sujets de ses tragédies entre autres Roméo et Hamlet.

BOA-VISTA (île), c.-à-dire Bonne Vue, la plus orientale des îles du Cap-Vert. Elle a 80 kil. de tour et compte 8000 hab. Coton, indigo Elle fut vue la première lors de la découverte de l'Archipel, en 1450.

BOBBIO, Bobium, v. du roy. d'Italie sur la Trebbia à 60 kil. N. O. de Gênes; 4000 hab. Ch.-l. d'intendance; évêché — Bobbio doit son origine à un célèbre monastère qui y fut fondé en 612 par S. Colomban. Cette v. fut cédée par l'Autriche au roi de Sardaigne en 1743.

BOCAGE (le), nom donné vulgairement à deux petits pays de l'anc. France, à cause des bois et taillis qui les couvrent : 1° Pays de l'anc. Poitou, qui avait pour v. principales Clisson, Maulevrier, Les Herbiers, Tiffauges. Ce pays, qui est sur les limites des dép. de la Vendée, de la Loire-Inf., de Maine-et-Loire, est célèbre par la part que ses habitants prirent aux guerres de la Vendée. Les taillis qui protégeaient les Chouans ont disparu et tout le pays est auj. sillonné de routes stratégiques. — 2° Pays de l'anc. Normandie, qui fait auj. partie des dép. de la Manche, de l'Orne, du Calvados, avait pour v. principales Vire, Tinchebray, Thorigny, Condé-sur-Noireau. On y fait du linge ouvré dit bocage, du nom du pays.

V. BOCCAGE et BARBIÉ du BOCAGE.

BOCCACE (Jean), Giovanni Boccaccio, célèbre auteur italien, fils d'un marchand de Florence, né en 1313, à Paris ou, selon d'autres, à Certaldo, près de Florence, d'une union illégitime, mort en 1375. Son père le destinait au commerce et le plaça pour l'y former dans différentes maisons de Florence, de Paris et de Naples; mais il n'avait de goût que pour les lettres, et dès qu'il fut libre, il s'y livra exclusivement. Pendant son séjour à Naples, il devint l'amant d'une fille naturelle du roi Robert, nommée Marie, qu'il désigne dans ses écrits sous le nom de Fiammetta, et fut admis auprès de la reine Jeanne; c'est, dit-on, pour complaire à ces deux princesses qu'il composa le Décaméron (les Dix jours), recueil de cent nouvelles, ouvrage qui l'a placé à la tête des prosateurs italiens et qui a contribué à fixer la langue. Ces nouvelles offrent un vif intérêt et sont pleines de gaieté; malheureusement, la décence y est trop souvent offensée. Après la mort de son père, Boccace se fixa à Florence, où il se lia étroitement avec Pétrarque, et il obtint auprès de ses concitoyens une telle considération qu'il fut chargé de plusieurs missions importantes. Boccace, qui n'est aujourd'hui connu que comme un conteur admirable, était en même temps un érudit. On lui doit de savants traités : De genealogia Deorum; De montium, sylcarum, etc., nominibus; De casibus virorum et mulierum illustrium; De claris mulieribus, etc. Il s'exerça aussi dans la poésie; mais quand il eut lu Pétrarque, il jeta au feu la plus grande partie de ce qu'il avait fait; cependant il reste de lui quelques poëmes (la Théséide, il Filostrato, la Vision amoureuse). Boccace avait une grande admiration pour Homère; il fut, dit-on, le premier qui fit venir de Grèce en Italie des copies de l’Iliade et de l’Odyssée; en outre, il fit copier à grands frais nombre de manuscrits grecs et latins. Il était aussi très-passionné pour le Dante : il écrivit la Vie de ce poëte, et il avait entrepris un commentaire de la Divine Comédie, que la mort l'empêcha d'achever. On a donné des principaux ouvrages de Boccace et surtout du Décaméron une foule d'éditions; la plus complète est celle de Florence, 18 vol. in-8, 1827 et années suivantes. Le Décaméron a été fréquemment traduit en français : une des traductions les plus estimées est celle d'Antoine Le Maçon, dédiée à la reine de Navarre, Marguerite de Valois, Paris, 1545. On doit des traductions plus récentes à Sabatier de Castres, 1779, et au célèbre Mirabeau, 1802 (posthume). La Fontaine a imité quelques contes de Boccace; il est à regretter qu'il ait choisi les plus licencieux et qu'il ait encore ajouté à la licence de l'original.

BOCCAGE (Mme du), femme poëte, née à Rouen en 1710, morte à Paris en 1802, avait épousé un receveur de Dieppe qui la laissa veuve encore jeune; elle vint alors se fixer à Paris, où elle se fit remarquer à la fois par ses talents et par les agréments de sa personne. Elle a composé plusieurs poëmes: le Paradis perdu, en 6 chants, faible imitation de Milton; la Mort d'Abel, imitée de Gessner; la Colombiade, en 10 chants, le meilleur de ses ouvrages. On a aussi d’elle une tragédie, les Amazones, quelques romans et des Lettres intéressantes. Mme du Boccage excita de son temps un grand enthousiasme ; Fontenelle et Voltaire furent au nombre de ses prôneurs.

BOCCAGE (Manoel-Barbosa du), poëte portugais, originaire de France, né en 1771 à Sétuval, mort à Lisbonne en 1806, eut un talent extraordinaire pour l’improvisation. Il s’exerça dans des genres divers : odes, sonnets, cantates, idylles, élégies, épigrammes, tragédies, et traduisit plusieurs poëmes français en vogue de son temps, ceux de Delille, Rosset, Castel, Mme du Boccage. Il avait aussi un grand penchant pour la satire et s’attira par là plusieurs mésaventures. On a recueilli une partie de ses ouvrages à Lisbonne, en 6 vol. in-12, 1798-1805.

BOCCALINI (Trajan), auteur satirique italien, né en 1556 à Lorette, mort en 1613, fut pendant quelque temps chargé d’un gouvernement dans les États de l’Église ; mais se fit tant d’ennemis qu’il fut obligé de se démettre de ses fonctions ; il se retira à Rome, puis à Venise, où il mourut. Son principal ouvrage est Ragguagli di Parnasso ou Nouvelles du Parnasse, 1612 (trad. par Fougasse, Paris, 1615) : il y attaque les princes, les guerriers et les auteurs contemporains. On a encore de lui la Pierre de touche politique, 1615, où il attaque l’Espagne, et des Commentaires sur Tacite.

BOCCANERA (Guillaume), d’une famille illustre de Gênes. Bien que patricien il se fit le chef du parti démocratique, aida le peuple à secouer le joug de la noblesse, en 1257, et fut mis à la tête du gouvernement. Son orgueil l’ayant ensuite rendu odieux aux Génois, il fut déposé, en 1202. — Son petit-fils, Simon Boccanera, fut le 1er doge de Gênes. Il fut élu en 1339, en remplacement des tribuns du peuple (Abbati). Il eut à combattre les Doria, les Spinola, les Grimaldi et les Fieschi, chefs du parti guelfe, fut assiégé par eux dans Gênes et forcé de se démettre du pouvoir, 1347 ; il se retira à Pise, d’où il revint bientôt pour armer son parti, et réussit en 1356 à rétablir sa puissance. Il mourut empoisonné, en 1362. Sous son administration, les Génois firent la conquête de l’île de Chio, et défirent les Tartares qui avaient mis le siége devant Caffa. — Gilles Boccanera, frère du préc., fut envoyé par lui, en 1340, au secours d’Alphonse XI, roi de Castille, contre les Maures. Il l’aida à gagner plusieurs batailles, contribua à la prise d’Algésiras et rendit de si grands services qu’Alphonse le fit amiral de Castille et lui donna le comté de Palma. En 1372, il vainquit, pour la France, les Anglais près de La Rochelle. — Baptiste Boccanera, fils de Simon, chercha à soulever les Génois, ses compatriotes, contre les Français, et fut décapité par ordre de Boucicaut, 1401.

BOCCHERINI (Louis), célèbre compositeur, né à Lucques en 1740, mort à Paris en 1806, excella dans les symphonies et fut le précurseur de Haydn. Le roi d’Espagne l’attira auprès de lui et le fixa à Madrid. Ses compositions ont un caractère tellement religieux que l’on a dit que si Dieu voulait entendre de la musique, il choisirait celle de Boccherini. On admire surtout son Stabat à 3 voix.

BOCCHETTA (la), défilé de l’Apennin septentrional, est la clef de la route qui conduit de Novi à Gênes : il est à 22 kil. de chacune. Vue magnifique. Redoutes élevées par les Impériaux en 1746. Les Français franchirent ce défilé en 1796.

BOCCHORIS, roi d’Égypte, fut le législateur de son pays, favorisa le commerce, et laissa une grande réputation de justice. Cependant, le peuple superstitieux l’accusa d’avoir insulté le taureau sacré, et engagea Sabacon, roi d’Éthiopie, à venger cette impiété ; celui-ci vint combattre Bocchoris, qui fut fait prisonnier et aussitôt livré aux flammes (771-765). Quelques-uns voient dans Bocchoris le Pharaon qui permit aux Israélites de quitter l’Égypte sous la conduite de Moïse ; il aurait vécu par conséquent vers le XVIIe siècle av. J.-C. D’autres prétendent que ce roi est le même qu’Anysis, et le font régner dans le VIIIe siècle, tandis qu’ils placent sous Aménophis, père de Sésostris, le départ des Hébreux.

BOCCHUS, roi de Mauritanie, prit les armes avec Jugurtha, son gendre, contre les Romains. Vaincu deux fois par Marius, il se rapprocha des Romains traita avec Sylla, alors questeur sous Marius, et consentit à lui livrer son gendre (106 av. J.-C.) ; il reçut en récompense le pays des Massésyliens.

BOCHART (Samuel), orientaliste, né à Rouen en 1599, mort en 1667, était fils d’un ministre protestant et fut lui-même ministre à Caen. Il possédait la plupart des langues orientales, l’hébreu, le syriaque, le chaldéen, l’arabe, l’éthiopien, etc. Christine, reine de Suède, l’engagea, en 1652, à faire le voyage de Stockholm, et le reçut avec les plus grands honneurs. De retour à Caen, il y mourut subitement en disputant contre Huet dans l’académie de cette ville. Ses principaux ouvrages sont : une Géographie sacrée en latin, qu’il publia sous le titre de Phaleg et Chanaan ; Hierozoicon, ou Histoire des animaux de l’Écriture ; Traité des minéraux, des plantes, des pierreries, dont la Bible fait mention ; Traité du Paradis terrestre. Ses ouvrages ont été réimprimés à Leyde en 1712, 3 vol. in-fol. Ce savant, comme tous les érudits qui s’enthousiasment pour l’objet de leurs études, ne voyait qu’hébreu partout et donnait à la plupart des mots des autres langues les étymologies hébraïques les plus chimériques.

BOCHART DE SARON. V. SARON.

BOCHNIA, v. des États autrichiens (Galicie occid.), à 38 kil. S. E. de Cracovie, à 28 k. E. de Wiélicza ; 5000 hab. Ch.-l. de cercle. Immenses mines de sel.

BOCK (Jérôme), qu’on nomme aussi Le Bouc et Tragos, en traduisant son nom en français et en grec ; l’un des pères de la botanique, né en 1498 à Heidelbach, près de Deux-Ponts, mort à Hornbach en 1554, fut à la fois médecin et ministre protestant. Il tenta le premier une classification naturelle des végétaux et chercha à retrouver sous leurs noms modernes les plantes mentionnées par les anciens. Il publia en allemand un Nouvel Herbier des plantes qui croissent en Allemagne, Strasb., 1539, in-fol., trad. en latin par David Kyber, Strasb., 1552.

BOCOGNANO, ch.-l. de cant. (Corse), à 28 k. N. E. d’Ajaccio ; 2351 h.

BOCTHOR (Ellious), orientaliste, de race copte, né à Syout dans la H.-Égypte, en 1784, mort a Paris en 1821, fut attaché fort jeune à l’armée d’Égypte, vint en France après l’expédition, et fut nommé en 1819 professeur d’arabe vulgaire à l’école des langues orientales. Il a laissé un excellent Dictionnaire arabe et français, qui a été imprimé en 1828, par les soins d’A. Caussin de Perceval, 2 v. in-4.

BODE (J. Elert), astronome, né à Hambourg en 1747, mort en 1826 ; fut nommé en 1772 astronome pratique à Berlin, et dirigea pendant 50 ans l’observatoire de cette ville. Il avait été admis en 1782 à l’Académie de Berlin. Outre un excellent Manuel d’Astronomie, publié dès 1768, on lui doit une Uranographie (Berlin, 1801, in-fol.), où sont marquées les positions de 17 240 étoiles. En outre, il a publié, chaque année, depuis 1774 jusqu’à sa mort, les Éphémérides astronomiques. Bode a découvert plusieurs comètes et un grand nombre d’étoiles. Son nom est resté attaché à une loi selon laquelle les intervalles des orbites des planètes iraient à peu près en doublant à mesure que l’on s’éloigne du soleil, loi déjà soupçonnée par Kepler et par J. Daniel Titius.

BODEL (Jean), trouvère français du XIIIe s. On a de lui la Chanson des Saxons, édité par Fr. Michel, 2 vol. in-8, 1839, et un drame (Vie de S. Nicolas), édité par le même dans le Théâtre français au moyen âge.

BODENSÉE, nom allemand du lac de Constance.

BODILLON. V. CHILDÉRIC II.

BODIN (J.), publiciste, né à Angers vers 1530, mort en 1596, exerça d’abord la profession d’avocat à Paris ; n’ayant point réussi, il quitta le barreau et se mit à écrire. Il obtint bientôt une réputation qui lui valut la faveur de Henri III et qui le fit choisir pour député aux États de Blois (1576) par le tiers-état du Vermandois. Il ne craignit point de s’opposer aux projets du roi qui voulait révoquer les édits de pacification, et fut disgracié. Il s’attacha alors au duc d’Alençon, depuis duc d’Anjou, qui le combla de ses faveurs. À la mort de ce prince (1584), il se retira à Laon, et y exerça les fonctions de procureur du roi. En 1589, il fit déclarer cette ville pour les Ligueurs ; mais bientôt après, il en détermina les habitants à reconnaître Henri IV. Il y mourut de la peste. Bodin est surtout connu par an traité de politique intitulé : De la République, (c.-à-d. de la Chose publique, du Gouvernement), en 6 livres, Paris, 1577, qu’il traduisit lui-même en latin : il y traite son sujet assez complètement, mais d’une manière confuse et peu originale ; il se prononce pour une monarchie tempérée. On a voulu à tort égaler cet ouvrage à l’Esprit des lois de Montesquieu. On a encore de Bodin une Méthode pour étudier l’histoire (1566, en lat.) ; la Démonomanie (1581, en franç.), où il soutient l’existence des sorciers ; Universæ naturæ theatrum (1596), et un ouvrage longtemps resté manuscrit, Colloquium heptaplomeron, dialogue où il discute les diverses religions et paraît donner la préférence au Déisme ; cet ouvrage n’a été publié qu’en 1858, à Leipsick, par Noack. Ses Œuvres sont à l’Index à Rome. M. H. Baudrillart a donné : Bodin et son temps, 1853.

BODIN (Félix), écrivain politique, né à Saumur en 1795, mort en 1837, était fils de Franç. Bodin (1776-1629), antiquaire distingué, et ancien conventionnel. F. Bodin écrivit de bonne heure dans les journaux de l’opposition, publia en 1821 un Résumé de l’histoire de France, conçu dans un esprit libéral, et qui eut beaucoup de succès, le fit suivre en 1823 d’un Résumé de l’histoire d’Angleterre, fut élu député après la révolution de 1830 et soutint la nouvelle royauté. Ami de M. Thiers, il lui fit confier la rédaction de l’Histoire de la Révolution.

BODINCOMAGUS, auj. Casal, v. importante de la Gaule Cisalpine, en Ligurie, sur le Pô. On l’a confondue à tort avec Industria.

BODINCUS, nom primitif du Pô. V. PÔ.

BODLEY (Thomas), gentilhomme anglais, né en 1644 à Exeter, mort à Oxford en 1612, fut chargé par la reine Élisabeth de plusieurs négociations diplomatiques ; mais ayant éprouvé une disgrâce en 1597, il quitta la cour et se retira à Oxford où il s’occupa du rétablissement de la bibliothèque publique ; il légua à cet établissement, qui prit le nom de Bibliothèque Bodléienne, une immense quantité de livres, ainsi que tous ses biens. Hearne a recueilli quelques écrits de Bodley sous le titre de Reliquiæ Bodleiaæ, Londres, 1703, in-8.

BODMER (J. J.), écrivain suisse, né à Greifensee près de Zurich en 1698, mort en 1783, était fils d’un pasteur. Il fut nommé en 1725 professeur d’histoire suisse au collége de Zurich, et devint membre du grand conseil de cette ville. Il contribua puissamment, avec Gottsched et Breitinger, à réformer le goût littéraire de l’Allemagne par ses critiques et par ses exemples : combattant l’imitation servile de la France, il recommanda les traditions nationales. Parmi ses nombreux ouvrages, on remarque Bibliothèque helvétique, 1735 ; Lettres critiques, 1746 ; la Noachide, poëme en 12 chants, Zurich, 1752. On lui doit aussi le recueil des Minnesinger, 1758-1759, et des traductions d’Homère et de Milton.

BODMIN, v. d’Angleterre (Cornouailles), à 10 k. S. de Camelford ; 3300 h. Grand commerce de laines. Florissante sous les Saxons, elle eut jadis un évêché, qui fut transféré en 905 à Exeter.

BODONI (J. B.), typographe, né en 1740 à Saluces, mort a Padoue en 1813, fut chargé par le duc de Parme de créer et de diriger l’imprimerie ducale de Parme et obtint en même temps l’autorisation de former pour son compte un établissement particulier. Il porta l’art au plus haut degré de perfection, et publia des éditions des classiques latins, grecs, italiens et français, que l’on regarde comme es chefs-d’œuvre de typographie. On estime surtout son Anacréon, son Horace, son Homère, son Aminte et son Télémaque. On lui doit aussi un excellent Manuel typographique, 1788, réimprimé en 1818 avec améliorations.

BODONITSA, bourg de l’État de Grèce (Béotie), à 40 k. N. de Livadie, et à 8 k. S. O. de l’anc. Thronium ou Oponte, dans un défilé. C’était un marquisat lorsque la Morée appartenait aux Français.

BODOTRIA, V. FORTH et MUR D’ADRIEN.

BODROG, riv. de Hongrie, passe à Zemplin et à Bodrog-Keresztur, puis se perd dans la Theiss à Tokay. Elle donnait son nom à un comitat qui auj. est compris dans celui de Bacs. — Bodrog-Keresztur est à 5 k. N. O. de Tokay ; 4500 h. Vins exquis, vendus sous le nom de Tokay.

BODROUN ou BOUDROUM, Halicarnasse, v. de la Turquie d’Asie, sur la côte, à 150 k. S. de Smyrne ; 11 000 h. Petit port, château ayant appartenu aux chevaliers de Rhodes. Antiquités. — Autre v. de Turq. d’A., à 25 k. S. O. de Smyrne, est l’anc. Téos.

BOEBEIS Lacus, lac de Thessalie, dans la Pélasgiotide, tirait son nom d’une v. de Bœbe, située sur sa rive occid., au S. E. de Larisse.

BOËCE, Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius, homme d’État et philosophe, né à Rome vers 470, issu d’une des plus illustres familles de l’empire ; alla, à ce qu’on croit, étudier à Athènes, sous Proclus, et cultiva avec le plus grand succès les lettres et la philosophie grecques. Pendant longtemps il jouit de toute la confiance de Théodoric, qui régnait sur Rome ; il fut nommé par lui maître du palais et des offices, et fut plusieurs fois élevé au consulat (510, 511). Il ne se servit jamais de son pouvoir que pour faire le bien. Néanmoins, ses ennemis ayant réussi à le rendre suspect au roi goth en l’accusant d’intelligences avec l’empereur grec Justin, il fut, sur la fin de sa vie, jeté dans une prison à Pavie, et bientôt après mis à mort au milieu des plus cruels supplices, 524. Dans sa prison, Boëce composa un petit livre qui l’a immortalisé, le traité De Consolatione philosophica, dialogue mêlé de prose et de vers, où il traite de la Providence. Il avait déjà beaucoup écrit sur la philosophie : on a de lui des traductions de plusieurs des Traités de dialectique d’Aristote avec des commentaires. Ces ouvrages ont longtemps servi de base à l’enseignement du moyen âge. Les œuvres de Boëce ont été réunies à Venise, 1491 ; à Bâle, 1570 ; à Glascow, 1751, et à Iéna, 1843. La Consolation a été souvent publiée à part ; elle a eu l’honneur d’être commentée par S. Thomas et trad. par Alfred le Grand, et a plusieurs fois été trad. en français : par Jean de Meung, Paris, 1483 ; Colesse, 1770 ; Judicis, 1861. D. Gervaise a écrit sa Vie, 1715. — On a cru que Boëce était chrétien, parce qu’on a sous son nom des écrits théologiques ; on en a même fait un martyre : c’est qu’on l’a confondu avec un autre Boëce, évêque en Afrique au VIe s.

BOÉDROMION, 3e mois des Athéniens, correspondait à la fin d’août et au commencement de sept. Le 6e jour de ce mois, on célébrait les Boédromies en l’honneur de la vict. de Thésée sur les Amazones.

BOEHM ou BOEHME (Jacob), théosophe ou illuminé, né en 1575 près de Gœrlitz (Haute-Lusace), mort en 1624, était fils d’un paysan, et exerçait le métier de cordonnier. Il eut dès son enfance des visions, et écrivit sous la dictée d’une prétendue inspiration un grand nombre d’ouvrages mystiques, le plus souvent inintelligibles ; les opinions hétérodoxes qu’il y professait lui attirèrent plusieurs démêlés avec les théologiens du temps. Ses principaux ouvrages, tous rédigés en allemand, sont : ' Aurora, les Principes de l'essence divine, la Triple Vie, tous trois trad. par St-Martin; le Miroir de l'éternité, qui fut trad. dès 1669. Tous ses écrits ont été réunis en 10 vol. par Abraham de Frankenberg, avec une notice sur sa vie, Amsterdam, 1682, et réimp. en 1847 à Leipsick, par W. Schiebler.

BOEHMER (George Rodolphe), professeur de botanique et d'anatomie à Wittemberg, né en 1723, mort en 1803, fut disciple de Ludwig. On lui doit : Bibliotheca scriptorum historiæ naturalis, œconomiæ aliarumque artium ac scientiarum, Leipsick, 1785 et ann. suiv., 9 vol. in-8; Histoire technique des plantes qui sont employées dans les métiers, les arts et les manufactures (en allemand), 1794. — La famille des Boehmer a fourni en outre un grand nombre de médecins et de jurisconsultes distingués, entre autres J. Boehmer, 1664-1749, auteur d'ouv. estimés sur le droit public et le droit canonique.

BOEHMERWALD, c.-à-d. forêt de Bohême, chaîne de montagnes qui s'étend entre la Bavière et la Bohême, et sépare le bassin de l'Elbe de celui du Danube : sa direction générale est du N. O. au S. E. De ce dernier côté elle se réunit aux monts Moraves par 45° lat. N., 12° 55' long. E. ; de l'autre elle se rattache à l'extrémité de l'Erzgebirge, près des sources de l'Eger, par 50° lat. N., 9° 35' long. E. Elle est couverte de vastes forêts, d'où elle tire son nom. On y trouve des ours et des lynx. L'Eger, la Moldau, la Nab, la Regen, l'Ilz en descendent. Ses principales cimes sont : l’Haydelberg, 1407m, l’Arber, 1403m; le Rachel, 1390m, etc. Cette chaîne est auj. traversée par un chemin de fer.

BOÉMOND, V. BOHÉMOND.

BOEN, ch.-l. de cant. (Loire), sur le Lignon, à 17 k. N. 0. de Montbrison; 1703 h. Patrie de Terray. Papeteries. Bons vins rouges.

BOEO, Lilybæum, cap de Sicile, à la pointe O.

BOERHAAVE (Hermann), célèbre médecin, né en 1668 à Woorhout près de Leyde, mort de la goutte en 1738, fut d'abord destiné à l'état ecclésiastique par son père, qui était ministre; mais, se sentant plus de goût pour les sciences naturelles, il se fit recevoir médecin (1693). L'Université de Leyde lui confia successivement quatre chaires différentes, celles de médecine théorique, de médecine pratique, de botanique et de chimie, et pendant longtemps il les remplit toutes à la fois avec une même supériorité. Il fut en outre nommé recteur en 1714 et en 1730. Boerhaave a exercé par son enseignement et ses écrits une influence toute-puissante sur son siècle. Après avoir préconisé à son début la méthode d'Hippocrate, il s'en écarta peu à peu et joignit à la philosophie toute vitaliste du médecin grec des explications chimiques et mécaniques qui furent contestées; cependant, il a fait, en chimie, une foule d'observations exactes, et a réussi à décomposer le sang, le lait et tous les fluides animaux. Il a aussi puissamment contribué à l'avancement de la botanique, soit par ses propres travaux, soit par les encouragements qu'il donna au célèbre Linné. Ses principaux ouvrages sont : Institutiones medicæ, Leyde, 1708; Aphorismi de cognoscendis et curandis morbis, 1709 (ces deux traités, qui embrassent la médecine tout entière, out été trad. par Lamettrie) ; Elementa chimiæ, Leyde, 1732, trad. par Lamettrie, 1741. Ses élèves ont en outre publié sous son nom : Methodus discendi medicinam, revu par Haller, 1751. Enfin on lui doit un grand nombre d'éditions d'ouvrages anciens ou nouveaux, entre autres les éd. d’Arétée, Leyde, 1731, et de l’Historia insectorum de Swammerdam, 1737. Toutes ses œuvres ont été réunies à Venise, 1766, in-4. Boerhaave avait acquis une réputation universelle ; on raconte qu'un savant de la Chine lui ayant écrit : A M. Boerhaave, en Europe, la lettre lui parvint exactement. Il fut comblé d'honneurs par la ville de Leyde, et fut agrégé à l'Académie des sciences de Paris, à la Société royale de Londres.

BOËRS, c.-à-d. bouviers, paysans, nom donné dans l'Afrique australe aux habitants d'origine hollandaise. Fuyant la domination anglaise après la cession de la colonie du Cap faite aux Anglais par les Hollandais en 1814, ils s'établirent d'abord à Port-Natal, mais ils en furent chassés en 1840 et ils allèrent occuper le pays situé entre le fleuve Orange et le Vaal, où ils vivent auj. en république, sous une constitution qui date de 1854. Ils sont sans cesse en guerre, soit avec les naturels, soit avec les Anglais.

BOETTCHER (J. Fréd.), chimiste, né vers 1681 à Schleiz dans le Voigtland, mort en 1719, chercha d'abord la pierre philosophale et fit de nombreuses dupes, entre autres l'électeur de Saxe, Frédéric-Auguste. Ayant ensuite tourné ses vues vers des recherches plus utiles, il découvrit en 1709, dans les environs de Meissen en Saxe, une terre propre à faire des poteries analogues à la porcelaine de Chine (le kaolin), et réussit le 1er en Europe à fabriquer la porcelaine. Il fut mis à la tête de la manufacture de porcelaine créée à Meissen par l'Électeur; malheureusement, étourdi par une fortune trop rapide, il se livra à des excès qui abrégèrent sa vie.

BOETTIGER (H. Aug.), littérateur saxon, 17601835, dirigea le gymnase de Weimar de 1791 à 1804, puis fut nommé inspecteur des musées d'antiques. Lié avec Wieland, Schiller, Goethe, Bertuch, il rédigea avec eux plusieurs feuilles littéraires qui eurent beaucoup d'influence, et publia divers ouvrages qui attestent une grande érudition : l’Archéologie de la peinture, la Mythologie de l'art, la Galerie des Antiques de Dresde, les Noces aldobrandines, Sabine ou la matinée d'une dame romaine à sa toilette, etc. Il était associé de l'Institut.

BOFFRAND (Germ.), architecte, né à Nantes en 1667, mort en 1754, était ingénieur des ponts et chaussées, et devint inspecteur général de ce corps et membre de l'Académie d'architecture (1719). Outre une foule de travaux d'art (ponts, canaux, écluses, etc.), qu'il eut à diriger, il construisit à Paris plusieurs grands hôtels, ceux de Guerchy, des Vosges, de Duras, restaura le Petit-Bourbon (auj. Petit-Luxembourg), décora l'hôtel Soubise (auj. les Archives), creusa le puits de Bicêtre, et éleva les palais de Nancy et de Lunéville, ainsi que la Favorite près de Mayence. En outre, il publia plusieurs ouvrages sur son art, entre autres le Livre d'Architecture, 1745, in-fol. Bien qu'élève de Mansard, Boffrand se laissa entraîner au mauvais goût du XVIIIe siècle.

BOG ou BOUG, fleuve. V. BOUG.

BOGDAN, princes moldaves. V. MOLDAVIE.

BOGHAR, lieu d'Algérie (prov. d'Alger), à 150 k. S. d'Alger; env. 1000 hab. Fortifié par Abd-el-Kader en 1839, pris et incendié en 1841 par les Français et relevé depuis. C'est auj. un ch.-l. de cercle militaire.

BOGOMILES, hérétiques de Bulgarie, sortis de l'église grecque schismatique, et ainsi nommés de deux mots esclavons: Bog, Dieu, et milotii, ayez pitié de nous. Ils niaient la Trinité, la résurrection, l'institution des sacrements et celle des prêtres, et ne voulaient d'autre prière que le Pater. Ils parurent pour la 1re fois dans le XIIe siècle à Constantinople, où l'empereur Alexis Comnène fit brûler leur chef, le médecin Basile (1118). On trouve encore de ces hérétiques en Russie où ils ont été introduits, vers 1150, par le moine Martin. Ils se dispensent de tout travail et se livrent à toutes sortes d'excès. L. Œder a donné leur Histoire (en latin), Groningue, 1743.

BOGORIS, roi des Bulgares, voulut faire la guerre à l'impératrice Théodora, régente a Constantinople pour son fils Michel; mais cette princesse réussit à le détourner de ce projet par la persuasion, et lui envoya un évêque qui le convertit au Christianisme. Il fut baptisé en 861 sous le nom de Michel, mais il adopta le schisme de Photius. Ce prince mourut en 896.

BOGOTA ou SANTA-FÉ DE BOGOTA, capitale de la Nouvelle-Grenade et du dép. de Cundimarca, sur le Bogota, a 2700m, au-dessus de la mer; 50 000 hab. Archevêché, université. Beaucoup de belles rues et quelques monuments, entre autres la cathédrale. Bibliothèque, musée, observatoire. — Fondée en 1538 par les Espagnols, elle fut en 1811 le siége du Congrès et la même année proclama la république. Prise par les Espagnols en 1816, elle fut délivrée par Bolivar en 1819 et fut jusqu'en 1831 la capitale de toute la Colombie. Un tremblement de terre l'a presque détruite en 1827.

BOHAIN, ch.-l. de cant. (Aisne), à 20 kil. N. E. de St-Quentin ; 4212 hab. Châles façon cachemire. Prise par les Impériaux en 1537; mais bientôt reprise.

BOHÊME (Roy. de), Boiohemum en latin, Bœhm en allem., grande contrée de l'Europe, située par 9° 59' 14° 26' long. E. et 48° 34'-51° 2' lat. N., a pour bornes au N. O. la Saxe, au N. E. les États prussiens, à l'E. la Moravie, au S. l'Autriche propre et compte 4 500 000 d'hab.; capitale, Prague. Longtemps indépendante, elle forme auj. un des grands gouvernements des États autrichiens. Elle se divise en 13 cercles, qui prennent les noms de leurs chefs-lieux : Prague, Budweiss, Pisek, Pilsen, Eger, Saaz, Leitmentz, Jungbunzlau, Gitschin, Kœnigsgratz, Chrudim, Czaslaw, Tabor. Elle comprend en outre le capitanat de Prague; ch.-l., Prague. L'ancien roy. de Bohême formait 4 prov. : Bohême propre, Moravie, Lusace et Silésie. — De hautes montagnes entourent la Bohème : l'Erzgebirge au N., le Bœhmerwald à l'O., les monts de la Moravie au S. E. et au S., les Sudètes et le Riesengebirge à l'E. Elle est arrosée par l'Elbe et la Moldau, qui y reçoivent l'Iser, l'Eger, la Bila; elle a des sources minérales renommées à Calsbad, Marienbad, Tœplitz, Seddlitz, et est sillonnée par plusieurs chemins de fer, conduisant de Prague à Vienne, à Dresde, à Pilsen, etc. Climat froid et âpre dans les montagnes, mais plus doux ailleurs. Mines nombreuses; argent, étain, mercure, fer, cobalt, antimoine, pierres précieuses, marbres, albâtre, porphyre, terre à porcelaine, sable à verre, etc. Sol fertile, agriculture arriérée. Industrie active : lainages, cuirs, glaces, verreries très-estimées, grenats, alun, poudre à tirer. Commerce important. Beaucoup de gibier, surtout de faisans; beaucoup de poissons. Les Bohêmes sont de race slave : ils se nomment en leur langue Czech (prononcez Tchèque), et ont un idiome particulier. Le Christianisme ne s'introduisit chez eux qu'au VIIIe siècle. Le Catholicisme est le culte dominant; cependant on y compte un grand nombre de Frères moraves, que l'on connaît même sous le nom de Frère bohêmes.

La Bohême doit son nom aux Boii, nation gauloise qui, à ce qu'on croit, vint s'y fixer sous Sigovèse, en 587 av. J.-C., mais qui en fut chassée, sous Auguste, par les Marcomans, lesquels eux-mêmes furent expulsés ou subjugués au VIIe siècle par les Tchèques, peuple slave, conduits par Samo. Ceux-ci y fondèrent divers États, dont le principal fut celui de Prague. Tous ces États furent réunis au commencement du VIIIe siècle, sous un chef nommé Croc ou Crac. Przémysl, qui avait épousé Libussa, fille de ce prince, régna après lui et commença en 722 une dynastie qui ne s'éteignit qu'en 1306, et qui, après avoir porté la couronne ducale jusqu'à Wratislas II, devint royale sous ce prince (1086), par un décret de l'empereur d'Allemagne Henri IV. Spitignew I avait, dès le Xe siècle, reconnu la suzeraineté de l'empire germanique. A la mort de Wencelas II en 1306, le royaume passa d'abord à Rodolphe d'Autriche, puis à Henri de Carinthie, et enfin à la maison de Luxembourg, qui lui donna quatre rois, de 1309 à 1437. Ce fut sous le règne de Wenceslas IV, un des princes de cette maison, que Jean Huss et ses disciples répandirent en Bohême ces nouvelles doctrines religieuses qui embrasèrent l'Allemagne et suscitèrent, même après le supplice de J. Huss et Jér. de Prague condamnés en 1415 par le concile de Constance, une guerre civile qui désola ce pays plus de 16 ans. La Bohême fut ensuite dévolue par mariage à Albert d'Autriche (1437-1439), dont le fils, Ladislas I, mourut en 1457, sans postérité. Georges Podiebrad, simple gentilhomme bohémien, fut alors élu : il se maintint jusqu'en 1471, malgré les foudres du Vatican, la trahison de son gendre Mathias, roi de Hongrie, et la rébellion des plus puissants vassaux. Ladislas II et Louis, de la race des Jagellons de Pologne, occupèrent le trône après lui. En 1526, Ferdinand I, frère de Charles-Quint, fut élu roi, et avec lui commença définitivement la maison autrichienne de Bohême, élective jusqu'en 1547, héréditaire depuis ce temps. La Bohême ne cessa plus dès lors d'appartenir à l'Autriche que pendant quelques instants, en 1619 et 1629. Toutefois, ce pays porte encore le titre de royaume et conserve quelques priviléges. L'empereur d'Autriche porte le titre de roi de Bohême; en cas d'extinction de la dynastie autrichienne, les États ont le droit de se choisir un souverain. Le roi de Bohême était un des sept électeurs.

Souverains de la Bohême.
Premiers ducs
Wenceslas II, 1191
Samo, vers 650 Henri (évêque), 1193
Croc, vers 700 Wladislas III, 1196
Maison de Przémysl.
abdique en 1107
(Ducs.)
(Rois héréditaires)
Przémysl, mari de Libussa, fille de Croc, 722 Ottokar I, 1197
Wenceslas I ou III, 1230
Ottokar II, 1253
Borsiwog I, 894 Wenceslas II, 1278
Spitignew I, 902 Interrègne (1278-1283)
Wratislas I, 936 Wenceslas III, 1305
Wenceslas I, 907 Rodolphe d'Autriche, 1306
Boleslas I, 916 Henri de Carinthie, 1307
Boleslas II, 967
Maison de Luxembourg.
Boleslas III, 999 Jean, 1310
Jaromir, 1002 Charles IV, emp., 1346
Udalrich, 1012 Wenceslas IV, emp., 1378
Brzétislas I, 1037 Sigismond, 1419
Spitignew II, 1055
(Rois électifs.)
Albert d’Autriche, 1437
Wratislas II, duc, 1061 Ladislas I, fils d'Albert, 1440
roi en 1092
Conrad I, 1092 Georges Podiebrad, 1458
Brzétislas II, 1093 Ladislas II, de Pologne, 1471
Borsiwog II, 1100
Swatopulck, 1107 Louis, fils Ladislas, 1516
Wladislas I, 1109 Ferdinand I, d'Autriche, 1526
Sobieslas I, 1125
Wladislas II, 1140 Les empereurs d'Allemagne, de la maison d'Autriche, sont en même temps rois de Bohême depuis 1556
Frédéric (1re fois), 1173
Sobieslas II, 1174
Frédéric (2e fois), 1178
Conrad II, 1190


BOHÈMES (monts. de). V. BŒHMERWALD.

BOHÈMES (les Frères). V. MORAVES (Frères).

BOHÉMIENS, nom que l'on donne vulgairement en France à des bandes nomades d'aventuriers qui parcourent les villes et les villages, en faisant des tours d'adresse, ou en disant la bonne aventure. Les Anglais les appellent Égyptiens (Gypsies), les Suédois et les Danois Tartares, les Espagnols Gitanos, les Allemands Zigeunes, les Italiens et les Turcs Zingari, etc. Eux-mêmes ils se nomment Pharaons. Les premières bandes qui parurent en France étaient sorties de la Bohême : de là, le nom qu'on leur a donné parmi nous. On ne connaît point d'une manière certaine l'origine de cette population exceptionnelle qui se trouve dans tous les pays, et n'a point de patrie, et l'on a fait à leur sujet les contes les plus absurdes. Les Bohémiens se prétendent sortis de l’Égypte; mais, selon l'opinion la plus probable, ils sont originaires de l'Inde : on voit en eux les descendants des anciens Tchinganes ou Zingaris, peuple mahratte,qui habitaient sur les bords de l'Indus et qui furent expulsés au XVIe siècle par l'invasion de Tamerlan. Ils parurent vers l'an 1417 en Moldavie et en Valachie, se répandirent en 1418 en Allemagne et en Suisse et pénétrèrent en France en 1427. On évalue le nombre des Bohémiens répandus sur le globe à 3 ou 4 millions. La France en est presque tout à fait délivrée, c'est en Norvége, en Hongrie, en Turquie et dans les contrées méridionales de la Russie qu'ils se trouvent en plus grand nombre. Les Bohémiens sont de haute taille et basanés; ils se font remarquer par la blancheur de leurs dents; du reste ils sont en général d'une laideur repoussante. Ils ont une sorte d'argot qu'ils parlent entre eux. On ne sait pas trop quelle religion ils professent; leur morale est fort relâchée et le vol très-commun parmi ces vagabonds. En France, les États généraux de 1560 ont prononcé contre eux un bannissement perpétuel. L’Histoire des Bohémiens a été écrite en allemand par Grellmann, (trad. par J. Paris, 1810), et par A. F. Pott, Hall, 1845.

BOHÉMOND (Marc), prince d'Antioche, était fils du célèbre Robert Guiscard. Après la mort de son père (1085), il obtint en partage la principauté de Tarente; mais, voulant augmenter ses domaines, il se joignit aux Croisés (1096), et alla mettre le siége devant Antioche. Il s'empara de cette ville par ruse, s'en fit reconnaître prince (1098), et y établit un petit empire, qui subsista environ 190 ans. Étant tombé dans un combat au pouvoir des Turcs, il se racheta en payant une forte rançon. A peine fut-il libre, qu'il tenta de nouvelles aventures : il réussit a agrandir ses États, et alla faire la guerre à l'empereur Alexis. Voulant traverser la flotte des Grecs pour venir en Europe chercher de nouvelles troupes, il se fit passer pour mort, et revint bientôt à la tête d'une armée formidable. Mais la peste et la famine le forcèrent à faire la paix. Il mourut dans la Pouille en 1111, pendant qu'il préparait une nouvelle expédition contre Alexis. — Plusieurs autres princes du nom de Bohémond possédèrent après lui la principauté d'Antioche; le dernier, Bohémond VII, fut dépouillé en 1288.

BOIANO, BOIADOR. V. BOJANO, BOJADOR.

BOIARD, titre que portent les grands ou nobles de Russie, de Valachie, etc., vient de boï, bataille, parce que ce titre fut donné dans l'origine aux chefs qui entouraient le prince dans les combats. Il fut ensuite étendu à tous les premiers dignitaires de l’État. Jadis le corps de boïards était toujours consulté par le czar dans les affaires importantes. Pierre le Grand a fort réduit leur influence.

BOÏARDO (Matteo Maria), comte de Scandiano, célèbre poëte italien, d'une famille noble de Ferrare, né à Scandiano, près de Reggio, dans le duché de Modène en 1430, mort en 1494, s'attacha aux ducs de Ferrare qui lui confièrent le gouvernement de Reggio. Il composa pour le duc Hercule plusieurs poëmes dont le plus célèbre est le Roland amoureux, Orlando inamorato, épopée romanesque en 3 parties et 79 chants, tirée de la chronique de Turpin, et où l'on voit figurer les Agramant, les Astolphe, les Gradasse, les Rodomont, qui sont devenus des types immortels. Ce poëme n'était pas achevé quand l'auteur mourut; il fut imprimé en 1495 dans l'état où Boïardo l'avait laissé; en 1626, un poète médiocre, Agostini, y ajouta trois livres; quelques années après, Domenichi le retoucha et en reforma le style; enfin Berni le refondit entièrement (1541), et depuis on n'a plus guère lu que l'ouvrage ainsi refondu. On sait que le Roland furieux de l'Arioste n'est que la contre-partie de ce poëme héroï-comique. L’Orlando inamorato a été plusieurs fois traduit en français; la traduction la plus répandue est celle de Lesage, 1717, 2 vol. in-12. On a en outre de Boïardo des Sonetti e Canzoni, des poësies latines, des trad. de l’Ane d'or de Lucien et de celui d'Apulée.

BOIELDIEU (Fr. Adrien), un de nos grands compositeurs, né à Rouen en 1775, mort en 1834, commença par des romances délicieuses que Garat chantait dans les salons, fut nommé vers 1799 professeur de piano au Conservatoire, quitta Paris en 1803 par suite de chagrins domestiques, et alla en Russie où l'empereur Alexandre le nomma son maître de chapelle. Il revint en France en 1812, fut élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1817, et passa ses dernières années à Jarcy en Brie. Ses principaux opéras sont : le Calife de Bagdad, 1799; Ma Tante Aurore, 1802; Jean de Paris, 1812; le Nouveau Seigneur du village, 1813 ; le Chaperon Rouge, 1818; la Dame Blanche, son chef-d'œuvre, 1825. Sa musique, ornée et gracieuse, est pleine de mélodie; son instrumentation est savante, mais sans vacarme, Boïeldieu forma, entre autres élèves, Zimmermann, Fétis et Adolphe Adam.

BOIENS, Boii, nation gauloise disséminée en Gaule, en Italie et en Germanie. 1° En Gaule, il faut distinguer les Boii de la Lyonnaise 1re, entre l’Elaver (Allier) et le Liger (Loire), dont le territoire répond à une partie du Bourbonnais, et les Boii de la Novempopulanie, dont le territoire est le ci-devant pays de Buch en Guyenne. Les Boii de la Lyonnaise 1re y furent placés par César. Ils descendaient d'une fraction des soldats de Sigovèse qui s'étaient établis sur le Danube et qui étaient revenus en Gaule avec les Helvetii. 2° En Italie, les Boii avaient au N. les Lingones, au S. l'Apennin qui les séparait de l’Étrurie : Bononia était leur capitale. Ils furent soumis par les Romains en 193 av. J.-C. 3° En Germanie, les Boii habitèrent la Bohème (Boiohemum), d'où ils furent chassés par les Marcomans; puis ils vinrent occuper la Bavière (Boioaria). Ces deux faits pourtant ont été contestés. — Les Tolistoboii de Galatie étaient sans doute aussi des Boii.

BOIGNE (LEBORGNE, comte de), né à Chambéry en 1751, mort en 1830, était fils d'un marchand de pelleteries. Après avoir servi en France, il passa dans l'Inde, se mit, à partir de 1786, au service du prince mahratte Sindhyah, obtint toute la confiance de ce prince, fut nommé par lui général en chef, disciplina son armée, lui assura par là de faciles victoires, et l'aida à fonder un vaste empire; il reçut en récompense les plus grands honneurs et d'immenses richesses. Il quitta l'Inde après la mort de Sindhyah et vint se fixer dans sa ville natale, où il consacra plus de 4 millions à des actes de bienfaisance et à la fondation d'établissements utiles. La Société académique de Savoie a publié à Chambéry des Mémoires sur la carrière politique et militaire du général Boigne, 1828.

BOILEAU (Nic.), surnommé Despréaux, célèbre poëte français, né en 1636 à Paris, mort en 1711, était fils de Gilles Boileau, greffier de la grand'chambre du parlement de Paris, et fut destiné au barreau. Il étudia d'abord en droit, puis en théologie; mais ces sortes d'études ne lui plaisant pas, il résolut enfin de suivre son goût et se consacra à la poésie. Il débuta par des Satires, 1660, et obtint un succès prodigieux qu'il dut à la perfection de ses vers, tout autant qu'à la malignité de ses critiques; il fit suivre les satires d’Épîtres, dans lesquelles il s'élevait encore au-dessus de ses premiers écrits ; il publia enfin l'Art poétique et le Lutrin (1672-1683), qui mirent le sceau à sa réputation et le placèrent au premier rang des poëtes modernes. Il s'essaya également, mais avec moins de bonheur, dans l'ode et l'épigramme. On a aussi de lui quelques écrits en prose, (la traduction du Traité du Sublime de Longin, les Héros de roman, Réflexions critiques), mais ils sont peu importants. Louis XIV, appréciant son mérite, l'admettait souvent auprès de lui ; il le nomma son historiographe avec Racine et lui assura une pension. L'Académie française le reçut dans son sein en 1684. Dans ses dernières années, il quitta la cour et se retira à sa campagne d'Auteuil; il mourut d'une hydropisie de poitrine. Quoique mordant dans ses écrits, Boileau était indulgent dans sa conversation et avait le cœur excellent : on cite de lui plusieurs traits de générosité. Il fut l'ami des plus grands hommes de son siècle, particulièrement de Molière et de Racine. On lui reproche d'avoir gardé le silence à l'égard de La Fontaine, dans la crainte de déplaire à Louis XIV, et d'avoir été injuste envers Quinault. Boileau a été à juste titre appelé le '
BOIO
BOIS
- 247 -

Législateur du Parnasse. On l’a aussi surnommé le Poëte de la raison, ce qui a fait croire bien à tort qu’il manquait de sentiment et d’imagination. Quoique riche de son propre fonds, ce poëte a fréquemment imité Horace et Juvénal. Il a rendu d’immenses services à notre littérature, en dégoûtant son siècle des mauvais ouvrages qui étaient en vogue, en lui apprenant à goûter Corneille, Molière et Racine, et en offrant lui-même les plus beaux modèles de la poésie pure et parfaite. On a donné une foule d’éditions de ses œuvres. Les principales sont celles de Brossette, Amsterdam, 1718 ; de St-Marc, Paris, 1741 ; du Dauphin, 1789 ; de Daunou, 1809 et 1825 ; d’Auger, 1815 ; de St-Surin, 1821 ; de Berriat-St-Prix, 1830, 4 vol. in-8 ; de Gidel, 1869, 4 vol. in-8. Sa Correspondance avec Brossette n’a été publiée complétement qu’en 1858, par A. Laverdet.

boileau (Gilles), frère aîné du précéd., né à Paris en 1631, mort en 1669, occupait l’emploi lucratif de contrôleur de l’argenterie. Il traduisit du grec le Tableau de Cébès, 1653 ; le Manuel d’Épictète, 1655 ; Diogène Laërce, 1668, et fit quelques poésies qui eurent peu de succès. Il fut cependant de l’Académie française. Gilles était jaloux de son frère et ne vécut jamais en bonne intelligence avec lui.

boileau (Jacques), frère des préc., 1635-1716, docteur en Sorbonne, composa plusieurs écrits fort curieux sur la discipline de l’Église. Les plus connus sont : Historia confessionis auricularis, 1683, où il prouve la nécessité de la confession : Historia flagellantium, 1700, où il démontre l’abus de la flagellation ; et les Panégyriques des Saints, 1719. Plusieurs de ses écrits parurent sous le voile du pseudonyme.

boileau (Ét.), prévôt des marchands. V. boyleaux.

BOINDIN (Nic.), né à Paris en 1675, mort en 1751, était fils d’un procureur du roi au bureau des finances. Il entra d’abord dans les mousquetaires ; mais il en sortit bientôt pour se livrer tout entier à la littérature. Il se lia étroitement avec Saurin et Lamotte et composa plusieurs comédies en société avec ce dernier. Il fut admis à l’Académie des inscriptions en 1706, mais l’athéisme dont il faisait profession lui ferma les portes de l’Académie française. Maltraité dans les fameux couplets de 1710, attribués à J. B. Rousseau, il accusa Saurin et Lamotte, ses anciens amis, et rompit dès lors avec eux. Boindin avait la manie de disputer et de contredire : le café Procope était son champ de bataille habituel. Ses œuvres, publiées à Paris en 1753, 2 vol. in-12; contiennent des pièces de théâtre (les Trois Garçons; le Bal d’Auteuil; le Port de mer, etc.), des Dissertations académiques, parmi lesquelles on remarque la dissertation Sur les sons de la langue française, et un Mémoire sur sa propre vie et sur ses ouvrages.

BOINEBOURG (J. Christ. de), conseiller intime de l’électeur de Mayence, né à Eisenach en 1622, m. en 1672, tirait son nom d’un château de la Hesse appartenant à sa famille. Il acquit par sa haute capacité diplomatique une grande influence en Allemagne. Il fut le premier protecteur de Leibnitz, qu’il prit pour secrétaire. On a de lui un grand nombre de lettres, dans le Commercium epistolicum Leibnitianum de Gruber, 1745, qui prouvent sa vaste instruction. — Son fils, Phil. Guill., gouverneur d’Erfurdt fonda dans cette ville une chaire d’histoire et de politique.

BOINVILLIERS (J. Étien.), grammairien, né à Versailles en 1764, mort en 1830, fut professeur à Beauvais, censeur aux lycées de Rouen et d’Orléans, inspecteur de l’Académie de Douai et correspondant de l’Institut. Il a publié un grand nombre de livres classiques, tels que Dictionnaires, Grammaires françaises, Grammaire latine, Cacographie, et des trad. estimées d’auteurs latins. — Son fils, Ernest Boinvilliers, né en 1799, a été un de nos avocats les plus distingués et est auj. conseiller d’État.

BOIOARII, nom latin des Bavarois, qu’on prétend avoir été originairement les Boii du Boïohemum, forcés de fuir ce pays devant les Marcomans.


BOIODURUM, v. de Norique, est auj. Innstadt.

BOIOHEMUM, nom latin de la Bohême.

BOISARD (J. F. M.), fécond fabuliste, né à Caen en 1743, m. dans la même ville en 1831, était avant 1789 secrétaire de Monsieur (Louis XVIII); il perdit tout à la Révolution. Il a fait plus de 1000 fables (publiées en divers recueils de 1773 à 1805), qui lui assurent un rang honorable parmi les fabulistes du second ordre : la plupart des sujets sont de son invention ; la narration est simple, facile et naïve. Souvent l’auteur n’exprime pas la moralité de ses fables, ce qui les rend quelquefois obscures. - Son neveu, J. F. Boisard, peintre et poëte, né à Caen vers 1762, a publié aussi des Fables (1817 et 1822), mais il est resté fort au-dessous de lui.

BOIS-BELLE. V. henrichemont.

BOIS-D’OINGT, ch.-l. de canton (Rhône), à l4 k. S.O. de Villefranche ; 758 hab.

BOISGELIN de cucé (Jean de Dieu Raimond de), archevêque, né à Rennes en 1732, mort en 1804, fut d’abord évêque de Lavaur, puis archevêque d’Aix (1770), se signala par sa charité lors d’une disette dont Aix eut à souffrir, et créa dans son diocèse plusieurs institutions utiles ; fut élu en 1787 membre de l’Assemblée des notables, en 1789 député du clergé aux États généraux, vota l’abolition des privilèges et l’égale répartition de l’impôt, présida l’assemblée en 1790, et proposa de la part du clergé un sacrifice de 400 millions, mais combattit de tout son pouvoir, par ses écrits comme par ses discours, la constitution civile du clergé, et émigra quand elle eut été promulguée. Il fut, après le Concordat, nommé archevêque de Tours et enfin cardinal. Il cultivait les lettres avec succès. Outre quelques écrits de circonstance, on lui doit une trad. en vers des Héroïdes d’Ovide (1786), le Psalmiste, traduction des psaumes (1799), et des Oraisons funèbres de Stanislas, du Dauphin, fils de Louis XV, etc., qui se distinguent par une éloquence simple et touchante. Il avait été admis dès 1776 à l’Académie française. — Son frère, Louis de Boisgelin, 1758-1816, émigra, séjourna quelques temps à Malte et publia à Londres, en 1804, sous le titre d’Ancient and modern Malta, 3 vol. in-8, une histoire estimée de l’île, trad. par Fortia de Piles, Paris, 1809. On lui doit aussi la continuation des Révolutions de Portugal, de Vertot.

BOIS-GUILLEBERT (P. le pesant, sieur de), magistrat et écrivain français du xviie, m. en 1714, était cousin de Vauban et remplit les fonctions de lieutenant général au bailliage de Rouen. C’est un de nos plus anciens économistes : il publia en 1695 le Détail de la France sous Louis XIV (réimprimé en 1712 sous le titre de Testament politique de Vauban), et en 1707 le Factum de la France. Ces deux ouvrages, où il proposait d’utiles réformes, n’aboutirent qu’à le faire exiler (on les trouve dans les Économistes français de Dain, 1843). On lui doit en outre des trad. françaises de Dion Cassius, 1674, et d’Hérodien, 1675.

BOIS-LE-DUC, Sylva ducis, S’ Hertogen Bosch en hollandais, v. forte de Hollande ch.-l. du Brabant septent., à 80 kil. S.E. d’Amsterdam, sur le Dommel et l’Aa ; 22 000 hab. Anc. évêché catholique, rétabli en 1853. Ville bien bâtie, entrecoupée de canaux que l’on peut passer sur 20 ponts. Belle église de St-Jean, hôtel de ville, hôtel du gouverneur, etc. Plusieurs établissements philanthropiques. Industrie (instruments de musique, épingles, toiles de Hollande) : commerce de transit très-actif. Patrie du philosophe ’S Gravesande. — Fondée en 1184, occupée par les Français de 1794 à 1814.

BOISMONT (Nicolas thyrel de), prédicateur du roi, né près de Rouen en 1715, m. en 1786, se fit connaître par des sermons et des panégyriques où l’on trouve des passages éloquents, et fut admis à l’Académie française en 1755. Le sermon qui lui fit le plus d’honneur est celui qu’il prononça en 1782, dans une assemblée de charité, dans le but de favoriser l’établissement d’un hospice pour les militaires et les ecclésiastiques délaissés : la quête rapporta 150 000 l., et l'hospice fut immédiatement fondé (à Montrouge). Il a prononcé les Oraisons funèbres du Dauphin, de la reine Marie Leczinska, de Louis XV, de Marie Thérèse. On a publié ses Œuvres, Paris, 1805, in-8.

BOISMORAND (l'abbé CHÉRON de), fils d'un avocat de Quimper, né en 1680, mort en 1740 à Paris, a rédigé des factums pour les Jésuites dans l'affaire de La Cadière et du P. Girard, etc.; et a publié : Histoire amoureuse et tragique des princesses de Bourgogne, 1120; Anecdotes de la cour de Philippe Auguste, 1733; Vie de Crillon, 1757, qu'on attribue à Mlle de Lussan. Cet abbé avait des habitudes très peu convenables pour son état.

BOISBOBERT (Franç. LE MÉTEL, sieur de), abbé et poëte, né à Caen en 1592, mort en 1662, est célèbre par ses bons mots et par le talent avec lequel il savait conter. Il gagna les bonnes grâces du cardinal de Richelieu, qui l'employa à composer les pièces qu'il se laissait attribuer à lui-même, et obtint de lui plusieurs bénéfices, mais il les perdit presque tous au jeu. Il fut un des fondateurs de l'Académie française, dont les séances se tinrent longtemps chez lui. Il a travaillé au Dictionnaire de l'Académie.

BOISSARD (J. J.), antiquaire et poëte, né à Besançon en 1528, mort en 1602, fit plusieurs voyages en Italie, en Grèce, en Allemagne, dans le but de faire des recherches sur les anciens monuments, puis se fixa à Metz. Il avait déposé à Montbéliard beaucoup d'antiquités; mais le fruit de ses travaux fut perdu lors de l'invasion des Lorrains en Franche Comté. On a de lui : Habitus variarum gentium, Metz; 1581, avec fig. ; Emblemata latina, Francfort, 1593, avec fig.; Theatrum vitæ humanæ, Metz, 1596, Topographia urbis Romæ, Francfort, 1597-1602; De Divinatione et magicis præstigiis, Oppenheim ,1615, ouvrage posthume, et des Poésies latines.

BOISSERÉE (Melchior), artiste, né en 1786 à Cologne, mort en 1851, forma, avec son frère Sulpice, une belle collection des anciens maîtres allemands (auj. à la Pinacothèque de Munich), puis lithographia ces tableaux et en publia le recueil en 1838. Il réussit à peindre sur verre avec le pinceau seul. — Sulpice, né 1783, a donné les Monuments du Bas Rhin, Munich, 1830-33, et la description de la cathédrale de Cologne, Paris et Munich, 1823-32.

BOISSONADE (Jean François), savant helléniste, né en 1774, à Paris, d'une famille originaire de Gascogne, mort à Passy en 1857, étudia au collége d'Harcourt, s'adonna d'abord à la critique littéraire, et fournit au Magasin encyclopédique de Millin, au Journal des Débats, au Mercure, des articles qui furent remarqués. Il débuta comme helléniste en 1806, par une excellente édition des Héroïques de Philostrate, fut nommé en 1809 professeur de littérature grecque à la Faculté de Paris, et joignit à cette chaire en 1828 celle du Collége de France. Il avait été reçu dès 1813 à l'Académie des inscriptions. Travailleur infatigable, Boissonade a donné jusqu'à la fin de sa vie, et souvent à ses propres frais, une foule d'éditions d'ouvrages rares, curieux, et pour la plupart inédits. Outre les Héroïques, on lui doit des éditions de la Vie de Proclus, par Marinus, 1814 ; des Partitions d'Herodianus et du roman de Nïcetas Eugenianus, 1619; des Lettres d'Aristénète, des Vies d'Eunape, 1822; six volumes d’Anecdota græca, 1829-1844, riche mine de morceaux inédits; plusieurs écrits, inconnus jusque-là, de Théophylacte Simocatta (1835), de Michel Psellus (1838); les Lettres de Philostrate (1842); la 1re édition de Babrius (1844); les Allégories de l'Iliade de Tzetsès, ainsi qu'une jolie collection de poëtes grecs en 24 vol. in-32 (1823-26). Boissonade a fourni au recueil des Notices des manuscrits de la Bibliothèque impériale plusieurs morceaux précieux, et à la Biographie universelle un grand nombre de ses meilleurs articles. La littérature française lui doit un recueil inédit de Lettres de Voltaire à Frédéric (1802), des éditions des Œuvres choisies de Bertin (1824), de Parny (1827), une éd. du Télémaque (1844), où sont indiqués les emprunts faits par Fénelon à l'antiquité, et d'excellents articles littéraires, recueillis en 1862 par Colincamp. A une érudition profonde, ce savant joignait l'esprit, le goût et l'élégance du style. Ph. Lebas et Naudet ont donné des Notices historiques sur Boissonade.

BOISSY (Louis de), auteur fécond, mais médiocre, né en 1694 au Vic en Auvergne, mort en 1758, a composé des satires et plusieurs comédies, entre autres : le Babillard, le Français à Londres, le Sage étourdi, l'Homme du jour ou les Dehors trompeurs, en 5 actes et en vers : c'est la meilleure. Il fut reçu à l'Académie en 1754. Après avoir longtemps lutté contre la misère, il obtint le privilège du Mercure de France, ce qui le mit dans l'aisance, mais il abrégea sa vie par des excès. Ses œuvres forment 9 vol. in-8, Paris, 1766. — Son fils, Louis-Michel de B., né vers 1725, mort en 1788, a donné un Supplément à l'Histoire des Juifs, de Basnage, 1784, 2 vol. in-12.

BOISSY D'ANGLAS (François Antoine, comte de), homme d’État, né en 1756 à St-Jean-la-Chambre (Ardèche), d'une famille protestante, mort en 1826, se fit recevoir avocat, fut élu député du tiers état pour la sénéchaussée d'Annonay (1789) ; devint, après l'Assemblée constituante, procureur-syndic de l'Ardèche, et fut en 1792 envoyé par ce département à la Convention. Il se signala dans cette assemblée par la modération de ses opinions, par la multiplicité de ses travaux, et surtout par une fermeté héroïque. Dans, la fameuse journée du 1er prairial an III (20 mai 1795), il avait la présidence; le peuple des faubourgs insurgés, ayant envahi la salle des séances, voulait forcer la Convention à rétablir le régime de la Terreur; on insulte, on menace le président, et, pour l'effrayer, on place devant lui la tête du représentant Féraud. qui venait d'être assassiné sous ses yeux. A la vue de cette tête, Boissy d'Anglas se découvre respectueusement et salue son infortuné collègue; puis il se rassied, reste impassible au milieu de cette scène de désordre et d'horreur, et force par son courage la populace à s'éloigner sans avoir pu accomplir ses criminels projets. Il fut un des principaux auteurs de la constitution de l'an III, et fut élu par 72 départements député au conseil des Cinq-Cents; il devint bientôt secrétaire, puis président de l'assemblée. Il n'en fut pas moins proscrit par le Directoire au 18 fructidor, et n'échappa à la déportation que par la fuite. Après le 18 brumaire, il fut élu membre du tribunat; sous l'Empire, il devint sénateur, comte, et, à la Restauration, pair de France. Il défendit jusqu'au dernier moment les doctrines libérales. On a de lui, outre une foule d’Opinions et de Rapports, un Essai sur la vie de Malesberbes, 1819, et des Études littéraires et poétiques d'un vieillard, 1825, qui renferment plusieurs notices intéressantes.

BOISSY (Ét.-Octave ROUILLÉ, marquis de), h. politique français, né en 1798, m. en 1871; fut pair de France sous Louis-Philippe, sénateur sous Napoléon III, et se fit remarquer par l'indépendance et la singularité de son caractère. Il avait épousé la comtesse Guiccioli. V. GUICCIOLI (Supplément).

BOISSY SAINT-LÉGER, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), à 21 kil. N. de Corbeil, 17 kil. S. E. de Paris; 570 hab.

BOISTE (Pierre Claude Victor), lexicographe, né à Paris en 1765, mort en 1824, est connu par un Dictionnaire universel de la langue française, 1809 : une espèce d'encyclopédie grammaticale, qui contient, outre des mots, la grammaire, les synonymes, les tropes, les règles de la versification.

BOISTUAU. V. BOAISTUAU.

BOIVIN (Jean), dit de Villeneuve, né en 1663, m. en 1726, fut membre de l'Académie française, de celle des inscriptions, professeur de grec au Collége royal (Coll. de France) et garde de la bibliothèque du Roi. Il y découvrit, sous les homélies de S. Ephrem, un manuscrit palimpseste de la Bible ayant douze ou treize siècles d'antiquité. Il a publié : Mathematici veteres, 1693, Histoire byzantine de Nicéphore Grégoras, 1702 ; Vie de Pierre Pithou (en latin) ; des traductions du grec (l’Œdipe roi de Sophocle, les Oiseaux d’Aristophane), et quelques poésies médiocres. — Son frère aîné, Louis Boivin (1649-1724), membre aussi de l’Académie des inscriptions, a laissé des Mémoires sur la Chronologie, qui prouvent une érudition rare, mais où il se livre trop facilement à des suppositions gratuites.

BOIZOT (L.), sculpteur, né à Paris en 1748, m. en 1809, professeur à l’École des beaux-arts, membre de l’Institut, a exécuté, entre autres ouvrages : une statue à pied de Louis XV, à Brest, le Baptême de Jésus, à St-Sulpice, Racine, à l’Institut, la Victoire qui surmonte la colonne du Châtelet à Paris, et plusieurs des bas-reliefs de la colonne de la place Vendôme. On lui reproche quelque incorrection.

BOJADOR (cap), Atlas major, sur la côte occid. de l’Afrique (Sahara), sur l’Atlantique, par 16° 49' long. O., 26° 48' lat. N. Les anciens le regardaient comme l’extrémité du monde. Il fut doublé pour la 1re fois en 1433 par le Portugais Gillianez.

BOJANO, Bovianum, v. du roy. d’Italie (Molise), à 27 kil. E. S. E. d’Isernia ; 3000 hab. Évêché suffragant de Bénévent. Tremblements de terre.

BOKHARA, BOKHARIE. V. BOUKHARA, etc.

BOLBEC, ch.-l. de cant. (Seine-Infér.), près de la riv. de Bolbec, à 30 kil. N. E. du Havre ; 2664 h. Calicots, indiennes, mouchoirs, teintureries.

BOLBITINE, petite v. de la Basse-Égypte, sur la branche occid. du Nil, qui prenait de là le nom de Bolbitinum ostium, occupait l’emplacement de la r. actuelle de Rosette.

BOLERIUM PROM., auj. cap Land’s-end.

BOLESLAS I, dit le Grand et l’Intrépide, roi de Pologne, fils de Miécislas, monta sur le trône en 992 et mourut en 1025. Jusqu’à lui les souverains de ce pays n’avaient porté que le titre de duc : l’empereur Othon III lui donna celui de roi (1001), en affranchissant la Pologne de la dépendance de l’Empire. Boleslas vainquit les Moscovites, conquit la Moravie et autres pays, protégea les sciences et les arts, et répandit l’instruction. - BOLESLAS II, le Hardi, monta sur le trône en 1058, à l’âge de 16 ans, se rendit odieux par ses vices et ses cruautés ; fut excommunié par le pape Grégoire VII pour avoir fait périr un évêque en 1081, puis fut déposé. Il s’enfuit en Hongrie, et de là en Carinthie, et se cacha dans le couvent de Villach, où il fut, dit-on, réduit à se faire cuisinier. Il y mourut en 1090. Ce ne fut qu’à sa mort qu’il révéla le secret de sa naissance et de ses malheurs. Quelques historiens disent qu’il se tua. - BOLESLAS III, fils de Vladislas I, régna avec son frère Zbignev de 1102 en 1107, puis seul, et mourut en 1138. Il ne prit que le titre de duc pour ne pas déplaire au pape, qui, depuis l’excommunication de Boleslas II, avait interdit le titre de roi en Pologne. Il remporta en 1109 une victoire sur l’empereur Henri V à Glogau. Après avoir battu les Russes en plusieurs rencontres, il vit son armée complètement défaite par eux et fut forcé de prendre la fuite. - BOLESLAS IV, duc de Pologne, 2e fils du précéd., parvint au trône en 1146, après la déposition de son frère Vladislas, et mourut en 1173 à Cracovie. - BOLESLAS V, le Chaste, fils de Lech ou Lesko V, fut reconnu en 1227, n’ayant encore que 7 ans, mais ne monta sur le trône qu’en 1237, à 17 ans. Il mourut en 1289, méprisé de la noblesse, et détesté du peuple pour n’avoir pas su repousser l’invasion des Tartares.

BOLESLAS, rois de Bohême. V. BOHÈME.

BOLEYN (Anne), femme de Henri VIII. Elle passa a première jeunesse en France, où elle avait accompagné Marie d’Angleterre, qui épousa Louis XII, et mena à la cour de ce prince et à celle de François I une vie assez licencieuse. Elle retourna vers 1525 en Angleterre, se fit attacher à la personne de Catherine d’Aragon, femme de Henri VIII, parvint à faire répudier cette princesse, et se fit épouser par le roi (1533) : c’est afin d’accomplir ce mariage, que le pape ne voulait pas sanctionner, que Henri VIII abandonna la religion catholique. Anne Boleyn devint bientôt mère et donna le jour à la célèbre Élisabeth. Son règne fut de courte durée : supplantée bientôt elle-même par une de ses dames d’honneur, Jane Seymour, elle fut accusée d’adultère et même d’inceste avec son frère, et fut décapitée en 1536. — Son frère, George Boleyn, qui avait été fait lord Rochefort, partagea son supplice.

BOLGARY, vge de Russie (Kazan), à 145 k. S. de Kasan et près du Volga ; 100 maisons. C’était l’anc. capitale des Bulgares.

BOLGRAD, bourg de Bessarabie, près du Pruth, au fond du lac Yalpuck, et à 25 k. d’Ismaïl ; env. 500 h. Disputé en 1856 entre la Russie et la Turquie ; adjugé à la Turquie et compris dans la Moldavie.

BOLI, v. de la Turquie d’Asie (Anatolie), ch.-l. de sandjak, à 135 k. N. O. d’Angora ; 6000 h. Eaux thermales. Près de là, ruines d’Hadrianopolis.

BOLINGBROKE (Henri SAINT-JEAN, vicomte de), politique et philosophe, né en 1678 à Battersea (Surrey), mort en 1750. Après avoir mené une jeunesse dissipée, il entra aux affaires, et y montra bientôt une supériorité qu’on n’avait pas soupçonnée. Nommé en 1700 membre de la Chambre des Communes, il se déclara pour les tories, quoique toute se famille fût whig. Il attira l’attention du roi Guillaume, puis de la reine Anne, et fut nommé secrétaire d’État en 1704. Renversé en 1708, il revint au pouvoir 2 ans après, fut chargé du ministère des affaires étrangères et conclut la paix d’Utrecht (1713). Pendant sa faveur, il fut créé pair avec le titre de comte de Bolingbroke. A la mort de la reine Anne (1714), il perdit tout son crédit et fut même proscrit par le Parlement et dépouillé de tous ses biens. Il se réfugia en France, et offrit ses services au prétendant Jacques III ; mais bientôt, mécontent de ce prince, il s’en détacha et sollicita auprès du nouveau roi, Georges I, son retour en Angleterre ; il ne put l’obtenir qu’en 1723. Il vécut d’abord à la campagne, étranger aux affaires ; mais en 1725 il reparut sur la scène, et pendant dix ans il fut par ses écrits le plus redoutable antagoniste du ministère Walpole. Désespérant enfin du succès de ses efforts, il se retira de nouveau en France (1735), pour y passer le reste de ses jours ; mais, incapable de se fixer, il retourna dès 1738 en Angleterre, où il mourut sans avoir pu ressaisir le pouvoir. Il avait épousé en 2espagnol noces une Française, la marquise de Villette, nièce de Mme de Maintenon. Bolingbroke a écrit pendant sa retraite un grand nombre d’ouvrages : les uns politiques, tels que Lettre au chevalier Wyndham sur le patriotisme, Idée d’un roi patriote, Des partis ; les autres littéraires ou philosophiques, tels que Réflexions sur l’exil, Lettres sur l’étude de l’histoire, Lettres à M. de Pouilly (en français). Dans ces derniers écrits, il se montre déiste et attaque ouvertement la révélation ; il fut en cela le précurseur de Voltaire, qui plus d’une fois emprunta son nom. Tous les écrits de Bolingbroke ont été réunis à Londres par Mallet, 1754, 5 v. in-4 ; ils ont été réimprimés en 1800, 8 vol. in-8. Plusieurs ont été traduits en français, notamment les Lettres sur l’Histoire, par Barbeu Dubourg, 1752. Bolingbroke fut lié avec les plus grands écrivains de son temps, Prior, Swift et Pope : c’est lui qui donna à ce dernier le sujet et le fond de l’Essai sur l’homme, qui est son chef-d’œuvre. Il fut lui-même un bon écrivain : son style est vif, orné et brillant.

