Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre L

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DICTIONNAIRE


UNIVERSEL


D’HISTOIRE ET DE GÉOGRAPHIE.
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LABA LABA

L, dans les abréviations, signifiait chez les Romains : Lucius, Lælius, Lollius, Latinus, Legio, Lex, Libra, Legatus. L. s’emploie aussi souvent, chez les modernes, pour Ludovicus, Louis, Lucien, Léon, etc.

LAA, v. des États autrichiens (Basse-Autriche), à 42 kil. N. de Korneuburg; 1400 hab. En 1278, Rodolphe de Habsbourg battit Ottokar de Bohême dans la plaine de Marchfeld, voisine de cette ville. Cette bataille dite de Marchfeld, lui valut la possession de l'Autriche et de la Styrie.

LAACHERSEE, lac des États prussiens (Prov. Rhénane), à 23 kil. N. O. de Coblentz, a 3000 m de long sur 2600 de large; c'est le cratère d'un ancien volcan. Ruines d'une abbaye de Bénédictins, fondée en 1093 et où habita, dit-on, le fameux Lancelot du Lac

LAALAND, île du Danemark, dans la mer Baltique, entre celles de Falster et Langeland : 58 kil. sur 22 ; 40 000 hab. ; ch.-l., Mariboë. — Jointe à celle de Falster et à quelques autres, cette île forme le bailliage de Laaland, qui compte 85 000 hab.

LABADIE (J.), sectaire, né en 1610 à Bourg en Guyenne, m. en 1674 à Altona, avait d'abord été jésuite. Il prétendit avoir des visions, se donna pour un nouveau Jean-Baptiste, chargé d'annoncer la seconde venue du Messie, quitta les Jésuites, se mit à prêcher, et fit bientôt un grand nombre de prosélytes. Après une vie fort aventureuse, il abjura le Catholicisme à Montauban (1650), et fut pendant huit ans pasteur calviniste du temple de cette ville ; puis il passa à Genève, de là à Middelbourg. Il fut condamné pour hérésie par le synode de Dordrecht et se réfugia à Altona. Jl enseignait que le baptême ne doit être donné qu'à un âge avancé ; mêlant à ses erreurs une grande licence de mœurs, il prétendait que les actions les plus impures peuvent être sanctifiées en les rapportant à Dieu. Il composa un grand nombre d'écrits bizarres : le Héraut du grand roi Jésus, Amst., 1667, le Chant royal du roi Jésus, le Véritable exorcisme, etc.

LA BALUE (Jean), cardinal et ministre d'état sous Louis XI, né en 1421 dans le Poitou, d'une famille d'artisans, sut, par son caractère actif et intrigant, capter les bonnes grâces de Louis XI. Il fut fait évêque d'Évreux et d'Angers, aumônier du roi, intendant des finances, et eut pendant plusieurs années toute l'autorité d'un premier ministre. Il fit abolir la Pragmatique-Sanction, malgré l'opposition du Parlement et de l'Université, ce qui lui valut le chapeau de cardinal. Il entretint en outre avec les ducs de Berri et de Bourgogne, ennemis du roi, une correspondance secrète, dans laquelle il leur livrait les secrets de l'État. Ses lettres ayant été interceptées, Louis XI voulut lui faire son procès; mais le pape s'y opposa, alléguant qu'un cardinal ne pouvait être jugé par l'autorité séculière. Louis XI le fit toutefois arrêter (1469), et il le tint, dit-on, pendant 11 ans, enfermé dans une cage de fer, que La Balue lui-même avait inventée. Rendu en 1480 à la liberté, il se retira à Rome, où il fut comblé d'honneurs et fait évêque d'Albano; on osa même l'envoyer en France comme légat à latere (1484) ; mais il fut si mal accueilli qu'il se vit obligé de retourner en Italie; il y mourut en 1491.

LABAN, fils de Bathuel et petit-fils de Nachor, était frère de Rébecca et père de Lia et de Rachel. Il donna successivement l'une et l'autre en mariage à Jacob.

LABARBEN, Barbentum, vge des Bouches-du-Rhône, à 24 kil. N. O. d'Aix; 1625 hab. Anc. château fort. Les Romains y eurent de nombreuses villas, sur les bords de la Touloubre. Les Templiers y fondèrent un hospice et une église.

LABARRAQUE (A. Germain), pharmacien, né en 1777, à Oloron (B.-Pyrénées), m. en 1850, fut dans sa première jeunesse employé dans la pharmacie militaire, s'établit pharmacien dans la capitale en 1805, obtint le prix proposé en 1820 par la Société d'encouragement à celui qui trouverait le moyen d'assainir l'art du boyaudier, découvrit ce moyen dans l'emploi des chlorures de calcium et de sodium (liqueur de Labarraque), livra généreusement sa découverte au public, et en fit lui-même de nombreuses applications, notamment au curage des égouts, à l'assainissement des lieux infects, à l'embaumement des corps, au pansement des plaies, au traitement de maladies réputées contagieuses, typhus, fièvre jaune, choléra, morve, etc. L'Académie des sciences lui décerna un prix Montyon (1823); l'Académie de médecine et la Société de pharmacie l'admirent dans leur sein; il fut en outre décoré et appelé au conseil de salubrité. Labarraque a exposé ses procédés dans l’Art du boyaudier (1822), et dans une brochure sur l’Emploi des chlorures (1823).

LA BARRE (L. Fr. Joseph de), érudit, né à Tournai en 1688, m. en 1738, rédigea le Journal de Verdun depuis 1727, donna une édition estimée du Spicilegium de D'Achéry, 1723, et publia des Mémoires de Charles VI, 1730. Élu dès 1727 membre de l'Académie des inscriptions, il enrichit les mémoires de cette compagnie de savantes dissertations historiques.

LABARRE (J. F. LEFEBVRE, chevalier de), jeune étudiant, avait à peine 19 ans lorsqu'il fut condamné, en 1766, par le tribunal d'Abbeville, à être brûlé vif pour avoir mutilé un crucifix. Le parlement de Paris, voulant user d'indulgence, lui accorda d'être décapité avant d'être jeté sur le bûcher; le Dictionnaire philosophique de Voltaire, qu'on regardait comme la source de son impiété, fut brûlé avec son corps.

LABARRE (Éloi), architecte, né en 1764 à Ourscamps (Oise), mort en 1833, fit, sous Chalgrin, la restauration du Luxembourg, éleva la colonne rostrale de Boulogne, et fut chargé en 1813 de construire la Bourse de Paris. Il fut admis à l'Institut en 1816. (Oise), mort en 1833, fit, sous Chalgrin, Ia restauration du Luxembourg, éleva la colonne rostrale de Boulogne, et fut chargé en 1813 de construire la Bourse de Paris. Il fut admis à l’Institut en 1816.

LABARUM (de l’assyrien labar, victoire), étendard que Constantin et ses successeurs faisaient porter devant eux à la guerre. C’était une lance traversée d’un bâton, duquel tombait un voile de pourpre où était peint le monogramme du Christ, avec sa croix. On dit que Constantin, combattant contre Maxence (312), avait vu apparaître dans les airs cet étendard avec ces mots : Hoc signo vinces (tu vaincras par ce drapeau), et que le lendemain il fit faire un étendard pareil, auquel il donna le nom de labarum, d’un mot qui avait été récemment introduit à Rome par les astrologues chaldéens.

LA BASSÉE, ch.-l. de c. (Nord), à 22 kil. O. de Lille, 8795 hab. Industrie variée : amidon, savon noir, huileries, distilleries, teintureries, etc. Canal de 9 kil. entre La Bassée et Bauvin ; chemin de fer.

LA BASTIDE. Ce mot qui, dans le midi de la France, signifie petite maison de campagne, est commun à plusieurs localités, notamment à 3 ch.-l. de canton : La Bastide-Clairence (B-Pyrénées), à 20 k. S. E. de Bayonne ; 1700 hab. ; mines de cuivre et de fer ; — La Bastide-Murat (Lot), à 15 kil. S. E. de Gourdon ; 1460 hab. ; patrie de Murat, roi de Naples ; — La Bastide-de-Sérou (Ariége), à 15 kil. N. O. de Foix, 2710 hab. Forges. Aux env., ruisseaux aurifères.

LABAT (J. B. dit le P.), dominicain, né à Paris en 1663, mort en 1738, fut envoyé par son ordre à la Martinique, en 1693 ; devint supérieur de la mission des Antilles, et visita toutes ces îles avec le plus grand soin. Il fut ensuite chargé d’une négociation à Rome (1706). De retour à Paris en 1716, il s’occupa de publier ses voyages. On a de lui : Nouveau voyage aux îles de l’Amérique, Paris, 1722 ; Nouvelle Relation de l’Afrique occidentale, d’après les Mémoires de Brue, 1728 ; Voyage du chevalier Desmarchais en Guinée, 1730 ; Voyage en Espagne et en Italie, 1730 ; Relation historique de l’Éthiopie occidentale, 1732 ; Mémoires du chevalier d’Arvieux, contenant ses voyages en Asie, en Syrie, etc., 1735. Quoique prolixe, le P. Labat sait intéresser. La partie de ses voyages consacrée à l’histoire naturelle a peu de valeur.

LA BÂTIE-NEUVE ou LA BÂTIE MONT-SALÉON, ch.-l. de c. (Hles-Alpes), à 8 kil. E. de Gap ; 855 hab. Ruines romaines.

LA BAUME, nom de lieu. V. BAUME et STE-BAUME.

LA BAUME, famille ancienne de Bresse, a donné plusieurs personnages distingués. Pierre de La Baume, évêque de Genève en 1523, fut chassé de la ville épiscopale par les Calvinistes en 1535. Son siége fut transféré à Anneci par Paul III, qui fit La Baume cardinal. Il mourut archevêque de Besançon en 1544. — Auguste de La Baume, marquis de Montrevel, maréchal de France en 1703, fut envoyé contre les Camisards, qu’il battit en plusieurs occasions, mais sans pouvoir les réduire. Il mourut en 1716 à 70 ans.

LA BAUME (GRIFFET de). V. GRIFFET.

LABBE (le P.), savant jésuite, né à Bourges en 1607, mort à Paris en 1667, professa la rhétorique, la philosophie et la théologie dans différents colléges de son ordre ; puis quitta l’enseignement pour se livrer à des travaux historiques. Il a laissé 75 ouvrages dont les plus remarquables sont : Prodromus historiæ sacræ, avec un Syllabus pagorum, Paris, 1646 ; Histoire du Berri, 1647 ; le Chronologiste français, abrégé chronologique de l’histoire sacrée et profane, 1666 ; Concordia chronologica, technica et historica, 1654-70, 5 vol. in-fol. On lui doit encore une Prosodie grecque, en latin ; Nova Bibliotheca manuscriptorum, 1657 : Bibliotheca Bibliothecarum, 1664, et une Collection des Conciles, 18 vol. in-fol., 1672, achevée par le P. Cossart. C’est lui. qui commença la collection des historiens byzantins.

LABBÉ (Charles), jurisconsulte, né à Paris en 1582, m. en 1657, était avocat au parlement de Paris. On a de lui : Observationes in synopsin Basilicorum, Paris, 1606 ; les XXXVIII et XXXIXe livres des Basiliques, grec-latin, 1609 ; Glossæ verborum juris, grec-latin, 1679 ; et les Coutumes de Paris, 1650.

LABDACUS, fils de Polydore, roi de Thèbes, fut père de Laïus. Ses descendants. Laïus, Œdipe, Étéocle, Polynice, Thersandre, etc., sont appelés, de son nom, Labdacides.

LABÉ (Louise), connue sous le nom de la Belle Cordière, née à Lyon en 1526, morte en 1566, avait épousé Perrin, marchand cordier fort riche. Ayant reçu une éducation soignée, elle se livra à la littérature et à la poésie. Elle a laissé des élégies, des sonnets, dont quelques-uns sont pleins de passion, et le Débat de folie et d’amour, dialogue en prose, d’où La Fontaine a tiré sa fable de l’Amour et la Folie. La 1re édit. des Œuvres de L. Labé parut à Lyon en, 1555 ; elles ont été plusieurs fois publiées depuis, à Lyon en 1824 par Bréghot, avec notice par Cochard, et en 1845, par Boisel, avec notes de Collombet ; à Lyon par Scheuring, et à Paris par Aubry (1862).

LABÉATES, peuple de la Dalmatie âne, sur les bords du lac Labeatis, avait pour v. princip. Scodra.