BOLIVAR (Simon), le libérateur de l’Amérique espagnole, né en 1783, à Caracas, mort en 1830. Après avoir étudié en Espagne et avoir visité la France, l’Italie, les États-Unis, il retourna dans son pays pour prendre part à la guerre de l’indépendance ; servit d’abord sous Miianda (1811), battit les généraux espagnols Monteverde et Morillo, remporta une victoire décisive à Boyaca (1819) et affranchit le Vénézuela et la Nouvelle-Grenade qu'il réunit en une seule république sans le nom de Colombie (1819); proclama peu après l'indépendance du Pérou (1822), fonda au sud de ce pays un nouvel État qui prit le nom de Bolivie, assura son existence par les victoires de Junin et d'Ayacucho (1824), et lui donna une constitution en 1826. Nommé à différentes reprises président des États qu'il avait affranchis, Bolivar fut soupçonné d'aspirer à la tyrannie; pour détruire ces soupçons injustes, il abdiqua plusieurs fois le pouvoir. Il mourut peu de mois après une dernière abdication, et lorsqu'il se disposait à se retirer en Europe pour échapper aux injustes défiances dont il était l'objet. On a une Histoire de Bolivar par le général Ducoudray-Holstein, continuée par Viollet. — Son nom a été donné a la ville d’Angostura, dans le Vénézuéla (V. ANGOSTORA), ainsi qu'à un des États de la Nouvelle-Grenade, situé entre ceux de Magdalena au N. et de Cundimarca au S., et ayant 4 millions d'hectares et 200 000 h. C'est aussi en son honneur que le Ht-Pérou a reçu le nom de Bolivie.

BOLIVIE, État de l'Amérique du S., entre le Pérou à l'O. et au N., le Brésil à l'E., les Prov.-Uhies de Rio-de-la-Plata et le Paraguay au S., et l'Océan Pacifique au S. O., se confond avec ce qu'on appelait précédemment Haut-Pérou; 1500 kil. sur 1600; env. 1 500 000 h., dont beaucoup d'Indiens (les autres, créoles, nègres ou de sang mixte); capitale, Chuquisaca. Il se divise en 6 départements : Chuquisaca, La Paz, Oruro, Potosi, Cochabamba, Santa-Cruz; et comprend en outre les prov. d'Otequis, de Tarija et de Lamar. Montagnes très-hautes (5000m et plus), vallées, pampas immenses, vastes déserts. Climat varié, tempéré en général. Métaux précieux en abondance; plantes et animaux des parties froides du Pérou. Le gouvernement est républicain. — Ce pays, sous le nom de Haut-Pérou, fit partie d'abord de la vice-royauté espagnole de Lima, puis de celle de Rio-de-la-Plata. Il s'insurgea contre l'Espagne des 1808, mais ne fut constitué comme État particulier qu'en 1825, après la victoire d'Ayacucho (V. ce nom), par le congrès de Chuquisaca. Il a reçu son nom actuel en l'honneur de Bolivar. En 1836, la Bolivie forma avec le Bas-Pérou une confédération, dont le général Santa-Cruz fut le président, mais qui ne dura que 3 ans. Depuis, la Bolivie a été longtemps déchirée par des dissensions intestines et par les luttes des prétendants à la présidence.

BOLLAND (Jean), Bollandus, Jésuite d'Anvers, né en 1596 à Tirlemont, mort en 1665, commença le recueil des vies des saints distribuées selon les jours de l'année, connu sous le nom d’Acta sanctorum. Il fit paraître en 1643 les saints de janvier, en 1658 ceux de février, et mourut avant d'avoir terminé ceux de mars. Ce travail a été depuis continué par les PP. G. Henschen, D. Papebroch et par plusieurs autres jésuites, que l'on désigne collectivement sous le nom de Bollandistes. En 1794, lors de l'invasion des Français en Belgique, on interrompit le travail, qui n'allait encore que jusqu'au 14 octobre. Depuis, le gouvernement belge l'a fait reprendre et s'est chargé de l'achever. Les Acta sanctorum, publiés à Anvers jusqu'en 1794, formaient dès cette époque 53 vol. in-fol.; 4 nouveaux volumes ont paru a Bruxelles depuis la reprise des travaux (1845 et ann. suiv.). On en a réimprimé une partie à Venise, 42 vol. 1734 et années suivantes, mais cette collection ne va que jusqu'au 15 septembre.

BOLLANDISTES. V. BOLLAND.

BOLLÈNE, ch.-l. de cant. (Vaucluse), à 8 kil. E. de Pont-Saint-Esprit, à 20 k. N. d'Orange; 2812 h.

BOLLWILLER, vge du Haut Rhin, entre Soulz et Ensisheim, à 7 kil. de celle-ci; 900 hab. Belle pépinière d'arbres, d'arbustes et de fleurs. Station.

BOLOGNE, Bononia des anciens, Bologna en italien, v. forte d'Italie, la plus importante de la Romagne, à 300 k. N. de Rome, à 175 k. E. de Milan, sur un canal, entre le Reno et la Savena; 110 000 h. Archevêché, université célèbre. Chemin de fer. Monuments nombreux, cathédrale, église de St Pétrone, théâtre, riches palais, tours des Asinelli, de Garisendi, fontaine de Neptune, etc. Plusieurs académies, musée, riche bibliothèque, beau jardin botanique, lycée philharmonique. Manufactures de soieries, gazes, fleurs artificielles, liqueurs, etc. Patrie de Benoît XIV, de Manfredi, du Guide, du Dominiquin, de l'Albane, des trois Carraches, d'Aldrovandi, Marsigli, J. B. Beccari, J. Monti, Galvani.etc. — Fondée par les Étrusques sous le nom de Felsina, puis occupée par les Boii (d'où son 2e nom), colonisée par les Romains en 189 av. J. C., elle s'érigea en République au moyen âge. Elle se soumit en 1278 à l'autorité du pape Nicolas II; mais elle ne fut annexée aux États romains que par Jules II, en 1513. Il y éclata en 1831 un mouvement libéral mais il fut aussitôt comprimé par les Autrichiens, qui depuis y ont tenu garnison, et qui bombardèrent la ville lors des troubles de 1848. En 1859, la ville et la prov. de Bologne se sont soustraites à l'autorité du pape et ont reconnu le roi de Sardaigne. — La prov. (anc. légation) de Bologne est située au S. de celle de Ferrare, au N. de la Toscane, à l'E. du duché de Modène et compte env. 410 000 hab. Elle a formé sous Napoléon le dép. du Reno et une partie de celui du Panaro.

BOLOGNESE (le), peintre. V. Grimaldi (J. Fr.).

BOLONAIS, territoire de Bologne, réuni à l’État ecclésiastique par Jules II, en 1513, a formé depuis la légation de Bologne. V. BOLOGNE.

BOLOR, monts d'Asie. V. BELOUR.

BOLSENA, Vulsinii, v. de l’État ecclésiastique, sur le bord du lac de même nom, à 26 k. N. O. de Viterbe; 2000 h. Ruines du temple de la déesse Nursia, etc. Prise par les Romains en 266 av. J. C. Patrie de Séjan. — Le lac de Bolsena (Vulsuniensis lacus) a 13 k. de long, sur 10 de large. Il se décharge dans la Méditerranée par la Marta.

BOLTON-LE-MOOR, v. d'Angleterre (Lancastre), à 64 k. S. E. de Lancastre et à 15 k. N. O. de Manchester, près d'un canal qui conduit à Manchester et à Bury; 55 000h. Industrie active : futaines, mousselines, velours; usines pour machines à vapeur.

BOLZANO. V. BOZEN.

BOMARE (VALMONT de). V. VALMONT.

BOMARSUND, forteresse russe, située dans l'île d'Aland, au milieu de la côte orientale. Cette forteresse, dont la construction avait demandé plus de 20 ans, venait à peine d'être achevée, lorsqu'elle fut bombardée et détruite en 1854 par la flotte anglo-française.

BOMBAY (corruption du portugais Boa bahia, bonne baie), v. de l'Inde anglaise, ch.-l. de la présid. de Bombay, sur la mer d'Oman, dans une petite île de même nom, par 69° 47' long. E., 18° 56' lat. N.; env. 700 000 hab. Les marais qui l'environnent en rendent le séjour très-malsain, surtout pour les Européens. Port, la meilleur de toute la côte occid. de l'Inde; chemin de fer; vaste citadelle; grands établissements de marine militaire; beaux monuments; superbe temple guèbre, tout récent; église anglicane, palais du gouverneur, bazar, casernes, bassins, docks, arsenal. Immense commerce avec la Chine, la mer Rouge, le golfe Persique, etc. — L'île de Bombay fut donnée aux Portugais par le radjah de Sourah en 1530; ceux-ci la cédèrent en 1661 au roi d'Angleterre Charles II, comme partie de la dot que l'infante Catherine apportait à ce prince. La compagnie des Indes l'acheta en 1666, et y plaça en 1686 le siége de son gouvernement. — La présidence de Bombay, une des trois grandes divisions de l'Inde anglaise, en forme la partie S. O. et compte env. 9 000 000 d'h. Elle comprend le Kandeich et de fortes portions de l'Aurengabad, du Bedjapour, du Guzzerat et de l'Adjmyr.

BOMILCAR, général carthaginois, s'empara de la souveraineté dans sa patrie lors de l'invasion d' Agatocle (308 av. J.-C.); mais fut bientôt renversé, condamné et périt sur la croix. — Favori de Jugurtha, assassina par ses ordres Massiva dans Rome même, 110 av J.-C. puis trahit son maître pour les Romains, et fut mis à mort par lui, 107.

BOMMEL, v. de Hollande (Gueldre), dans le Bommeler-Waard, à 13 kil. N. de Bois-le-Duc; 2000 h. Grande église protestante. V. jadis importante par le commerce. auj. déchue. Prise par les Fr. en 1672.

BOMMELER WAARD, Insula Batavorum, île que forment le Wahal et la Meuse, près de leur embouchure, à 22 kil. sur 9, et renferme beaucoup de beaux villages et la ville de Bommel. On croit que ce fut la demeure primitive des Bataves.

BON (cap), ou Hermæum prom., Ras Addar en arabe, cap d'Afrique sept., forme la pointe N. E. de la régence de Tunis, par 8° 44' long. E. et 37° 4' lat. N.

BONA (J.), écrivain ascétique, né à Mondovi en 1609, mort en 1674, entra chez les Feuillants, et devint général de l'ordre en 1651. Clément IX le fit cardinal en 1669. Ses ouvrages ont été recueillis à Turin, 1747, 4 vol. in-fol. Les principaux sont : Manuductio ad cœlum, trad. par Lambert et Leduc ; Horologium asceticum ; De principiis vitæ christianæ, trad. par le président Cousin et l'abbé Goujat ; le Phénix ou la Rénovation de l'âme par la retraite, ouvrage posthume, trad. en 1858, par J. Travers. Les Principes de la vie chrétienne et le Chemin du ciel ont été reproduits dans le Panthéon littéraire, Paris, 1835. On a surnommé Bona le Fénelon de l'Italie.

BONACOSSI (Pinamonte), d'une famille puissante de Mantoue, parvint à la souveraineté en 1272, quitta les Guelfes pour les Gibelins, s'allia avec les maisons de Vérone et della Scala, vainquit les Padouans, les Vicentins, et se maintint au pouvoir jusqu'en 1293, malgré plusieurs séditions. — Son fils, Bardellone Bonacossi, se déclara pour les Guelfes, s'empara du palais, emprisonna son père ainsi que Taino, son frère, et se fit proclamer par le peuple en 1293; il fut renversé en 1299 par Bottesilla, son neveu. — Passerino Bonacossi, frère de Bottesilla, le remplaça au pouvoir en 1310, et fut vicaire impérial. Après avoir joui paisiblement de l'autorité pendant 18 ans, il fut tué dans une sédition.

BONAFOUS (Mathieu), agronome, correspondant de l'Institut, né à Lyon en 1793, mort en 1852, appartenait à une famille de riches négociants piémontais, originaire de France. Il étudia surtout les cultures répandues dans le midi de la France, le maïs, le riz, la vigne, la soie, et écrivit sur ces divers sujets, soit en français, soit en italien, des ouvrages estimés : De l'éducation des vers à soie, 1821 ; l'Art de cultiver le mûrier, 1822 ; Traité du maïs, 1833 ; Hist. naturelle du maïs, 1836 ; Ampélographie subalpine, etc. Il a aussi trad. les Principes d'économie portique appliques à l'agriculture de Beccaria, et mis en vers français le poëme de Vida sur le Ver à soie. Il consacra sa fortune à des fondations philanthropiques : il concourut à la création de la colonie de Mettray et des instituts agronomiques de Grignon et de Roville. Son Éloge, par M. Cap, a été couronné par l'Académie de Lyon en 1854.

BONAIR, une des Antilles hollandaises, sur la côte de la Colombie, au S. E. de Curaçao, a 30 kil. sur 6, et a pour ch.-l. une ville de même nom ; 1500 hab.

BONALD (le vicomte de), célèbre écrivain, né en 1753 près de Milhau (Aveyron), mort en 1840, émigra en 1791, et ne revint que sous le Directoire. Il concourut à partir de 1806 à la rédaction du Mercure, accepta en 1810 la place de conseiller de l'Université, accueillit la Restauration avec joie, fut élu député en 1815, et nommé pair en 1823. Après 1830, il vécut dans la retraite. Il était depuis 1816 membre de l'Académie française. On a de lui : Théorie du pouvoir politique et religieux, 1796 ; Législation primitive, 1802 ; Recherches philosophiques, 1818. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 15 vol. in-8, 1840-43, et réimp. en 1859, 7 vol. in-8. Attaché aux doctrines religieuses et monarchiques, Bonald attribuait à une révélation primitive l'origine de nos connaissances, du langage, des arts ; en politique, il assimilait le pouvoir social à l'autorité du père de famille. Malgré l'exagération de ses doctrines, cet écrivain a contribué avec Chateaubriand à la restauration des idées religieuses et des doctrines spiritualistes : c'est lui qui définit l'homme une intelligence sertie par des organes. — Le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, né en 1787, est son fils.

BONAMY (P. Nic.), érudit, né en 1694, mort en 1770, était bibliothécaire de St-Victor, historiographe de la ville de Paris, et fut élu dès 1727 membre de l'Académie des inscriptions. Il a publié des dissertations estimées, notamment sur l'introduction de la langue latine dans les Gaules, sur la langue tudesque, sur les antiquités et la topographie de Paris, etc. Il rédigea le Journal de Verdun depuis 1749 jusqu'à sa mort. D'Aguesseau l'honorait de son amitié.

BONAPARTE (les), famille noble, originaire d'Italie, et dont l'illustration remonte au XIIe siècle. À cette époque, on en distingue 3 branches. La 1re, résidant à Trévise, fournit des podestats à Vérone et à Padoue, et s'éteignit en 1397 dans la personne de Servadius Bonaparte, prieur des chevaliers Gaudens ; la 2e, qui donna naissance à un rameau moins connu, les Bonaparte de San-Miniato, eut, vers 1570, pour dernier représentant Jean Bonaparte, gentilhomme attaché aux Orsini. La 3e, la seule existant aujourd'hui et la plus illustre, résidait primitivement à Sarzana, dans Le territoire de Gênes, et était inscrite à Venise sur le Livre d'Or. Un membre de cette 3e branche, L. Marie Fortuné Bonaparte, vint se fixer à Ajaccio en Corse en 1612. Charles Marie Bonaparte, son petit-fils, né en 1746, à Ajaccio, mort à Montpellier en 1785, assesseur (juge) à la juridiction d'Ajaccio, épousa en 1767 Letizia Ramolino, née en 1750, morte en 1836, et en eut 5 fils et 3 filles, dont le tableau suit :

1. JOSEPH, 1768-1844, roi de Naples, puis d'Espagne, dit comte de Survilliers depuis 1814, père de : Zénaïde Julie, née en 1801, mariée en 1822 à son cousin Charles Lucien, fils de Lucien, morte en 1854 ;

Charlotte, née en 1802, mariée à son cousin Charles Louis Napoléon, fils aîné du roi Louis ; morte en 1839.

2. NAPOLÉON, 1769-1821, empereur des Français, marié à Joséphine, puis à Marie-Louise, père de : Napoléon François Charles Joseph, né en 1811 de Marie-Louise d'Autriche, proclamé roi de Rome en naissant, mort à Schœnnbrunn en 1832. duc de Reichstadt.
3. ÉLISA, 1773-1820, princesse de Lucques et Piombino, puis grande-duchesse de Toscane, mariée en 1797 au Corse Baciocchi ; mère de : Napoléone Élisa Baciocchi, née en 1806, mariée en 1824 au comte Camerata ;

Jérôme Charles Baciocchi, né en 1810, mort en 1830 ; Napoléon Frédéric Baciocchi, né en 1815, mort en 1833.

4. LUCIEN, 1775-1840, prince de Canino, marié deux fois ; père de 11 enfants, dont les plus connus sont : Charles Lucien, prince de Canino et Musignano, 1803-1857, marié en 1822, à Zénaïde, fille de Joseph, dont il a en 10 enfants ;

Louis Lucien, né en 1813 ; Pierre Napoléon, né en 1815, Antoine, né en 1816.

5. LOUIS, 1778-1846, roi de Hollande, dit comte de St-Leu depuis 1814, marié en 1802 à Hortense de Beauharnais, père de : Napoléon Charles, 1802-1807, Charles Napoléon Louis, né en 1804, marié à Charlotte, fille de Joseph, mort sans postérité à Forli en 1831 ;

Louis Napoléon, né en 1808, élu président de la République le 10 déc. 1848, proclamé empereur en 1852.

6. PAULINE, 1780-1825, mariée au général Leclerc, puis au prince Borghese; duchesse de Guastalla en 1806, mère de: Napoléon Leclerc, mort à Rome en 1804;

N'a pas laissé d'enfants de son second mariage.

7. CAROLINE, 1782-1839, reine de Naples, mariée en 1800 à Murat; mère de: Napoléon Achille Murat, né en 1801, mort en 1847 aux États-Unis;

Lucien Napoléon Murat, né en 1803.

8. JÉRÔME, 1784-1860, roi de Westphalie de 1807 à 1813, marié en 1807 à une princesse de Wurtemberg, morte en 1836; père de: Jérôme Napoléon, né en 1814, mort en 1847, capitaine au service du Wurtemberg;

Mathilde, née en 1820, mariée en 1841 au prince Anatole Demidoff; Napoléon Joseph, né en 1822, marié en 1859 à la princesse Clotilde de Sardaigne.

Aux termes des sénatus-consultes des 28 floréal an XII et 5 frimaire an XIII, l'hérédité de la dignité impériale, à défaut de descendance mâle de Napoléon, devait être dans la famille de son frère Joseph, et subsidiairement dans celle de Louis. C'est en vertu de ces dispositions que le prince Louis Napoléon est le légitime héritier de Napoléon 1.

L’Histoire de la famille Bonaparte a été écrite par M. Wouthers, Paris, 1850, et par MM. Ambrosini et Huart, 1860.

BONAPARTE (Joseph), frère aîné de Napoléon, né en 1768 à Ajaccio, mort en 1844 à Florence, était destiné au barreau quand l'élévation de son frère l'appela aux affaires publiques. Il fut, en 1796, nommé par la Corse député au conseil des Cinq-Cents, puis envoyé en ambassade à Home (1797); mais il quitta cette ville après le meurtre du général Duphot, son aide de camp. Il signa la paix de Lunéville (1801) et celle d'Amiens (1802), reçut le titre de prince impérial quand son frère eut été couronné, fut placé par lui en 1806 sur le trône de Naples, où il se fit aimer du peuple, mais sans pouvoir rallier les nobles; échangea en 1808, quoique à regret, la couronne de Naples contre celle d'Espagne, eut sans cesse à lutter contre ses nouveaux sujets, se vit deux fois forcé de quitter sa capitale, et fut réduit à rentrer en France en 1813, après la défaite de Vittoria. Lieutenant général de l'Empire en 1814 et aux Cent-Jours, il ne put maîtriser les événements, quitta Paris à l'approche des alliés, et accompagna l'impératrice à Blois. Après Waterloo, il se réfugia aux États-Unis, où il vécut 11 ans sous le nom de comte de Survilliers, s'occupant d'agronomie, puis il revint en Europe, où il habita successivement l'Angleterre et l'Italie. Homme sage, bon, simple dans ses manières, Joseph n'avait pas les qualités propres au rôle élevé que son frère lui fit jouer. Il aimait et cultivait les lettres; cependant c'est à tort qu'on lui a attribué un poëme en 10 chants intitulé Napoléon, et consacré au héros de sa famille (ce poëme est de M. H. L. Lorquet, professeur à l'Ile de France, qui le publia dans cette île en 1822). Le roi Joseph a laissé des Mémoires et une Correspondance, qui ont été publiés par M. du Casse de 1852 à 1854 Paris, 10 vol. in-8), et qui jettent un grand jour sur l'histoire de l'Empire. Il avait épousé Julie Clary, fille d'un négociant de Marseille. Il laissa deux filles (V. le tableau ci-dessus).

BONAPARTE (Napoléon). V. NAPOLÉON.

BONAPARTE (Élisa). V. BACIOCCHI (princesse).

BONAPARTE (Lucien), prince de Canino, né en 1775 à Ajaccio, mort en 1840, vint en 1793 habiter la Provence avec sa famille, exilée de Corse, et remplit d'abord des fonctions subalternes dans l'intendance militaire. Nommé en 1797 membre du conseil des Cinq-Cents, il se fit remarquer par son éloquence, et devint président de l'assemblée. Il prépara avec son frère le renversement du Directoire, et assura le succès du 18 brumaire. Napoléon, devenu premier consul, l'appela au ministère de l'intérieur (1799); mais, d'un caractère trop entier, Lucien ne tarda pas à tomber en disgrâce. Il fut néanmoins envoyé comme ambassadeur en Espagne : il y fit prévaloir l'influence française contre le parti anglais, et regagna par là les bonnes grâces du premier consul; mais, s'étant marié contre la volonté de son frère (il avait épousé Mme Jouberthon, veuve d'un agent de change), il fut de nouveau disgracié (1804). Il se retira à Rome auprès du pape Pie VII, dont il s'était concilié l'amitié dès 1801 en soutenant le Concordat; puis se fixa près de Viterbe, dans la terre de Canino, que le pape érigea pour lui en principauté; plus tard (1810), voulant éviter tout contact avec Napoléon, il s'embarqua pour les États-Unis, mais il fut pris en mer par les Anglais, qui le détinrent jusqu'en 1814. Dans les Cent-Jours, il revint en France pour solliciter l'évacuation des États du Pape, que Murat avait envahis, et fut retenu par son frère. Il fut un des premiers à proposer l'abdication de l'Empereur en faveur du roi de Rome. Après le départ de Napoléon pour Ste-Hélène, il retourna en Italie, où il vécut en simple particulier. Il cultivait les lettres et composa deux poëmes épiques : Charlemagne et la Cyrnéïde ou la Corse sauvée. Il avait été admis à l'Institut dès 1803. Il fut un des premiers protecteurs de Béranger. — Son fils aîné, Ch. Lucien Bonaparte, prince de Canino et Musignano, né en 1803, mort en 1857, fut élevé à Rome, épousa en 1822 une fille de Joseph, se rendit avec elle aux États-Unis, où résidait son beau-père, publia dans ce pays plusieurs ouvrages d'ornithologie estimés (American Ornithology, Philadelphia, 1825; Ornithology of the North America, 1826), fit paraître, après son retour en Italie, l’Ornithologie comparée de Rome et de Philadelphie, Rome, 1828; Classification des animaux vertébrés, 1831; la Faune italienne, 1833-41, tous écrits en italien; organisa en Italie les congrès scientifiques et mérita par son zèle pour la science d'être admis dans la plupart des sociétés savantes de l'Europe et d'être nommé correspondant de l'Institut. Élu en 1848 membre de l'Assemblée constituante de Rome, il en était président en 1849 et il ne put s'opposer aux excès qui amenèrent la chute de la nouvelle république. Rendu à la vie privée, il vint résider à Paris et reprit les travaux qui l'ont placé dans les premiers rangs des zoologistes.

BONAPARTE (Louis), né en 1778 à Ajaccio, mort en 1846 à Florence, fut dès l'âge de 16 ans aide de camp de son frère à l'armée d'Italie, le suivit en Égypte, fut marié en 1802, presque malgré lui, à la fille de Joséphine, Hortense de Beauharnais, avec laquelle il ne sympathisait pas et dont il finit par se séparer (V. HORTENSE); reçut, à la création de l'Empire, le titre de grand connétable; occupa en 1805, à la tête de l'armée du Nord, le territoire de la République batave; quitta loyalement le pays aux premières nouvelles de la paix, ce qui lui concilia l'estime des habitants; fut élevé en 1806 sur le trône de Hollande, et sut s'y faire aimer, mais abdiqua en 1810, quand il connut les projets de Napoléon qui, en effet, ne tarda pas à réunir la Hollande à l'Empire. Ce prince philosophe vécut depuis dans la retraite sous le nom de comte de Saint-Leu, et resta étranger au retour de Napoléon en 1815. Il a publié des Documents historiques sur le gouvernement de la Hollande (3 vol. in-8, Paris, 1820), ouvrage précieux pour l'histoire, mais où Napoléon n'est pas épargné. Comme Lucien et Joseph, il cultiva les lettres. Il avait en 1814, dans un Essai sur la versification, proposé de substituer le rhythme à la rime en scandant les vers français suivant l'accent prosodique; il voulut même appliquer ce système et composa quelques poésies en vers rhythmiques (Lucrèce, tragédie, Ruth et Noémi, opéra-comique); mais cette tentative n'eut aucun succès. On a encore de lui des Odes (Vienne, 1813) et des Poésies diverses (Florence, 1828), où l’on trouve, avec une philosophie douce, de nobles sentiments exprimés en beaux vers ; un roman, Marie ou les Peines de l’amour (publié dès 1800, réimprimé en 1814 sous le titre de Marie ou les Hollandaises), roman qui paraît être sa propre histoire. — De trois enfants qu’il avait eus d’Hortense (V. le tableau ci-dessus), un seul a survécu. C’est le prince Louis Napoléon, aujourd’hui empereur.

BONAPARTE (Pauline), princesse Borghèse, 2e sœur de Napoléon, née en 1780 à Ajaccio, morte en 1825, fut mariée en 1797 au général Leclerc, qu’elle accompagna dans l’expédition de St-Domingue, et qui la laissa veuve au bout de peu de temps. Faite duchesse de Guastalla, elle épousa en 2e noces le prince Camille Borghèse (1803), dont elle se sépara bientôt, et vint habiter le château de Neuilly, où elle tint une espèce de cour. En 1814 elle se montra dévouée à son frère, avec lequel elle avait eu jusque-là quelques brouilleries ; elle le suivit à l’île d’Elbe, et mit à sa disposition ses diamants (qui furent pris à Waterloo dans la voiture de l’Empereur). Dans ses dernières années elle se rapprocha du prince Borghèse, et vécut avec lui à Florence. Pauline était une des plus belles femmes de son temps. Canova reproduisit sous ses traits la Vénus de Praxitèle.

BONAPARTE (Caroline), 3e sœur de Napoléon, née en 1782, morte en 1839, fut mariée en 1800 à Murat. Devenue grande-duchesse de Berg, puis reine de Naples, elle se montra digne de ce haut rang : elle favorisa les arts et les artistes, encouragea les fouilles de Pompéies, et créa à Naples des établissements utiles, dont plusieurs subsistent encore. Déclarée régente quand Murat eut quitté Naples, elle assura la tranquillité publique, ne s’éloigna qu’après avoir stipulé avec le commodore anglais pour les intérêts de ses anciens sujets, puis se retira au château de Baimbourg près de Vienne, où elle s’occupa exclusivement de l’éducation de ses enfants. Après 1830, elle se réunit à sa famille en Italie ; elle mourut à Florence. Elle avait pris le titre de comtesse de Lipona (anagramme de Napoli, nom italien de Naples).

BONAPARTE (Jérôme), le plus jeune des frères de Napoléon, né en 1784 à Ajaccio, mort en 1860, servit d’abord dans la marine, prit part à l’expédition de St-Domingue et remplit avec succès plusieurs missions, notamment celle de réclamer au dey d’Alger 250 Génois retenus en esclavage ; quitta en 1806 le service de mer avec le grade de contre-amiral, et fut aussitôt mis à la tête d’un corps d’armée de Wurtembergeois et de Bavarois, avec lequel il enleva la Silésie au roi de Prusse (1807). La même année, il épousa la fille du roi de Wurtemberg et fut placé sur le trône de Westphalie, créé pour lui. Il établit sa résidence à Cassel, introduisit dans son royaume les institutions françaises et abolit de nombreux abus. Placé en 1812 à la tête d’un corps de troupes allemandes, il prit part à la campagne de Russie et se distingua aux combats d’Ostrowno et de Mohilev, mais, à la suite d’un fâcheux conflit avec le maréchal Davoust, il retourna à Cassel. Il refusa de conserver le trône après les événements de 1814, s’empressa de revenir en France pendant les Cent-Jours, commanda un corps d’armée en Belgique, fut blessé au combat de Hougoumont, et n’en prit pas moins une part fort active à la bataille de Waterloo, où il fit des prodiges de valeur. Après la chute de Napoléon, il se retira près de son beau-père, qui lui conféra en 1816 le litre de comte de Montfort, sous lequel il a été longtemps connu. Rentré en France en 1848, il contribua à préparer l’élection à la présidence de son neveu, le prince Napoléon, et fut nommé successivement gouverneur des Invalides (1848), maréchal de France (1850), président du sénat (1851), et fut réintégré, après le rétablissement de l’Empire, dans le titre et les honneurs de prince impérial (1852). Son corps a été déposé aux Invalides auprès de celui de Napoléon. Ses Mémoires et sa Correspondance ont été publ. en 1863. — Le prince Jérôme avait conservé deux enfants de son mariage avec la princesse Frédérique de Wurtemberg : le prince Napoléon et la princesse Mathilde. Il avait eu un autre fils d’un 1er mariage, contracté en 1803 à New-York avec miss Paterson, mais sans l’aveu de Napoléon.

BONAVENTURE (Jean FIDANZA, connu sous le nom de S.), célèbre docteur de l’Église, né en 1221 à Bagnarea en Toscane, mort en 1274, fut reçu dans l’ordre de St-François en 1243, enseigna la théologie à Paris, 1253, devint général de son ordre en 1256, et se concilia tellement la confiance générale qu’après la mort de Clément IV, les cardinaux s’engagèrent à élire pape celui qu’il désignerait : il prononça pour Thibaut, depuis Grégoire X, qui, en reconnaissance, le nomma cardinal en 1272. On a de S. Bonaventure des Commentaires sur l’Imitation de J.-C. et sur le Maître des sentences de Pierre Lombard, des Méditations sur la vie de J.-C., plusieurs fois trad. en franç., des livres d’exégèse (Breviloquium, Centiloquium), des livres populaires (Biblia pauperum), et des cantiques célèbres. La piété mystique qui règne dans ses écrits lui a valu le surnom de Docteur séraphique. Ses Œuvres ont été publiées à Rome, 1586-96, 8 vol. in-f.. et à Venise, 1751, 14 v. in-4. Ses Œuvres spirituelles ont été trad. par l’abbé Berthaumier, 1865. On le fête le 14 juillet. — V. GIRAUDEAU.

BONCHAMP (Artus, marquis de), général vendéen, né en 1759 dans l’Anjou, servit en Amérique, fut choisi en 1793 avec d’Elbée pour commander les Vendéens insurgés, obtint d’abord quelques succès dans l’Anjou et contribua à la prise de Bressuire et de Thouars ; mais fut mortellement blessé en combattant devant Cholet, le 17 oct. 1793. Avant d’expirer, il fit rendre la vie à 5000 prisonniers républicains qu’on allait massacrer. Sa veuve, morte en 1845, a laissé des Mémoires.

BONCONICA, v. de la Belgique ancienne (Germanie 1re), sur la r. g. du Rhin, est auj. Oppenheim.

BOND (Jean), philologue anglais, né en 1550, dans le Somerset, mort en 1612, fut 20 ans recteur d’une école à Taunton, puis exerça la médecine. Il donna en 1614, à Londres, une édition des Œuvres d’Horace, accompagnée de notes marginales fort brèves, qui a obtenu une multitude de réimpressions. Il a fait sur Perse le même travail, mais avec moins de succès.

BONDO (Clément), poëte italien, né en 1742 à Mezzano (Parme), mort à Vienne en 1821, avait été jésuite. Il devint vers 1795 bibliothécaire de l’archiduc Ferdinand à Brunn, et fit l’éducation du fils de ce prince (duc de Modène depuis). On lui doit des traductions estimées de Virgile et d’Ovide en vers italiens, ce qui l’a fait surnommer le Delille de l’Italie. Il a aussi composé quelques poésies originales (la Journée champêtre, la Conversation, des poëmes badins, épithalames, canzone, etc.). Ses Œuvres ont été publiées en 1808 à Vienne, 3 v. in-8.

BONDOU (roy. de), État de la Nigritie occid., dans la Sénégambie, au N. O. du Bambouk ; 160 k. sur 110 ; villes principales, Fattéconda et Boulébané. La France y a un comptoir, à Sénou-Debou. Ce pays fut vu pour la 1re fois par Mungo-Park.

BONDY, vge du dêp. de la Seine, à 12 k. E, de Paris, sur le canal de l’Ourcq et la route d’Allemagne ; 800 hab. Château. - Près de là est la forêt de Bondy, qui fut longtemps un repaire de voleurs.

BONE, l’anc. Hippone, Hippo regius, en arabe Beled-el-Aneb (la ville des jujubes), v. forte de l’Algérie (prov. de Constantine), à 156 k. N. E. de Constantine, sur la côte ; 8000 hab. Ch.-l. d’arr. et de subdivision militaire, tribunal. Deux ports, fréquentés pour la pêche du corail ; belles jetées (construites en 1858), étoffes de laine dites constantines, bournous, tapis, selles, peaux, cire, grains, etc. Bone fut occupée par Charles-Quint en 1535. La compagnie française d’Afrique y eut un établissement depuis Louis XIV jusqu’à la Révolution. Bone est

occupée depuis 1832 par les Français, qui ont assaini cette ville et en ont changé la face. V. hippone.

BONFINIUS (Antoine), historien, né à Ascoli en 1427, mort en 1502, fut quelque temps professeur de belles-lettres à Ricanati. Matthias Corvin, roi de Hongrie, l’appela à sa cour pour écrire l’Histoire de la Hongrie jusqu’à son règne. Il rédigea cet ouvrage en latin et conduisit son récit jusqu’en 1445. Sambuc en donna en 1568 une nouvelle édition, avec de fidélité et continuation ; elle a été reproduite à Leipsick, 1771.

BONGARS (Jacq.), savant critique, né en 1546, à Orléans, mort en 1612, était calviniste. Il fut conseiller et maître d’hôtel de Henri IV, et fut très-utile à ce prince par ses négociations avec les cours d’Allemagne. On lui doit le recueil des historiens des croisades intitulé : Gesta Dei per Francos, Hanau, 1611 ; une édition de Justin, 1581, et des Epistolæ, que MM. de Port-Royal ne dédaignèrent pas de traduire (1668), sous le pseudonyme de Brianville.

BONHOMME (col du), défilé des Alpes Grecques, au S. O. du Mont-Blanc, à 4510m au-dessus du niveau de la mer, met la vallée de l’Arve en communication avec celle de l’Isère. - V. jacquerie.

BONIFACE (le comte), général de l’empire d’Occident, né en Thrace, gouverna l’Afrique sous Honorius et sous Placidia, et jouit longtemps de toute la faveur de cette princesse ; mais ayant été injustement disgracié, par l’effet des intrigues d’Aétius, il se vengea en appelant en Afrique Genseric et les Vandales (429) ; il voulut ensuite s’opposer à leur établissement, mais ce fut sans succès. Rappelé à la cour, il fut envoyé par l’impératrice contre l’ambitieux Aétius : il le vainquit, mais il périt de sa main dans un combat acharné (432).

BONIFACE (S.), nommé d’abord Winfrid, né vers 680 dans le Devonshire en Angleterre, alla prêcher l’Évangile aux nations barbares ; parcourut, vers 716, la Thuringe, la Hesse, la Frise, la Saxe ; y fit un grand nombre de conversions ; vint à Rome, où il fut sacré évêque par Grégoire II, en 723 ; retourna en Allemagne vers 751 avec le titre d’archevêque de Mayence, organisa les évêchés de Passau, Freisingen, Ratisbonne, Salzbourg, Erfurt, Wurzbourg et sacra Pepin le Bref. Victime de son zèle, il fut massacré par les barbares en 755, près d’Utrecht. Ses os furent portés à Fulda, dans une abbaye qu’il avait fondée. On a de ce saint des Sermons et des Lettres, recueillis par Serrarius, 1605, in-4, et réimp. par Giles, Lond., 1814. Sa fête se célèbre le 5 juin. Son disciple Willibald a écrit sa Vie en latin.

BONIFACE I (S.), pape, élu en 418, mort en 422, succéda à Zozime et eut pour compétiteur Eulalius. S. Augustin lui dédia ses quatre livres contre les erreurs des Pélagiens. On l’hon. le 25 oct.

BONIFACE II, Romain, élu en 530, mort en 532, succéda à Félix IV. On a de lui une Lettre à S. Césaire d’Arles, dans les Epistolæ rom. pontificum.

BONIFACE III, Romain, élu en 607, mort peu de temps après, obtint de l’empereur grec Phocas que le patriarche de Constantinople n’aurait plus le titre d’évêque universel, qu’il avait usurpé, et que ce titre serait porté seulement par l’évêque de Rome.

BONIFACE IV, succéda au précédent en 608 et mourut en 614. L’empereur Phocas lui ayant fait don de l’ancien Panthéon de Rome, il le consacra à la Vierge, sous le nom de Ste-Marie-de-la-Rotonde.

BONIFACE V, Napolitain, 617-625, défendit aux juges de poursuivre ceux qui se mettraient sous la protection des églises.

BONIFACE VI, élu en 896, mourut au bout de 15 j.

BONIFACE VII, nommé d’abord Francon, antipape, se fit élire irrégulièrement en 974, du vivant de Benoît VI, et fut accusé de la mort de Benoît VI et de Jean XIV, ses compétiteurs. A sa mort, son corps fut traîné par les pieds et aband. sur une place, 985.

BONIFACE VIII, Benoît Caïetan, né à Anagni, fut d’abord avocat et notaire du pape à Rome. Il obtint le chapeau de cardinal en 1281, et fut élu pape

en 1294, à la suite de l’abdication de Célestin V. De même que Grégoire VII, ce pontife voulait élever la puissance spirituelle au-dessus de la puissance temporelle, et prétendait disposer des trônes ; il eut de vifs démêlés avec les Colonna, qui soutenaient les droits de la maison d’Aragon, avec l’empereur d’Allemagne, mais surtout avec Philippe le Bel. Il délia les sujets de ce prince de leur serment de fidélité et fulmina contre lui les fameuses bulles Clericis laicos et Ausculta, fili, que Philippe le Bel fit brûler. Il fut, en 1303, arrêté dans Anagni par Nogaret, d’après les ordres de Philippe, qui voulait l’amener en France et le faire juger par un concile, et il se vit lâchement maltraiter par Sciarra Colonna. Il fut, quatre jours après, délivré par le peuple, mais il tomba malade par suite des mauvais traitements qu’il avait subis, et mourut au bout d’un mois. C’est sous son pontificat que S. Louis fut canonisé. Le P. L. Tosti a donné en 1846 une Histoire de Boniface VIII, trad. par l’abbé M. Duclos.

BONIFACE IX, P. Tomacelli, noble napolitain, élu pape en 1389, mort en 1404, établit des annales perpétuelles. On lui reproche son avarice et sa complaisance pour les déréglements de sa famille.

BONIFACE I, le premier duc de Toscane connu, était, à ce qu’on croit, d’origine bavaroise. Il régna de 813 à 823. — boniface ii, son fils, lui succéda, défendit la Corse contre les Sarrasins, et fit une descente sur les côtes d’Afrique. Ayant irrité Lothaire, en faisant rendre la liberté à Judith, femme de Louis le Débonnaire, il fut obligé de se retirer en France auprès de ce prince. — BONIFACE III, fils du marquis Théodebald, soumit la Toscane en 1027, et y régna jusqu’en 1052. La comtesse Mathilde, sa fille, recueillit son héritage.

BONIFACE, marquis de Montferrat. V. montferrat.

BONIFACIO, Marianum ? v. de Corse ch.-l. de cant., au S. de l’île et en face de la Sardaigne, sur le détroit, dit Bocca di Bonifacio, à 78 kil. S. E. d’Ajaccio ; 2823 hab. Forte citadelle. Port bon et commode. Pêche du corail. Cette v. fut fondée en 820 par un seigneur de Pise nommé Boniface ; elle fut prise en 1195 par les Génois. — Le détroit de Bonifacio sépare la Corse de la Sardaigne. Dans sa partie la plus étroite, il n’a que 12 kil.

BONJOUR (Casimir), homme de lettres, né en 1795 à Clermont en Argonne, fut admis à l’École normale, professa quelque temps, puis entra dans les bureaux des finances ; mais fut au bout de quelques années destitué par M. de Villèle comme libéral. Il se livra dès lors tout entier à ses goûts littéraires et donna au Théâtre-Français plusieurs comédies de mœurs qui réussirent. En 1830, il refusa une préfecture ; il fut nommé depuis bibliothécaire à Ste-Geneviève. On a de lui : la Mère rivale (1821), les Deux Cousines (1823), le Mari à bonnes fortunes (1824), l’Argent (1826), le Protecteur et le Mari (1829), le Presbytère (1833), le Bachelier de Ségovie (1844), toutes comédies en vers : les trois premières sont les meilleures. C. Bonjour est un de ceux qui luttèrent contre l’invasion du mauvais goût : si ses œuvres n’ont pas une grande force comique, elles sont pleines d’esprit et de finesse et ont toujours un but louable ; en outre, le style en est pur et châtié. Il est mort en 1856.

BONN, Bonna ad Rhenum, v. des États prussiens (prov. Rhénane), dans la régence de Cologne, sur la r. g. du Rhin, à 25 kil. S. E. de Cologne ; 18 000 h. Évêché catholique, université florissante, fondée en 1785, changée en lycée sous l’Empire, rétablie en 1818 ; académie Léopoldine. Ancien palais de l’électeur de Cologne ; cathédrale, hôtel de ville ; bibliothèque. Soieries, faïences, huile de vitriol. Anc. place forte. Patrie de Beethoven. — Bonn doit son origine à un château fort, élevé par les Romains ; détruite au ive siècle, elle fut relevée par Julien. Elle appartint longtemps aux électeurs de Cologne, qui y résidèrent à partir de 1273 ; elle fut prise par les Français dans les guerres de la Révolution et cédée en 1814 à la Prusse.

BONNARD (Bernard, chevalier de), poëte, né à Semur en 1744, mort à Paris en 1784, fut d'abord officier d'artillerie, puis colonel de dragons, et enfin sous-gouverneur des enfants du duc d'Orléans. On a de lui des Poésies diverses, publiées en 1791, et remarquables par la grâce et la pureté. On y remarque l’Épître à Boufflers.

BONNAT, ch.-l. de cant. (Creuse), à 17 kil. N. de Guéret, 387 hab.

BONNE, maison noble du Dauphiné, originaire de Bonne en Savoie, bourg de la prov. de Faucigny, à 20 kil. N. E. de St-Julien. Cette maison se fondit dans celle de Lesdiguières. V. ce nom.

BONNECORSE (Balthasar de), poëte médiocre du temps de Boileau, fut consul de France en Asie. On a de lui la Montre d'amour, Paris, 1666, et le Lutrigot, mauvaise parodie du Lutrin, Marseille, 1686.

BONNE DÉESSE, déesse adorée à Rome et que l'on croit la même que Cybèle, était représentée avec une couronne murale. On appliquait aussi ce nom à Ops, à Vesta et à Rhéa. On célébrait en son honneur, pendant la nuit, des fêtes secrètes, dont les hommes étaient exclus ; cependant Clodius osa s'y introdnire. Dans les derniers siècles du paganisme, il s'y commit des désordres affreux.

BONNE-ESPÉRANCE (Cap de). V. CAP (le).

BONNET (Théophile), médecin de Genève, 1620-1689, fut un des créateurs de l'anatomie pathologique. Dans son traité intitulé : Sepulchretum seu anatomia practica (Genève, 1679, 2 vol. in-fol.), il rend compte de beaucoup d'ouvertures de cadavres ; cet ouvrage traça la route à Morgagni. On lui doit aussi le Phare des Médecins, où il indique les écueils, et un des premiers dictionnaires de médecine, sous le titre de Mercurius compilatus, 1682.

BONNET (Charles), philosophe et naturaliste, né à Genève en 1720, d'une famille riche et distinguée, mort en 1793. Dès sa première jeunesse, la lecture du Spectacle de la nature de Pluche lui inspira un goût très-vif pour l'histoire naturelle et décida de sa carrière. A vingt ans il avait fait l'importante découverte du mode de reproduction des pucerons ; il fit aussi de bonne heure un grand nombre d'observations neuves sur les insectes, sur les plantes, sur l'usage des feuilles ; mais sa vue s'étant affa1blie par l'usage du microscope, il renonça à ce genre de recherches pour se livrer aux travaux de pure méditation, et composa plusieurs écrits philosophiques, qui ont immortalisé son nom. Ses œuvres sont : Traité d'insectologie, 1745 ; Recherches sur l'usage des feuilles, 1754 ; Essai de psychologie, 1754 ; Essai analytique sur les facultés de l'âme, 1760 ; Considérations sur les corps organisés, 1762, Contemplation de la nature, 1764 ; Palingénésie philosophique, 1769 ; Recherches philosophiques sur les preuves du Christianisme, 1770. Dans ses traités sur la nature, il s'attache à montrer que tous les êtres forment une échelle non interrompue ; que tous proviennent de germes préexistants, etc. Dans ses traités de métaphysique, il accorde une grande part au cerveau et à l'organisation, mais sans tomber, comme on l'en a accusé, dans le matérialisme et le fatalisme. Tout au contraire, Bonnet était profondément religieux : il a tâché d'établir dans sa Palingénésie la nécessité d'une autre vie, non-seulement pour l'homme, mais aussi pour les animaux mêmes. Il a cherché, dans son Essai analytique, à tracer l'histoire de nos premières idées, et s'est rencontré avec Condillac pour faire l'hypothèse d'une statue qui recevrait successivement les différents sens. Ses œuvres ont été réunies à Neufchâtel, 1779, 8 vol. in-4, ou 18 vol. in-8. On doit à M. A. Lemoine une Étude sur Bonnet (1850), et au duc de Caraman : Ch. Bonnet, sa vie et ses œuvres (1859).

BONNET ROUGE, sorte de bonnet dont on coiffait pendant la Révolution l'image de la Liberté, et que prirent comme insigne les partisans les plus exaltés de la République. Selon les uns, c'est un souvenir du bonnet phrygien, que portaient en Grèce et à Rome les esclaves affranchis, ou un emprunt fait aux montagnards catalans des Pyrénées orientales par les premières bandes marseillaises qui vinrent à Paris. Voici, selon d'autres, quelle en serait l'origine : des soldats suisses s'étant révoltés contre leurs officiers avaient été envoyés aux galères ; mais, leur grâce leur ayant été accordée par l'Assemblée nationale, ils revinrent à Paris coiffés du bonnet rouge des galériens et furent reçus en triomphe par la populace qui adopta ce bonnet pour insigne. Le 20 juin 1792, le peuple de Paris, qui s'était emparé des Tuileries, força Louis XVI à se couvrir du bonnet rouge.

BONNÉTABLE, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 23 kil. S. de Mamers ; 3343 hab. Château gothique.

BONNETS (les), faction populaire en Suède sous Frédéric I et Adolphe-Frédéric (1720-1771}, était opposée à la faction aristocratique des Chapeaux. La France favorisait la 2e, tandis que l'Angleterre et la Russie protégeaient la 1re. Pendant les dissensions des deux partis, qui étaient oppresseurs et opprimés tour à tour, on vit les rois de Suède, réduits à une dépendance absolue, essuyer de la part des uns et des autres les affronts les plus humiliants.

BONNEUIL, nom de plusieurs lieux de France; le plus connu est Bonneuil-sur-Marne (Seine), à 4 kil. de St-Maur; env. 250 h. Auc. résidence royale sous les rois de la 1re et de la 2e race. Beau parc.

BONNEVAL, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), à 14 k. N. E. de Châteaudun ; 1768 hab. Hôpital d’Aligre.

BONNEVAL (Cl. Alex., comte de), célèbre général, né en 1675 d'une famille noble du Limousin, m. en l745 à Constantinople, servit d'abord avec distinction dans la marine française sous Tourville, et dans l'armée de terre sous Catinat et Vendôme. Disgracié par Chamillard pour avoir offensé Mme de Maintenon, il passa au service de l'Autriche et combattit contre sa patrie en Provence, en Dauphiné, à Turin, à Malplaquet. S'étant encore fait disgracier pour avoir insulté le prince Eugène, il se réfugia en Turquie, prit le turban (1730), fut fait pacha sous le nom d'Achmet et combattit les Autrichiens. On a publié sous son nom des Mémoires qui ne sont pas authentiques.

BONNEVILLE, v. de France (Haute-Savoie), ch.-l. d'arr., sur l'Arve, à 40 k. N. d'Annecy, à 30 k. S. E. de Genève, et à 654 k. E. S. E. de Paris ; 1500 h.

BONNIER (Ant.), conventionnel, né en 1750 à Montpellier. Envoyé à Rastadt comme plénipotentiaire, il y fut assassiné, avec son collègue Roberjot, par des hussards autrichiens, au moment où il sortait de la ville, 28 avril 1799.

BONNIÈRES, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur la r. g. de la Seine, à 12 kil. N. O. de Mantes ; 560h. Station. Près de là est le tunnel de Rolleboise.

BONNIEUX, ch.-l. de cant. (Vaucluse), sur un versant du mont Léberon, à 13 kil. S. O. d'Apt ; 1149 h.

BONNINGTON (Richard Parkes), peintre anglais, né près de Nottingham en 1801, mourut en 1828, laissant une grande réputation comme peintre de marine et de paysages. Ses aquarelles et ses lithographies sont également très-estimées. Ses modèles étaient les maîtres hollandais et vénitiens.

BONNIVARD (Franç. de), patriote génevois, né en 1496, mort en 1571, a été illustré par Byron dans le Prisonnier de Chillon. S'étant opposé de tout son pouvoir aux entreprises du duc de Savoie Charles III contre l'indépendance de Genève, il fut arrêté par ordre de ce prince, dépouillé de ses biens et jeté en 1530 dans la prison de Chillon, d'où il ne fut tiré qu'au bout de 6 ans par les Bernois. Il rédigea la Chronique de Genève jusqu'en 1530 (imprimée de 1825 à 1831) et quelques écrits de polémique assez piquants, où il attaque à la fois l'Église romaine et les Réformateurs. Cependant il avait embrassé le Protestantisme. Il institua Genève son héritière et lui laissa une collection de livres, qui fut la base de la bibliothèque actuelle de cette ville.

BONNIVET (Guill. Gouffier de), général français, favori de François I, se concilia la faveur de ce prince par le courage qu’il déploya au siège de Gênes (1507) et à la journée des Éperons (1513). Il fut envoyé en ambassade en Angleterre, puis en Allemagne, ou il travailla sans succès à faire élire François 1 empereur ; il n’en fut pas moins créé amiral de France, puis placé à la tête de l’armée de Guyenne qui envahit l’Espagne ( 1521 ). Il prit Fontarabie, et, enflé de ce succès, refusa une paix avantageuse. Chargé en 1523 du commandement de l’armée dans le Milanais, il ne fit que des fautes, se vit contraint de fuir précipitamment, et confia le soin de la retraite à Bayard, qui y périt. L’année suivante il conseilla la désastreuse Bataille de Pavie ; voyant tout perdu, il se jeta au milieu de la mêlée et se fit tuer, 1525. Bonnivet était l’esclave de la reine mère et l’ennemi du connétable de Bourbon ; cette inimitié contribua beaucoup à la défection du prince.

BONONIA, non latin de Bologne dans l’État ecclésiastique, et de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

BONOSUS (Q.), fils d’un rhéteur, né en Espagne, devint lieutenant de l’empereur Probus dans les Gaules. Il se fit proclamer César en 280, mais il fut défait et se pendit de désespoir, 281.

BONPLAND (Aimé), médecin naturaliste, né à La Rochelle en 1773, mort en 1858, accompagna en 1799 Alex. de Humboldt dans son voyage en Amérique et en publia avec lui la relation ; rapporta une riche collection de plantes inconnues dont il fit don au Muséum d’histoire naturelle, fut chargé par Joséphine de la direction de son jardin botanique de Malmaison, repartit en 1816 pour le Nouveau-Monde, occupa une chaire d’histoire naturelle à Buénos-Ayres, parcourut à pied une grande partie de l’Amérique du Sud, créa à Santa-Anna près de San-Borja (Corrientes) une plantation où il naturalisa, entre autres plantes, le maté, dont le Paraguay avait jusque-là le monopole, fut enlevé pour ce fait en 1821, pendant une de ses explorations scientifiques, par le dictateur du Paraguay, le Dr Francia, qui feignit de le prendre pour un espion ; ne recouvra sa liberté qu’au bout de 10 ans ; retourna après sa libération à sa plantation, ou il reprit ses expériences agricoles, et se fit chérir de tous, Indiens comme Européens. Outre le Voyage en Amérique, dont il rédigea la partie botanique, on lui doit : Description des plantes rares de la Malmaison (1813) et Vue des Cordillères et monuments indigènes de l’Amérique (1819). Il a laissé de précieux manuscrits, qui ont été acquis par la France.

BONS-FILS ou BONS-FRÈRES, congrégation de religieux, fondée en 1615 à Armentières, se vouait au service des malades et des aliénés. Ils se rattachèrent en 1626 au tiers ordre de St-François. Ils ne portaient pas de linge et couchaient tout habillés sur la paille.

BONS-HOMMES. Ce nom a été donné, en France à des Minimes établis à Chaillot sur une colline qui a conservé d’eux le nom de montagne des Bons-Hommes, et en Angleterre à des religieux Augustins qui s’y établirent en 1259.

BONSTETTEN (Ch. Victor de), littérateur, né à Berne en 1745, mort à Genève en 1832, fut le disciple et l’ami de Bonnet. Chargé de quelques fonctions politiques dans sa patrie, il fut obligé de s’exiler lors des troubles qui agitèrent Berne (1798) et voyagea en Italie. Parmi ses écrits, on remarque l’Hermite, histoire alpine, 1792 ; Voyage sur la scène des six derniers livres de l’Énéide, 1804 ; Recherches sur l’Imagination, 1807 ; Études de l’homme, 1821. Il a aussi écrit en allemand. Ses ouvrages philosophiques sont en général médiocres.

BONTEMPS (Pierre), habile sculpteur français, qui florissait au commencement du XVIe s. C’est à lui qu’on doit la plus grande partie des admirables bas-reliefs qui ornent le tombeau de François I à St-Denis, et qui sont auj. au musée du Louvre : ils représentent les victoires de Marignan et de Cérisoles. On lui doit aussi les statues du roi, de la reine Claude et du Dauphin, ainsi que celles de Louis XII et d’Anne de Bretagne, au tombeau de Louis XII.

BONZES, nom que donnent les Européens aux prêtres de la Chine et du Japon. Ils sont divisés en plusieurs sectes. Ceux de Foë recommandent les libéralités, surtout envers leurs monastères, et pratiquent, dit-on, de rudes austérités. Les bonzes de Lao observent le célibat. Il y en a qui vivent en communauté. Les bonzes de Foë président aux cérémonies funèbres ; ceux de Lao prédisent l’avenir et exorcisent les démons. Tous ont la tête rasée.

BOOM, v. de Belgique, sur le Ruppel, à 20 k. S. d’Anvers ; 6223 h. Magnifique pont. Briqueteries, tuileries, constructions maritimes.

BOOS, ch.-l. de cant. (Seine-Inférieure), à 10 kil. S. E. de Rouen ; 742 h.

BOOTHIA, presqu'île à l’extrémité N. de l’Amérique, dans l’Océan Glacial, est toujours couverte de glaces et de neiges. Habitée par les Esquimaux.

BOOZ, riche habitant de Bethléem, épousa Ruth sa parente ; il fut le bisaïeul de David. Son histoire est racontée dans le livre biblique de Ruth et Booz.

BORBETOMAGUS, v. de Germanie, auj. Worms.

BORBONIÆ AQUÆ, auj. Bourbon l’Archambault.

BORCETTE, en allemand Burtscheid, ville des États prussiens (prov. Rhénane), est un faubourg d’Aix-la-Chapelle ; 4650 h. Ancienne abbaye de Cisterciens, supprimée en 1802. Manuf. d’aiguilles ; draps ; teintureries. Eaux thermales.

BORDA (J. Ch.), savant français, membre de l’Académie des sciences, né à Dax en 1733, mort à Paris en 1799, fut employé d’abord dans l’administration de la marine, fit un grand nombre de recherches relatives à l’art nautique, et fut chargé de diverses missions scientifiques ; commanda ensuite plusieurs bâtiments comme capitaine, et se distingua autant par sa bravoure que par sa science. Borda sut appliquer avec le plus grand succès les mathématiques à la physique, à l’astronomie et à la géodésie. On lui doit de savants mémoires sur la résistance des fluides ; il inventa le Cercle à réflexion qui a conservé son nom, la méthode des doubles pesées, et dressa une Carte des Canaries, remarquable par son exactitude. On a de lui : Voyage fait en 1771 ; Description du cercle de réflexion, 1787, etc.

BORDEAUX, Burdigala, ch.-l. du dép. de la Gironde, sur la Garonne (r. g.), à 560 k. S. O. de Paris par la route et 578 par ch. de fer ; 162 750 h. Archevêché, cour impériale, trib. de 1re instance et de commerce ; académie univ. ; facultés de théologie, des sciences et des lettres, école secondaire de médecine ; lycée impérial ; division militaire. Beau port, superbe pont de Bordeaux, pont du chemin de fer ; magnifiques quartiers du Chapeau-Rouge, des Chartrons ; cathédrale, palais archiépiscopal, trois théâtres (le Grand théâtre est un des plus beaux de l’Europe) ; bourse ; places Dauphine, Impériale, d’Armes et autres ; on y remarquait aussi jadis le château Trompette, auj. détruit, et le fort du Hâ, qui n’existe plus qu’en partie. Promenades remarquables, plusieurs chemins de fer. Écoles d’architecture, d’hydrographie, et de navigation, de botanique, de dessin et de peinture, de sourds-muets, etc. ; académies et sociétés savantes ; observatoire, bibliothèque, galerie de tableaux, etc. Banque ; industrie active : tabac, savon, raffinerie de sucre, chocolat, chapeaux, eaux-de-vie, anisette et autres liqueurs ; vins renommés (tous les vins du dép. de la Gironde et des départements voisins sont dits vins de Bordeaux). Commerce immense avec l’étranger, les îles, les Indes ; ligne de bateaux à vapeur communiquant avec l’Amérique ; entrepôt de denrées coloniales et d’articles du Nord ; armements pour la baleine. — Burdigala était sous les Romains la capit. de la 2e Aquitaine, et au moyen âge, celle du duché de Guyenne. Elle fut la capitale des possessions des Anglais en France depuis 1204, et ne fut réunie qu'en 1453. Elle devint depuis la capit. du grand gouvernement de Guyenne et Gascogne. Insurgée en 1548 et 1630, elle fut bientôt réduite. Elle se déclara la 1re pour les Bourbons en 1814. Bordeaux eut dès le temps des Romains des écoles florissantes. Cette ville est la patrie de S. Paulin, Ausone, Montesquieu, Berquin, Gensonné, Boyer-Fonfrède, Desèze, Martignac, etc.

BORDELAIS, subdivision de la prov. de Guyenne, avait à l'O. l'Océan Atlantique, et à l'E. le Bazadais, au S. la Gascogne, au N. la Saintonge, et se divisait en 13 parties : le Bordelais propre (qui avait pour places principales Bordeaux, St-Macaire, Rions, Ambarez), le Médoc, le Captalat de Buch, les Landes de Bordeaux, le pays de Born, le comté de Benauge ; le pays d'Entre-deux-Mers, le pays de Libourne, le Fronsadais, le Bourgès, le Blayès, le Cubzaguès, le Vitrezay. Ch.-l. Bordeaux.

BORDÈRES, ch.-l. de cant. (H.-Pyrénées), sur la Neste, à 36 k. S. E. de Bagnères ; 476 hab.

BORDES (Ch.), poëte et philosophe, né à Lyon vers 1720, mort en 1781, publia une réfutation du discours de J. J. Rousseau contre les sciences, composa de petites Épîtres en vers et plusieurs écrits philosophiques, dont quelques-uns purent être attribués à Voltaire. On a encore de lui une Tragédie (Blanche de Bourbon), des Comédies, des Proverbes, etc. Ses œuvres ont été recueillies en 4 v. in-8, Lyon, 1783.

BORDESOULE (Ét. Tardif de), général de division, né en 1771 à Luzeret (Indre), mort en 1837, fit toutes les campagnes de la Révolution et de l'Empire, contribua puissamment à la vict. de Médellin en 1809, prit Mohilev en 1812, fit des prodiges de valeur à Lutzen, Bautzen, Leipsick, et dans la campagne de France, se rallia aux Bourbons en 1814, commanda la garde royale dans la guerre d'Espagne, et fut élevé à la pairie en 1823. Il s'opposa vainement en 1830 aux fatales ordonnances de Charles X.

BORDEU (Théophile), célèbre médecin, né en 1722 à Iseste (Béarn), mort à Paris en 1776, exerça d'abord à Montpellier, où il se signala dès le début par son opposition aux doctrines de Boerhaave qui dominaient alors ; puis vint se faire recevoir docteur à Paris, et se fixa dans cette ville. Propagateur zélé d'idées nouvelles, il eut de vifs démêlés avec plusieurs de ses confrères, et fut quelque temps interdit. Bordeu s'est surtout attaché à prouver que tout ne s'explique pas dans les fonctions vitales par les simples lois de la mécanique ou de la chimie, et qu'il faut admettre une force spéciale pour en rendre compte ; il la nomme sensibilité, et il attribue à chaque organe une sensibilité qui lui est propre. On lui doit en anatomie d'importantes découvertes sur l'usage des glandes, sur la structure des tissus, découvertes qui ont ouvert la voie à Bichat. Dans la médecine pratique, il insista sur l'utilité des eaux minérales pour la guérison des écrouelles, sur la nécessité de consulter le pouls et d'en distinguer les espèces, sur les avantages de l'inoculation. Outre de savants mémoires sur ces diverses questions, et d'excellents articles dans l’Encyclopédie, on a de lui : Recherches sur les glandes, 1752 ; Sur le tissu muqueux et l'organe cellulaire, 1767. Il avait commencé à publier des Recherches sur les maladies chroniques, qu'il n'a pu achever. Ses Œuvres ont été réunies par Richerand, 2 vol. in-8, Paris, 1818.

BORDONE (Pâris), peintre de l'école vénitienne, né en 1500 à Trévise, mort en 1570, fut l'élève de Titien, dont il excita, dit-on, la jalousie par son talent, et se fixa à Venise. Il fut appelé en France en 1528 par François I, fit le portrait de ce prince et de plusieurs dames de sa cour, et revint comblé de richesses. Son chef-d'œuvre est l’Anneau de St-Marc, qui figura au Louvre sous l'Empire, et fut rendu à Venise en 1815. Son coloris est riant et varié, son dessin délicat, sa manière de composer judicieuse.

BORE (Catherine de), femme de Luther, née en Saxe en 1499, morte en 1552, était religieuse dans un couvent près de Wittemberg : mais, dès qu'elle eut lu les écrits du réformateur, elle embrassa sa doctrine, avec plusieurs de ses compagnes. Luther l'enleva de son couvent en 1522 et l'épousa en 1525.

BORÉAL (OCÉAN). V. Arctique (Océan).

BORÉE, Boréas, dieu du vent du Nord, était fils d'Astræus, l'un des Titans, et de l'Aurore, et habitait le Thrace. Il enleva Chloris, fille d'Arcture, et Orithyie, fille d'Érechthée, roi d'Athènes. On le représentait sous les traits d'un vieillard dont la chevelure et la barbe sont pleines de flocons de neige.

BOREL (Pierre), savant médecin français, né à Castres en 1620, mort en 1689, exerça d'abord dans sa ville natale, vint en 1653 s'établir à Paris, fut nommé médecin du roi et entra en 1674 à l'Académie des sciences. On a de lui : Les Antiquités de Castres, 1649 ; Bibliotheca chimica, 1654 ; Trésor de recherches et d'antiquités gauloises et françaises, 1665 (c'est son principal titre); Historiarum et observationum medico-physicarum centuriæ II; De vero Telescopii inventore ; Discours prouvant la pluralité des mondes ; Auctarium ad Vitam Peirescii ; Vita Renati Cartesii, etc.

BORELLI (J. Alphonse), médecin et physiologiste, né à Naples en 1608, mort en 1679, enseigna la médecine à Pise et a Florence, et essaya d'appliquer aux phénomènes de la vie les mathématiques et la mécanique ; il y réussit fort bien pour le système musculaire et le mouvement des os, mais il échoua pour tout le reste. Son principal ouvrage est De motu animalium, publié après sa mort en 1680, et trad. en français par Giraud-Teulon en 1857. Il a aussi écrit sur la mécanique, l'astronomie et la physique, et a donné des éditions d’Euclide et d’Apollonius de Perge, 1661, avec trad. latine. Il avait exprimé dès 1666 l'idée de la gravitation universelle, démontrée depuis par Newton.

BORGHÈSE, riche et puissante famille romaine, originaire de Sienne, s'est surtout signalée par son goût pour les arts, et a rassemblé dans le palais qu'elle habitait à Rome, la villa Borghese (près de la Porta del Popolo), une des plus belles collections qui existent. — Cette famille a fourni à l’Église un pape, Paul V, et plusieurs cardinaux. — Son dernier héritier, Camille Borghèse, prince de Sulmone, né à Rome en 1775, mort à Florence en 1832, avait épousé une sœur de Napoléon, Pauline Bonaparte ; sous l'Empire, il fut chargé du gouvernement du Piémont. Après la chute de Napoléon, il se retira à Florence. Il avait cédé à la France une grande partie de sa précieuse collection de sculpture antique, entre autres le Gladiateur, qu'on voit encore au Louvre.

BORGHESI (Bartolomeo, comte), épigraphiste et numismate, né en 1781 à Savignano près de Rimini, mort en 1860, reçut de son père un riche cabinet de médailles, qu'il augmenta considérablement, se retira pendant les troubles de l'Italie à St-Marin pour s'y livrer en paix à l'étude, publia sur la numismatique et l'épigraphie de nombreux travaux qui attirèrent sur lui l'attention de l'Europe savante et fut agrégé à l'Institut de France et à l'Académie de Berlin. Son principal titre est la publication de Nouveaux fragments des Fastes capitolins, Milan, 1818-1820. Il a laissé de nombreux manuscrits que Napoléon III fait publier à ses frais (1860 et ann. suiv.).

BORGHETTO, v. de Vénétie, sur le Mincio, à 25 kil. S. O. de Vérone ; 2500 hab. Les Français y battirent les Autrichiens en 1796.

BORGHOLM, v. de Suède, sur la côte occid. de l'Ile d'Œland, dont elle est le ch.-l. Bon port.

BORGIA, et mieux BORJA, Belsinum, v. d'Espagne (Saragosse), à 68 kil. O. N. O. de Saragosse ; 5000 hab. Berceau de la célèbre famille des Borgia.

BORGIA, célèbre famille romaine, originaire de Borja en Espagne, a fourni deux papes, Calixte III (Alphonse Borgia), et Alexandre VI (Roderic Lenzuoli Borgia), neveu de Calixte, ainsi que plusieurs autres personnages, dont quelques-uns se sont fait une fâcheuse renommée.

BORGIA (César), fils naturel de Roderic Borgia (depuis pape sous le nom d'Alexandre VI) et de Vanozza, s'est rendu fameux par ses crimes et ses perfidies. Son père le créa cardinal en 1492, puis lui fit déposer la pourpre pour prendre l'épée. Envoyé en France auprès de Louis XII, César Borgia gagna la faveur de ce prince, auquel il apportait une bulle de divorce, fut nommé par lui duc de Valentinois(1498), et obtint la main d'une fille de Jean d'Albret, roi de Navarre. A son retour en Italie, il entreprit, de concert avec son père, de reprendre la Romagne aux feudataires du St-Siége qui s'y étaient rendus indépendants, fit périr par le fer, la corde ou le poison, la plupart des petits princes qui régnaient dans ce pays, et se fit investir en 1501 du titre de duc de la Romagne. Alexandre VI étant mort peu après (1503), César Borgia vit aussitôt renverser toute sa puissance : le pape Jules II le fit arrêter, et le força a livrer toutes ses forteresses; à peine sorti de prison, il fut arrêté de nouveau par Gonsalve de Cordoue, et envoyé au roi d'Espagne, qui avait des griefs contre lui. Étant parvenu à s'échapper, il se réfugia auprès du roi de Navarre, son beau-frère, et l'accompagna dans une expédition contre l'Espagne; il fut tué au siége de Viana, en 1507. Machiavel présente Borgia comme le modèle du tyran. Outre les crimes politiques, dont il se faisait un jeu, on l'accuse d'avoir fait assassiner son frère aîné, le duc de Gandie, dont il était jaloux, et d'avoir entretenu un commerce incestueux avec Lucrèce Borgia, sa sœur.

BORGIA (Lucrèce), sœur du précéd., femme célèbre par sa beauté et par son esprit, l'est encore plus par ses désordres. Elle fut mariée trois fois : à J. Sforze, seigneur de Pesaro; à Alphonse, fils d'un roi d'Aragon, et enfin à Alphonse d'Este, fils du duc de Ferrare. Les désordres qu'on lui attribue ont été contestés : Arioste et Bembo ne parlent d'elle qu'avec honneur. Victor Hugo a fait de Lucrèce Borgia le sujet d'un de ses plus beaux drames.

BORGIA (S. François), duc de Gandie, grand d'Espagne, et 3e général des Jésuites, né à Gandie (Valence) en 1510, mort en 1572, était issu d'une branche de la famille Borgia qui était restée en Espagne. Il vécut d'abord dans le monde, et jouit de toute la faveur de Charles-Quint, qui le nomma vice-roi de la Catalogne. Ayant perdu sa femme, dont il avait eu 8 enfants, il renonça au monde et entra dans l'ordre des Jésuites; il en fut nommé général, malgré sa résistance, en 1565, et donna l'exemple des vertus religieuses. Il fut canonisé par Clément IX : on l'honore le 10 octobre. Le célèbre duc de Lerme, ministre de Philippe III, était son petit-fils.

BORGIA (François), prince de Squillace, écrivain espagnol, descendait du pape Alexandre VI. Établi en Espagne, il devint un des plus puissants seigneurs de ce pays, et fut nommé en 1614 vice-roi du Pérou. Il mourut en 1658. On a de loi des Poésies, trop vantées par ses contemporains, et un poëme de Naples reconquise, assez médiocre.

BORGO, bourg de Corse, ch.-l. de cant., à 25 k. S. de Bastia; 684 hab.

BORGO ou BORGA, v. et port de Russie (Finlande), ch.-I. de district, sur le golfe de Finlande, à 44 k. N. E. de Helsingfors; env. 4000 h. Évêché luthérien; collège.

BORGO-SAN-DONNINO, Julia Chysopolis ou Fidentia, v. forte de l'anc. duché de Parme, à 33 kil. S. E. de Plaisance; 5000 hab. Évêché, cathédrale, ancien collége des Jésuites. Étoffes de soie et lin.

BORGO-SAN-SEPOLCRO, v. de Toscane, près du Tibre, à 19 kil. N. E. d'Arezzo; 3300 hab. Évêché.

BORIES, sergent-major au 45e de ligne, entra, avec trois autres sergents du même régiment, Pommier, Raoulx et Goubin, dans un complot dirigé contre les Bourbons, et connu sous le nom de conspiration de La Rochelle. Arrêtés à La Rochelle, où le régiment était en garnison, les quatre sergents furent amenés à Paris, condamnés à mort et immédiatement exécutés, quoiqu'il n'y eût eu aucun commencement d'exécution (1822).

BORINAGE, petit pays de Belgique (Hainaut), où se trouve Mons, Jemmapes, Quarégnon, Wasmes, Frameries; 32 000 h. Riche bassin houiller.

BORISSOV, petite v. de Russie (Minsk), 455 kO. N. E. de Minsk; 2700 hab. C'est aux env. qu'eut lieu en 1812 le désastreux passage de la Bérésina.

BORKUM, Byrchanis ou Fabaria, îlot de la mer du Nord, sur la côte du Hanovre, auquel elle appartient, et à l'emb. de l'Ems; 600 hab. Il a 17 kil. de tour. Phare fort élevé.

BORMIDA, riv. du Piémont, se forme à Bistagno de la réunion de 2 branches (la Bormida orient, et la Bormida occid.), baigne Acqui, reçoit l'Orba, et tombe dans le Tanaro, par la r. dr., après 50 kil. de cours. Il se livra plusieurs combats sur ses bords à la fin du XVIIIe s., pendant les guerres d'Italie.

BORMIO, v. de la Lombardie (Valteline), à 46 kil. N. E. de Sondrio, sur l'Adda; 3000 hab. Eaux thermales. Dessoles y vainquit les Autrichiens en 1799.

BORMONIS AQUÆ, auj. Bourbonne-les-Bains.

BORN (pays de), anc. subdivision du Bordelais; ch.-l. St-Pol-en-Born. Beaucoup de pins.

BORN (Bertrand de), comte de Hautefort en Périgord, troubadour et guerrier du XIIe siècle, fut sans cesse en guerre avec ses voisins. Ayant voulu lutter même avec le roi d'Angleterre Henri II, qui possédait alors la Guyenne, il fut pris dans son château, avec toute sa garnison; mais Henri eut la générosité de lui rendre la liberté. Il vécut depuis en repos et mourut dans un cloître. On a de Bertrand de Born et de son fils quelques sirventes qui peignent leur caractère et les mœurs du temps.

BORN (Ignace, baron de), minéralogiste, né en 1742 à Carlsbourg en Transylvanie, mort en 1791, parcourut l'Allemagne, la France, la Hollande et la Hongrie, acquit de grandes connaissances en histoire naturelle, fut nommé en 1770 assesseur à la direction des mines et des monnaies à Prague, et fut appelé en 1776 à Vienne par Marie-Thérèse pour classer et décrire le cabinet impérial d'histoire naturelle. Il publia cette description sous le titre de Lithophylacium bornianum, index fossilium, etc., Prague, 1772. On a encore de lui : Sur les amalgames des minéraux qui contiennent de l'or et de l'argent, Vienne, 1786; Voyage minéralogique de Hongrie et de Transylvanie, Leipsick, 1774. Il introduisit en Europe la méthode d'extraire les métaux précieux, qui était déjà appliquée en Amérique.

BORNÉO, grande île de la mer des Indes, entre 106° 25' et 116° 5' long E., 7° 7' lat. N. et 4° 12' lat. S.; 1280 kil. sur 1200; c'est la plus grande île du globe après la Nouvelle-Hollande; 3 000 000 d'hab. Ville principale, Bornéo. On y trouve plusieurs riv. assez fortes : le Bornéo, le Banjermassing, la Lara ou Pontiana, etc. Climat varié, grandes pluies dans l'Ouest, brises de mer sur les côtes, beaucoup d'endroits malsains. Riches mines d'or, de cuivre, de fer, d’étain et de plomb; diamants, perles. Bois immenses, épices, sandal, plantes tropicales, etc. Bornéo est habitée par des Javanais, des Malais (féroces et presque tous pirates), des Biadjous, des Chinois, des Hollandais, des Anglais. L'intérieur est peu connu; les côtes seules sont bien peuplées et offrent des villes. L'île Bornéo se divise en partie dépendante des Européens et partie indépendante. La partie dépendante est aux Hollandais et forme 2 provinces, dites Résidence de la côte occident. (ch-1. Pontianak), et Résidence de la côte orient. (ch.-l. Banjermassing). La partie indépendante contient plusieurs roy. particuliers, dont les principaux sont ceux de Bornéo, Cotti, Soulou, et le territoire des Biadjous. — Les Portugais découvrirent Bornéo en 1521, et tentèrent en vain d'y fonder des établissements. Les Hollandais y ont pris pied depuis 1604; ils ont conclu en 1643 un traité de commerce avec les indigènes et se sont fait céder en 1787 la souveraineté de la côte S.

BORNÉO, capit. du roy. indépendant de Bornéo, sur la côte N. O. de l'île, à l'embouch. du fleuve Bornéo dans la mer; env. 30 000 hab. Beaucoup de maisons bâties sur pilotis, petits canaux au lieu de rues; commerce actif, surtout avec Singapour. Bombardée en 1846 par les Anglais, en punition des pirateries commises par les habitants.

BORNHOLM, Boringia, île du Danemark, dans la mer Baltique, à la pointe S. O. de la Suède, sur la côte O.; 36 kil. sur 17; 20 000 hab. Ch.-l., Rœnne. Houille, marbre, chaux, terre à porcelaine etc. Pêche de saumons et autres poissons.

BORNOU (roy. de), dans la Nigritie centrale, à l'O. du lac Tchad, s'étend de 12° à 15° lat. N., et de 7° à 13° long. E. ; 2 000 000 d'hab., tous mahométans; capit., Kouka. Cet État a été longtemps la puissance prépondérante du Soudan. Climat brûlant; sol fertile, mais imparfaitement cultivé; buffles, chameaux, volaille exquise, abeilles innombrables, etc. — On y trouve 2 v. du nom de Bornou ou Birni : l'une le Vieux-Bornou, sur le Yeou, jadis capit., a eu, dit-on, 200 000 h.; ses ruines couvrent un vaste espace; l'autre, le Nouveau-Bornou, auj. capit. titulaire, est près du lac Tchad, et a 10 000 hab. Elle sert de résidence au roi et est murée.

BORNY, vge près de Metz. Bataille entre les Prussiens et les Français (14 août 1870).

BORODINO, vge de Russie (Moscou), à 115 kil. S. O. de Moscou, sur la Kologa et près de la Moskowa.

BORRI (Christophe), jésuite milanais, fut un des premiers missionnaires qui pénétrèrent en Cochinchine. Revenu en Europe, il publia en italien une Relation de son voyage, Rome, 1631, in-8, qui fut traduite en plusieurs langues. Il alla ensuite enseigner les mathématiques à Lisbonne et fut bien accueilli à la cour d'Espagne. Les Jésuites, le soupçonnant de les trahir ou de s'occuper de matières étrangères à sa profession, le rappelèrent à Rome, puis l'exclurent de l'ordre. Il mourut peu après et presque subitement (1632).

BORRI (Joseph François), autrement dit Burrhus, chimiste et sectaire, né à Milan en 1627, mort en 1685, voulut se faire passer pour inspiré, dogmatisa sur la religion, et réunit quelques disciples. Poursuivi comme hérétique, et condamné au feu par l'inquisition de Milan, il s'enfuit en Suède, où la reine Christine l'employa a chercher la pierre philosophale, puis en Danemark et en Hongrie. Le nonce du pape ayant obtenu de l'empereur son extradition, il fut enfermé au château St-Ange, où il mourut. Son ouvrage le plus important est : La Chiave del gabinetto del cavagliere G. F. Borri (la Clef du cabinet de Borri), Cologne, 1681, in-12.

BORRICHIUS (Olaus), savant danois, né en 1626 à Borchen (d'où le nom sous lequel il est connu), mort en 1690, voyagea par toute l'Europe pour s'instruire, enseigna la médecine et la chimie à Copenhague, et fut nommé dans ses dernières années conseiller de chancellerie. Parmi ses nombreux écrits, on remarque : De ortu et progressu Chemiæ, 1668; Hermetis, Ægyptiorum et Chemicorum sapientia, 1674; Conspectus chemicorum scriptorum, 1696 (posthume). Il suivait les principes de Paracelse.

BORROMÉE, illustre famille de Lombardie, dont un membre a été canonisé. V. S. CHARLES BORROMÉE.

BORROMÉES (îles), îlots situés dans le lac Majeur (États sardes), sont au nombre de trois : Isola Bella, Isola de' Piscatori, Isola Madre. Ce n'étaient que des rochers arides, lorsqu'on 1671 le prince Vitaliano Borromée entreprit de les embellir. Ces îles offrent auj. des points de vue délicieux.

BORROMINI (François), architecte italien, né en 1599 à Bissone dans le Milanais, mort en 1667, fut élève de Maderno et lui succéda dans la place d'architecte de St-Pierre de Rome. Il renchérit sur le mauvais goût introduit par ce maître, donna dans les formes bizarres et entortillées, et créa un genre vicieux, qui de son nom a été appelé borrominesco. Cependant on estime encore sa façade de l'église de Ste-Agnès, sur la place Navone, à Rome, et le collége de la Propagande. Jaloux du Bernin et des autres architectes en réputation, il se livra, pour les surpasser, à des travaux excessifs, ce qui le fit tomber dans des accès d'hypocondrie au milieu desquels il se tua, 1667. Son Œuvre a été publiée à Rome en 1727.

BORSCHOD, un des comitats de Hongrie en deçà de la Theiss, entre ceux de Gomor, Torna, Zemplin, Abaüjvar, Szabolsch, Hevesch; 230 000 hab. Ch.-l. Miskolz. Il est arrosé par le Sajo. Mines de cuivre.

BORSIPPA, anc. v. de Babylonie, au S. de Babylone, est auj. Koufa.

BORT, ch.-l. de cant. (Corrèze), à 29 kil. S. E. d'Ussel; 1758 h. Patrie de Marmontel. Plomb argentifère aux environs.

BORUSSI, peuple de la Sarmatie, habitait la Prusse actuelle, qui a retenu son nom.

BORVONIS AQUÆ, nom latin de Bourbon-l'Archambault et de Bourbonne-les-Bains.

BORY DE SAINT-VINCENT (le colonel), membre libre de l'Académie des sciences, né en 1780 à Agen, mort en 1846, fut attaché en 1800 comme naturaliste à l'expédition du capitaine Baudin, publia à son retour un Voyage dans les îles d'Afrique, puis servit comme officier d'état-major. Il se signala par son patriotisme dans la Chambre des Cent-Jours, fut exilé de 1815 à 1820, dirigea en 1829 l'expédition scientifique de Morée, présida en 1838 la commission explorative de l'Algérie, et fut 16 ans chef du bureau historique au Dépôt de la guerre. Travailleur infatigable, il a écrit sur plusieurs branches de l'histoire naturelle, notamment sur les reptiles, les animaux microscopiques, les cryptogames, etc.; il a été le principal rédacteur de la Bibliothèque physico-économique, du Dictionnaire classique d'histoire naturelle, de la partie scientifique de l’Expédition de Morée (1832 et années suiv.), a rédigé de bons résumés géographiques, notamment celui d'Espagne, et a donné à l’Encyclopédie moderne de nombreux articles, remarquables par l'originalité des idées.

BORYSTHÈNE, fleuve de Sarmatie, auj. le Dniepr.

BOS (Lambert), savant critique, né à Workum en 1670, mort en 1717, fut professeur de grec à l'Université de Franeker. On lui doit : Ellipses græcæ, Franeker, 1702, ouvrage devenu classique et dont la meilleure édit. est celle de Leipsick, 1808; une édit. de la Version grecque des Septante, Franeker, 1709, avec variantes et prolégomènes ; une édit. de la Grammaire grecque de Veller; les Antiquités de la Grèce (en latin), Franeker, 1714, trad. en français avec les commentaires de Leisner, par La Grange, 1769; Regulæ præcipuæ accentuum, 1715, et de savantes remarques sur plusieurs auteurs grecs.

BOSA, v. de Sardaigne, sur la côte O., à 7 kil. S. de Cagliari, près de l'embouch. du Terno; 6000 hab. Évêché. Lieu malsain. Pêche de corail.

BOSC d'Antic (Paul), né en 1726 en Languedoc, m. en 1784, exerça d'abord la médecine avec succès, quitta cette profession en 1755 pour se livrer à l'industrie, perfectionna la fabrication des glaces et du verre, releva la manufacture de St-Gobain, et fonda lui-même plusieurs établissements nouveaux. Il a laissé de précieux écrits sur l'art de la verrerie, Paris, 1780, 2 vol. in-12. — Son fils, Louis Auguste Guillaume Bosc, né en 1759 à Paris, mort en 1828, s'est distingué comme naturaliste, tout en occupant des places importantes dans l'administration. Lié avec le ministre Roland et avec sa femme, il fut, après leur condamnation, obligé de se cacher. Sous le Directoire, il fut nommé consul aux États-Unis; à son retour, il devint inspecteur des pépinières (1803), puis professeur de culture au Jardin des Plantes (1825). Il avait été admis en 1806 à l'Académie des sciences. On lui doit, outre une foule de mémoires, l’Histoire naturelle des Coquilles, 1801; — des Vers, 1801; des Crustacés, 1802, faisant partie des suites à Buffon, et un Cours d’agriculture, 1809. Il a été un des principaux collaborateurs du Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, de Déterville, et du Dictionnaire d’agriculture de l’Encyclopédie méthodique.

BOSCAN-ALMOGAVER (Juan), écrivain espagnol, né à Barcelone vers 1485, mort en 1543, servit en Italie, jouit de la faveur de Charles-Quint et eut part à l’éducation du duc d’Albe. Il prit pour modèle les poëtes italiens, surtout Pétrarque, introduisit dans la poésie espagnole une douceur, une harmonie inconnues avant lui, et employa le premier le vers endécasyllabique. Il était étroitement lié avec Garcilasso. Ses poésies, réunies à celles de ce dernier, ont été publiées à Venise, 1553.

BOSCHIMANS, peuple hottentot. V. BOSJEMANS.

BOSCO, v. des États sardes, à 13 k. S. E. d’Alexandrie ; 2600 h. Patrie de Pie V.

BOSCOVICH (Roger Jos.), savant jésuite, né à Raguse en 1711, mort en 1787, fut élevé à Rome, enseigna la philosophie et les mathématiques au Collége romain, et fut chargé par le pape de plusieurs missions scientifiques et diplomatiques. Il voyagea en Angleterre et en France, se mit en relation avec les savants de ces deux pays, fut admis dans leurs académies, et propagea en Italie la philosophie de Newton. Après la suppression de l’ordre des Jésuites, il alla professer à Pavie, puis fut appelé à Paris comme directeur des travaux d’optique pour la marine ; il mourut à Milan, pendant qu’il y dirigeait la mesure d’un degré du méridien. On lui doit plusieurs découvertes en astronomie et en optique, consignées dans ses Opera ad opticam et astronomiam pertinentia, Bassano, 5 vol. in-4, 1785. Il est en outre auteur d’une théorie de la nature, Philosophiæ naturalis theoria ad unicam legem redacta, Vienne, 1759, dans laquelle il explique tous les phénomènes par des points simples doués de forces attractives et répulsives, essayant de concilier ainsi Leibnitz et Newton. Boscovich fut aussi bon poëte latin ; on a de lui un poème estimé : De solis ac lunæ defectibus, Rome, 1767.

BOSIO (Ant.), antiquaire, né vers 1570, mort en 1629, était agent de l’ordre de Malte à Rome. Il employa 35 ans à étudier et à décrire les catacombes de Rome et mourut avant d’avoir terminé ce grand travail. L’ouvrage a été publié en 1637, par le chevalier Aldobrandino, sous le titre de Roma sotterranea, in-fol., et a été complété depuis par Aringhi (1651) et Bottari (1737-53).

BOSIO (Jos.), sculpteur, membre de l’Institut, né en 1767 à Monaco, mort en 1845 à Paris, fut élève de Pajou, attira par ses premiers essais l’attention de Denon, fit plusieurs des bas-reliefs de la colonne de la place Vendôme, les bustes de l’Empereur et de plusieurs membres de la famille impériale, et fut chargé, sous la Restauration, de la statue équestre de Louis XIV pour la place des Victoires, ainsi que des ouvrages de sculpture du monument expiatoire de Louis XVI. Parmi ses autres ouvrages on remarque la Jeune Indienne, l’Hercule au serpent (aux Tuileries), la statue colossale de Napoléon (pour la colonne de Boulogne), Henri IV enfant, le buste de Montyon. C’est lui qui forma Marochetti, Raggi, Dantan, Durey.

BOSJEMANS (homme des bois, en hollandais), peuple de la famille hottentote, est le plus sauvage et le plus abruti que l’on connaisse. Il erre sur les frontières septent. de la colonie du Cap, sur les bords du haut Orange.

BOSNA, riv. qui donne son nom à la Bosnie, naît au S. O. de Bosna-Séraï et tombe dans la Save, à 35 k. E. de Brod, après un cours d’env. 170 k.

BOSNA-SÉRAÏ, v. de Bosnie, sur la Migliaska, à 900 kil. O. N. O. de Constantinople, est la plus importante de la Bosnie, quoique le pacha n’y réside pas ; 70 000 h. (dont les deux tiers Turcs), Palais ou séraï bâti par Mahomet II ; 80 mosquées, médressées ou colléges, bains publics, etc. Fabrique d’armes à feu et autres ; tanneries. Cette ville fut brûlée en 1697 par les Impériaux.

BOSNIE, gouvt ou eyalet de la Turquie d’Europe, a pour bornes au N. l’Esclavonie, à l’E. la Servie, à l’O. la Croatie, au S. l’Albanie ; 333 k. sur 200 ; 1 100 000 h., dont 400 000 seulement sont mahométans ; v. princip. Bosna-Séraï ; le pacha réside à Travnik. Division : 5 livahs, Kiliss-Bosna, Viddin, Zvornik, Ada-i-Kébir, Trébigne ; ce dernier livah comprend l’Herzégovine ou Hte-Bosnie. Riv. : Danube, Save, Bosna, Drina. Pays montagneux au S. ; sol fertile, bétail, chevaux, buffles, porcs, abeilles ; argent et fer. — Après avoir fait partie de la Pannonie sous les Romains, et du roy. d’Esclavonie au moyen âge, la Bosnie devint province hongroise en 1127, puis forma un État indépendant sous le ban Twartko, 1370. Elle fut en 1401 soumise au tribut par les Turcs. Les Hongrois la leur reprirent pour quelques années ; mais en 1528, elle fut définitivement conquise par les Turcs, à qui la paix de Carlowitz l’assura (1699).

BOSON, comte d’Autun, puis roi de Provence, était beau-frère de Charles le Chauve, qui le créa duc de Milan lorsqu’il eut été reconnu lui-même roi d’Italie. Peu satisfait de ce titre, l’ambitieux Boson enleva Hermengarde, fille de l’empereur Louis II, la plus riche héritière de l’Europe, et se fit proclamer roi de Provence en 879, dans une assemblée tenue à Mantaille. Par son habileté et son courage, il se maintint indépendant jusqu’à sa mort, en 888 où 889. Le roy. qu’il avait formé est quelquefois appelé Bourgogne cisjurane. — Deux autres princes du nom de Boson portèrent le titre de comtes de Provence, savoir : Boson I, neveu du précédent, de 926 à 948, et Boson II, de 948 à 968. Gingis a donné l’Histoire de la dynastie Bosonide, Lausanne, 1851.

BOSPHORE, d’un mot grec qui signifie passage ou traversée d’un bœuf, et par suite détroit. Ce nom se donne surtout à deux détroits : le Bosphore Cimmérien, auj. détroit de Zabache ou d’Iénikaleh, entre le Palus Méotide et le Pont-Euxin, et le Bosphore de Thrace, auj. détroit de Constantinople, entre le Pont-Euxin et la Propontide.

BOSPHORE (Roy. du), petit État qui s’étendait sur l’une et l’autre rive du Bosphore Cimmérien, répond en partie aux gouvernements russes actuels de Tauride (Crimée), de Kherson, d’Iékaterinoslav, des Cosaques du Don et des Cosaques de la mer Noire. Il avait pour ch.-l. Panticapée, nommée aussi Bosphore, et pour autres villes principales Tanaïs, Olbia, Phanagorie, Cherson, Théodosie, colonies de Milet. Il eut après le Ve s. av. J.-C. des rois particuliers. Au IIIe s., les Goths le saccagèrent et l’occupèrent, et son nom disparut pour jamais.

BOSQUET (le maréchal), né en 1810 à Mont de Marsan, mort en 1861 ; entra à l’École polytechnique, servit pendant vingt ans en Afrique, et y conquit ses grades ; devint en 1853 général de division ; fut, lors de l’expédition de Crimée (1854), mis à la tête de la 2e division d’infanterie, se fit remarquer par d’habiles manœuvres à la bataille de l’Alma, décida la victoire d’Inkermann, et prit une part glorieuse à la prise de Sébastopol ; fut, à son retour, nommé sénateur, puis maréchal de France (1856).

BOSRA ou BOSTRA, v. de l’Idumée. V. BOSTRA.

BOSSUET (Jacq. Bénigne), né à Dijon en 1627, d’une famille de magistrats, mort en 1704, fut d’abord placé chez les Jésuites de Dijon et vint achever ses études à Paris, au collége de Navarre, où il eut pour maître Cornet, qui devina son génie. Il reçut les ordres sacrés en 1652, après avoir subi des épreuves publiques qui attirèrent sur lui l’attention générale et lui concilièrent l’amitié du grand Condé. Il quitta néanmoins la capitale pour aller se fixer à Metz, où son père était conseiller au parlement, et où il avait obtenu un canonicat. Appelé souvent à Paris pour les affaires de son diocèse, il commença à s’y faire une grande réputation par ses sermons et ses panégyriques des saints, prêcha devant le roi et la reine mère, et opéra parmi les Protestants un prend nombre de conversions, entre lesquelles on cite celles de Turenne, de Dangeau, de Mlle de Duras : c'est pour aider à ces conversions qu'il rédigea son Exposition de la doctrine de l'Église. En 1669, il fut fait évêque de Condom. Cette même année et les suivantes il prononça ces Oraisons funèbres dans lesquelles il fait sentir avec tant d'éloquence le néant des grandeurs humaines. En 1610, il fut nommé précepteur du Dauphin; il composa pour son royal élève, entre autres ouvrages, le Discours sur l'histoire universelle, dans lequel, après avoir présenté un résumé rapide des événements, il en cherche la raison dans les desseins de Dieu sur son Église; et le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, dans lequel il suit en général la doctrine de Descartes, et se montre aussi profond philosophe que grand écrivain. L'Académie s'empressa de l'admettre dans son sein (1671), et quand l'éducation du Dauphin fut terminée (1681), le roi le nomma à l'évêché de Meaux. Il se livra dès lors tout entier aux soins de l'épiscopat, fit de fréquentes prédications, rédigea le célèbre catéchisme connu sous le nom de Catéchisme de Meaux (1687), et composa pour des religieuses de son diocèse deux de ses plus beaux ouvrages, les Méditations sur l’Évangile et les Élévations sur les Mystères. Dans l'assemblée du clergé qui eut lieu en 1682 à l'occasion des démêlés entre le roi et le pape, Bossuet se montra un des plus zélés défenseurs des libertés gallicanes, et rédigea les quatre fameuses propositions qui ont donné lieu à de si vives discussions (V. ÉGLISE GALLICANE). Il s'occupait en même temps avec ardeur du soin de combattre et de convertir les Protestants, et rédigeait, pour les éclairer, l’Histoire des variations des églises protestantes (1688). En 1690, il travailla de concert avec Leibnitz à la réunion des églises catholique et luthérienne, et entretint à ce sujet, avec le philosophe allemand, une correspondance suivie; mais leurs efforts n'eurent aucun succès. Dans les dernières années de sa vie, Bossuet eut à combattre le quiétisme et les doctrines mystiques de Mme Guyon : il se trouva par là engagé dans une lutte fâcheuse avec Fénelon, qui penchait vers ces doctrines : il poursuivit son adversaire à la fois auprès du roi, qui disgracia et exila l'évêque de Cambray, et auprès du pape, qui condamna les Maximes des saints de ce prélat. On lui reproche d'avoir porté trop d'aigreur dans cette affaire. Bossuet conserva jusqu'à la fin toute la rigueur de son esprit, et mourut, à 77 ans, de la pierre. Outre les ouvrages que nous avons cités, il a composé une foule d'autres écrits soit dogmatiques, soit polémiques, dont quelques-uns, tels que la Logique, n'ont été publiés que depuis peu. Bossuet, qu'on a justement surnommé l’Aigle de Meaux, est à la fois le plus grand orateur et le plus grand écrivain de son temps. Ses Sermons, qui étaient restés longtemps inédits (ils n'ont paru qu'en 1772) et qui n'ont pas d'abord été appréciés à toute leur valeur, ne le cèdent pas à ses Oraisons funèbres. Cependant celles-ci sont encore aux yeux du plus grand nombre son principal titre de gloire : les plus admirées sont celles de la Reine d'Angleterre, du Grand Condé, de la duchesse d'Orléans. On a donné plusieurs éditions complètes de ses œuvres : la 1re est de 1743-53, Paris, 20 vol. in-4. Les plus récentes sont de 1815-19, Versailles, 43 vol. in-8; de 1825, Paris, 60 v. in-12; de 1828-30, 62 v. in-8, et de F. Lichat, 1862, etc. On en a fait plusieurs choix, Nîmes, 1785, 10 vol. in-8; Paris, 1821, 21 vol. in-8. Il a en outre paru une foule d'éditions de ses ouvrages détachés. La Vie de Bossuet a été écrite par M. de Bausset, 4v. in-8, Paris, 1814. Cette vie est complétée par les Études de M. Floquet (1856) et les Mémoires et Journal de l'abbé Le Dieu (1856-57, 4 volumes in-8). On a aussi plusieurs Éloges de ce grand homme, parmi lesquels on remarque ceux de MM. Saint-Marc-Girardin et Patin. On doit à l'abbé Vaillant des Études sur les Sermons de Bossuet, 1851, à M. Nourrisson (1851) et à M. Delondre (1855) de savantes thèses sur sa philosophie. — Bossuet avait un neveu, nommé aussi J. Bénigne Bossuet, qui fut évêque de Troyes, et auquel on doit la publication de plusieurs de ses manuscrits.

BOSSUT (l'abbé Charles), savant géomètre, membre de l'Académie des sciences, né en 1730, à Tartaras près de St-Étienne, mort en 1814, obtint de bonne heure par ses travaux la protection de Clairaut, de d'Alembert et de Camus, fut, par l'influence de ce dernier, nommé professeur à l'école du génie de Mézières, puis examinateur des élèves du génie (1786), ce qui le fixa à Paris; perdit cette place à la Révolution, mais fut replacé sous l'Empire. Outre un grand nombre de mémoires qui furent couronnés, on lui doit un Cours de mathématiques, rédigé d'une manière simple et populaire, qui eut beaucoup de vogue (1781), une édition de Pascal, et une Histoire générale des mathématiques, 1810, 2 vol. in-8, qui est son principal titre.

BOSTAN (EL-), Comana de Cappadoce, v. de la Turquie d'Asie (Marach), à 88 kil. N. E. de Marach; 9000 hab. ; 4 mosquées, dont l'une passe pour être l'ancien temple de Bellone.

BOSTANDJI, c.-à-d. jardinier, du mot turc bostan, potager; gardes du sérail qui ont pour fonctions particulières de surveiller les jardins et qui en outre servent de rameurs au Grand Seigneur quand il se promène sur le détroit. Leur chef, appelé bostandjibachi, tient le gouvernail.

BOSTON, v. et port d'Angleterre (Lincoln), à 44 kil. S. E. de Lincoln, près de l'emb. du Witham; 15 000 hab. Canaux. Belle église gothique de St-Botolph, qui a donné son nom à la ville (Botolph's-town) : la tour a 95m et sert de phare. Établissements d'instruction et de bienfaisance. Goudron, chanvre, bois de construction.

BOSTON, v. et port des État-Unis, ch.-l. de l’État de Massachussets, sur la baie de Massachussets, à l'emb. du Charles-River; 180 000 hab. Évêché catholique, port excellent, qui peut contenir 500 navires; 80 quais, 2 ponts en bois, l'un de 500m, l'autre de 1125, qui font communiquer Boston avec Cambridge et Charlestown. Chemins de fer, service de paquebots pour l'Angleterre. Place Franklin, palais, théâtre, hôtel de ville, salle de concerts, douane, nouveau marché, athénée, etc. Académie des sciences et arts, société historique de Massachussets, société de médecine, société linnéenne : bibliothèques, musées et riches collections; écoles élémentaires et supérieures. Industrie et commerce considérables : c'est la seconde place commerciale des États-Unis. Grande exportation de coton, de café, de sucre, de blé, de bois, de glace. Patrie de Franklin. — Boston fut fondée en 1630 par une colonie anglaise, composée principalement d'habitants de la Boston d'Angleterre. C'est à Boston qu'eurent lieu, en 1768, les premières luttes qui amenèrent l'indépendance des États-Unis : Washington s'empara de cette ville en 1776.

BOSTRA ou BOSRA, v. de Turquie d'Asie (Syrie), à 90 kil. S. de Damas, à 130 N. E. de Jérusalem. Jadis capitale de l'Idumée, elle devint sous Trajan la capitale de la province romaine d'Arabie. Depuis le règne de l'empereur Philippe, qui y était né, elle porta le titre de métropole. Elle fut ensuite siége d'un évêché, puis d'un archevêché. Ruinée en 1180 pendant les croisades, elle offre encore de magnifiques restes. Cette v. compta, à partir de l'an 105 de J.-C., les années d'après une ère particulière.

BOSWORTH, v. d'Angleterre (Leicester), à 20 k. O. de Leicester; 1200 hab. En 1485, Richard III, meurtrier des enfants d’Édouard IV, y fut battu et tué par Henri Tudor de Richmond, ce qui mit fin à la guerre des Deux-Roses et à la dynastie des Plantagenets, qui fut remplacée par les Tudors.

BOTAL ou BOTALLI (Léonard), médecin de Charles IX et de Henri III, natif d’Asti en Piémont, mit la saignée à la mode en France, et écrivit sur les avantages de cette pratique. On a appelé de son nom trou de Botal l’ouverture qui fait communiquer les deux oreillettes du cœur dans le fœtus, non qu’il l’ait découverte (car elle était connue de Galien), mais parce qu’il rappela l’attention sur ce point d’anatomie.

BOTANY-BAY, baie de la Nouvelle-Hollande, sur la côte S. E., dans la Nouvelle-Galles du Sud, a été ainsi nommée à cause de sa puissance végétation observée sur ses bords. Elle fut découverte par Cook en 1770. Les Anglais y fondèrent en 1787 une colonie pour la déportation des malfaiteurs, colonie que bientôt ils transportèrent au port Jackson (à 26 kil. au N.). V. GALLES DU SUD (NOUVELLE-).

BOTHNIE. V. BOTNIE.

BOTHWELL, vge d’Écosse (Glasgow), sur la Clyde, à 14 kil. S. E. de Glasgow ; 4000 hab. ; est célèbre par la bataille qu’y gagna Monmouth, général du roi Charles II, sur les Covenantaires écossais, en 1679, au passage du pont de la Clyde.

BOTHWELL (J. HEPHBURN, comte de), seigneur écossais, est accusé d’être l’auteur du meurtre de Henri Darnley, époux de Marie Stuart. Après le meurtre, il enleva la reine et la força à l’épouser (1567). Ce mariage coupable ayant excité un soulèvement, Bothwell fut obligé de prendre la fuite. Il se réfugia dans les Orcades, puis en Norvège, et y mourut misérablement en 1577.

BOTNIE, région de la péninsule scandinave, à droite et à gauche d’un golfe de la Baltique dit golfe de Botnie, au N. de la Suède propre et de la Finlande, et au S. de la Laponie suédoise, appartenait tout entière à la Suède avant 1809. Depuis cette époque elle est divisée en Botnie russe, située à l’E. de la riv. de Tornéa et du golfe de Botnie, et comprise dans le grand-duché de Finlande ; et Botnie suédoise, à l’O. de la Tornéa et du golfe de Botnie : celle-ci, réunie à l’ancienne Laponie suédoise, forme deux gouvts du Norrland, la Botnie occidentale ou Westerbotten, et la Botnie orientale ou Norrbotten. — Le golfe de Botnie, formé de la partie sept. de la Baltique, s’étend entre la Finlande et la Suède, du 60° au 66° lat. N. ; il a env. 600 kil. sur 200.

BOTTA (Ch.), historien, né en 1766 à St-Georges en Piémont, mort à Paris en 1837, étudia d’abord la médecine et fut employé comme médecin à l’armée d’Italie. Envoyé à Paris en 1806 à la tête d’une députation piémontaise, il se fixa en France et fut élu membre du Corps législatif par le département de la Doire. Pendant les Cent-jours, Botta fut nommé recteur de l’Académie de Nancy. Il remplit les mêmes fonctions à Rouen jusqu’en 1822. Ses principaux ouvrages sont : Histoire de la guerre de l’indépendance des États-Unis ; Histoire de l’Italie depuis 1789 jusqu’en 1814 ; Histoire de l’Italie continuée depuis la fin de l’Histoire de Guichardin jusqu’en 1789, 10 vol. in-8 : ce dernier est son principal titre. Ses ouvrages, écrits en italien, ont été trad. en français. Comme historien, Botta est l’émule de Guichardin, dont il a complété l’œuvre. — Son fils, Paul Émile Botta, consul à Mossoul et archéologue distingué, s’est fait un nom en découvrant à Khorsabad les ruines de Ninive.

BOTTARI (J. Gaëtan), savant florentin, 1689-1775, garde de la bibliothèque du Vatican, a complété le grand ouvrage de Bosio sur la Rome souterraine.

BOTTIÉE, partie de l’anc. Macédoine, sur la r. d. de l’Axius. C’est là que se trouvait Pella.

BOTZARIS (Marcos), l’un des héros de la Grèce moderne, né en 1789 dans les montagnes de Souli (Albanie). Il fut un des principaux acteurs de l’insurrection de 1820, et fut nommé stratarque ou général de la Grèce occidentale. Après s’être signalé dans un grand nombre de combats, il s’enferma dans les murs de Missolonghi ; voyant cette place près de succomber, il tenta de la sauver par un acte de dévouement semblable à celui de Léonidas : il pénétra de nuit, avec 240 hommes seulement, dans le camp des Turcs et en fit un grand carnage ; mais il fut atteint d’une balle à la tête et mourut le lendemain (1823), à Carpenitza.

BOTZEN ou BOLZANO, Pons Drusi, v. des États autrichiens (Tyrol), sur l’Adige, à 83 kil. S. d’Innspruck ; 9000 hab. Château fort ; maisons très-hautes avec balcons et arcades ; cathédrale gothique ; théâtre, etc. Soieries, bas, filatures ; commerce de transit. Prise d’assaut par les Français en 1809.

BOUAYE, ch.-l. de canton (Loire-inf.), à 13 kil. S. O. de Nantes ; 364 hab.

BOUC, île située dans le dép. des Bouches-du-Rhône, au point où l’étang de Caronte communique avec la Méditerranée. Petit port communiquant par deux canaux avec l’étang de Berre et avec Arles.

BOUÇADA, v. et poste militaire d’Algérie, à l’extrémité mérid. de la prov. de Constantine, à 326 kil. S. E. de cette ville. Palmiers. Prise le 15 nov. 1849.

BOUCANIERS, aventuriers français, normands pour la plupart, qui, vers la fin du XVIe siècle, allèrent s’établir dans l’île de St-Domingue, alors aux Espagnols, et y vécurent pendant longtemps en chassant des bœufs sauvages dont ils préparaient la peau pour la vendre en Europe. On les nommait ainsi du mot boucan, gril ou claie de bois, dont ils se servaient pour sécher et fumer leurs viandes. Les Espagnols ayant exterminé les animaux qui faisaient le principal objet de leur commerce, ils n’en restèrent pas moins dans l’île, y formèrent des établissements et se livrèrent à la piraterie. La France les reconnut et leur envoya un gouverneur en 1665. V. FLIBUSTIERS.

BOUCHAIN, ch.-l. de cant. (Nord), sur l’Escaut, à 17 kil. S. O. de Valenciennes ; 1009 h. Ville forte et qui peut inonder ses approches. Elle fut bâtie dans le VIIIe siècle par Pépin, et devint capitale du comté d’Ostrevand, qui appartenait aux comtes de Hainaut. Prise par les Français en 1676, elle leur fut assurée par le traité de Nimegue (1678). Marlborough la prit en 1711, mais elle fut reprise dès 1712.

BOUCHARDON (Edme), sculpteur, né en 1698, à Chaumont en Bassigny, mort en 1762, travailla à Paris sous Coustou le jeune, remporta le grand prix, fut envoyé comme pensionnaire à Rome, et, après son retour à Paris, fut nommé sculpteur du roi, 1732, membre de l’Académie, 1744, et professeur, 1745. Ses principaux ouvrages sont les bustes de Clément XII, des cardinaux de Rohan et de Polignac, à Rome ; les figures du Christ, de la Vierge, et des six Apôtres, à St-Sulpice ; la fontaine de la rue de Grenelle, à Paris. Il avait commencé la statue équestre de Louis XV, mais il mourut avant d’avoir terminé cette œuvre, qui fut détruite par le peuple en 1792. Il a aussi exécuté plusieurs sujets pour les bassins de Versailles. Ses œuvres sont éminemment correctes, mais sévères et froides.

BOUCHER (Jean), un des plus fougueux ligueurs, né à Paris vers 1558, mort en 1646, était curé de St-Benoît, et fut successivement recteur de l’Université de Paris et prieur de Sorbonne. Il fut un des premiers à faire sonner le tocsin de son église en septembre 1587, répandit des libelles séditieux pour exciter le peuple à la révolte, applaudit publiquement à l’assassinat de Henri III, et redoubla de fanatisme à l’avènement de Henri IV. Ses sermons furent brûlés par la main du bourreau après la reddition de Paris. Il obtint cependant sa liberté de la clémence de Henri IV et se retira à Tournay en Flandre, où il continua à se signaler par de violentes attaques. Son Apologie de Jean Châtel (qui avait tenté d’assassiner Henri IV) a été imprimée en 1595 et 1620, avec quelques autres de ses libelles.

BOUCHER (François), peintre français, né en 1703 à Paris, mort en 1770, était élève de Lemoine. Il fut envoyé à Rome, obtint, à son retour, des succès de société, ainsi que la faveur de Mme de Pompadour, et devint le peintre à la mode. Admis à l’Académie en 1734 il succéda à Carle Vanloo dans la place de peintre du roi. Il travaillait avec une extrême facilité et se vantait d'avoir gagné jusqu'à 50 000 fr. par an. Boucher peint avec grâce, mais on l'accuse justement d'avoir corrompu l'art et d'avoir introduit un genre fade et maniéré. Ses tableaux, qui ne représentent que des amours et des bergers ou des scènes de plaisirs, trahissent le mauvais goût et les mœurs relâchées de l'époque. Cependant on estime son Bain de Diane (au Louvre).

BOUCHER D'ARGIS (Antoine Gaspard), avocat, né en 1708, mort en 1780, fut conseiller au conseil souverain de Dombes en 1753, puis au Châtelet de Paris. Il a laissé un grand nombre de traités de jurisprudence et a publié les Règles pour former un avocat, de Biarnoy de Merville, en les retouchant et y joignant une Histoire abrégée de l'ordre des avocats. — Son fils, A. J. Boucher d'Argis, né à Paris en 1750, fut aussi conseiller au Châtelet et mourut sur l'échafaud révolutionnaire. Il a laissé des Observations sur les lois criminelles, 1781, ouvrage plein de vues philanthropiques, et un Recueil d'ordonnances en 18 vol. in-32.

BOUCHERAT (Louis), magistrat, né à Paris en 1616, mort en 1699, fut, sous Louis XIV, intendant de Guyenne, de Languedoc, de Picardie, de Champagne, commissaire du roi aux États de Bretagne, membre du conseil des finances, et fut nommé chancelier de France à la mort de Letellier, 1685. Il eut à mettre à exécution l'édit sur la révocation de l'édit de Nantes, que son prédécesseur venait de signer. Il laissa du reste une grande réputation d'intégrité. Une rue de Paris (au Marais) porte son nom.

BOUCHES. Sous le 1er Empire, on appela : Bouches-de-l'Elbe un dép. formé de la ville et au territoire de Hambourg, et de petites parties du Hanovre, du Brunswick et du Lauenbourg; ch.-l., Hambourg; — Bouches-de-l'Escaut un dép. formé de la Zélande; ch.-l., Middelbourg; — Bouches-de-la-Meuse un dép. comprenant à peu près le N. de la Zélande et le S. de la Hollande-, ch.-l., La Haye; — Bouches-du-Rhin un dép. formé du Brabant oriental; ch.-l., Bois-le-Duc ; — Bouches-du-Weser un dép. formé de la ville de Brême et de parties du duché de Brême, de l'Oldenbourg et du Hanovre; ch.-l., Brême ; — Bouches-de-l'Yssel un dép. formé de l'Over-Yssel; ch.-l., Zwoll.

BOUCHES-DU-RHÔNE (dép. des), dép. maritime de la France, entre ceux du Gard à l'O. et du Var à l'Est, celui de Vaucluse au N., et la Méditerranée au S.; 6020 kil. carrés; 507 112 hab.; ch.-l., Marseille. Il est formé d'une partie de l'anc. Provence; il comprend le Delta du Rhône ou île de la Camargue, et renferme les étangs de Berre, Galéjon, Ligagnau. Landré, Baux, Mévrane, Valcarès. Sol varié, stérile dans certaines portions (plaine de la Crau), mais en général fertile : forêts, pâturages, beau riz, tabac, garance, fruits en abondance, vins exquis. Houille, albâtre, marbre, plâtre, grès, terre à creusets, à poterie. Mérinos, chèvres, abeilles. Industrie active : huiles fines renommées, soude, savon, soie, eaux-de vie, parfums, essences, préparation de comestibles, saucissons recherchés, etc. Forges, martinets, usines diverses. Grand commerce. — Le dép. comprend 3 arr. (Marseille, Aix, Arles), 27 cantons, 106 communes; il dépend de la 9e division militaire, de la cour impériale et de l'archevêché d'Aix.

BOUCHET (Jean), écrivain du XVe siècle, né à Poitiers en 1476, mort vers 1550, exerçait la profession de procureur. Il composa un grand nombre d'ouvrages singuliers en vers et en prose, qui sont encore recherchés des bibliographes. Tels sont : les Regnards traversant les voies périlleuses de ce monde; l'Amoureux transy, sans espoir; le Labyrinthe de fortunes. On a aussi de lui des ouvrages historiques: Annales d'Aquitaine, Antiquités du Poitou, Généalogie des rois de France, Panégyrique du Chevalier sans reproche (L. de La Trémoille). Il est le 1er qui ait fait alterner les rimes masculines et féminines.

BOUCHIR, v. de Perse. V. ABOUCHER.

BOUCHOTTE (J. B. Noël), né a Metz an 1754, mort en 1840, était simple colonel lorsque la Convention l'éleva au poste de ministre de la guerre (1793). Il signala son administration par son activité et sa probité; il ne s'en vit pas moins accusé et fut même arrêté en 1794, peu avant le 9 thermidor; mais il fut relâché faute de charges suffisantes. Il se retira à Metz, où il vécut depuis étranger aux affaires.

BOUCHOUX (les), ch.-l. de c. (Jura), à 11 kil. S. O. de St-Claude; 131 hab. de pop. agglomérée.

BOUCICAUT (Jean LE MAINGRE, sire de), maréchal de France, né à Tours en 1364, mort en 1427, fit ses premières armes sous Duguesclin, combattit à côté de Charles VI à Rosebecque (1382),où il fit des prodiges de valeur, et fut fait maréchal à l'âge de 25 ans. Il suivit Jean sans Peur, duc de Nevers, dans sa croisade contre Bajazet, et fut pris par les Turcs à la bataille de Nicopolis (1396), après une résistance héroïque. Délivré de sa captivité, il fut choisi pour gouverneur de Gênes, qui s'était donnée aux Français (1401); il s'y conduisit avec une rare fermeté; mais en son absence la garnison fut surprise et massacrée. Revenu en France, il s'opposa vivement an projet qu'avait le roi Jean de livrer la bataille d'Azincourt. Il y fut fait prisonnier et conduit en Angleterre, où il mourut. On a les Mémoires du sire de Boucicaut, écrits par lui-même ou sous ses yeux.

BOUDDHA, nom que l'on donne dans la religion bouddhique à la raison parfaite, à l'intelligence absolue. Ce nom s'applique aussi aux diverses incarnations de la raison suprême, dont la principale est Chakyamouni, le Dieu actuel des Bouddhistes (V. l'art. suiv.). Enfin on étend le nom de Bouddha à tous ceux qui professent la science parfaite, aux âmes parvenues à l'état de béatitude, se dégageant des liens de la matière, et habitant le monde immatériel.

BOUDDHA-GAOUTAMA ou CHAKYAMOUNI, sage de l'Inde, né vers l'an 622 av. J.-C., mort vers 542, était dis d'un prince du Bahar, de la race royale des Chakyas, et se nommait d'abord Siddharta. Les Bouddhistes le regardent comme la 4e incarnation de Bouddha ou de la raison suprême. A 29 ans il se retira dans la solitude, ce qui le fit surnommer Chakyamouni (c.-à-d. le Chakya solitaire), et il parvint bientôt à la perfection de la science, ce qui lui valut le nom de Bouddha. Il prêcha sa doctrine dans le Cachemire, et après avoir fait un grand nombre de disciples, il monta sur un arbre, et mourut après y être resté deux mois et demi en méditation. Ses préceptes ont été recueillis par ses disciples. M. Barth. St-Hilaire a donné en 1859 le Bouddha et sa religion (V. Bouddhisme). — Les Chinois placent Bouddha au XIe s. av. J.-C.

BOUDDHISME, une des religions les plus répandues dans le monde, issue du brahmanisme, paraît s'être formée dans l'Inde septentrionale, peut-être dans le Cachemire, à une époque fort ancienne, mais encore incertaine. A la différence du Brahmanisme, elle s'adressait à tous, sans distinction de castes, et admettait les étrangers comme les indigènes. Introduite en Chine dans le Ier s. de J.-C., elle envahit successivement la Corée, le Japon, le Thibet; les Mogols enfin l'embrassèrent sous les premiers successeurs de Gengis-Khan, et auj. elle couvre la plus grande partie de l'Asie : elle y compte environ 200 millions de sectateurs. Le Bouddhisme prétend que notre existence actuelle est imparfaite et sans réalité; que le monde matériel (sansara) est une illusion de nos sens, et il enseigne la nécessité de dégager notre âme de ce monde périssable, pour la mener au salut (Nirvana), c.-à-d. pour lui donner entrée dans le monde immatériel et vrai, où elle se confond avec le Bouddha suprême, raison parfaite, qui est située au-dessus de l'espace lumineux, dans une région éternelle et indestructible. Les âmes plus parfaites, les Bouddhas accomplis (Tathâgatas), peuvent s'incarner et descendre sur la terre afin de dégager les âmes enchaînées dans le monde matériel : Chakyamouni, auteur de la forme actuelle du Bouddhisme, est le 4e des Bouddhas déjà parus; on le fait vivre au VIe s. av. J.-C. (V. BOUDDHA). Il est visible dans la personne du Dalaï-Lama du Thibet, le grand pontife des Bouddhistes. Après la mort d'un Bouddha incarné, sa représentation reste sur la terre jusqu'à la venue d'un autre Bouddha, et elle est animée par les incarnations successives de Bouddhas moins parfaits. — Cette religion, toute spiritualiste, eut à souffrir des persécutions cruelles de la part des Brahmines et des sectateurs de Shiva, dieu sensuel et sanguinaire. Elle eut le dessus au VIIe s. de notre ère; mais au XIVe s. le Bouddhisme, après des luttes sanglantes, était entièrement expulsé de l'Inde. La collection des livres sacrés de cette religion, dite K'hagiour (Commandements), se compose principalement de deux grands recueils : le Gandjour (108 vol. in-fol.) et le Dandjour (240 vol. in-fol.), que possède la Bibliothèque impériale. On doit à Eugène Burnouf une savante Introduction à l'Histoire du Bouddhisme, 1844, et la trad. de quelques-uns des livres sacrés de cette secte. — V. FÔ.

BOUDET (J. P.), pharmacien, né à Reims en 1748, mort en 1829, servit comme pharmacien des armées en Égypte, en Allemagne, devint à son retour pharmacien en chef de la Charité et membre de l'Académie de médecine. Il est un des fondateurs de la Société de pharmacie et un des rédacteurs du Code pharmaceutique. On a de lui, entre autres travaux, des Mémoires sur le phosphore, sur la fabrication du bleu de Prusse et sur l'extraction du pastel.

BOUDOT (Jean), imprimeur du roi, est connu par un Dictionnaire latin-français qu'il publia en 1704, in-8, et qui eut une grande vogue dans les classes : c'est l'abrégé d'un grand dictionnaire en 14 vol. laissé ms. par Nic. Blondeau, inspecteur de l'imprimerie de Trévoux. — Il eut deux fils : J. Boudot, libraire, qui se distingua par ses connaissances bibliographiques; et l'abbé P. J. Boudot, censeur royal, auteur d'ouvrages estimés, notamment de la Bibliothèque du Théâtre français (attribuée au duc de La Vallière), et collaborateur du président Hénault.

BOUDROUN, l'anc. Halicarnasse. V. BODROUN.

BOUFARIK, vge d'Algérie (prov. d'Alger), fondé en 1832, dans la plaine de la Métidja. à 34 k. S. d'Alger; 2300 h. Pépinière, tabacs excellents.

BOUFFLERS (Louis François, marquis de), maréchal de France, issu d'une des plus anciennes et des plus nobles familles de Picardie, dont l'origine remonte au XIIe s., naquit en 1644, et mourut en 1711. Formé a l'école des Condé et des Turenne, il contribua en 1690 à la victoire de Fleurus, prit Furnes en 1693, ce qui lui valut le bâton de maréchal, défendit Namur (1695), commanda l'armée de Flandre en 1702, et se couvrit de gloire par sa belle défense de Lille (1708), à la suite de laquelle il fut fait duc et pair. Après la défaite de Malplaquet, il fut chargé de la retraite, et sauva l'armée. Il sut se faire aimer du soldat.

BOUFFLERS (Stanislas, chevalier de), célèbre par son esprit, né a Lunéville en 1737, mort en 1815, avait pour mère la marquise de Boufflers (née Beauvais-Craon), femme belle et spirituelle, qui faisait les honneurs de la cour du roi Stanislas. Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, il y renonça bientôt afin de se livrer à son goût pour le plaisir, et obtint dans le monde les plus grands succès, qu'il dut aux agréments de son esprit et de sa personne. Il entra au service, fut nommé colonel de hussards en 1772, et maréchal de camp en 1784. Ayant épuisé son patrimoine, il se fit nommer gouverneur du Sénégal (1785) et déploya dans l'administration des talents qu'on ne lui soupçonnait pas. Il fut à son retour reçu à l'Académie française (1788). Élu en 1789 député aux États généraux, il y brilla peu. Il émigra, et ne revint en France qu'en 1800. Il écrivit depuis quelques ouvrages sérieux, mais ils eurent peu de succès. Boufflers est surtout connu par ses poésies légères et par ses contes; on regrette d'y trouver quelquefois trop de licence. Ses principaux ouvrages sont : Aline, reine de Golconde, conte, 1761; divers poëmes érotiques, 1763; Lettre à sa mère sur son voyage en Suisse, 1770; Poésies fugitives, 1782; Traité du Libre Arbitre, 1808. Il a donné lui-même ses Œuvres complètes, 1813, 2 vol. in-8. On les a imprimées de nouveau en 1828, 4 vol. in-18.

BOUG ou BOG, Hypanis, riv. de la Russie d'Europe, prend sa source dans la Volhynie, arrose les gouvernements de Podolie et de Kherson, passe à Nicolaïew, et tombe dans le Dniepr vis-à-vis de Fédorovka, après avoir reçu la Siniouka, la Kolima, l'Ingoul, etc., dans un cours de 560 kil. — Affluent de la Vistule, prend sa source dans la partie orient. de la Galicie, coule au N. O. jusqu'à Christianpol, et de là au N.; sépare la Pologne de la Russie, et se joint à la Vistule par la r. dr., à 26 k. N. O. de Varsovie, après un cours de 500 kil.

BOUGAINVILLE (L. Ant., de), navigateur célèbre, né à Paris en 1729, mort en 1814, quitta l'étude du droit, à laquelle sa famille le destinait, pour la carrière militaire; devint aide de camp de Chevert, puis accompagna le marquis de Montcalm au Canada, se signala dans cette expédition, et obtint le grade de colonel (1759). A la paix, il se tourna vers la marine, alla en 1763 occuper les îles Malouines, puis exécuta un voyage autour du monde, le premier de ce genre qu'eût entreprit un Français (1766-69). Il commanda plusieurs vaisseaux dans la guerre d'Amérique, devint chef d'escadre en 1779, fut chargé en 1790 de commander l'armée navale de Brest; mais, n'ayant pu rétablir l'ordre dans cette troupe indisciplinée, il se retira du service. Il fut appelé en 1796 à l'Institut et devint sous l'Empire comte et sénateur. Bougainville a publié la Relation de son voyage autour du monde (Paris, 1771 et 1775) qui a eu un succès prodigieux. Il a fait un grand nombre de découvertes géographiques dans l'Océan Pacifique, et a laissé son nom à plusieurs des lieux qu'il avait découverts. — Son frère aîné, J. P. de Bougainville, né à Paris en 1722, mort en 1763, fut secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et membre de l'Académie française. On a de lui une traduction en prose de l'Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac, 1749, un Parallèle de l'expédition d'Alexandre le Grand dans les Indes avec celle de Thamas Kouli-Khan, 1752, et de savants mémoires sur l'antiquité, notamment une dissertation sur les Droits des métropoles grecques sur leurs colonies, 1745.

BOUGAINVILLE (île), île de l'archipel Salomon, dans la Polynésie, par 152° 30' long. E., 5° 32' lat. S. Elle fut découverte en 1768 par J. P. Bougainville.

BOUGEANT (le P.), jésuite, né à Quimper en 1690, mort à Paris en 1743, professa les humanités à Caen, à Nevers, puis à Paris, au collége Louis le Grand. Il se fit d'abord connaître par un élégant badinage, Amusement philosophique sur le langage des bêtes, 1739, qui lui attira des censures de la part de ses supérieurs; puis, se livrant à des travaux plus sérieux, il rédigea une Histoire du traité de Westphalie, 1744 et 1751, ouvrage estimé. Il s'exerça aussi dans la comédie et fit quelques pièces assez spirituelles dirigées contre les adversaires de la bulle Unigenitus.

BOUGIE, en arabe Boudjeiah, en latin Saldæ, v. d'Algérie (prov. de Constantine), ch.-l. de cercle, sur la Méditerranée, à l'emb. d'une riv. du même nom, à 220 k. N. O. de Constantine, à 177 k. E. d'Alger; 2000 h. Baie, port spacieux et sûr; 3 châteaux forts. Fabrique d'instruments aratoires; commerce en huile et surtout en cire : c'est du nom de cette ville que vient notre mot bougie. — Bougie fut prise en 439 par Genséric, roi des Vandales, qui en fit sa capitale; puis, par les Arabes en 708, par les Espagnols en 1509, par les Turcs en 1555, et enfin par les Français, en 1833.

BOUGIVAL, joli vge du dép. de Seine-et-Oise. sur la r. g. de la Seine, à 7 k. N. de Versailles et à 18 de Paris; 2000 h. Belles maisons de campagne.

BOUGLON, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 15 k. S. O. de Marmande ; 182 h.

BOUGUER (Pierre), professeur d’hydrographie, membre de l’Académie des sciences de Paris, de la Société royale de Londres ; né au Croisic en 1698, mort à Paris en 1758. Après avoir remporté plusieurs prix sur des questions scientifiques, il fut choisi avec Godin et La Condamine pour aller au Pérou déterminer la figure de la terre (1736). On a de lui : De la Mâture des vaisseaux, 1727 ; De la Gradation de la lumière, 1729 ; Méthode d’observer sur mer la hauteur des astres, 1729 ; Manière d’observer en mer la déclinaison de la boussole, 1731 ; La construction du navire, 1746 ; Traité de la navigation, 1753. L’ouvrage qui lui fit le plus d’honneur est son Traité de la figure de la terre, qu’il publia en commun avec La Condamine, Paris, 1749, in-4. On lui doit l’héliomètre, ainsi que la connaissance des déviations que l’attraction des montagnes fait subir au pendule ; il fut le créateur de la photométrie.

BOUHIER (Jean), président à mortier au parlement de Dijon, membre de l’Académie française, né à Dijon en 1673, mort en 1746, s’est exercé avec succès dans la philologie, la jurisprudence, l’histoire et la poésie. On a de lui une traduction en vers du poëme de Pétrone Sur la guerre civile entre César et Pompée ; les Amours d’Énée et de Didon ; des Remarques sur les Catilinaires et sur le De natura Deorum de Cicéron ; la traduction du 3e et du 5e livre des Tusculanes ; des Lettres sur les Thérapeutes ; de savantes Dissertations sur Hérodote et Sur le grand pontificat des empereurs romains ; la Coutume de Bourgogne, avec des commentaires estimés ; de profonds traités sur la Dissolution du mariage, sur les Successions, etc. Ses œuvres de jurisprudence ont été recueillies à Dijon, 2 vol. in-fol., 1787.

BOUHOURS (le P.), jésuite, habile critique, né à Paris en 1628, mort en 1702, professa les humanités à Paris, puis fut chargé de l’éducation des princes de Longueville, et ensuite de celle du marquis de Seignelay, fils de Colbert. Ses principaux ouvrages sont : Entretiens d’Ariste et Eugène, 1671, traité de critique littéraire qui eut un grand succès, mais qui fut attaqué vivement par Barbier-d’Aucourt dans ses Sentiments de Cléanthe ; Doutes sur la langue française, 1674 ; que l’on regarde comme supérieur aux Entretiens ; Pensées ingénieuses des anciens et des modernes, 1689. On lui doit aussi une version du Nouveau Testament d’après la Vulgate, une Histoire de P. d’Aubusson, grand maître de Rhodes, des Vies de S. Ignace et de S. François Xavier. On reproche au P. Bouhours de courir après le bel esprit et de s’attacher, dans ses ouvrages de critique, à des observations trop minutieuses.

BOUIDES, dynastie musulmane qui régna en Perse et dans l’Irak-Adjémi aux Xe et au XIe siècles, était issue de Bouyah, pêcheur de la prov. de Dilem qui vivait vers l’an 900. Bouyah eut trois fils, Imad-Eddaula, Rockn-Eddaula, Moez-Eddaula, qui du rang de simples soldats s’élevèrent au souverain pouvoir et qui régnèrent à Bagdad, ainsi que sur la Perse, depuis l’an 932 jusque vers 1055. Ils formèrent deux branches, dont l’une domina sur l’Irak de 932 à 1029, époque à laquelle elle fut remplacée par les Gaznévides, et l’autre sur le Fars (Perse propre) de 933 à 1055, et fut remplacée par les Seldjoucides.

BOUILLÉ (Fr. Claude Amour, marquis de), général, connu par son attachement à Louis XVI, né au château de Cluzel, en Auvergne, en 1739, mort à Londres en 1800. Gouverneur des îles du Vent lors de la guerre d’Amérique, il protégea efficacement nos possessions aux Antilles et enleva plusieurs îles aux Anglais (1778). Nommé en 1790 général en chef de l’armée de Meuse, Sarre-et-Moselle, il fit respecter la discipline à Metz et à Nancy par des acte de vigueur. Louis XVI le choisit en 1791 pour seconder son départ secret de Paris. Ce projet ayant échoué, Bouillé se réfugia à Coblentz, puis fit des démarches auprès de différentes cours pour obtenir la délivrance du roi. Voyant ses efforts inutiles, il se retira en Angleterre. Il publia des Mémoires sur la Révolution, qui eurent un grand succès (Londres, 1797, et Paris, 1801). — Son fils, L. J. de Bouillé, né a la Martinique en 1769, mourut en 1850. Il émigra avec son père, rentra en France dès 1802, s’enrôla dans l’armée républicaine, se distingua en Italie et en Espagne, surtout aux batailles de Ciudad-Real et d’Almonacid, et défit avec 1200 hommes 5000 Espagnols à Baza (1810) ; il devint général de brigade et comte de l’Empire. On a de lui : Vie du prince Henri de Prusse, 1809 ; Commentaires sur le prince de Machiavel et sur l’anti-Machiavel de Frédéric II, 1827 ; Pensées et Réflexions, 1826 et 1851. — Le fils de ce dernier, [[w:René de Bouillé (historien)|René de Bouillé], pair de France, m. en 1853, s’est lui-même fait connaître honorablement par une Histoire des ducs de Guise, 1853.

BOUILLET (Marie-Nicolas), auteur de ce livre, né à Paris en 1798, m. en 1864. Après avoir été élève de l’école normale, il fut successivement professeur de philosophie, proviseur, inspecteur général de l’instruction publique. Il s’est fait un nom à la fois parmi les savants et les gens du monde. De ses ouvrages, les uns sont pleins d’une érudition profonde, et ont trait à l’histoire des doctrines philosophiques ; les autres ont pour objet de populariser la science. Ce sont des éditions des Œuvres philosophiques de Cicéron et de Sénèque (coll. Lemaire) ; une édition fort estimée, même en Angleterre, des Œuvres de Bacon (3 vol. in-8o, 1834) ; une traduction des Ennéades de Plotin accompagnée d’un important commentaire, et couronnée par l’Académie française (3 vol. in-8o, 1857-61) ; enfin toute une encyclopédie, remarquable d’exactitude et de précision, et formant 3 grands vol. in-8o, Dictionnaire d’histoire et de géographie (1842), livre qui a été le premier des ouvrages de ce genre et qui est arrivé à sa 22e édition ; Dictionnaire des sciences, des lettres et des arts (1854), qui en est à sa 9e ; Atlas d’histoire et de géographie. - M. Bouillet appartenait à une famille d’habiles armuriers de St-Étienne auxquels on doit la première idée du mécanisme tournant adapté depuis aux revolvers, et qu’ils appliquaient aux fusils et aux pistolets à vent. L’un de ces fusils, dit fusil de Louis XV, est encore aujourd’hui un des plus beaux ornements du Musée d’artillerie de Paris.

BOUILLET (Jean), médecin, né en 1690 près de Béziers, m. en 1777 ; il fonda, avec Mairan, l’Académie de Béziers. On a de lui des Éléments de médecine pratique (Béziers, 1744-46).

BOUILLON, Bullio, v. du Luxembourg belge, anc. capit. du duché de Bouillon, sur la Semoy, à 80 k. N. O. de Luxembourg, à 30 k. S. O. de Neuchâteau ; 3000 hab. Château fort, dominé par des hauteurs et autrefois habité par les ducs.

BOUILLON (seigneurie, ensuite duché de), petit État, entre le Luxembourg, la Champagne et le gouvernement de Metz, était formé de la ville de Bouillon et de son territoire : c’était un démembrement du comté de Boulogne. Godefroy de Bouillon, fils d’Eustache de Boulogne, et héritier de Godefroy le Bossu, duc de Bouillon, son oncle, vendit son domaine en 1095 à l’évêque de Liége, afin de se procurer les moyens de partir pour la croisade. Les évêques de Liége le gardèrent jusqu’en 1482. A cette époque, Guillaume de La Marck, prince de Sedan, s’en empara ; mais en 1521, Charles-Quint le rendit à l’évêque de Liége. Cependant, en 1548, Robert de La Marck reprit le château de Bouillon, et ses descendants s’intitulèrent ducs de Bouillon ; les seigneurs de la Tour-d’Auvergne, vicomtes de Turenne, subrogés par mariage à leurs droits, portèrent ce titre après eux. Bouillon fut occupé par les Français de 1552 à 1559 : ils reprirent cette place en 1676 et la gardèrent jusqu’en 1814. A cette époque, le duché fut joint au roy. des Pays-Bas. - Louis XIV, en 1678, l’avait donné comme fief au vicomte de Turenne, qui déjà portait le titre de duc de Bouillon. Il est aujourd'hui compris dans le Luxembourg belge.

BOUILLON (GODEFROY, duc de), premier roi chrétien de Jérusalem, né vers 1058 a Bézy, près de Nivelle en Brabant, était fils d'Eustache de Boulogne et neveu de Godefroy le Bossu, duc de Bouillon, qui lui laissa ses États. Il combattit dans sa jeunesse pour l'empereur Henri IV contre le pape Grégoire VII, et entra dans Rome les armes à la main; mais ayant été gravement malade peu après cette expédition, il fit vœu, pour réparer ses torts, d'aller défendre les Chrétiens en Orient. En effet, il fut un des premiers à prendre la croix lors de la prédication de Pierre l'Ermite. Il vendit son duché de Bouillon, partit pour la Terre-Sainte en 1096, et fut bientôt reconnu pour chef de la croisade. Après avoir triomphé des obstacles qu'opposait aux Croisés l’empereur de Constantinople, Alexis, il pénétra en Asie, s'empara de Nicée, vainquit les Turcs à Dorylée, prit d'assaut Antioche et enfin Jérusalem (1099). Il fut proclamé roi de la ville sainte; mais il se contenta du titre de baron. Il donna à ses nouveaux États un code de lois sages, connu sous le nom d’Assises de Jérusalem. Il mourut en 1100, en revenant d'une expédition contre le sultan de Damas, qu'il avait battu devant Ascalon; on soupçonna qu'il avait été empoisonné par des fruits que lui avait offerts l'émir de Césarée. On raconte de lui des exploits extraordinaires, et probablement fabuleux; il joignait au courage la prudence, la modération et la piété la plus vive. Le Tasse l'a choisi pour le héros de son poëme. Sa statue équestre orne la place Royale de Bruxelles.

BOUILLON (Henri DE LA TOUR-D'AUVERGNE, vicomte de Turenne, duc de), né en 1555, mort en 1623, embrassa le Calvinisme, s'attacha au roi de Navarre, contribua au gain de la bataille de Coutras (1587), fut créé maréchal par Henri IV (1592), et chargé de missions importantes en Angleterre. Il fut compromis dans la conspiration de Biron, mais il obtint son pardon. Il avait acquis le duché de Bouillon et la principauté de Sedan par son mariage avec Charlotte de La Marck, héritière de ce duché (1591). Il épousa en secondes noces une fille de Guillaume, prince d'Orange, et en eut Frédéric Maurice, duc de Bouillon (V. l'art. suivant) et le fameux Turenne (V. TURENNE). Il fonda à Sedan une université protestante qui devint célèbre. Il a laissé des Mémoires, Paris, 1666. — Son fils aîné, Frédéric Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, né à Sedan en 1605, mort en 1652, entra en 1635 au service de la France, prit une grande part aux guerres civiles, et livra, avec le comte de Soissons, le combat de la Marfée contre les troupes de Richelieu (1641). Il fut compromis dans la conspiration de Cinq-Mars (1642), et fut longtemps l'âme de la Fronde. Il ne fit sa paix avec la cour qu'en cédant sa principauté de Sedan. Il a laissé des Mémoires, Amsterdam, 1731.

BOUILLON (Robert DE LA MARCK, duc de), maréchal de France. V. MARCK (La).

BOUILLON (la duchesse de). V. MANCINI.

BOUILLON (Pierre), peintre d'histoire et graveur habile, né en 1775 à Thiviers (Dordogne), mort en 1831, remporta le grand prix de peinture pour un vaste ouvrage de chalcographie, qui lui coûta 17 ans de travail, le Musée des Antiques, Paris, 1810-27, 3 v. in-f., dont le texte est dû à M. de St-Victor.

BOUILLON-LAGRANGE (J. B.), chimiste et pharmacien, né à Paris en 1764, mort en 1844, organisa en 1793 les hôpitaux de l'armée en qualité de pharmacien-major, professa la chimie à l’École polytechnique, puis à l’École de pharmacie, et devint directeur de cette École. On lui doit l'analyse d'une foule de substances médicales, un Manuel du pharmacien et un Manuel de chimie, devenus classiques.

BOUILLY, ch.-l. de cant. (Aube), à 14 kil. S. O. de Troyes: 798 hab. Église gothique. Belle vue.

BOUILLY (Jean Nicolas), littérateur, né à Tours on 1763, mort en 1842, était d'abord avocat à Paris. En 1790, il fit représenter l'opéra de Pierre le Grand, qui dut son succès à quelques allusions aux événements récents. Il remplit à la même époque plusieurs fonctions administratives, et fit partie, après le 9 thermidor, de la commission de l'instruction publique, qui organisa les écoles primaires. A partir de 1800, il se livra tout entier à la littérature; on lui doit un grand nombre de pièces de théâtre dont le succès a été constant et mérité. Telles sont le drame de l'Abbé de l'Épée, les opéras-comiques des Deux Journées et de Fanchon la Vielleuse. Il a aussi beaucoup écrit pour l'enfance : tout le monde a lu ses Contes à ma fille, 1809; ses Conseils à ma fille, 1811; les Contes offerts aux enfants de France, etc. On trouve dans tous ses écrits une morale pure, des tableaux gracieux ou touchants, et une sensibilité exquise. Il publia en 1836 Mes récapitulations, qui sont les mémoires de sa vie.

BOUIN (île), sur la côte du dép. de la Vendée, au fond de la baie de Bourgneuf, à 54 k. N. O. de Bourbon-Vendée; 1392 h., avec un bourg de même nom; 3000 h. Elle n'a que 26 kil. de circuit. Les Normands y firent la 1re de leurs descentes en France (820).

BOUKHARA ou BOKHARA, c.-à-d. Trésor de Science, une des v. les plus importantes de l'Asie, capit. du khanat de Boukhara, par 60° 25' long. E., 39'30'lat N.; env. 100 000 h. Bel aspect; mur d'enceinte élevé. flanqué de tours; quelques monuments; palais du khan; joli minaret de Mirgharab; 360 mosquées; tombeaux de plusieurs saints musulmans, 60 medressées ou colléges; célèbres écoles de théologie, de droit et de médecine. Nombreuses fabriques : étoffes de coton, bonneterie, papier de soie, armes, imprimerie sur toiles, etc. Grand commerce avec la Russie, l'Iran, le Kaboul, etc. — La ville, qui est très-anc., fut prise par les Musulmans en 705 et devint la résidence de la dynastie des Samanides; brûlée par Gengis-Khan, elle redevint capitale à l'avénement des Usbeks.

BOUKHARA (khanat de) V. BOUKHARIE (GRANDE).

BOUKHAREST. V. BUCHAREST.

BOUKHARIE (GRANDE), autrement dite khanat de Boukhara, l'ancienne Sogdiane, État de l'Asie centrale, le plus riche, le plus peuplé, le plus puissant du Turkestan indépendant, entre le steppe des Kirghiz au N., les khanats de Khokhan et d'Hissar à l'E., de Khiva à l'O., de Balk au S., s'étend de 37° à 41° lat. N. et de 61° à 67° long. E.; environ 2 500 000 h., en partie nomades (Tadjiks, Usbeks, Turkomans, etc.). Capit., jadis Samarkand, puis Bikend; auj. Boukhara. La Boukharie est sur le grand plateau central de l'Asie et est traversée par plusieurs chaînes de montagnes; elle est arrosée par l'Amou et le Zer-Afchan. Climat tempéré, fort chaud l'été. Sol varié : grains en abondance, surtout du millet, raisins, fruits, chanvre, safran, tabac, etc; excellents chevaux. Religion mahométane; gouvernement despotique; milice de 30 000 hommes de cavalerie. — Ce pays fit successivement partie de l'empire perse, de celui d'Alexandre et de celui de la Bactriane; fut conquis par les Turcs au VIe siècle, par les Chinois au VIIe, par les Arabes en 705, fut dès lors régi par des princes vassaux des califes, tomba ensuite aux mains des Samanides (IXe s.), des Turcs Hoéïkes (1000), des Seldjoucides (1037), de Mohammed, sultan de Kharism (1207), des Mongols (1219), de Tamerlan (1383), passa sous la domination des Uzbeks en 1505, des Astrakanides (descendants de Batou-Khan) en 1600, et d'une nouvelle dynastie d'Uzbeks en 1786.