LA BEAUMELLE (Laurent ANGLIVIEL de), né à Valleraugue (Gard) en 1726, de parents protestants, fut élevé dans un collége catholique, mais, à peine sorti de cette maison, rentra dans le sein de l’église protestante ; alla en Danemark (1747), où il fut d’abord précepteur, puis (1751) professeur de littérature française ; passa ensuite en Prusse, et s’étant arrêté à Berlin, y vit Voltaire, qu’il eut le tort d’attaquer sans motif, mais qui se vengea cruellement. Rentré en France en 1752, la Beaumelle fut deux fois arrêté et mis à la Bastille, par l’influence de son rival, puis exilé (1757). Il revint toutefois à Paris en 1770 et obtint une place à la Bibliothèque royale. Il mourut en 1773. On a de lui : Mémoires pour servir à l’histoire de Mme de Maintenon, suivis de Lettres de la même (Amst., 1755-56, 15 vol. in-12) : il a été accusé d’avoir dérobé ces lettres à St-Cyr ; Mes Pensées, 1751, où il traite avec une hardiesse inconvenante des questions les plus importantes de la politique du temps ; Notes sur le siècle de Louis XIV, 1753, et Lettres à M. de Voltaire, 1761 ; la Henriade avec des notes, 1769 (rééditée par Fréron en 1771 sous le titre de Commentaires sur la Henriade). Dans ce dernier ouvrage, La Beaumelle, ne se bornant pas au rôle de critique, eut la prétention de refaire des tirades et même des chants entiers du poëme de Voltaire. On a publié de lui en 1856 une Vie de Maupertuis. M. Mich. Nicolas a donné une notice sur la Vie et les Écrits de La Beaumelle, Paris, 1852.

LABÉDOYÈRE (Ch. HUCHET comte de), né à Paris en 1786, avait servi avec distinction sous l’empire et était colonel du 7e de ligne en garnison à Grenoble, lorsque Napoléon revint de l’île d’Elbe en 1815. Il alla au-devant de lui à Vizille et fut le premier colonel qui se rangea sous ses drapeaux. L’Empereur le nomma en récompense son aide de camp et bientôt après général de division et pair de France. Après le retour des Bourbons, Labédoyère fut arrêté, jugé sommairement et fusillé (19 août 1815).

LABÉON, Labeo, surnom commune plusieurs familles romaines, exprimait Un défaut naturel, soit des taches de rousseur (labes, tache), suit des lèvres trop épaisses (labia, lèvres).

LABÉON (Q. FABIUS), général romain, vainquit Antiochus, roi de Syrie, l’an 188 av. J.-C., et fut nommé consul en 182. Il est surtout connu par un acte de duplicité : ayant obligé Antiochus à céder la moitié de sa flotte, il fit, par une insigne fourberie, couper en deux tous les vaisseaux du roi. Labéon fut l’ami de Térence, et l’aida, dit-on, de. ses conseils.

LABÉON (C. ANTISTIUS), servit sous César dans les Gaules, et n’en prit pas moins part à la conjuration formée contre lui. Il combattit à Philippes et se tua après la défaite (42). — Son fils, nommé comme lui, était un habile jurisconsulte, rival d’Ateius Capito. Il refusa, selon quelques historiens, la dignité de consul, qu'Auguste lui offrait. Il reste un seul fragment de lui, dans les Pandectes.

LA BERGERIE (J. B. ROUGIER de), agronome, né en 1759 à Bourgueil en Touraine, m. en 1836, a donné, entre autres ouvrages : Hist. de l'agriculture française, 1815; Hist. de l'agriculture des Gaulois, 1829; — des Grecs, 1829; — des Romains, 1834.

LABÉRIUS (DEC. JUNIUS), chevalier romain, auteur de Mimes, fut contraint par César à paraître sur la scène pour y jouer dans une de ses propres pièces. Il mourut 10 mois après le meurtre de César, l'an 43 av. J.-C. Macrobe nous a conservé le prologue de la pièce qu'il joua devant le dictateur (il y déplore avec dignité son abaissement). Les fragments de Labérius ont été recueillis par H. Étienne, Paris, 1564, et par L. F. Becher, Leips., 1787.

LABIAU, v. des États prussiens (Prusse), sur la Deine, à 50 kil. N. E. de Kœnigsberg; 3650 h. Un traité y fut conclu en 1656 entre la Suède et l'électeur de Brandebourg : la Suède cédait à l'électeur la Prusse orientale et l'Ermeland.

LABICUM ou LAVICUM, v. du Latium, voisine de Rome, entre Préneste et Tusculum, est auj. Colonna.

LABIENUS (Tit.), chevalier romain, tribun du peuple l'an 63 av. J.-C., pendant le consulat de Cicéron, servit avec distinction sous César dans les Gaules, mais abandonna ce général dès qu'il eut passé le Rubicon, et se rangea du parti de Pompée. Il combattit à Dyrrachium et à Pharsale, suivit Caton en Afrique, puis passa en Espagne auprès des fils de Pompée, et périt à la bataille de Munda (45). — Quintus L., son fils, fut envoyé près d'Orode, roi des Parthes, pour en obtenir des secours en faveur de Brutus, se retira chez ce prince après la bataille de Philippes, et commanda quelque temps les Parthes contre les Romains; il fut vaincu et pris par Ventidius, lieutenant d'Antoine.

LA BILLARDIERE (Julien HOUTON de), botaniste, né en 1755 à Alençon, m. en 1834, fut reçu docteur en médecine en 1780 et suivit d'Entrecasteaux dans son expédition à la recherche de La Pérouse. On lui doit : Description des plantes de Syrie; Hist. des plantes de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Calédonie; Voyage à la recherche de La Pérouse. Il était de l'Académie des sciences.

LABLACHE (Louis), célèbre chanteur, né en 1794 à Naples, d'un père français, m. en 1858, débuta en 1812 à Naples, comme buffo, parcourut successivement les villes de Messine, Palerme, Milan (1817), Venise, Turin, Vienne (1824), accueilli partout avec une faveur croissante, et vint enfin se fixer à Paris en 1830. Pendant plus de 25 ans il y fut sans rival aux Italiens. Lablache possédait une voix de basse d'une puissance et d'une souplesse merveilleuses. Sa science musicale, son goût parfait et en même temps la rondeur et la bonhomie de son jeu, tout contribuait à en faire un artiste consommé. Les pièces où il a été le plus applaudi sont la Sémiramide, Il Matrimonio segreto, l’Élixir d'Amore, la Gazza ladra, Cenerentola, I Puritani, Norma, etc.

LA BLETTERIE (J. Ph. René de), oratorien, né à Rennes en 1696, m. à Paris en 1772, enseigna l'histoire ecclésiastique au séminaire de St-Magloire, à Paris, puis fut nommé professeur d'éloquence au collége de France, et admis à l'Académie des Belles-Lettres en 1742. On lui doit : la Vie de l'empereur Julien, 1735 et 1746, ouvrage assez impartial; une Histoire de Jovien, avec la traduction des Césars et du Misopogon de Julien, 1748; des traductions des Annales de Tacite, 1708, des Mœurs des Germains et de la Vie d'Agricola, 1755, et quelques Dissertations.

LA BOÉTIE (Étienne de), écrivain du XVIe siècle, né en 1530 à Sarlat (Dordogne), se fit remarquer par sa précocité : à seize ans il avait traduit plusieurs ouvrages grecs. Il fut nommé conseiller au parlement de Bordeaux dès l'âge de 22 ans. Il mourut jeune, en 1563. Montaigne, dont il avait gagné l'amitié, a fait son éloge dans son chapitre de l'Amitié (Essais, I, 27), et a publié, plusieurs de ses écrits (traductions des Œconomiques d'Aristote, de la Mesnagerie de Xénophon, de Divers opuscules de Plutarque, des Vers latins et français, etc.). Son ouvrage le plus remarquable, celui qui lui valut l'amitié de Montaigne, c'est son Discours sur la servitude volontaire, où il s'élève avec hardiesse contre les abus du pouvoir absolu. Ses Œuvres complètes ont été publiées par L. Feugère, Paris, 1846.

LA BORDE (Benjamin de), né en 1734, était le 1er valet de chambre et le favori de Louis XV et devint fermier général après la mort de ce prince. Il cultiva les beaux-arts et les lettres, mit en musique plusieurs opéras de Quinault et de Marmontel et fit imprimer somptueusement plusieurs ouvrages. On a de lui : Essai sur la musique ancienne et moderne; Voyage pittoresque de la France; Histoire abrégée de la mer du Sud; Mémoires historiques sur Raoul de Coucy. Il périt en 1794, victime de la Révolution.

LA BORDE (H. Franç., comte de), général distingué, né à Dijon en 1764, m. en 1833, entra au service en 1783, commanda une division au siége de Toulon (1793), où il prit d'assaut sur les Anglais les deux plus importantes redoutes, fit toutes les campagnes de l'Empire, se distingua surtout en Portugal, occupa Braga, Oporto, Lisbonne, et fut blessé à Rolica; commanda en Russie une division de la jeune garde et fut blessé de nouveau à Dresde. Chargé par Louis XVIII du commandement de la 10e division militaire, il fut un des premiers, après le retour de l'île d'Elbe, à reconnaître l'Empereur. Il avait été fait comte dès 1809; il fut nommé par Napoléon dans les Cent-Jours chambellan et pair de France. Il fut banni en 1815.

LABORDE (Alex. L. Joseph, comte de), né à Paris en 1773, m. en 1842, était issu d'une famille du Béarn et avait pour père J. Joseph de Laborde, riche financier espagnol qui s'établit en France, où il fut anobli, et qui périt en 1794 sur l'échafaud révolutionnaire. Après avoir passé sa jeunesse en Autriche, il rentra en France dès 1797, accompagna en Espagne Lucien Bonaparte, envoyé en ambassade près de Charles IV, visita le pays en amateur éclairé des arts, publia à son retour le Voyage pittoresque et historique de l'Espagne (1807-1820, 4 vol. in-fol.), ouvrage magnifique qui absorba, une grande partie de sa fortune; fut attaché au Conseil d'État et chargé de plusieurs missions, eut part en 1814 à la capitulation de Paris comme adjudant-major de la garde nationale, fut élu député en 1822, défendit à la tribune les idées libérales, contribua à la révolution de 1830 et fut un instant préfet de la Seine. Attaché depuis comme aide de camp à la personne du roi Louis-Philippe, il était en même temps questeur de la Chambre des députés. Alexandre de Laborde fut un des propagateurs de l'enseignement mutuel. Il était depuis 1813 de l'Académie des inscriptions; il fut élu en 1832 membre de l'Académie des sciences morales. Outre des ouvrages de circonstance, on lui doit : Itinéraire descriptif de l'Espagne, 1808-et 1827; Voyage pittoresque en Autriche, 1821; les Monuments de la France classés chronologiquement, 1832-36. Son Éloge a été lu à l'Académie des inscriptions par M. Guigniaut (1861). — Son fils, M. Léon de Laborde (1807-1869), s'est fait connaître par d'intéressantes recherches sur l'histoire de l'art, de la gravure, de l'imprimerie, et sur les bibliothèques. Il a publié : les Grandes habitations françaises au XVIIe siècle; Voyages dans l'Arabie Pétrée, 1830, — en Asie Mineure et en Syrie, 1837; les Ducs de Bourgogne, Études sur les lettres, les arts et l'industrie pendant le XVe s., 1849-51; la Renaissance des arts à la cour de France, Études sur le XVIe siècle, 1850; Notice des émaux, bijoux, etc., exposés au Louvre, 1853; Athènes aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, 1855. Il remplaça son père à la Chambre des députés et à l'Académie des inscriptions.

LABOUAN (c.-à-d., en malais, port), îlot de la mer de Chine, près de la côte N. O. de l'île Bornéo, occupé momentanément par les Anglais en 1775, et définitivement en 1846. Mines de houille.

LA BOUILLE, bg de la Seine-Inf., à 18 kil. S. O. de Rouen, sur la r. g. de la Seine, au pied d'une montagne; petit port de cabotage; service de bateaux à vapeur pour Rouen; 800 hab. Près de là, ruines d'un château dit de Robert le Diable.

LABOUR (TERRE DE), en italien Terra di Lavoro, partie de l'anc. Campanie, prov. d'Italie, dans l'anc. roy. des Deux-Siciles, au N. O., a pour bornes au N. l'Abruzze Ult. 2e, au N. E. la prov. de Sannio, à l'E. la Principauté Ult., au S. la Principauté Citer. et la prov. de Naples, au S. O. la mer Tyrrhénienne, et au N. O. l'État ecclésiastique; 140 kil. sur 65; 600 000 hab.; ch.-l., Caserte; port princip., Gaëte. Ce pays consiste presque tout entier en plaines fertiles, d'où son nom, qui veut dire Terre labourable : blé, lin, chanvre; vignes, oliviers, mûriers. — Le nom de Terre de Labour s'appliquait jadis à un territoire beaucoup plus étendu; Naples y était comprise.