BOUKHARIE (PETITE), prov. de l'Empire chinois. V. THIAN-CHAN-NAN-LOU.

BOULAINVILLIERS (Henri, comte de), historien, né à St-Saire en Normandie en 1658, mort en 1722, s'occupa principalement d'histoire de France, et porta dans cette étude un esprit systématique et paradoxal : il voyait dans la féodalité le chef-d'œuvre de l'esprit humain et le gouvernement le plus libre. On a publié un grand nombre d'ouvrages de lui, mais il n'en a lui-même fait imprimer aucun. Les principaux sont : Histoire de l'ancien gouvernement de France, La Haye, 1727; État de la France, 1727; Histoire de la pairie et du parlement de Paris, 1733. On a encore de lui une Histoire des Arabes, une Vie de Mahomet, un Traité des trois imposteurs, une Analyse de Spinosa, qui devait être suivie d'une réfutation, qui n'a jamais paru. Il a laissé beaucoup de manuscrits qui sont restés inédits. On lui a attribué sans fondement des ouvrages irréligieux.

BOULAK, v. de la B.-Égypte, sur la r. dr. du Nil, à 2 k. N. O. du Caire dont elle est regardée comme le faubourg et le port; 18 000 h. École polytechnique, écoles de dessin, d'arts et métiers, de langues vivantes, établies par Méhémet-Ali. Boulak fut brûlée en 1799 par les Français lors du siége du Caire; elle a été relevée depuis.

BOULANGER (Nic. Ant.), écrivain du XVIIIe siècle, né à Paris en 1722, mort en 1759, était fils d'un marchand de papier. Il s'appliqua d'abord aux mathématiques et devint ingénieur des ponts et chaussées; puis il étudia les langues anciennes et orientales, et composa plusieurs écrits philosophiques dans lesquels il chercha à expliquer par des symboles astronomiques, mais surtout par la terreur que le déluge inspira aux hommes, les superstitions et les pratiques religieuses établies sur toute la terre. Il n'a publié lui-même aucun de ses écrits; on les a imprimés après sa mort, en leur donnant peut-être le caractère antireligieux qu'ils portent aujourd'hui. Les principaux sont : Recherches sur l'origine du despotisme oriental, 1761; l’Antiquité dévoilée par ses usages, ouvrage publié et refondu par d'Holbach, 1766. On lui a attribué le Christianisme dévoilé, écrit impie, qui est de d'Holbach ou de Damilaville. Toutes ses Œuvres ont été réunies en 1792, 8 vol. in-8 et 10 vol. in-12. — V. BOULLANGER.

BOULARD (Ant. Marc Henri), bibliophile, né a Paris en 1754, m. en 1825. Après avoir obtenu le prix d'honneur à l'Université de Paris (1770), il exerça la profession de notaire; il quitta son étude en 1808 pour se livrer tout entier à son goût pour les lettres et pour les livres. Il avait formé une bibliothèque qui s'élevait à près de 500 000 vol. On lui doit un grand nombre de traductions, entre autres celle de l’Histoire littéraire du moyen âge, de Harris, 1786, et de l’Histoire littéraire des 14 premiers siècles de l'ère chrétienne, de Berington, 1814-1826. Il fut l'ami de La Harpe et publia sa Philosophie du XVIIIe siècle. — Un autre Boulard, imprimeur-libraire, 1750-1809, a publié un Traité de Bibliographie estimé, Paris, 1804.

BOULAY, v. d'Alsace-Lorraine, à 24 kil. N. E. de Metz; 2770 hab. Quincaillerie.

BOULAY (le comte), dit B. de la Meurthe, homme d’État, né en 1761 à Chaumouzey (Vosges), d'une famille de riches cultivateurs, mortenl840, était avocat à Paris en 1789. Il adopta les idées nouvelles, s'enrôla en 1792, fut, en l'an V, envoyé par le dép. de la Meurthe au conseil des Cinq-Cents, où il devint l'âme du parti modéré; eut part à la révolution du 18 brumaire, et se voua dès lors à la fortune de Bonaparte; fut nommé président de la section de législation au conseil d'État, après avoir refusé le ministère de la police, et prit une part active à la rédaction du Code Napoléon; fut appelé en 1810 au conseil privé, et plus tard au conseil de régence; reçut aux Cent-Jours (1815) le titre de ministre d'État, fut un des rédacteurs de l’Acte additionnel aux constitutions de l'Empire, tenta vainement d'établir sur le trône Napoléon II, fut exilé au retour des Bourbons, rentra en 1819, mais resta depuis dans la vie privée. Il avait publié en l'an VII (1799) un Essai sur les causa qui amenèrent en Angleterre l'établissement de la république, et en 1818, le Tableau politique des règnes de Charles II et Jacques II, ouvrages qui étaient autant des écrits de circonstance que des œuvres historiques, et qui influèrent puissamment sur l'opinion. Il a laissé des Mémoires, qui n'ont pas encore vu le jour. — Son fils aîné, le comte Henri Boulay, né en 1797, mort en 1858, longtemps député et membre du conseil général de la Seine, fut élu en 1849 vice-président de la République et devint sénateur en 1852. — Son 2e fils, le baron, puis comte Joseph Boulay, sénateur depuis 1857, membre du Conseil de l'instruction publique, était précédemment président de section au conseil d’État. Tous deux se sont signalés par leur attachement à la famille de Napoléon et par leur zèle pour les progrès de l'instruction publique.

BOULDER-AA, riv. de la Russie, naît à 80 k. S. de Dorpat, coule au S. O., baigne Volmar et Venden, et tombe dans le golfe de Livonie. Cours, 200 kil.

BOULE (André Charles), ébéniste-sculpteur, né à Paris en 1642, mort en 1732, a attaché son nom à un genre de meubles de luxe fort recherchés auj., dont les ornements consistent en incrustations de divers genres. Possédant la science du dessin et doué d'un goût exquis, il dessinait lui-même les ornements de ses meubles. Il obtint de Louis XIV le titre de graveur du sceau et un logement au Louvre.

BOULÉBANÉ, capit. du Bondou. V. BONDOU.

BOULEN (Anne). V. BOLEYN (Anne).

BOULLANGER (André), dit le Petit père André, à cause de sa petite taille, prédicateur, né à Paris en 1578, mort en 1657, était moine augustin. Il avait un ton naïf et plaisant qui le mit à la mode, mais il se livra trop souvent dans la chaire à des trivialités analogues a celles de Ménot et de Maillard. Il ne reste de lui que l’Oraison funèbre de Marie de Lorraine, abbesse de Chelles.

BOULLIER (David Renaud), ministre à Amsterdam, ensuite à Londres, né à Utrecht en 1699, mort en 1759, signala son zèle contre les doctrines philosophiques du XVIIIe siècle. Ses principaux ouvrages sont : Essai philosophique sur l'âme des bêtes, 1728; Doctrine orthodoxe de la Trinité, 1734; Lettres sur les vrais principes de la religion, 1741; Lettres critiques sur les Lettres philosophiques de Voltaire, 1754.

BOULLONGNE, famille de peintres français. Louis Boullongne, né en 1609, mort à Paris en 1674, excellait particulièrement à copier les tableaux des anciens peintres. Il laissa deux fils, Louis et Bon, qui cultivèrent avec succès la peinture et le surpassèrent. — Bon Boullongne, né à Paris en 1649, mort en 1717, d'abord élève de son père, étudia à Rome en qualité de pensionnaire du roi, et se forma par l'étude des grands maîtres. De retour en France, il fut admis à l'Académie de peinture en 1677, puis nommé professeur à l'Académie et peintre du roi (Louis XIV). Il travailla pour ce prince dans l'église des Invalides, au palais et à la chapelle de Versailles, à Trianon, etc. Il excellait dans le coloris. Parmi ses tableaux, on distingue le Combat d'Hercule contre les Centaures, l'Enfant ressuscité (au Louvre), Vénus, Pan et Syrinx. — Louis Boullongne, son frère cadet, né en 1657, m. en 1733, fut aussi pensionnaire du roi à Rome et devint directeur de l'Académie de peinture. Louis XIV le nomma son premier peintre, lui donna des lettres de noblesse, et le fit chevalier de St-Michel. Ses chefs d'œuvre sont : la Présentation au Temple (à Notre-Dame de Paris), l’Annonciation et l'Assomption (à Versailles). On lui reproche un peu de sécheresse.

BOULOGNE, BOULOGNE-SUR-MER, Gesoriacum et Bononia (réunies), peut-être Itius portas; port de mer et ch.-l. d'arr. (Pas-de-Calais), à 108 k. N. O. d'Arras, à l'emb. de la Liane dans la Manche, à 301 k. de Paris par la route, 254 par chemin de fer: 36 265 hab. Port très-fréquenté. mais d'accès difficile; 2 bassins; muraille flanquée de tours rondes et renfermant un château fort. Jolie ville, divisée en haute et basse. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, sociétés d'agriculture, commerce, sciences et arts; école de navigation; bibliothèque publique. Commerce actif; armements pour voyages au long cours, cabotages, pêcheries. Bel établissement de bains de mer. Passage très-fréquenté de France en Angleterre par Douvres et Folkstone. Fondée par les Romains 50 ans av. J.-C., Boulogne était pour eux une station navale; elle fut saccagée par les Normands, 888, prise en 1430 par le duc de Bourgogne, Philippe le Bon; reprise en 1477 par Louis XI, prise de nouveau par Henri VIII en 1544, mais rendue à la France moyennant 2 millions en 1550. En 1803, Bonaparte y forma un camp célèbre, et y équipa une flottille destinée à opérer une descente en Angleterre. Une colonne a été érigée sur les lieux en mémoire de cet événement. Patrie de Daunou, Cuvelier, Ste-Beuve.

BOULOGNE (comté de), à peu près le Boulonais, appartint d'abord à une branche de la maison de Flandre, qui possédait en même temps Bouillon et Sedan, et de laquelle sortit, entre autres personnages célèbres, Godefroy de Bouillon. A la mort d'Eustache III, frère aîné de Godefroy de Bouillon (1125), il passa à Étienne de Blois, depuis roi d'Angleterre, et à sa descendance; puis, après avoir été porté par quatre héritières successives dans autant de maisons différentes, il devint la propriété du comte d'Auvergne, Robert V (1267), dont l'arrière petite-fille, Jeanne, mariée en secondes noces à Jean le Bon, roi de France, le laissa à Philippe de Rouvres, fils de Philippe de Bourgogne, comte d'Artois, son premier mari (1360). Jeanne, petite-fille de ce dernier, légua les 2 comtés (Auvergne et Boulogne) à Marie de Mongascon; mais à sa mort (1422), Philippe le Bon, duc de Bourgogne, s'empara du comté de Boulogne; il le garda par le traité d'Arras (1435). Louis XI le réunit à la couronne vers 1477.

BOULOGNE, bourg du dép. de la Seine, arr. de St-Denis, à 8 k. O. de Paris, sur la riv. dr. de la Seine, en face de St-Cloud; 12 000 hab. Nombreuses blanchisseries. — Entre Boulogne et Paris est le bois de Boulogne, célèbre comme promenade du monde élégant de la capitale. C'était jadis un lieu de chasse royale. Il renfermait le château de Madrid, bâti en 1528, et démoli sous Louis XVIII. En 1260, le monastère de Longchamp y fut fondé par Ste Isabelle, sœur de S. Louis (V. LONGCHAMP). Distrait en 1852 du régime forestier et cédé à la ville de Paris, ce bois a été converti en un délicieux parc à l'anglaise.

BOULOGNE, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), à 25 kil. N. O. de St-Gaudens; 1258 hab.

BOULOGNE (Eustache, comte de). V. EUSTACHE.

BOULOGNE (l'abbé), prélat français, né à Avignon en 1747 , mort en 1825, remporta en 1772 le prix d'éloquence à l'Académie de Montauban, vint à Paris en 1779, se fit connaître par un éloge du dauphin, père de Louis XVI, et fut nommé vicaire général et prédicateur du roi. Il combattit les décrets de l'Assemblée constituante sur le clergé, et fut arrêté 3 fois. En 1801, il adhéra au Concordat. Nommé en 1806 chapelain de Napoléon, en 1808 évêque de Troyes, il donna sa démission lors de la captivité de Pie VII, et adressa à l'empereur des remontrances qui le firent arrêter de nouveau. Détenu à Vincennes jusqu'en 1814, il recouvra la liberté sous la Restauration, fut nommé archevêque de Vienne et élevé à la pairie. Il prononça en 1821 l’Oraison funèbre du duc de Berry. L'abbé de Boulogne fut pour l'éloquence l'émule de l'abbé Maury. Ses écrits, publiés en 1827, en 8 vol. in-8, se composent de Sermons, Mandements, Panégyriques, Oraisons funèbres, et de Mélanges.

BOULOIRE, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 16 kil. N. O. de St-Calais; 1801 hab. Toiles.

BOULONAIS, petite prov. de France, habitée du temps des Romains par les Morini, et comprise sous les Mérovingiens dans la Neustrie, faisait partie du gouvt de Picardie, et avait pour capit. Boulogne. Elle forme auj. l'arr. de Boulogne.

BOULTON, industriel anglais, né en 1728 à Birmingham, mort en 1809, seconda Watt, l'inventeur de la machine à vapeur, fabriqua pour lui la première machine, et créa les magnifiques usines de Soho, près de Birmingham.

BOUNAR-BACHI, vge de l'Anatolie, dans le livah de Biga, à 40 kil. O. N. O. d'Adramiti, sur le Scamandre et presque sur l'emplacement de l'antique Troie. Eaux thermales.

BOUQUET (dom), bénédictin de St-Maur, né en 1685 à Amiens, mort en 1754 à Paris, avait été bibliothécaire de St-Germain-des-Prés. Il fit paraître les 8 premiers volumes de la grande collection intitulée Rerum gallicarum et francicarum Scriptores, 1738 et années suiv., dont la suite fut publiée par d'Antine, Haudiguier, Brial, et qui est auj. continuée par l'Académie des inscriptions. Il avait eu part aux travaux de Montfaucon, et s'était formé sous ce grand maître aux savantes recherches.

BOURBON (île). V. RÉUNION (île de la).

BOURBON-L'ARCHAMBAULT, Castrum Borboniense et Aquæ Borboniæ, ch.-l. de c. (Allier), dans l'anc. Bourbonnais, qui en prenait son nom, à 26 kil. O. de Moulins, à 308 kil. S. E. de Paris; 1638 hab. Sources minérales et thermales, puissantes contre les rhumatismes, les paralysies et les scrofules. Grand hospice. — Cette ville est le berceau et la résidence primitive des sires de Bourbon. On y voit encore 3 tours, vestiges de leur ancien château.

BOURBON-LANCY, Aquæ Nisinei, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 52 kil. N. O. de Charolles; à 324 de Paris; 1461 h. Sources thermales, efficaces contre les rhumatismes. Bel hôpital fondé par le marquis d'Aligre. Aux env., monuments antiques. — Anc. baronnie appartenant aux sires de Bourbon, et confisquée par François I sur le connétable de Bourbon. Le nom de cette ville, qui s'écrivait autrefois Bourbon l'Ansi, vient, dit-on, d'Anselme, fils d'un comte de Bourbon, frère d'Archambault.

BOURBON-VENDÉE. V. NAPOLÉON-VENDÉE.

BOURBON (maison de). On distingue trois maisons de Bourbon, qui tirèrent leur nom de Bourbon l'Archambault, leur résidence, et du Bourbonnais qui formait leur domaine; elles sont unies entre elles par les femmes. La 1re maison est issue d'Aimar ou Adhémar, sire de Bourbon, qui vivait vers 913, et dont les généalogistes font remonter l'origine jusqu'à Childebrand, frère puîné de Charles-Martel. Cette maison s'éteignit en 1218, dans la personne d'Archambault VIII, qui ne laissa qu'une fille, Mahaut de Bourbon. — La 2e maison a pour chef Guy, sire de Dampierre, qui épousa en 1197 Mahaut, héritière de Bourbon, et fut père d'Archambault IX. — La 3e a pour chef un prince capétien, Robert de Clermont, 6e fils de S. Louis, qui épousa en 1272 Béatrix de Bourbon, héritière par sa mère de la 2e maison; c'est de cette dernière maison que descend la famille qui depuis Henri IV a régné sur la France. Ces seigneurs ne portèrent d'abord que le titre de sires de Bourbon; Louis I, fils de Robert; l'échangea en 1327 contre celui de duc et pair. Voici la généalogie de cette famille : Robert de Clermont, 6e fils de S. Louis et frère de Philippe le Hardi, né vers 1256, marié en 1272 à Béatrix, héritière de Bourbon, reconnu sire de Bourbon en 1283, mort en 1318; — Louis I, fils de Robert et de Béatrix, né en 1279, sire de Bourbon en 1310, fait duc et pair en 1327, mort en 1341. Celui-ci eut deux fils : Pierre, sire de Bourbon, et Jacques, comte de la Marche, qui furent la tige de 2 branches dont voici la suite:

Branche aînée. Pierre I, fils aîné de Louis I, né en 1311, tué en 1356 à la bataille de Poitiers : Jeanne, sa fille, épousa Charles V; — Louis II, né en 1337, mort en 1410 : il joua un rôle important sous Charles VI (V. son art. ci-après) : — Jean I, né en 1381, fait prisonnier à la bataille d'Azincourt, mort à Londres en 1434, après 18 ans de captivité; — Charles I, né en 1401, mort en 1456 : il conspira contre Charles VII; — Jean II, né en 1426, mort en 1488, sans postérité : il fut l'âme de la ligue du Bien-Public sous Louis XI, et prétendit à la régence après la mort du roi; — Pierre II, frère du précédent, né vers 1439, mort en 1503, connu sous le nom de sire de Beaujeu; il épousa Anne, fille de Louis XI, et fut chargé de la régence avec sa femme après la mort du roi. Il ne laissa qu'une fille, Susanne de Bourbon, qui épousa son cousin Charles, c. de Montpensier, plus connu sous le nom de connétable de Bourbon, né en 1489, m. en 1527, en qui finit la branche aînée.

Branche cadette. Jacques, comte de La Marche, 3e fils de Louis I, connétable, né vers 1314, pris à la bataille de Poitiers, tué en 1361 en combattant les Grandes Compagnies qui infestaient le royaume; — Jean I, né vers 1337, mort en 1393 : il devint comte de Vendôme par mariage; — Louis II, né vers 1376, pris à la bataille d'Azincourt, en 1415, mort en 1446; — Jean II, né en 1429, mort en 1478 : il devint par mariage seigneur de la Roche-sur-Yon (appelée depuis Bourbon-Vendée), et eut deux fils dont l'aîné, François (1470-95), porta le nom de Bourbon, et dont le 2e prit le titre de La Roche-Aymon; — Charles, né en 1489, mort en 1537 : le comté de Vendôme fut érigé pour lui en duché par François I, en récompense de ses services; il devint chef de toute la maison de Bourbon par la mort du connétable de Bourbon, en 1527, qui ne laissait pas d'héritier; — Antoine de Bourbon, né en 1518, mort en 1562 : il devint roi de Navarre par son mariage avec Jeanne d'Albret, et fut père de Henri; il avait pour frères Louis, prince de Condé, et Charles, cardinal de Bourbon; — Henri de Bourbon, connu sous le nom de Henri IV, tige des Bourbons qui ont régné en France, en Espagne, à Naples, et à Parme.

Bourbons de France. Henri IV eut pour fils Louis XIII. Celui-ci laissa deux enfants : Louis XIV, chef de la branche aînée qui régna en France jusqu'en 1830 (sauf le temps de la République et de l'Empire), et Philippe d'Orléans, chef de la branche cadette. — La branche aînée se continua : 1° par Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV; 2° par Louis XVI, petit fils de Louis XV, et par ses frères Louis XVIII et Charles X : ce dernier fut père du duc de Berry, qui a laissé un fils posthume, le duc de Bordeaux. — Pour la branche cadette, V. ORLÉANS.

Bourbons d'Espagne. Cette branche est issue de Philippe duc d'Anjou, 2e fils du grand Condé, et petit-fils de Louis XIV, qui fut placé en 1701 sur le trône d'Espagne, sous le nom de Philippe V; elle se continue par Ferdinand VI, Charles III, Charles IV, Ferdinand VII, et Isabelle, fille de ce dernier. V CARLOS (don), et MONTEMOLIN.

Bourbons des Deux-Siciles. Cette branche commença en 1738, avec Charles, fils de Philippe V, roi d'Espagne, qui prit à Naples le nom de Charles VII, et qui, appelé par la mort de son frère Ferdinand, au trône d'Espagne où il régna sous le nom de Charles III, plaça en 1759 sur le trône de Naples son fils Ferdinand, dont les descendants règnent encore auj. Ce sont Ferdinand I, 1759-1825, François I, 1825-30, Ferdinand II, 1830-1859, François II, 1859.

Bourbons de Parme, maison ducale formée en 1748 par l'infant Philippe, un des fils de Philippe V, roi d'Espagne, se compose de Philippe, Ferdinand, Louis, déposé en 1802, Charles-Louis, d'abord duc de Lucques, appelé à Parme en 1847, Ferdinand-Joseph, assassiné en 1854, Robert I, mineur, expulsé en 1859. V. PARME et LUCQUES.

A la famille des Bourbons se rattachent en outre les branches de Condé et de Conti, aujourd'hui éteintes.

BOURBON (Louis I, duc de), dit le Grand et le Boiteux, fils de Robert de Clermont et petit-fils de S. Louis, né en 1279, mort en 1341, se signala aux affaires de Furnes, 1297, de Courtrai, 1302, de Mons-en-Puelle, 1304, et de Cassel, 1328. Philippe le Bel l'investit de la charge de grand chambrier, le fit duc et pair et lui donna en 1327 le comté de La Marche. Il possédait le Bourbonnais depuis 1310, et y avait joint en 1318 le comté de Clermont. Ce prince passait pour l'homme le plus honnête de son temps.

BOURBON (Louis II, comte, puis duc de), dit le Bon, né vers 1337, mort en 1410, succéda en 1356 à son père Pierre I dans son duché. Ami et émule de Duguesclin, il combattit vaillamment les Anglais qui avaient envahi la France. Charles V en mourant lui confia la régence ainsi qu'aux ducs de Berry et de Bourgogne. Il essaya, mais en vain, de prévenir les maux qui accablèrent le royaume pendant la minorité et la démence de Charles VI. Il délivra les Génois qui étaient menacés par les Sarrasins, et fit avec succès une expédition en Afrique (1391).

BOURBON (Charles, duc de), connu sous le nom de connétable de Bourbon, né en 1489, était fils de Gilbert, comte de Montpensier, et de Claire de Gonzague. Il porta d'abord le titre de comte de Montpensier et devint chef de la maison de Bourbon par la mort de son oncle Pierre, sire de Beaujeu, dont il épousa la fille, Susanne. Après s'être signalé en plusieurs occasions par un courage indomptable, surtout aux batailles d'Agnadel et de Marignan, il reçut de François I l'épée de connétable, n'ayant encore que 26 ans, et fut nommé vice-roi du Milanais. Mais ayant été injustement dépouillé de ses biens par la reine mère, Louise de Savoie, dont il avait, dit-on, méprisé l'amour, il quitta la France, alla offrir ses services à Charles-Quint (1523), et contribua beaucoup au gain de la funeste bataille de Pavie (1525). Mal récompensé par Charles-Quint, qui lui avait fait les plus brillantes promesses, il se fit chef de partisans et conduisit ses troupes au siége de Rome en leur promettant le pillage de cette capitale; il fut tué en montant à l'assaut, l'an 1527; il n'avait que 38 ans, et ne laissa pas d'enfants. Ses domaines furent réunis à la couronne.

BOURBON (Antoine de), roi de Béarn. V. ANTOINE.

BOURBON (Charles de), cardinal, 4e fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, était frère puîné d'Antoine de Bourbon, père de Henri IV, et reçut des Ligueurs le titre de roi du vivant même de Henri III. Mais ce dernier, après avoir fait assassiner le duc de Guise, s'assura de la personne du cardinal et le fit retenir en prison. A la mort de Henri III, les Ligueurs le proclamèrent roi sous le nom de Charles X; mais il finit par renoncer lui-même à cette ridicule royauté, et reconnut la légitimité d'Henri IV, son neveu. Il mourut peu après, en 1590, à 67 ans. On ne le compte pas au nombre de nos rois. — Un autre cardinal de Bourbon, 2e fils de Louis, prince de Condé, et neveu du précédent, fut aussi décoré après lui du vain titre de roi.

BOURBON (L. H., duc de), prince de Condé, né en 1692, mort en 1740, fut nommé chef du conseil de régence pendant la minorité de Louis XV et devint premier ministre à la mort du duc d'Orléans (1723). Trop ami des plaisirs, il prit peu de soin des affaires, abandonna le gouvernement à sa maîtresse, la marquise de Prie, et au financier Pâris-Duverney, et se rendit odieux par la création d'impôts vexatoires. Le cardinal Fleury, précepteur de Louis XV, profitant du mécontentement général, lui fit retirer le ministère et le fit exiler par le jeune roi à Chantilly, en 1726. On le connaissait sous le nom de Monsieur le Duc. Il fut père de Louis Joseph de Bourbon, plus connu sous le nom de Prince de Condé. V. CONDÉ.

BOURBON (Louis Henri Joseph, duc de), prince de Condé, né en 1756, était petit fils du précédent, et fils du prince de Condé qui se mit à la tête de l'armée des émigrés dite Armée de Condé, et fut père du malheureux duc d'Enghien (V. ce nom). Il émigra, et commanda en plusieurs occasions l'armée royaliste, mais sans obtenir aucun succès. Il revint en France en 1814, et essaya en 1815, mais sans plus de succès, de soulever la Vendée. Il n'accompagna pas Charles X dans son exil après la révolution de 1830. Peu de temps après cet événement, on le trouva pendu dans son appartement; on prétendit alors, mais sans preuve, qu'il avait été étranglé par sa maîtresse, Mme de Feuchères; il est beaucoup plus probable qu'il avait mis fin à ses jours. Il laissa la plus grande partie de sa fortune au duc d'Aumale, 4e fils de LouisPhilippe. Il est le dernier prince qui ait porté le titre de duc de Bourbon.

BOURBON (Nicolas), nom de deux poëtes latins modernes. Le 1er, surnommé l'Ancien, né en 1503, mort en 1550, était fils d'un forgeron de Vendeuvre en Champagne, et devint précepteur de Jeanne d'Albret. On a de lui Pædologia, recueil de distiques moraux, et des poésies diverses sous le titre de Nugæ, Paris, 1533. — Le 2e, surnommé le Jeune, neveu du préc., né en 1574, à Bar-sur-Aube, m. en 1644, était oratorien et professeur de rhétorique. Il est surtout connu par ses imprécations contre l'assassin de Henri IV, Diræ in parricidam. Ses poésies ont été publiées en 1630, sous le titre de Poematia. Il est fort supérieur à son oncle.

BOURBONNAIS (pays des Ædui et partie de celui des Biturige Cubi), anc. prov. de France, bornée au N. par le Nivernais, au S. par l'Auvergne et La Marche, à l'E. par la Bourgogne, à l'O par le Berry, est située à peu près au centre de la France. Capit., Moulins; autres villes remarquables : Bourbon l'Archambault, St-Amand, Néris, Vichy, Gannat, La Palisse, Effiat, Cette province qui formait autrefois le domaine des sires de Bourbon (V. BOURBON), fut réunie à la couronne après la défection du connétable de Bourbon (1523). Elle faisait partie du gouvt du Lyonnais; elle répond auj. au dép. de l'Allier. Elle est surtout remarquable par ses eaux minérales.

BOURBONNE-LES-BAINS, Aquæ Borvonis, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 53 k. S. E. de Chaumont et à 304 de Paris; 3458 h. Sources thermales exploitées par l’État. On les emploie contre les maladies de la peau, les asthmes et les rhumatismes, les scrofules et les tumeurs blanches. Hôpital militaire. Antiquités.

BOURBOURG, ch.-l. de cant. (Nord), à 15 k. S. O. de Dunkerque, sur le canal de Bourbourg; 2430 h.

BOURBRIAC, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 71 k. S. O. de Guingamp, près de la source du Blavet; 637 hab.

BOURDALOUE (L.), célèbre prédicateur, né à Bourges en 1632, mort en 1704, entra de bonne heure dans la société des Jésuites, et en devint un des plus beaux ornements. Après avoir prêché pendant quelque temps en province, il fut appelè par ses supérieurs à Paris en 1669 et eut un succès prodigieux. Il fut dix fois chargé de prêcher l'Avent ou le Carême devant Louis XIV et toute sa cour. Lors de la révocation de l'édit de Nantes, il fut envoyé dans le Languedoc pour éclairer les Protestants (1686), et obtint de nouveaux succès dans cette mission délicate. On a recueilli ses sermons et ses œuvres diverses, en 14 vol. in-8, Paris, 1707, 17 vol. in-8, 1822-26, et 3 vol. grand-in-8, 1834. On a publié un 1810 et 1823 des Sermons inédits de Bourdaloue qui sont apocryphes. Bourdaloue est regardé comme le fondateur de l'éloquence chrétienne parmi nous; ce qui le distingue surtout, c'est moins l'éclat du style que la force du raisonnement et la solidité des preuves. Si Massillon est plus brillant, Bourdaloue offre une instruction plus réelle. On estime surtout son Sermon sur la Passion. Austère dans sa conduite et son caractère, il était cependant, comme prêtre, aussi indulgent que le permettaient ses devoirs.

BOURDEAUX, ch.-l.de cant. (Drôme), à 17 kil. de Crest, sur le Roubion, 827 hab.

BOURDEILLES, vge de France (Dordogne), sur la Dronne, à 20 kil. N. E. de Périgueux; 1500 hab. Ancienne seigneurie de la famille de Brantôme.

BOURDIN (Maurice), antipape, né dans le Limousin, passa vers 1095 en Portugal, devint archevêque de Braga, et sacra l'empereur Henri V, malgré la défense du pape. Henri, mécontent du pape Gélase, lui opposa Bourdin et le fit élire en 1118 sous le nom de Grégoire VIII; mais ce prince l'ayant bientôt abandonné, Bourdin se vit assiégé dans Sutri par Calixte II, successeur de Gélase : il fut pris et enfermé dans un monastère, où il mourut en 1122.

BOURDON (Sébastien), né à Montpellier, en 1616, mort en 1671, était fils d'un peintre sur verre. Il lutta longtemps contre la misère, visita néanmoins l'Italie ou il étudia surtout les œuvres de Claude Lorrain, de Caravage et de Bamboche, fit à son retour le Crucifiement de S. Pierre, pour Notre-Dame (auj. au Louvre), tableau qui le plaça au rang le plus élevé parmi ses contemporains, alla en Suède où Christine le nomma son 1er peintre (1652), et termina sa carrière à Paris où il fut tort recherché. C'était un peintre inégal et peu correct, mais original et animé du feu du génie. Il fut de l'Académie de peinture dès sa fondation.

BOURDON (François Louis), connu sous le nom de Bourdon de l'Oise, procureur au parlement de Paris, embrassa d'abord la Révolution avec ardeur et fut député de l'Oise à la Convention; mais les excès dont il fut témoin dans la Vendée, où il avait été en mission, diminuèrent son exaltation. De retour à l'assemblée, il contribua à renverser successivement les partis de Danton et de Robespierre. Élu membre du conseil des Cinq-Cents, il se déclara contre le Directoire, et fit rapporter la loi qui bannissait les nobles. Il fut déporté au 18 fructidor, et mourut à Sinnamary peu après son arrivée. — Un autre conventionnel, Léonard Bourdon, dit de la Crosnière, après avoir été un des séides de Robespierre, devint son ennemi le plus acharné, et contribua beaucoup à le renverser. Il avait été longtemps instituteur à Paris. Il mourut en 1815. — Le frère de ce dernier, Bourdon de Vatry, 1761-1828, se signala dans l'administration de la marine, fut préfet maritime, puis directeur du personnel et intendant des armées navales. Gênes lui éleva une statue en mémoire des travaux qu'il avait fait exécuter dans ce port.

BOURG ou BOURG-EN-BRESSE, ch.-l. du dép. de l'Ain, sur la Reyssouse, à 418 kil. S. E. de Paris, 479 par chemin de fer: 14 052 h. Trib. civil, lycée (1856); bel hôtel de ville, hôpital; pyramide de Joubert, belle église de Brou, hors des murs. Soc. d'émulation; bibliothèque. Patrie d'A. Favre, Lalande, Bichat, qui y a une statue, etc. Joubert naquit aux env. — Anc. capit. de la Bresse. Jadis aux rois de Bourgogne, puis aux empereurs, aux ducs de Savoie ; prise en 1601 par Henri IV, et depuis restée à la France.

BOURG ou BOURG-SUR-GIRONDE, ch.-l. de cant. (Gironde), sur la Dordogne, à 13 kil. S. E. de Blaye; 1389 hab. Petit port. Capit. de l'anc. Bourgès.

BOURG-ARGENTAL, ch.-l. de cant. (Loire), 28 kil. S. E. de St-Étienne; 2153 hab. On y travaille la soie.

BOURG-DE-VISA, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), à 15 kil. 0. de Lauzerte ; 426 hab.

BOURG-DIEU. V. DÉOLS.

BOURG-D'OISANS, ch.-l. de cant. (Isère), à 44 kil. S. E. de Grenoble; 1496 hab. Cristal de roche, plomb argentifère.

BOURG-DU-PÉAGE, ch.-l. de cant. (Drôme), à 16 kil. N. E. de Valence, sur l'Isère, en face de Romans ; 3887 hab. Joli pont sur l'Isère où l'on payait jadis un droit de passage. Mûriers, soie, Moselle, etc.

BOURG-L'ABBÉ, nommé depuis St-Lô. V. ST-LÔ.

BOURG-LA-REINE, bourg du dép. de la Seine, à 3 kil. S. de Paris, arr. et à l'E. de Sceaux; 800 hab. Grand marché de bestiaux. Station.

BOURG-LASTIC, ch. de canton (Puy-de-Dôme), à 54 kil. S. O. de Clermont; 2150 hab.

BOURG-LÈS-VALENCE (Drôme), à 1 kil. N. de Valence, dont il est comme un faubourg; 1840 hab.

BOURG-ST-ANDÉOL, ch.-l. de cant. (Ardèche), sur le Rhône, à 51 kil. S. de Privas; 3670 hab. Soie et organsin. Ruines d'un temple gaulois; eaux minérales aux environs.

BOURG-ST-MAURICE, ch.-l. de c. (Savoie), arr. de Moutiers; 2764 h. Fromages dits de Gruyère.

BOURG-THÉROUDE, ch.-l. de cant. (Eure), i. 35 kil. S. E. de Pont-Audemer; 900 hab.

BOURGACHARD, bourg de l'Eure, cant. de Routot, à 25 kil. de Pont-Audemer. Anc. baronnie.

BOURGANEUF, ch.-l. d'arr. (Creuse), à 33 kil. S. 0. de Guéret, près du Thorion ; 2568 h. Tribunal. Porcelaine, papeterie. — On y voit une grosse tour, où Pierre d'Aubusson détint Zizim, fils de Mahomet II, par suite d'un traité conclu avec Bajazet II.

BOURGAZ, Apollonia, v. de Turquie (Roumélie), sur la mer Noire, au fond du golfe de Bourgaz, par 42° 29' lat. N. Grains, poteries, pipes.

BOURGELAT (Claude), habile vétérinaire, né à Lyon en 1712, mort en 1779, fonda à Lyon en 1762 la 1re école vétérinaire que nous ayons eue en France. Il en établit peu après une autre à Alfort près Paris. On peut le regarder comme le fondateur de l'hippiatrique en France. Il a écrit un Traité de cavalerie, des Éléments de l'art vétérinaire, et plusieurs autres ouvrages estimés.

BOURGES, Avaricum, puis Bituriges, anc. capit. du Berry. ch.-l. du dép. du Cher, sur l'Auron, à 221 k. S. de Paris par la route, 233 par le chemin de fer; 28 064 hab. Archevêché; cour impériale, lycée, grand séminaire. Belle cathédrale gothique, hôtel de ville (anc. maison de Jacq. Cœur), salle du Palais de Justice, salpêtrerie, fonderie, arsenal, etc. Sociétés savantes; bibliothèque, cabinet de physique. Commerce de moutons du Berry, laine, draps, chapellerie, coutellerie, vins; confiserie, pralines. Lieu natal de Louis XI, Jacques Cœur, Bourdaloue. — Anc. capit. des Bituriges Cubi, florissante dès le temps des Gaulois; prise et brûlée par César en 52 av. J.-C., et par Chilpéric I en 583 ; relevée par Charlemagne et agrandie par Philippe-Auguste. Son archevêché fut fondé au IIIe siècle. Louis XI la dota en 1465 d'une Université, qui fut longtemps célèbre. Il se tint à Bourges plusieurs conciles; c'est là que fut rédigée la Pragmatique Sanction, en 1438. Charles VII y tint sa cour pendant l'invasion des Anglais, d'où lui vint le surnom de roi de Bourges. Le prétendant don Carlos y séjourna de 1839 à 1845.

BOURGÈS, petit pays de l'anc. Bordelais, avait pour villes Bourg et Ambez.

BOURGET (LE), v. de France (Savoie), à 9 k. N. de Chambéry, sur le lac du Bourget; 2000 h. — Le lac a 16 kil. sur 5 et communique avec le Rhône.

BOURGET, vge de 800 h. (Seine), à 11 kil. N. de Paris. Combats au siége de Paris (28-30 oct. 1870).

BOURGMESTRE (de deux mots allemands, burger, bourgeois, et meister, maître), nom que porte le premier magistrat civil dans un grand nombre de villes en Allemagne et dans les Pays-Bas. Les attributions de ces magistrats n'ont rien de précis : le plus souvent ils réunissent les fonctions de nos maires et celles de nos commissaires de police.

BOURGNEUF, ch.-l. de cant. (Loire-Inférieure), a 28 k. S. E. de Paimbœuf et à 35 k. S. O. de Nantes, au fond d'une baie dite Baie de Bourgneuf; 818 h. Petit port ; marais salins. Bourgneuf était jadis sur l'Océan, mais la mer s'en retire tous les jours.

BOURGOGNE, anc. prov. de France, était bornée au N. par la Champagne, à l'E. par la Franche-Comté, à l'O. par le Bourbonnais et le Nivernais, au Sud par le Lyonnais et au S. E. par la Savoie. Elle se divisait en duché de Bourgogne, comprenant 5 parties : le Dijonnais, le Châlonnais, l'Autunois, l'Auxois et le pays de la Montagne; et en 4 comtés: Charolais, Maçon, Auxerre et Bar-sur-Seine; elle avait pour capit. générale Dijon. Sol fertile ; grains, fruits et surtout vins renommés (Beaune, Chambertin, Pomard, Volnay, Nuits, Mâcon, Tonnerre). Elle correspond à la plus grande partie des dép. de la Côte d'Or, de l'Yonne, de Saône-et-Loire, de l'Ain, et à de petites fractions de ceux de l'Aube et de la Nièvre. — La Bourgogne, habitée jadis par les Éduens et les Mandubiens, et conquise par César après une glorieuse résistance (V. ALISE), avait été comprise par les Romains dans la Lyonnaise 1re. Elle doit son nom aux Burgundes ou Bourguignons, peuple teutonique qui envahit la Gaule en 406, et y fonda, sous la conduite de Gondicaire (411), le Premier royaume de Bourgogne. Ce roy. eut pour noyau la partie S. de la Germanie 1re et la Grande Séquanaise, c.-à-d. une partie de l'Alsace et de la Suisse; puis il descendit au S., atteignit la Loire à l'O., et s'étendit dans tout le bassin du Rhône, moins la portion comprise entre la Durance et la mer. Il eut 8 rois : Gondicaire, 411-436; Gondioc, 463; Gondemar I, 476; Chilpéric, 491; Godégisile, 600; Gondebaud, 516; Sigismond, 524; Gondemar II, 534. Déjà Clovis avait soumis les Bourguignons à un tribut : ses fils expulsèrent Gondemar et réunirent la Bourgogne à l'empire des Francs. Sous les Mérovingiens, elle fut tour à tour soumise aux rois de Neustrie ou d'Austrasie, ou au roi unique des Francs; ou bien elle fut presque indépendante sous un maire particulier. Charlemagne l'érigea en duché et en donna le gouvernement, d'abord à un seigneur nommé Sanson, qui fut tué à la bataille de Roncevaux, puis à Hugues, son fils naturel. Lors du partage de l'empire de Charlemagne, en 843, la Bourgogne entra dans le lot de Charles le Chauve; mais elle ne tarda pas à se scinder en diverses parties; elle forma : 1° au N. un duché de Bourgogne, composé de presque toute la Bourgogne propre, et compris entre le Rhône, le Jura et le Rhin; 2° au S. un Second royaume de Bourgogne, qui d'abord se partagea en deux roy. distincts, nommés Bourgogne cisjurane et Bourgogne transjurane, parce qu'ils étaient séparés par la chaîne du Jura. — Boson, comte d'Autun, se fit élire roi de la Bourgogne cisjurane en 879 : son roy. comprenait la Provence, le Comtat, le Dauphiné, le Bugey et la Bresse, la partie du Languedoc entre la Loire et le Rhône, et de petites portions de la Bourgogne propre. Boson eut pour successeurs Louis l'Aveugle (889-923), et Hogues de Provence (923-33). — Rodolphe, comte d'Auxerre, s'empara de la Bourgogne transjurane en 888; ce roy. répondait au Bugey, à la Suisse jusqu'à la Reuss et à la Savoie. Rodolphe II, son fils, après avoir hérité de la Bourgogne transjurane, se fit céder par Hugues (933) la Bourgogne cisjurane, et des deux roy. n'en fit plus qu'un seul, appelé royaume d'Arles. Après la mort de Rodolphe III (1032), Conrad le Salique réunit le roy. d'Arles à l'empire germanique. Toutefois un grand nombre de fiefs puissants s'en détachèrent et se déclarèrent indépendants. Tels furent les comtés et le marquisat de Provence, le Dauphiné, la Savoie, le comté palatin de Bourgogne ou Franche-Comté, le Comtat Venaissin, etc. — Quant au duché de Bourgogne, il ne releva jamais de l'empire germanique, bien que le comté palatin de Bourgogne, possédé par les ducs, fît partie du roy. d'Arles. De 884 à 1002, le duché de Bourgogne, appartint à des princes issus de Robert le Fort, savoir : Thierry, Richard le Justicier, Raoul, roi de France, Hugues le Blanc, Henri, frère de Hugues-Capet. Après ce dernier, le duché de Bourgogne fut pendant 30 ans réuni à la couronne (1002-1032). — Robert le Vieux, fils du roi de France Robert, commença, en 1032, une nouvelle maison de ducs de Bourgogne, qui est la 1re comme maison capétienne. Elle finit en 1301 à Philippe de Rouvres, fils de Jeanne de Boulogne, qui avait épousé en secondes noces le roi de France Jean II. — Philippe le Hardi, 4e fils du roi Jean, fut alors investi du duché de Bourgogne (1363). Cette 2e maison capétienne, dite maison de Valois, ne comptait que 4 ducs : Philippe le Hardi, 1363; Jean sans Peur, 1404; Philippe le Bon, 1419, et Charles le Téméraire, 1467-77; mais elle fut la plus brillante : elle réunit un nombre immense de fiefs, et balança longtemps le pouvoir des rois de France. Charles le Téméraire ne laissa qu'une fille, Marie. Le duché de Bourgogne proprement dit revint alors à la couronne de France comme fief mâle ; mais Marie, en épousant Maximilien d'Autriche, lui apporta tous les autres États de son père, les duchés de Brabant, Limbourg et Luxembourg, la Franche-Comté, le comté palatin, les comtés de Flandre, Hainaut, Namur, Artois, Hollande, Zélande, le marquisat d'Anvers et la seigneurie de Malines. Toutes ces provinces, avec quelques autres qu'y joignit Charles-Quint, composèrent le cercle de Bourgogne, qui fut incorporé à l'Empire en 1548. L'union d'Utrecht diminua le cercle de sept provinces, qui formèrent les sept Provinces-Unies, reconnues par la paix de Westphalie (1648); la paix de Nimègue (1678) donna la Franche-Comté à la France, qui l'avait déjà conquise, et qui l'avait rendue ensuite par le traité d'Aix-la-Chapelle. Le cercle de Bourgogne appartenait d'abord à la ligne espagnole de la maison d'Autriche : après la guerre de la succession d'Espagne il passa à la ligne autrichienne, qui ne l'a perdu que par les traités de paix de Campo-Formio et de Lunéville (1801). La Bourgogne avait un parlement célèbre, institué en 1476 par Louis XI, et siégeant à Dijon. — Courtépée a donné une Description de la Bourgogne (Dijon, 1774-88), ainsi qu'une Histoire abrégée du duché (1777), qui sont fort estimées. On doit à M. de Barante l’Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, Paris, 1824. 13 vol. in-8. (Pour les princes de cette maison, V. CHARLES, PHILIPPE, JEAN, etc.)

BOURGOGNE (Canal de), unissant l'Yonne à la Saône et par là les deux mers, suit en partie le cours de l'Armançon, passe à La Roche, St-Florentin, Tonnerre, Montbard, Pouilly, Dijon et St-Jean-de-Losne; 242 kil. Commencé en 1775, achevé en 1834.

BOURGOGNE, ch.-l. de cant. (Marne), à 12 kil. N. de Reims; 650 hab.

BOURGOGNE (Louis, duc de), fils aîné du Grand Dauphin et petit-fils de Louis XIV, né à Versailles en 1682, devint Dauphin à la mort de son père (1711). Élève de Fénelon, qui composa pour lui ses Fables et son Télémaque, il répondit fort bien par ses vertus aux soins d'un tel maître; mais il montra peu d'habileté à la guerre et n'éprouva que des revers dans la campagne de 1708, qu'il fit en Flandre avec l'assistance du duc de Vendôme, et dans laquelle il eut à combattre Eugène et Marlborough. Il mourut en 1712, d'une rougeole épidémique, peu après son père. On soupçonna injustement qu'il avait été empoisonné. Ce prince, ami du peuple, promettait à la France un règne heureux. Il fut père de Louis XV. — Sa femme, Adélaïde de Savoie, remarquable par ses grâces et son esprit, était morte de la même maladie que lui, 6 jours auparavant. M. de Noailles a publié en 1850 des Lettres inédites de cette princesse.

BOURGOIN, ch.-l. de cant. (Isère), à 67 kil. N. O. de Grenoble; 3310 hab. Trib. de 1re instance.

BOURGOING (Franç.), général des Oratoriens, né à Paris en 1585, mort en 1662, fut un des premiers disciples et des plus zélés coopérateurs du cardinal de Bérulle (V. ce nom). Il composa des ouvrages de piété qui eurent un grand succès, entre autres : Vérités et excellences de Jésus-Christ disposées par méditations, 1636, et des Homélies chrétiennes. Il publia les Œuvres de Bérulle, 1644. Bossuet a prononcé son oraison funèbre.

BOURGOING (J. Fr., baron de), diplomate, né à Nevers en 1748, m. en 1811, remplit sous Louis XVI et sous Napoléon de nombreuses missions auprès de divers États de l'Europe. Après un séjour d'une dizaine d'années à Madrid, il publia en 1789 un Tableau de l'Espagne moderne. On a en outre de lui des Mémoires sur Pie VI et des traductions de l'allemand. — Un de ses fils, M. Charles Paul Amable Bourgoing, né en 1791, auj. sénateur, a aussi suivi avec succès la carrière diplomatique.

BOURGS POURRIS, en anglais rotten-boroughs, nom sous lequel on a flétri en Angleterre certains bourgs où l'on faisait trafic du droit d'élection. Ces localités, jadis importantes, mais qui s'étaient dépeuplées avec le temps, étaient devenues la propriété d'un très-petit nombre de propriétaires électeurs, tout en conservant leurs privilèges électoraux, et leurs propriétaires vendaient leur voix au plus offrant. La réforme de 1832 mit un terme à cet abus.

BOURG-THÉROUDE. V. BOURG.

BOURGUEBUS, ch.-l. de cant. (Calvados), à 9 kil. S. E. de Caen; 170 hab.

BOURGUEIL, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), sur le Doit, à 15 kil. N. O. de Chinon; 1576 hab. Bon vin. Anc. abbaye de Bénédictins.

BOURGUIGNON (LE), peintre, V. COURTOIS.

BOURGUIGNONS. V. BOURGOGNE et BURGUNDES.

BOURGUIGNONS (les), faction qui avait pour chef Jean sans Peur, duc de Bourgogne, était opposée à celle des Armagnacs. La guerre que se livraient les deux partis et qui désola la France pendant la démence de Charles VI eut pour cause l'ambition des princes du sang qui se disputaient le pouvoir. Jean sans Peur ayant fait assassiner le duc d'Orléans, frère du roi, en 1407, Bernard d'Armagnac, qui avait marié sa fille au fils aîné du duc, s'arma pour le venger, et entraîna dans son parti le Dauphin, depuis Charles VII. Les Armagnacs devinrent bientôt maîtres de Paris, mais ils s'y firent détester par leurs exactions et leurs violences; aussi, en 1418, les Bourguignons, aidés des Cabochiens et des Chaperons-Blancs, purent-ils se saisir de la capitale; ils se vengèrent des Armagnacs par d'affreuses représailles. L'année suivante, le Dauphin ayant favorisé l'assassinat de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, Philippe le Bon, fils du duc, appela pour se venger les Anglais dans le royaume et rendit bientôt le parti bourguignon aussi odieux que l'avait été celui des Armagnacs. Enfin, en 1435, Philippe, s'étant détaché des Anglais, fit la paix avec la cour à Arras, ce qui mit un terme à la faction des Bourguignons comme à celle des Armagnacs.

BOURHANPOUR, v. de l'Inde, prov. de Kandeich, sur le Tapti, était jadis le ch.-l. de tout le Kandeich. Elle est le siége principal d'une secte mahométane dite Bohrahs, qui sont très-adonnés au commerce. Prise et ruinée en 1803 par les Anglais.

BOURIATES, peuple nomade de la Sibérie (Irkoutsk), habite sur les rives sept, du lac Baïkal et sur les bords de l'Iénisséi et de l'Angara. On évalue leur nombre à 200 000. Les Bouriates professent le Chamanisme. Soumis aux Russes depuis 1644.

BOURIGNON (Antoinette), visionnaire, née à Lille en 1616, morte en 1680, se crut appelée par une révélation spéciale à rétablir le véritable esprit évangélique, et renonça au mariage afin de se consacrer tout entière à sa mission divine. Poursuivie pour ses opinions extravagantes, elle quitta sa famille et sa patrie, et parcourut la Flandre, le Brabant, la Hollande, l'Alsace. Elle se fit chasser de tous ces pays, mais n'en fit pas moins de nombreux prosélytes; elle inspira même plusieurs passions quoique fort laide. Elle écrivit un grand nombre de traités mystiques qui ne forment pas moins de 22 vol. (Amsterdam, 1679-84). Les principaux sont : Traité de l'aveuglement des hommes; Du nouveau Ciel et du règne de l'Antéchrist. Poiret résuma et ordonna ses idées dans son Économie de la nature, 1686.

BOURLOS, Buticus lacus, lagune que forme la Méditerranée sur la côte de la Basse-Égypte, reçoit plusieurs bras du Nil et communique avec la mer par anc. branche Sébennytique. Le lac de Bourlos a 66 k. sur 35. Son nom ancien venait de la ville de Buto, située sur la côte mérid.

BOURMONT, ch.-l. de cant. (H.-Marne), à 53 kii. N. E. de Chaumont. 909 hab. Coutellerie vendue comme étant de Langres.

BOURMONT (Victor, comte de GHAISNES de), né en 1773 au château de Bourmont, en Anjou, mort en 1846, était en 1789 officier aux gardes françaises. Il émigra avec son père, aide de camp du prince de Condé, mais rentra en France dès 1794 pour se joindre aux Vendéens; fut nommé par le comte d'Artois (Charles X) commandant du Maine et de l'Anjou, se mit à la tête des Chouans, et s'empara du Mans, où furent commis les plus grands excès (1795), capitula en 1800, et offrit même ses services au premier Consul. Incarcéré après l'explosion de la machine infernale, il s'évada (1805), et trouva un refuge eu Portugal. Reçu en grâce en 1808 pour s'être réuni aux Français à Lisbonne pendant leurs revers, il revint en France avec eux, reprit du service, se fit remarquer à Naples, en Russie, en Allemagne, enfin dans la campagne de France, défendit héroïquement Nogent contre des forces beaucoup supérieures (1814), et reçut en récompense le grade de général de division. Après le retour de l'île d’Elbe, il accepta de Napoléon un commandement ; mais, trahissant la confiance de l’Empereur, il abandonna son corps d’armée trois jours avant la bataille de Waterloo, et se rendit à Gand auprès de Louis XVIII. Rentré en France avec ce prince, il fut comblé de faveurs ; en 1823, il commanda un des corps d’armée envoyés en Espagne ; en 1829, il fit partie du ministère Polignac, et fut chargé du portefeuille de la pierre. Nommé en 1830 commandant en chef de l’armée dirigée contre Alger, il accomplit cette importante mission avec autant de célérité que de succès, et entra dans Alger le 5 juillet ; il venait de recevoir le bâton de maréchal, lorsque, par suite de la révolution de Juillet, il se vit forcé de céder son commandement et de quitter la France. Il tenta inutilement, de concert avec la duchesse de Berry, de relever la cause royale en armant la Vendée (1832), puis il alla se mettre au service de don Miguel, en Portugal, mais sans plus de succès. Ayant enfin renoncé à toute menée politique, il put rentrer en France et finit ses jours dans son château de Bourmont.

BOURO ou BOUROU, la plus grande des Moluques après Céram, par 3° 34′ lat. S., 124° 9′ long. E. ; 120 k. sur 80 ; env. 50 000 h. ; ch.-l., Bouro. Climat sain, mais humide. Grand lac, d’où sortent plusieurs rivières. Cette île appartient aux Hollandais, qui en tirent des bois aromatiques et d’ébénisterie.

BOURRIENNE (FAUVELET de), secrétaire de Napoléon et ministre d’État sous Louis XVIII, né à Sens (Tonne) en 1769, mort à Caen en 1834, fut élevé à l’école de Brienne avec Bonaparte et s’y lia avec lui d’une étroite amitié (1785). Lorsque celui-ci fut nommé général en chef de l’armée d’Italie, il appela Bourrienne près de lui et en fit son secrétaire intime ; mais au bout de quelques années il le disgracia. Cependant, en 1804, Napoléon le nomma ministre à Hambourg. En 1814, Bourrienne se rallia aux Bourbons ; il fut nommé directeur des postes par le gouvernement provisoire, puis préfet de police par Louis XVIII. Aux Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand, et fut à son retour nommé ministre d’État. Élu député la même année, il siégea au côté droit. La révolution de Juillet 1830 et la perte de sa fortune qui en fut la suite égarèrent sa raison. Les Mémoires de Bourrienne (10 vol. in-8, 1829-31) offrent une foule de détails intéressants, mais ils ne sont pas exempts de partialité. On a publié en 1830 Bourrienne et ses erreurs, 2 vol. in-12 (par le comte d’Aure).

BOURSAULT (Edme), poëte et financier, né à Mucy-l’Évêque en Bourgogne en 1638, mort en 1701, se forma lui-même. Il composa en 1671 un livre intitulé la Véritable Étude du souverain, qui plut tellement à Louis XIV, qu’il le nomma sous-précepteur de son fils ; mais Boursault refusa parce qu’il ne savait pas le latin. La même raison l’empêcha de se présenter à l’Académie. Il rédigea pendant quelque temps une gazette en vers qui eut beaucoup de succès et qui lui valut une pension de 2000 francs ; mais sa gazette fut supprimée parce qu’il avait plaisanté un capucin. Il travailla surtout pour le théâtre, et composa plusieurs comédies qui sont restées au répertoire ; les meilleures sont : le Mercure galant, Ésope à la ville, Ésope à la cour. Il a aussi composé des tragédies, des romans, des lettres, des fables, des épigrammes et bons mots. On a publié son théâtre en 3 vol. in-12, 1725. Tout en cultivant les lettres, Boursault occupait une place de receveur des tailles qui lui assurait une existence aisée.

BOURSE, v. de Turquie, jadis Prusa. V. BROUSSE.

BOURSIER (Laur. Fr.), docteur de Sorbonne, né en 1679 à Écouen, mort en 1749, publia vers 1713 l’'Action de Dieu sur ses créatures, où il traite de la grâce et défend la doctrine des Thomistes sur la prémotion physique. Cet ouvrage fit grand bruit et fut réfuté par le jésuite Dutertre et par le P. Malebranche. Boursier prit une grande part à l’opposition contre la bulle Unigenitus, se mit à la tête des appelants, et fut exilé en 1735.

BOUSSA, v. de la Nigritie centrale, capit. du roy. de ce nom et de tout le Borgou, sur une île du Kouarra ou Niger, au S. E. de Tombouctou, par 10° 14′ lat. N., 4° long. E. C’est près de là que périt le voyageur anglais Mungo-Park.

BOUSSAC, ch.-l. d’arrond. (Creuse), à 33 kil. N. E. de Guéret. Château, vieilles murailles ; 976 hab.

BOUSSAC (Jean DE BROSSE de), chambellan et maréchal de France sous Charles VII, se chargea de tuer Lecamus de Beaulieu, favori du roi, qui déplaisait aux nobles de la cour ; le roi laissa ce crime impuni. Boussac rendit de grands services dans la guerre contre les Anglais, se signala aux siéges d’Orléans, de Compiègne, de Lagny, et assista au couronnement de Charles VII. Mort en 1433.

BOUSSIÈRES, ch.-L de cant. (Doubs), à 14 kil. S. O. de Besançon ; 260 hab.

BOUTAN, région de l’Asie centrale, tributaire de l’empire chinois, est située entre le Thibet au N. et à l’E., le Bengale au S., le pays des Kirâts. à l’O., compte env. 1 820 000 hab., et a pour capitale Tassisudon. Montagnes et plateaux très-élevés, appartenant à l’Himalaya, et couverts de neiges éternelles ; climat, sol et végétation très-variés, superbes pâturages et forêts. Singes, dont une espèce est réputée sacrée, très-bons chevaux. La religion est le Bouddhisme. Les habitants ont le teint blanc, les traits tartares, souvent des goîtres. Le souverain se nomme Deb-radjah ; il exerce un pouvoir absolu.

BOUTERWECK (Frédéric), né à Oker près de Goslar en 1766, mort en 1828, était professeur de philosophie à Gœttingue. D’abord partisan zélé des doctrines de Kant, il se rangea ensuite à celles de Jacobi. Il a écrit un grand nombre d’ouvrages dont les principaux sont : Histoire de la poésie et de l’éloquence depuis le XIIIe siècle, 12 vol. in-8, Gœtt., 1801-19, son œuvre capitale (trad. par Loëve-Veimars pour la partie française et par Mme de Steck pour la partie espagnole) ; Philosophie du Droit, 1798 ; Éléments de philosophie spéculative ; Esthétique ou théorie du beau, 1806 ; Idées sur la métaphysique ; la Religion de la raison, 1824. On lui doit aussi un Manuel des sciences philosophiques (1813), ouvrage classique. Sans créer de système, Bouterweek exposa avec ordre et netteté les doctrines des maîtres.

BOUTEVILLE (François, comte de MONTMORENCY-), né en 1600, s’est acquis une triste célébrité comme duelliste. Forcé de se réfugier à Bruxelles par suite d’un duel où il avait tué son adversaire, il osa, malgré les défenses les plus sévères du roi (Louis XIII), revenir à Paris et se battre en plein jour au milieu de la place Royale (avec le marquis de Beuvron). Il fut arrêté par ordre de Richelieu, condamné à mort et exécuté aussitôt, 1027. Bouteville eut pour fils le célèbre maréchal de Luxembourg.

BOUTILLIER (Jean), jurisconsulte, né à Tournay vers 1340, fut bailli du Vermandois, puis grand bailli, et enfin lieutenant dans sa ville natale. Sous le titre de Somme rurale, il a laissé un livre de jurisprudence, qui fut longtemps le manuel du juge.

BOUTO, une des divinités suprêmes de l’Égypte, existait avant les trois Khaméfis, Knef, Fta, Fré ; elle est le signe du principe générateur féminin et passif. Elle habite les eaux stagnantes et bourbeuses du Buticus lacus. La musaraigne et l’ichneumon lui sont consacrés. Elle est coiffée de la partie inférieure du pchent, emblème des puissances infernales. Les Grecs voyaient dans Bouto la Nuit et les Ténèbres, ainsi que le Chaos, principe du monde. On célébrait en son honneur des fêtes annuelles.

BOUTO, auj. Koum-Zalat ? v. de la Basse-Égypte, près d’un lac qui prenait de là le nom de Buticus lacus (lac de Bourlos), au N. de Naucratis. Temples et oracles célèbres de la déesse Bouto.

BOUTON (archipel de), groupe d'îles de la Malaisie, près de la cote S. E. de Célèbes. Coton, sagou, épices ; étoffes de coton recherchées. Tributaire des Hollandais depuis 1667. — L'île principale, ainsi que le ch.-l. de cette île, s'appellent aussi Bouton.

BOUTON (Ch. Marie), peintre, né à Paris en 1781, mort en 1853, s'attacha surtout à la perspective et à l'art de distribuer la lumière, et fut ainsi conduit à l'invention du Diorama, dont il partage l'honneur avec Daguerre. Parmi ses chefs-d'œuvre en ce genre, on admirait l’Église St-Pierre de Rome, qui a été détruite par l'incendie du Diorama. Comme peintre, il a reproduit avec bonheur les Souterrains de St-Denis, la Cathédrale de Chartres, une Vue intérieure de l'église de St-Étienne-du-Mont, etc.

BOUTONNE, riv. de France, naît à Chef-Boutonne (Deux-Sèvres), passe à Chizé, St-Jean-d'Angély, Tonnay-Boutonne, et tombe dans la Charente à Candé, après un cours de 85 kil.

BOUVET (Joachim), jésuite français, né au Mans vers 1660, mort à Pékin en 1735, fut l'un des six premiers missionnaires mathématiciens que Louis XIV fit partir pour la Chine en 1685. Il obtint l'estime et la confiance de l'empereur Kang-hi, auquel il enseigna les mathématiques, travailla à la carte de l'empire chinois, fut autorisé a bâtir une église et une résidence dans l'enceinte du palais, et fut ainsi un des fondateurs de la mission française à Pékin. On a de lui quatre Relations de divers voyages qu'il fit dans le cours de ses missions ; l’État présent de la Chine, avec des figures gravées, 1697, et divers morceaux intéressants, dans les Lettres édifiantes et dans les recueils du temps.

BOUVINES, Boviniacum, bourg du dép. du Nord, sur la Marque, à 12 kil. S. E. de Lille ; 500 hab. Célèbre victoire de Philippe-Auguste sur l'empereur Othon IV, le comte de Flandre et leurs alliés, en 1214.

BOUXWILLER, ch.-l. de canton (B.-Rhin), à 13 kil. N. E. de Saverne ; 3416 hab. Collége communal. Toiles, calicots, draps ; alun, vitriol, etc.

BOUYOUKDEREH, v. de Turquie. V. BUIUKDEREH.

BOUZONVILLE, ch.-l. de cant. (Moselle), sur la Nied, à 30 k. S. E. de Thionville ; 1537 h. Brasseries ; ébénisterie, clouteries.

BOUZY, vge du département de la Marne, à 22 k. S. E. de Reims ; 500 h. Un des meilleurs crus de vins de Champagne mousseux.

BOVA, v. du roy. d'Italie (Calabre Ultér. 1re), prés de la mer, à 28 k. S. E. de Reggio ; 2500 hab. Évêché. — Fondée vers 1477 par des Albanais après la mort de Scanderbeg ; ruinée par un tremblement de terre en 1783 et rebâtie par Ferdinand IV.

BOVADILLA (don François de), fut envoyé à St-Domingue en 1500 par Ferdinand et Isabelle pour examiner la conduite de Christophe Colomb et le remplacer dans son gouvernement. Sans égard pour les services de ce grand homme, il lui fit mettre les fers aux pieds, ainsi qu'à son frère, et les renvoya tous deux dans cet état en Espagne ; il prit ensuite à tâche de détruire tout ce qu'avait fait son prédécesseur. Le roi, indigné de sa conduite, le rappela aussitôt. Bovadilla fit naufrage en quittant l'île et périt avec toute la flotte (1502).

BOVES, vge du dép. de la Somme, à 10 k. S. E. d'Amiens ; 1700 h. Bifurcation du chemin de fer du Nord. Anc. château fort, dont les seigneurs exerçaient leurs déprédations sur toute la contrée, et qui fut détruit en 1433. Henri IV et Gabrielle se rencontraient dans les ruines de ce château.

BOVILLÆ, auj. Marino, petite v. du Latium, sur la voie Appienne, à 20 k. S. E. de Rome. C'est là que Clodius fut tué par les gens de Milon.

BOVINO, Vibinum, v. du roy. d'Italie (Capitanate), à 28 k. S. O. de Foggia ; 4000 h. Évêché. Les Impériaux y battirent les Espagnols en 1734.

BOYACA, bourg de la Nouv. Grenade, à 70 k. N. E. de Bogota et à 2 k. S. E. de Tunja, a donné son nom au dép. de Boyaca, qui a pour ch.-l. Tunja, et qui compte 455 000 hab. Bolivar remporta en 1819 à Boyaca, sur le parti royaliste, une victoire décisive, qui assura l'indépendance de la Nouvelle-Grenade.

BOYER (l'abbé), prédicateur et poëte, né en 1618 à Alby, mort en 1698, écrivit des tragédies, des pastorales, des opéras auj. oubliés ; ne réussit pas mieux dans la chaire qu'au théâtre, et mérita les railleries de Boileau, qui a dit de lui :

Boyer est à Pinchêne égal pour le lecteur.

Sa tragédie de Judith, qui eut un moment de vogue, a inspiré à Racine une piquante épigramme. Néanmoins, il fut admis a l'Académie française en 1666.

BOYER (Abel), lexicographe français, né à Castres en 1664, mort en 1729, quitta la France à la révocation de l'édit de Nantes, et alla à Genève, puis en Angleterre, où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui un Dictionnaire anglais-français et français-anglais, 2 vol. in-4, La Haye, 1702, très-souvent réimprimé; une Grammaire anglaise et française, et quelques traductions de l'anglais.

BOYER (Alexis, le baron), chirurgien, né à Uzerche en 1760, mort à Paris en 1833, était fils d'un pauvre tailleur. Il eut longtemps à lutter contre la misère, et devint par son seul mérite chirurgien en chef de la Charité, professeur de clinique à la Faculté de Paris, membre de l'Académie des sciences. Napoléon le nomma son premier chirurgien et le fit baron, avec une dotation de 25 000 fr. de rente. On a de lui un Traité d'anatomie, 1797-99. 4 vol. in-8, et un Traité des maladies chirurgicales, 1814-1822, 11 vol. in-8, ouvrages fort estimés et qui sont encore classiques. Le Dr Roux, son gendre, a lu son Éloge à l'Académie de médecine, 1851.

BOYER (Pierre Denis), théologien, né en 1766 à Sévérac près de Rodez, mort en 1842, s'unit à l'abbé Émery pour relever le séminaire de St-Sulpice, dont il devint directeur après lui. Il se livra avec succès à la prédication des stations et des retraites ecclésiastiques. L'abbé Boyer était gallican ; il combattit avec force toutes les exagérations ; c'est dans ce but qu'il publia les ouvrages suivants : De la liberté des cultes selon la Charte, 1819 ; Examen de la doctrine de M. de Lamennais, 1834 ; Défense de l'ordre social contre le carbonarisme moderne, 1835. On estime surtout ses Discours pour les retraites ecclésiastiques, 1842. L'abbé Boyer était oncle de Mgr Affre.

BOYER (J. Pierre), président de la République d'Haïti, né en 1776 au Port-au-Prince, mort à Paris en 1850, était homme de couleur, né d'un colon provençal et d'une négresse de Guinée. Il accueillit avec reconnaissance les décrets par lesquels la République française avait aboli l'esclavage, seconda d'abord de tout son pouvoir les généraux français qui tentèrent de rétablir à St-Domingue l'autorité de la métropole et combattit avec eux contre les Anglais et contre Toussaint-Louverture; mais, après le mauvais succès de l'expédition du général Leclerc et la proclamation de l'indépendance d'Haïti, il s'unit à Pétion, qui le prit d'abord pour secrétaire, et qui l'éleva rapidement aux grades de colonel et de général. Il aida Pétion à renverser Dessalines, puis à combattre Christophe, et mérita d'être désigné par lui-même pour lui succéder dans la présidence. Il fut reconnu avec acclamation en 1818, réunit sous sa domination l'île entière par l'effet de la mort du roi Christophe (1820), et en obtenant la soumission de la partie espagnole (1822); fit reconnaître l'indépendance de la République par la France en 1825, moyennant une indemnité de 150 millions, gouverna pendant 25 ans avec un rare talent et porta la république à un haut degré de prospérité. Il n'en fut pas moins attaqué par une opposition violente : voyant l'insurrection près de triompher, il se démit de la présidence en 1843 et se retira à la Jamaïque, puis en France, où il termina ses jours. BOYER-FONFRÈDE. V. FONFRÈDE.

BOYLE (Robert), savant anglais, né à Lismore en Irlande en 1626, mort en 1691, était le 7e fils de Richard Boyle, comte de Cork. Maître d'une fortune considérable, il la consacra à l'avancement des sciences naturelles; il fut, en 1645, l'un des fondateurs du Collége philosophique qui devint depuis la Société royale de Londres. Comme Bacon, qu'il avait choisi pour guide, il s'éleva contre la philosophie scolastique, préconisa la méthode expérimentale et en donna lui-même les plus beaux exemples. On lui doit le perfectionnement de la machine pneumatique, la connaissance de l'absorption de l'air dans la combustion, et de l'augmentation de poids des chaux métalliques dans la calcination; il a en outre rassemblé une foule d'observations qui ont contribué plus tard à établir des théories solides. Aussi ardent ami de la religion que de la science, il a écrit un grand nombre d'ouvrages pour la défendre, et a fondé par son testament (1691) une lecture annuelle sur les principales vérités de la religion naturelle et révélée : c'est à cette fondation que l'on doit les traités de Clarke, de Bentley, de Derham, etc. Ses principaux ouvrages sont, dans la philosophie naturelle : Expériences physico-mécaniques sur le ressort de l'air; Considérations sur l'utilité de la physique expérimentale; Traité des causes finales; le Chimiste sceptique, et un grand nombre de petits traités sur le froid, les couleurs, les cristaux, etc.; et, pour la religion : le Chrétien naturaliste, le Virtuose chrétien, Conciliation de la raison et de la religion, etc. Ses œuvres forment 5 vol. in-f., Londres, 1744. Boyle a laissé son nom à une célèbre liqueur fumante de son invention (sulfure hydrogéné d'ammoniaque). — Son fils, Ch. Boyle, comte d'Orréry, né en 1676, mort en 1731, se distingua dans les armes et dans les lettres, et donna une savante édition des Lettres de Phalaris, Oxford, 1718. C'est de son nom qu'on a nommé Orréry une machine astronomique représentant le système planétaire, qui lui avait été dédiée par l'inventeur, l'horloger Graham.

BOYLEAUX (Étienne), prévôt de Paris sous Louis IX, né à Angers, mort vers 1269. On lui doit l'établissement d'une bonne police dans Paris. Il modéra et fixa les impôts qui, sous les prévôts-fermiers, se levaient arbitrairement sur le commerce et les marchandises; rangea les marchands et les artisans en différents corps et communautés, sous le titre de confréries, et leur donna des statuts et des règlements. Le recueil de ces règlements, connu sous le nom de Livre des métiers, a été imprimé pour la 1re fois par Depping, 1 vol. in-4, Paris, 1837, parmi les Documents inédits de l'Histoire de France. Sa statue décore la façade de l'hôtel de ville de Paris.

BOYNE, Boandus, riv. d'Irlande, naît dans le comté de la Reine, et tombe dans la mer d'Irlande à 7 k. de Drogheda, après un cours de 90 k. Les Jacobites furent défaits sur ses bords, à 4 k. de Drogheda, par les troupes de Guillaume III, en 1690 : cette défaite enleva définitivement la couronne d'Angleterre à Jacques II. Un monument a été récemment élevé (1836) sur l'emplacement de la bataille.

BOZE (Claude GROS de), savant antiquaire, né à Lyon en 1680, mort à Paris en 1753, fut reçu fort jeune à l'Académie des inscriptions, et en devint secrétaire perpétuel en 1706, n'ayant que 26 ans; il fut également de l'Académie française. Nommé en 1719 garde des médailles, il introduisit dans cette collection un classement méthodique. Il publia les 15 premiers vol. des Mémoires de l’Académie des inscriptions, 1717-1740, et y inséra lui-même un grand nombre de savants mémoires. Il fut le protecteur et l'ami de l'abbé Barthélemy.

BOZOULS, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 17 kil. N. E. de Rodez· 2000 h. Mines de fer.

BRA, v. des États Sardes, à 20 k. O. d'Alba; 12 000 h. Soie. On croit que c'est l'anc. Barderate.

BRABANÇONS, habitants du Brabant. — Ce nom a été appliqué dans le moyen âge à des bandes de troupes mercenaires et de brigands qui parcouraient la France en y commettant les plus affreux désordres, et dont le plus grand nombre provenait du Brabant. On les appelait encore Soutiers, Écorcheurs et Cottereaux. Les premiers parurent au XIIe siècle. Jean sans Terre et Philippe-Auguste prirent des Brabançons à leur service et les disciplinèrent.

BRABANT, anc. duché de l'empire germanique, dans le cercle de Bourgogne, avait au N. la Hollande, à l'E. Liége et la Gueldre, au S. le Hainaut et Namur, à l'O. la Flandre. Après la trêve de 1609, le Brabant se trouva partagé en 2 parties : 1° au S., Brabant espagnol (dit Brabant autrichien depuis 1714), subdivisé en quatre régions : la ville et le quartier de Louvain, la ville et le quartier de Bruxelles, la ville et presque tout le quartier d'Anvers, la seigneurie de Malines; ch.-l., Louvain; 2° au N., Brabant non espagnol ou non autrichien, subdivisé en trois régions, le quartier de Bois-le-Duc, la baronnie de Kuick avec la ville de Grave, la seigneurie de Ravenstein; ch.-l. Bois-le-Duc. — Le Brabant, pays des anc. Ménapiens, fut conquis par les Francs au Ve s. Il fit successivement partie du roy. d'Austrasie, du roy. d'Italie de Lothaire I, du roy. (ensuite duché) de Lotharingie, du duché de Lothier ou B.-Lorraine, dont Godefroy le Barbu, comte de Louvain et de Bruxelles, fut investi en 1106. Henri I le Guerroyeur changea ces titres en celui de duc de Lothier et de Brabant en 1190. Jean I le Victorieux, en 1288, conquit le duché de Limbourg, qui fut toujours depuis ce temps uni au Brabant. Après Jean III, dernier mâle de cette dynastie (1355), Anvers et une partie de Malines passèrent à sa fille cadette, Marguerite, duchesse de Bourgogne; l'aînée, Jeanne, eut le reste du Brabant et du Limbourg; elle l'abandonna en 1404 à son neveu, Antoine, 2e fils de Marguerite et de Philippe le Hardi, tige des ducs de Bourgogne de la maison de Valois; mais cette branche cadette s'éteignit en 1430, et Philippe le Bon, héritant des deux duchés, réunit ainsi le Brabant propre, le Limbourg, Anvers, Malines. Le tout passa avec la main de Marie de Bourgogne à Maximilien d'Autriche (1477), puis à la branche austro-espagnole (1553). Les 7 Provinces-Unies, en s'insurgeant, conquirent presque tout le Brabant (1581-85). La trêve de 1609 leur en laissa la partie N., qu'elles gardèrent jusqu'à l'incorporation de la Hollande à la France (1810). En 1815, les 2 parties du Brabant se trouvèrent réunies dans le roy. des Pays-Bas; mais la dissolution de ce nouvel État en 1830 les sépara de nouveau. Auj. les 2 Brabants existent à part, avec les noms de Brabant sept. et Brabant mérid., et chacun forme une province. Le Brabant sept. appartient à la Hollande, le Brabant mérid. à la Belgique. Anvers et Malines forment une 3e prov. distincte de l'un et l'autre Brabant et appartenant au roy. de Belgique. — Les Français conquirent en 1746 le Brabant autrichien, mais le rendirent à la paix d'Aix-la-Chapelle (1748). Ils le reprirent en 1794, et en formèrent le dép. de la Dyle (Brabant mérid.) et des Deux-Nèthes (Brab. sept.).

BRABANT-MÉRIDIONAL, prov, du roy. de Belgique, entre celles d'Anvers au N., de Namur, de Hainaut au S.; 93 k. sur 53; 680 000 hab. Ch.-l., Bruxelles, qui est aussi la capit. de toute la monarchie belge. Sol fertile, bétail, chevaux. Industrie renommée : toiles, dentelles, cotons, papiers, etc.

BRABANT SEPTENTRIONAL, prov.de Hollande, entre celles de Gueldre au N., d'Anvers et de Limbourg au S.; 129 k. sur 66; 380 000 h. Ch.-l. Bois-le-Duc. Sol maigre, landes et marais, sauf au N. et à l'E. Élève d'abeilles et de bétail; laines, toiles, etc.

BRACCATA (GALLIA), nom donné par les Romains à la Gaule narbonnaise à cause des braies (braccæ), espèce de pantalon large que portaient ses habitants.

BRACCIANO, Arcenum, v. du territoire romain, sur le bord mérid. du lac de même nom, à 35 k. N. O. de Rome; 1800 h. Eaux thermales, beau château des Torionia, ducs de Bracciano. — Le lac de Bracciano, Sabatinus lacus, a 8 k. de long. Il se décharge dans la Méditerranée par l'Arone.

BRACCIO DE MONTONE (André), condottiere italien, né à Pérouse en 1368, servit successivement différents princes d'Italie, et eut pour rivaux Charles Malateste et Sforze, qu'il vainquit en plusieurs occasions. Il s'empara en 1416 de Pérouse, dont il se fit déclarer seigneur, et fut un instant maître de Rome (1417). Il périt en 1424, devant Aquila, qu'il assiégeait pour Ladislas, roi de Naples.

BRACHMANES. V. BRAHMANES.

BRACIEUX, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), sur le Beuvron, à 15 kil. S. E. de Blois; 962 hab.

BRACONNOT (Henri), chimiste, membre de l'Académie de Nancy et correspondant de l'Institut, né à Commercy en 1780, mort en 1854, servit pendant 6 ans comme pharmacien militaire, puis se fixa à Nancy, où il devint directeur du jardin botanique. Il se livra surtout à la chimie végétale; on lui doit la connaissance des acides bolétique, aconitique, nancéique, ellagique, pectique, pyrogallique, la découverte de la légumine, de la stéarine, de la bougie stéarique (1818), et du sucre de bois (1819). Il légua 280 000 fr. à la ville de Nancy. M. J. Nicklès a donné une Notice sur Braconnot, sa vie et ses travaux, 1856.

BRADFORD, v. d'Angleterre (York), à 48 kil. S. O. d'York, à 313 kil. N. O. de Londres; 45 000 hab. Houille, forges et fonderies; filage et tissage des laines. — V. du comté de Wilts, sur l'Avon, à 11 kil. S. E. de Bath; 10 250 hab. Draps fins.

BRADLEY (Jacq.), savant astronome anglais, né en 1692 à Shereborn (Glocester), mort en 1762, fut nommé en 1730 professeur d'astronomie à Oxford, et en 1741 astronome royal et directeur de l'observatoire de Greenwich. On lui doit, outre d'innombrables observations d'une admirable précision, les deux grandes découvertes de l'aberration de la lumière (1727) et de la nutation de la terre (1747), et la connaissance de la formule empirique de la réfraction. Il fut membre de la Société royale de Londres et des Académies de Paris, Berlin, Bologne, etc. On a publié en 1798 à Oxford ses Observations faites à Greenwich, et en 1832 ses œuvres posthumes et sa correspondance.

BRADSHAW (J.), né dans le comté de Derby en 1586, était président de la haute cour de justice qui fit le procès à Charles I. Nommé après la proclamation de la République président du Parlement, il obtint une garde pour la sûreté de sa personne, un logement à Westminster, une somme de 5000 livres sterling, avec des domaines considérables. Il ne jouit pas longtemps de ces récompenses : mécontent des empiétements de Cromwell, il se retira du Parlement et mourut dans l'obscurité, en 1659. Son corps fut exhumé en 1661, lors de la réaction royaliste.

BRADWARDIN (Thom.), surnommé le docteur profond, né en 1290 à Hartfield (Sussex), mort en 1348, se distingua à la fois dans la théologie, la philosophie et les mathématiques. Il fut nommé confesseur d’Édouard III, qu'il accompagna en France, et devint archevêque de Cantorbéry; mais il mourut peu de semaines après sa promotion. Le plus célèbre de ses écrits est De causa Dei, adversus Pelagium, Londres, 1618, in-fol.; il s'y montre thomiste rigide; on l'accuse même d'être retombé dans l'hérésie de Gotescalc en soutenant la prédestination.

BRAGA, Bracara Augusta, v. de Portugal, ch.-l. de la prov. d'Entre-Douro-e-Minho, à 322 kil. N. E. de Lisbonne, à 45 kil. N. N. E. de Porto; 16 000 hab. Archevêché, qu'on fait remonter à l'an 92. Ruines romaines, amphithéâtre, aqueduc, etc.; cathédrale, palais archiépiscopal, séminaire. Toiles, armurerie, chapellerie, clouterie. Commerce avec l'intérieur. — Cette ville a été, dit-on, fondée par Himilcon; elle fut de 445 à 585 la capit. des Suèves, qui en furent chassés par les Visigoths.

BRAGANCE, Brigantia, v. de Portugal (Tras-os-Montes), à 55 kil. N. O. de Miranda; 3672 hab. Évêché. Duché créé en 1442. V. ci-après.

BRAGANCE (maison de). Le chef de cette maison est Alphonse, fils naturel de Jean I, roi de Portugal, qui fut fait duc de Bragance en 1442. Elle monta sur le trône de Portugal en la personne de Jean IV, 8e duc de Bragance, qui en 1640 secoua le joug des Espagnols. Elle a donné au Portugal : Jean IV, 1640-1656; Alphonse VI, 1656-1683; Pierre II, 1683-1706; Jean V, 1706-1750; Joseph, 1750-1777; Marie I (et Pierre III), 1777-1792; Jean VI, 1792-1826; Pierre IV (don Pedro), 1826-1833; Marie II (dona Maria), 1833-1853; Pierre V, 1853. La maison de Bragance a régné, également au Brésil depuis la séparation de cette colonie. — La famille de Cadaval est une branche cadette de la maison de Bragance.

BRAHÉ, noble famille du Danemark et de la Suède. La branche danoise a produit le célèbre astronome Tycho-Brahé (V. ce nom). De la branche suédoise sortirent deux rois, Waldemar et Magnus Ladulos, ainsi qu'un grand nombre d'hommes d'État, entre autres Pierre, comte de Brahé, mort en 1680, qui fut tuteur de Christine et de Charles XI, et qui fonda l'Université d'Abo. Elle comte aussi Ste Brigitte parmi ses membres.

BRAHILOV ou BRAÏLA, Peristhlaba ? v. et port de Valachie, ch.-l. de district, au N. E., sur la r. g. du Danube, à 150 kil. de son emb. et à 65 k. S. de Galatz; env. 25 000 hab. Bon port; entrepôt de tout le commerce de la Valachie. Grains, suifs, pelleteries. — Elle fit longtemps partie de la Bulgarie. Prise par les Russes en 1770, et occupée par eux en 1828.

BRAHMA, dieu des Indiens. Ce nom désigne à la fois le Dieu suprême et unique, Brahm, et le 1er membre de la Trimourti ou Trinité indienne. Dans le 1er sens, ce dieu qu'on appelle plutôt alors Brahm ou Para-Brahma (c.-à-d. Brahma supérieur) est l'être parfait, tout-puissant, principe de tout, mais irrévélé. Il se manifeste sous trois formes ou par trois actes, la création, la conservation et la destruction, et prend selon chacun de ces rôles les noms de Brahma, de Vichnou et de Çiva. On le représente par un cercle dans un triangle. — Dans le 2e sens, c'est la 1re personne de la Trimourti, la 1re émanation de Brahma; c'est aussi le Dieu créateur. On le fait sortir d'un œuf d'or. — Les monuments représentent Brahma avec 4 têtes, tenant dans ses 4 mains la chaîne qui soutient les mondes, le livre de la loi, la poinçon à écrire, le feu du sacrifice : ses têtes sont ornées de lotus; il est couché dans des feuilles de lotus.

BRAHMANES, dits aussi Brachmanes, Brahmes, Bramins, Brahmines, prêtres et docteurs de la religion de Brahma. Ils composent la première caste parmi les Hindous; leur origine remonté à la plus haute antiquité; ils se prétendent issus de la tête de Brahma. Il paraît que les Brahmanes formaient autrefois un peuple agriculteur et pasteur; aujourd'hui, loin de cultiver la terre, ils regardent ces occupations comme serviles et les abandonnent aux castes inférieures, ne s'occupant que de l'étude des védas ou livres sacrés, et de l'exercice du culte. Ils sont seuls dépositaires et interprètes des védas. Ils se distinguent par un costume spécial, s'abstiennent de tout ce qui a eu vie, et ne se nourrissent que de légumes, de riz et de lait. Pour mériter les récompenses de la vie future, ou plutôt pour s'attirer des aumônes, la plupart d'entre eux se livrent aux plus dures austérités : ils se condamnent, par exemple, à rester toute leur vie immobiles dans la position la plus gênante. Quelques-uns vont nus au milieu de l'hiver : c'est de là que les Grecs leur avaient donné le nom de Gymnosophistes (de gymnos, nu).

BRAHMANISME, religion d'une très-haute antiquité, qui règne dans tout l'Hindoustan. Elle reconnaît un Être souverain, Brahm ou Para-Brahma, qui reste éternellement immobile, n'agissant que par l'intermédiaire de Brahma, Vichnou et Çiva, triple manifestation de son Être, espèce de trinité (trimourti), qui ne forme elle-même qu'un seul Dieu. Brahma est la puissance, le créateur, la matière ; il représente le passé, l'œuvre accomplie une 1re fois, et a pour emblème le soleil. Vichnou est la sagesse, le conservateur, l'espace; c'est le présent : l'eau est son emblème. Siva est le principe destructeur; il représente aussi le temps ou l'avenir, et la justice vengeresse : il a pour emblème le feu. Ces trois dieux exercent leur pouvoir par le secours d'une infinité de dieux subalternes. Les sectateurs de Brahma croient à l'immortalité de l'âme, à la métempsycose; ils doivent se purifier par des ablutions, des abstinences et une foule d'autres pratiques. Ils sont partagés en 4 castes : 1° les Brahmanes qui sont les savants et les prêtres et d'où sont tirés tous les fonctionnaires publics; 2° les Chattryas ou guerriers, d'où sont issus les radjahs; 3° les Waïshias, commerçants, agriculteurs, qui sont aussi connus sous le nom de Banians; 4° enfin les Soudras, qui sont les artisans ou ouvriers. Les traditions indiennes expliquent ainsi l'origine de ces castes : Para-Brahma, disent-elles, eut 4 fils : Brahma, qui fut créé de sa bouche ; Chattrya, Waïshia et Soudra, qui sortirent de ses bras, de ses cuisses et de ses pieds; chacun de ces fils donna naissance à l'une des castes indiennes. Au-dessous d'elles sont les Parias, infortunés dont les Hindous fuient le contact comme celui d'un animal immonde; cette dernière classe se compose de tous ceux qui par un motif quelconque ont mérité d'être exclus de leur caste; ils habitent les lieux solitaires et sont forcés de se livrer aux fonctions les plus viles et les plus dégoûtantes. Le culte brahmanique est rempli de superstitions, les unes ridicules, les autres révoltantes. A la fête de Djaggernâth, le char du dieu écrase sous ses roues pesantes une foule de victimes qui se précipitent au-devant de cette mort, dont ils attendent une éternelle félicité ; d'autres fanatiques se réunissent dans les pagodes pour se soumettre à des tortures volontaires ; les veuves se brûlent sur le corps de leur époux, etc. Les ablutions dans les fleuves sacrés, tels que le Gange, les pèlerinages aux lieux saints font une partie principale du culte : Bénarès est un des lieux où se font le plus de pèlerinages. Le Brahmanisme compte env. 100 millions de sectateurs; le Bouddhisme en est sorti.

BRAHMAPOUTRA, c.-à-d. fils de Brahma, grand fleuve d'Asie, naît dans l'Himalaya, au pied des monts Langsan, traverse le roy. d'Assam, le Bengale oriental, reçoit le Goddada à droite et le Goumti à gauche, baigne Lakipour, joint ses eaux à celles du bras oriental du Gange, et se jette avec lui dans le golfe du Bengale, après un cours d'env. 2500 kil.

BRAILA, BRAILOV, v. de Valachie. V. BRAHILOV.

BRAINE-LA-LEUD, v. de Belgique (Brabant mérid.), à 10 k. de Nivelle; 2770 h. Lainages, cuirs, etc.

BRAINE-LE-COMTE, v. de Belgique (Hainaut), à 28 kil. N. E. de Mons; 3060 hab. Station. Très-beau lin et beau fil pour les dentelles de Bruxelles.

BRAISNE, ch.-l. de cant. (Aisne), sur la Vesle, à 18 k. S. E. de Soissons; 1484 hab. Étalons. Anc. résidence royale sous la 1re race.

BRAMAH (Jos.), mécanicien anglais, né à Stainboroug en 1749, m. en 1814, a inventé la serrure de sûreté qui porte son nom, la presse hydraulique, et a perfectionné les pompes à feu, les machines à vapeur, les presses d'imprimerie, etc.

BRAMANTE (Donato Lazzari, dit le), célèbre architecte italien, né en 1444 dans l'État d'Urbin, m. en 1514, étudia avec beaucoup de soin tous les restes de l'architecture antique, et vint ensuite se fixer à Rome, où le pape Jules II lui confia un grand nombre d'ouvrages importants. Celui de ses travaux qui l'a immortalisé est la basilique de St-Pierre de Rome ; il en traça le plan, en jeta les fondements (1513) et l'éleva jusqu'à l'entablement, mais il n'eut pas le temps de l'achever. L'édifice fut, après sa mort, continué et perfectionné par Michel-Ange. Ce grand maître réunit à la grandeur de l'ensemble la pureté des détails, à la hardiesse de l'invention la finesse de l'exécution, à la force l'élégance, à la simplicité une riche variété. Le Bramante fut le maître et le protecteur de Raphaël.

BRAMES. V. BRAHMANES.

BRAMHALL (Jean), théologien anglican, évêque de Derry, né à Pontefract (York) vers 1593, mort en 1662, fut obligé, sous la domination de Cromwell, de s'expatrier à cause de son attachement pour les Stuarts, revint en Angleterre après la Restauration, et fut nommé par Charles II, en 1661, archevêque d'Armagh, primat et métropolitain d'Irlande. Ses ouvrages, destinés presque tous à défendre la Réformation contre le Catholicisme, ont été rassemblés, avec sa Vie, à Dublin, en 1677, in-fol. Le plus important est une controverse avec Hobbes sur la liberté, qui fut publiée à Londres en 1656.

BRAMINES. V. BRAHMANES.

BRANCAS (famille des), famille française issue de l'illustre maison des Brancaccio de Naples, s'est établie en France au XIVe siècle, sous Charles VII. Les Brancas de France ont formé deux lignes, dont l'aînée, éteinte en 1802, portait les noms de Forcalquier-Brancas et de Céreste, avec les titres de duc et de grand d'Espagne; la cadette portait ceux de Forcalquier et Villars. Les membres les plus distingués de cette famille furent : André, connu sous le nom d’Amiral de Villars, qui se jeta dans le parti de la Ligue et des Espagnols, voulut se faire de la Normandie une seigneurie indépendante, se maintint dans Rouen, même après l'abjuration de Henri IV, et ne se soumit qu'en 1594. L'année suivante, il fut pris et massacré par les Espagnols au siége de Doullens. — Georges, son frère puîné, obtint en 1626 l'érection du marquisat de Villars en duché-pairie. — Louis de Brancas, marquis de Céreste, né en 1711, servit Louis XV sur terre et sur mer, et fut nommé maréchal de France en 1740 ; il mourut 10 ans après. Louis Léon, duc de Brancas-Lauraguais, pair de France sous la Restauration, mort en 1824, a laissé plusieurs ouvrages en prose et en vers. — La 2e branche s'est éteinte dans les mâles en la personne de Bufile de Brancas, neveu du préc. et pair de France. Son nom et ses titres ont été l'objet de plusieurs procès entre le prince napolitain Ruffano Brancaccio et le comte Hibon de Frohen.

BRANCHIDES, peuplade de l'Asie-Mineure, dans la Carie, au S. de Milet. On voyait chez eux un temple dédié à Apollon Didyméen, et qui avait un oracle célèbre. Les Branchides étaient comme une tribu ou une peuplade de prêtres, et prétendaient descendre de Branchus, fils d'Apollon et d'une Milésienne, à qui Apollon accorda le don de prophétie. Xercès saccagea le temple et déporta les Branchides en Sogdiane, où ils élevèrent une ville dite Branchide.

BRANCOVAN, hospodar de Valachie. V. BESSARABA.

BRANDEBOURG (Marche de), ancien État de l'empire germanique, dans le cercle de Hte-Saxe, entre la Poméranie et le Mecklembourg au N., la Saxe et la Lusace au S., la Silésie à l'E., tire son nom de la v. de Brandebourg (V. ci-après). Ses limites varièrent, mais elles sont restées à peu près les mêmes depuis 1455. On divisa dès lors le pays en deux grandes parties : Marche électorale de Brandebourg et Nouvelle-Marche de Brandebourg.

La Marche électorale à son tour se subdivisait en Vieille-Marche, Marche de Priegnitz, Moyenne-Marche, Marche de l'Ucker. Leurs villes principales étaient, pour la 1re Stendal, Tangermünde; pour la 2e, Perleberg, Pritzwald, Kyritz, Wilsnack; pour la 3e, Brandebourg, Potsdam, Ruppin, Brietzen, Berlin, Charlottenbourg, Francfort-sur-l'Oder; pour la 4e, Prenzlow, Templin, Nouv.-Angermünde.

La Nouvelle-Marche, entre la Réga et la Warta, était divisée en 3 masses : 1° Custrin; 2° cercles primitifs, Soldin, Kœnigsberg, Landsberg, etc. ; 3° cercles incorporés : Stensberg, Zullichau, Cottbus. Ce pays, occupé d’abord par les Suèves et les Varini, et depuis le Ve siècle par les Wilzes ou Welatabs (peuple slave-venède), fut soumis par Charlemagne en 789, mais il ne le fut que temporairement. Henri l’Oiseleur les soumit de nouveau en 928, fonda la Marche du Nord ou Marche de Saxe septentrionale, dite aussi Marche de Soltwedel, de la ville où résidaient les premiers margraves, et qui prit le nom de Marche de Stade (1056-1130), lorsque Udon, 1er comte de Stade, eut commencé la 2e dynastie margraviale. Celle-ci fut remplacée par la maison ascanienne, dont Albert l’Ours fut le 1er margrave, 1143, et qui finit en 1320 dans la personne de Henri le Jeune. Dès le temps d’Albert l’Ours, le margraviat était devenu indépendant du duché de Saxe et fief immédiat de l’Empire. En 1247, le margrave se trouvait du nombre des princes restés électeurs. En 1259 la maison se divisa en 2 lignes, et le pays en 2 parts ; mais la réunion eut lieu en 1304. De 1320 à 1415, le Brandebourg passa dans deux nouvelles maisons, celle de Bavière et celle de Luxembourg. Cette dernière le vendit en 1415 au burgrave de Nuremberg, Frédéric, de la ligne cadette de la maison de Hohenzollern (né en 1372, mort en 1440), dont les descendants l’ont conservée jusqu’à ce jour. L’électorat ne contenait alors que la Vieille-Marche, La Moyenne-Marche, Priegnitz et une partie de la Marche de l’Ucker. Frédéric II, dit Dent de Fer, acquit la Nouvelle-Marche en 1445. Ensuite vinrent Albert l’Achille, 1471 ; Jean le Cicéron, 1486 ; Joachim I, 1499 ; Joachim II, 1534, Jean-Georges, 1571 ; Joachim-Frédéric, 1598 ; Jean-Sigismond, 1608 (celui-ci réunit en 1618 la Prusse orientale par son mariage avec la fille d’Albert, duc de Prusse, et prit lui-même ce dernier titre) ; Georges-Guillaume, 1619 ; Frédéric-Guillaume, dit le grand-électeur, 1640 ; Frédéric III, 1688. En 1701, l’électorat fut érigé en royaume et Frédéric III prit le titre de roi de Prusse, sous le nom de Frédéric I. Depuis, l’histoire du Brandebourg se confond avec celle de la Prusse.

BRANDEBOURG (prov. de), une des 8 grandes div. actuelles des États prussiens, répond à l’anc. Marche de Brandebourg (moins la Vieille-Marche qui forme une partie de la prov.de Saxe), et se partage en 2 gouvernements : Potsdam à l’O., Francfort à l’E. Le gouvernement de Potsdam répond aux Marches dites de Priegnitz, de l’Ucker et Moyenne-Marche ; Francfort, à la Nouvelle-Marche. Les places principales sont : dans le 1er gouvt, Berlin, Potsdam, Spandau, Brandebourg, Charlottenbourg, Prenzlow, Nouveau-Ruppin ; dans le 2e, Francfort, Guben, Küstrin, Landsberg, Cottbus, Zullichau, Lubben. Le Brandebourg a 333 kil. sur 160, et compte 2 000 000 d’hab. Sol plat, sablonneux, mais amélioré par la culture. Beaucoup de fabriques, pour la plupart créées par des Français expulsés par la révocation de l’édit de Nantes. Belles routes, chemins de fer, canaux ; grand commercé.

BRANDEBOURG, v. de Prusse, prov. de Brandebourg, sur le Havel, à 33 kil. O. de Potsdam ; 13 800 hab. Établissements de bienfaisance, d’instruction ; collége dit des Chevaliers, lainages, toiles, cuirs, gants, chapeaux, bonneterie. — L’Assemblée nationale de Prusse y siéga en 1848.

BRANDEIS, v. des États autrichiens (Bohême), à 15 kil. N. E. de Prague, sur la r. g. de l’Elbe ; 2800 hab. Anc. château fort ; succursale des Invalides de Prague. Les Suédois y battirent les Impériaux, 1639.

BRANDO, ch.-l. de cant. (Corse), à 11 kil. N. de Bastia ; 1423 hab. Aux env., grotte et cascade.

BRANDT (Sébastien), jurisconsulte et poëte satirique, né à Strasbourg vers 1458, mort en 1520, fut professeur de droit à Bâle, secrétaire de la ville de Strasbourg, et jouit de la faveur de l’empereur Maximilien, qui lui conféra le titre de comte Palatin. On lui doit un grand nombre d’ouvrages, dont le plus célèbre est la Nef des Fous (Narrenschiff), poëme burlesque, écrit en allemand (1491), où il se rit des travers de son temps. Cet ouvrage, qui eut un grand succès, fut traduit en latin en 1496, par Badius Ascensius, et mis en rimes françaises par P. Rivière, 1497. Brandt a aussi laissé des poésies latines.

BRANDT, alchimiste de Hambourg, trouva par hasard le phosphore, vers 1669, en faisant des expériences sur l’urine, pour en extraire de l’or. Il communiqua son secret à Krafft sous la condition de ne le découvrir à personne ; mais Kunckel finit par découvrir de son côté le moyen d’obtenir le phosphore (1674). Brandt reçut une pension de Jean-Frédéric, électeur de Hanovre. Il mourut vers 1692.

BRANDT (le comte de). V. STRUENSÉE.

BRANDYWINE, petite riv. qui traverse la Pennsylvanie, le Delaware et se jette dans la Christiana à 4 kil. au-dessous de Wilmington. Les Américains furent battus sur ses bords par les Anglais en 1777.

BRANIBOR, une des formes de BRANDEBOURG.

BRANICKI (Jean Clément), général polonais, castellan de Cracovie, né en 1688, mort en 1771, est célèbre par son patriotisme. Il se mit à la tête d’une confédération formée contre Auguste II pour obtenir le renvoi des troupes saxones, fut grand-général de la Pologne sous Auguste II et fut porté au trône par le parti national qu’appuyait la France après la mort de ce prince ; mais le parti russe ayant eu le dessus, il fut banni et dépouillé de ses biens (1764). Il rentra lors de l’avénement de Poniatowski, son beau-frère, et combattit encore, mais sans succès, l’influence étrangère. Il avait fait de sa résidence de Bialystock un petit Versailles.

BRANICKI (François Xavier), général polonais, d’une famille obscure, se nommait d’abord Branecki et changea une lettre de son nom pour laisser croire qu’il était issu de la noble famille des castellans de Cracovie. Il se vendit à la Russie, poursuivit les confédérés de Bar, s’opposa à la constitution de 1791, forma, pour la combattre, la confédération de Targowitz et prépara par sa trahison le démembrement de la Pologne. Cité devant l’Assemblée nationale en 1794, il refusa de comparaître, fut déclaré traître, et se réfugia en Russie où il fut comblé de faveurs. Il y mourut en 1819.

BRANNE, ch.-l. de cant. (Gironde), à 13 kil. S. E. de Libourne ; 378 hab. Port, pont suspendu.

BRANNOVICES AULERCI. V. AULERCI.

BRANTÔME, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 27 kil. N. de Périgueux et à 8 kil. N. E. de Bourdeilles ; 1260 hab. Lainages, filature de laine. Anc. abbaye de Bénédictins, possédée en commende par P. de Bourdeilles, qui prit de là le nom de Brantôme. Vins, truffes.

BRANTÔME (Pierre DE BOURDEILLES, seigneur de), écrivain français du XVIe siècle, né à Bourdeilles en Périgord vers 1540, mort en 1614, suivit d’abord la carrière des armes et guerroya contre les huguenots, les Turcs et les Maures, puis s’attacha à la cour et devint gentilhomme de la chambre sous Charles IX, auprès duquel il jouit de quelque faveur. Peu après la mort de ce prince, mécontent de son successeur, il se retira dans ses terres et écrivit comme en se jouant les mémoires qui l’ont immortalisé. Ces mémoires, trop souvent scandaleux, plaisent surtout par la naïveté avec laquelle ils sont écrits, et par la vanité gasconne qu’y laisse percer l’auteur. On a de lui : Vie des hommes illustres et grands capitaines français ; Vie des grands capitaines étrangers ; Vie des dames illustres ; Vie des dames galantes ; Anecdotes touchant les duels ; Rodomontades et jurements des Espagnols. Tous ces écrits n’ont été publiés que longtemps après sa mort, Leyde. 1666, 10 vol. in-12. M. Monmerqué, en 1822, MM. Mérimée et Lacour, en 1858, en ont donné des éditions plus complètes, M. Lalanne les Œuvres complètes, in-8, 1865 et suiv.

BRASIDAS, général spartiate, se distingua dans la guerre du Péloponèse, empêcha les Athéniens de prendre Mitylène, et s’empara d’Amphipolis en 426 avant J.-C. Il mourut en 422, des suites d’une blessure reçue au siège d’Amphipolis.

BRASSAC, bourg, du dép. du Puy-de-Dôme, au confluent de l'Allier et de l'Alagnon, à 16 kil. S. E. d'Issoire; 1800 hab. Houille, schistes, ardoise.

BRASSAC-DE-BELFOURTE, ch.-l. de cant. (Tarn), sur l'Agout, à 24 kil. E. de Castres, 1285 hab. Tissus de coton.

BRATUSPANTIUM, anc. v. de Gaule, chez les Bellovaci. On croit retrouver son nom dans Gratepanche, ruines près de Breteuil. D'autres la placent au Val St-Denis, près de Vendeuil-Caply (Oise).

BRAULE ou BRAULION (S.), évêque de Saragosse au vue siècle, fut l'ami d'Isidore de Séville, et acheva le Traité des Étymologies ou Origines de ce savant évêque. On lui doit en outre un Éloge de S. Isidore et plusieurs Vies de saints. On l'honore le 26 mars.

BRAUNAU, v. des États autrichiens (Bohême), sur l'Inn, à 51 kil. N. E. de Kœniggrætz; 6000 hab. Ancienne abbaye de Bénédictins. Toiles, draps fins et draps écarlates (pour la Turquie).

BRAUNSBERG, v. des États Prussiens (Prusse), sur la Passarge, à 55 kil. S. O. de Kœnigsberg; 8200 hab. Vieux château, anc. résidence de l'évêque d'Ermeland; gymnase catholique. Rubans.

BRAUWER (Adrien), peintre flamand, né en 1608 à Harlem, était doué d'un heureux talent, et excita par ses débuts l'admiration de Rubens lui-même : il excellait dans les scènes de cabaret et de corps de garde. Malheureusement, il se livra à la vie la plus désordonnée, et mourut dans la misère, à l'hôpital d'Anvers, à peine âgé de 32 ans.

BRAVO (RIO), fleuve d'Amérique. V. NORTE (R. del).

BRAY (le), petit pays de la Hte-Normandie, avait pour places principales Neufchâtel et Gournay, et fait auj. partie de l'arr. de Neufchâtel (Seine-Inf.).

BRAY, ch.-l. de cant. (Somme), à 16 kil. O. de Péronne; 1542 h. Tanneries.

BRAY-SUR-SEINE, ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), à 16 k. S. O. de Provins; 1550 h.

BRAZIER (Nicolas), vaudevilliste, fils d'un instituteur, né à Paris en 1783, mort en 1835, était un des membres les plus joyeux du Caveau moderne. Il a composé, le plus souvent en société avec Dumersan, Carmouche, Théaulon, Mélesville, Dartois, Merle, Vanderburch, Ourry, un nombre prodigieux de petites pièces, pleines de gaieté et d'à-propos, dont plusieurs obtinrent la vogue, entre autres le Ci-devant jeune homme, le Savetier et le Financier, le Coin de rue, le Soldat laboureur, les Ouvriers, Préville et Taconnet, les Cuisinières, la Laitière de Montfermeil. Il a aussi donné plusieurs recueils de chansons et a écrit l’Histoire des petits théâtres.

BRAZOS, grande rivière du Texas, naît par 102° 12' long. O., 32° 30' lat. N., arrose Washington, Richemond, Columbia, et se jette dans le Golfe de Mexique par 29° 22' lat. N., après un cours de 1000 k. Il donne son nom à un comté du Texas.

BRAZZA, île des États autrichiens (Dalmatie), dans la mer Adriatique, vis-à-vis de Spalatro, est séparée du continent par un canal large de 10 k. ; 48 k. sur 10 ; 15 000 h. Vin excellent.

BRÉA (J. B. Fidèle), général français, né en 1790 à Menton (principauté de Monaco), se distingua en 1813 à la bataille de Leipsick, où il fut laissé pour mort; en 1815, à celle des Quatre-Bras, où il enfonça un régiment écossais; prit part aux campagnes d'Espagne (1823) et de Belgique (1831), et parvint en 1845 au grade de maréchal de camp. Chargé en 1848 d'opérer contre les insurgés de la rive gauche de la Seine, il avait déjà réussi à les rejeter hors des murs : dans l'espoir de les ramener par des moyens pacifiques, il s'avança pour parlementer en dehors de la barrière Fontainebleau ; mais il fut traîtreusement saisi, et, après mille outrages, lâchement assassiné (25 juin). Menton, sa patrie, et la ville de Nantes, où il avait longtemps commandé, lui ont élevé des monuments.

BRÉBEUF (Guillaume de), poëte français, né en 1618, à Thorigny dans la B.-Normandie, mort en 1661, traduisit la Pharsale en vers (1654). On a aussi de lui une parodie du VIIe livre de l’Enéide (1650), Lucain travesti (1656), et des poésies diverses (1658). Ce poëte, qui préférait Lucain à Virgile, exagéra encore les défauts de son auteur favori ; cependant, au milieu de son enflure, on trouve des vers heureux, de l'énergie, de l'élévation. Il vécut toujours dans la gêne malgré les belles promesses que lui faisait Mazarin. Brébeuf était zélé catholique et écrivit un traité intitulé : Défense de l'Église romaine.

BRECEY, ch.-l. de cant. (Manche), à 15 k. N. E. d'Avranches ; 622 hab.

BRÈCHE DE ROLAND (la), gorge des Pyrénées (Htes-Pyrénées), au sommet des rochers qui forment le cirque de Gavarnie, tire son nom de ce que, selon la légende, c'est le paladin Roland qui l'ouvrit d'un coup de son épée. Difficile et dangereuse, elle n'est guère traversée que par des contrebandiers.

BRECHIN, v. d’Écosse (Forfar), à 20 k. N. E. de Forfar; 6500 h. Tour crénelée, que surmonte un clocher hexagone, château fort. Ancien évêché, créé en 1150. Manufactures de toiles.

BRECKNOCK, ville de la principauté de Galles, ch.-l. de comté, à 50 k. S. O. d'Hereford; 6000 h. — Le comté est entre ceux de Radnor, Cardignan, Caermarthen, Monmouth et Hereford, a 53 k. sur 48, et compte 55 000 h. Productions : fer, cuivre, plomb, houille, bois de charpente, bétail, etc.

BRÉCOURT (Guillaume MARCOUREAU de), acteur et poëte dramatique, joua dans la troupe de Molière et composa des comédies en vers qui eurent du succès, grâce à son talent comique. Il fit de si grands efforts en jouant sa pièce de Timon, qu'il se rompit une veine et en mourut (1685). On a imprimé de lui 6 pièces détachées, Paris, 1660-1674.

BRÉDA, v. forte de Hollande (Brabant sept.), à 50 k. S. O. de Bois-le-Duc; 15 000 hab. Évêché catholique, supprimé par les Protestants et rétabli en 1853. Cathédrale avec une tour de 120m; arsenal, hôtel de ville, etc. Athénée, école militaire, école de dessin. Draps, tapis, etc. Commerce de transit. — Bréda fut assiégée et prise par les Espagnols en 1581, par Maurice d'Orange en 1590, par Dumouriez en 1793. C'est à Bréda que fut signé l'acte d'association des provinces insurgées contre les Espagnols, dit Compromis de Bréda (1566). Il s'y tint plusieurs congrès, en 1575, 1667, 1746 : celui de 1667 amena la paix dite de Bréda, entre l'Angleterre et la Hollande. Par l'acte appelé Uti possidetis on convint que des deux côtés on rendrait toutes les conquêtes. Mais les Provinces-Unies, en cédant la Nouvelle-Belgique (New-York et New-Jersey), obtinrent de pouvoir importer en Angleterre toutes les marchandises qui descendraient le Rhin; la France, leur alliée, reçut l'Acadie, mais en cédant à l'Angleterre les îles Antigoa et Monserrat.

BREDENBOURG (J.), de Rotterdam, publia en 1675 une réfutation de Spinosa qu'on trouve ordinairement jointe aux œuvres de ce philosophe. On prétend que, mécontent de sa réfutation, il la réfuta lui-même, et qu'il finit par adopter les idées du philosophe qu'il combattait.

BRÉDERODE (François de), seigneur hollandais, né en 1466, mort en 1490, se mit à la tête du parti des Hoeksen (V. ce mot) et s'empara de Rotterdam par surprise. Assiégé peu après parle comte d'Egmont et obligé de se rendre, il s'échappa ; mais bientôt il fut blessé et pris dans un combat; conduit à Dordrecht, il y mourut en prison.

BREDERODE (Henri, comte de), patriote hollandais, de la même famille, se joignit aux comtes d'Egmont et de Hornes pour s'opposer à la tyrannie du cardinal Granvelle. Il présenta en 1566 à la gouvernante Marguerite de Parme la fameuse requête qui donna naissance à l'insurrection des Gueux (V. ce mot), et fut le premier à signer le compromis de Bréda. Banni par le duc d'Albe en 1567, il se retira en Allemagne, où il mourut en 1568.

BREDOW (Gabriel Godefroy), écrivain allemand, né en 1773, mort en 1814, fut professeur d’histoire au collége d’Eutin, à l’université d’Helmstsedt, à Francfort-sur-l’Oder, et enfin à Breslau. On a de lui plusieurs ouvrages importants sur l’histoire ancienne : Manuel d’histoire et de géographie anciennes, 1799 ; Recherches sur divers points de l’histoire, de la géographie et de la chronologie anciennes, et quelques livres devenus classiques : Faits mémorables de l’histoire, Récit détaillé des faits mémorables. On lui doit aussi une bonne édition d’Eginhard, 1806, et une Biographie de Charlemagne, Altona, 1814. Enfin il a publié la Chronique du XIXe s., écrit périodique, continué après lui par Venturini.

BREGENZ, Brigantia, v. des États autrichiens (Tyrol), ch.-l. du cercle de Vorarlberg, sur le lac de Constance, avec un port sur le lac ; 3000 hab. Filatures de coton, commerce de bois de charpente. Ville très-forte et très-importante au moyen âge ; elle appartenait à la maison de Montfort, qui en 1451 la vendit à l’Autriche.

BREGETIO, auj. Gran ou Szony, v. de la Pannonie inférieure, sur la r. dr. du Danube. C’est là que mourut Valentinien I.

BRÉGUET (Abraham Louis), célèbre horloger mécanicien, né en 1747 à Neuchâtel en Suisse, d’une famille de protestants français réfugiés, mort en 1823, vint se fixer en France vers 1762. Il perfectionna les montres perpétuelles qui se remontent toutes seules par le mouvement qu’on leur imprime en marchant, inventa des ressorts-timbres, des cadratures de répétition, des échappements de toutes sortes, d’une délicatesse et d’une précision inouïes jusqu’alors, et employa le premier les rubis en horlogerie pour les parties frottantes. Cet habile mécanicien a enrichi la science d’un grand nombre de chronomètres, de pendules astronomiques, d’horloges marines et de thermomètres métalliques. Il était membre de l’Institut, du bureau des longitudes, et horloger de la marine.

BRÉHAL, ch.-l. de cant. (Manche), à 19 k. S. O. de Coutances ; 646 h.

BRÉHAT, îlot de la Manche (Côtes-du-Nord), à l’embouchure du Trieux, près de Paimpol, a 4 k. de long sur 1 de large, et contient un vge de même nom avec 2 petits ports, un fort et un phare ; 1572 h.

BREIL, Breglio en ital., bourg de France (Alpes marit.), ch.-l. de c. de l’arr. de Nice, entre les cols de Jou et de Brouis ; 2458 h. Pont sur la Roia.

BREITENFELD, vge de Saxe, à 7 k. N. de Leipsick. Deux batailles y furent gagnées par les Suédois sur les Impériaux, 1631, 1642 ; elles sont aussi connues sous le nom de batailles de Leipsick.

BREITKOPF (Jean Gottlob Emmanuel), imprimeur de Leipsick, né en 1719, mort en 1794, fit d’utiles recherches sur les moyens d’imprimer en caractères mobiles la musique, les figures de mathématiques, les cartes géographiques et les portraits même, et réussit à imprimer avec des caractères de ce genre les livres chinois, qu’auparavant on était obligé de graver sur des tables de bois. Il a donné un Traité de l’origine de l’imprimerie ; une Histoire des cartes à jouer et des Traités de l’invention du papier et de l’invention de la gravure sur bois. La maison qu’il dirigeait à Leipsick subsiste encore.

BRÊME, une des 3 villes libres de l’Empire allemand, sur le Weser, au S. de Hambourg ; 55 000 h. Cathédrale, bourse, hôtel de ville, musée, arsenal, etc. Société de physique, société biblique. Lainages, cotonnades, tabac, cuirs maroquinés, chareaux, etc. Commerce de vins du Rhin et autres, denrées coloniales, etc. — Brême a été successivement capitale de l’archevêché de Brême, puis ville libre et ville impériale, ensuite ch.-l. du dép. français des Bouches-du-Weser, et enfin de la petite république de Brême. C’était une des principales villes hanséatiques. Patrie de W. Olbers et de Heeren. — La républ. de Brême est enclavée dans l’ancien roy. de Hanovre ; elle a 90 000 h. Villes principales : Brême, capitale ; Bremerwehr, Wegesack. Le majorité des habitants appartient à la confession d’Augsbourg. Le gouvernement est démocratique ; le pouvoir législatif est exercé par l’assemblée des bourgeois, et Te pouvoir exécutif par le sénat.

BRÊME (duché de), situé dans le cercle de Basse-Saxe, était d’abord un évêché, et devint ensuite un archevêché avec supériorité territoriale. Pris par les Suédois en 1644, il leur fut cédé par la paix de Westphalie, qui le sécularisa en 1648 ; il fut repris en 1675, rendu après la paix de Nimègue en 1679, repris de nouveau en 1712 (par les Danois) et cédé aux ducs de Brunswick contre 1 000 000 de rixdales en 1719. Ce duché comprenait le territoire, mais non pas la ville de Brême (qui, dès le temps d’Othon I, était ville impériale), plus Verden, Stade, Buxtehude. Tous ces pays font auj. partie des États prussiens.

BREMERHAVEN (c.-à-d. port de Brême), port situé à l’emb. du Weser (r. dr.), à 40 kil. N. O. de Brême, a été construit en 1830, sur un territoire cédé par le Hanovre.

BRÉMONTIER (Th.), inspecteur général des ponts et chaussées, 1738-1809, trouva le moyen de fixer les dunes ou montagnes de sable mobiles qui envahissaient le pays situé sur le golfe de Gascogne, entre la Gironde et l’Adour (1786) : il y réussit au moyen de plantations, surtout en plantant le pin maritime. On a de lui un Mémoire sur les dunes, 1796. Un monument lui a été élevé à La Teste.

BRENETS (LES), vallée et vge de la Suisse (Neuchâtel), à 20 k. O. N. O. de Neuchâtel, sur les bords du Doubs, qui y fait une belle cascade, dite Saut-du-Doubs. Horlogerie, dentelle, instruments d’optique.

BRENNE, petit pays du dép. de l’Indre, entre Chateauroux et Leblanc, a pour lieu principal Châtillon-sur-Indre. Ce pays, jadis bien boisé, est devenu malsain depuis qu’on a abattu les bois. Nombreux étangs où l’on élève des sangsues ; vins. On a récemment tenté d’assainir ce pays en desséchant les marais et on l’a vivifié en y perçant des routes.

BRENNER (LE), Brennius, mont. du Tyrol, entre l’Inn, l’Aicha et l’Adige, a 2022m de haut. Elle est traversée par une route qui fait communiquer Vienne avec Inspruck et Venise.

BRENNEVILLE et mieux BRENMULE, lieu de l’anc. Vexin (Eure), à 10 kil. des Andelys. Louis VI y fut battu en 1119 par Henri I, roi d’Angleterre.

BRENNUS ou BRENN, nom celtique qui s’appliquait à tout chef gaulois. On connaît surtout sous ce nom un général des Gaulois Sénonais qui vainquit les Romains près de l’Allia et se rendit maître de Rome, 390 ans av. J.-C. Il livra la ville au pillage et aux flammes, et assiégea le Capitole. N’ayant pu se rendre maître de cette forteresse, il consentit à s’éloigner si on lui payait mille livres d’or ; mais quand on eut apporté l’or pour le peser, Brennus, au dire de Tite-Live, se servit de faux poids ; et comme les Romains s’en plaignaient, il jeta son épée dans le bassin de la balance où se trouvaient les poids, en s’écriant : « Malheur aux vaincus ! » Camille, survenu dans l’instant, annula le traité, livra bataille et contraignit les Gaulois de fuir en abandonnant leur butin. Quelques historiens rapportent l’événement d’une manière moins favorable aux Romains : Polybe assure que les Gaulois emportèrent paisiblement la rançon. — Un autre [[w:Brennos (IIIe siècle av. J.-C.)|Brennus]] pénétra en 280 dans la Macédoine avec une armée considérable, tua Sosthène, général de cette nation, et saccagea la Thessalie et la Grèce ; il s’avançait vers le temple de Delphes pour en enlever les trésors, lorsqu’il fut repoussé ; ses soldats, saisis d’une terreur panique, prirent la fuite, dit-on, et s’entre-tuèrent. Désespéré de ce désastre, Brennus se donna la mort.

BRENOD, ch.-l. de cant. (Ain), à 10 kil. S. de Nantua, sur l’Albarine ; 1000 hab.

BRENTA, Medoacus Major, riv. d’Italie, naît à 13 k. S. E. de Trente, passe à Cismone et à Bassano, s’unit au Bacchiglione et se jette dans le golfe de Venise au port de Brondolo, après 176 k. débours. Ses eaux alimentent 2 canaux, la Brenta-Morta et la Brentella. — Sous Napoléon I, la Brenta donnait son nom, dans le roy. d'Italie, à un dép. formé du Padouan et de la Polésine de Rovigo, qui avait pour ch.-l. Padoe.

BRENTANO (Clément de), littérateur allemand, né en 1777 à Francfort-sur-le-Mein, mort en 1844, était frère de la célèbre Bettina d'Arnim, l'amie de Gœthe. Il a composé des romans, des nouvelles, des satires, des comédies, des drames et des poésies diverses, où l'on trouve, avec une imagination vive, une bizarrerie systématique, qui l'a fait classer, ainsi que Novalis et L. d'Arnim, ses amis, parmi les chefs de l'école romantique. Entre ses œuvres dramatiques, on cite Ponce de Léon, 1804; la Fondation de Prague, 1817 ; parmi ses nouvelles, le brave Gaspard et la belle Nanette. Il rédigea avec d'Arnim le Cor merveilleux de l'Enfant, recueil de légendes et de chansons qui exerça une salutaire influence. Né protestant, Brentano se convertit au Catholicisme et passa ses dernières années dans une abbaye de Munster. Ses écrits sont empreints d'un certain mysticisme.

BRENTFORD, v. d'Angleterre (Middlesex), à 12 k. S. O. de Londres, au confluent de la Brent et de la Tamise; 8000 h. Château, qu'habita Jeanne Grey, vaste parc. Edmond II y battit les Danois en 1016; Charles I y obtint un avantage sur les Parlementaires.

BRENTZ (Jean), en latin Brentius, un des coopérateurs de Luther, né en 1499 à Weil en Souabe, m. en 1570, fut le chef des Ubiquistes ou Ubiquitaires, ainsi nommés parce qu'ils soutenaient que le corps de J.-C. est partout depuis son ascension. Il fut un des principaux acteurs dans les affaires de religion et rédigea la Confessio Wurtembergica (1532). Il a écrits 8 vol. in-fol. sur la théologie.

BRÉQUIGNY (L. OUDARD-FEUDRIX de), membre de l'Académie des inscriptions, né à Granville en 1716, mort en 1795, fut envoyé en Angleterre pour rechercher les titres relatifs à l'histoire de France, et réussit, quoiqu'il n'eût pas trouvé toutes les facilités désirables, à en rapporter un grand nombre de pièces précieuses. Il a donné : Diplomata, chartæ, ad res francicas spectantia (tirés d'archives anglaises), 3 v. in-fol.; Tableau des diplômes concernant l'histoire de France (jusqu'à 1179), 1769-83, 3 vol. in-fol. Il a continué les Ordonnances de la 3e race de Secousse, collection terminée depuis par l'Académie des inscriptions, et a recueilli les Lettres de rois de France, publiées en 1839 par Champollion.

BRESCELLO, Brixellum, v. de l'Italie centrale, à 25 kil. N. O. de Reggio, sur la r. dr. du Pô; 2000 h.

BRESCIA, Brixia, v. de Lombardie, ch.-l. de la prov. de ce nom, à 80 kil. N. E. de Milan, entre la Mella et le Naviglio; 35 000 hab. Station. Citadelle, hôtel de ville, cathédrale, église Notre-Dame-des-Miracles, couvent, théâtre, palais épiscopal, bibliothèque Quiriniana, riche en manuscrits. Armes à feu; draps, toiles de lin, dentelles communes. Commerce très-actif. Patrie d'Arnaud de Brescia, de Gambara, etc. — Fondée vers 587 av. J.-C. par les Gaulois de Bellovèse, elle passa en 197 av. J.-C. sous la domination romaine et fut en 774 enlevée aux Lombards par Charlemagne. Elle s'érigea en république au temps de la ligue lombarde. Elle fut ensuite possédée par les Brusciati, les della Scala, les Visconti; ceux-ci la cédèrent aux Vénitiens en 1426. Brescia eut à soutenir plusieurs siéges remarquables (1238, 1311, 1426). Sforce et les Milanais y remportèrent, en 1439, une victoire sur Piccinino et les Vénitiens. Gaston de Foix la prit d'assaut en 1512; Bayard s'y défendit héroïquement en 1520. Les Français s'en emparèrent en 1796 et en firent le ch-l. du dép. de la Mella. En 1815 elle fut donnée à l'Autriche avec le reste de la Lombardie; insurgée en 1848 contre les Autrichiens, elle fut bombardée par eux et reprise l'année suivante. Elle fait aujourd'hui partie du royaume d'Italie.

BRÉSIL, immense contrée de l'Amérique du S., entre la république de Vénézuéla et les Guyanes au N., les Provinces-Unies du Rio-de-la-Plata, l'Uruguay, le Paraguay au S., le Pérou et la Nouvelle-Grenade à l'O., l'Océan Atlantique à l'E. ; s'étend de 37° 45' à 73° 4' long. O. et de 4° 33' lat. N. à 33° 54' lat. S. ; env. 8 000 000 d'h., dont beaucoup sont Indiens, nègres et métis. Capit., Rio-de-Janeiro. Sous la domination espagnole, le Brésil formait 11 capitaineries générales. En 1829 il a été divisé en 18 provinces :

Provinces. Chefs-lieux.
Rio-de-Janeiro, Rio-de-Janeiro.
San-Paulo, San-Paulo.
Santa-Catarina, Nossa-Senhora-do-Desterro.
San-Pedro, Portalègre.
Matto-Grosso, Matto-Grosso (ou Villa-Bella).
Goyaz, Goyaz (ou Villa-Boa).
Minas-Gereas, Ouro-Preto (ou Villa-Rica).
Espirito-santo, Vittoria.
Bahia, Bahia (ou San-Salvador).
Sergipe, Sergipe.
Alagoas, Alagoas.
Pernambuco, Pernambuco.
Parahiba, Parahiba.
Rio-Grande, Natal.
Ceara, Ceara (ou Fortalezza).
Piauhy, Oeyras.
Maranhao, Maranhao (ou San-Luiz).
Para, Para (ou Belem).

Postérieurement, 2 nouvelles prov. ont été formées, Parana et Amazonas. Sous le rapport ecclésiastique, l'empire est divisé en 9 diocèses, relevant tous de l'archevêque de Bahia, métropolitain du Brésil.

On trouve dans l'intérieur plusieurs chaînes de mont. : la Serra-do-Mar, dont les plus hauts sommets ne dépassent pas 1200m, la Serra-de-Mantiqueira, chaîne centrale, dont quelques sommets atteignent 3400m, la Serra do-Espinaço, qui prolonge la précéd. vers le N. Ce pays est arrosé par un nombre infini de fleuves, l'Amazone et presque tous ses affluents de gauche, le Tocantins, le Parahiba, le San-Francisco, le Parana, etc. Le climat varie suivant les latitudes, les hauteurs et le voisinage de l'Océan : dans les plaines, brûlantes chaleurs et pluies abondantes; sur le sommet des montagnes, froid glacial, neiges presque continuelles. Le sol en est éminemment fertile, les richesses minérales y sont immenses : on y trouve des diamants, de l'or, de l'argent. La végétation est magnifique et originale; d'énormes forêts vierges couvrent encore une grande partie du pays; on en tire le bois de Brésil. Le pays nourrit beaucoup de chevaux et de bêtes à cornes, qu'on y laisse vivre en liberté; des singes, des perroquets, des aras et autres oiseaux en grand nombre; les insectes y fourmillent. Les Guaranis et Brésiliens sont les principales familles indigènes du Brésil. — Découvert en 1500 par l'Espagnol Vincent Pinzon et par le Portugais Cabral, exploré l'année suiv. par Améric Vespuce au nom du roi de Portugal, le Brésil ne fut d'abord pour le Portugal qu'un lieu de déportation. La colonisation commença en 1531. Les Hollandais s'y introduisirent dans le siècle suivant, et peu à peu ils conquirent presque tout le pays (1624-40); mais les indigènes, unis aux anciens colons, les en chassèrent en 1654, et les Portugais reprirent leur place. Les rois de la maison de Bragance s'intitulaient rois de Portugal et de Brésil. Chassés d'Europe en 1807 par Napoléon, ils vinrent se fixer à Rio, mais ils n'y restèrent que jusqu'en 1821. Leur retour à Lisbonne fit perdre le Brésil au Portugal. Ce pays se déclara indépendant en 1822, se donna une constitution, et élut pour Empereur don Pedro I, fils de Jean VI, roi de Portugal. Quand la mort de ce dernier (1826) eut laissé les deux trônes à don Pedro, ce prince céda le Portugal à sa fille dona Maria pour se fixer au Brésil; mais, en 1831, à la suite de troubles, il abdiqua en faveur de son fils, don Pedro II, né en 1825, et dont la minorité a expiré en 1840. Le gouvernement est une monarchie représentative avec une chambre de députés et un sénat. — On doit à M. E. Liais une Exploration scientifique du Brésil, 1865, in-fol.

BRESLAU, Vratislavia, v. importante des États prussiens (Silésie), à 311 k. S. E. de Berlin, sur l’Oder et l’Ohlau ; 90 000 hab. Ch.-l. de gouvt et capit. de toute la Silésie. Université, évêché (le seul de la Silésie). Breslau est divisé en ville vieille et ville neuve : 5 faubourgs, hôtel de ville, hôtel de la régence, arsenal, bourse, caserne, théâtre, église cathédrale de St-Jean, palais de l’Université, riche bibliothèque de 300 000 vol. ; musée d’antiquités nationales, etc. Soieries, lainages, draps, toiles, etc. Commerce considérable en toiles, draps, vins de Hongrie ; foire aux laines, une des plus considérables de toute l’Europe. Patrie du philosophe J. Chr. Wolff. — Fondée au Xe s., Breslau devint en 1163 la capitale du duché de Silésie, alors indépendant ; en 1335, le dernier duc étant mort sans enfants, le roi de Bohême en prit possession. Cédée en 1527 à l’Autriche, elle eut beaucoup à souffrir pendant la guerre de Trente ans. Elle fut prise d’assaut en 1741 par Frédéric II, roi de Prusse. En 1742 y fut conclu le traité de paix qui termina la guerre de Silésie. Dans la guerre de Sept ans Breslau fut prise et reprise par les Autrichiens et les Prussiens (1757-1760) ; en 1763, elle passa définitivement sous la domination prussienne. En 1807, elle fut prise par les Français, qui l’occupèrent jusqu’en 1811.

BRESLE (la), riv. de France, prend sa source à Formery et se perd dans la Manche à Tréport, après avoir séparé les dép. de la Seine-Inf. et de la Somme.

BRESSE, anc. prov. de France, faisait partie du grand gouvt de Bourgogne et avait pour ch.-l. Bourg. La Bresse fut quelque temps un gouvt particulier, dit Bresse-et-Bugey ; elle comprenait alors, outre les 3 parties du Bugey, le pays de Gex, le pays de Chezery et la principauté de Dombes. La Bresse proprement dite ou Bresse savoyarde avait pour bornes, à l’O. la Saône, à l’E. l’Ain ; la fraction comprise dans le Châlonnais portait le nom de Bresse Châlonnaise ; elle répond à peu près au dép. de l’Ain. — Sous les Romains, ce pays était partage entre la Viennaise et la Lyonnaise 1re et répondait en grande partie au pays des Ambarri. Elle fut ensuite comprise dans le roy. des Burgundes, dans le roy. d’Italie de Lothaire, dans le roy. de Provence de Charles, son fils, dans le roy. de Bourgogne Cisjurane et dans le roy. d’Arles ; puis se divisa en petites seigneuries, dont la principale fut celle de Baugé, portée en 1292 dans la maison de Savoie. Elle fut cédée par Charles-Emmanuel I à Henri IV par le traité de Lyon en 1601.

BRESSUIRE, ch.-l. d’arr. du dép. des Deux-Sèvres, à 61 k. N. de Niort ; 2470 hab. Église en granit. Lainages, toiles, mouchoirs, etc. — Cette v., jadis plus importante, était ch.-l. de seigneurie. Placée au centre du Bocage, elle a beaucoup souffert pendant les guerres de la Vendée.

BREST, Gesocriuate (selon Walckenaer), et non Brivates ; port de France, ch.-l. d’arr. (Finistère), à 507 kil. O. de Paris (578 par Alençon) ; 67 833 hab. ; préfecture maritime. Son port est un des plus sûrs de l’Europe ; sa rade est vaste (35 kil. de circuit), mais elle est dangereuse en dehors de la passe qui l’unit à la mer, et qu’on nomme le Goulet ; de fortes batteries défendent la passe. Brest se compose de deux parties séparées par un bras de mer, Brest proprement dit et le quartier de Recouvrance. On remarque le cours d’Ajot (belle promenade), la place d’Armes dite le Champ de bataille, les superbes établissements relatifs à la marine. Quais, bassins, dont un taillé dans le roc, phare à feu tournant, bagne, évacué depuis peu, magasin, arsenal, chantiers de construction, corderie, etc. École spéciale de marine ; lycée (1848) ; bibliothèque ; jardin botanique, etc. Commerce en eaux-de-vie, sardines, etc. Armements pour la pêche de la morue. Patrie de l’amiral Linois, du constructeur Sané, etc. — Brest, où les anciens souverains de la Bretagne avaient bâti un fort dès le IXe siècle, était encore sans importance, lorsque Richelieu fit creuser le port (1631), et commença de grands travaux qu’achevèrent Louis XIV et ses successeurs. Les fortifications, dues à Vauban, ont été considérablement augmentées depuis 1773. Villaret fut battu devant Brest en 1794.

BRESTS, ou Brzesc-Litevski, v. de Russie (Grodno), sur le Bog, à 180 k. S. de Grodno ; 8000 hab., presque tous Juifs. Château bâti sur un rocher ; synagogue fameuse. Sanglante bataille entre les Russes et les Polonais (1794). Les Russes l’ont occupé en 1795.

BRET (Antoine), écrivain fécond, né à Dijon en 1717, mort à Paris en 1792, a composé des poésies légères, des comédies, des romans, des mémoires, etc. Ses comédies sont écrites avec pureté, le dialogue en est facile ; la meilleure est la Double extravagance (1750) ; mais elles manquent de verve, On ne. les joue plus. On a aussi de lui un bonne édition des Œuvres de Molière, avec un Commentaire (Paris, 1773, 6 vol. in-8) : c’est le meilleur de ses ouvrages,

BRETAGNE, Britannia minor, Armorica, prov. de l’anc. France, avait pour bornes à l’O. l’Océan, au N. la Manche et la Normandie, au S. le Poitou, à l’E. l’Anjou et la Touraine. Capit., Rennes. Elle se divisait en Haute et Basse-Bretagne. La Hte-Bretagne formait 5 diocèses, Dol, Rennes, Nantes, St-Malo, St-Brieuc ; dans la Basse étaient ceux de Tréguier, Vannes, Quimper, St-Pol-de-Léon. Auj. la Bretagne forme 5 dép., Loire-Inf., Ille-et-Vilaine, Morbihan, Côtes-du-Nord, Finistère. Montagnes peu hautes (monts d’Arrée, au N. O.). Rivières côtières nombreuses ; au S. est l’emb. de la Loire ; beaucoup de baies, anses et ports excellents. Sol inégal, climat humide ; céréales en grande quantité, cidre, lin, chanvre ; forêts, marais, jachères, landes et bruyères en quelques endroits. Plomb, houille, fer, antimoine, argent, etc. Eaux minérales. Les voies de communication, longtemps imparfaites, surtout dans l’extrémité O., ont été beaucoup améliorées depuis 1830. Mœurs, usages, caractère, marqués d’un cachet particulier : en général, le Breton est laborieux, patient ; on l’accuse d’être entêté. Dans l’O. on parle encore auj. une langue celtique, dite brezad. On y trouve de nombreux monuments antiques qui consistent en pierres brutes nommées communément pierres druidiques, pierres levées, table du diable, et appelées dans le pays, selon leur forme ou leur destination, menhir (pierre longue), dolmen (table de pierre), cromlech (enceinte circulaire), galgal (témoignage). — La Bretagne fut, selon l’opinion la plus probable, peuplée par un mélange de Celtes et de Kymris. Conquise par César l’an 56 av. J.-C., elle fit, sous les Romains, partie de la Lyonnaise 3e, comprenant en outre le territoire des Pictavi dans l’Aquitaine 2e. Elle avait pour principaux habitants : à l’E., les Diablintes, les Redones ; au S., les Namnètes, séparés des Pictes par la Loire ; au centre, les Venètes et les Curiosolites ; à l’O., les Osismiens, qui habitaient le littoral du Finistère. Les peuplades voisines de la mer portaient plus spécialement le nom d’Armoricaines. Lors de la décadence de l’empire romain, la Bretagne se mit à la tête de la Confédération armoricaine ; ses chefs se disaient rois de l’Armorique. Le plus ancien prince connu qui ait porté ce titre est Conan Mériadec, qui vivait vers 384 de J.-C. Aux Ve et VIe siècles vinrent de la Grande-Bretagne des Bretons fuyant les armes des Angles et des Saxons : c’est d’eux que l’Armorique occid. prit le nom de Bretagne. En 510, le roi breton Bodic se soumit à Clovis ; ses descendants, tout en continuant à régner, ne prirent que le titre de comtes ; cependant les Bretons n’étaient soumis que de nom aux Francs, ou bien ils étaient sans cesse en insurrection. En 799 toute la Bretagne reconnut l’autorité de Charlemagne. En 822 commença avec Noménoé une 2e dynastie de comtes : sous celle-ci, la Bretagne se scinde souvent en trois comtés, Vannes, Nantes, Rennes. Tout le comté de Bretagne est déclaré vassal du duché de Normandie en 912. Geoffroy I, qui régnait sur la Bretagne en 992, veut prendre le titre de duc, mais ce titre n’est pas reconnu par ses suzerains. En 1171, après la mort de Conan IV, Constance, sa fille, porta la Bretagne en dot à un fils du roi d’Angleterre Henri II, nommé Geoffroy, puis elle régna avec son propre fils Arthur, qui périt en 1202, assassiné par son oncle Jean sans Terre. La Bretagne ne tarda point à passer dans de nouvelles mains par le mariage d’Alix, fille et héritière de Constance, avec Pierre de Dreux, dit Mauclerc (1213), arrière-petit-fils de Louis le Gros : Pierre commença une 4e dynastie, dite dynastie capétienne de Bretagne, et prit le titre de duc. Les descendants de Pierre régnèrent jusqu’en 1488. L’événement capital de cette période fut la guerre de la succession de Bretagne entre la maison de Blois, appuyée par la France, et celle de Montfort, appuyée par l’Angleterre (V. CHARLES DE BLOIS et JEAN DE MONTFORT). La question fut vidée, en 1364, en faveur des Montfort, par la bataille d’Auray, que suivit, en 1365, le traité de Guérande. Leur triomphe rendit longtemps la Bretagne hostile à la France, surtout pendant la guerre de 100 ans et sous Louis XI. La mort du duc François II, en 1488, laissa le duché de Bretagne à sa fille unique, Anne, qui épousa successivement deux rois de France, Charles VIII (1491) et Louis XII (1499), et dont la fille, Claude, après avoir épousé François I (1514), assura à la France ce bel héritage (15151. La réunion solennelle eut lieu en 1532.

Comtes et ducs de Bretagne.
Noménoé, 824 Eudes et Hoël III, 1148
Erisopoé, 851 Conan IV, 1156
Salomon, 857 Geoffroy II, 1175-1186
Pasquiten et Gurvand, 874 Constance Id. et Arthur I, 1187
Alain I et Judicaël, 877 Pierre Mauclerc et Alix, 1213
Gurmhaillon, 907
Juhel Bérenger, 930 Jean I, 1237
Alain II, Barbetorte, 937 Jean II, 1286
Drogon, 952 Arthur II, 1305
Hoël I, 953 Jean III, 1312
Guerech, 980 Charles de Blois, 1341
Conan I, 987 Jean IV de Montfort, 1365
Geoffroy I, 992 Jean V, 1399
Alain III, 1008 François I, 1442
Conan II, 1040 Pierre II, 1450
Hoël II, 1066 Arthur III, 1457
Alain-Fergent, 1084 François II, 1458
Conan III, 1112 Anne, 1488-1515

Dom Lobineau, Daru, Roujoux, ont écrit l’histoire de la Bretagne ; M. de Courson a donné un Essai sur la Bretagne armoricaine.

BRETAGNE (GRANDE), Great Britain en anglais, Britannia, Britannia major, la plus grande des îles britanniques, comprend l’Angleterre et l’Écosse, et est ainsi nommée depuis la réunion des deux royaumes sous le règne de Jacques I en 1603. Cette île a 880 k. du N. O. au S. E ; sa largeur au N. est de 275 k., de 124 au centre, de 488 au S. Elle est bornée au N. par l’Océan, et à l’E. par la mer du Nord, au S. par la Manche, à l’O. par le canal St-George et la mer d’Irlande, les Orcades et les Hébrides. Communément on étend le nom de Grande-Bretagne atout l’ensemble des possessions qui composent la monarchie anglaise. En ce sens, outre les îles britanniques, c.-à-dire la Grande-Bretagne proprement dite et l’Irlande, avec les îles qui avoisinent les côtes, telles que les îles de Wight, de Man, d’Anglesey, les archipels des Hébrides, des Orcades, des Shetland, pays dont l’ensemble forme le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, la Grande-Bretagne comprend : 1o en Europe, Heligoland, dans la mer du Nord ; Jersey, Guernesey, dans la Manche ; Malte et les îles Ioniennes dans la Méditerranée, et la ville de Gibraltar, en Espagne ; 2o en Asie, la plus grande partie de l’Inde en deçà du Gange ; les roy. d’Assam, d’Arakan, de Pégu et autres grands territoires au delà du Gange ; l’île de Ceylan ; Hong-Kong en Chine ; Aden dans l’Arabie mérid. ; 3o en Afrique, des établissements en Guinée et dans la Gambie, les îles Maurice, Ste-Hélène, l’Ascension, la colonie du Cap de Bonne-Espérance, la côte Natal ; 4o en Amérique, la Nouvelle-Bretagne, comprenant le Canada, le Nouv.-Brunswick, la Nouv.-Écosse, le Labrador, les Terres Arctiques anglaises, Terre-Neuve ; presque toutes les Petites-Antilles et la Jamaïque, Honduras, la Guyane anglaise ; l’archipel de Magellan ; 5o en Océanie, la moitié de l’Australie, la Diéménie, la Nouv.-Zélande et divers groupes d’îles. Londres est la capit. de tout le Royaume-Uni. La population des seules Iles britanniques est d’env. 30 millions ; en ajoutant celle de tous les pays vassaux, elle ne peut aller à moins de 200 millions. - La Grande-Bretagne, ainsi appelée pour la distinguer de la Bretagne française, tire son nom du mot Prydain, nom que portait cette île avant la conquête des Romains et que ces derniers traduisirent par celui de Britannia. Ce nom du reste ne s’appliquait guère qu’à la partie mérid. de l’île, jusqu’à la Clyde, et ne comprenait que la partie appelée auj. Angleterre ; le reste de l’île, formant auj. l’Écosse, était désigné sous le nom de Calédonie (Pour l’histoire de la Grande-Bretagne et pour les détails propres à chaque partie, V. les articles ANGLETERRE, ÉCOSSE, IRLANDE, etc).

BRETAGNE ANCIENNE, Britannia et quelquefois Britannia major. C’est à peu près l’Angleterre actuelle. Les Romains la divisaient en 5 prov. : Bretagne 1re au S., Bretagne 2e à l’O., Flavie Césarienne à l’E., Grande Césarienne et Valentie au N. Elle était défendue par le mur d’Adrien (qui allait du golfe de Solway à Shields), et par le mur de Sévère (du golfe de la Clyde au Frith de Forth). - La partie S. O. de la Bretagne fut d’abord aperçue par les Marseillais qui allaient se fournir d’étain aux îles Cassitérides, auj. Sorlingues. César y parut en 55 et 54 av. J.-C. et n’y fit que de faibles conquêtes. Claude poussa plus avant. Sous Domitien, les légions romaines, conduites par Agricola, pénétrèrent jusqu’au mont Grampians, et achevèrent la soumission du pays (78-85 de J.-C.). Constance Chlore ajouta la Valentie aux possessions romaines. En 411, les Romains évacuèrent la Bretagne. Elle fut bientôt après envahie par les Saxons et les Angles. V. ANGLETERRE.