LABOURD (le), Lapurdensis tractus, partie de la Gascogne au S. O., entre la Navarre française, l'Espagne, les Marennes et l'Atlantique; ch.-l. Bayonne (jadis Lapurdum). Autres places : St-Jean-de-Luz, Andaye, Guiche. Il est compris auj. dans le dép. des Basses-Pyrénées, où il forme l'arr. de Bayonne. Primitivement, le Labourd s'étendait de l'autre côté de la Bidassoa jusqu'à St-Sébastien.

LABOURDONNAIS (Franç. MAHÉ de), né en 1699, à St-Malo, entra fort jeune au service de la Compagnie franç. des Indes, se signala en plusieurs occasions, notamment à la prise de Mahé, dont le nom lui fut donné, et devint en 1734 gouverneur général des îles de France et de Bourbon. L'île de France était dans un état complet de détresse et d'anarchie : il eut tout à y créer, justice, police, industrie, commerce, et fit bénir son administration. Dans la guerre de 1743, entre la France et l'Angleterre, il alla au secours de Dupleix, gouverneur de l'Inde, menacé dans Pondichéry, assiégea les Anglais dans Madras, et les força à capituler (1746). Aux termes de la capitulation, Madras devait être rendu aux Anglais moyennant une rançon. Le gouverneur Dupleix refusa de ratifier cette convention, et il s'éleva à ce sujet entre La Bourdonnais et lui une collision dont les suites furent fatales pour le premier. Indigné de la mauvaise foi de Dupleix, La Bourdonnais évacua Madras, et retourna en simple particulier à l'île de France, où déjà siégeait un nouveau gouverneur choisi par l'impérieux Dupleix. Rentré en France en 1748 pour répondre aux accusations portées contre lui, il fut jeté à la Bastille et y resta plusieurs années sans pouvoir faire entendre sa justification. Son innocence fut enfin reconnue, et il fut rendu à la liberté en 1752; mais il était ruiné. Il mourut en 1753 ou 1755, après une douloureuse agonie. Il a laissé des Mémoires où ses malheurs sont fidèlement retracés (1750). L'auteur de Paul et Virginie a rendu à La Bourdonnais une éclatante justice et a immortalisé son nom. Une statue lui a été élevée à Port-Louis (île de France) en 1859. — Son petit-fils, né en 1795, m. à Londres en 1840, s'est fait un nom par son habileté au jeu d'échecs. Il a donné un Traité du jeu des échecs (1834), et a fondé le Palamède (1836), revue consacrée spécialement à ce jeu. Il avait publié en 1827 des Mémoires historiques sur son grand-père.

LABRADOR (Terre de), vaste presqu'île de l'Amérique septentrionale, dans la Nouvelle-Bretagne, est bornée au N. par le détroit d'Hudson, au N. E. par l'Atlantique, au S. E. par le détroit de Belle-Ile, au S. par le Canada, à l'O. par la mer d'Hudson; 1500 kil. sur 1300. Elle dépend du gouvt de Terre-Neuve. Côtes escarpées, rocailleuses, découpées d'un grand nombre de havres et parsemées d'une multitude d'îlots; au N., la baie d'Ungava forme un vaste enfoncement. L'intérieur est presque tout à fait inconnu et habité par des peuples sauvages (la plupart Esquimaux). Les Frères Moraves ont formé sur la côte E. l'établissement de Nain dans le but de civiliser les indigènes. — Le Labrador fut découvert en 1496 par Jean Cabot, qui en prit possession au nom de l'Angleterre; mais Cortereal y aborda le premier en 1501; ce dernier, ayant trouvé quelque fertilité sur la côte, la nomma Terra de Laborador (terre de labour), d'où par corruption le nom de Labrador. Avant eux, le Danois Kolno ou Skolnus, avait touché ces terres, sans le savoir, dès 1478.

LABRE (Benoît Joseph), saint personnage, né en 1748 à Ammette, près de Béthune, passa toute sa vie dans les mortifications, s'enferma à La Trappe, puis se rendit à Rome où il ne vécut que d'aumônes, qu'il obtenait sans les solliciter. Il mourut à Rome en 1783. On rapporte qu'il s'est fait des miracles sur son tombeau. Il fut béatifié en 1792 et canonisé en 1859.

LA BRÈDE, ch.-l. de c (Gironde), à 20 kil. S. de Bordeaux; 1600 hab. Château où naquit Montesquieu; acheté en 1839 par le duc d'Orléans.

LABRIT ou LEBRET, la même qu’Albret. V. ce nom.

LABROSSE (Pierre de), Tourangeau, fut d'abord barbier de S. Louis, et devint ensuite chambellan et favori de Philippe le Hardi. Craignant que l'ascendant de la reine Marie sur le roi ne lui fît perdre son crédit, il accusa cette princesse d'avoir empoisonné Louis, fils de Philippe, né d'un premier lit. On reconnut bientôt la calomnie, et il fut lui-même accusé de la mort du prince. Il fut arrêté et pendu en 1276.

LABROSSE (Guy de), botaniste, médecin de Louis XIII, né à Rouen, mort en 1641, eut le premier l'idée de la création du Jardin des Plantes, donna au roi le terrain qui devint le noyau de ce jardin, et fut nommé lui-même premier intendant de l'établissement (1626). On a de lui : Traité de la peste, 1623 ; De la nature, vertu et utilité des Plantes, et Dessin du Jardin royal de médecine, 1640, in-fol. Il était grand-oncle de Fagon.

LA BROYE, vge de France (Pas-de-Calais), près d'Hesdin, et à 28 kil. S. E. de Montreuil; 350 hab. Près de là était le château où se réfugia Philippe de Valois après la bataille de Crécy, 1346.

LA BRUGUIÈRE, ch.-l. de c. (Tarn), à 10 kil. S. E. de Castres; 3550 hab. Gros draps, couvertures de laine; suif, etc.

LA BRUYÈRE (Jean de), écrivain français, né en 1645, à Paris (non à Dourdan, comme on l'a dit), m. en 1696, fut trésorier de France à Caen. Chargé, sur la recommandation de Bossuet, d'enseigner l'histoire au petit-fils du grand Condé, il passa le reste de ses jours auprès de ce prince en qualité d'homme de lettres, avec une pension de mille écus. Il fut reçu à l'Académie en 1693. Moraliste et observateur, La Bruyère s'attacha, parmi les livres des anciens, aux Caractères de Théophraste, qu'il traduisit du grec; mais bientôt il voulut s'exercer lui-même dans ce genre : il publia en 1688, avec la traduction de l'auteur grec, les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, ouvrage dans lequel il s'élève bien au-dessus de son modèle, soit pour l'exactitude et la variété des portraits, soit pour la perfection du style. Ce livre fut lu avec avidité, non-seulement à cause de son mérite propre, mais parce que la malignité y chercha des allusions auxquelles l'auteur n'avait pas toujours pensé : on voulut mettre des noms au-dessous de chaque portrait. Les Caractères ont eu de nombreuses éditions; par ex. celles de Coste, 1740 ; de Belin de Ballu, 1790; de Walckenaer, 1845; de M. Hémardinquer, 1849; de Destailleur, 1854; de Servois, 1867; d'Asselineau, 1872; de Chassang, 1876. La Bruyère avait composé des Dialogues sur le Quiétisme, mais ceux qui ont été imprimés sous son nom en 1699 sont en partie apocryphes. V. Fabre a écrit un Éloge de La Bruyère, 1810 ; M. Caboche, une thèse sur cet écrivain; E. Fournier, La Comédie de La Bruyère.

LABYNIT, roi d'Assyrie. V. BALTHAZAR.

LABYRINTHES. On appelait ainsi chez les anciens des galeries souterraines à ramifications innombrables, et plus tard des édifices à l'aide desquels on voulut les imiter. L'antiquité en nomme cinq, savoir : deux en Égypte, dont l'un dans l'île du lac Mœris, dit le Labyrinthe de Mendès, parce qu'on l'attribue à ce prince (il a été retrouvé par MM. Jomard et Bertu, et décrit par Letronne et Lepsius); et l'autre, dit Labyrinthe des Douze, parce qu'il fut construit vers 660 par douze seigneurs qui régnaient alors sur l’Égypte; le Labyrinthe de Crète, près de Cnosse ou de Gortyne : il était construit dans des carrières et destiné aux sépultures de la famille royale : on l'attribuait à Dédale et on y plaçait le Minotaure (Tournefort et Kockerell ont donné la description d'une grotte qu'on croit avoir été l'entrée de ce labyrinthe); le Labyrinthe de Lemnos, qui semble avoir été une grotte à stalactites, asile mystérieux du culte des Cabires; le Labyrinthe de Clusium, en Italie, qu'on attribuait à Porsena, et qui dut être un de ces hypogées étrusques dont on a découvert un si grand nombre de nos jours.

LAC (Cercle du), cercle du grand-duché de Bade, borné au N. O. par celui de la Kinzig, au N. E. par le Wurtemberg, au S. E. par le lac de Constance (qui lui donne son nom), au S. par la Suisse, et à l'O. par le cercle de Treisam-et-Wiesen : 105 kil. sur 35; 200 000 hab.; ch.-l., Constance.

LACAILLE (Nic. L. de), astronome, né en 1713 à Rumigny (Ardennes), m. en 1762, s'était d'abord destiné à l'état ecclésiastique. Il se lia avec J. Cassini et Maraldi, et fut dès 1739 employé à la vérification de la méridienne : il réussit à démontrer que les degrés allaient en croissant de l'équateur au pôle. Il fut nommé à 25 ans professeur de mathématiques au collége Mazarin. Lacaille entreprit la vérification des catalogues d'étoiles : après avoir décrit notre ciel avec une exactitude admirable, il alla en 1750 au cap de Bonne-Espérance pour observer le ciel austral. A son retour, il rédigea ses observations, et se livra à de nouveaux travaux avec une ardeur qui abrégea sa vie. On a de lui : Leçons de Mathématiques, 1741; — de Mécanique, 1743; — d'Astronomie, 1746; Éléments d'Optique, 1750; Astronomiæ fundamenta, 1757 ; Tables solaires, 1758; Éphémérides depuis 1745; Cœlum australe, 1763, publié par Maraldi. Toutes ses observations offrent une telle précision que les recherches postérieures n'ont fait que les confirmer.

LA CALPRENÈDE (Gautier DE COSTES de), écrivain, né près de Sarlat vers 1610, m. en 1663, servit pendant sa jeunesse, et devint gentilhomme de la chambre du roi. Il a composé des romans et des tragédies. Ses principaux romans sont : Cassandre, 1642, 10 vol. in-8; Cléopâtre, 1647, 12 vol.; Faramond, 1661, 7 vol. in-8 (inachevé). Ils ne manquent pas d'intérêt, mais sont d'une longueur excessive et d'une afféterie ridicule. Ses tragédies, au nombre de 7, sont toutes (à l'exception du comte d'Essex, 1639) bien inférieures à ses romans. La Calprenède eut beaucoup de vogue de son vivant, mais on ne le lit plus depuis longtemps. Il n'est guère connu auj. que par quelques allusions de Boileau et par l'engouement qu'eut pour ses écrits Mme de Sévigné.

LA CANOURGUE, ch.-l. de c. (Lozère), à 15 kil. S. O. de Marvejols ; 1669 hab. Étoffes de coton.

LA CAPELLE, ch. l. de c. (Aisne), à 15 kil. N. de Vervins; 1576 hab. Grains. Prise par les Impériaux en 1536; par Turenne en 1655.

LACAPELLE-MARIVAL, ch.-l. de c. (Lot), à 16 kil. N. O. de Figeac; 1400 hab.

LACAUNE, ch.-l. de c. (Tarn), à 37 kil. N. E. de Castres; 3520 hab. Siamoise, basin; bonneterie.

LACAZE, bg de France (Tarn), à 45 kil. N. E. de Castres; 2304 hab. Basin.

LACÉDÉMON, fils de Jupiter et de Taygète, fut le 5e roi de Sparte, qui prit de lui le nom de Lacédémone. On le placé au XVIe siècle av. J.-C.

LACÉDÉMONE, v. de la Grèce ancienne, la même que Sparte. Le nom de Lacédémoniens s'appliquait plus spécialement aux habitants du territoire de Sparte, et celui de Spartiates aux habitants de la ville même. — On nomme auj. Éparchie de Lacédémone une division administrative du royaume de Grèce, qui compte 40 000 hab., et qui a pour ch.-l. Sparte. Elle est formée d'une partie de l'ancienne Laconie.

LACEDOGNA, Aquilonia, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Principauté Ultér.), à 24 kil. N. E. de Sant'-Angelo-dei-Lombardi); 600 hab. Évêché. Elle était jadis plus considérable.