BRETAGNE (NOUVELLE-). On comprend sous ce nom toute l’Amérique anglaise du N., moins les Terres Arctiques anglaises. Elle est bornée au S. par les États-Unis et située entre 54°-136° long. O., 43° 20'-77° 50' lat. N. Elle forme 6 gouvernements : Québec ou B.-Canada, York ou Ht-Canada, Nouv.-Brunswick, Nouv.-Écosse, Ile du Prince-Édouard, Terre-Neuve. Elle compte env. 3 500 000 h. et a pour ch.-l. général Québec. Régions très-variées, mais en général humides et froides ; les montagnes Rocheuses traversent ces contrées du S. E. au N. O. ; le fleuve St-Laurent les arrose ; lacs immenses. Des tribus indigènes barbares errent dans ces contrées. On en tire beaucoup de fourrures : la compagnie de la baie d’Hudson s’est formée pour exploiter cette branche d’industrie.

BRETAGNE (archipel de la NOUV.-), dans l’Océanie, au N. de l’archipel de la Louisiade, à l’E. de la Papouasie, par 146°-150° long. E., 4°-6°-25' lat. S. Les îles principales sont celles de la Nouv.-Bretagne et de la Nouv.-Irlande. Ensuite viennent l’île du Duc-d’York, le Nouv.-Hanovre, Gérard de Nys, etc. Volcans, forêts. Ces îles sont habitées par les Papous : on évalue leur population à 100 000 h. Elles ont été découvertes par Dampier en 1699.

BRETENOUX, ch.-l. de cant. (Lot), sur la Cère, à 9 k. de St-Céré ; 862 h. Aux env., ruines du château de Castelnau.

BRETEUIL, ch.-l. de cant. (Eure), sur l’Iton, à 39 k. S. O. d’Évreux ; 1492 h. Hauts fourneaux ; forges ; fonderie de canons : fabrique d’épingles, clouterie. Belle forêt. - Ch.-l. de cant. (Oise), près de la source de la Noye, à 28 k. N. E. de Beauvais ; 2639 h. Station. Papeterie, lainages, cordonnerie.

BRETEUIL (L. Aug. LE TONNELIER, baron de), ministre d’État, né en 1733 à Preuilly en Touraine, mort à Paris en 1807, fut sous Louis XV ambassadeur en Russie, en Suède, en Hollande, à Vienne ; fut nommé en 1783 par Louis XVI ministre de la maison du roi et gouverneur de Paris, s’opposa fortement à la convocation des États généraux, et fut placé en 1789 à la tête du ministère qui remplaça Necker ; mais ce ministère, peu capable, ne dura qu’un moment : il fut renversé par la prise de la Bastille. Breteuil émigra bientôt après et ne revint en France qu’en 1802. Il a laissé des Mémoires, publiés en 1859.

BRÉTIGNY, hameau du dép. d’Eure-et-Loir, à 9 k. S. E. de Chartres. Il est fameux par le traité de 1360 entre les Anglais et le roi Jean : ce dernier, prisonnier des Anglais, devait payer pour sa rançon 3 000 000 d’écus d’or, abandonner ses droits sur l’Aquitaine, le Ponthieu, Calais, etc. ; le traité ne fut point exécuté et le roi Jean mourut en captivité.

BRETON (Cap-), V. CAP-BRETON.

BRETONS. V. BRETAGNE.

BRETTEN, v. du grand-duché de Bade, à 20 k. E. de Carlsruhe ; 3000 h. Patrie de Mélanchthon.

BRETTEVILLE-SUR-L’AIZE, ch.-l. de cant. (Calvados), à 19 k. N. O. de Falaise ; 800 h. Tanneries.

BREUGHEL, famille de peintres flamands originaire du vge de Breughel près de Bréda. Le plus ancien est Pierre dit le Vieux, né à Breughel en 1510, selon les uns, en 1530, selon les autres, mort à Bruxelles vers 1590. Il traita surtout des sujets gais, des noces, des fêtes, des charges, et fut surnommé le Drôle. — Pierre, son fils aîné, né à Bruxelles en 1567, mort en 1625, a été surnommé Breughel d’enfer, parce qu’il affectionnait les sujets terribles, des scènes infernales. On cite de lui : Orphée aux enfers, l’Enlèvement de Proserpine, Jésus-Christ délivrant les âmes du purgatoire. — Jean, son 2e fils, 1568-1622, surnommé Breughel de Velours, parce qu’il s’habillait en velours, fut un habile paysagiste. Parmi ses œuvres on remarque surtout Adam et Ève dans le paradis terrestre et les Quatre Éléments. On admire en lui la finesse du pinceau, la beauté du feuillage, la fraîcheur du coloris. Ami de Rubens, il peignit souvent le fond des tableaux de ce maître, qui à son tour exécuta les figures de quelques-uns de ses paysages.

BREVANNES, vge de la Haute-Marne, à 40 kil. E. de Chaumont ; 1200 hab. Mine de fer, coutellerie.

BRÈVES (F. SAVARY DE), ambassadeur de France auprès de la Porte, né en 1560, mort en 1628, fit conclure en 1604 entre la France et la Porte un traité d’alliance et de commerce. Il avait étudié les langues orientales et il rapporta plus de 100 volumes turcs et persans, qui sont auj. à la Bibliothèque impériale. La Relation de ses voyages a paru en 1628.

BREYDENBACH (Bernard de), doyen de la cathédrale de Mayence, né en 1454, fit en 1483 un voyage à Jérusalem et au mont Sinaï, dont il publia la Relation en latin à Mayence, 1486, in-fol. C’est le plus ancien livre où se trouve l’alphabet arabe.

BRÉZÉ (maison de), famille noble et ancienne de l’Anjou, tire son nom d’une seigneurie située à 19 kil. de Saumur. Elle fut illustrée au XVe siècle par le grand sénéchal Pierre de Brézé, mort en 1465 (V. l’art. suiv.) ; par le grand sénéchal de Normandie Jacques de Brézé, qui épousa une fille de Charles VII et d’Agnès Sorel, et mourut en 1494 ; et par Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, qui épousa Diane de Poitiers (depuis maîtresse de François I) et mourut en 1531. Après lui, la seigneurie de Brézé passa à la maison de Maillé. Elle fut cédée en 1686 par échange à Thomas de Dreux, conseiller au parlement de Paris. V. DREUX-BREZÉ et MAILLÉ.

BRÉZÉ (Pierre de), grand sénéchal d’Anjou, de Poitou et de Normandie, aida puissamment Charles VII à chasser les Anglais ; fut chargé par Louis XI de conduire des secours à Marguerite d’Anjou, et fut tué en 1465 à la bataille de Montlhéry, dans la guerre dite du Bien-Public.

BREZIN (Michel), industriel philanthrope, né à Paris en 1758, mort en 1828, était serrurier-mécanicien. Il fit une grande fortune pendant la Révolution en fabriquant des canons de bronze et autres ouvrages pour l’État, et en exploitant des forges et des hauts fourneaux en Normandie, et laissa une fortune de 5 millions qu’il consacra à la fondation d’un hospice pour les ouvriers âgés et infirmes. Cet hospice a été bâti à Petit-l’Étang, commune de Garches (Seine-et-Oise).

BRÉZOLLES, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), a 22 kil S. O. de Dreux ; 824 hab. Grains.

BRIAL (dom), laborieux bénédictin de St-Maur, né à Perpignan en 1743, mort à Paris en 1828, travailla d’abord à l’Histoire littéraire de France, continua le Recueil des historiens des Gaules et de France, en publia, de 1785 à 1822, les vol. 14 à 18, et laissa manuscrit le 19e, qui a été publié en 1835 par MM. Daunou et Naudet. Il a aussi composé un grand nombre de mémoires sur divers points d’histoire. Il fut admis en 1805 à l’Académie des inscriptions.

BRIANÇON, Brigantia ou Brigantium, ch.-L d’arrond. (Hautes-Alpes), à 91 kil. N. E.de Gap, sur la r. dr. de la Durance ; 1596 hab. Briançon est élevée de 1306m au-dessus du niveau de la mer. Place de guerre de 1re classe, défendue par 7 forts, dont plusieurs communiquent par des chemins creusés dans le roc. Trib., collége. Pont hardi. Craie renommée, chapeaux, clous, faux, filature de coton. — Ville très-ancienne, qui se constitua en république à la chute de l’Empire romain, puis se donna au Dauphin viennois et passa à la France avec le reste du Dauphiné.

BRIANÇONNAIS, partie du Haut-Dauphiné, qui avait pour ch.-l. Briançon ; autres villes : Queyras, Le Monestier, Mont-Genèvre. Il fait aujourd’hui partie du département des Hautes-Alpes.

BRIARE, Brivodurum, ch.-l. de cant. (Loiret), sur le canal de même nom, à 10 kil. S. E. de Gien ; 3110 hab. Entrepôt de vins. — Le canal de Briare, commencé par Henri IV en 1604 et achevé sous Louis XIII en 1642, unit la Loire et la Seine. Il part de Briare et se jette dans le canal du Loing à Montargis ; il a 55 kil. de long.

BRIARÉE, un des géants qui attaquèrent le ciel, avait, selon la Fable, cent bras et cinquante têtes. Il fut terrassé par Neptune, et emprisonné sous l’Etna.

BRICE (S.), évêque de Tours, disciple de S. Martin, lui succéda vers l’an 400. Des jaloux dirigèrent contre lui des calomnies qui trompèrent le peuple de Tours ; il fut chassé de son siége, et obligé de se retirer à Rome ; mais il fut rappelé quelques années après, et mourut à Tours en 444. On le fête le 13 nov.

BRIÇONNET (Guillaume), cardinal, né à Tours, joua un rôle important sous les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII. C’est d’après ses conseils que Charles VIII entreprit la conquête de l’Italie. Ce prince le nomma évêque de St-Malo, puis archevêque de Reims et premier ministre. Le cardinal Briçonnet eut de violents démêlés avec Jules II, qui l’excommunia et le priva de la pourpre pour avoir ouvert malgré lui le concile de Lyon, mais il fut absous par Léon X et fait archevêque de Narbonne. Il mourut en 1514 dans un âge avancé. — Avant d’entrer dans le clergé, il avait été marié et avait eu deux fils, dont l’un, Guillaume, mort en 1533, fut évêque de Meaux, ambassadeur à Rome, et favorisa les savants.

BRIDAINE (Jacques), missionnaire, né à Chusclan près d’Uzès en 1701, mort en 1767, se fit remarquer par la ferveur de son zèle et par une éloquence mâle, hardie, qui commandait l’attention par des traits sublimes, ou la réveillait par des saillies inattendues. Il parcourut presque tous les villages du Midi, et fit jusqu’à 256 missions. On voulut l’entendre à Paris : il prononça à St-Sulpice un sermon sur l’éternité qui fit la plus terrible impression sur son auditoire, et dont le début est regardé comme un chef-d’œuvre. Longtemps on ne connut de ses sermons que des fragments, cités avec éloge par Maury et La Harpe. Ces sermons ont été publiés en entier sur ses manuscrits, en 1821, par A. Seguin, Avignon, 5 v. in-12. On a aussi de lui des Cantiques spirituels. L'abbé Caron a donné sa Vie sous ce titre : Le Modèle des Prêtres, Paris, 1804.

BRIDGETOWN, v. forte et port de mer, capit. de la Barbade, au fond de la baie de Carlisle; 20 000 h. Jolie ville, belle cathédrale. Évêché anglican. Cette ville a beaucoup souffert de l'ouragan de 1780.

BRIDGEWATER, v. d'Angleterre (Somerset), à 25 kil. S. O. de Wells et à 40 de Bristol; 8000 hab. Beau pont sur la Parret; canal fameux. Industrie et commerce assez actifs. Patrie de l'amiral Blake. — Le canal va : 1° des mines de houille de Worseley à Manchester; 2° de Manchester à Runcorn; 3° de Worseley aux marais de Chatmoss : il communique avec le canal du Grand-Tronc, et a 88 kil. de long. Ce canal est dû au duc François de Bridgewater.

BRIDGEWATER (Thomas EGERTON, comte de) chancelier d'Angleterre sous Jacques I, fut chargé, entre autres affaires importantes, de suivre le procès du comte de Somerset, ancien favori de Jacques, accusé d'empoisonnement , et s'opposa au roi qui voulait pardonner au coupable. Il résigna les sceaux en 1617 et désigna Bacon pour lui succéder. Il mourut peu de jours après. Jacques I l'avait créé baron d'Ellesmere, vicomte de Brakley, comte de Bridgewater. — François Égerton, duc de Bridgewater, descendant du précéd., né en 1736, mort en 1803, fit creuser à ses frais un canal souterrain de Worseley à Manchester; ce canal, construit par l'ingénieur Brindley, est regardé comme un des ouvrages les plus beaux et les plus hardis en ce genre. Il a produit au duc de Bridgewater une fortune immense, en même temps qu'il a enrichi tout le pays. — Le révérend François Henri Égerton, comte de Bridgewater, né en 1756, mort en 1829, légua par testament à la Société royale de Londres une somme de 8000 liv. sterling (environ 192 000 francs), pour être distribuée entre plusieurs auteurs qui se chargeraient de rédiger des ouvrages ayant pour but de démontrer la puissance et la sagesse de Dieu. Cette belle fondation a déjà fait naître plusieurs excellents ouvrages, composés par Herschell, Buckland, Bell, Chalmers, Whewell, etc. Ce lord si généreux était du reste un homme fort bizarre.

BRIE, Brigensis saltus, anc. prov. de France, était comprise dans les gouvts d'Ile-de-France et de Champagne-et-Brie ; d'où elle se divisait en Brie champenoise et Brie française. — La 1re était située à l'O. de la Champagne, au N. du Senonais, au N. E. et à l'E. de la Brie française. Villes principales : Meaux, ch.-l. de toute la Brie; Dammartin, Château-Thierry, Germigny-l'Évêque, Provins, Coulommiers, Montmirail, Sézanne. Les environs de Château-Thierry se nommaient Brie pouilleuse. Aujourd'hui la Brie champenoise fait partie des dép. de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne et de l'Aisne. — La 2e, beaucoup moins étendue, était comprise dans la partie S. E. de l'Ile-de-France, à l'O. et au S. O. de la Brie champenoise. Places : Brie-Comte-Robert, Lagny, Corbeil, Nangis, Rosoy, Gèvres, Villeroi. Elle fait partie du dép. de Seine-et-Oise. On récolte beaucoup de grains dans la Brie et on y fait des fromages renommés. — Au temps de César les Meldi occupaient cette contrée, qui n'était qu'une vaste forêt nommée Brigensis saltus; elle fut, sous l'empire romain, comprise dans la 4e Lyonnaise, et sous les Francs dans le roy. de Neustrie. Sous les derniers Carlovingiens, la Brie eut des comtes particuliers, qui portèrent le plus souvent le titre de comtes de Meaux, du siége de leur seigneurie. En 968, Herbert de Vermandois, comte de Meaux, devint comte de Troyes, et depuis ce moment la Brie suivit les destinées de la Champagne.

BRIE-COMTE-ROBERT, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 18 kil. N. O. de Melun et à 24 S. E. de Paris, sur l'Yère; 2488 hab. Grand commerce de grains et de fromages de Brie. — Elle tire son nom du séjour qu'y fit Robert de France, comte de Brie, frère de Louis VII. Prise par les Anglais en 1430, elle fut reprise par le duc de Bourbon en 1434.

BRIEC, ch.-l. de cant. (Finistère), à 17 kil. N. E. de Quimper; 279 hab.

BRIEG, Briga, v. des États prussiens (Silésie), sur l'Oder, à 42 kil. S. E. de Breslau ; 12 000 hab. Pont de bois. Gymnase. Draps, cotonnades, etc. Autrefois place forte et capit. d'un duché. — V. BRIGG.

BRIELLE, v. de Hollande. V. BRILLE.

BRIEN, souverain de l'Irlande, né en 926, mort en 1014, régna 36 ans sur l'Irlande méridionale, battit les Danois dans 49 combats et les expulsa définitivement de l'île après la victoire de Clontarf, en 1014. Il favorisa l'établissement de la religion chrétienne dans ses États et fut assassiné par un Danois. — Ses descendants, qui portaient le nom d'O'Brien (c.-à-d. fils de Brien), continuèrent à régner pendant 500 ans sur le Munster. V. O'BRIEN et IRLANDE.

BRIENNE ou BRIENNE-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de cant. (Aube), sur l'Aube, à 24 k. N. O. de Bar-sur-Aube; 1982 hab. Bonneterie, blé, chanvre, laine. — Brienne formait dès le Xe siècle un comté, qui donna son nom à l'illustre maison de Brienne. Elle possédait une école militaire où fut élevé Bonaparte; cette école fut supprimée en 1790. Combat opiniâtre entre les Français et les alliés, 29 janvier 1814 : la v. fut prise et reprise, et détruite par le feu.

BRIENNE (maison de). Les comtes de Brienne faisaient remonter leurs ancêtres jusqu'à Engilbert, qui vivait sous Hugues Capet, au Xe siècle. Ils étaient vassaux des comtes de Champagne. L'un d'eux, Jean, monta sur les trônes de Jérusalem et de Constantinople; d'autres furent ducs d'Athènes. Cette maison s'éteignit en 1356, en la personne de Gautier VI, connétable de France. Le titre de comte de Brienne passa depuis aux maisons de Conflans et de Loménie.

BRIENNE (Gautier de), devint roi titulaire de Sicile par son mariage avec la sœur et l'héritière de Guillaume III (1198), mais ne put se faire reconnaître : d'abord vainqueur à Capoue et à Cannes, il fut battu et tué à Sarno, en 1205.

BRIENNE (Jean de), épousa l'héritière du roy. de Jérusalem, Marie, fille de Conrad de Montferrat (1209), se mit en 1217, avec André II, roi de Hongrie, à la tête de la 5e croisade, et essaya, mais inutilement, de se mettre en possession de son roy., que lui enleva l'empereur Frédéric II. En 1229, il se vit appelé à Constantinople après la mort de Robert de Courtenay. Il n'était d'abord que tuteur du jeune Baudouin II ; mais il fut reconnu empereur dès 1231. Il repoussa les attaques des Grecs et des Bulgares, et mourut sur le trône en 1237, dans un âge très-avancé. Il cultivait la poésie : on le croit le véritable auteur de vers attribués par erreur à Thibaut de Champagne; il les aurait adressés à Blanche de Champagne.

BRIENNE (Gautier de), duc d'Athènes, fut battu et tué en 1312, sur le Céphise, par les Catalans, qui dépouillèrent sa famille du duché.

BRIENNE (Gautier de), général du XIVe siècle, fils du précéd., servit d'abord le roi de Naples, et s'empara en 1342 du souverain pouvoir à Florence; mais il y commit toutes sortes d'exactions et s'en fit chasser au bout d'un an. Il se réfugia en France, où le roi Jean le nomma connétable. Il fut tué peu de mois après à la bataille de Poitiers, 1356.

BRIENNE (Loménie de), ministre. V. LOMÉNIE.

BRIENNE (Nicéphore). V. BRYENNE.

BRIENON-L'ARCHEVÊQUE, ch.-l. de c. (Yonne), sur l'Armançon, à 15 kil. E. de Joigny; 2472 hab.

BRIENTZ ou BRIENZ, v. de Suisse (Berne), sur un lac de même nom, à 50 k. S. E. de Berne ; 3000 h. Fromages célèbres. Le lac est très-poissonneux.

BRIET (Ph.), jésuite, bibliothécaire du collége des Jésuites à Paris, né à Abbeville en 1601, m. en 1668. On a de lui des ouvrages de géographie et de chronologie distingués : Parallela geographiæ veteris et novæ, 1649, 3 vol. in-4, Theatrum geographicum Europæ veteris, 1653; in-fol, ; Chronicon, ab orbe condito ad annum Christi, 1663 et 1682, 7 vol. in-12; Philippi Labbe et Philippi Brietii Concordia chronologica, 1670, 5 vol. in-fol.

BRIEUC (S.), Briochus, né dans la Grande-Bretagne vers 409, mort en 502, fut un des principaux disciples de S. Germain d'Auxerre, qui était allé faire une mission dans la Grande-Bretagne, et qui l'amena en France. Quelques temps après, Brieuc retourna dans sa patrie, et y fit de nombreuses conversions. A 70 ans il passa dans l'Armorique (Bretagne), y bâtit un monastère sur un terrain que lui donna le comte de Liwil, son parent : ce monastère a été l'origine de la v. de St-Brieuc. L'Église l'honore le 1er mai.

BRIEY, ch.-l. d'arr. (Meurthe-et-Moselle), à 26 k. N. O. de Metz, sur le Wagot; 1853 h. Trib. de 1re inst. Draps, molletons. Patrie de Bérault-Bercastel.

BRIFAUT (Ch.), poëte, né à Dijon en 1781, m. à Paris en 1857, a composé un poëme de Rosamonde (1813), imité d'Addison; plusieurs tragédies, dont la meilleure est Ninus II, qui eut un grand succès (1814); un opéra, Olympie (1820), mis en musique par Spontini: des Dialogues, des Contes et des poésies diverses (1824). Il fut reçu à l'Académie française en 1826. Il a laissé plusieurs ouvrages inédits, que MM. Rives et Bignan ont publiés après sa mort (1858, 3 vol. in-8). On y remarque une tragédie, François Ier à Madrid, des comédies, l'Amour et l'Opinion, la Tante et le Neveu, le Protecteur; d'intéressantes nouvelles et de piquants souvenirs (Récits d'un vieux parrain à son jeune filleul, Passe-temps d'un reclus). M. Brifaut avait été pensionné par Charles X : il resta jusqu'à la fin de sa vie fidèle à la cause de la légitimité. M. J. Sandeau a fait son Éloge à l'Académie, dans son Discours de réception, 1859.

BRIGANTES, peuple de la Bretagne anc., dans la Grande Césarienne, au N. des Parisi. Leur territoire répond en partie aux comtés d'York, de Lancastre, de Westmoreland et de Cumberland. Sous Vespasien, ils furent soumis par Cerealis, 71 ans de J.-C.

BRIGANTIA. V. BRAGANCE, BREGENZ et BRIANÇON.

BRIGANTINUS LACUS, lac de Constance, ainsi nommé de Brigantia (Bregenz), qui est sur ses bords.

BRIGG, bourg de Suisse (Valais), sur le Rhône, à 40 kil. N. O. de Domo-d'Ossola; 800 hab. (catholiques). Collége de Jésuites. Transit des marchandises qui traversent le Simplon. Bains.

BRIGGS (H.), mathématicien anglais, né en 1556 à Warley-Wood (York), mort en 1630, fut professeur de géométrie au collége de Gresham à Londres, puis occupa la chaire fondée par Savile à Oxford. Il perfectionna l'invention des logarithmes qui venait d'être faite par J. Napier, et fit un grand nombre de travaux utiles à l'astronomie et à la géographie. On lui doit Arithmetica logarithmica, Londres, 1624, ouvrage d'un travail immense, qui est la base des tables de logarithmes publiées depuis : il y prend pour base de ses calculs le nombre 10.

BRIGHTON, v. et port d'Angleterre (Sussex), à 80 kil. S. de Londres par chemin de fer, au fond d'une baie de la Manche, en face, de Dieppe; env. 90 000 hab. Très-jolie ville ; jetée suspendue, de 300m de long, bains de mer très-fréquentés, source ferrugineuse (découverte en 1760). Palais dans le genre oriental, dit le Pavillon de George IV. — Brighton n'était encore qu'un hameau il y a 60 ans; George IV y établit sa résidence d'été et en fit une ville charmante : c'est, l'été, le rendez-vous du monde élégant.

BRIGIDE (Ste), vierge, abbesse et patronne de l'Irlande, née à Fochard, dans le comté d'Armagh, morte en 525. Elle se construisit sous un gros chêne une cellule autour de laquelle vinrent se ranger plusieurs personnes de son sexe qui la prirent pour mère, et elle fonda ainsi un couvent, autour duquel se forma la v. de Kildare. Sa règle fut suivie par plusieurs couvents d'Irlande. On l'honore le 1er février.

BRIGITTE (Ste), fille de Birger, prince suédois, et issue de la famille des Brahé, née en 1302, épousa Ulf-Gudmarson, prince de Néricie, dont elle eut 8 enfants. Après la mort de son mari, elle fonda vers 1363 l'abbaye de Wadstena au diocèse de Linkœping, et y institua un ordre nouveau dit du St-Sauveur, qui suivait la règle de S.-Augustin. Elle partit ensuite pour Jérusalem, sur une vision qu'elle avait eue à l'âge de 69 ans, et réussit à visiter les lieux saints. Elle mourut à Rome en 1373, peu après son retour de Palestine. On a de cette sainte des Révélations, qui furent mises en écrit par le moine Pierre, prieur d'Alvastre; elles ont été imprimées à Rome en 1455, et trad. en français sous le titre de Prophéties merveilleuses de Ste Brigitte, Lyon, 1536. On la fête le 8 octobre. — L'ordre de Ste Brigitte admettait des religieux, aussi bien que des religieuses. L'abbesse avait l'autorité suprême sur tous.

BRIGNAIS, Prisciniacum, vge du dép. du Rhône, à 10 kil. S. O. de Lyon; 1900 hab. Bon vin. Le connétable Jacques de Bourbon, comte de la Marche, y fut battu et tué par les Grandes Compagnies en 1361.

BRIGNOLES, Brinonia, ch.-l. d'arr. (Var), sur le Calami, à 46 kil. S. O. de Draguignan; 4626 hab. Trib., société d'agriculture, bibliothèque; anc. château des comtes de Provence; belle fontaine. Bougies, savons, etc. Commerce d'huile, vins, prunes dites de Brignoles, etc. Patrie du poëte Raynouard.

BRIHUEGA, v. d'Espagne (Guadalaxara), sur la Tajuna, à 35 kil. N. E. de Guadalaxara; 4464 hab. Le duc de Vendôme y fit prisonnière l'arrière-garde des alliés commandés par lord Stanhope, 1710.

BRIL (Paul), peintre flamand, né en 1556 à Anvers, mort à Rome en 1626, quitta la maison paternelle dès l'âge de 14 ans pour aller rejoindre à Rome son frère Matthieu (1550-84), occupé à décorer de fresques le palais du Vatican. Après la mort prématurée de ce frère, qui lui avait servi de maître et qu'il surpassa bientôt, il termina pour le pape les ouvrages que celui-ci n'avait pu terminer. Sixte V l'employa a décorer ses palais et plusieurs couvents d'Italie. Le Musée du Louvre a de lui : les Pèlerins d'Emmaus, Syrinx changée en roseau. Sa touche est moelleuse ; il s'attache surtout à l'effet général.

BRILLAT-SAVARIN, né à Belley en 1755, mort en 1826, exerça d'abord la profession d'avocat, fut député à l'Assemblée Constituante, puis président du trib. civil de l'Ain, enfin membre de la cour de cassation. Il se réfugia en Amérique en 1793, rentra dans son pays en 1796, et reprit sous le Directoire son siége à la cour de Cassation, qu'il ne quitta plus. Il a publié quelques opuscules relatifs à sa profession; mais l'ouvrage qui rendra son nom durable est la Physiologie du goût, 1825, 2 vol. in-8, 1840, in-12, simple livre de gastronomie, peu digne peut-être d'un magistrat, mais étincelant de verve et d'esprit. Cet ouvrage, qui parut d'abord anonyme, a eu de nombreuses éditions.

BRILLE (LA) , BRIEL, v. et port de Hollande (Holl. mérid.), dans l'île de Woorn, à 13 k. O. de Rotterdam ; 4000 h. La tour carrée de l’Église Ste-Catherine sert de phare. Ce fut la 1re place prise par les Gueux de mer (1572). Patrie de Tromp et de Guill. de Witt.

BRINDES, Brundisium en latin, Brindisi en italien, v. du roy. de Napîes (Terre d'Otrante), à 80 k. N. O. d'Otrante, sur l'Adriatique; 7000 hab. Port jadis excellent, mais dont la passe est auj. comblée. Archevêché. — Brindes fut très-importante chez les anciens; elle avait encore 60 000 hab. au XIII{e s. : c'est là que les Romains s'embarquaient pour la Grèce ; c'est là que naquit Pacuvius et que mourut Virgile.

BRINON-LES-ALLEMANS, ch.-l. de c. (Nièvre), sur le Beuvron, à 19 k. S. de Clamecy; 1000 h.

BRINVILLIERS (Marie Marguerite de), fille de Dreux d'Aubray, lieutenant civil, épousa en 1651 le marquis de Brinvilliers, mestre de camp. Corrompue dès son enfance, elle eut un commerce adultère avec un officier de cavalerie, Gaudin de Ste-Croix, que le lieutenant civil fit enfermer à la Bastille (1663). Celui-ci ayant connu dans sa prison l'Italien Exili, qui faisait métier de composer des poisons et avait déjà commis de nombreux empoisonnements, et ayant appris de lui son art criminel, l'enseigna à sa maîtresse, et tous deux s'en servirent pour se défaire de ceux dont ils convoitaient la fortune. Ils empoisonnèrent successivement le père de la marquise, ses deux frères et sa sœur. Le crime fut découvert à la mort de Ste-Croix, chez lequel on trouva des pièces accusatrices (1670); la Brinvilliers prit aussitôt la fuite ; mais elle fut arrêtée à Liége, ramenée à Paris, condamnée et exécutée en 1676.

BRIOLLAY, ch.-lieu de canton (Maine-et-Loire), à 11 k. N. E. d'Angers; 372 h.

BRIONNAIS, petit pays de l'anc. Bourgogne, sur les confins du Bourbonnais, auj. dans l'arr. de Charolles, comprenait Semur-en-Brionnais, St-Christophe et St-Laurent en Brionnais.

BRIONNE, ch.-l. de cant. (Eure), sur la Rille, à 15 k. N. E. de Bernay; 3270 h. Draps, filatures de coton, tanneries. Il s'y tint en 1050 un concile où fut condamnée l'hérésie de Bérenger.

BRIOT (Nic.) graveur et tailleur des monnaies, sous Louis XIII, inventa le balancier monétaire vers 1615, obtint en 1623 la ferme de la fabrication des monnaies, mais seulement à l'essai, et ne vit son instrument définitivement adopté qu'en 1645. On lui doit aussi un laminoir, un coupoir, un ciseau, etc.

BRIOUDE, Brivas, ch.-l. d'arr. (H.-Loire), sur l'Allier, à 64 k. N. O. du Puy; 4671 h. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque, société d'agriculture. Église gothique de St-Julien fondée au IXe siècle. A 4 k. S. E. est Vieille-Brioude, avec un beau pont sur l'Allier, construit en 1454, écroulé en 1822, rebâti depuis.

BRIOUX, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 11 kil. S. O. de Melle; 522 h.

BRIOUZE, ch.-l. de cant. (Orne), à 26 kil. O. d'Argentan ; 867 h. Toiles.

BRIQUEBEC, ch.-l. de cant. (Manche), à 13 kil. S. O. de Valogne; 1597 h. Mine de cuivre. Eaux ferrugineuses. Trappistes, établis depuis 1824.

BRISACH (NEUF-), v. d'Alsace-Lorraine, à 15 kil. S. E. de Colmar, près de la rive gauche du Rhin; 1800 hab. Place de guerre bâtie par Louis XIV après la perte de Vieux-Brisach, et fortifiée par Vauban.

BRISACH (VIEUX-), v. du grand-duché de Bade, sur la r. dr. du Rhin, en face de Neuf-Brisach, à 19 k. S. E. de Colmar ; 3000 h. Anc. capit. du Brisgau et v. impériale. Prise en 1638, pour la France, par Bernard de Saxe-Weimar; reprise par l'empereur en 1641. Bombardée par les Français en 1793.

BRISÉIS, fille de Brisès, prêtresse de Lyrnesse en Cilicie, devint, après la prise de sa patrie, la captive d'Achille, à qui elle fut enlevée par Agamemnon. Irrité de cet affront, le héros se retira sous sa tente et refusa de combattre pour les Grecs jusqu'à ce qu'elle lui fût rendue. Les effets de la colère d'Achille après l'enlèvement de Briséis font le sujet de l'Iliade.

BRISGAU, Decumates agri, contrée d'Allemagne, au N. de la Suisse, eut longtemps des comtes particuliers. Au XIVe s. le Brisgau fut réuni aux domaines de la maison d'Autriche. Il se divisait en Bas-Quartier ou Brisgau proprement dit, et Haut-Quartier. Dans le Bas-Quartier on remarquait Vieux-Brisach, Freyburg, Willingen, Neuenbourg, Waldkirch, Zæhringen ; dans le Haut-Quartier, Laufenburg, Rheinfelden, Seckingen, Waldshut (dans la Forêt-Noire). Ce pays abonde en blé, en bois, en vin, et possède des mines assez riches. L'industrie y est fort active. — A l'époque romaine le Brisgau faisait partie du pays des Alemani. Il forma au moyen âge un comté, que les ducs de Zæhringen gouvernèrent à partir du XIe siècle. En 1218, une partie passa aux margraves de Bade, et l'autre aux comtes de Kybourg. Le tout fut réuni, au XIVe siècle, entre les mains des archiducs d'Autriche. Depuis la paix de Presbourg, 1805, le Brisgau appartient au grand-duché de Bade.

BRISON (le brave). V. DUROURE.

BRISSAC, bourg de Maine-et-Loire, à 15 kil. S. E. d'Angers ; 1000 h. ; a donné son nom à la famille de Brissac Beau château du XVIe siècle. — Cette ville fut érigée en comté pour le 1er maréchal de Brissac (1550), et en duché pour son fils (1612). Il s'y livra en 1067 une bat. entre Geoffroy le Barbu et son frère cadet, Foulques le Réchir, comte d'Anjou.

BRISSAC (Charles DE COSSÉ, comte de), maréchal de France, né en 1505, mort en 1563, commanda avec de grands succès en Flandre et en Piémont sous les règnes de François I, Henri II et Charles IX. Ce fut un des plus braves généraux de son temps. Il maintint une discipline sévère et fit condamner à mort le jeune de Roissy qui avait combattu sans son ordre au siége de Vignale; mais il lui fit grâce au moment de l'exécution. En 1559 il succéda à Coligny dans le gouvt de Picardie, et fut nommé en 1562 gouverneur de Normandie. — Plusieurs membres de la même famille devinrent après lui maréchaux de France : Artus de Cossé-Brissac, son frère, qui, sous Charles IX, se distingua contre les Calvinistes et fut fait maréchal en 1567; — Charles, comte de Cossé-Brissac, fils de Charles, qui, sous Henri III, prit une grande part aux opérations de l'armée royale contre les Calvinistes, se rangea du parti des Ligueurs, et fut nommé, en 1594, gouverneur de Paris par le duc de Mayenne. Il remit cette place à Henri IV peu de mois après, et fut nommé maréchal. Il mourut en 1621, au siége de Saint-Jean d'Angély. Louis XIII lui avait donné le titre de duc en 1612. — J. P. Timoléon de Cossé-Brissac, mort en 1784, servit d'abord sur mer, combattit les Turcs au siége de Corfou (1716), et fut fait maréchal en 1768. — L. Hercule Timoléon, duc de Brissac, fils du préc., né en 1734, fut, sous Louis XVI, gouverneur de Paris, colonel des Cent-Suisses, et enfin commandant général de la garde constitutionnelle du roi (1791). Il fut massacré à Versailles en septembre 1792.

BRISSARTHE, bourg de Maine-et-Loire, sur la Sarthe, à 25 k. N. E. d'Angers. Robert le Fort y battit les Normands en 866, mais il y périt.

BRISSON (Barnabé), magistrat français, né en 1531, mort en 1591, fut nommé par Henri III avocat général au parlement de Paris, puis président à mortier, et fut employé par ce prince dans plusieurs négotiations importantes. Il tint une conduite fort équivoque dans la guerre civile : lorsque Henri III eut quitté Paris (1589), les Seize, restés maîtres de la ville, donnèrent à Brisson la charge de premier président, en remplacement d'Achille de Harlay qu'ils avaient mis à la Bastille ; mais peu après, mécontents de ce nouveau président, qui conservait encore de l'attachement pour l'autorité royale, ils le pendirent dans la chambre même du conseil (1591). Brisson était un savant jurisconsulte : il avait composé le recueil connu sous le nom de Code de Henri III (1587), un grand nombre de traités de jurisprudence en latin, et le livre De regio Persarum principatu.

BRISSON (Mathurin Jacques), naturaliste et physicien, né en 1723 à Fontenay-le-Comte, mort en 1806, enseigna la physique aux enfants de France, fut professeur au collége de Navarre, et entra à l'Académie des sciences en 1759. On lui doit, entre autres ouvrages, un Dictionnaire de physique, 1780, 2 v. in-4, et un Traité élémentaire de physique, 1789, qui eurent beaucoup de vogue. Il a aussi écrit une Ornithologie, citée avec honneur par Buffon.

BRISSOT (J. Pierre), dit de Warville, d'un village près de Chartres où il naquit en 1754, était fils d'un traiteur. Entré d'abord chez un procureur, il quitta l'étude du droit pour se faire écrivain. Nourri des doctrines de J. J. Rousseau, il se fit de bonne heure remarquer par ses opinions exaltées contre l'inégalité des rangs et fut mis à la Bastille. En sortant de prison, il se rendit en Angleterre, où il rédigea un journal littéraire; puis alla visiter l'Amérique, et revint en France en 1789. Il y publia un journal républicain, le Patriote français, et fut nommé membre de la commune. Après la fuite de Louis XVI, il rédigea au champ de Mars la fameuse pétition pour la déchéance du roi. Nommé membre de l'Assemblée législative, puis de la Convention, il y fit déclarer la guerre à l'Autriche (1792), à l'Angleterre et à la Hollande (1793); obtint une grande influence, et devint le chef d'un parti dit des Brissotins qui combattit les excès des Montagnards : il s'attira la haine de Robespierre, qui l'accusa de fédéralisme. Proscrit avec les Girondins au 31 mai, il prit la fuite; mais il fut arrêté et monta sur l'échafaud le 31 oct. 1793. Brissot avait composé plusieurs écrits de politique et de jurisprudence : Théorie des lois criminelles, 1780; Bibliothèque des lois criminelles, 1782-86, et un Voyage aux États-Unis (1791). On a publié en 1829-32 ses Mémoires et son Testament politique.

BRISTOL, grande v. et port d'Angleterre (Glocester), à 180 k. O. de Londres, sur l'Avon, à 15 k. de son embouchure dans le canal de Bristol; 165 000 h. Elle est composée de deux parties : la ville vieille, antérieure de quatre siècles à l'ère chrétienne; la neuve, belle et bien ornée. Belles places, beau faubourg Clifton. Pont suspendu sur l'Avon, construit de 1805 à 1809, écroulé en 1855. Évêché anglican. Cathédrale du XIIe s.. superbe bazar couvert; hôtel de ville, hôtel des négociants, bourse, douane; plusieurs chemins de fer. Institut dit philosophique, université fondée en 1829, bibliothèque. Fabrication d'ouvrages en métaux, surtout en cuivre; fabriques d'épingles; savon, faïence, produits chimiques, diamants de bristol (pierres qu'on trouve aux environs et qui imitent le diamant). Grand commerce : Bristol est un des 4 grands ports marchands de l'Angleterre. Patrie de Séb. Cabot, Chatterton, Southey. – La ville et sa banlieue forment un petit comté.

BRISTOL (canal de), golfe de la mer d'Irlande, entre le pays de Galles au N., et la région S. O. de l'Angleterre : 175 kil. sur 200; il reçoit la Saverne et l'Avon. Il prend son nom de la ville de Bristol qui est a l'extrémité orientale. La marée y est très-élevée.

BRISTOL (comte de). V. DIGBY.

BRITANNIA. V. BRETAGNE ANCIENNE.

BRITANNICUS, fils de l'empereur Claude et de Messaline, devait succéder à son père, mais fut privé de l'empire par les artifices d'Agrippine, 2e femme de Claude, qui mit sur le trône le fils de Néron. Celui-ci, craignant que Britannicus ne fît valoir ses droits, l'empoisonna dans un repas après une feinte réconciliation (55). Britannicus n'avait que 15 ans. Sa mort a inspiré à Racine une de ses plus belles tragédies.

BRITANNIQUE (empire), BRITANNIQUES (îles) V. BRETAGNE (GRANDE-).

BRIVATES, v. et port de Gaule, chez les Namnetes, près de l'emb. du Liger (Loire), se retrouve, selon Walckenaër, dans Brivet, près du Croisic, qui n'est plus sur la mer. On a cru à tort que c'était Brest.

BRIVE, ou BRIVE-LA-GAILLARDE, Briva Curetia en latin, ch.-l. d'arr. (Corrèze), à 29 kil. S. O. de Tulle, sur la Corrèze; 6504 hab. Trib. de 1re inst ; collége, biblioth. ; chemin de fer. Filature de coton, distillerie d’eau-de-vie; commerce de truffes, volailles truffées, moutarde verte, etc. Patrie du cardinal Dubois, du maréchal Brune, de Latreille, des Lasteyrie.

BRIVIESCA, Vivoresco, v. d'Espagne (Burgos), sur l'Oca, à 28 kil N. E. de Burgos. Jean I de Castille y tint en 1388 des Cortès où le titre de prince des Asturies fut confirmé à l'héritier présomptif de la couronne.

BRIVODURUM ou BRIARIA, auj. Briare.

BRIXEN, Brixia, v. des États autrichiens (Tyrol), à 70 kil. S. E. d'Innspruck; 3800 hab. Évêché qui fut longtemps état d'empire ; sécularisé en 1803 et donné à l'Autriche. Belle cathédrale. Bon vin.

BRIXENTES, peuple de la région des Alpes, habitait : 1° dans le N. E. de la Gaule Cisalpine, à l'O. du lac Benacus (lac de Garda) ; 2° dans la Rhétie, au N. des Isarci et des Medoaci. Les Brixentes de la Cisalpine avaient pour ch.-l. Brixia (Brescia); ceux de Rhétie ont laissé une trace dans le nom de Brixen.

BRIXHAM, v. d'Angleterre (Devon), sur la baie de Torbay, à 7 kil. N. E. de Dartmouth; 4500hab. Évêché anglican. Source intermittente. C'est à Brixam que débarqua Guillaume d'Orange en 1688.

BRIXIA. V. BRESCIA et BRIXEN.

BRIZEUX (A.), poëte breton, né en 1808 à Quimperlé (Finistère), mort en 1858 à Montpellier, se montra animé d'un amour également vif pour la poésie et pour la Bretagne, son pays. Il débuta en 1831 par le poëme de Marie, où s'exhalent ses sentiments intimes, publia en 1842 les Ternaires, où il essaya un rhythme nouveau, et consacra la plus grande partie de sa vie à un poëme national, les Bretons, qui parut peu d'années ayant sa mort. On lui doit aussi une traduction estimée, en prose, de la Divine Comédie de Dante (1843). Sa poésie se distingue par la pureté, la facilité et une sensibilité vraie

BROCARIO (Guillaume de), imprimeur espagnol, imprima de 1514 à 1516 la fameuse Bible polyglotte, dite de Ximenez ou d'Alcala, parce qu'elle fut préparée par le cardinal de Ximénès et imprimée àl'Université d'Alcala, 6 vol. in-fol. Elle renferme les textes hébreu, chaldéen, grec et latin, et coûta plus de 50 000 écus d'or.

BROCÉLIANDE, vaste forêt de l'anc. Bretagne, était située, selon les uns, entre les villes actuelles de St-Brieuc et de Quintin (Côtes-du-Nord), selon les autres, autour de Paimpont (Ille-et-Vilaine). C'est là, selon les légendes et les romans de chevalerie, que périt l'enchanteur Merlin. Son esprit erra longtemps dans la forêt, apparaissant aux mortels pour leur prédire l'avenir.

BROCHANT DE VILLIERS (André), géologue et minéralogiste, membre de l'Académie des sciences, né à Paris en 1773, mort en 1840, étudia à l'École polytechnique et fut successivement professeur de géologie, inspecteur général des mines et directeur de la manufacture des glaces de St-Gobain. On lui doit un Traité de minéralogie, 1801-2; un Traité de cristallographie, 1818; et la Carte géologique de la France, avec 3 vol. in-4 de texte, à laquelle il consacra 20 années de travaux. Dans ce grand travail, qui ne put paraître qu'après sa mort, il avait eu pour collaborateurs MM. Élie de Beaumont et Dufresnoy,

BROCKEN (mont), célèbre montagne de la Saxe prussienne, fait partie du Hartz, dont elle est le point culminant (1140m). Au soleil couchant, la réflexion des maisons et du paysage dans les nuages y donne lieu quelquefois à un phénomène de mirage connu sous le nom de spectre de Brocken.

BROCKHAUS (Frédéric Arnold), fondateur d'une célèbre maison de librairie à Leipsick, né à Dortmund (Westphalie) en 1772, mort en 1823, fut successivement libraire à Dortmund, à Amsterdam, à Altenbourg et à Leipsick. Pendant son séjour à Altenbourg, il entreprit la publication du dictionnaire connu sous le nom de Conversations Lexicon ; la 1re édition parut en 1810. Il a fait encore imprimer un grand nombre d'écrits périodiques et d'ouvrages importants, tels que l’Histoire des Hohenstaufen de Raumer, le Lexique bibliographique d'Ebert, la Bibliographie allemande d'Ersch.

BROD, v. forte des États autrichiens (Esclavonie), sur la r. g. de la Save, à 31 kil. S. E. de Poséga. — V. forte de Moravie, à 15 kil. E. de Hrœdisch; 3400 h. Château des princes de Kaunitz. — V. de Bohême (Czaslaw), sur la Sazawa; 4000 hab. Ziska y battit l'emp. Sigismond en 1422.

BRODEAU, famille originaire de Tours, a produit plusieurs gens de lettres estimés, entre autres Victor Brodeau, mort en 1540, secrétaire de Marguerite de Navarre et de François I et auteur de poésies prisées par Marot; — et Julien Brodeau, avocat au parlement, mort en 1653, auteur de Notes sur les arrêts de Louet, et d'une Vie de Dumoulin : ce dernier est mentionné dans les satires de Boileau.

BRODERSON (Abraham), gentilhomme suédois, fut aimé de la princesse Marguerite, fille de Waldemar, et contribua puissamment à faire placer sur la tête de cette princesse les trois couronnes du Nord (1397). Marguerite le combla d’honneurs. Éric de Poméranie, neveu de cette reine, et désigné pour lui succéder, jaloux de la faveur dont jouissait Broderson, le fit arrêter et décapiter en 1410.

BRODY, v. des États autrichiens (Galicie), à 58 kil. N. E. de Leinberg ; 25 000 hab. dont 20 000 Juifs. Presque toute en bois. Toiles, teintureries ; commerce avec la Turquie et la Russie, surtout en cire, miel, suifs, cuirs. Dévastée en 1859 par un incendie.

BROECK, vge de Hollande (Nord-Hollande), à 11 kil. N. E. d’Amsterdam ; 750 hab. Il est la demeure des riches hollandais, et est célèbre par sa minutieuse propreté. Les rues y sont pavées en briques ; les trottoirs en faïence, soigneusement lavés.

BROEMSEBRO, bourg de Suède, près de l’emb. de la Brœmse dans la Baltique, à 45 kil. S. O. de Calmar, célèbre par le traité de 1645 entre la Suède et le Danemark : les Suédois étaient affranchis des péages du Sund ; ils obtenaient les prov. de Iæmtetand et de Herjedale, les îles de Gothland et d’Œsel, et la possession du Halland pour 30 ans.

BROGHILL (Roger BOYLE, baron de). V. BOYLE.

BROGLIE ou CHAMBROIS, ch.-l. de cant. (Eure), à 11 kil. S. O. de Bernay ; 970 hab. Commerce de papiers et étoffes de laine.

BROGLIE ou BROGLIA, famille originaire de Quiers en Piémont, qui a fourni à la France plusieurs maréchaux et autres personnages distingués.

BROGLIE (Victor Maurice, comte de), né en 1639, mort en 1727, fit la guerre sous Louis XIV, se distingua à Senef et à Mulhausen en Alsace, et fut fait maréchal en 1724. - François Marie, duc de Broglie, 3e fils du précédent, né en 1671, mort en 1745, servit avec la plus grande distinction sous Luxembourg, Boufflers, Vendôme, Villars, et se signala surtout à Denain et à Fribourg. Fait maréchal en 1734, il commanda en Italie, remporta avec le maréchal de Coigny les batailles de Parme et de Guastalla, fut ensuite envoyé en Bohême, 1741, et ramena de Prague, avec Belle-Isle, une armée compromise. Jusqu’à lui sa famille n’avait porté que le titre de comte ; il fut fait duc en 1742. Il mourut dans l’exil, victime d’intrigues de cour. - Victor François, duc de Broglie, fils aîné du précédent, né en 1718, mort en 1804, battit les Prussiens à Sondershausen (1758) et à Berghen (1759). Nommé commandant de l’armée d’Allemagne, et créé maréchal à 42 ans, il remporta une nouvelle victoire à Corbach (1760) ; mais n’ayant pu s’accorder avec le maréchal de Soubise, qui était venu se joindre à lui, il fut disgracié. En 1789, Louis XVI lui confia le ministère de la guerre ; mais il fut bientôt forcé de se démettre et d’émigrer. Il commanda en 1792 l’armée des princes et entra en 1794 au service de la Russie. L’empereur d’Allemagne l’avait nommé en 1759 prince au St-Empire, en reconnaissance des (services qu’il lui avait rendus dans la guerre contre la Prusse. - Victor Claude, prince de Broglie, fils du précédent, fut député de la noblesse aux États généraux en 1789. Traduit devant le tribunal révolutionnaire, il périt sur l’échafaud en 1794, à l’âge de 37 ans. — Achille-Victor de Broglie, fils du précédent (1785-1870), devint gendre de Mme de Staël, se montra, sous la Restauration, l’un des défenseurs les plus fermes de la cause libérale, fut plusieurs fois ministre sous Louis-Philippe, et fit triompher la cause de l’abolition de l’esclavage. Il était membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences morales. — Son fils, le prince Albert de Broglie, né en 1821, est membre de l’Académie française.

BROGNI (J. ALLARMET de), cardinal, fils d’un paysan de Brogni, près d’Annecy, né en 1342, mort en 1426, fut d’abord gardeur de troupeaux. Étant entré dans l’Église, il obtint la faveur des papes Clément VII, Benoît XIII et Alexandre V ; fut fait cardinal (1385), et évêque de Viviers, puis archevêque d’Arles. Il présida le concile de Constance (1415), et y fit déposer l’antipape Benoît XIII (Pierre de Lune), quoiqu’il lui fût personnellement attaché. Son Histoire a été écrite par Soulavie, 1774.

BROMBERG, en polonais Bydgosz, v. des États prussiens (Posen), ch.-l. de régence, sur la Braa, à 113 kil. N. E. de Posen ; 8000 hab. Greniers d’abondance, haras. Draps, chapeaux, etc. Commerce en grains, bois, cuirs, laines, fer, etc. - La régence se divise en 9 cercles ; elle a 177 kil. sur 124, et 455 000 hab. Traversée par le canal de la Netze qui fait communiquer ensemble la Braa, la Netze, la Vistule, l’Oder, la Sprée, la Havel et l’Elbe.

BROMPTON, vge d’Angleterre (York), à 20 kil. E. de Richmond ; 1250 hab. Air salubre. Les Anglais y battirent les Écossais en 1138.

BRONGNIART (Alex. Théod.), architecte français, né à Paris en 1739, mort en 1813, se fit d’abord connaître par la construction d’un grand nombre de beaux hôtels particuliers, tels que ceux d’Osmond, de Frascati, de Montesson, donna les plans du couvent des Capucins-d’Antin (auj. lycée Bonaparte), du Père-Lachaise (cimetière de l’Est), et de la Bourse de Paris (1808), achevée après sa mort par Labarre.

BRONGNIART (Alexandre), minéralogiste, fils du précéd., né en 1770 à Paris, mort en 1847, devint ingénieur des mines en 1794, professeur d’histoire naturelle à l’École centrale des Quatre-Nations en 1796, remplaça Haüy comme professeur de minéralogie au Muséum, fut nommé en 1800 directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres, et entra en 1815 à l’Institut. Il avait débuté par un Mémoire sur l’art de l’émailleur, qui attira l’attention de Berthollet ; il donna en 1807 un Traité élémentaire de minéralogie, rédigea en 1812. de concert avec Cuvier, la Géographie minéralogique des environs de Paris (refondue en 1822), fit paraître en 1832 l’Histoire naturelle des crustacés fossiles (avec Desmarets), et en 1844 un Traité des arts céramiques ou des Poteries, 2 vol. in-8, avec atlas, œuvre capitale, qui résume les recherches de toute sa vie. Brongniart avait aussi cultivé avec succès la zoologie : on lui doit la division des reptiles en quatre ordres (sauriens, batraciens, chéloniens, ophidiens). Comme directeur de la manufacture de Sèvres, il renouvela et perfectionna l’industrie de la peinture sur verre, que l’on croyait perdue, et créa le Musée céramique (dont il a publié la Description avec M. Riocreux). — Son fils, Adolphe (1801-1872), a été prof. au Muséum, inspecteur général de l’Université, membre de l’Institut, et publié des travaux de botanique, notamment sur la botanique fossile et l’organographie.

BRONTE, v. de Sicile (Catane), près du mont Etna, à 40 kil. N. O. de Catane ; 10 000 hab. Anc. duché. Ferdinand IV donna en 1799 à Nelson le titre de duc de Broute.

BRONZINO (le), peintre. V. ALLORI.

BROOKE (Henry), écrivain irlandais, né en 1706, mort à Dublin en 1783, étudia d’abord le droit ; mais s’étant lié avec Pope et Swift, il se livra tout entier à la littérature, il a donné un poëme estimé, la Beauté universelle, en 6 chants ; plusieurs tragédies, dont la plus connue est Gustave Wasa, qu’on défendit de jouer à cause de la hardiesse des sentiments qui y sont exprimés, et plusieurs romans, le Fou de qualité, Juliette Grenville, etc. Ses œuvres diverses (non compris ses romans) ont été publiées à Londres en 1780, 4 vol. in-8. Gustave Wasa et le Fou de qualité ont été trad. en français.

BROOKE (mistriss), née Françoise MOORE, morte en 1789, a composé plusieurs romans, dont les plus connus sont : Rosina, Histoire de Julie Mandeville, Lettres de Juliette Catesby, et des poésies légères. Mariée à un ministre anglican du Canada, elle puisa dans ce pays plusieurs de ses plus belles scènes.

BROOKLYN, v. des États-Unis, dans le Long-Island, est comme un faubourg de New-York, dont elle n'est séparée que par l'East-River; env. 275 000 hab. (il n'y en avait que 4000 en 1810). Les Anglais y battirent les Américains en 1776.

BROONS, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 22 k. S. O. de Dinan. Près de là naquit Duguesclin.

BROSCHI (Carlo). V. FARINELLI.

BROSSAC, ch.-l. de c. (Charente), à 20 kil. S. E. de Barbezieux, 46 S. O. d'Angoulême: 309 hab.

BROSSARD (Sébastien de), maître de musique de la cathédrale de Strasbourg, puis de celle de Meaux, né vers 1660, mort en 1730, a composé un Dictionnaire de musique, où J. J. Rousseau a puisé la plupart des articles insérés dans le sien. Il avait formé une belle collection de musique, qu'il légua après sa mort au roi Louis XV, et qui se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque impériale.

BROSSES (Charles de), président. V. DEBROSSES.

BROSSETTE (Claude), né à Lyon en 1671, mort en 1743, fut avocat général, puis échevin de la ville de Lyon, et fonda en 1700 l'Académie de cette ville. On a de lui, outre des ouvrages de droit, des éditions estimées de Boileau et de Régnier, avec des éclaircissements historiques. Particulièrement lié avec Boileau, il avait entretenu avec lui, de 1699 à 1710, une correspondance suivie, qui a été publiée par Cizeron-Rival. 1770. Il avait aussi fait un commentaire sur Molière, qui s'est perdu.

BROTTEAUX (les), faubourg de Lyon. V. LYON.

BROTTIER (Gabriel), érudit français, né en 1723 à Tannay dans le Nivernais, mort a Paris en 1789, entra chez les Jésuites et fut, jusqu'à la suppression de l'ordre, bibliothécaire du collége Louis-le-Grand. On a de lui, outre des ouvrages de théologie et d'érudition, une édition fort estimée de Tacite, Paris, 1771, 4 vol. in-4, et 1776, 7 vol. in-12, avec des commentaires et des suppléments dans lesquels il a tâché de combler les lacunes qui restent dans l'ouvrage de l'historien latin. On lui doit aussi une édition de Pline le naturaliste, 1779, 6 vol. in-12, et du Plutarque d'Amyot, 22 v. in-8, 1783, etc. — Son neveu, l'abbé Brottier, publia ses œuvres posthumes, traduisit Aristophane pour le Théâtre des Grecs, de Brumoy, 1785. et rédigea le Journal de France en 1791. Impliqué avec Lavilleurnoy, en 1797, dans une conspiration contre le Directoire, il fut déporté à Sinnamari, où il mourut en 1798.

BROU, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), sur l'Ozanne, à 22 kil. S. O. de Châteaudun; 1895 hab. Laines.

BROU, hameau situé aux portes de Bourg-en-Bresse, renferme la célèbre église gothique de Notre-Dame-de-Brou, élevée de 1506 à 1536 par Marguerite d'Autriche, et où l'on admire le mausolée en marbre blanc de cette princesse et de Philibert le Beau, chef-d'œuvre de Mich. Colomb. Séminaire.

BROUAGE (LE), vge du dép de la Charente-Inf., à 6 kil. N. de Marennes, vis-à-vis d'Oléron; 250 h. Petit port. Anc. place forte, canal destiné à dessécher les marais; dépôt de poudre à canon. Patrie du navigateur Champlain.

BROUGHTON (Will. Robert), navigateur anglais, né en 1763 dans le comté de Glocester, mort à Florence en 1822, commandait le brick le Chatham dans la célèbre expédition du capitaine Vancouver. Il découvrit en 1790 plusieurs îles à l'emb. de la Colombia, sur la côte occ. de l'Amérique du N., et leur donna son nom (V. l'art, suiv.) ; reconnut les États du Japon, la côte orientale de l'Asie, ainsi qu'une partie de l'Océanie, et eut part à la prise de Java, 1797. Il a laissé une relation de son Voyage dans le Nord de l'Océan Pacifique, trad. par Eyriès, 1807.

BROUGHTON (archipel), groupe d'îles situées sur la côte occid. de l'Amérique septent., au N. de l'île Quadra-et-Vancouver, par 50° 47' lat. N., et 128° 56' long. O. — Autre groupe d'îles, dans l'Océanie, à l'E. de la Nouvelle-Zélande par 44° lat. S. et 178° long. O.; l'île Chatam en est la principale. Ces 2 archipels ont été découverts par W. R. Broughton.

BROUSSAIS (Victor), médecin français, né à St-Malo en 1772, mort à Paris en 1838, fut élève de Bichat et de Pinel. D'abord médecin aux armées, il fit en cette qualité toutes les campagnes de la République et de l'Empire. Rentré en France en 1814, il fut nommé médecin ordinaire, puis médecin en chef du Val-de-Grâce. Déjà en 1808 il avait publié une Histoire des phlegmasies chroniques, dans laquelle il combattait le système médical alors universellement adopté : en 1817, il fit paraître son Examen des doctrines médicales, ouvrage où il critiquait vivement les doctrines reçues et qui opéra une révolution dans l'école. Il le fit bientôt suivre des Annales de la médecine physiologique, revue périodique, de Traité de Physiologie pathologique, 1825, et du Traité sur l'irritation et la folie, 1828. Après 1830, il fut nommé professeur de pathologie à la Faculté de médecine et inspecteur du service de santé; il devint membre de l'Académie des sciences morales et politiques lors de son rétablissement (1831). Broussais expliquait tous les phénomènes pathologiques par l'irritation et l'inflammation des tissus, surtout de ceux du canal intestinal, et préconisait le traitement antiphlogistique; mais on l'accuse d'avoir professé un système exclusif et d'avoir abusé de la saignée. Dans ses dernières années, il adopta les opinions du Dr Gallet les défendit avec la même chaleur qu'il avait mise à défendre son propre système. Il fut, en outre, un des plus ardents adversaires des doctrines psychologiques et spiritualistes. M. Mignet a lu en 1840 une Notice sur Broussais à l'Académie des sciences morales. Un monument lui a été érigé en 1841 au Val-de-Grâce.

BROUSSE, BOURSE, BURSA, Prusa chez les anc. v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), ch.-l. de livah, à 95 k. S. E. de Constantinople, sur le flanc de l'ancien mont Olympe; env. 100 000 hab. (Turcs, Grecs, Juifs, Arméniens). Archevêchés grec et arménien. Ville forte, château fort; rues étroites; mosquées nombreuses, mais presque toutes en ruines; eaux thermales aux env. Commerce actif avec Alep et Smyrne, surtout en tapis, toiles, soieries. Séjour d'Abd-el-Kader de 1852 à 1855. — Prusa était la capitale des rois de Bithynie; elle appartint ensuite aux Romains, puis aux empereurs grecs jusqu'en 1325, époque à laquelle Orkhan s'en empara. Il en fit la capitale de ses États, jusqu'à la prise d'Andrinople (1360). Elle fut brûlée par Timour en 1377, rasée par Isa, son fils, rebâtie par Mahomet II, prise de nouveau et brûlée par Soliman, et presque détruite par un tremblement de terre en 1855. V. PRUSA.

BROUSSEL (Pierre), conseiller au parlement, se signala pendant la Fronde par une vive opposition aux mesures du gouvernement. La régente Anne d'Autriche l'ayant fait arrêter (1648), le peuple de Paris se souleva et exigea son élargissement pendant la journée des Barricades, mais sans succès. L'année suivante, il fut nommé gouverneur de la Bastille, dont le peuple venait de s'emparer. En 1651, les Frondeurs le nommèrent prévôt des marchands. Quand l'ordre fut rétabli, il fut excepté de l'amnistie; il mourut en exil.

BROUSSON (Claude), ministre protestant, né à Nîmes en 1647, exerça pendant longtemps avec distinction la profession d'avocat à Toulouse. Forcé de quitter la France à cause de sa foi, il se réfugia en Suisse, puis en Hollande, où les États généraux lui firent une pension; mais plusieurs fois il rentra secrètement, et prêcha dans plusieurs provinces, surtout dans les Cévennes. Ayant été pris à Oléron, il fut rompu vif, en 1698, comme coupable d'avoir prêché l'insurrection et d'avoir entretenu des intelligences avec l'ennemi. Il a laissé une curieuse Relation des merveilles que Dieu fait dans les Cévennes, 1694.

BROUSSONNET (Pierre Marie Auguste), naturaliste et médecin, membre de l'Académie des sciences, né en 1761 à Montpellier, m. dans cette ville en 1807, suppléa Daubenton au Collége de France et à l'École vétérinaire (1784), et fut secrétaire de la Société d’agriculture. Revêtu en 1789 de fonctions civiles, il devint ensuite membre de l’Assemblée législative, entra dans le parti des Girondins et fut proscrit avec eux ; il erra quelque temps en Espagne, en Portugal, et visita Maroc, utilisant ses courses pour le progrès de l’histoire naturelle. Rentré en France sous le Consulat, il fut nommé consul à Mogador, puis aux Canaries, et enfin professeur de botanique à Montpellier. Broussonnet est le premier qui ait appliqué à la zoologie le système de nomenclature et de description de Linnée. Il a aussi rendu de grands services à l’agriculture. Ses principaux ouvrages sont : Ichthyologiæ decas prima, Londres, 1782 ; l’Année rurale, calendrier à l’usage des cultivateurs, Paris, 1787 ; la Feuille du Cultivateur, avec Parmentier, Dubois, etc. ; et une foule de mémoires. On lui, doit l’introduction en France des premiers troupeaux de mérinos et de chèvres d’Angora, ainsi que la découverte de l’arbre qui donne la résine sandaraque.

BROUVELIEURES, ch.-l. de cant. (Vosges), à 16 k. S. O. de St-Dié ; 451 h.

BROUWERSHAVEN, vge de Hollande (Zélande), dans l’île de Schouwen, sur la côte N. O., à 10 k. N. O. de Zirikzée ; 700 h. Patrie de Catz.

BROWN (Robert), sectaire anglais, né vers 1550 à Northampton, mort en 1630, s’éleva contre la hiérarchie ecclésiastique, la liturgie anglicane et la forme des sacrements, et enseigna une doctrine très-analogue à celle des Puritains, avec une forte teinte de républicanisme. Persécuté et emprisonné pour ses opinions, il se réfugia dans la Zélande, où il continua à prêcher sa doctrine. Revenu en Angleterre en 1585, il finit par se soumettre et obtint une paroisse dans le comté du Northampton. On a de lui : Réformation sans concessions, Middelbourg, 1582.

BROWN (Maximilien), feld-maréchal au service de l’Autriche. issu d’une famille irlandaise, né à Bâle en 1705, mort en 1757, rendit de grands services à Marie-Thérèse : il gagna en 1746 la bataille de Plaisance, s’empara de Gênes, repoussa en 1756 le roi le Prusse qui avait envahi la Bohême, et lui livra la même année la bataille de Lowositz, qu’il perdit. Il fut blessé mortellement à la bataille de Prague.

BROWN (James), ministre anglican, né en 1715 à Rothbury (Northumberland), mort en 1766, a composé un Essai sur la satire, en vers, 1750 ; une Appréciation des mœurs du temps, 1757, ouvrage qui, selon Voltaire, ranima l’esprit public ; une Histoire de la poésie, 1764 (trad. en français par Eidous) ; des tragédies, des sermons et des écrits sur l’éducation : ces derniers lui firent une telle réputation que l’impératrice de Russie lui proposa de venir à Pétersbourg organiser les écoles ; mais au moment de partir il se coupa la gorge dans un accès de mélancolie.

BROWN (John), médecin écossais, né en 1736 dans le comté de Berwick, mort en 1788, était fils d’un pauvre journalier. Ayant montré de bonne heure une grande aptitude à l’étude, il fut envoyé à Édimbourg, où il étudia la médecine, tout en donnant des leçons pour vivre. Il s’y acquit une grande réputation par ses cours et sa pratique, devint en 1780 président de la Société médicale d’Édimbourg, publia des Elementa medicinæ, où il exposait un nouveau système de médecine, et eut bientôt un grand nombre de sectateurs, connus sous le nom de Brownistes. Ayant dissipé par son inconduite la fortune qu’il avait acquise par ses talents, il fut forcé de s’éloigner d’Édimbourg, se rendit en 1786 à Londres, où sa misère ne fit qu’augmenter, et fut emprisonné pour dettes. Il y mourut au moment où l’ambassadeur de Prusse lui proposait un établissement avantageux à Berlin. Brown expliquait tout par une propriété vitale qu’il nommait incitabilité, et réduisait la médecine à l’art d’augmenter ou de diminuer l’incitation par le sage emploi des stimulants. Ses Éléments de médecine ont été trad. par Bertin et Fouquier, 1805.

BROWN (Thomas), professeur de philosophie à Édimbourg, né en 1778 à Kirkmabreck près d’Édimbourg, mort en 1820, exerça d’abord la médecine, puis professa la philosophie et suppléa Dugald-Stewart dans sa chaire de philosophie morale à partir de 1810. Il a composé un Essai sur la relation de cause et effet, 1814, des Esquisses de la physiologie de l’esprit humain, 1820 (inachevées), et a laissé des Leçons sur la philosophie de l’esprit humain, qui ont été pub. après sa mort, 1822 ; cet ouvrage, généralement bien écrit, est devenu classique dans la Grande-Bretagne et aux États-Unis ; l’auteur s’éloigne souvent de Reid et Stewart, pour suivre Hume. Thomas Brown a aussi compose des poésies estimées.

BROWN (Ch. BROCKDEN), romancier et publiciste américain, né à Philadelphie en 1771, mort en 1810, donna six romans qui eurent un grand succès, Wieland, 1798, Ormond, 1798, Arthur Merwyn, 1799, Edgar Huntley, 1800, Clara Howard, les Mémoires d’Ét. Colvert, 1801, et publia plusieurs revues : The Monthly Magasin and American review, the Literary Magazine and American register, etc.

BROWNE (Thom.), médecin, né à Londres en 1605, mort en 1682, s’est fait connaître par un ouvrage intitulé : la Religion du médecin, 1642, qui fut traduit en français (par Nic. Lefebvre, 1668), et par un essai sur les erreurs vulgaires, Pseudodoxia epidemica, 1646, trad. par Souchay, 1733.

BROWNE (Will. George), voyageur anglais, né à Londres en 1768, pénétra le premier dans le Darfour (1793), et y fut retenu 3 ans prisonnier, puis explora les bords de la mer Caspienne et fut assassiné en 1813, en allant de Tauris à Téhéran. Il avait publié ses Voyages en Afrique, en Égypte et en Syrie ; ils ont été traduits par Castéra, 1800.

BROWNISTES. V. BROWN (John).

BRUANT (Libéral), architecte du XVIIe s., m. vers 1690, s’est immortalisé en élevant l’hôtel des Invalides (1671-1675) : c’est lui qui donna les plans de ce magnifique monument, et qui en dirigea l’exécution, à l’exception du dôme qui est de J. Hardoin Mansart. On doit encore à Bruant, entre autres œuvres remarquables, l’église de la Salpêtrière à Paris et le château de Richemont en Angleterre. Son style est noble, grand et simple. Bruant fut membre de l’Académie d’architecture dès la fondation (1671).

BRUAT (Armand Joseph), amiral, né à Colmar en 1796, mort en 1855, était capitaine de vaisseau lorsqu’il fut nommé, en 1843, gouverneur des îles Marquises, puis des établissements de l’Océanie. Il réussit, malgré les intrigues anglaises, à faire accepter par la reine de Taïti, Pomaré, le protectorat de la France, obtint à son retour le grade de contre-amiral, fut nommé en 1849 gouverneur des Antilles, maintint l’ordre et le travail dans les colonies malgré la récente émancipation des esclaves, fut appelé en 1854, pendant la campagne de Crimée, à prendre le commandement en chef de la flotte française, se distingua par une expédition hardie dans la mer d’Azov, ainsi que par la prise de Kinburn (15 oct. 1855), et reçut en récompense le titre d’amiral ; mais il fut peu après enlevé par une maladie sur le vaisseau même qui le ramenait en France.

BRUCE (Robert), comte d’Annandale, seigneur écossais, issu de la maison royale, fils de Robert Bruce le Noble, disputa le trône à Bailleul après la mort d’Alexandre III (1286), et s’unit au roi d’Angleterre, Édouard I, pour triompher de son rival ; mais il fut trompé par le monarque anglais qui, après la victoire, refusa de lui donner le trône. Il s’unit ensuite à Wallace pour délivrer l’Écosse, mais il l’abandonna par jalousie, et s’allia de nouveau avec les Anglais ; cependant il revint à la cause nationale après la défaite de Wallace à Falkirk (1298).

BRUCE (Robert), d’abord comte de Carrick, puis roi d’Écosse sous le nom de Robert I, était fils du précéd. Il vécut d’abord à la cour d’Édouard I, puis s’esquiva de Londres, souleva l’Écosse et se fit couronner à Scône, 1306. Il défit Édouard II à la bat. de Bannockburn (1314). Après de nombreux combats, il fit reconnaître son indépendance par Édouard III, en 1329. Il mourut dans la même année. Il est le héros d'un poëme composé vers 1380, par J. Barbour, d'Aberdeen. — Son frère, Édouard Bruce, fut proclamé en 1315 roi d'Irlande : il périt à Dundalk, dans un combat singulier contre un Anglais.

BRUCE (David), roi d’Écosse sous le nom de David II, fils de Robert Bruce, succéda à ses droits en 1329. Privé pendant quelque temps de ses États par Édouard III, qui avait placé Bailleul sur le trône, il y rentra en 1342 avec le secours de Philippe de Valois, roi de France, et fit la guerre à Édouard III, Après avoir obtenu quelque succès, il fut vaincu et pris à Nevill's Cross (1346), et resta pendant 10 ans captif à la tour de Londres. Édouard lui rendit enfin la liberté, à la sollicitation de sa sœur Jeanne, que Bruce avait épousée. Il mourut en 1371, laissant la couronne à Robert Stuart, son neveu.

BRUCE (Jacq.), voyageur écossais, né à Kinnaird en 1730, mort en 1794. Après s'être enrichi dans le commerce, il se mit à voyager pour se distraire du chagrin que lui causait la perte de sa femme. Il visita l'Espagne, le Portugal, fut nommé en 1763 consul à Alger, profita des facilités que lui offrait ce titre pour parcourir toute l'Afrique septentrionale, puis pénétra dans l'Abyssinie, et se mit à la recherche des sources du Nil (1768-72). Après une longue absence, il revint en Angleterre où on le croyait mort, et y publia en 1773 la relation de son Voyage à la recherche des sources du Nil, trad.par Castéra, 1790. Bruce a beaucoup ajouté aux connaissances que l'on avait sur la géographie et l'histoire naturelle de l'Abyssinie, mais il n'a pas découvert, comme il le croyait, les sources du vrai Nil; il a seulement remonté jusqu'à la source du Bahr-el-Azrek, un des principaux affluents du fleuve.

BRUCHIUM, quartier d'Alexandrie. V. ALEXANDRIE.

BRUCHSAL, v. du grand-duché de Bade, ch.-l. de cercle, à 19 kil. N. E. de Carlsruhe: 8000 hab. Hôtel de ville, château qui était jadis la résidence de l'évêque de Spire. École de jeunes aveugles; haras. Mine de sel, commerce de sel.

BRUCKER (J. J.) savant allemand, né à Augsbourg en 1696, mort en 1770, fut professeur d'histoire de la philosophie à Iéna, puis pasteur de l'église de St-Ulric à Augsbourg, et fut élu membre de l'Académie de Berlin. Il est auteur de l’Historia critica philosophiæ a mundi incunabulis ad nostram usque ætatem deducta, Leipsick, 1741-44 et 1767, 6 vol. in-4, vaste et savante compilation où les opinions des philosophes sont exposées avec exactitude, et jugées avec une grande liberté. L'auteur en donna lui-même un abrégé sous le titre d’Institutiones historiæ philosophicæ, 1747 et 1756. Il avait préludé à son grand ouvrage par plusieurs dissertations dont la plus importante est Historia philosophica de ideis, Augsbourg, 1723. Il publia aussi en 1747, sous le titre de Pinacotheca scriptorum, une biographie des savants, avec portraits, et en 1748 : Miscellanea historiæ philosophicæ, litterariæ, criticæ, etc.

BRUCTÈRES, Bructeri, peuple germanique, qui habitait sur les bords de l'Ems, entre les Frisii au N., les Batavi à l'O., les Usipii au S., les Dulgibini à l'E., s'étendait jusqu'à la Lippe, le Weser et le Weept. Ils occupaient l'emplacement de la Westphalie et du roy. de Hanovre, territoire marécageux d'où ils avaient tiré leur nom (brüch, marais). Ils combattirent Drusus sur l'Ems l'an 12 av. J.-C., contribuèrent à la défaite de Varus (9 de J.-C.), soutinrent les Chérusques et les Marses dans leurs guerres contre les Romains, et favorisèrent la révolte de Civilis, 69. Ils fuient subjugués plus tard par les Saxons. Beaucoup d'entre eux entrèrent alors dans la milice romaine; le reste se mêla aux Francs.

BRUÉ (A. H.), un de nos meilleurs cartographes, né en 1796, mort en 1832 à Paris, a donné divers atlas et des cartes spéciales également remarquables par la pureté de la gravure et l'exactitude des renseignements. Son principal titre est son Atlas universel : publié d'abord en 1820 en 36 cartes, cet atlas a été graduellement augmenté par lui et par Picquet. Brué dessinait directement sur cuivre (en grec cypron) : il a donné aux cartes dressées par ce procédé le nom de cartes encyprotypes.

BRUEYS (David Augustin de), poëte et théologien, né à Aix en 1640, mort à Montpellier en 1723, fut élevé dans la religion protestante, fut converti par Bossuet (1681), écrivit plusieurs ouvrages en faveur de sa nouvelle religion et finit par entrer dans l'état ecclésiastique. S'étant alors fixé à Paris, il prit du goût pour le théâtre et composa, soit seul, soit en société avec Palaprat, son compatriote et son ami, plusieurs comédies qui eurent du succès. Ses pièces les plus connues sont : le Grondeur, 1691 ; le Muet, 1691 ; l'Important de cour, 1693 ; le Sot toujours sot, 1693; les Empiriques, 1698; l'Avocat patelin, 1706, imité d'une ancienne farce attribuée à tort à P. Blanchet. Il s'est aussi essayé, mais avec moins de succès, dans la tragédie. Ses œuvres littéraires ont été publiées en 1735, 3 vol. in-12, et en 1812, par Auger, 2 vol. in-18.

BRUEYS (Fr. Paul de), contre-amiral, né en 1753 à Uzès, commandait la flotte qui conduisit en Égypte l'armée aux ordres de Bonaparte (1798). Ayant trop tardé, après avoir débarqué ses troupes, à quitter les côtes de l’Égypte, il fut attaqué par l'amiral Nelson près d'Aboukir; son escadre fut presque entièrement détruite, et il périt lui-même après avoir fait des prodiges de valeur (1er août 1798). Une statue lui a été érigée à Uzès (1857).

BRUGELETTE, bourg de Belgique (Hainaut), sur la Dendre, à 22 kil. N. O, de Mons; 1800 hab. Les Jésuites y ont eu un collége florissant, qu'ils ont abandonné depuis leur retour en France.

BRUGES, v. de Belgique, ch.-l. de la Flandre occid., à 121 kil. N. O. de Bruxelles, sur le canal de Gand à Ostende; 50 000 h. Évêché, université, sociétés savantes, bibliothèque, musée. Église N.-Dame où se trouve le tombeau de Charles le Téméraire, hôtel de ville, palais épiscopal, palais de justice (anc. palais de Philippe le Bon), halle, dont la tour possède le plus beau carillon de l'Europe ; chemin de fer, canal qui unit Bruges à Ostende. Dentelles renommées, toiles, serges, étoffes de laine, draps, savon, eau-de-vie, bière, fonderie de cloches. Patrie de Berken, Stévin, etc. Le peintre J. Van Eyck s'y fixa, d'où il fut dit Jean de Bruges. — Anc. capit. des comtes de Flandre, Bruges passa ensuite aux comtés de Bourgogne, contre lesquels elle se révolta fréquemment : les Français y furent massacrés en 1302. La ville fut occupée par les Français en 1745 et 1794. Ch.-l. du dép. de la Lys sous l'Empire, elle fut comprise dans le roy. des Pays-Bas en 1815, et dans la Belgique en 1832. Très-riche au moyen âge, grâce à l'industrie du tissage des laines, des tapisseries, de la taille des diamants, Bruges était un des principaux entrepôts de la Hanse; elle est auj. fort déchue.

BRUGG, bourg de Suisse (Argovie), sûr l'Aar, prèe de l'emb. de la Reuss. Beau port. Patrie de Zimmermann. Près de Brugg était le château de Habsbourg.

BRUGNATELLI (Louis Gaspard), médecin et chimiste italien, membre de l'Institut de Milan, né à PavIe en 1761, mort en 1818, fut professeur de l'Université de Pavie, et contribua puissamment, par ses écrits et ses découvertes, à répandre en Italie le goût des études physiques et chimiques. On lui doit plusieurs publications importantes : Journal physico-médical, 20 vol., 1792-1796; Annales de chimie, 22 vol; 1790-1805; Journal de physique, de chimie et d'histoire naturelle, 11 vol. 1808-1818; Pharmacopée générale, 2 vol. 1811; Éléments de chimie, etc. Il avait proposé une réforme de la nomenclature chimique qui ne fut pas adoptée.

BRUHL, v. des États prussiens (prov. Rhénane), à 13 kil. S. de Cologne; 2500 hab. Aux environs, superbe château, dit des Électeurs et d’' Augustenbourg, construit en 1725 par Clément-Auguste de Bavière, auj. détruit. Mazarin se retira à Bruhl lorsqu'il fut exilé en 1651.

BRUHL (Henri, comte de), premier ministre et favori d'Auguste III, électeur de Saxe et roi de Pologne, né en 1700, mort en 1764, s'est rendu tristement célèbre par les malheurs que la Saxe et la Pologne essuyèrent sous son administration, ainsi que par son faste et ses prodigalités. Il a laissé à la ville de Dresde une collection de 62 000 volumes.

BRUIX (Eustache), amiral français, né en 1759 à St-Domingue, mort en 1805, fit avec distinction la campagne d'Amérique, fut exclu du service en 1793 avec tous les officiers de l'ancien corps de marine ; mais se fit rappeler dès 1794, devint peu après major général de la marine à Brest, puis contre-amiral et enfin ministre de la marine, 1798. Vice-amiral l'année suivante, il réussit presque miraculeusement à sortir de Brest qui était bloqué par les Anglais, gagna la Méditerranée et ravitailla Gênes où Masséna était bloqué. Nommé amiral en 1803, il devait commander la flottille rassemblée à Boulogne pour faire une descente en Angleterre, mais le délabrement de sa santé l'en empêcha et il mourut peu après.

BRULON, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 39 kil. N. O. de La Flèche; 1228 hab.

BRUMAIRE (le 18) an VIII, journée mémorable dans laquelle le général Bonaparte renversa le Directoire, peu après son retour d’Égypte. Soutenu par les hommes les plus éclairés et les plus influents de l'époque, il obtint la démission de 4 des Directeurs et fit transférer les Conseils de Paris à St-Cloud. Le lendemain, ayant rencontré quelque résistance au Conseil des Cinq-Cents, il fit évacuer par une compagnie de grenadiers la salle où délibérait ce Conseil, puis il forma, avec Sieyès et Roger-Ducos, un nouveau gouvernement sous le nom de Consulat provisoire. Ces journées répondent aux 9 et 10 novembre 1799.

BRUMATH ou BRUMPT, ville d'Alsace-Lorraine, 17 kil. N. O. de Strasbourg; 4545 hab. Station.

BRUMOY (Pierre, dit le Père), savant jésuite, né à Rouen en 1688, mort en 1742, vint de bonne heure à Paris, fit l'éducation du prince de Talmont, travailla au Journal de Trévoux, fut chargé de continuer l’Histoire de l'église gallicane, commencée par Longueval et Fontenay (il en rédigea les vol. XI et XII), et se fit connaître avantageusement par plusieurs autres publications historiques et littéraires. La plus importante est le Théâtre des Grecs, contenant des traductions et des analyses des tragiques grecs, avec de savantes remarques, 1730, 3 vol. in-4, et 1747, 6 vol. in-8. Cet ouvrage a été publié de nouveau, avec de grandes améliorations, par MM. Rochefort et Laporte-Dutheil, Prévost et Brottier, 1785-89, 13 vol. in-8, et par Raoul Rochette, 1825, 16 vol. On a encore de Brumoy un Recueil de diverses pièces en prose et en vers, où l'on remarque deux poëmes latins, l'un sur les Passions, l'autre sur la Verrerie.

BRUNCK (Rich. Fr. Phil.), helléniste français, né à Strasbourg en 1729, mort en 1803, fut commissaire des guerres, puis receveur des finances, et ne commença que vers l'âge de 30 ans à cultiver la littérature grecque, à laquelle il a rendu d'éminents services. On lui doit un grand nombre d'éditions estimées. Les principales sont : Analecta veterum poetarum græcorum, 3 vol. in-8, Strasbourg 1776 : c'est une édition de l’Anthologie beaucoup plus complète que les précédentes; Anacréon, 1778 et 1786; Apollonius de Rhodes, 1780 ; Aristophane, 1783; les Gnomiques, 1784; Sophocle, 1786 et 1789 : ce dernier travail est son chef-d'œuvre. On reproche à Brunck trop de hardiesse dans ses corrections.

BRUNDISIUM ou BRUNDUSIUM. V. BRINDES.

BRUNE (G. M. A.), maréchal de l'Empire, né en 1763 à Brive-la-Gaillarde, mort en 1815, était fils d'un avocat au présidial de sa ville natale. Il adopta avec ardeur les principes de la Révolution, se lia avec Danton et se fit d'abord connaître par quelques écrits politiques. Ayant pris du service en 1793, il devint bientôt général de brigade. Il se distingua à la bat. d'Arcole (1796), fut envoyé en 1799 en Hollande, battit les Anglo-Russes à Bergen, à Castricum, reprit le Helder, força l'ennemi, par la capitulation d'Alkmaer, à évacuer la Hollande, fut envoyé de là dans la Vendée, qu'il pacifia (1800), puis en Italie, où il se couvrit de gloire, força le passage du Mincio (15 déc. 1800), et fut nommé maréchal à l'avénement de Napoléon (1804). Chargé en 1807 du gouvernement des villes hanséatiques, il prit Stralsund; néanmoins il encourut peu après une disgrâce. Quand Napoléon revint de l'île d'Elbe, il lui offrit ses services et fut chargé d'un commandement dans le Midi. Peu après la bataille de Waterloo, il fut assassiné à Avignon par la populace royaliste ameutée : ce crime resta impuni. Brive lui a érigé une statue (1841).

BRUNEHAUT, reine d'Austrasie, née en 534, était fille d'Athanagilde, roi goth d'Espagne, et épousa en 566 Sigebert, roi d'Austrasie. Voulant venger sa sœur Galsuinte, femme de Chilpéric, roi de Neustrie, qui était devenue victime des intrigues de Frédégonde, elle fit déclarer la guerre par Sigebert au roi de Neustrie ; elle allait s'emparer de la personne du roi, quand Frédégonde fit assassiner Sigebert à Vitry-sur-Scarpe (575). Devenue elle-même prisonnière de son ennemie, elle ne s'échappa qu'à la faveur de l'amour qu'elle sut, dit-on, inspirer à Mérovée, fils de Chilpéric. Brunehaut gouverna l'Austrasie sous la minorité de Childebert, son fils, et de Théodebert, son petit-fils. Chassée d'Austrasie par une sédition, elle se réfugia en Bourgogne, auprès d'un autre de ses petits-fils, Thierri II, et exerça dans ce pays une grande influence. Clotaire II, fils de Chilpéric et de Frédégonde, devenu roi de toute la monarchie en 613, se fit livrer Brunehaut, et la mit à mort en la faisant attacher par les cheveux à la queue d'un cheval indompté. Les historiens portent sur cette reine les jugements les plus contradictoires, mais tous s'accordent à louer la beauté de sa personne et la supériorité de son esprit. Elle avait essayé d'introduire chez les Francs les arts et les formes administratives des Romains. On voit en Belgique, en Flandre et en Bourgogne différents ouvrages, notamment de belles chaussées, qui portent encore le nom de Brunehaut; mais la plupart sont plutôt l'œuvre des Romains que de la reine d'Austrasie. On doit à M. Flobert une Étude sur Brunehaut, 1860.

BRUNEL (Marc Isambert), ingénieur français, né en 1769 à Hacqueville (Eure), m. à Londres en 1849, montra de bonne heure un goût instinctif pour la mécanique, servit quelque temps dans la marine française; émigra en 1793, résida six ans aux États-Unis, où il exécuta d'importants travaux, notamment le Théâtre de New-York, alla en 1799 se fixer en Angleterre, y inventa et y appliqua plusieurs machines ingénieuses qui l'enrichirent promptement, entre autres une machine à fabriquer les poulies pour la marine, une scierie de bois d'acajou et de marqueterie, un moulin à scier pour l'arsenal de Chatham, et mit le sceau à sa renommée en formant et exécutant le hardi projet d'un tunnel sous la Tamise : conçus dès 1819, ses plans ne commencèrent à être mis à exécution qu'en 1824; le travail ne fut terminé qu'en 1842. Élu dès 1813 membre de la Société royale de Londres, Brunel en devint en 1833 le vice-président. Il était correspondant de l'Institut. — Son fils, né à Portsmouth en 1806, mort en 1859, le seconda dans la plupart de ses travaux, dirigea la construction du chemin de fer le Great-Western et s'appliqua également avec succès à la construction des bâtiments et des machines à vapeur : c'est lui qui construisit le steamer colossal qui porta successivement les noms de Léviathan et de Great-Eastern.

BRUNELLESCHI (Phil.), architecte célèbre, né à Florence en 1377, mort en 1444, fut d'abord apprenti orfèvre. Un voyage qu'il fit à Rome lui inspira le goût de l'architecture; il se forma par l'étude des monuments antiques. Ses dessins furent préférés à ceux de tous les autres artistes que les Florentins avaient appelés à concourir au plan de la célèbre coupole de l'église de Santa-Maria-del-Fiore, et il fut chargé d'exécuter ce monument, l'un des chefs-d'œuvre de l'art. Il fournit aussi les dessins d'une foule d'autres ouvrages, parmi lesquels on cite la citadelle de Milan, les digues du Pô à Mantoue, l'église du St-Esprit, les plans de l'église St-Laurent et le palais Pitti à Florence. Michel-Ange, plein d'admiration pour Brunelleschi, disait qu'il était difficile de l'imiter et impossible de le surpasser.

BRUNET (J. Jos. MIRA, dit), acteur comique, né à Paris en 1766, m. en 1851, fournit la plus grande partie de sa carrière aux Variétés, et devint l'un des propriétaires et des administrateurs de ce théâtre. Il jouait avec un naturel inimitable les rôles de niais, et il attira la foule pendant près d'un demi-siècle. Jocrisse, Innocentin, Cadet-Roussel, Monsieur Vautour étaient ses triomphes.

BRUNETTO LATINI, écrivain italien, né à Florence vers 1220, joua un rôle important parmi les Guelfes; fut député par son parti vers Alphonse, roi de Castille, pour lui demander du secours, et fut forcé de s'exiler lorsque les Gibelins eurent triomphé (1260). Il se réfugia à Paris et séjourna 24 ans dans cette ville, cultivant et enseignant les lettres et la philosophie ; il y compta le Dante au nombre de ses élèves. Il ne retourna dans son pays qu'en 1284 et y mourut en 1294. Brunetto Latini composa à Paris le Trésor de toutes choses, écrit en français, espèce d'encyclopédie où il traitait de l'histoire sacrée et civile, de la géographie, de la morale, de la politique, etc. Cet ouvrage, qui se trouve en manuscrit à la Bibliothèque royale (n. 7066-69), a été publié par M. Chabaille dans les Documents inédits de l'histoire de France; il avait été traduit et publié en italien à Trévise dès 1474, par Buono-Giamboni, et réimprimé à Venise, 1533, et à Florence, 1824. On a encore de lui une grammaire, le Livre de la bonne parleure, et plusieurs ouvrages de rhétorique et de morale en italien.

BRUNFELS (Othon), botaniste et médecin, né à Mayence vers 1470, mort en 1534, était d'abord chartreux. Il quitta le cloître lors de la prédication de Luther, devint maître d'école à Strasbourg, puis se fit recevoir médecin (1530), et exerça la médecine à Strasbourg et à Berne. Il publia un assez grand nombre d'ouvrages sur la médecine, la matière médicale et la botanique. Le plus important est Herbarum vivæ icones, Strasbourg, 1530-36, 3 vol. in-fol., avec des gravures d'une fidélité remarquable.

BRUNI (Léonard), connu sous le nom de l'Arétin, écrivain italien, né en 1369 à Arezzo, mort en 1444 à Florence, fut secrétaire apostolique d'Innocent VI et de trois de ses successeurs. Il se retira à Florence, où il fut nommé chancelier de la république en 1415. Le plus important de ses ouvrages est une Histoire de Florence, en 12 livres, en latin, publiée en 1610. On a de lui les Vies de Dante et de Pétrarque, des Lettres et des Mémoires (Commentarii rerum suo tempore gestarum), précieux pour l'histoire de son temps. Il étudia un des premiers la littérature grecque et traduisit plusieurs ouvrages d'Aristote, de Démosthène, de Plutarque, etc.

BRUNIQUEL, bourg du dép. du Tarn-et-Garonne, à 34 k. de Montaubau; 1600 hab. Hauts fourneaux, raffineries, martinets. Station du chemin du Midi.

BRUNN, v. des États autrichiens (Moravie), ch.-l. de cercle, sur la Zwittau et la Schwartza, à 107 kil. N. E. de Vienne; 50 000 hab. Évêché, cour d'appel, gymnase, école de sourds-muets, musée, bibliothèque, jardin botanique. Chemin de fer, église St-Jacques, hôtel de ville, palais du prince Lichtenstein, théâtre; fabriques de draps, flanelles, lainages, soieries, mousselines, toiles, etc. Commerce de transit important. Près de la v. est la célèbre prison d'État du Spielberg (V. ce nom). Anc. place forte, démantelée par les Français en 1809. — Brünn a été la capit. de toute la Moravie; elle est auj. ch.-l. du cercle de Brünn et de tout le gouvt de Moravie et de Silésie. — Le cercle, entre ceux de Hradisch, d'Olmütz, de Znaym, l'Autriche et la Bohême, a 88 k. sur 62, et 370 000 h.

BRUNNEN, bourg de Suisse (Schwitz), à 4 kil. S. O. de Schwitz, sur le lac des Quatre-Cantons. Célèbre par l'alliance perpétuelle qu'y firent en 1315 les cantons de Schwitz, d'Uri, d'Underwald, et qui fut l'origine de l'indépendance de la Suisse.

BRUNO, fils de Ludolf (chef de la 1re maison de Saxe), fut duc de Saxe de 859 à 880, et bâtit vers 861 la v. qui de son nom a été appelée Brunswick.

BRUNO ou BRUNON, dit le Grand, archevêque de Cologne et duc de Lorraine, né en 928, m. en 965, était 3e fils de l'empereur Henri l'Oiseleur, et frère d'Othon. Il succéda en 923 à Wicfred, archevêque de Cologne, se signala par sa bonté et sa piété, et eut une part active aux affaires de son temps.

BRUNO (S.), fondateur de l'ordre des Chartreux, né à Cologne vers 1030, mort en 1101. Après avoir été revêtu de plusieurs dignités ecclésiastiques et avoir refusé l'archevêché de Reims (1080), il se retira avec six de ses compagnons dans un désert voisin de Grenoble, auj. appelé la Chartreuse (1084), et y fonda un monastère où il mena la vie la plus austère (V. CHARTREUX). Appelé à Rome en 1089 pas le pape Urbain II, dont il avait été le maître, il l'aida de ses conseils; mais il refusa les dignités que le pontife lui offrait, et se retira en 1094 pour aller fonder en Calabre, auprès de Squillace, une nouvelle Chartreuse, où il finit ses jours. Il a laissé quelques écrits théologiques, Paris, 1524, et Cologne, 1611 et 1640. Sa vie a été écrite par le P. de Tracy, 1786. Son histoire, représentée en 26 tableaux par Lesueur, ornait le cloître des Chartreux de Paris; ces tableaux se trouvent auj. au Louvre. On l'honore le 6 octobre.

BRUNO (Jordano), philosophe italien, né vers 1550 à Nole en Campanie, était d'abord dominicain. Ayant conçu des doutes sur la religion, il sortit de son couvent, se rendit à Genève (1580), et, après y avoir conféré avec le célèbre Théodore de Bèze, embrassa le Calvinisme. En 1682 il vint à Paris où il enseigna la philosophie, attaquant Aristote et préconisant le Grand art de Raymond Lulle. Il passa de là en Angleterre (1585), puis séjourna à Wittemberg, à Prague, à Francfort. Ayant eu l'imprudence de rentrer en Italie, il fut arrêté à Venise par l'inquisition, conduit à Rome et brûlé vif, comme hérétique et violateur de ses vœux, en 1600. Jordano Bruno s'était fait un système de panthéisme fort analogue à celui qu'enseigna depuis Spinosa : il soutenait que Dieu est la substance et la vie de toutes choses (natura naturans), et que l'univers est un animal immense dont Dieu est l'âme. Il mêlait à ce système des idées pythagoriciennes; il accordait en outre une grande importance, à l'art de Lulle. Ses principaux ouvrages sont : De umbris idearum, Paris, 1582; Spaccio della Bestia trionfanti (Expulsion de la bête triomphante), Londres, 1584, allégorie où il combat la superstition; Della causa, principio e uno, 1584; Dell' infinito universo e mondi, 1584; De monade, numero et figura, Francf., 1591. Ses Œuvres ont été recueillies par A. Wagner, Leips., 1829-30,2 v. in-8, et par Gfrœrer, Stuttgard, 1834-36. On doit à M. Debs J. Bruni vita et placita, Par., 1844, et à M. Bartholmess J. Bruno, 1847.

BRUNONIS VICUS, nom latinisé de BRUNSWICK.

BRUNOY, vge de Seine-et-Oise, à 15 k. N. de Corbeil, à 22 k. S. E. de Paris, sur l'Yère; 1000 h. Station du chemin de fer de Paris à Lyon.

BRUNSWICK (duché de), État du nord de l'Empire allemand, entre les États de Prusse, d'Anhalt et de Hesse; 400 000 hectares; 280 000 h. Capit., Brunswick. Le duché se divise en six districts : Brunswick, Holzminden, Wolfenbuttel, Helmstædt, Gandersheim, Blankenburg, auxquels il faut joindre la principauté d'Œls en Silésie, propriété particulière du grand-duc. Sol fertile, quoique sablonneux; mines assez nombreuses; excellents chevaux; industrie assez développée : toiles, draps, papiers, grandes brasseries. La majorité des habitants professe la religion luthérienne. Le gouvernement est monarchique et constitutionnel ; la succession passe aux femmes en cas d'extinction des mâles. Le duc de Brunswick a deux voix dans le conseil fédéral de la Confédération de l'Allemagne du Nord. — Le Brunswick faisait autrefois partie du 1er duché de Saxe. Une 1re maison de Brunswick, qu'on nomme aussi Brunswick-Hanovre, fut commencée au IXe s. sous Othon I, duc de Saxe, par Bruno son neveu, qui fonda Brunswick. Cette maison s'éteignit dès 1090, avec Ekbert II. Ses possessions passèrent par une suite de mariages aux Nordheim, aux Supplenbourg, enfin aux célèbres Welfs ou Guelfs (issus de la maison d'Est), en la personne d'Henri le Superbe, duc de Saxe et de Bavière. Henri le Lion, mis au ban de l'empire et dépouillé de son duché de Saxe, obtint en 1194 le pays de Brunswick. Quand les Guelfes eurent définitivement été vaincus, Othon l'Enfant, leur héritier, recueillit ce qu'il put des riches débris allodiaux de sa maison, en fit hommage à l'empereur Frédéric II, et les reçut de lui en fief immédiat avec le titre de duché de Brunswick (1235). A partir de 1252, la maison de Brunswick se divise en deux lignes : maison de Brunswick et maison de Lunebourg. La 1re forme elle-même, en 1279, les branches de Grubenhagen, éteinte en 1596, et de Gœttingue, scindée à son tour dès 1347 en rameau de Gœttingue et rameau de Brunswick. En 1368, l'anc. ligne de Lunebourg s'éteignit, mais le rameau de Brunswick, se subdivisant encore, fournit, en 1431, la moyenne maison de Lunebourg et la moyenne maison de Brunswick. Celle-ci, après s'être divisée en branche de Wolfenbüttel et branche de Kalenberg, s'éteignit en 1634. La moyenne maison de Lunebourg se divisa, en 1521, en ligne de Harbourg (éteinte en 1642), et ligne de Zelle, partagée dès 1569 en deux branches : Danneberg ou nouvelle maison de Brunswick, Lunebourg ou nouvelle maison de Lunebourg, dite aussi maison (auj. royale) de Hanovre. Cette dernière obtint la dignité électorale en 1692, en la personne d'Ernest-Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg (V. ci-dessous). Après s'être divisée encore en deux rameaux, Lunebourg ou Zelle, Kalenberg ou Hanovre, elle est réduite auj. à une seule branche : c'est elle qui est montée sur le trône d'Angleterre en la personne de George I. La nouvelle maison de Brunswick s'était de même partagée en deux branches : 1° Brunswick-Wolfenbüttel, 2° Brunswick-Bevern, réduites dès 1735 à une seule, qui prit le nom de Brunswick-Wolfenbüttel. Le duché de Brunswick fut annexé par Napoléon en 1807 au roy. de Westphalie; mais il recouvra son indépendance en 1814. En 1820 le Brunswick reçut une constitution ; en 1830, le duc Charles, hostile à cette constitution, vit éclater une révolution, et fut obligé de fuir. Il fut remplacé en 1831 par son frère Guillaume. Le duché de Brunswick fait partie de l'Union douanière prussienne.

BRUNSWICK, Brunonis vicus ou Brunopolis en latin moderne, capit. du duché de Brunswick, sur l'Ocker, à 55 k. E. S. E. d'Hanovre; 38 000 h. Chemin de fer pour Berlin et Hanovre. Cathédrale construite par Henri le Lion, château dit Graue hof, résidence du duc, obélisques des ducs Charles-Ferdinand et Frédéric-Guillaume ; jolies promenades. Prévôté, maison provinciale, bâtiments de la chambre des comtes, arsenal, monnaie, opéra, bel hôtel de ville ; muséum d'antiquités, de peinture, etc.; célèbre Collegium Carolinum, école de chirurgie et d'anatomie ; deux gymnases, institution de sourds-muets et d'aveugles, 2 bibliothèques; industrie : soieries, lainages, toiles, couleurs, tabac, amidon; produits chimiques, sel de Glauber, porcelaines, ouvrages de carton, etc. Grand commerce; deux foires importantes. Patrie du romancier Aug. Lafontaine. — Brunswick doit son nom à Bruno, duc de Saxe, qui la bâtit vers 861 ; elle entra en 1247 dans la ligue hanséatique et fut soumise en 1671 par le duc Rodolphe Auguste.

BRUNSWICK (NOUV.), contrée de l'Amérique du N. et l'un des gouvts de la Nouv.-Bretagne, par 45°-49 lat. N., 66°-70° long. O., entre le fleuve St-Laurent au N., les États-Unis à l'O. et au S., la Nouvelle-Écosse et le golfe St-Laurent à l'E. Environ 230 000 h. Ch.-l., Frédériktown. Pays extrêmement froid; grandes forêts de sapins et de cèdres, qu'on y exploite. — Ce pays, découvert en 1534 par J. Cartier, appartint d'abord à la France et fit partie de l'Acadie. Après de longues contestations, la France le céda en 1763 à l'Angleterre.

BRUNSWICK (Othon, duc de), dit l'Enfant, chef de la maison ducale de Brunswick, issu des Guelfes, et petit-fils de Henri le Lion, succéda à son père Guillaume à 10 ans. Il s'empara de la ville de Brunswick en 1227 et, du consentement des citoyens, prit le titre de duc, avant même d'avoir reçu de l'empereur l'investiture de ce duché. Il fit sa paix avec l'empereur en 1235, à la diète de Mayence, et en reçut l'investiture de ses États, comme fiefs de l'empire, avec le titre de duc de Brunswick et de Lunebourg. Il mourut en 1252. Ses deux fils aînés, Henri et Jean, se partagèrent ses États, et furent la tige l'un de la maison des ducs de Brunswick, et l'autre de ceux de Brunswick-Lunebourg.

BRUNSWICK (Othon de), prince cadet de la maison de Brunswick, quitta son pays où il n'avait pas d'héritage à espérer, alla en Italie faire le métier de condottiere, y acquit une telle réputation que Jeanne I, reine de Naples, veuve pour la 3e fois, le choisit pour époux, afin d'avoir en lui un appui contre les ennemis qui la menaçaient (1376). Il ne put cependant empêcher Charles de Durazzo de s'emparer de Naples et d'en chasser Jeanne (1381). Fait lui-même prisonnier, il ne sortit de captivité qu'au bout de trois ans. Il passa ensuite au service de Louis II d'Anjou, prit Naples (1387) et punit ceux qui s'étaient déclarés contre Jeanne. Il mourut en 1399.

BRUNSWICK-LUNEBOURG (Christian, duc de), évêque luthérien d'Alberstadt, né en 1599, s'attacha pendant la guerre de Trente ans à la cause de l'électeur-palatin Frédéric V, élu roi de Bohême. Après la fuite de ce prince, battu à Prague, il saccagea la Hesse et l'électorat de Mayence, pillant les églises et se proclamant ami de Dieu, ennemi des prêtres, fut battu par les Impériaux sur le Mein, alla en 1622 se mettre au service des Hollandais insurgés contre l'empereur, et réussit à faire lever aux Espagnols le siége de Berg-op-Zoom; mais fut défait par Tilly, et obligé de fuir. Il commençait à relever ses affaires lorsque la mort le surprit, 1626.

BRUNSWICK (Auguste, duc de), né en 1579, monta en 1636 sur le trône ducal et consacra son règne à réparer les maux que la guerre de Trente ans avait infligés à son pays. C'est lui qui créa la célèbre bibliothèque de Wolfenbüttel (1644). Mort en 1666.

BRUNSWICK-LUNEBOURG (Ernest Auguste, duc de), électeur de Hanovre, né en 1620, mort en 1698, s'unit en 1675 à l'empereur et à l'Espagne contre la France, et remporta quelques avantages sur le maréchal de Créqui. L'empereur, en récompense de ses services, lui conféra la dignité d'électeur (1692), créant en sa faveur un 9e électorat. Il avait épousé Sophie, fille de l'électeur palatin Frédéric et petite-fille, par Élisabeth sa mère, de Jacques I, roi d'Angleterre : ce qui donnait à sa famille des droits au trône d'Angleterre, sur lequel monta en effet son fils George Louis, sous le nom de George I.

BRUNSWICK (Ferdinand, duc de), habile général, né en 1721, mort en 1792, servit d'abord sous Frédéric le Grand, roi de Prusse, puis commanda pour George II les troupes anglaises et hanovriennes dans la guerre de Sept ans, 1757, s'empara de Minden, et chassa les Français de la Hesse (1762). Il quitta le service à la paix (1763), et consacra le reste de sa vie à la franc-maçonnerie et à des pratiques théosophiques. Il a laissé des Mémoires, publ. seulement en 1858 à Leipsick par E. Knesebeck.

BRUNSWICK-LUNEBOURG (Ch. Guill. Ferd., duc de), général au service de la Prusse, longtemps nommé le Prince héréditaire, né en 1735, fit ses premières armes sous Ferdinand de Brunswick, son oncle, se distingua dans la guerre de Sept ans (1756-63), puis dans une campagne des Prussiens contre la Hollande (1787), et fut choisi pour général en chef des armées coalisées contre la France en 1792. Après avoir publié un manifeste menaçant (25 juillet 1792), il entra en Champagne avec une armée considérable ; mais, vaincu à Valmy, il traita avec Dumouriez. Ayant repris un commandement en 1805, il fut battu à Iéna et mortellement blessé d'un coup de feu près d'Auerstaedt. — Son fils, Guill.-Fréd., duc de Brunswick, né en 1771, fut tué à Waterloo (1815), et laissa deux fils : l'un, Charles, après avoir gouverné quelque temps, fut, à cause de ses excentricités, renversé par une insurrection et déclaré par la Diète germanique incapable de gouverner (1830), et m. en 1873 ; l'autre, Fréd.-Guill., né en 1806, est le duc régnant.

BRUSCAMBILLE, comédien dé l'Hôtel de Bourgogne au commencement du XVIIe siècle, réussit dans la farce. On lut avec empressement ses Fantaisies, ses Plaisantes imaginations, ses Prologues facétieux, ses Bons mots, toutes choses qui ne sont plus recherchées que comme des curiosités.

BRUSQUET, fou du roi, remplaça Triboulet, et vécut à la cour de François I et de ses successeurs. Il avait d'abord exercé la médecine et avait été employé au camp d'Avignon : mais il fit tant de victimes par son ignorance qu'on allait le pendre, quand le Dauphin, depuis Henri II, eut pitié de lui et le prit à son service. Il obtint la place de maître de poste à Paris, et il y fit fort bien ses affaires ; mais ayant été soupçonné de huguenotisme, il fut pillé et se vit forcé de fuir (1562). Il mourut l'année suivante. Brantôme raconte de lui une foule de tours des plus comiques.

BRUT. On a nommé ainsi d'anciennes chroniques bretonnes et anglaises, soit en souvenir d'un prétendu Brutus, arrière-petit-fils d'Énée, regardé comme le premier roi des Bretons, soit du mot Brud, bruit, rumeur, et par suite récit, annales. On connaît surtout le Brut de Wace (V. WACE), et celui de Layamon (pubLà Londres en 1847), qui en est une paraphrase.

BRUTIUM, auj. la Calabre ultérieure, prov. de l'Italie méridionale, avait au N. la Lucanie, et partout ailleurs était baignée par la mer. Elle se divisait en Brutium cismontain ou occidental, et Brutium transmontain ou oriental. Elle faisait partie de la Grande Grèce et avait pour villes principales Thurium (l'anc. Sybaris), Locres, Rhegium, Crotone, Pandosie, Scylacium, Hipponium. Le mot Brutii voulait dire esclaves fugitifs, et le nom de Brutium avait été donné à ce pays, dit-on, parce que ses montagnes servaient de refuge aux esclaves fugitifs, ou bien à cause de la lâcheté avec laquelle les habitants s'étaient soumis à Annibal sans combat. Les Romains avaient fait dès 270 av. J. C. la conquête du Brutium.

BRUTUS (L. Junius), Romain célèbre par son amour pour la liberté, était fils de M. Junius et de Tarquinie, 2e fille de Tarquin l'Ancien. Ayant vu de bonne heure son père et son frère assassinés par Tarquin le Superbe, et craignant le même sort, il contrefit l'insensé pendant plusieurs années (d'où son surnom de Brutus). Après l'outrage fait à Lucrèce par Sextus Tarquin, il leva le masque, harangua le peuple, fit chasser les rois (509 av. J. C.) et proclama la république. Il fut aussitôt nommé consul, avec Collatin, mari de Lucrèce. Il distribua au peuple le domaine royal, compléta le sénat, mutilé par Tarquin, rétablit les lois de Servius, et repoussa les attaques du roi détrôné. Dans son amour pour la liberté, il ne balança point à condamner et à faire exécuter ses propres fils qui avaient conspiré pour rétablir les Tarquins. Il périt dans un combat singulier avec Aruns, fils de Tarquin, en perçant aussi mortellement son adversaire (508). Les dames romaines portèrent son deuil pendant une année.

BRUTUS (M. Junius), rigide républicain, fils de M. J. Brutus, partisan de Marius, et de Servilie, sœur de Caton d'Utique, naquit en 86 av. J.-C., suivit le parti de Pompée dans la guerre civile, et combattit à Pharsale (48). César, qui l'aimait, et qui, même, disait-on, était son père, l'appela auprès de lui après sa victoire, et le combla de faveurs. Ces caresses ne l'empêchèrent point d'entrer dans la conspiration formée contre le dictateur. César, au moment de mourir, le voyant au nombre des conjurés, s'écria : « Et toi aussi, mon fils ? » Après ce meurtre, Brutus, poursuivi par Antoine, se réunit à Cassius, et livra bataille à Antoine et à Octave dans les plaines de Philippes en Macédoine. Il fut vaincu, et se tua de désespoir, l'an 42 av. J.-C. On dit qu'il s'écria en mourant : « Vertu, tu n'es qu'un nom ; » mais cette parole désespérante n'a rien d'authentique. Brutus cultivait les lettres et la philosophie : il embrassa le Stoïcisme. Il avait composé un éloge de Caton d'Utique et d'autres ouvrages qui ne nous sont pas parvenus ; il ne reste de lui que quelques lettres à Cicéron et à Atticus. Cicéron lui avait dédié son traité De claris oratoribus. Plutarque a écrit sa Vie.

BRUTUS (Decimus Junius), parent du précédent, fut au nombre de ceux, qui conspirèrent contre César. Après la mort du dictateur, il s'enferma dans Modène, força Antoine à lever le siége de cette ville, le chassa de l'Italie, et fut honoré du triomphe ; mais il fut vaincu à son tour par le triumvir, et périt assassiné en se retirant dans les Gaules.

BRUTUS, personnage légendaire, qui aurait été le premier roi des Bretons. V. BRUT.

BRUXELLES, capit. de la Belgique, ch.-l. du Brabant, sur la Senne, à 266 kil. N. E. de Paris, 370 par Valenciennes et Quievrain ; 180 000 h. Plusieurs chemins de fer. Magnifiques promenades (le Parc, l'Allée-Verte, les nouveaux boulevards, le château de Laeken, aux portes-de la ville), 14 portes, 27 ponts, belles églises, entre autres celles de Ste-Gudule, des Sablons, de Notre-Dame, etc.; places Royale et St-Michel, palais du Roi, du Prince-Royal, des États, de Justice ; hôtel de ville gothique, monnaie, salles de spectacle, etc. Université libre, acad. roy. des sciences et belles lettres. soc. roy. des beaux-arts, de Concordia, de Flore ; athénée, jardin botanique, bibliothèques, observatoire superbe, serres du jardin d'horticulture, nombreuses collections en tout genre. Industrie et commerce très-développés : dentelles renommées, dites point de Bruxelles, tissus et étoffes de laine, de fil, etc. ; bonneterie, chapeaux, bougies, amidon, tabac, vitriol, produits chimiques ; calandres, filatures ; imprimeries de toute espèce, longtemps employées à la contrefaçon d'ouvrages français ; brasseries, tanneries, raffineries de sel et de sucre ; carrosserie et sellerie. Patrie des deux Champagne, des Duquesnoy, de Van der Meulen, Van-Helmont, Vésale, Feller, Clerfayt, du prince de Ligne, etc. — Bruxelles n'était qu'un modeste bourg au VIIe siècle. Elle ne reçut son nom qu'en 1044, lorsqu'elle fut entourée de murs. Elle était alors le séjour des ducs de Brabant ; elle fut la capit. des Provinces-Unies depuis 1567, du roy. de Belgique depuis 1831. De 1815 à 1831, elle avait été une des deux capitales du royaume des Pays-Bas. Bombardée par les Français en 1695, prise en 1746, par le maréchal de Saxe, mais bientôt rendue, prise de nouveau en 1792, elle a appartenu à la France de 1795 à 1814 ; elle était le ch.-l. du dép. de la Dyle.

BRUYÈRE (L.), ingénieur et professeur à l'École des ponts-et-chaussées, né à Lyon en 1788, mort en 1831, a exécuté le canal de St-Maur, en partie souterrain (1808-1811), a rétabli la machine de Marly et a dirigé à Paris une foule de grands travaux, entre autres la construction de l'Entrepôt des vins. BRUYÈRES, ch.-l. de cant. (Vosges), à 25 kil. N. E. d'Épinal; 2056 hab. Coutellerie, eaux minérales.

BRUYS (Pierre de), hérésiarque du XIIe siècle, parcourut le Dauphiné, la Provence et le Languedoc, déclamant contre les abus du clergé, abattant et brûlant les croix, rebaptisant les enfants, enseignant que les églises sont inutiles, que l'on ne doit pas prier pour les morts, que Dieu n'est pas dans l'Eucharistie, etc. Il fut brûlé vif par les habitants de St-Gilles (Gard), en 1147. — Ses disciples furent appelés de son nom Pétrobrusiens. Ils furent les précurseurs des Vaudois.

BRUZEN DE LA MARTINIÈRE. V. LAMARTINIÈRE.

BRYENNE (Nicéphore), général de l'empereur grec Michel Parapinace. Craignant l'effet des défiances de son maître, il se révolta en 1077, et se fit proclamer empereur à Dyrrachium; mais il fut vaincu, pris, et eut les yeux crevés (1079). — Son fils, nommé aussi Nicéph. Bryenne, fut en faveur auprès d'Alexis Comnène, qui lui donna sa fille Anne en mariage, avec le titre de césar. Cependant Bryenne ne put se faire nommer son successeur. Ayant tenté de prendre Antioche sur les Latins, il échoua et revint mourir à Constantinople, en 1137. Il a écrit l’Histoire des empereurs Isaac Comnène, Constantin Ducas, Romain Diogène et Michel Parapinace (de 1057 à 1071), Paris, 1661 (dans la collection des Byzantins). Cette histoire a été traduite par le président Cousin.

BRZESC, v. de Pologne. V. BRESTS.

BRZEZANY, v. des États autrichiens (Galicie), ch.-l. de cercle, à 65 kil. S. E. de Lemberg; 5000 hab.

BUA (île), dite aussi île des Perdrix, île des États autrichiens, dans la mer Adriatique, sur la côte de Dalmatie, à 32 kil. N. O. de Spalatro ; 3500 hab. Ch.-l., Bua. Elle communique avec Trau par un môle.

BUACHE (Phil.), géographe, né à Paris en 1700, mort en 1773, se forma sous le géographe Delisle, dont il épousa la fille; fut nommé en 1729 premier géographe du roi, et devint l'année suivante membre de l'Académie des sciences. Il établit la division du globe par bassins de rivières et de mers, subordonnés les uns aux autres. Il croyait à l'existence d'un continent austral, opinion que les découvertes postérieures n'ont pas confirmée. Il a publié en 1754 un Atlas physique, et adonné plusieurs mémoires.

BUAT (du), historien. V. DUBUAT.

BUBACÈNE, anc. prov. d'Asie, au N. du mont Paropamise, formait la partie S. E. de la Bactriane.

BUBASTE, en latin Bubastis ou Bubastus, auj. Tell-Basta? anc v. de la B.-Égypte, au S. E. de Léontopolis, sur une branche du Nil dite bras bubastique, était ch.-l. du nome Bubastite, et avait été ainsi nommée en l'honneur de Bubastis, déesse égyptienne, analogue à la Diane des Grecs. C'est là que commençait le canal du Nil à la mer Rouge.

BUBNA (le comte Ferd. de), général autrichien, né en Bohême en 1760, mort en 1825, fut aide de camp de l'archiduc Charles, remplit diverses missions diplomatiques en 1812 et 1813 auprès de Napoléon, commanda en 1813 le corps d'armée qui pénétra en France par Genève, en 1815 un autre corps d'armée en Savoie, et fut repoussé par Suchet. Il fut nommé en 1821 gouverneur de la Lombardie.

BUC, vge de Seine-et-Oise, sur la Bièvre, à 3 k. S. de Versailles; 700, hab. Aqueduc remarquable qui fournit de l'eau à Versailles.

BUCENTAURE, bâtiment de parade dont on se servait à Venise pour la célébration du mariage du doge avec la mer, cérémonie qui s'accomplissait le jour de l'Ascension. C'était une sorte de galère très-haute, sans mâts ni voiles, desservie par des rameurs et couronnée par une espèce d'estrade demi-circulaire, d'où chaque année le doge jetait un anneau d'or dans l'Adriatique comme signe qu'il l'épousait. Cette coutume remonte à l'an 1177. Le Bucentaure tirait son nom de ce qu'il portait à la proue l'image d'un Centaure monté sur un bœuf.

BUCÉPHALE, cheval d'Alexandre. Ce prince était le seul qui pût le monter. Plusieurs fois Bucéphale lui sauva la vie en le dégageant du fort de la mêlée. Il fut tué dans l'Inde, sur les bords de l'Hydaspe, dans une bataille contre Porus. Au lieu où il périt fut fondée une ville du nom de Bucéphalie; elle était située vis-à-vis de Nicée, au N. du roy. de Taxile.

BUCER (Martin), un des plus ardents propagateurs de la Réforme, né à Schelestadt en 1491, mort en 1551, était d'abord dominicain. Il quitta son couvent en 1521, se maria, prêcha la réforme et exerça 20 ans à Strasbourg le double emploi de ministre et de professeur de théologie. Il contribua à la trêve qui fut conclue entre les partisans de Luther et ceux de Zwingle à la suite des conférences de Marbourg en 1529, ainsi qu'à l'accord de Wittemberg en 1536. Il alla en 1545 en Angleterre et professa la théologie à Cambridge jusqu'à sa mort. Il flotta toute sa vie entre la doctrine de Luther et celle de Zwingle ; en Angleterre, il se montra favorable à la hiérarchie anglicane. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages ; le meilleur est une Explication des psaumes, Strasbourg, 1529. On remarque dans ses écrits une grande subtilité. Les Strasbourgeois le regardent comme leur apôtre.

BUCH (le captalat de), subdivision du Bordelais, avait pour ville principale La Teste de Buch. Ses anciens seigneurs, célèbres dans l'histoire de la Guyenne, se qualifiaient captals ou capoudals.

BUCH (Léopold de), géologue prussien, né en 1774, à Stolpe (Uckermark), mort en 1853, visita le Vésuve, les volcans éteints de l'Auvergne, les Alpes et les montagnes de l'Allemagne, les îles Scandinaves, les Hébrides, les Canaries, fit faire de grands pas à la géologie et à la paléontologie, et fut, en récompensé de ses services, nommé chambellan du roi de Prusse. Élève de Werner, il adopta d'abord la doctrine neptunienne de son maître; mais il se rallia plus tard aux doctrines vulcaniennes et à la théorie des soulèvements. On a de lui : Description géognostique de la Silésie (1797), Observations géognostiques faites en Allemagne et en Italie (1802-1809), Voyage en Norvège et en Laponie (1810), Description physique des îles Canaries (1825), et la Carte géognostique de l'Allemagne (1832). Il était membre de l'Académie de Berlin et associé de l'Institut. M. Flourens a lu à l'Institut en 1856 une Notice sur ce savant.

BUCHAN, petite contrée de l’Écosse, enclavée dans la partie E. du comté d'Aberdeen, se termine par le cap Buchan-ness.

BUCHAN (J. STUART, comte de), général écossais, amena un corps d'Écossais au secours de Charles VII, aida à battre les Anglais à Baugé, 1421, fut pris au siége de Crevant, mais bientôt échangé, reçut en 1424 la charge de connétable, avec le comté d’Évreux, fut battu à Verneuil et tué devant Orléans, 1428.

BUCHAN (Guill.), médecin écossais, né en 1729, mort en 1805, dirigea l'hôpital des enfants trouvés d'Ackworth (Yorkshire), puis s'établit à Édimbourg en 1770 et y publia la Médecine domestique, qui a eu de nombreuses éditions et a été trad. par Duplanil, Paris, 1789. Il pratiqua depuis à Londres. On lui doit aussi le Conservateur des mères et des enfants, trad. par De Presle, 1804.

BUCHANAN (George), poëte latin moderne et historien, né en 1506 en Écosse, mort en 1582, fit ses études à Paris, fut professeur à la communauté de Ste-Barbe, puis retourna en Écosse, et devint précepteur d'un fils naturel de Jacques V, le fameux comte de Murray. Ayant écrit une satire contre les Franciscains, il fut emprisonné (1539), puis se réfugia en France, et enseigna pendant plusieurs années à Bordeaux et à Paris. Appelé en Portugal pour enseigner à Coïmbre (1547), il éprouva dans ce pays de nouvelles difficultés à cause de la hardiesse de ses opinions. Il repassa en Écosse en 1560 et y embrassa le Protestantisme. La reine Marie Stuart le chargea de la direction d'un collége, et voulut lui confier l'éducation de son fils ; il ne s'en déclara pas moins contre cette princesse dans les troubles qui suivirent, et fut nommé par les États précepteur du jeune roi Jacques VI. Il consacra les dernières années de sa vie à des compositions historiques. Ses ouvrages, tous en latin, se composent : 1o de poésies parmi lesquelles on distingue la Paraphrase des Psaumes, des épigrammes, deux satires contre les moines : Fratres fraterrimi et Franciscanus, le poëme de la Sphère, les tragédies de Jephté et S. Jean-Baptiste ; 2o d’ouvrages en prose, dont les principaux sont : De Maria regina ejusque conspiratione, libelle qui en déshonorant Marie Stuart a nui à la réputation de l’auteur lui-même ; De jure regni apud Scotos, remarquable par le libéralisme des idées ; et l’Histoire d’Écosse, en 12 livres, le plus estimé de tous. On a donné des éditions complètes de ses Œuvres, 2 vol. in-fol., Édimbourg, 1714, et 2 vol. in-4, et Leyde, 1725. Ses ouvrages sont à l’Index à Rome.

BUCHAREST, BUKHAREST ou BOUKHAREST, c.-à-d. la ville de la joie, Thyanus ? capit. de la Valachie, sur la Dumbovitza, à 444 kil. N. O. de Constantinople ; env. 140 000 hab. Résidence de l’hospodar ; archevêché grec, école grecque, collége français, bibliothèque, société scientifique. Ville spacieuse, mais mal bâtie ; 60 églises, 20 couvents ; 30 caravansérails ; beaux palais du prince, de l’archevêque, des envoyés autrichien et russe. Toiles, tapis, distilleries d’eau-de-vie. Commerce très-actif avec l’Allemagne, la Russie et la Turquie. — Capitale depuis 1698 (après Tergovist). Prise sur les Turcs en 1769 par les Russes, en 1774 et en 1789 par les Autrichiens, et toujours rendue. Un traité fut conclu en 1812 à Bucharest entre la Russie et la Porte ottomane, par lequel cette dernière cédait aux Russes la Bessarabie, une partie de la Moldavie, et acceptait le Pruth pour limite ; la Valachie était placée sous la protection de la Russie.

BUCHARIE, contrée d’Asie. V. BOUKHARIE.

BUCHMANN. V. BIBLIANDER.

BUCHHOLZ, v. du roy. de Saxe (Zwickau), à 2 k. S. O. d’Annaberg ; 2500 hab. Mines d’argent et de cobalt. Charlemagne y défit Witikind en 780.

BUCHON (J. Alex.), né en 1791 près de Bourges, m. en 1846, prit une part active aux efforts du parti libéral sous la Restauration, puis se renferma dans les travaux d’érudition et fut nommé en 1828 inspecteur des archives et bibliothèques ; mais il fut destitué sous le ministère Polignac à cause de ses opinions. Chargé en 1830 d’une mission en Grèce, il rapporta des documents précieux. On lui doit la publication des Chroniques françaises du XIIIe au XVIe siècle, 1824-29, 47 vol. in-8, des Chroniques étrangères relatives aux expéditions françaises du XIIIe siècle, 1840, ainsi que de savantes Recherches sur la domination française dans les provinces de l’empire grec, 1840-1842. Il fut un des fondateurs du Panthéon littéraire et y publia plusieurs Mémoires inédits.

BUCHOVINE. V. BUKOWINE.

BUCHY, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 24 kil. N. E. de Rouen ; 560 hab.

BUCKEBURG, ch.-l. de la principauté de Lippe-Schaumburg ; 3600 h. Château, résidence du prince.

BUCKINGHAM, Neomagus, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de même nom, à 88 kil. N. O. de Londres, sur la r. d. de l’Ouse, à 90 k. de Londres par chemin de fer. Fabrique de dentelles blanches. — Le comté, situé entre ceux de Northampton, Bedford, Hereford, Middlesex, Berks, Oxford, a 75 k. sur 31, et 160 000 hab. Il est traversé par le grand canal dit de Great-Junction. Marbre, ocre, terre à foulon ; pâturages, belles laines. Manufacture de dentelles et d’étoffes de coton, papeteries, ouvrages en paille. — Après la conquête, le comté de Buckingham fut donné par Guillaume à Gautier Gifford, un de ses compagnons d’armes. En 1377, il fut conféré à Thomas Woodstock, dernier fils d’Édouard III. Il passa en 1445 à Edmond, comte de Stafford, qui fut créé duc l’année suiv., en 1703 à John Sheffield, et en 1784 à la famille Grenville, qui en porte auj. le titre.

BUCKINGHAM (George VILLIERS, duc de), favori de Jacques I et de Charles I, né en 1592 dans le comté de Leicester, d’une famille Normande. Doué de toutes les grâces du corps et de l’esprit, il plut à Jacques, qui éloigna pour lui son favori Somerset. Il fut élevé en moins de deux ans aux plus hautes dignités. Créé marquis, puis duc de Buckingham, il devint premier ministre et fut le dispensateur de toutes les faveurs. Il n’usa de son pouvoir que pour satisfaire sa cupidité et celle du roi ; s’enrichit, grâce à la faiblesse et à la connivence au chancelier Bacon, en établissant des taxes injustes, en vendant des privilèges ; fit casser plusieurs parlements, et entraîna son pays dans des guerres désastreuses. Envoyé en Espagne (1623) pour négocier le mariage du prince de Galles (Charles I) avec l’infante, il fit échouer ce projet par son insolence et détermina le roi à déclarer à l’Espagne une guerre injuste. Envoyé plus tard en France pour demander la main de la princesse Henriette, fille de Henri IV, il osa parler d’amour à la reine Anne d’Autriche, et fut éconduit après s’être attiré la haine de Louis XIII et de Richelieu. Pour se venger, il alla porter des secours aux Protestants insurgés, mais il échoua honteusement dans ses tentatives sur La Rochelle et sur l’île de Ré (1627). Il préparait une nouvelle expédition lorsqu’il périt en 1628, assassiné par le fanatique J. Felton, qui croyait par ce meurtre servir sa patrie. Plusieurs fois les Communes avaient demandé son éloignement. — Son fils, nommé aussi George, 1627-1688, accompagna Charles II en exil, le suivit en Écosse où il combattit vaillamment, et jouit d’une grande faveur auprès de ce prince après la Restauration. Il fut membre du ministère dit de la Cabal. En 1666, il entra dans un complot contre le ministère Clarendon ; mais il obtint sa grâce. On a de lui des écrits qui prouvent qu’il était homme de goût, entre autres une comédie : The Rehearsal (la Répétition).

BUCKLAND (W.), célèbre géologue anglais, correspondant de l’Institut, né en 1782, m. en 1856, étudia en théologie à Oxford, se livra en même temps avec succès aux sciences naturelles, devint en 1813 professeur de géologie et de minéralogie à l’Université d’Oxford, et joignit à ce titre en 1845 celui de doyen de Westminster. Il s’efforça surtout de confirmer par les découvertes de la géologie les récits de la Genèse. Ses principaux ouvrages sont : Reliquiæ diluvianæ (1823) ; la Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la Théologie naturelle (1837), ouvrage qui fait partie des Traités de Bridgewater (trad. par M. L. Doyère, 1838).

BUCQUOY, famille originaire de l’Artois, tire son nom d’un bourg situé à 18 kil. S. d’Arras. Elle s’établit en Belgique et passa de là en Autriche. — Charles de Longueval, comte de B., général célèbre dans la guerre de Trente ans, né en 1551, défit à la Montagne-Blanche, près de Prague, en 1620, dans une embuscade, les Bohémiens révoltés contre Ferdinand II, réduisit ensuite la Moravie, poursuivit Bethlem-Gabor en Hongrie, lui enleva Presbourg en 1621, mais fut tué la même année devant Neuhausel. – George de Longueval, baron de Vaux, comte de B., chambellan de l’empereur d’Autriche, né en 1781, mort à Prague le 19 avril 1851, s’adonna aux sciences mathématiques et physiques, créa d’importantes verreries en Bohême, et mit à la mode les cristaux de diverses couleurs.

BUCQUOY (J. A. D’ARCHAMBAUD, comte de), dit l’abbé Bucquoy, né en Champagne vers 1650, mort en 1740, fut successivement militaire, religieux trappiste, maître d’école à Rouen, fondateur d’ordre à Paris, et se fit enfermer à la Bastille pour avoir prêché contre le despotisme. Il s’échappa de prison et se retira en Hanovre, où il publia : Histoire de mon évasion, 1719. On a aussi de lui : De la vraie et de la fausse religion, 1732 ; Méditations sur la mort et la gloire, 1736, etc.

BUDDÉE (J. Fr.), Buddæus, savant théologien luthérien, né en Poméranie en 1667, mort en 1729, professa la philosophie avec succès à Halle et à Iéna, et devint en 1713 conseiller de l'Église à Gotha. Il publia un grand nombre d'ouvrages relatifs à la philosophie et à l'histoire : Historia juris naturæ, Iéna, 1695; De stoica philosophia, 1696; Elementa philosophiæ practicæ, 1697; Elementa philosophiæ instrumentalis, 1703; De atheismo et superstitione, 1716 (trad. en français, 1740); Philosophia Hebrœorum, 1720; Historia critica theologiæ, 1725; Theologia moralis, 1727; Histoire de l'Ancien Testament, etc.; Compendium historiæ philosophicæ, Halle, 1731. Ses ouvrages, écrits dans le sens rationaliste, ont été mis à l'index à Rome. — V. BUDÉ.

BUDE ou OFEN, Aquincum, grande v. des États autrichiens, capit. de la Hongrie et du comté de Pesth, sur le Danube, à 205 kil. S. E. de Vienne et vis-à-vis de Pesth, à laquelle la réunit un pont de bateaux; 40 000 hab., env. 100 000 en y comprenant Pesth et le vge d'Alt-Ofen. Bude se compose de 4 parties : la Haute-Ville (où sont le château, l'arsenal, le théâtre), Wasserstadt, Raizenstadt et Neustift. Résidence des autorités. Nombreuses institutions de bienfaisance et d'instruction ; observatoire, fonderie de canons, soieries, ustensiles en cuivre, etc. Bains d'eaux thermales. Vin rouge renommé. — Bude était jadis la capit. des rois de Hongrie; elle fut occupée par les Turcs de 1530 à 1686. Reprise en 1686 par le duc de Lorraine, elle resta depuis ce temps sous la dépendance de l'Autriche. Elle a beaucoup souffert dans la guerre de 1849.

BUDÉ (Guill.), érudit, né à Paris en 1467, mort en 1540, ne commença que vers l'âge de 24 ans à faire des études sérieuses et acquit bientôt une si vaste science qu'Érasme l'appelait le Prodige de la France. Louis XII et François I, appréciant son mérite, lui confièrent des charges importantes ; il profita de son crédit pour déterminer François I à fonder le Collége royal (auj. Collége de France). Ce savant avait embrassé toutes les sciences, théologie, jurisprudence, mathématiques, philologie ; mais c'est surtout comme helléniste qu'il est connu : c'est lui qui a le plus contribué à propager l'étude de la langue grecque en France. On a de lui, entre autres ouvrages, des Annotations sur les Pandectes, un traité De Asse, 1514, qui traite des monnaies anciennes et qui passe pour ce qu'il a fait de mieux ; de savants Commentaires sur la langue grecque, en latin, 1529; un traité De l'institution du prince, 1547 ; un recueil de Lettres écrites en grec avec une pureté remarquable. Ses Œuvres ont été réunies en 4 vol. in-4, Bâle, 1557. M. Rebité a fait une thèse sur G. Budé, 1846.

BUDINI, peuple scythe, habitait au N. de la mer Noire, probablement dans le pays actuel de Woronetz.

BUDISSIN. V. BAUTZEN.

BUDWEIS, v. des États autrichiens (Bohême), ch.-l. de cercle, sur la Moldau, à 123 k. S. de Prague; 12 000 hab. Évêché, gymnase et séminaire, collége de Piaristes. Chemin de fer. — Le cercle, situé entre ceux de Tabor, de Prachin et l'Autriche, a 102 k. sur 93 et 200 000 hab. Forêts, étangs, mines.

BUEIL (Jean de), comte de Sancerre, dit le Fléau des Anglais, contribua avec Jeanne d'Arc à la délivrance d'Orléans, accompagna Charles VII à Reims, assista à plusieurs siéges importants, fut nommé en 1450 grand amiral, et prit part en 1453 à la bat. de Castillon. Disgracié par Louis XI, il entra dans la Ligue du Bien public, mais il rentra en grâce en 1469. Il mourut vers 1480. — V. RACAN.

BUÉNOS-AYRES, grande v. de l'Amérique méridionale, capit. de l'État de Buénos-Ayres, et naguère de toutes les Provinces-Unies du Rio-de-la-Plata, sur la r. dr. de la Plata; 125 000 hab. La ville tire son nom au bon air qu'on y respire. Évêché, université, nombreuses écoles, observatoire. Rade dangereuse, port peu commode; forte citadelle; rues tirées au cordeau; quelques édifices remarquables : Cavildo ou hôtel de ville; Recova, espèce de bazar avec arcades; cathédrale, églises de San-Francisco, de la Merced; hôtel des monnaies, chambre des députés. Industrie : cuirs, savons, tabac, draps, toiles. Beaucoup de commerce. — Buénos-Ayres fut fondée en 1535 par don Mendoza, sous le nom de Ciudad de la Trinidad; ruinée par les Indiens, elle fut rebâtie en 1580. Un évêché y fut établi en 1620. En 1776, elle devint la capitale de la vice-roy. de Buénos-Ayres. En 1806, elle fut prise par l'Anglais Beresford.

BUÉNOS-AYRES (État de), l'un des États de la République Argentine ou de la Plata, borné au S. et au S. E. par l'Océan Atlantique, au N. par la prov. d'Entre-Rios et le Rio-de-la-Plata, au N. O. par la prov. Cordova, au S. O. par le Rio-Negro; 1100 kil. sur 880; 470 000 hab. Ch.-l. Buénos-Ayres. Fortes chaleurs, grandes pluies en hiver. Sol très-fertile, mais culture presque nulle. Peu de montagnes, vastes plaines dites pampas, où errent quelques tribus indigènes et une immense quantité de bétail. — L'État de Buénos-Ayres est une partie de l'ancienne vice-royauté de même nom. Il proclama son indépendance dès 1810. C'est celle des Provinces-Unies du Rio-de-la-Plata qui a joué le plus grand rôle dans les événements qui ont signalé l'ère de l'indépendance : aussi désigne-t-on souvent sous son nom toute cette Confédération. Elle s'en est momentanément séparée en 1853; mais par un traité signé en 1860, elle y est rentrée.

BUEN-RETIRO (c.-à-d. bonne retraite), beau palais construit à la porte de Madrid sous Philippe IV par Olivarès, avec de superbes jardins; il est auj. dans l'enceinte de Madrid et s'ouvre sur le Prado. Il fut converti en citadelle par les Français en 1810.

BUET (mont), dans la Haute-Savoie, à 17 kil. N. E. de Sallanches, à 19 kil. N. O. du Mont-Blanc. Il a env. 3220 mètres de hauteur. Beaux glaciers.

BUFFALO, v. et port des États-Unis (New-York), à l'extrémité E. du lac Érié, à 35 kil. de la chute du Niagara, à 500 kil. N. O. de New-York ; env. 60 000 h. Évêché catholique. Bon port, canal qui la fait communiquer avec New-York, chemin de fer. Grand commerce; entrepôt des marchandises du Nord. Buffalo n'était en 1814 qu'un vge de 1500 hab.

BUFFALORA, bourg de Lombardie, prov. de Pavie, sur le Naviglio-Grande, à 9 kil. N. O. d'Abbiategrasso; 1650 h. Les Français y battirent les Autrichiens le 4 juin 1859.

BUFFIER (Claude, dit le Père), savant jésuite, né en Pologne d'une famille française, en 1661, mort en 1737, entra chez les Jésuites en 1679, passa la plus grande partie de sa vie dans leur principal collége à Paris (Louis-le-Grand), et y partagea son temps entre les travaux de l'enseignement et la rédaction de ses écrits. Il a composé un très-grand nombre d'ouvrages de littérature, de science, d'histoire et de piété. Il en a réuni les principaux dans son Cours de sciences sur des principes nouveaux et simples (1732, in-fol.),où l'on remarque une Grammaire française, des Traités d'Éloquence et de Poésie, un Traité des premières vérités, les Principes du raisonnement, des Éléments de métaphysique, un Discours sur l'étude et la méthode des sciences. On lui doit aussi la Pratique de la mémoire artificielle, 1701, et une Géographie avec le secours de vers artificiels, 1715. Il coopéra longtemps à la rédaction du Journal de Trévoux. Le plus estimé de ses ouvrages est le Traité des premières vérités; il y établit les caractères des vérités qui sont incontestables, et énumère celles qui servent de base à chaque espèce de connaissances.

BUFFON, vge de la Côte-d'Or, sur l'Armançon, à 21 kil. N. de Semur, à 7 kil. de Montbard; 340 hab. Anc. seigneurie possédée par la famille des Buffon, érigée en comté en faveur du célèbre naturaliste.

BUFFON (G. L. LECLERC, comte de), célèbre naturaliste, né en 1707 à Montbard en Bourgogne, mort en 1788, était fils d'un conseiller au parlement de Dijon. Il se livra dès sa jeunesse avec ardeur à l'étude des sciences, voyagea en Italie et en Angleterre, se fit connaître de bonne heure par de savants mémoires et de curieuses expériences de physique et d'économie rurale (on connaît surtout celle par laquelle il prouva la réalité des miroirs ardents d'Archimède) ; fut admis dès 1739 à l'Académie des sciences, et nommé la même année intendant du Jardin du Roi. Dès ce moment il se consacra tout entier à l'histoire naturelle. Profitant des ressources que lui offrait le grand établissement qu'il dirigeait et qu'il ne cessa d'enrichir, il entreprit de tracer le tableau de la nature entière. Son Histoire naturelle, dont les premiers volumes parurent en 1749, l'occupa tout le reste de sa vie. Placé par cet ouvrage au premier rang des écrivains aussi bien que des savants, Buffon obtint tous les genres de récompenses et d'honneurs : l'Académie française le reçut dans son sein en 1753; Louis XV le créa comte, et avant de mourir, il put voir sa statue placée à l'entrée du muséum d'histoire naturelle avec cette inscription : Majestati naturæ par ingenium. L’Histoire naturelle de Buffon, qui devait embrasser tous les règnes de la nature, ne comprend que les minéraux et une partie des animaux (quadrupèdes et oiseaux). Elle est accompagnée d'une Théorie de la terre, de Discours en forme d'introduction, et de suppléments parmi lesquels se trouvent les Époques de la nature, un des plus beaux ouvrages de l'auteur. Buffon eut pour collaborateurs dans cet immense travail, pour les quadrupèdes, Daubenton qui se chargea de la partie anatomique; pour les oiseaux, Gueneau de Montbeillard, Bexon et Sonnini. On s'accorde universellement a regarder les écrits de Buffon comme le plus beau modèle de la noblesse et de l'harmonie du style ; on reconnaît aussi qu'il a décrit avec une admirable fidélité les mœurs et les traits caractéristiques des animaux, qu'il a fait faire à l'histoire naturelle des progrès, soit par la nouveauté des vues, soit par la multitude de ses recherches, et qu'il a rendu d'immenses services en rassemblant une foule de matériaux épars et en propageant en France le goût pour l'étude de la nature ; mais on lui reproche d'avoir dédaigné ou même proscrit les classifications scientifiques, sans lesquelles il n'y a pourtant ni ordre ni clarté, et surtout d'avoir avancé des hypothèses hasardées (notamment dans ses Époques de la nature) : c'est ainsi qu'il suppose que la terre a été détachée du soleil par le choc d'une comète, qu'il explique la génération des êtres vivants par la supposition de molécules organiques et de moules intérieurs; qu'il attribue aux animaux un sens intérieur matériel, hypothèse plus inintelligible encore que le mécanisme auquel Descartes avait recouru. — L’Histoire naturelle fut imprimée d'abord à l'Imprimerie royale en 36 vol. in-4,1749-1788. Elle a été continuée dans le même format par Lacépède, qui a décrit les ovipares, les serpents, les poissons, les cétacés, 1788-1804. On a depuis réimprimé bien des fois Buffon et ses Suites. Les meilleures éditions, après l'édition princeps, sont celles de Lamouroux et Desmarest, 1824-1832, 42 vol. in-8, de Fr. Cuvier, 1829-1831, 42 vol., et de Flourens, 1854, 12 vol. in-8. — Outre l’Histoire naturelle, Buffon a donné une traduction de la Statique des végétaux de Hales, de la Théorie des fluxions de Newton, et a composé des mémoires et divers morceaux détachés, parmi lesquels on remarque son Discours sur le style, qu'il prononça pour sa réception à l'Académie française : il y donne lui-même la théorie de son style, et montre que le style est l'homme même. Sa Correspondance a été publiée en 1860, par son arrière-petit-neveu M. H. Nadault de Buffon. Vicq d'Azyr, Condorcet, Cuvier, ont écrit son Éloge; M. Flourens a donné l’Histoire de sa Vie et de ses Ouvrages; M. Nadault de Buffon: Buffon, sa famille et ses collaborateurs, 1863. — Pendant la Révolution, la gloire de Buffon ne put sauver son fils de l'échafaud : il expira adressant au peuple ces seuls mots : Citoyens, je me nomme Buffon.

BUG. V. BOUG. — BUGARONI. V. SEPT-CAPS.

BUGEAT, ch.-l. de cant. (Corrèze), à 26 k. O. d'Ussel; 736 hab.