LACÉPÈDE (Étienne DE LA VILLE, comte de), naturaliste, né en 1756 à Agen, d'une famille noble, m. en 1825, s'appliqua de bonne heure aux arts et aux sciences, et se fit connaître avantageusement de Buffon dès l'âge de 18 ans en lui adressant d'intéressants mémoires. Venu à Paris en 1776, il hésita un instant entre la musique et les sciences naturelles. Il composa la musique de l'opéra d’Omphale et publia une Poétique de la musique (1785); mais il céda bientôt aux conseils de Buffon, qui le fit nommer sous-démonstrateur au Jardin du Roi, le choisit pour continuer son Histoire naturelle, et lui laissa en mourant son héritage scientifique. Lacépède adopta, mais avec modération, les principes de la Révolution; il fut député extraordinaire d'Agen à l'Assemblée Constituante, puis député de Paris à la Législative, membre du Conseil des Cinq-Cents, sénateur, et devint en 1803 grand chancelier de la Légion d'Honneur. Il se montra en toute occasion dévoué à l'empereur Napoléon. Exclu de la Chambre des Pairs à la Restauration, il y fut rappelé en 1819. Il avait été nommé en 1793 professeur d'erpétologie au Muséum, et était membre de l'Institut depuis sa fondation. Ses principaux ouvrages sont : Histoire naturelle des Quadrupèdes ovipares et des Serpents, 2 vol. in-4, 1788-89; — des Reptiles, in-4, 1789; — des Poissons, 5 vol. in-4, 1789-1803 ; — des Cétacés, in-4, 1804, ouvrages qui font suite à ceux de Buffon. Le style en est élégant et même pompeux; mais on leur reproche de manquer de rigueur scientifique. Ils ont été réimprimés en 1826 et suiv., 11 vol. in-8, et en 1839, 2 v. gr. in-8, compacts. Lacépède a laissé en outre une volumineuse Histoire de l'Europe (Paris, 1828, 18 v. in-8), des Romans, des Mémoires; mais ces divers ouvrages sont éclipsés par ses traités d'histoire naturelle.

LA CERDA (Ferdinand, dit de), infant de Castille, né en 1254, fils aîné d'Alphonse X, roi de Castille et de Léon, était gendre de S. Louis. Il fut chargé de la régence pendant que son père faisait valoir ses prétentions à l'Empire. Il mourut avant son père, en 1275 : il laissait des enfants qui furent frustrés du trône par leur oncle Sanche IV. — Alphonse de La Cerda, le Deshérité, fils du préc., fit de vains efforts pour recouvrer le trône de Castille; il se retira en France (1303), où Charles le Bel lui donna la baronnie de Lunel; il y mourut en 1327. — Louis de La Cerda, dit Louis d'Espagne, fils aîné du préc., reçut en 1341 le titre d'amiral de France : il servit sous Philippe VI de Valois contre les Anglais, auxquels il enleva Guérande (1342), et prit parti pour Charles de Blois contre le comte Jean de Montfort. Le pape lui offrit en 1344, comme dédommagement des États dont il avait été frustré, la royauté des îles Fortunées (Canarie); mais il ne prit jamais possession de ce royaume illusoire. — Charles d'Espagne, 2e fils d'Alphonse, fut un des favoris du roi de France Jean le Bon. Il fut nommé connétable en 1350, mais il s'attira la haine du roi de Navarre, Charles le Mauvais, qui le fit assassiner (1354). — Jean d'Espagne, 3e fils du même, fut tué en 1357 par l'ordre de Pierre le Cruel, roi de Castille. — Cette famille s'éteignit au XVe siècle.

LA CERDA (J. L. de), jésuite, né à Tolède en 1560, m. en 1643, professa plus de 50 ans la logique, la théologie, la rhétorique et la poésie. On a de lui un Commentaire sur Virgile, en 2 vol. in-fol., Madrid et Lyon, 1608-17; une édition de Tertullien avec notes, Paris, 1624-30; une grammaire latine en 5 liv. (De institutione grammatica, 1613, qui pendant longtemps fut classique en Espagne); et des écrits théologiques. — Plusieurs autres écrivains espagnols ont porté le même nom. Le plus connu est Melchior de La Cerda, jésuite, né à Cifuentès, m. en 1615, qui professa pendant 30 ans à Séville et à Cordoue, et publia : Apparatus latini sermonis per topographiam, chronographiam, prosopographiam, Séville, 1598; Consolatio ad Hispanos, 1621, ouvrage écrit au sujet de la destruction de l'invincible Armada, etc.

LA CERDA (dona Bernarda FERREIRA de), dame portugaise, née à Porto en 1S95, morte en 1644, était mariée à Fern. Correa de Souza. Elle se distingua par son talent pour la poésie, et fut appelée par Philippe III à la cour d'Espagne, où elle enseigna les lettres latines aux infants. On a d'elle : Espana libertada, poëme en vers castillans (Lisb., 1618), des comédies et des poésies diverses.

LACETANI, peuple d'Hispanie. V. IACCETANI.

LACHABEAUSSIÈRE (POISSON de), auteur dramatique, né en 1752 à Paris, m. en 1820, servit quelque temps dans l'armée, puis fut nommé, en 1798, administrateur de l'Opéra. Accusé de dilapidation, il réussit à se faire absoudre. On a de lui : l’Intrigante, 1776, comédie en 5 actes et en vers; Gulistan, opéra-comique (musique de Dalayrac); une foule de petites pièces, des poésies diverses et des imitations d’Anacréon, Bion, Moschus, etc., 1803.

LACHAISE (François d'AIX, dit le Père), jésuite, né en 1624, au château d'Aix en Forez, mort en 1709, était petit-neveu du P. Cotton, confesseur de Henri IV et de Louis XIII. Il professa longtemps la philosophie à Lyon, et devint provincial de son ordre. En 1675, Louis XIV le choisit pour confesseur, et il occupa ce poste jusqu'à sa mort, pendant 34 ans. Le P. Lachaise se trouva mêlé à toutes les intrigues de la cour. Placé entre Mme de Montespan et Mme de Maintenon, il prit parti pour cette dernière et favorisa son mariage avec Louis XIV. Dans les querelles religieuses, il eut part à la révocation de l'édit de Nantes (1685), aux débats sur le quiétisme et à la condamnation de Fénelon, aux poursuites contre les Jansénistes, et fut en toute occasion dévoué aux intérêts de son ordre. C'était un homme médiocre, mais adroit et insinuant, qui sut exercer un grand ascendant sur la conscience du roi. Le P. Lachaise a laissé un Cours de philosophie en latin (Peripateticæ philosophiæ placita), Lyon, 1661. Il fut membre de l'Académie des inscriptions. — Louis XIV avait fait bâtir pour son confesseur, à l'E. de Paris, une belle maison de campagne qui fut nommée Mont-Louis; en 1804, l'enclos qui l'entourait fut converti en un cimetière qui porte encore le nom de Père-Lachaise, et qui se trouve aujourd'hui enclavé dans l'enceinte de la ville.

LA CHAISE-DIEU, Casa Dei, ch.-l. de c. (Hte.-Loire), à 28 kil. E. de Brioude; 1631 hab. Dentelles Une abbaye de Bénédictins y avait été fondée en 1041 par S. Robert d'Aurillac.

LA CHALOTAIS (L. Réné DE CARADEUC de), procureur général au parlement de Bretagne, né à Rennes en 1701, fut un ardent adversaire des Jésuites, les poursuivit devant le parlement de Bretagne, et publia dès 1761 un Compte rendu des constitutions des Jésuites, qui leur porta un rude coup. Peu après leur expulsion (1764), le parlement et les États de Bretagne firent une vive opposition à quelques édits bursaux qui attentaient aux franchises de la province : on accusa La Chalotais d'être l'instigateur de cette opposition; il fut en conséquence arrêté avec son fils, magistrat comme lui, et enfermé à la citadelle de St-Malo (1765). Après une longue détention, qui excita une fermentation générale, il fut exilé à Saintes; il ne put retourner à Rennes qu'au bout de 10 ans, à l'avènement de Louis XVI. Il reprit ses fonctions au parlement de Rennes, et mourut dans cette ville en 1785. Outre les Constitutions des Jésuites, on a de lui un Essai d'éducation nationale, 1763, et des Mémoires justificatifs, qu'il publia pendant sa détention, 1767. Ils sont écrits avec éloquence et offrent un vif intérêt.

LA CHAMBRE, ch.-l. de c. (Savoie), arr. de St-Jean-de-Maurienne; 900 hab. Église du XIIIe siècle, vieille tour perchée sur un rocher.

LA CHAMBRE (Martin CUREAU, de), médecin, de Louis XIII et de Louis XIV, né au Mans en 1594, m. à Paris en 1669, faisait partie du Conseil privé et avait une telle réputation comme physionomiste que Louis XIV le consultait sur ses choix. On a de lui l'Art de connaître les hommes, 1659-60; les Caractères des passions, 1640-62, ouvrage estimé (l'auteur y a inséré une Dissertation sur les animaux); Système de l'âme, 1664, qui fut attaqué par Petit, et divers écrits sur des questions de physique ou de physiologie. Il était membre de l'Académie des sciences et de l'Académie française. On trouve dans ses ouvrages une grande crédulité : il ajoutait foi aux rêveries de la chiromancie, de l'astrologie, etc. — Un autre Lachambre, docteur de Sorbonne, 1698-1753, a écrit sur la théologie et a laissé un Abrégé de philosophie, 1764 (posthume), ouvrage estimé.

LA CHAPELLE-D'ANGILLON, ch.-l. de c. (Cher), sur la Petite-Saudre, à 31 kil. N. de Bourges, 848 h.

LA CHAPELLE-DE-GUINCHAY, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 10 kil. S. de Mâcon; 1952 hab.

LA CHAPELLE-EN-VERCORS, ch.-l. de c. (Drôme), à 23 kil. N. de Die; 1250 hab. Commerce de bois.

LA CHAPELLE-LA-REINE, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 14 kil. S. O. de Fontainebleau, 840 hab.

LA CHAPELLE-ST-DENIS, anc. village du dép. de la Seine, au N. de Paris, fait auj. partie de la ville de Paris et est compris dans le XVIIIe arrondissement.

LA CHAPELLE-SUR-ERDRE, ch.-l. de cant. (Loire-lnf.), à 9 kil. N. de Nantes; 2200 h.

LA CHAPELLE (Jean de), auteur dramatique, né à Bourges en 1655, m. à Paris en 1723, était secrétaire du prince de Conti, et fut chargé par Louis XIV d'une mission en Suisse. Il fit représenter plusieurs tragédies médiocres, Zaïde, Cléopâtre, Téléphonte, Ajax, qui eurent quelque succès, grâce au talent de l'acteur Baron, et composa divers romans, entre autres les Amours de Catulle, 1680, et les Amours de Tibulle, 1723, où il inséra quelques mauvaises traductions des deux poëtes. Néanmoins, il remplaça Furetière à l'Académie française.

LA CHAPELLE (Armand BOISBELEAU de), ministre protestant, né en 1676 à Ozillac près de Jonzac en Saintonge, mort en 1746, passa sa jeunesse en Angleterre, devint en 1725 pasteur de l'église wallone à La Haye, et fut un des rédacteurs de la Bibliothèque anglaise ou Journal littéraire de la Grande-Bretagne; Amst., 1729 et suiv., 15 vol. in-12; et de la Bibliothèque raisonnée des savants de l'Europe, ibid., 1728-53, 52 v. in-12. Il a traduit le Babillard de Steele.

LA CHAPELLE (Mme), sage-femme, née à Paris en 1769, m. en 1822, était fille de la sage-femme en chef de-l'Hôtel-Dieu, Placée en 1797 à la tête de la Maison d'accouchement (hospice de la Maternité), elle fit des cours publics qui firent faire des progrès à son art, et forma un grand nombre d'élèves distinguées. On a d'elle Pratique des accouchements, 3 vol. in-8, 1821-25, publiée par son neveu, le docteur Dugès.

LA CHARCE, famille. V. LA TOUR DU PIN.

LA CHARITÉ, ch.-lieu de c. (Nièvre), à 23 k. N. O. de Nevers, 4610 h. Ancres, acier, fer-blanc, émaux, etc. Place cédée aux Calvinistes en 1570. — V. CHARITÉ.

LA CHARTRE, ch.-l. de c. (Sarthe), sur le Loir, à 26 kil. S. O. de Saint-Calais; 1580 hab.

LA CHATEIGNERAIE, ch.-l. de c. (Vendée) à 19 k. N. de Fontenay-le-Comte; 1771 hab.