BUGEAUD DE LA PICONNERIE (Thomas Robert), maréchal de France, né à Limoges en 1784, d'une famille noble, mort à Paris en 1849, s'engagea en 1804, fit avec distinction les grandes campagnes de l'Empire, se signala en Espagne, aux sièges de Lérida, de Tortose, de Tarragone, au combat d'Yéda (Murcie), où il enleva une colonne de 700 Espagnols avec 200 hommes, au col d'Ordal (Catalogne), où il anéantit un régiment anglais ; enfin en Savoie, à L'Hôpital-sous-Conflans, où il repoussa avec 1700 hommes un corps de 8000 Autrichiens (28 juin 1815). Après l'abdication de l'Empereur, il se retira avec le grade de colonel, et se livra, dans sa terre d'Excideuil (Dordogne), aux travaux agricoles. Rappelé à l'activité en 1830, il se dévoua à le nouvelle monarchie, réprima avec énergie en 1832 et 1834 de violentes insurrections dans Paris ; fut en 1832 chargé de commander la citadelle de Blaye, où était détenue la duchesse de Berry ; fut envoyé en 1836 en Algérie, et battit Abd-el-Kader sur la Sikkah (6 juillet), mais conclut avec lui en 1837 le traité de la Tafna, qui constituait la puissance de l'émir et qui, pour ce motif, fut vivement critiqué. Nommé en 1840 gouverneur général, il déploya dans ces fonctions les talents de l'administrateur aussi bien que ceux du guerrier : poursuivant sans relâche Abd-el-Kader, il réussit à l'atteindre en donnant à notre armée plus de légèreté et de mobilité, lui enleva Takedempt, Mascara, les forts de Boghar, Saïda, Thaza, le rejeta dans le Maroc, et mit le comble à sa gloire en remportant sur les Marocains la victoire d'Isly, où 10 000 Français défirent une armée quatre fois plus forte (14 août 1844). Nommé dès 1843 maréchal de France, il fut, à la suite de cette dernière victoire, fait duc d'Isly. Après avoir dirigé avec succès une expédition contre la Grande Kabylie, il commençait l'œuvre de la colonisation quand il crut devoir se retirer, mécontent de se voir contrarié dans l'exécution de ses plans (1847). Appelé par Louis-Philippe, dans la nuit du 23 au 24 février 1848, à la tête de la force armée, il se vit retirer son commandement peu d'heures après, au moment où il prenait des mesures énergiques pour sauver la monarchie. Investi après l'élection du 10 décembre de toute la confiance du Président de la république, il venait d'être nommé général en chef de l'armée des Alpes lorsqu'il fut enlevé par le choléra. Député de la Dordogne depuis 1831, Bugeaud porta dans nos assemblées nationales une parole rude, mais franche et pleine de sens. Comme général, on lui doit d'avoir introduit en Afrique une tactique appropriée à la nature du pays et de l'ennemi qu'il avait à combattre; il sut aussi, par sa sollicitude toute paternelle, gagner au plus haut degré l'amour et la confiance du soldat. Agriculteur en même temps que guerrier, il avait pris pour devise : Ense et aratro. Un double monument lui a été érigé, à Périgueux et à Alger. Son nom a été donné à un village de la province de Constantine (au S. O. de Bone). On a de lui quelques écrits sur l'Algérie, sur l'art militaire, et une relation de la bataille d’Isly (dans la Revue des Deux Mondes); en outre, il fit paraître en 1848 et 1849 les Socialistes et les Soirées du village, dans le but de combattre le communisme. M. A. Ponroy a publié en 1849 une Notice sur le maréchal Bugeaud.

BUGEY, petite province de France, à l'E. de l'Ain et à l'O. du Rhône, faisait partie des pays savoyards compris dans le grand gouvt de Bourgogne. Il se divisait en Bugey propre, Valromey, Michaille, et avait pour ch.-l. Belley. — Cédé à la France avec la Bresse en 1601, il fait auj. partie du dép. de l!Ain.

BUGUE (le), ch.-l. de c. (Dordogne), sur la Vezère, I à 23 k. N. O. de Sarlat; 1623 h. Serges, étamines; vins. Aux env. vastes grottes de Miremont.

BUHLE (J. Théophile), savant allemand, né à Brunswick en 1763, mort en 1821, professa la philosophie à Gœttingue dès 1787, puis à Moscou, et enfin à Brunswick. On lui doit, entre autres ouvrages : Traité de l'histoire de la philosophie et d'une bibliographie critique de cette science, Gœttingue, 1796-1804, 8 vol. in-8; Histoire de la philosophie moderne jusqu'à Kant, 1800-1805, 10 vol. in-8; et une traduction allemande de Sextus Empiricus. Il avait entrepris une édition complète d'Aristote; mais il n'en a paru que l’Organon, la Poétique et la Rhétorique, Deux-Ponts, 5 vol. in-8, 1792, et ann. suivantes. Son Histoire de la philosophie moderne est précieuse pour les renseignements, mais elle manque de clarté, de proportion et d'intérêt : elle a été trad. en français par A. J. L. Jourdan, Paris, 1816, 7 vol. in-8. Elle est à l’Index à Rome.

BUIRON-FOSSE, bourg du dép. de l'Aisne, à 15 k. N. O. de Vervins; 1600 h. Saboteries. Philippe VI et Édouard III s'y rencontrèrent le 23 oct. 1339, mais Édouard déclina le combat.

BUIS (le), Buxum, ch.-l. de cant. (Drôme), sur l'Ouvèse, à 14 kil. S. E. de Nyons ; 2033 h. Chapeaux, tanneries, filatures de soie. Jadis ch.-l. des Baronnies.

BUIUKDÉREH (c.-à-d. Grande vallée), village de Turquie (Roumélie), sur le canal de Constantinople, à 18 k. N. E. de Constantinople; 1800 h. Maisons de campagne qu'habitent surtout les ambassadeurs.

BUKOWINE, c.-à-d. forêt rouge, province des États autrichiens, bornée au N. et à l'O. par la Galicie, au S. O. par la Hongrie et la Transylvanie, au S. et à l'E. par la Moldavie, au N. E. par la Russie; 360 000 h. Villes principales : Czernowitz (ch.-l.), Soutchava et Sereth. — La Bukowine faisait jadis partie de la Moldavie; elle en a été distraite en 1777 et réunie à la Galicie. Depuis 1786, elle forme le cercle de Czernowitz. V. CZERNOWITZ.

BULGARES, peuple de la famille ouralienne, habita d'abord les rives du Volga, d'où ils paraissent tirer leur nom, et où une ville de Bolgari témoigne encore de leur séjour. Chassés des bords du Volga vers 475, époque où ils sont mentionnés pour la 1re fois par les historiens, ils s'établirent sur la mer Noire et la mer d'Azov, puis s'avancèrent jusqu'au Danube (487), et de leur nouvelle demeure, ils dirigèrent de fréquentes incursions contre l'empire grec. De 560 à 634, ils furent soumis aux Avares. En 667, les 5 fils de Kouvrat, un de leurs chefs, se partagèrent ses États, et Asparuch, l'un d'eux, passa le Dnieper, le Dniester, et se fixa sur les bords du Pruth. En 679, ils occupèrent la Basse-Mésie et y fondèrent un roy. qui dura près de trois siècles, mais qui devint tributaire des Russes en 968 et fut bientôt après réuni à l'empire grec par Jean Zimiscès. En 980, Sisman fonda en Macédoine un 2e royaume bulgare, et Jean Wladislaw, un de ses successeurs, y joignit la Servie ; mais l'empereur Basile II, après une guerre de 37 ans, renversa en 1018 ce nouvel État : 15 000 Bulgares faits prisonniers dans cette guerre eurent les yeux crevés. En 1186 commença un 3e roy. bulgare dit valaque-bulgare ou valaque-cuman : il se composait de la partie de la Bulgarie au S. du Danube : il eut 5 rois, Calopierre, Asan I, Joannice, Jean Asan II, Sisman. Ce roy. finit en 1396 par la mort du roi Sisman, que fit tuer le sultan Bajazet I. Féroces, sans lois, les anciens Bulgares abandonnaient l'agriculture aux femmes, et ne s'occupaient que de chasse, de guerre, de l'éducation des bestiaux et du commerce de pelleteries. Les Bulgares avaient embrassé le Christianisme dès 861. Ils suivent le rit grec.

BULGARIE, Mœsia inferior, prov. tributaire de la Turquie d'Europe, ainsi nommée parce qu'elle a été longtemps le siége des Bulgares, a pour bornes au N. le Danube, qui la sépare de la Valachie ; au S. les Balkhans, qui la séparent de l'anc. Thrace; à l'O. le Timok, qui la sépare de la Servie; à l'E. la mer Noire. Elle a 530 k. sur 120, et compte env. 4 millions d'hab. Sa capit., au temps des Bulgares, était Pereiaslavl. Auj. les principales villes sont Sophia, qu'on regarde comme la capit., Choumla, Varna, Nicopolis, Viddin, Routchouk, Silistri, Bazarjik, Baltchik, Rassova, etc. Sol montueux, climat salubre; grandes forêts; beau bétail, bons chevaux; beaucoup de grains. — Pour l'hist., V. BULGARES.

BULGNÉVILLE, ch.-l. de c. (Vosges), à 21 kil. S. E. de Neuchâteau; 970 hab. René d'Anjou, duc de Bar, y fut battu et pris en 1431 par Ant. de Vaudemont, qui lui disputait la Lorraine.

BULL (John), qu'on prononce Djonn Boule, sobriquet du peuple anglais, veut dire Jean le Taureau et semble désigner la force que s'attribue la nation.

BULLANT (Jean), sculpteur et architecte de Paris, né vers 1510, mort en 1578, apprit son art en Italie. Le château d'Écouen, qu'il bâtit sous François I, en 1545, celui des Tuileries, 1564, et l'hôtel de Soissons, qu'il éleva avec Philibert de Lorme sous Catherine de Médicis en 1572, ont établi sa réputation. Il se distingua aussi comme sculpteur : on lui doit le mausolée d'Anne de Montmorency, ainsi que le tombeau de Henri II et de Catherine de Médicis, aujourd'hui à St-Denis. Il a laissé la Règle générale d'architecture, Paris, 1568.

BULLES des papes, rescrits des souverains pontifes, ainsi nommées de la bulle ou boule de plomb qu'on y laisse attachée pour leur servir de sceau. On les désigne souvent d'après les mots par lesquels elles commencent. On en distingue de plusieurs sortes, selon leur destination ; les principales sont : les bulles d'excommunication et les bulles doctrinales, qui prononcent sur des points de doctrine. — Parmi les premières on remarque la bulle In Cœna Domini, ainsi nommée parce qu'on la lisait publiquement à Rome tous les ans le jour de la Cène (jeudi saint) : elle prononce une excommunication générale contre tous les hérétiques, les contumaces et les ennemis du Saint-Siége (elle fut rendue par Paul III en 1536; Clément XIV en supprima la lecture en 1770); les bulles rendues contre les rois de France Robert le Pieux, 998, Philippe I, 1095, Philippe-Auguste, 1200, Philippe le Bel, 1296 et 1301 (ces deux dernières sont dites : Clericis laicos et Ausculta, fili); celle par laquelle Grégoire VII défendit aux prélats de recevoir l'investiture des princes séculiers, et qui devint le principe de la fameuse querelle des investitures (1074); celles qui frappèrent les empereurs Frédéric I, 1160, Frédéric II, 1227 et 1246, le roi de Naples Mainfroi, 1263, Louis de Bavière, 1327 et 1346; la bulle dite Execrabilis, par laquelle Pie II défend les appels au futur concile, 1460; celle par laquelle Clément VII condamna le divorce de Henri VIII, 1530, et qui fut le prétexte du schisme d'Angleterre; le bref par lequel Paul IV défend aux Catholiques d'Angleterre de prêter le serment d'allégeance, 1606; enfin la bulle que le pape Pie VII lança, le 10 juin 1809, contre l'empereur Napoléon, sans toucher toutefois aux droits politiques du souverain : on sait qu'elle fut suivie de la captivité du pape. — Parmi les bulles doctrinales, on remarque la bulle de Grégoire XI contre les erreurs de Wiclef, 1377; celle de Léon X contre Luther, dite Exsurge, Domine; la bulle dite Cum occasione, par laquelle Innocent X condamna les cinq fameuses propositions de Jansénius, 1653 ; celle de 1665, pour prescrire un formulaire qui contenait une adhésion à la condamnation de Jansénius, et que tous les ecclésiastiques étaient forcés de signer; enfin la bulle ou constitution dite Unigenitus, rendue en 1713 par Clément XI à la demande des évêques de France et qui condamnait 101 propositions extraites d'un livre du P. Quesnel, prêtre de l'Oratoire et janséniste : cette dernière bulle fut l'occasion de longs troubles en France. D'après le Concordat de 1801, les bulles ne sont exécutoires qu'après enregistrement par le conseil d'État. — Il a été publié divers recueils des bulles des papes. Le plus complet est le Bullarium magnum, imprimé à Rome de 1733 à 1748, en 14 vol. in-fol., et complété par un Supplément de Barberi, en 20 vol. in-fol., 1835-60.

BULLES D'OR. On nomme ainsi plusieurs chartes ou constitutions rendues au moyen âge par divers souverains, le plus souvent par les empereurs d'Allemagne, et scellées en or. La plus célèbre est celle que rendit en 1356 l'empereur Charles IV, pour régler le droit politique de l'Allemagne et qui a en effet régi l'empire depuis cette époque jusqu'en 1806. Cette bulle, divisée en 30 chapitres, fixe les droits et le rang des électeurs, le mode de l'élection, etc. Elle fut rédigée par Barthole, qui y consigna les résultats des délibérations des deux diètes.

BULLET (P.), architecte, né en 1639, m. en 1716, était élève de Blondel. Il éleva la Porte St-Denis d'après les plans de son maître ; il construisit ensuite d'après ses propres plans la Porte St-Martin (1674), et l'église St-Thomas d'Aquin. Bullet a écrit : Traité du Nivellement, 1688, Architecture pratique, 1691. Il avait été élu en 1685 membre de l'Académie d'architecture.

BULLET (J. B.), professeur de théologie à l'Université de Besançon, né dans cette ville en 1699, mort en 1775, a laissé : Histoire de l'établissement du Christianisme, tirée des seuls auteurs juifs et païens, 1764 ; l'Existence de Dieu démontrée par les merveilles de la nature, 1768 ; Réponses aux difficultés des incrédules, 1773, ouvrages remarquables par la netteté et la force de l'argumentation. On a aussi de lui de savants Mémoires sur la langue celtique, 1754, sur l’Histoire de France, sur la Mythologie française, 1771, sur les cartes à jouer, etc.

BULLIARD (Pierre), botaniste, né à Aubepierre, près de Langres, vers 1742, mort à Paris en 1793, réunit les talents de l'artiste à ceux du savant, et put faire lui-même le dessin et la gravure de ses ouvrages. On a de lui : Flora parisiensis, 1774 ; Aviceptologie, 1796 ; Herbier de la France, 1793 ; Dictionnaire élémentaire de botanique, 1799 ; Histoire des Plantes vénéneuses de la France, 1778 ; Histoire des champignons de la France, 1791-1812.

BULLION (Claude de), surintendant des finances sous Louis XIII (1632), puis garde des sceaux, mort en 1640. Il fit bâtir à Paris, sur les dessins de Levau, un hôtel magnifique, où l'on remarquait deux galeries peintes par Vouet et Blanchard et qui, après la Révolution, fut affecté aux ventes publiques.

BULOW (Fréd. Guill.), général prussien, né en 1755, mort en 1816, se distingua dans la campagne de 1813, sauva Berlin par les victoires qu'il remporta à Grossbeeren et à Dennewitz, ce qui lui valut te titre de comte de Dennewitz, et eut une grande part aux batailles de Leipsick et de Waterloo. — Henri Bulow, son frère, né en 1760, mort en l807, a écrit des ouvrages de tactique militaire qui eurent du succès, notamment une Histoire de la campagne de 1805, où il critiquait les opérations du gouvt prussien. Incarcéré pour ce fait, il mourut en prison. Il était grand partisan de Swedenborg.

BULTEAU (Louis), savant écrivain, né à Rouen en 1625, mort à l'abbaye de St-Germain-des-Prés en 1693. Il publia en 1678 l’Histoire des moines de l'Orient (de S. Antoine au VIIe s.), puis, de l684 à 1694, l’Histoire de S. Benoît et des moines d'Occident. Il a trad. les Dialogues de S. Grégoire le Grand et l’Introduction à la sagesse de Vivès.

BUNAU (Henri, comte de), historien allemand, né en 1697 à Weissenfels, mort en 1762, fut conseiller intime de l'électeur de Saxe, roi de Pologne (Auguste III), fut aussi employé par l'empereur, Charles VII, et s'acquitta avec succès de plusieurs missions diplomatiques. On lui doit une Histoire de l'empire d'Allemagne, Leipsick, 1728-43, ouvrage plein d'érudition et de critique, mais qui ne va que jusqu'à 918, et une Histoire de la guerre de Sept ans (1756-63). Le comte de Bunau possédait une riche bibliothèque, qui fait aujourd'hui partie de la Bibliothèque royale de Dresde. Il se plaisait à aider les jeunes gens, studieux qui étaient sans fortune : il fut le protecteur de Winckelmann.

BUNDELKAND, région de l'Inde en deçà du Gange, entre l'Agrah et le Malwa, formait jadis une province de l'Allahabad indépendant ; auj. elle est soumise aux Anglais et comprise presque tout entière dans la présidence de Calcutta ; env. 1 million d'hab. Ch.-l., Banda. Ce pays est célèbre par ses mines de diamants : les principales sont à Pannah.

BUNKERSHILL, éminence qui domine Boston (Massachussetts), au N., se trouve auj. comprise dans la ville de Charlestown. C'est là qu'eut lieu le 2e combat entre les Anglais et les Américains, 17 juin 1775 ; les insurgés y eurent l'avantage. Une colonne a été élevée sur les lieux en mémoire de cet événement.

BUNYAN (J.), anabaptiste anglais, né en 1628, m. en 1688, était fils d'un chaudronnier et exerça d'abord lui-même ce métier, puis il s'enrôla dans l'armée du Parlement. Il fut mis en prison comme séditieux et y resta douze ans (1660-72); il composa pendant sa captivité plusieurs ouvrages mystiques, dont le plus célèbre est le Voyage du pèlerin (Pilgrim's progress), trad. en 1831 : c'est une ingénieuse allégorie, où il raconte, en style biblique, les épreuves d'un chrétien qui veut sauver son âme. Ses Œuvres ont été recueillies à Londres en 1736-37.

BUNZLAU, Boleslavia, v. des États autrichiens (Bohême), ch.-l. de cercle, à 50 kil. N. E. de Prague ; 5000 hab. On la nomme quelquefois Iung-Bunzlau (Nouv.-Bunzlau), par opposition à Alt-Bunzlau (Vieille-Bunzlau), v. située sur l'Elbe, à 11 kil. N. E. de Prague. — Le cercle, entre la Saxe au N., la Prusse au N. E. et les cercles de Bidschow, Kaurzim, Leitmeritz, a 93 kil. sur 53 ; 480 000 hab.

BUNZLAU, v. des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, à 37 k. N. O. de Liegnitz ; 6000 hab.

BUONACCORSI (Phil.), historien, né en Toscane dans le XVe siècle, mort en 1496 à Cracovie, fonda à Rome, avec Pomponius Lætus et d'autres savants, une académie dont les membres prenaient des noms grecs et latins ; il y prit celui da Callimachus, auquel sa grande connaissance des affaires fit ajouter le surnom d’Experiens. Cette assemblée, dont les membres travestissaient ainsi leurs noms, parut suspecte à Paul II, et fut poursuivie avec rigueur. Buonaccorsi se réfugia en Pologne vers 1473, auprès du roi Casimir IV, qui le chargea de l'éducation de ses enfants, en fit son secrétaire, et lui confia plusieurs négociations importantes à Constantinople. Ses ouvrages historiques sont : Attila, seu De gestis Attilæ, Haguenau, 1531 ; Historia de rege Uladislao, 1519.

BUONACCORSI (P.), peintre. V. PERINO DEL VAGA.

BUONACOSSI. V. BONACOSSI.

BUONAFEDE (P. Appiano), philosophe et publiciste, né à Commachio (Ferrarais) en 1716, mort en 1793, entra chez les Célestins, et professa la théologie à Naples depuis 1740. On a de lui une Histoire philosophique du suicide, Lucq., 1761 ; une Histoire des écoles philosophiques, Lucq., 1763, 7 vol. in-8, un Traité de la Restauration de la philosophie aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, 3 vol. in-8, Venise, 1789, et des écrits poétiques et littéraires publiés sous le pseudonyme de Cromaziano.

BUONAROTTI (Michel-Ange). V. MICHEL-ANGE.

BUONAROTTI (Phil.), né à Pise en 1761, mort en 1837, prétendait descendre de Michel-Ange. Il adopta avec ardeur les idées de la Révolution française, rédigea en Corse un journal intitulé l'Ami de la liberté italienne, reçut de la Convention la qualité de citoyen français, et fut chargé de quelques missions. Il entra en 1798 dans la conspiration de Babeuf, mais réussit à se faire acquitter, et mena depuis une vie obscure et misérable. Il a publié en 1828 l’Histoire de la conspiration de Babeuf.

BUONCOMPAGNONI. V. GRÉGOIRE XIII.

BUONTALENTI (Bernardo), un des plus grands artistes de la Toscane, à la fois architecte, sculpteur et peintre, né à Florence en 1536, mort en 1608, fut élevé par les soins de Corne de Médicis, qui le nomma surintendant des bâtiments civils et militaires; il jouit sous ce prince et sous son fils François de la plus grande faveur. Il construisit le magnifique château de Pratolino, dans l'Apennin, orna Florence d'une foule de monuments, palais, églises, galeries, maisons de plaisance, dirigea avec autant de goût que d'imagination les fêtes et cérémonies publiques, introduisit sur le théâtre les décorations mobiles, les machines pour les changements à vue, excella dans les feux d'artifice à un tel degré qu'on le surnomma Bernardo della girandole; se distingua également comme ingénieur militaire, donna les plans des fortifications de Livourne, de Pistoie, de Porto-Ferraio, perfectionna les bouches à feu et inventa des grenades incendiaires. Ruiné par ses prodigalités, il serait mort dans la misère si le grand-duc ne lui eût assuré une pension.

BUPALUS, sculpteur, né à Chio, florissait ainsi qu'Anthermus, son frère et son émule, vers 540 av. J.-C. Il avait représenté Hipponax sous des traits ridicules; ce poëte, pour se venger, lança, dit-on, contre lui une satire tellement sanglante que l'artiste se pendit de désespoir. Pline dément cette tradition.

BUQUOI. V. BUCQUOI.

BURA, anc. v. d'Achaïe, près de la mer, au S. d'Hélice, fut renversée par un tremblement de terre en même temps qu'Hélice était submergée.

BURCKHARD (Jacq.), bibliothécaire et conseiller du duc de Brunswick, né à Sulzbach en 1681, mort à Brunswick, 1753. On a de lui : De linguæ latinæ in Germania fatis, 1713; De Ulrichi de Hutten fatis ac meritis, 1717-1723; Historia bibliothecæ Augustæ quæ Wolfenbutteli est, 1744-1745; Historia musæi Burckhardiani, 1750.

BURCKHARDT (J. Ch.), astronome et mathématicien, né à Leipsick en 1773, mort à Paris en 1825, prit part aux travaux de Zach et de Lalande, et fut adjoint au bureau des longitudes à Paris. Il publia à Paris, de 1812 à 1825, des Tables de la lune, qui sont les plus exactes que l'on possède.

BURCKHARDT (J. L.), voyageur, né à Lausanne en 1784, fut chargé en 1806 par la Société Africaine de Londres de visiter l'intérieur de l'Afrique. Ayant fait une étude profonde de la langue et de la religion des Musulmans, il se fit passer pour un marchand arabe, et put ainsi visiter l'Arabie, la Nubie, et pénétrer jusqu'à Dongola (1812). Dans un 2e voyage, il se disposait à partir pour le Fezzan, quand il mourut au Caire en 1817. Les notes qu'il avait rédigées ont été publiées à Londres, sous les titres de Voyage en Nubie, 1819, — en Syrie, 1822, — en Arabie, 1829. Elles sont remarquables par leur exactitude.

BURDIGALA, Bordeaux, v. florissante de l'Aquitaine, capit. des Bituriges Vivisci, donna naissance à S. Paulin et au poëte Ausone.

BUREAU (Jean), seigneur de Montglat, grand maître de l'artillerie, puis trésorier de la couronne sous Charles VII, était fils de J. Bureau de La Rivière, 1er chambellan de Charles V et de Charles VI. Il mit l'artillerie française sur un pied formidable, se signala dans toutes les guerres de cette époque, contribua à la prise de Meaux, 1439, de Pontoise, 1441, d'Harfleur, 1449, enleva aux Anglais en 1453 Castillon, Cadillac et Bordeaux, fut nommé, après la prise de cette dernière ville, maire de Bordeaux et y fit construire le fort de Hâ ainsi que le Château-Trompette. Il mourut en 1463. — Gaspard, son frère, le seconda puissamment et fut créé en 1444 maître de l'artillerie. Il mourut en 1470.

BUREAUX DE PUSY (J. Xav.), ingénieur militaire, 1750-1805, fut député à l'Assemblée constituante, fit décréter en 1790 la nouvelle division du royaume (en 83 départements), ainsi que l’uniformité des poids et mesures, servit après la session sous Lafayette, fut arrêté avec lui par les Autrichiens et enfermé à Olmutz (1792), recouvra la liberté en 1797, visita l'Amérique, et fut sous l'Empire préfet à Lyon, puis à Gênes, où il introduisit d'utiles réformes.

BURETTE (P.), érudit, né à Paris en 1665, mort en 1747, se distingua dès son enfance comme musicien, renonça à la musique pour étudier la médecine, et devint professeur de chirurgie. Il embrassa en outre l'étude de l'antiquité et celle des langues orientales, se fit attacher à la bibliothèque du roi, fut admis à l'Académie des inscriptions en 1705, et y donna un grand nombre de savants mémoires, notamment sur les usages et les arts des anciens, musique, danse, gymnastique, lutte, course, pugilat, etc. Il travailla 33 ans au Journal des Savants.

BURGDORF ou BERTHOUD, v. de Suisse (Berne) sur l'Emmen, à 17 kil. N. E. de Berne; 3650 hab. Eaux sulfureuses. Entrepôt de fromages des environs. — Au XIIe siècle, Berthoud faisait partie de la Petite-Bourgogne et fut une des résidences des ducs de Zæhringen, dont plusieurs se nommaient Berthold, d'où son 2e nom. Elle passa ensuite aux comtes de Kybourg, qui la vendirent aux Bernois en 1384.

BURGER (Geoffroy Aug.), poëte allemand, né en 1748 près de Halberstadt, mort en 1794, devint professeur à Gœttingue, après avoir mené une vie romanesque et désordonnée. Il excella dans la ballade et exploita avec talent les légendes et les superstitions populaires. On estime Lénore, le Chasseur sauvage, la fille du pasteur. Il a aussi écrit de charmantes romances (Fleur de merveille, l'Adieu, l'Élégie à Molly). Ses œuvres ont été réunies en 4 vol., Gœttingue, 1796-98, et Leipsik, 1857.

BURGLEN, bourg de Suisse (Uri), à 3 k. S. E. d'Altdorf ; 1200 h. Patrie de Guillaume Tell.

BURGOS, Bravum Burgi, v. d'Espagne, ch.-l. de l'intendance de Burgos, près d'Arlanzon, à 213 k. N. de Madrid; 15 000 h. Archevêché. Place forte, vieux château fort, murailles, belle cathéd. gothique, couvent de Las Huelgas, fondé en 1175. Quelques fabriques de draperie, flanelle, toile, etc. Commerce en laines. — Ville jadis très-commerçante et riche, capit. de la monarchie castillane avant Tolède et Madrid. On y fait naître le Cid. Les Français y battirent les Espagnols en 1808. Ils y furent vainement assiégés par lord Wellington en 1812, mais elle tomba aux mains des Anglais en 1813. — L'intend. de Burgos, dans la Vieille-Castille, est située entre celles de Santander et de Vittoria au N., de Soria à l'E., de Valladolid, de Palencia à l'O., de Ségovie au S. ; 160 k. sur 88; 240 000 h.

BURGOYNE (J.), général anglais, fut battu par les Américains et se vit réduit en 1777 à signer la capitulation de Saratoga, qui assura l'indépendance des États-Unis. Renonçant alors à la carrière militaire, il s'adonna à la littérature, et fit représenter quelques pièces de théâtre. Mort en 1792.

BURGRAVE (de l'allemand burggraf, c.-à-d. comte du château), nom donné en Allemagne pendant le moyen âge au commandant militaire d'une ville ou place forte lorsqu'il exerçait en même temps sur les bourgeois le droit de juridiction. Ce titre était quelquefois héréditaire : tels étaient les burgraves d'Anvers, de Magdebourg, de Friedberg, de Nuremberg. Ce dernier titre appartenait à la maison de Hohenzollern. — Quelques familles nobles d'Allemagne ont conservé le titre de burgraves, sans qu'il s'y attache aucune possession territoriale.

BURGUETE, bourg d'Espagne (Navarre), à 30 k. N. E. de Pampelune, dans la vallée de Roncevaux. C'est près de là que périt Roland, neveu de Charlemagne (778). Moncey y battit les Espagnols en 1794.

BURGUNDES, Burgundi et Burgundiones en latin, appelés plus tard Bourguignons, peuple teutonique, habitait d'abord la Germanie sept., entre l'Oder et la Vistule, sur les deux rives de la Warta. Chassés au IIIe s. par les Gépides, ils se divisèrent en deux bandes, dont l'une occupa l'île de Bornholm dans la mer Baltique, tandis que l'autre envahit la Gaule (280). Expulsés des Gaules par Probus, ils s'établirent près des sources du Mein. Jovien les laissa s'établir sur les confins de la Séquanaise et de la 2e Germanie (363). Sous Théodose (378-395), ce peuple se convertit au Christianisme, mais il embrassa l'hérésie d'Arius. Au temps d'Honorius (406), Gondicaire poussa plus avant en Gaule et y fonda le roy. de Burgundie, ou 1er roy. de Bourgogne, qui, au VIe s., comprenait tout le bassin du Rhône (V. BOURGOGNE). Les Burgundes étaient le plus doux et le plus civilisé des peuples barbares. Ils adoptèrent promptement les mœurs romaines. Dans les villes, ils exerçaient presque tous le métier de charpentiers ou de forgerons.

BURHANPOUR, V. BOURHANPOUR.

BURIATES, V. BOURIATES.

BURIDAN (Jean), docteur scolastique, né à Béthune vers 1295, mort vers 1360, était disciple d'Occam, et ardent Nominaliste. Il enseigna la philosophie à Paris, et fut élu en 1327 recteur de l'Université de cette ville. Persécuté par les Réalistes, il se retira en Allemagne, où il fonda une école, et enseigna à Vienne. Il a laissé des commentaires sur la Physique, la Métaphysique, la Morale et la Politique d'Aristote (Paris, 1516-1518, 17 vol. in-fol.) ; mais il est surtout connu par un singulier argument dont il se servait, dit-on, pour prouver la liberté d'indifférence : supposant un âne pressé également par la faim et la soif et placé entre une mesure d'avoine et un seau d'eau qui font sur lui une égale impression, Buridan demandait si l'animal resterait immobile entre les deux, au risque de mourir de faim; et si on lui répondait qu'il prendrait un parti, il en concluait qu'il se décidait par sa seule volonté. Suivant une rumeur, que Gaguin ne mentionne que pour la réfuter, ce même Buridan aurait dans sa jeunesse été introduit dans la tour de Nesle, où la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, aurait eu avec lui un commerce criminel, et il aurait failli être victime de son imprudence. Cette tradition, recueillie par Villon, et accueillie par nos dramaturges, est une fable sans fondement.

BURIE, ch.-l. de cant. (Charente-inf.), à 16 kil. E. de Saintes; 374 h.

BURIGNY (LÉVESQUE de), V. LÉVESQUE.

BURKE (Edmond), célèbre orateur, né à Dublin en 1730, mort en 1797, vint de bonne heure à Londres, où il exerça la profession d'avocat et où il se fit connaître par divers écrits. Il publia en 1756 un Coup d'œil sur les maux qu'a produits la civilisation, ouvrage anonyme, où il parodie la manière d'argumenter de lord Bolingbroke, et fit paraître l'année suivante un Essai sur le beau et le sublime, qui lui fit prendre rang parmi les philosophes; puis il se tourna vers la politique, créa en 1758 l’Annual Register, recueil périodique qui attira sur lui l'attention, accompagna en Irlande lord Halifax, nommé vice-roi, et devint le secrétaire particulier et l'ami du marquis de Rockingham, premier lord de la trésorerie (1765). Nommé membre de la Chambre des Communes, il se rangea du parti de l'opposition, malgré ses liaisons personnelles avec le ministre Rockingham et se montra très-favorable aux réclamations de l'Amérique anglaise. Il fut appelé au pouvoir en 1782 comme membre du conseil privé, mais il n'y resta que peu de mois. En 1786, il attaqua avec une éloquence admirable le gouverneur des Indes orientales, Hastings, qui avait abusé de son pouvoir. Lorsqu'éclata la Révolution française, Burke s'en déclara l'adversaire; il prononça à cette occasion plusieurs discours et publia un assez grand nombre d'écrits; le principal, intitulé : Réflexions sur la Révolution française (1790), eut en Angleterre et sur le continent un immense succès; il fut réfuté par Thomas Payne. La plupart des écrits de Burke ont été trad. en français dès leur apparition. Ses œuvres ont été réunies en 16 vol. in-8, Lond., 1830, et 10 vol. in-8, 1851. Ses Lettres ont été publiées à Londres en 1844. Burke est un des orateurs les plus véhéments et les plus pathétiques dont se glorifie la tribune anglaise; mais son style est un peu diffus. On l'a quelquefois surnommé, avec une évidente exagération, le Cicéron anglais.

BURLAMAQUI (J. J.), moraliste, né à Genève en 1694 d'une famille d'origine italienne, mort en 1748, professa le droit naturel à Genève, et entra à la fin de sa vie dans le conseil souverain de cette ville. On a de lui des Principes de droit naturel, des Éléments de droit naturel, et des Principes de droit politique, qui sont très-estimés, et qui servent de base à l'enseignement dans un grand nombre d'écoles. Il y fonde la morale et la politique sur l'étude de la constitution de l'homme et sur l'égalité naturelle, et revendique la liberté de conscience et la tolérance. Ses ouvrages, publiés pour la 1re fois en 1747, et dont une partie n'a paru qu'après sa mort, par les soins de Félice, ont été réédités à Paris en 1820 par Dupin aîné, en 5 vol. in-8, et par Cotelle en un seul vol. compacte, 1828.

BURLEIGH (Cécil). V. CÉCIL.

BURMANN (Pierre), savant philologue, né à Utrecht en 1668, mort en 1741, professeur d'histoire, d'éloquence et de langue grecque dans les universités d'Utrecht et de Leyde, a rendu d'importants services aux lettres latines par ses belles et nombreuses éditions, ornées de préfaces et de notes. Il a donné : Phèdre, 1698; Horace, 1699; Pétrone, 1709; Velleius Paterculus, 1719; Quintilien, 1720; Ovide, 1727; Poetæ lat. minores, 1731; Suétone, 1736; Lucain, 1740; Virgile, 1746; Claudien, 1760. Il acheva le Thesaurus antiquitatum Italiæ de Grævius. On a aussi de lui de savantes dissertations et des vers latins. P. Burmann brillait plutôt par l'érudition que par le bon goût. — Ses 2 neveux ont été également des hommes distingués : Jean Burmann, pasteur de l'église réformée, enseigna la botanique à Amsterdam et écrivit de savants ouvrages sur cette science; Pierre Burmann, dit Burmann Second, professa les lettres à Franeker et à Amsterdam, publia plusieurs travaux de son oncle et donna lui-même des éditions estimées, entre autres celles de l’Anthologie latine, 1759-73, et d’Aristophane, Leyde, 1760.

BURNES (Alexander sir), voyageur anglais, né à Montrose en 1805, mort en 1841. Attaché à l'armée de l'Inde, il explora les bords de l'Indus, fut chargé en 1832 d'une mission dans l'Asie centrale, publia en 1834 son Voyage à Boukhara (Travels into Bokhara), qui donne de précieux renseignements sur l'Afghanistan, et fut ensuite envoyé avec le grade de colonel, par le gouvernement anglais, dans le Caboul, mais il y périt victime d'une émeute. — V. BURNS.

BURNET (Thomas), écrivain anglais, né vers 1635, à Croft (York), mort en l715, fut maître de l'hôpital de Sutton à Londres, chapelain du roi Guillaume III, et secrétaire de son cabinet; mais il perdit sa faveur et ses places pour avoir émis dans plusieurs de ses ouvrages des opinions condamnables sur la religion. Il est l'auteur d'une Théorie sacrée de la Terre, en latin, 1680, où il fait l'histoire des temps antédiluviens, en consultant son imagination plutôt que les faits; de l’Archœologia philosophica, 1892, où il cherche à expliquer plusieurs des récits de la Genèse par des allégories, et d'un traité posthume De statu mortuorum et resurgentium, 1723, trad. par Bion en 1731. La plupart de ses écrits sont à l’Index.

BURNET (Gilbert), historien, né à Édimbourg en 1643, mort en 1715, fut d'abord curé de Salton en Écosse, puis enseigna la théologie à Glasgow. Il se livra à des attaques tellement violentes contre le Catholicisme qu'il encourut la disgrâce de Charles II et de Jacques II, et se vit obligé de quitter l'Angleterre. Après avoir voyagé dans plusieurs contrées de l'Europe, il se fixa en Hollande, s'attacha au prince d'Orange (depuis Guillaume III), et travailla de tout son pouvoir à le faire monter sur le trône d'Angleterre. Ce prince, à son avènement, l'éleva à l’évêché de Salisbury. On doit à G. Burnet une Histoire de la Réformation en Angleterre, 1679-1715, trad. par Rosemond, 1683 et années suivantes ; une Histoire de mon temps (depuis Charles II), publiée après sa mort par son fils, 1724, trad. par Lapillonnière, 1725.

BURNET (James), lord Monboddo. V. MONBODDO.

BURNOUF (J. Louis), professeur et philologue, né en 1775 à Urville (Manche), mort en 1844, était fils d'un pauvre tisserand, qui le laissa orphelin de bonne heure. Admis comme boursier au collége d'Harcourt à Paris, il remporta en 1792 le prix d'honneur de l'Université, et n'en fut pas moins obligé, pendant la Révolution, de se faire commis marchand pour vivre. Il entra dans l'Université en 1808, fut successivement professeur de rhétorique au lycée Charlemagne et au lycée Impérial, maître de conférences à l'École normale, professeur d'éloquence latine au Collége de France, inspecteur de l'Université, et fut admis en 1836 à l'Académie des inscriptions. On lui doit une Méthode pour étudier la langue grecque (1813) et une Méthode pour étudier la langue latine (1840), ouvrages classiques, qui sont conçus dans un esprit philosophique sans cesser d'être d'un usage pratique ; une édition de Salluste (1822), dans la collection Lemaire ; enfin des traductions de Tacite (6 vol. in-8, 1827-1833), de plusieurs ouvrages de Cicéron, et du Panégyrique de Pline, qui unissent l'élégance à la fidélité.

BURNOUF (Eugène), savant orientaliste, fils du précédent, né à Paris en 1801, mort en 1852, se consacra aux langues orientales, et approfondit surtout le sanscrit et le zend ; fit un cours de grammaire générale à l’École normale, fut élu en 1832 professeur de langue et de littérature sanscrites au Collége de France, et entra la même année à l'Académie des inscriptions. Il venait d'être nommé secrétaire perpétuel de cette compagnie, lorsqu'il fut enlevé par une mort prématurée. Outre un grand nombre de mémoires sur des questions particulières et le texte explicatif de l’Inde anglaise de Geringer, 1827-1835, on a de lui : Vendidad-Sadé, l'un des livres de Zoroastre, texte zend, avec trad., 1829-32; le Yaçna ou le livre des prières, en zend, 1833, avec un commentaire où le vrai sens des livres sacrés des Parsis était pour la 1re fois révélé ; un Mémoire sur les inscriptions cunéiformes, 1838, où sont déchiffrés des caractères restés jusque-là indéchiffrables; le Bhagavata-pourana, histoire poétique de Krichna, avec traduction et commentaires, 1840-44; enfin une Introduction à l'Histoire du Bouddhisme indien, d'après les monuments originaux récemment retrouvés : il achevait ce grand travail au moment de sa mort. En faisant des découvertes inespérées, en ressuscitant des idiomes perdus, E. Burnouf a mérité qu'on dit de lui qu'il était un philologue de génie. M. Naudet a lu à l'Académie des inscriptions en 1854 une excellente Notice sur MM. Burnouf père et fils.

BURNS (Robert), poëte écossais, né en 1759, était fils d'un jardinier du comté d'Ayr, et fut lui-même fermier. Emporté par un goût naturel vers la poésie, il négligea ses affaires pour s'y livrer; mais en même temps il s'abandonna à la débauche et tomba dans une misère qui abrégea sa vie : il mourut en 1796, à 37 ans. Ses poésies sont écrites presque toutes dans le dialecte écossais. Le Dr Currie en a donné en 1800 un recueil complet en 4 vol. in-8. Les morceaux de Burns les plus estimés sont : The Cotter's Saturday-Night; Bruce's Address to his Troops; The Lilach; John Barleycorn. Ses Poésies ont été trad. par M. Léon de Wailly, 1843. Lockhardt a écrit sa Vie, Édimbourg, 1828.

BURRHUS (Afranius), préfet du prétoire et gouverneur de Néron, d'une vertu sévère, réussit pendant quelque temps, avec Sénèque, à contenir les penchants du jeune prince ; mais, après le meurtre de Britannicus, il se déshonora en acceptant une partie des dépouilles de la victime. Néanmoins Néron finit, dit-on, par le faire mourir lui-même, l'an 62 de J.-C., pour se défaire d'un censeur importun.

BURRHUS, empirique italien. V. BORRI.

BURSCHENSCHAFT, association d'étudiants en Allemagne. V. ce mot au Dict. des sciences.

BURTON (Robert), écrivain anglais, né à Lindley (Leicester) en 1576, mort en 1639, était curé dans sa ville natale. Il est connu par un ouvrage fort original, l'Anatomie de la Mélancolie, par Démocrite le Jeune, 1621, ouvrage auquel Sterne a fait de fréquents emprunts, et qui a eu un grand nombre d'éditions. Burton croyait à l'astrologie ; il avait prédit le jour de sa mort, et sa prédiction se réalisa.

BURTON-UPON-TRENT, v. d'Angleterre (Stafford), sur le Trent, à 35 kil. E. de Stafford ; 7000 hab. Chapeaux, filatures de coton hydrauliques ; ouvrages en fer. Pont de 37 arches sur le Trent. Ale renommée.

BURTSCHEID. V. BORCETTE.

BURY, v. manufacturière d'Angleterre (Lancaster), sur l'Irwell, à 12 k. N. O. de Manchester ; 25 000 hab. Chemin de fer. Houille ; étoffes de coton, lainages. Patrie de sir Robert Peel.

BURY-ST-EDMUNDS, jadis Boedrik-Worth, v. d'Angleterre (Suffolk), à 90 kil. N. E. de Londres : 4500 hab. Jolie ville ; églises St-Jacques et Ste-Marie. Grand commerce de laines et de grains. — La ville se forma autour d'une abbaye fondée en 633 et dans laquelle fut transportée en 903 le corps du roi S. Edmond, tué par les Danois en 870. C'est là que se rassemblèrent les barons anglais, mécontents de Jean sans Terre, pour lui arracher la Grande Charte.

BURZET, ch.-l. de cant. (Ardèche), à 22 kil. N. de L'argentière ; 832 hab. Couvertures de laine.

BUS (César de), instituteur de la congrégation de la Doctrine chrétienne, né en 1544 à Cavaillon, mort en 1607, avait d'abord mené dans les camps et à la cour une vie très-dissipée. Il embrassa l'état ecclésiastique à 30 ans, se voua à l'instruction des enfants et du peuple, et, s'étant associé à plusieurs prêtres animés du même zèle, créa, en 1592, la congrégation de la Doctrine chrétienne ou des Doctrinaires, qui fut approuvée par Clément VIII en 1597. V. DOCTRINE.

BUSACHI, bourg de Sardaigne, à 30 kil. N. E. d'Oristano ; 2000 hab. Il donne son nom à une prov. située entre celles de Cagliari au N., d'Isili au S. et la mer à l'O., qui a pour ch.-l. Oristano ; 75 000 h.

BUSACO, couvent et hameau de Portugal (Beira), à 30 kil. N. de Coïmbre. Wellington y remporta un avantage sur Masséna le 15 septembre 1810, mais le 27 du même mois, l'armée anglo-portugaise fut repoussée jusqu'à Torrès-Védras.

BUSBECQ (Augier GHISLEN de), diplomate, né en 1522 à Comines en Flandre, mort en 1592, fut employé par les empereurs Ferdinand I, Maximilien II et Rodolphe II, comme ambassadeur en Turquie, puis en France, et fut gouverneur des fils de Maximilien II. On a de lui une relation de son ambassade en Turquie, écrite en latin, sous forme de lettres, 1582-1589, trad. par Gaudon, 1649, et par l'abbé de Foy, 1748. On doit à Busbecq la découverte du célèbre Monument d'Ancyre (V. ANCYRE), et l'introduction en Europe du lilas et du marronnier d'Inde.

BUSCHING (Ant. Fréd.), géographe, né en 1724à Stadthagen (Schaumbourg), mort en 1793, accompagna d'abord en Russie le comte de Lynar comme gouverneur de son fils, fut nommé en 1754 professeur de philosophie à Gœttingue, quitta cette ville en 1761 par suite de persécutions qu'il y éprouva pour ses opinions religieuses, et se rendit à St-Pétersbourg, où il devint pasteur d'une église luthérienne ; puis à Berlin (1766), où il dirigea avec le plus grand succès le gymnase ou collége dit du Cloître-Gris. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages sur la religion, la géographie, l'histoire, et sur l'éducation ; c'est surtout par ses ouvrages géographiques qu'il est connu. Les plus importants sont : la Nouvelle Description du globe ou Géographie universelle, 1754 et années suivantes, le traité le plus complet et le plus exact qui eût paru jusqu'à lui ; Introduction à la géographie, à la politique, au commerce et aux finances des États de l'Europe, 1758. Ces deux ouvrages ont été plusieurs fois trad. en français. Il publia en outre de 1767 à 1793 le Magasin pour l’Histoire et la Géographie, 25 vol. in-8. — Son fils, J. G. Théophile Busching, 1783-1829, professeur à Breslau, a donné une trad. des Niebelungen en allemand moderne.

BUSCHIRE ou BOUCHIR. V. ABOUCHEHR.

BUSENBAUM (Hermann), jésuite, né en 1600 à Nottelen (Westphalie), mort en 1668, fut recteur de colléges de son ordre à Hildesheim et à Munster. Il publia en 1645, à Munster, sous le titre de Medulla theologiæ moralis, un abrégé de théologie, extrait de divers auteurs. Cet abrégé, devenu classique dans les écoles des Jésuites, avait eu déjà une quarantaine d'éditions, lorsqu'en 1757, à l'époque de l'attentat de Damiens sur Louis XV, on y releva des propositions de nature à justifier le régicide. L'ouvrage fut condamné par les parlements de Toulouse et de Paris.

BUSIRIS, auj. Abousyr, anc. v. de la B.-Égypte, sur le bras l'Athribitique du Nil, au S. E. de Saïs, ch.-l. du nome Busirite, était célèbre par le culte d'Isis et d'Osiris. V. ABOUSYR.

BUSIRIS, tyran d'Espagne, fameux par sa cruauté, tuait tous les étrangers qui passaient dans ses États. Ayant osé enlever les Atlantides, Hercule, ami d'Atlas, le vainquit et le tua.

BUSIRIS, roi d’Égypte, fils de Jupiter ou de Neptune et de Libye ou d'Anippe, régnait sur la Thèbes d'Égypte. Il agrandit cette ville et l'entoura de murailles pour la préserver des attaques des Éthiopiens. Ayant immolé des victimes humaines pour faire cesser une peste, il fut attaqué par Hercule, qui le tua et abolit ces odieux sacrifices. On place son règne vers le XXIIe siècle av. J.-C. Quelques-uns le confondent avec Osiris.

BUSSANG, bourg des Vosges, à 26 k. S. E. de Remiremont, sur la Moselle, près de sa source; 615 h. Eaux ferrugineuses et carbo-sulfatées, qui s'exportent en grande quantité. Route souterraine.

BUSSENTO, riv. du S. de l'Italie. V. BUXENTIUS.

BUSSET, bourg de l'Allier, à 28 k. S. O. de La Palisse et à 12 k. de Vichy; 1700 h. Anc. seigneurie, qui donna son nom à une branche bâtarde de la maison de Bourbon, les Bourbon-Busset.

BUSSIÈRE-BADIL, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 14 k. N. de Nontron; 408 h. Briqueteries.

BUSSIÈRES (Jean de), jésuite, né en 1607 à Villefranche (Rhône), mort en 1678 composa en vers latins un poëme sur l'île de Ré délivrée des Anglais, de Rhea liberata, Lyon, 1655, et un autre sur Scanderbeg, en 8 livres, Lyon, 1662. Il s'essaya aussi, mais avec peu de succès, en vers français.

BUSSONE (Fr.). V. CARMAGNOLE.

BUSSY, nom de plusieurs villages de France. Le principal est Bussy-le-grand (Côte-d'Or), à 7 k. N. O. de Plavigny; 975 h. Château de Bussy-Rabutin; c'est là qu'il se retira durant son exil. Patrie de Junot.

BUSSY-D'AMBOISE (L. de CLERMONT de), un de ceux qui eurent le plus de part aux massacres de la St-Barthélemy (1572), assassina, entre autres, Antoine de Clermont, son parent, avec qui il était en procès, et s'empara de son château. Nommé commandant du château d'Angers, il devint en exécration à la province, et fut assassiné par le comte de Montsoreau, dont il avait voulu séduire la femme.

BUSSY-LECLERC (Jean), un des chefs de la faction des Seize pendant la Ligue, avait été maître d'armes, puis procureur au parlement et reçut de Guise le commandement de la Bastille (1589). Il s'est rendu fameux par son fanatisme, ses violences contre le parlement et ses listes de proscription. Il ne rendit la Bastille qu'à condition qu'on lui laisserait la vie, et il put se retirer sain et sauf à Bruxelles.

BUSSY-RABUTIN (Roger, comte de), célèbre par son esprit et sa causticité, né en 1618, à Épiry (Nièvre), mort en 1693, se distingua d'abord dans la carrière militaire. Pendant les troubles de la Fronde, il prit parti contre le roi, puis il fit sa paix et obtint le commandement du Nivernais et la charge de mestre de camp de cavalerie. Il se fit disgracier par Louis XIV pour avoir chansonné les amours de ce prince, fut enfermé à la Bastille pendant un an (1665), puis exilé pendant 16 ans. Il a composé une Histoire amoureuse des Gaules, 1665, espèce de chronique scandaleuse où il décrit, avec autant de malignité que d'esprit, les mœurs galantes de la cour pendant la jeunesse du roi, ce qui l'a fait surnommer le Pétrone français; on a en outre de lui des Lettres que, dans sa fatuité, il croyait bien supérieures à celles de Mme de Sévigné, sa cousine; des Mémoires, et une Histoire de Louis XIV, pleine de basses flatteries. Son Histoire amoureuse des Gaules a été souvent réimprimée, notamment à Paris, 1829 et 1856. Ses Lettres, publiées partiellement en 1697, l'ont été d'une manière plus complète en 1858-60, par M. Lud. Lalanne, avec ses Mémoires. — Bussy laissa un fils qui devint évêque de Luçon, et qui eut si bien le don de plaire qu'on l'appelait le Dieu de la bonne compagnie.

BUSSY-CASTELNAU (Ch. Joseph PATISSIER, marquis de), général français, né en 1718, mort en 1785 à Pondichéry, servit avec distinction sous Dupleix dans les Indes; contribua à faire lever aux Anglais le siége de Pondichéry en 1748, et fut nommé en 1782 commandant des armées de terra et de mer au delà du Cap de Bonne-Espérance. Il concerta ses opérations avec le bailli de Suffren et lutta avec avantage contre un ennemi fort supérieur en nombre.

BUSTA GALLORUM, auj. Bastia, lieu de l'ancienne Ombrie, à 15 kil. N. E. de Pérouse. Narsès y défit en 552 le roi des Goths Totila, qui y perdit la vie.

BUTE (île), île d'Écosse, à l'entrée du golfe de la Clyde; 24 kil. sur 8; 10 000 hab.; ch.-l., Rothsay. Houille, ardoise, pierre à chaux. — L'île de Bute forme un comté avec les îles Arran, Cumbray, Inchmarnock; 16 000 hab.

BUTE (J. STUART, comte de), ministre d'État, né en Écosse en 1713, mort en 1792, fut membre du parlement à 24 ans. Ayant plu au prince et à la princesse de Galles par l'élégance de ses manières, il fut placé auprès de leur fils (depuis George III), héritier présomptif de la couronne, sur lequel il acquit le plus grand ascendant. A l'avénement de ce prince (1760), il devint 1er ministre et se déclara chef du parti tory. Il se rendit odieux par plusieurs mesures antipopulaires; cependant il termina la guerre que l'Angleterre faisait depuis plusieurs années à la France, et conclut en 1763 une paix avantageuse à son pays. Las des attaques incessantes de l'opposition, il abandonna brusquement les affaires, lorsqu'il était encore au faîte du pouvoir, et se retira dans sa terre de Lutton (Berkshire), où il cultiva la botanique; il paraît néanmoins qu'il exerça longtemps encore une influence occulte sur les affaires. Dans sa retraite, il composa pour la reine d'Angleterre des Tables de botanique contenant les familles de plantes de la Grande-Bretagne, ouvrage remarquable par le luxe de l'exécution, et qui n'a été tiré qu'à 12 exemplaires. Buffon, qui en reçut un, le déposa à la Bibliothèque du roi. Sa famille tirait son nom de l'île de Bute, dont elle était propriétaire.

BUTHROTE, Buthrotum, auj. Butrinto, v. d'Épire, en Thesprotie, presque en face de Corcyre. Énée s'y arrêta lorsqu'il fuyait Troie, et y rencontra Andromaque, veuve d'Hector, que Pyrrhus avait cédée à Hélénus, roi de Thesprotie. V. BUTRINTO.

BUTICUS LACUS, lac de Bouto, auj. lac de Bourlos.

BUTLER (Samuel), poëte anglais célèbre par son esprit, né vers l612 à Strensham (Worcester), mort en 1680, fut d'abord clerc chez un juge de paix. Ayant de bonne heure fait connaître son talent pour la poésie, il fut attaché à la maison de la duchesse de Kent, qui lui laissa la liberté de se livrer aux études de son goût, puis occupa un emploi chez Samuel Luke, zélé puritain et partisan de Cromwell. A la Restauration, il devint intendant du château de Ludlow (1660), et publia peu après le poëme burlesque d’Hudibras. Dans ce poëme, qui eut le plus grand succès, il attaquait par le ridicule les puritains et les indépendants. Il rendit ainsi un service immense à la cause royaliste. Néanmoins il ne fut pas généreusement traité par Charles II, et mourut dans la misère. Le poëme d’Hudibras se compose de trois parties qui ont été publiées séparément (1663, 64, 78) ; il n’est pas achevé. Il est rempli d’allusions qui le rendent aujourd’hui presque inintelligible, surtout pour les étrangers. Il a été traduit en vers français par l’Anglais Townley. 3 vol., Lond., 1757, avec une clef. Butler a aussi laissé quelques autres écrits. Les éditions les plus estimées de ses œuvres ont paru à Londres, 1744, 2 vol. in-8 ; 1793, 3 vol. in-4 ; 1819, 3 vol. in-8, et 1855, 3 vol. in-8.

BUTLER (Joseph), théologien, né en 1692 à Wantage (Berks), mort en 1752, se fit connaître dès l’âge de 21 ans par des objections adressées à Clarke, et qui se trouvent à la suite du Traité de l’existence de Dieu. Après avoir possédé différents bénéfices, il devint secrétaire du cabinet de la reine Caroline, puis évêque de Bristol (1738), et enfin de Durham (1750). Il publia en 1736 l’Analogie de la religion naturelle et révélée avec le cours de la nature, ouvrage où l’on trouve les réponses les plus solides à plusieurs objections spécieuses (trad. en français, Paris, 1812). On a aussi de lui des sermons estimés.

BUTLER (Alban), prêtre catholique anglais, né en 1710, dans le comté de Northampton, mort en 1773, étudia au collége anglais de Douay, y enseigna ensuite la philosophie et la théologie, et devint principal du collége anglais de St-Omer. Il est auteur de la Vie des Saints, en anglais. Cet ouvrage, très-estimé, parut pour la première fois en 1745, 5 vol. in-8 ; il a depuis été souvent réimprimé, a reçu de grandes augmentations, et a été traduit par les abbés Godescard et Marie, 1784, 12 vol., 1836, 14 vol. in-8. - Son neveu, Ch. Butler, 1770-1832, avocat, se distingua comme jurisconsulte et comme écrivain catholique, compléta la Vie des Saints, et composa 2 ouvrages remarquables : Horæ biblicæ et Horæ juridicæ.

BUTO ou BOUTO, v. d’Égypte. V. BUTUS.

BUTRINTO, Buthrotum, v. de Turquie (Albanie), vis-à-vis du Corfou ; 2000 h. Évêché grec. Butrinto appartenait aux Vénitiens, lorsque les Français s’en emparèrent, en 1797. Les Russes réunis aux Turcs la reprirent en 1799 ; ces derniers l’ont conservée.

BUTTMANN (Philippe Charles), philologue, né en 1764 à Francfort-sur-le-Mein, mort en 1829, se fixa dès 1789 à Berlin, y devint bibliothécaire, professeur de philologie au gymnase de Joachimstadt, membre et secrétaire de l’Académie, fut chargé d’enseigner les langues anciennes au prince royal de Prusse et rédigea de 1808 à 1812 la Gazette de Spener. Il a laissé un grand nombre de travaux d’érudition ; le plus important est sa Grammaire grecque, qui parut sous trois formes différentes : 1° Grammaire classique abrégée, 2° Grammaire à l’usage des hautes classes, 3° Grammaire développée : cette dernière est restée incomplète. La Grammaire de Buttmann est, avec celle de Matthiæ, l’ouvrage de ce genre le plus estimé en Allemagne : on la suit dans plusieurs colléges de ce pays.

BUTTON (Thomas), navigateur anglais, fut chargé par Jacques I, en 1611, de continuer les découvertes faites par Hudson au N. de l’Amérique ; découvrit les terres qu’il nomma Nouvelle-Galles, terre de Carey’s-Swans-Nest, les caps de Southampton, de Pembroke, les îles Mansfield, l’île et la baie de Button. Parvenu jusque vers le 65° de lat., il se convainquit de la possibilité d’un passage au N. O. Il revint en Angleterre en 1612. Purchas a donné un extrait de son journal.

BUTTURA (Antoine), littérateur italien, né près de Vérone en 1771, mort à Paris en 1832, se fit naturaliser français, et remplit en France des fonctions administratives. On a de lui un Dictionnaire italien-français et français-italien, une traduction de l’Art poétique de Boileau, quelques poésies lyriques et des éditions annotées de classiques italiens.

BUTUS ou BUTOPOLIS, c.-à-d. la ville de Bouto, v. de la B.-Égypte, ch.-l. du nome Butique, sur le Buticus lacus, et près de la bouche sébennytique du Nil, était consacrée à la déesse Bouto. V. ce nom.

BUTZOW, v. du grand duché de Mecklenbourg-Schwérin, à 25 kil. S. O. de Rostock ; 3368 hab. Château ; université fondée en 1760, supprimée en 1788. Fabriques de cartes à jouer, fonderie.

BUXENTIUS, Bussento, riv. de Lucanie, se jetait dans le Sinus Laüs, à Buxentum (Policastro). Alaric fut enterré dans le lit de ce fleuve.

BUXTORF (Jean), fameux hébraïsant, né en 1564 à Camen en Westphalie, mort en 1629, se fixa, à Bâle et y remplit pendant 38 ans la chaire de langue hébraïque. Il avait une connaissance fort étendue des livres des rabbins. Ses principaux ouvrages sont : Epitome grammaticæ hebrææ ; Thesaurus grammaticus linguæ hébrææ ; Grammatica chaldaica et syriaca ; Lexicon hebraicum et chaldaicum ; Lexicon thalmudicum et rabbinicum ; Tiberias, ouvrage où il traite de la Massore. Buxtorf et son fils, qui le remplaça dans la chaire, eurent de vives discussions avec le savant Cappel au sujet des points voyelles, dont ils attribuaient l’invention à Esdras, mais qui paraissent être d’une date moins ancienne.

BUXY, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 14 kil. S. O. de Chalon-sur-Saône ; 1242 hab. Bons vins.

BUYTRAGO, Litabrum, bourg d’Espagne (Guadalaxara), à 80 kil. N. de Madrid. Anc. évêché.

BUZANÇAIS, ch.-l. de cant. (Indre), à 22 kil. N. O. de Châteauroux, sur l’Indre, qu’on y traverse sur 5 ponts ; 3366 hab. Anc. seigneurie. Forges et fonderies, lainages, sangsues. Émeute sanglante en 1846 à l’occasion de la cherté des grains.

BUZANCY, ch.-l. de cant. (Ardennes), à 18 kil. E. de Vouziers ; 853 h. Le tribunal de 1re instance y siégea de 1798 à 1803. — Vge du dép. de l’Aisne, à 8 kil. S. de Soissons ; 200 hab. Château du marquis de Puységur.

BUZENVAL, parc près de Saint-Cloud, théâtre du dernier combat du siége de Paris (19 janvier 1871).

BUZET, bg de Lot-et-Garonne, à 16 kil. N. de Nérac.

BUZOT (Franç. Nicolas Léonard), conventionnel, né à Évreux en 1760, fut d’abord avocat. Député aux États généraux, puis à la Convention, il devint un des chefs du parti de la Gironde, et dénonça Robespierre, l’accusant d’aspirer à la dictature. Proscrit au 31 mai 1793 comme fédératiste, il tenta inutilement de soulever le Calvados, se réfugia dans la Gironde, et fut trouvé mort avec Péthion dans un champ près de St-Émilion : il s’était empoisonné.

BUZRUKOMID, fils adoptif d’Haçan-Sabah, lui succéda en 1124 comme prince de la secte des Ismaéliens ou Assassins, et mourut en 1138. Il résidait dans la forteresse de Roudbar.

BYBLOS, Djébel, v. et port de Phénicie, sur la Méditerranée, entre Tripolis et Béryte, près de l’emb. du fleuve Adonis, célèbre par les fêtes de Thammouz (l’Adonis des Grecs). Patrie d’Hérennius Philon. — Ville de B.-Égypte, à égale distance des bras Atarbéchique et Thermutiaque du Nil.

BYNG (George), amiral anglais, né en 1663 au comté de Kent, mort en 1733, commanda l’escadre qui prit Gibraltar, 1704, porta des secours à Barcelone assiégée par le duc d’Anjou, 1706, s’opposa avec succès aux invasions tentées à diverses reprises par la France et la Suède en faveur du prétendant, et battit la flotte des Espagnols près du cap Passaro, 1718. Il fut, en récompense, créé chevalier du Bain et vicomte de Torrington. Appelé au ministère comme trésorier et lord de l’amirauté, il y soutint sa réputation d’habileté et de prudence. - Son fils, John Byng, né en 1704, fut aussi amiral. Ayant échoué en 1756 devant Minorque, et s’étant laissé battre à la hauteur de Port-Manon par l’amiral français La Galissonnière, il fut (quoique sans aucun fondement) accusé de trahison, condamné à mort et fusillé, 1757.

BYRCHANIS, îlee de l'Océan germ., auj. Borkum.

BYRON (le commodore John), navigateur anglais, né en 1723, mort en 1786, fit un ler voyage dès 1742 avec l'amiral Anson à la terre de Magellan; fit naufrage près de Chiloé et fut quelque temps prisonnier des Espagnols. Il exécuta de 1764 à 1766 un nouveau voyage avec le titre de commodore, explora la mer du Sud à l'O. de la Terre de Magellan, et découvrit en 1765 plusieurs îles, entre autres celle des Mulgraves qui porte son nom (par 175° long. E. et 1° 18 lat. S.). Il publia en 1748 son 1er voyage (trad. par Cantwell, Paris, 1800) ; en 1766, un de ses officiers donna la relation du 2e (trad. par Suard, 1767). John Byron fut le précurseur de Cook.

BYRON (George GORDON, connu sous le nom de lord), célèbre poète anglais, petit-fils du préc., né à Douvres en 1788. perdit son père dès l'âge de trois ans, étudia à l'école d'Harrow, puis à Cambridge, où il mena la vie la plus dissipée. Il publia à vingt ans un premier recueil de vers, les Heures de loisir, où perce déjà sa misanthropie dédaigneuse. Ce recueil fut vivement critique; Byron se vengea en écrivant contre ses détracteurs une violente satire, les Poètes anglais et les Critiques écossais (1809), où se révéla pour la première fois son genre de talent. Il entra jeune à la chambre haute, ayant hérité du titre de lord qu'avait porté un de ses oncles. Aussitôt après il se mit à voyager, visita le Portugal, l'Espagne, l'Albanie, la Grèce, la Turquie, et publia à son retour (1811) les premiers chants d'un poème qui le plaça dès lors à la tête des poètes anglais, le Pèlerinage de Child-Harold ; il y décrivait, sous un nom emprunté, ses propres aventures et ses impressions de voyage. Il donna successivement plusieurs petits poèmes qui n'eurent pas moins de succès : le Corsaire, Lara, la Fiancée d'Abydos, le Giaour (1812-1814). En 1815 il épousa une femme que son génie avait séduite, miss Millbank; mais ce mariage ne fut point heureux; au bout d'un an les deux époux se séparèrent, quoiqu'ils eussent une fille. Byron, qui paraît avoir eu tous les torts, se voyant blâmé universellement, prit en dégoût le séjour de l'Angleterre et partit pour de nouveaux voyages (1816). Il parcourut la Belgique, où la vue de Waterloo lui inspira un de ses plus beaux chants; la Suisse, où il se lia avec le spinosiste Shelley; s'arrêta longtemps à Venise et en Toscane, où il fut retenu par une vive passion. En 1819 il s'associa aux projets d'émancipation de l'Italie ; ces projets ayant échoué, il se dévoua tout entier à la cause des Grecs. Il se rendit au milieu d'eux en 1823, leur prodigua sa fortune, et fit tous ses efforts pour rallier les partis et discipliner les troupes; mais il mourut dans les murs de Missolonghi avant d'avoir pu voir le succès de ses sacrifices (1824). Pendant son séjour en Suisse et en Italie, Byron avait ajouté un 3e chant à Child-Harold ; il avait en outre composé plusieurs drames : Manfred, Caïn, le Ciel et la Terre, Marino Faliero, Foscari, la Prophétie du Dante, et le poëme de Don Juan, espèce d'épopée que l'on regarde comme son chef-d'œuvre. Ce poète eut une imagination hardie et féconde, mais mal réglée : on regrette qu'il se soit plu trop souvent à désespérer l'homme et à faire admirer le crime. Son style est énergique et plein d'images brillantes. Byron était d'une haute taille et d'une belle figure; mais il était né boiteux : cette infirmité, en froissant son amour-propre, paraît avoir contribué à cette humeur morose et misanthropique qui perce dans tous ses écrits. — On a publié un grand nombre d'éditions des Œuvres de Byron : les plus estimées sont celles de Londres, 1833, 17 vol. in-18, avec une Vie par Thomas Moore; et de Paris, publiée par Baudry, 1832, 4 vol. in-8. Elles ont été trad. par Amédée Pichot, 1822-1825, par Paulin-Pâris, 1830-32, et par Benj. Laroche, 1837. M. Hunter en a traduit une partie en vers français, 1841. Byron avait laissé des Mémoires qui ont été supprimés sur la demande de sa famille. M. Villemain lui a consacré dans la Biographie universelle une Notice qui est un chef-d'œuvre de critique.

La fille de lord Byron, Miss Adda, née en 1815, est morte en 1852, comtesse de Lovelace.

BYRSA, citadelle de Carthage, était, ainsi nommée, dit-on, de ce qu'elle occupait l'emplacement que pouvait enfermer une peau de bœuf (byrsa) découpée en lanières étroites. V. CARTHAGE,

BYZACÈNE, contrée de l'Afrique propre des anciens, dans l'État actuel de Tunis, au S. de la Zeugitane, s'étendait du fond de la Petite-Syrte au fond du golfe d'Adrumèle, et avait pour ville principale Byzacium, au S. E. de Septimuncia. On croit qu'elle tire son nom des Byzantes, qui l'auraient colonisée.

BYZANCE, Byzantium, aujourd. Constantinople, grande v. de Thrace, à la pointe S. E., sur la côte occid. du Bosphore de Thrace, dans une admirable position. Fondée, à ce qu'on croit, vers 658 av. J.-C., par un certain Byzas de Mégare, elle fut prise par Darius, puis appartint aux Ioniens, à Sparte, à Athènes; ces deux villes s'en disputèrent longtemps la possession, mais elle se rendit indépendante en 358 av. J.-C., et prit rang parmi les puissances maritimes. Philippe de Macédoine l'assiégea inutilement. Plus tard, elle s'allia aux Romains et leur rendit des services pendant la guerre de Mithridate ; en récompense, elle jouit d'une indépendance complète à l'ombre de leur protectorat. Au 1er siècle, elle fut, avec le reste de la Thrace, absorbée dans l'empire. S'étant déclarée en 193 pour Pescennius Niger, elle fut assiégée par Septime Sévère, qui ne la prit qu'au bout de 3 ans, et la fit piller et raser (190). Relevée à la prière de Caracalla, elle ne reprit sa splendeur qu'au temps de Constantin, qui en 330 la choisit pour capitale de l'empire et lui donna son nom (V. CONSTANTINOPLE.)

BYZANTIN (Empire). V. ORIENT (Empire d').

Style byzantin. On a donné ce nom à un genre d'architecture religieuse qui ne prit naissance à Byzance qu'après que le siège de l'empire y eut été transféré. Les plus beaux types de ce style sont Ste-Sophie à Constantinople, St-Vital à Ravenne, St-Marc à Venise, St-Front à Périgueux. Les formes sarrasines et gothiques y sont mêlées à l'architecture grecque.

BYZANTINE (la), Corpus scriptorum historiæ byzantinæ. On nomme ainsi la collection des historiens grecs dont les ouvrages nous ont transmis l'histoire de l'empire d'Orient depuis Constantin jusqu'à la prise de Constantinople (1453). Les principaux auteurs qui y sont compris sont : Zonaras, Nicétas, Acominatus Choniates, Nicéphore Grégoras, Laonicus (ou Nicolas) Chalcondylas : (ces 4 premiers auteurs forment un corps complet d'histoire, de Constantin à la fin du XVe siècle; puis viennent de nombreux écrivains qui n'ont traité que des parties détachées, et dont les plus remarquables, en suivant l'ordre chronologique, sont : Procope, Agathias, Théophylacte, S. Nicéphore, l'empereur Constantin Porphyrogénète, Jean Malalas, Jean Scylitzès, Nicéphore Bryenne, Anne Comnène, fille de l'empereur Alexis Commène, Georges Acropolita, Georges Pachymère, l'empereur Jean Cantacuzène, Georges Codinus, Michel Ducas, de la famille impériale des Ducas. Leurs écrits ne sont le plus souvent que des compilations sans art et sans choix; ils renferment néanmoins les seuls matériaux que nous possédions sur cette partie de l'histoire. La collection des auteurs byzantins a été formée sous Louis XIV et imprimée au Louvre en 36 vol. in-fol., 1644-1711. Elle a été réimprimée à Venise, 1722 et ann. suiv., et, de nos jours, à Bonn : cette dernière édition, entreprise par Niebuhr en 1827, a été continuée après sa mort par l'Acad. de Berlin. On joint à cette collection l’Imperium orientale de Banduri. Le président Cousin à trad. en français les principaux auteurs byzantins sous le nom d’Histoire de Constantinople, 1672-74, 8 vol. III-a