LA CHATEIGNERAIE (François DE VIVONNE, seigneur de), né en 1520, fils d'André de Vivonne, grand sénéchal du Poitou, se battit en duel avec Guy de Chabot, seigneur de Jarnac (1547). Il succomba par l'effet d'un coup imprévu que son adversaire lui porta traîtreusement au jarret, et qui est depuis passé en proverbe sous le nom de coup de Jarnac.

LA CHÂTRE, ch.-l. d'arr. (Indre), sur l'Indre, non loin de sa source, à 34 kil. S. E. de Châteauroux; 4900 h. Trib., collége. Draps, corroieries, tanneries. Assez de commerce. — Raoul le Chauve, baron de Châteauroux, donna à son fils Ebbe II la seigneurie de La Châtre vers le milieu du XIe siècle : c’est de lui qu’est issue l’antique maison de La Châtre.

LA CHÂTRE (Claude, baron de), maréchal de France, né vers 1526, d’une famille noble du Berry, m. en 1614. Nommé par Charles IX gouverneur du Berry, il assiégea à plusieurs reprises la petite ville de Sancerre, qu’occupaient les Protestants, et ne put la prendre qu’après un blocus de 18 mois, qui y causa une cruelle famine (1575). Il embrassa dans la suite le parti de la Ligue, et fut fait maréchal par le duc de Mayenne. Il ne reconnut Henri IV qu’en 1594, et ne fit la paix qu’en stipulant les conditions les plus avantageuses. Son titre de maréchal lui fut conservé. Il a laissé quelques écrits, entre autres le Siége de Thionville en 1558. — Son fils, Louis de L., hérita de ses dignités et fut fait maréchal en 1616.

LA CHÂTRE-NANÇAY (Edme, comte de), maître de la garde robe du roi, fut nommé en 1643 colonel général des Suisses par la faveur de la reine mère, se distingua à la bataille de Nordlingue où il fut blessé et mourut à Philipsbourg en 1645, des suites de sa blessure. On a de lui de curieux Mémoires sur la minorité de Louis XIV, qui vont jusqu’en 1643.

LA CHAUSSADE, hameau de la Nièvre, cant. de Pougues, à 13 kil. de Nevers. Usines de la marine.

LA CHAUSSÉE (P. Cl. NIVELLE de), auteur dramatique, né à Paris en 1692, m. en 1754, était neveu d’un fermier général, et jouissait d’une aisance qui lui permit de se consacrer aux lettres. Il se fit connaître en 1732 par une Épître à Clio, dans laquelle il combattait Lamotte, qui voulait bannir la versification de la tragédie, et il ne commença à travailler pour le théâtre qu’à 40 ans. Il y introduisit un genre nouveau, le drame ou comédie larmoyante, et eut en ce genre un grand succès. Ses principales pièces, toutes en vers, sont : la Fausse antipathie (1734) ; le Préjugé à la mode (1735) ; l’École des amis (1737) ; Mélanide (1741) ; Amour pour amour (1742) ; l’École des mères (1745), la Gouvernante (1747). On a aussi de lui des Contes assez libres, dans le Recueil dit de ces Messieurs (avec Caylus, Duclos et autres, 1745). Ses œuvres forment 5 vol. in-12, 1762. La Chaussée est, selon Voltaire, un des premiers après ceux qui ont du génie. Il fut de l’Académie française.

LA CHAUX DE FOND et mieux LA CHAUDE FONT (la fontaine chaude), v. de Suisse (Neufchâtel), à 13 kil. N. O. de Neufchâtel, dans une très-haute vallée du Jura ; 12 000 hab. Horlogerie ; dentelles. Patrie des mécaniciens Droz et de Léop. Robert. Eaux thermales.

LACHÉSIS, une des 3 Parques. V. PARQUES.

LA CHESNAYE (NICOLE de), écrivain du XVe siècle, vivait sous Louis XII. On a de lui la Nef de Santé, avec le gouvernement du corps humain, la condamnation des banquets, à la louange de diète et sobriété, et Traité des passions de l’âme contraires à la santé, Paris, in-4, sans date ; réimprimé en 1507 et 1511.

LA CHESNAYE-DESBOIS (AUBERT de), né dans le Maine en 1699, mort à Paris en 1784, dans un hospice de vieillards, était d’abord capucin. Il quitta le cloître, se mit à la solde des abbés Desfontaines et Granet, et fit pour ces deux journalistes des articles littéraires.. On a de lui plusieurs Dictionnaires, en général médiocres : Dictionnaire d’Agriculture, 1751 ; Dict. militaire, 1758 ; — domestique, 1762 ; — des mœurs et coutumes des Français, 1767 ; — de la Noblesse, 1770. Ce dernier, le plus estimé, a été réimprimé par Magny, 1860.

LA CHÈSE, ch.-l. de c. (Côtes du Nord), à 9 kil. S. E. de Loudéac ; 420 hab.

LACHMANN (Charles), philologue, né à Brunswick en 1793, m. en 1851, professa à l’Université de Kœnigsberg, puis à celle de Berlin (1816). On a de lui un grand nombre de travaux estimés, notamment un Traité des chœurs dans la tragédie grecque (en latin), des éditions, avec notes, de l’Iliade d’Homère, de Lucrèce et de Properce, ainsi que des Institutes de Gaïus ; un Traité sur l’origine et la signification des Niebelungen et une bonne édition de ce poëme, dés éditions annotées des chants d’Iwein et de Van der Vogelweid, des Œuvres de Luther, de Lessing, etc.

LACHMI ou LAKMI, déesse de l’Abondance chez les Hindous, épouse préférée de Vichnou, naquit des flots d’un océan lacté. Le manglier et le lotos lui sont consacrés. On la représente ordinairement les mamelles chargées de lait, allaitant un enfant, tenant une fleur de lotos ou versant les richesses sur la terre.

LACINIUS, brigand redoutable, ravageait les côtes de la Grande-Grèce. Il voulut dérober les bœufs d’Hercule, qui revenait d’Espagne, vainqueur de Géryon : le héros le tua, et, en mémoire de sa victoire, bâtit un temple à Junon Lacinienne, dans le golfe de Tarente près du cap Lacinium, auj. cap Colonne.

LA CIOTAT, Citharista, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 23 kil. S. E. de Marseille ; 8444 hab. Bien bâtie. Port sur la Méditerranée ; fort, avec phare ; collége, école de navigation, chantiers de construction. Commerce de vins muscats, fruits secs, huile.

LACKNAU, v. de l’Inde. V. LUKNOW.

LA CLAYETTE, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 18 k. S. de Charolles ; 1562 hab. Étoffes de coton, tanneries. Patrie du naturaliste Lamétherie.

LACLOS (P. Ambr. CHODERLOS de), officier d’artillerie, et secrétaire du duc d’Orléans, né à Amiens en 1741, s’était rendu célèbre avant la Révolution par un roman plein d’intérêt, mais immoral, les Liaisons dangereuses (1784). Il fut un des affidés du duc d’Orléans, rédigea le Journal des amis de la Constitution, fit avec Brissot la fameuse pétition qui provoqua le rassemblement du Champ de Mars, et fut nommé en 1792 général de brigade. Jeté en prison à la mort de son protecteur, il fut rendu à la liberté au 9 thermidor. Il servait avec distinction à l’armée d’Italie comme général d’artillerie, lorsqu’il mourut à Tarente en 1803. Laclos a laissé des Poésies fugitives pleines de grâce. On lui doit aussi des travaux estimés sur le génie militaire et d’utiles expériences sur de nouveaux projectiles.

LACOBRIGA, v. d’Hispanie (Lusitanie), dans le Cuneus. On en voit les ruines près de Lagos.

LACOMBE (François), d’Avignon, littérateur, né en 1733, mort vers 1795 à Montpellier, où il était commissaire de police, a traduit de l’anglais plusieurs bons ouvrages, tels que : Lettres d’Orrery sur Swift, 1753 ; Lettre de Shaftesbury sur l’enthousiasme, 1762. Il a publié des Lettres choisies de la reine Christine, 1759, auxquelles il a donné pour suite, en 1762, des Lettres secrètes de Christine, dont il est le seul auteur.

LACOMBE (Jacques), de Paris, laborieux compilateur, né en 1724, mort en 1811, fut avocat, puis libraire. On a de lui, entre autres ouvrages : Abrégé chronologique de l’Histoire ancienne, 1757 ; — de l’Histoire du Nord, 1762 ; — de l’Histoire d’Espagne et de Portugal, 1759 ; Précis de l’art dramatique, 1808, en société avec Chamfort ; Dictionnaire portatif des Beaux-Arts, 1752. Il fut un des plus actifs collaborateurs de l’Encyclopédie méthodique, à laquelle il fournit les Dictionnaires des Arts et Métiers, — des Chasses, — de l’Art oratoire, — des Amusements des Sciences, et travailla longtemps au Mercure. — Son frère, Lacombe de Prezel, avocat, né à Paris en 1725, a donné : Dictionnaire d’Anecdotes, 1766 ; — d’Iconologie, 1756 ; — de Jurisprudence, 1763 ; Pensées de Pope, 1766 ; Portraits historiques, 1768.

LA CONDAMINE (Ch. Marie de), voyageur, né à Paris en 1701, mort en 1774, cultiva toutes les sciences et parcourut presque toutes les parties du monde. Choisi en 1736 avec Bouguer pour aller à l’équateur déterminer la grandeur et la figure de la terre, il parcourut dans ce voyage presque toute l’Amérique du Sud, et ne revint qu’au bout de dix ans, après des fatigues inouïes. Il publia à son retour : Voyage dans l’intérieur de l’Amérique méridionale, 1745 ; La figure de la terre, 1749 ; Journal du voyage fait par ordre du roi à l’équateur, 1751. On a de lui plusieurs autres ouvrages dont quelques-uns en anglais et en espagnol. Il a beaucoup écrit en faveur de l'inoculation, et a fait connaître le caoutchouc (1750). Il était de l'Académie des sciences, de l'Académie française, de la Société roy. de Londres, etc.

LACONIE, Laconia, contrée de l'anc. Grèce, dans le Péloponèse, à l'angle S. E., entre la mer, l'Arcadie et la Messénie: ch.-l., Sparte. Elle se divisait en 4 territoires : 1° celui de Sparte ou District politique, le long de l'Eurotas et au S. de la ville de Sparte; 2° l’Égiale, le long de la côte E.; 3° le Nome d'Amycles, à l'O. et près du District politique; 4° au S. les Périèces (Périoicoi), qui s'étendaient jusque dans la Messénie. La Laconie était très-montueuse peu fertile et très-pauvre; elle était arrosée par l'Eurotas.

Dans le nouvel État de Grèce le nom de Laconie a été donné : 1° en 1833, à l'un des dix nomes en lesquels la Grèce fut d'abord partagée (ch.-l. Mistra); 2° en 1836, à l'un des 24 gouvts qui les remplacèrent; 3° en 1845, à une nomarchie, qui a pour ch.-l. Sparte et qui compte auj. 90 000 hab.

LACORDAIRE (le P. J. B. Henri), célèbre prédicateur, né en 1802 à Recey-sur-Ource (Côte d'Or), mort à Sorèze en 1861, était fils d'un médecin. Après avoir étudié le droit et avoir débuté au barreau de Paris, il embrassa l'état ecclésiastique à 22 ans, entra au séminaire de St-Sulpice, fut ordonné prêtre en 1827, se lia bientôt après avec l'abbé La Mennais, coopéra avec lui à la rédaction de l’Avenir, journal religieux et politique, qui fut désapprouvé par le St-Siége, ouvrit en 1835 à Notre-Dame de Paris des Conférences, d'un genre tout nouveau, qui attirèrent la foule et amenèrent d'éclatantes conversions, surtout parmi les jeunes gens, conçut alors le projet de restaurer en France l'ordre des Frères prêcheurs, se rendit dans ce but, en 1839, à Rome, au couvent de la Minerve, où il prit l'habit et le nom de S. Dominique, reparut en 1841 à Notre-Dame, où il reprit ses conférences avec un nouveau succès, prêcha avec le même éclat dans plusieurs des grandes villes de France (Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nancy, Metz, Grenoble, etc.), se fit élire en 1848 représentant à l'Assemblée nationale, mais quitta bientôt cette assemblée tumultueuse, où sa voix ne pouvait être entendue, obtint du pape en 1850 que les couvents dominicains de France fussent érigés en une province particulière et en fut nommé provincial, refusa d'être réélu à l'expiration de ses fonctions (1854), et prit alors la direction du collége libre de Sorèze. Il fut admis en 1860 à l'Académie française, en remplacement de Tocqueville. Le P. Lacordaire a été un des orateurs les plus brillants du siècle; ses prédications, appropriées au goût et aux besoins de l'époque, produisaient beaucoup d'effet; mais elles se faisaient remarquer plutôt par l'imagination, le mouvement et l'action oratoire que par la rigueur du raisonnement ou l'enchaînement des idées; on l'a surnommé le Romantique de la chaire. En religion, sa pensée fut de réconcilier le catholicisme avec la liberté et le progrès. Outre les Conférences, qui ont été publiées à mesure qu'elles paraissaient, on a de lui une Vie de S. Dominique (1840), où l'exactitude historique n'est pas toujours observée; les Oraisons funèbres de Forbin-Janson, évêque de Nancy; d’O'Connell et celle de Drouot, son chef-d'œuvre. Ses Œuvres complètes avaient paru dès 1858, Paris, 6v. in-8. — Son frère aîné, Théodore L., né en 1801, professeur à l'Université de Liége, s'est fait avantageusement connaître comme voyageur et comme naturaliste. On estime surtout ses travaux sur l’Entomologie.

LA CÔTE ST-ANDRÉ, ch.-l. de c. (Isère), à 32 k. S. E. de Vienne; 4105 hab. Jadis place forte. Liqueur renommée dite Eau de La Côte.

LACOUR (dom Didier de), bénédictin, né en 1550 près de Verdun, mort en 1623. entra jeune dans l'abbaye de Saint-Vanne, à Verdun, en fut nommé prieur en 1600, et y introduisit la réforme malgré mille obstacles. Il devint ainsi le fondateur des célèbres congrégations de St-Vanne et de St-Maur.

LA COURTINE, ch.-l. de c. (Creuse), à 36 kil. S. E. d'Aubusson; 1037 hab.

LACRETELLE (Pierre Louis), dit L. l'aîné, littérateur, né à Metz en 1751, m. en 1824, était avocat au parlement lors de la Révolution; il en embrassa les doctrines avec modération et siégea à l'Assemblée législative, puis au Corps législatif (1801). Sous l'Empire et la Restauration, il écrivit dans les journaux de l'opposition, notamment dans le Mercure et la Minerve. Il avait remplacé La Harpe à l'Académie française en 1802. On a donné en 1823 et années suiv. une édition de ses œuvres qui se divisent en Éloquence, Philosophie, Théâtre, Portraits, etc. Lacretelle a mis en ordre la Logique, la Métaphysique et la Morale dans l’Encyclopédie méthodique.

LACRETELLE (Charles), dit le jeune, frère du précédent, né à Metz en 1766, m. 1855, vint jeune à Paris où il débuta sous le patronage de son frère, rendit compte dans le Journal des Débats des travaux de l'Assemblée nationale, fut proscrit au 13 vendémiaire (an IV), puis arrêté au 18 fructidor (an VI), et ne sortit de prison qu'au 18 brumaire; fut nommé en 1800 membre du bureau de la presse et plus tard censeur; fit paraître depuis 1801 plusieurs ouvrages historiques, remarquables surtout par la netteté et l'élégance du style; fut nommé en 1809 professeur d'histoire à la Faculté de Paris et ne résigna sa chaire qu'en 1853 : son cours, qu'il fit assidûment jusqu'à l'âge le plus avancé, était un des plus suivis. Il avait été admis à l'Académie française en 1813. Adversaire du despotisme impérial, il accueillit avec empressement la Restauration: Louis XVIII l'anoblit. On a de lui : Précis historique de la Révolution française, 1801-1806, 6 vol. in-8 (le Précis de l'Assemblée Constituante, qui en forme le Ier vol., avait été rédigé par Rabaut St-Étienne); Histoire de France pendant le XVIIIe siècle, 1808, 6 vol., souvent réimprimée : c'est le plus estimé de ses écrits; Histoire de la Révolution française, 1821-1826, 8 vol.; Histoire de France depuis la Restauration, 1829-1835, 4 vol.; Histoire du Consulat et de l'Empire, 1845-46, ouvrage publié en concurrence avec l'histoire de M. Thiers sur le même sujet, mais qui se ressent de la vieillesse de l'auteur. On lui doit encore une Histoire des Guerres de Religion, 1814-1816, 4 V. in-8.

LACROIX DU MAINE (Fr. GRUDÉ de), en latin Crucimanus, bibliographe, né au Mans en 1552, est auteur d'une Bibliothèque française, Paris, 1584, in-fol., qui contient le catalogue de tous les auteurs qui avaient écrit en français jusqu'à cette époque. Elle a été réimprimée en 1777, Paris, 6 v. vol. in-4 (avec le Dictionn. des écrivains franç. de Duverdier et les notes de La Monnoye, Bouhier et Falconet). Lacroix du Maine se proposait de composer sur le même plan un catalogue des ouvrages écrits dans toutes les autres langues; mais il périt en 1562, assassiné par des fanatiques qui le soupçonnaient de calvinisme.

LACROIX (l'abbé NICOLLE de), géographe, né à Paris en 1704, m. en 1760, se consacra à l'enseignement de la géographie. On a de lui une Géographie moderne, 1747, fréquemment réimprimée et qui est restée longtemps classique. — Il ne faut pas le confondre avec un autre Lacroix, maître de langues et de géographie à Lyon, m. vers 1715, qui a composé une Géographie universelle, 1690, des ouvrages élémentaires, une Morale, 1675, une Poétique, 1675 et 1694.

LACROIX (J. François DE CASTRIES de), laborieux compilateur du XVIIIe siècle, né à Compiègne, publia sous les titres d’Anecdotes anglaises, — italiennes, — arabes, — militaires, etc., 1769 et suiv., des recueils qui eurent la vogue. On lui doit aussi des Dictionnaires des Faits et dits mémorables, 1768; — des Femmes célèbres, 1769; — des Cultes, 1770; — des Saints, 1772, etc., d'un usage fort commode.

LACROIX (Silv. Franç.), savant mathématicien, né en 1765, m. en 1843, se fit connaître dès 1787 par un travail sur les assurances maritimes, qui fut couronné par l'Académie des sciences; entra à l' Institut dès sa fondation, enseigna successivement les mathématiques à l’École militaire, à l’École centrale des Quatre-Nations, à l’École polytechnique, à la Faculté des sciences, dont il devint le doyen, enfin au Collége de France (1815). On lui doit un Cours de Mathématiques (arithmétique, algèbre, géométrie, trigonométrie), publié de 1796 à 1801, ouvrage élémentaire, remarquable par la clarté de l’exposition, et dans lequel il introduisit l’usage de la méthode analytique ; un Traité du Calcul différentiel et intégral (1797 et 1810-1819), ouvrage d’un genre plus élevé, qui est le fondement de sa réputation ; un Essai sur l’enseignement des mathématiques, 1805, où l’on remarque la partie qui traite des méthodes.

LACROIX (PÉTIS de). V. PÉTIS.

LACROZE (Mathurin VEYSSIÈRES de), orientaliste, né en 1661, à Nantes, m. en 1739, passa jeune en Amérique, dans le dessein de se livrer au commerce ; de retour à Nantes, il étudia la médecine ; mais bientôt, dégoûté de ce nouvel état, il prit l’habit de bénédictin (1682). Son caractère indépendant l’empêchant de se plaire dans un cloître, il s’en échappa, se réfugia à Bâle, et embrassa la religion réformée ; il se fixa enfin à Berlin, où il devint bibliothécaire du roi de Prusse, précepteur de la princesse royale (depuis margravine de Bayreuth), et professeur de philosophie au collége français. Ses principaux ouvrages sont : Vindiciæ veterum scriptorum contra Harduinum, Rotterdam, 1708 ; Histoire du Christianisme des Indes, La Haye, 1724 ; Histoire du Christianisme d’Éthiopie et d’Arménie, 1739 ; Lexicon Ægyptiaco-Latinum, 1775 ; Thesaurus epistolicus, etc. Il a laissé en manuscrit des Dictionnaires arménien, slave, syriaque, etc.

LACRUZ (PANTOJA de), peintre espagnol, né à Madrid en 1551, m. en 1610, était peintre de Philippe II, et fut chargé par ce prince de décorer les plafonds de l’Escurial. On estime ses portraits de Charles-Quint, de Philippe II et de Philippe III.

LACRUZ (Juana Inès de), religieuse et poëte espagnole, née en 1614 à Mexico, morte en 1695, s’enferma dans un couvent de Mexico, par suite d’un amour malheureux, et y partagea son temps entre les exercices de piété et la poésie. Elle a composé de nombreuses poésies, les unes sacrées, les autres profanes, publiées à Madrid en 1670. Après avoir pris pour modèles les classiques Garcilaso et Boscan, elle se laissa égarer par l’exemple de Gongora, et sacrifia au mauvais goût. On la surnommait la 10e Muse.

LACRUZ Y CANO (Ramon de), poëte dramatique, né en 1728, à Madrid, m. en 1795. Après avoir été avocat, secrétaire, professeur, il se fit auteur et se consacra tout entier au théâtre. Il y fit représenter un grand nombre de petites pièces en un acte, dites saynètes, qui eurent beaucoup de succès. Son Théâtre a été publié en 1788, 10 vol. in-8.

LACTANCE, Firmianus Lactantius, écrivain chrétien, né vers 250, probablement en Afrique, étudia à Sicca, en Numidie, où il eut pour maître Arnobe ; fut choisi vers 290 par Dioclétien pour enseigner les lettres à Nicomédie ; embrassa le Christianisme vers 300, et se voua dès lors à la défense de sa nouvelle religion. Constantin lui confia en 318 l’éducation de son fils Crispus. On croit qu’il mourut à Trêves en 325. Lactance a laissé plusieurs ouvrages, tous en latin : le plus célèbre est son traité des Institutions divines, en 7 livres, où il combat le polythéisme et la philosophie païenne. Ses autres ouvrages traitent de l’Œuvre de Dieu, de la Colère de Dieu, de la Mort des persécuteurs : ce dernier, longtemps ignoré, fut retrouvé seulement au XVIIe siècle et publié par Baluze en 1679. On lui attribue aussi plusieurs pièces de vers, notamment un petit poëme sur le Phénix. Son style, élégant et pur, l’a fait surnommer par S. Jérôme le Cicéron chrétien. Son christianisme passe pour n’être pas toujours exact. La meilleure édit. de ses Œuvres est celle de Rome, 1654-1659, 14 vol in-8. Les Institutions divines ont été traduites par Famé, 1542 et 1746 ; la Mort des persécuteurs par Maucroix, 1680, et Basnage, 1687. Pfaff a retrouvé en 1712, à la bibliothèque de Turin, d’importants fragments des Institutions divines.

LACUÉE de CESSAC (J. GÉRARD, comte de), né près d’Agen, en 1752, m. en 1841, était au service quand la Révolution éclata. Député à l’Assemblée législative, il entra en 1795 au Conseil des Cinq-Cents, fut appelé au Conseil d’État après le 18 brumaire et devint ministre de la guerre en 1807. Il se fit beaucoup d’ennemis en poursuivant les dilapidations. Destitué après la campagne de Russie, il n’en demeura pas moins fidèle à l’Empereur. Il n’eut aucun emploi sous la Restauration, mais il fut appelé à la Chambre des pairs en 1831. On a de lui un Guide des officiers en campagne, 1786 et 1815, et le Dictionnaire d’Art militaire de l’Encyclopédie méthodique.

LACURNE DE STE-PALAYE. V. SAINTE-PALAYE.

LADA, îlot situé sur la côte O. de l’Asie-Mineure, en face de Milet. La flotte ionienne y fut vaincue par les Perses en 498 av. J.-C. Cette défaite livra l’Ionie aux Perses. Attale y défit vers 200 av. J.-C. la flotte de Philippe V, roi de Macédoine.

LADAK. V. LEÏ et THIBET (PETIT-).

LADEMBOURG, v. forte du gr.-duché de Bade, à 10 kil. E. de Manheim, près de la r. dr. du Neckar ; 2000 hab. Brûlée par les Français en 1668 ; prise par Turenne en 1674.

LADISLAS, nom de plusieurs rois de Hongrie. L. I succéda en 1077 à son frère Geysa, rendit tributaires les Bulgares et les Serviens, réunit la Croatie à ses États (1089), fonda la ville de Grand-Varadin, et mourut en 1095, à 54 ans, lorsqu’il se préparait à aller combattre les infidèles en Palestine. Il fut mis au rang des saints par Célestin III en 1198 ; on l’hon. le 27 juin. — L. II et III ne régnèrent qu’un instant (1161-62 et 1204-05) : ils n’ont rien fait de remarquable. — L. IV, fils d’Étienne, lui succéda en 1272. Il aida l’empereur Rodolphe à détrôner Ottokar, roi de Bohême, et fut néanmoins abandonné par ce prince lorsqu’il eut à se défendre lui-même contre les agressions des Cumans et des Tartares. Fait prisonnier par les Cumans en 1290, il fut égorgé dans sa tente, laissant à André III un royaume pauvre et mutilé. — L. V, ou Vladislas, fils de Jagellon, roi de Pologne, succéda à son père en Pologne dès 1434, fut élu roi de Hongrie en 1440, après la mort d’Albert d’Autriche, à l’exclusion du fils de ce prince. Il fut presque aussitôt attaqué par les Turcs : après quelques avantages dus à la valeur de son général, le célèbre Jean Hunyade, il fut défait et tué à la bataille de Varna, en 1444. — Le fils d’Albert d’Autriche et son légitime héritier, qui s’était réfugié en Autriche auprès de l’empereur Frédéric III, son tuteur, fut rappelé par les Hongrois en 1453, et régna aussi sous le nom de Ladislas V. Sous lui comme sous son prédécesseur, la Hongrie, menacée par les Turcs, dut son salut à Jean Hunyade. Cependant, à peine ce héros était-il mort, que Ladislas, jaloux de sa renommée, fit périr son fils aîné. Cette exécution le rendit si odieux à ses sujets qu’il fut contraint de quitter la Hongrie ; il alla mourir à Prague (1457) à l’âge de 19 ans. Il eut pour successeur Matthias Corvin, 2e fils de Jean Hunyade. — L. VI ou Vladislas II, fils de Casimir IV, roi de Pologne, fut roi de Bohême (1471), et se fit reconnaître roi de Hongrie (1490), après Matthias Corvin, malgré l’opposition du roi de Pologne, Jean-Albert, son frère. Il confia la défense des frontières à Étienne Zapoly, digne successeur de Hunyade, et ne s’occupa qu’à rendre ses sujets heureux ; il m. en 1516.

LADISLAS ou LANCELOT, roi de Naples, né en 1376, succéda en 1386 à son père Charles III de Duras, sous la régence de sa mère Marguerite. Il eut à défendre sa couronne contre Louis II d’Anjou ; ce ne fut qu’en 1399 qu’il se vit seul maître du royaume. Il voulut s’emparer de toute l’Italie, et même enlever la couronne impériale à Wenceslas et à Robert qui se la disputaient : il réussit à prendre Rome et les villes voisines (1408) ; mais il échoua en Toscane, et fut vaincu en 1411 à Rocca-Secca par Louis II. Il s'était relevé de sa défaite et menaçait encore l'Italie, lorsqu'il mourut à Naples en 1414, des suites de ses débauches. Jeanne II, sa sœur, lui succéda.

LADJYN (Melik-al-Mansour-Housam-Eddyn), sultan d’Égypte, était un esclave allemand auquel le sultan Kélaoun avait fait abjurer le Christianisme. Nommé gouverneur du château de Damas, il se révolta, et se fit proclamer sultan; mais Kalil Aschraf, fils et successeur de Kélaoun, le fit déposer et le condamna à mort (1290). Le cordon ayant cassé dans les mains de l'exécuteur, le sultan lui fit grâce. Ladjyn assassina dans la nuit même celui auquel il devait la vie. Forcé de fuir après ce meurtre, il reparut pendant la minorité de Naser-Mohammed, renversa le régent Ketboga et se mit à sa place en 1296. Après trois ans de règne, il fut assassiné par les émirs révoltés (1299).

LADOGA, lac de la Russie d'Europe, entre les gouvts de St-Pétersbourg, d'Olonetz et le grand-duché de Finlande, a 205 kil. sur 140 (c'est le plus grand de l'Europe). Tempêtes fréquentes, navigation périlleuse. Il communique avec la mer Baltique et avec les lacs Ilmen, Onega et Saïma par la Néva, la Volkhova, la Svir, et la Woxa. — Deux villages de ce nom sont sur ses bords : Nouveau-Ladoga, à 105 k. E. de St-Pétersbourg; 1700 hab.; fondée en 1704; — Vieux-Ladoga, à 11 kil. S. de la précéd.; 50 maisons. Ce fut le premier séjour de Rurik.

LADON, auj. le Roufia, riv. du Péloponèse, affluent de l'Alphée, dans lequel il se jetait un peu au-dessous d'Hérée (frontières de l'Arcadie et de la Triphylie). — Selon la Fable, le fleuve Ladon était le père de Daphné et de Syrinx. Ce fut avec des roseaux de ce fleuve que Pan fit sa flûte à sept tuyaux.

LADOUCETTE (J. Ch. Franç., baron de), né en 1772 à Nancy, mort en 1848, fut successivement préfet des Htes-Alpes (où il créa la belle route du Mont-Genèvre), de la Roër, de la Moselle, rentra dans la vie privée à la chute de l'Empire, et se livra à son goût pour les lettres et l'archéologie. On lui doit : Archéologie de Mons Seleucus (Mont-Saléon, Htes-Alpes), 1806; Voyage entre Meuse et Rhin, 1818; Histoire et antiquités des Htes-Alpes, 1830 : c'est le meilleur ouvrage qui ait paru sur la statistique de ce pays. Il a aussi composé des Fables en vers (1826), imitées pour la plupart de Lessing et Pfeffel, ainsi que des romans, des nouvelles et des contes.

LADRE, corruption de Lazare. V. ce nom.

L'ADVENTUREUX. V. LA MARK.

LADVOCAT (J. B.), compilateur, né en 1709 à Vaucouleurs, m. à Paris en 1765, fut d'abord curé à Domrémy, puis professeur d'hébreu et bibliothécaire à la Sorbonne. Il est auteur d'un Dictionnaire géographique très-répandu, fait en collaboration avec Vosgien, écrivain moins connu, sous le nom duquel l'ouvrage parut pour la 1re fois à Paris en 1747; d'un Dictionnaire historique des grands hommes, 1752, souvent réimprimé avec suppléments, d'une Grammaire hébraïque estimée, 1755, etc.

LAEKEN, faubourg oriental de Bruxelles, où se trouve un château royal avec beau parc, bâti en 1782 sur les plans du duc de Saxe-Teschen.

LÆLIUS (C.) NEPOS, Romain célèbre par ses vertus et par son amitié avec Scipion l'Africain, accompagna ce général en Espagne et en Afrique, eut la plus grande part à ses succès, prit Carthagène, battit Syphax et le fit prisonnier. Il fut élevé au consulat l'an 190 av. J.-C. Il admit Polybe dans son amitié et lui fournit d’utiles renseignements pour son histoire. — LÆLIUS Nepos (C.), dit le Sage fils du précéd., fut lié étroitement avec le second Africain comme son père avait été lié avec le premier, l'accompagna au siége de Carthage, fut à son retour envoyé en Lusitanie où il obtint quelques avantages sur Viriathe, et fut nommé consul l'an 140 av. J.-C. Ami des lettres, il protégea Pacuvius et Térence. Cicéron a donné le nom de Lælius à son dialogue sur l’Amitié, dont ce personnage est en effet le principal interlocuteur.

LAENNEC (R. Th. H.), médecin, né en 1781 à Quimper, mort en 1856, était médecin en chef de l'hôpital Necker (1816) et professeur au Collége de France. Il s'est occupé avec succès des maladies de poitrine. Il est surtout connu par son Traité de l'Auscultation médiate ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du cœur, Paris, 1819, où il fit connaître le stéthoscope (instrument servant à l'auscultation). MM. Roger et Barth ont perfectionné sa méthode dans leur Traité d'auscultation et de percussion, 1841 et 1859.

LÆNSBERG (Matthieu), auteur du fameux Almanach de Liége, accompagné de pronostications pour tous les mois de l'année. On croit qu'il était chanoine de St-Barthélemi à Liége, et qu'il vivait vers 1600; mais on ne sait rien de certain sur ce personnage; on ne sait même si c'est un nom réel ou supposé. Quoi qu'il en soit, l’almanach qui porte son nom paraît avoir paru pour la 1re fois vers 1635. Les Œuvres complètes de Matthieu Laensberg ont été publiées à Middelbourg en 1663, 2 vol. in-fol.

LAËRTE, roi d'Ithaque et époux d'Anticlée, fut père d'Ulysse. Suivant d'autres, Anliclée aurait cédé aux vœux de Sisyphe peu avant son mariage et Ulysse serait le fruit de ce commerce illégitime. Laërte éleva toutefois Ulysse comme son fils et lui laissa le trône.

LAËRTE, v. forte, sur les confins de la Cilicie et de la Pamphylie, au bord de la mer, fut la patrie de l'écrivain Diogène, dit Laërce (Laertius), ou Laërte.

LÆTUS (Q. Ælius), préfet du prétoire sous Commode, fit empoisonner et étrangler, en 192, cet empereur, qui avait résolu sa mort, et lui donna pour successeur Pertinax, qu'il fit massacrer au bout de 3 mois de règne. Il fut lui-même tué, quelque temps après (193 de J.-C.), par ordre de Didius Julianus, qui venait d'être proclamé empereur.

LÆVINUS (P. Valerius), consul l'an 280 av. J.-C, fit la guerre à Pyrrhus et aux Tarentins, fut vaincu à Héraclée, parce que ses troupes furent effrayées par les éléphants de Pyrrhus; mais répara bientôt cet échec et força le roi d’Épire à demander la paix. — M. Valerius L., propréteur en 214, commença la guerre de Macédoine, prit Oricum, délivra Apollonie assiégée et souleva les Étoliens contre Philippe. Consul en 210, il acheva de soumettre la Sicile.

LA FARE (Ch. Aug., marquis de), poëte, et militaire, né en 1644 à Valgorge (Vivarais), m. en 1712. Il servit avec la plus grande distinction, d'abord contre les Turcs dans l'armée autrichienne (1664), puis en Hollande sous Louis XIV (1672); mais, ayant indisposé le ministre Louvois, il fut forcé de quitter le service. Il n'est connu auj. que par ses poésies. Ami de l'épicurien Chaulieu, il s'exerça avec succès dans le même genre que lui; on trouve dans ses vers, faciles et quelquefois négligés, une aimable gaieté et une douce insouciance. La Fare aima Mme de Caylus et Mme de La Sablière et en fut aimé : il leur adressa la plus grande partie de ses poésies. Ses Œuvres poétiques sont jointes à celles de Chaulieu dans l'édition de St-Marc, 1755, in-12. Il a aussi écrit des Mémoires sur Louis XIV, qui ont paru en 1716. — Il laissa un fils qui devint maréchal de France.

LA FARE (Henri, cardinal de), de la même famille que le préc., né en 1752 à Luçon, m. en 1829, était évêque de Nancy en 1789. Député par le clergé aux États généraux, il s'opposa à la vente des biens du clergé, et combattit toutes les innovations. Il émigra en 1791, résida en Autriche, où il fut pendant 20 ans chargé de la correspondance des Bourbons, rentra avec eux en 1814, devint aumônier de la duchesse d'Angoulême, puis archevêque de Sens (1821), et cardinal (1823).

LA FAYE (Ant. de), ministre protestant, né à Châteaudun vers 1540, m. de la peste à Genève en 1615, fut l'ami de Théodore de Bèze, qu'il accompagna au colloque de Montbéliard en 1589, professa la philosophie et la théologie à Genève, et eut part à la traduction française de la Bible. On a aussi de lui des traductions de l’Histoire des Juifs de Josèphe, Genève, 1560; de l’Histoire romaine de Tite-Live, Paris, 1582; Geneva liberata, 1603; De vita et obitu Bezæ, 1606 (trad. en fr. en 1610 et 1681).

LA FAYE (J. Franç. LERIGET de), littérateur, né en 1674 à Vienne, en Dauphiné, m. en 1731, servit quelque temps dans l'armée, et dans la diplomatie, puis se livra exclusivement aux lettres et aux arts. N'usant d'une grande fortune que pour protéger les gens de lettres, qu'il cultivait lui-même, il mérita que Voltaire dît de lui, quoique avec une grande exagération :

Il a réuni le mérite
Et d'Horace et de Pollion.

Il composait de jolis vers, faciles et naturels : on remarque surtout son Épître sur les avantages de la Rime, contre Lamotte. Il fut admis à l'Académie française en 1730. — Son frère, Élie de La Faye, 1671-1718, servit avec distinction, avança par ses recherches le génie militaire et la mécanique, inventa une Machine à élever les eaux, et fut élu membre de l'Académie des sciences en 1716.

LA FAYETTE (Gilbert MOTIER de), d'une famille noble d'Auvergne, s'attacha au Dauphin pendant la démence de Charles VI, fut nommé par lui maréchal en 1420, battit les Anglais à Baugé (1421), contribua à délivrer Orléans, et prit une grande part à l'expulsion des ennemis de la France. Il m. en 1462.

LA FAYETTE (Louise MOTIER de), femme célèbre par son esprit et sa beauté, était fille d'honneur d'Anne d'Autriche. Louis XIII conçut pour elle une vive passion, mais elle sut résister à la séduction et alla en 1637 s'enfermer dans le couvent de la Visitation, où elle prit le nom de sœur Angélique. Elle y mourut en 1665. Mme de Genlis en a fait l'héroïne d'un roman intitulé : Mlle de La Fayette.

LA FAYETTE (Marie Madeleine PIOCHE DE LA VERGNE, dame de), femme célèbre par l'amabilité de son caractère, l'enjouement de son esprit et l'amitié qui l'unit à La Rochefoucauld, née au Havre en 1634, du gouverneur de cette ville, épousa en 1655 le comte de La Fayette (frère de Mlle de La Fayette, qui précède), et mourut en 1693. Elle s'est fait un nom par ses romans, qui substituèrent aux faux sentiments et au style ampoulé des pastorales du temps le langage du cœur et de la véritable passion. Les meilleurs sont : Zaïde (1670); la Princesse de Clèves (1678); la Comtesse de Tende; la Comtesse de Montpensier. On lui doit aussi une Histoire d'Henriette d'Angleterre, Amst., 1720 ; des Mémoires historiques, qui se trouvent dans la collection Petitot, et des Lettres, encore inédites. Ses Œuvres, précédées d'une notice par Auger, ont été imprimées avec celles de Mmes de Tencin et de Fontaines, Paris, 1814, 5 vol. in-8. Mme de La Fayette réunissait chez elle l'élite des gens de lettres; elle eut particulièrement pour amis La Fontaine, Segrais et La Rochefoucauld.

LA FAYETTE (Gilbert MOTIER, marquis de), né en 1757 à Chavagnac, près Brioude, m. à Paris en 1834, épousa à 10 ans Mlle de Noailles. Il s'embarqua 4 ans après sur une frégate armée à ses frais, pour aller combattre dans les rangs des Américains insurgés contre la domination anglaise, combattit à Brandywine et à Montmouth, revint en France en 1779 pour en ramener de nouveaux secours, se distingua à la défense de la Virginie, au siége d'York-Town, et contribua puissamment à fonder la république des États-Unis. Élu en 1787 membre de l'Assemblée des notables, en 1789 député à l'Assemblée nationale, il défendit avec chaleur les idées nouvelles, et proposa le premier de faire une déclaration des droits de l'homme. Le 15 juillet 1789 il fut nommé commandant de la garde nationale : il protégea la famille royale dans les journées des 5 et 6 octobre et dispersa par la force le peuple rassemblé au Champ de Mars (17 juillet 1791); en 1792, il commanda avec succès une des armées destinées à repousser l'invasion étrangère; mais il perdit bientôt sa popularité et fut mis hors de la loi après le 20 juin, pour avoir tenté de faire sortir le roi de Paris. Il partit alors avec quelques amis pour un pays neutre (20 août 1792); arrêté dans sa fuite par les Autrichiens, il fut enfermé dans la citadelle d'Olmütz, et y resta prisonnier jusqu'en 1797, époque où un article spécial du traité de Campo-Formio lui rendit la liberté. Il ne prit aucune part aux affaires sous le Consulat et sous l'Empire. Membre de la Chambre des Représentants en 1814, il vota pour la déchéance de l'Empereur. Député sous la Restauration, il fit à la branche aînée des Bourbons une vive opposition. En 1825, il fit un voyage aux États-Unis, qui fut pour lui une ovation perpétuelle. Après les journées de juillet 1830, il fut nommé pour la 2e fois, et par acclamation, chef des gardes nationales : dans ces fonctions, il contribua beaucoup à la défense de l'ordre et à l'établissement de la nouvelle dynastie. L'avénement de Casimir Périer aux affaires (13 mars 1831) le fit rentrer dans les rangs de l'opposition, avec la quelle il ne cessa plus de voter jusqu'à sa mort. La Fayette a été mêlé aux plus grands événements de son époque; il a porté partout un patriotisme, un désintéressement, une noblesse d'âme incontestables; mais chez lui les qualités de l'esprit n'étaient pas au niveau de celles du cœur; il manqua plusieurs fois de prévoyance, d'adresse, de décision, et ne sut pas toujours diriger les mouvements populaires ou en assurer les résultats. La Fayette a laissé des Mémoires, qui ont été publiés par sa famille, 1837-1840, 8 vol. in-8. Son nom a été donné à un grand nombre de lieux aux États-Unis ; les principaux sont : Lafayette, dans l'Indiana, sur le Wabash; 10 000 hab., et Fayetteville, dans la Caroline du Nord; 8000 hab.

LA FÈRE, v. forte de France, ch.-l. de c. (Aisne), au confl. de la Serre et de l'Oise, à 24 kil. N. O. de Laon; 3122 hab. École d’artillerie (fondée en 1756), arsenal de construction, salpêtreries, scieries hydrauliques. Commerce de vins, laines, toiles. — Cette v. a soutenu un grand nombre de siéges, notamment en 1550 contre les Espagnols, qui la prirent. Henri IV s'en empara en 1596 et y construisit de nouvelles fortifications, augmentées sous Louis XIII, mais détruites sous Louis XIV, en 1690. Prise et ravagée par les alliés (1814), vainement assiégée par les Prussiens (1815), prise par les Allemands (1870). — 'V'. FÈRE.

LA FERRIÈRE (L. Firmin), juriste, né en 1798 à Jonzac, m. en 1861, fut successivement avocat à Bordeaux, professeur de droit à Rennes, inspecteur général des Facultés de droit, conseiller d'État (1849), fut chargé en 1854 d'administrer l'Académie de Toulouse, et fit partie, à partir de 1855, de l'Académie des sciences morales. On lui doit, entre autres publications, une Histoire du droit civil de Rome et du Droit français (1846-61), ouvrage fort estimé, malheureusement interrompu par sa mort.

LA FERTÉ, nom commun à une foule de lieux en France, vient du bas latin firmitas, forteresse.

LA FERTÉ (H. de SENNETERRE ou ST-NECTAIRE, duc de), maréchal de France, né à Paris en 1600, m. en 1681, reçut le bâton de maréchal en 1651, après s'être distingué au siége de La Rochelle (1628), aux batailles d'Avesnes, de Rocroy, de St-Nicolas, où il défit le comte de Ligneville (1650). Fait prisonnier à Valenciennes en 1656, il fut racheté par le roi : depuis, il prit Montmédy (1657), Gravelines (1658), etc. Il ne se reposa qu'à la paix des Pyrénées (1659).

LA FERTÉ-ALEPS ou ALAIS, Firmitas Balduini, puis Adelaïdis, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), au confl. de l'Essonne et de la Juisne, à 15 kil. N. E. d'Étampes; 790 hab. Filatures de coton et de bourre de soie; abeilles; carrières de grès.

LA FERTÉ-BERNARD, ch.-l. de c. (Sarthe), au confl. du Mesme et de l'Huisne, à 31 kil. S. E. de Mamers; 2604 hab. Station. Église paroissiale du XIVe siècle; bibliothèque publique. Grande industrie (grosses toiles, calicots, étamines, etc.) ; commerce. Anc. forteresse. Patrie du poëte Rob. Garnier.

LA FERTÉ-FRÊNEL, ch.-l. de c. (Orne), à 45 kil. N. E. d’Argentan ; 478 h.

LA FERTÉ-GAUCHER, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), sur le Grand-Morin, à 15 kil. S. E. de Coulommiers ; 2119 hab. Tanneries, mégisseries ; commerce de grains. Il s’y livra en 1814 un combat entre les Français et les alliés.

LA FERTÉ-IMBAULT (Jacques d’ÉTAMPES, marquis de), maréchal de France, né en 1590, m. en 1668, se distingua au combat des Ponts-de-Cé, en 1620, aux siéges de St-Jean-d’Angély, de Montauban (1621), et surtout au combat de Veillane (1630), où, avec sa seule compagnie, il chargea et tailla en pièces 3000 ennemis ; servit dans les campagnes de Flandre, 1646-48, et fut fait maréchal en 1651. Il avait été quelque temps ambassadeur en Angleterre et rendit de grands services à son pays pendant son séjour à Londres.

LA FERTÉ-IMBAULT (la marquise de), fille de la célèbre Mme Geoffrin, se distingua comme sa mère par son esprit, mais fut aussi opposée aux philosophes que sa mère leur avait été dévouée. Mariée en 1733 au petit-fils du maréchal de La Ferté, elle resta veuve a 21 ans. Elle fut chargée, sous Mme de Marans gouvernante en titre, d’une partie de l’éducation de Mmes Clotilde et Élisabeth, sœurs de Louis XIV.

LA FERTE-MACÉ, ch. de c. (Orne), à 19 kil. E. de Domfront ; 6475 hab. Grande industrie : toiles de coton, rubans de fil, ouvrages de buis, teintureries.

LA FERTÉ-MILON, v. du dép. de l’Aisne, sur l’Ourcq, à 25 kil. N. O. de Château-Thierry ; 2000 hab. Beau château. Patrie de J. Racine.

LA FERTÉ-ST-AUBIN, jadis la FERTÉ-NABERT, Firmitas Naberti, ch.-l. de c. (Loiret), sur le Cosson, à 19 kil. S. d’Orléans ; 2203 hab.

LA FERTÉ-SENNETERRE. V. ST-NECTAIRE.

LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 19 kil E. de Meaux (22 par ch. de fer) ; 4102 hab. Pierres meulières ; filature de laine. Commerce de blé, bois, charbon.

LA FERTÉ-SUR-AMANCE, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 30 kil. E de Langres ; 580 hab. Station.

LA FERTÉ-SUR-AUBE, Firmitas ad Albulam, v. de la Hte-Marne, à 32 kil. O. de Chaumont ; 1000 h. Combat entre les Français et les alliés en 1814.

LA FERTÉ-SUR-GROSNE, v. du dép. de Saône-et-Loire, à 11 kil. S. de Châlons ; 500 hab. Abbaye célèbre, une des 4 filles de Cîteaux. V. CÎTEAUX.

LA FERTÉ-VIDAME, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), à 36 kil. S. O. de Dreux ; 975 hab. Château.

LA FEUILLADE (Franç. d’AUBUSSON, vicomte de), maréchal de France, issu de la famille du grand maître d’Aubusson, fut un des plus zélés serviteurs de Louis XIV. Il fit avec distinction la campagne de Flandre (1651-54), alla, après la paix des Pyrénées, servir sous Montécuculii contre les Turcs, avec un corps de volontaires levés à ses frais ; accompagna Louis XIV en 1674 dans la conquête de la Franche-Comté ; prit Salins (1674), emporta, l’épée à la main, le fort St-Étienne qui défendait Besançon, fut fait maréchal en 1675, gouverneur du Dauphiné en 1681, et mourut en 1691. Courtisan flatteur, il avait fait ériger à ses frais, en 1686, sur la place des Victoires, à Paris, une magnifique statue de Louis XIV debout, couronné par la Victoire, et tenant à ses pieds quatre esclaves enchaînés, qui représentaient autant de nations vaincues ; cette statue, détruite en 1792, a été remplacée en 1821 par la statue équestre qu’on voit auj. sur la même place, et qui est l’œuvre de Bosio. — Son fils, Louis de La Feuillade, fut aussi maréchal (1724), mais il était loin d’égaler son mérite. Il se laissa battre en Piémont par le prince Eugène.

LAFFÉMAS (Barthélémy de), valet de chambre de Henri IV et contrôleur général du commerce, né en 1545 à Beausemblant (Dauphiné), m. vers 1612, s’efforça de ranimer l’agriculture et le commerce. On a de lui : Les Trésors et richesses pour mettre l’État en splendeur, Paris, 1598 ; Remontrances sur l’abus des charlatans, pipeurs et enchanteurs, 1601 ; Preuve du plant et profit des mûriers, 1603 ; Lettres de la feu royne mère comme elle faisoit travailler aux manufactures ; Hist. du commerce de France, 1606. — Son fils, Isaac de Laffémas, 1589-1650, avocat au parlement, conseiller d’État et lieutenant civil en 1638, fut tout dévoué au cardinal de Richelieu, ainsi qu’à Mazarin. Il a laissé, comme Laubardemont, une mémoire exécrée.

L’AFFICHARD (Thomas), auteur médiocre, né en Bretagne en 1698, m. à Paris en 1753, a donné un grand nombre de pièces qui furent jouées aux Français, aux Italiens, à l’Opéra-Comique, et dont plusieurs avaient été composées en société avec Panard, d’Orville et Gallet. On en a recueilli quelques-unes sous le titre de Théâtre de l’Affichard, 1746.

LAFFITTE (Jacques), né en 1767, m. en 1844, était fils d’un pauvre charpentier de Bayonne. Il vint jeune à Paris, entra en qualité de commis chez le banquier Perregaux, obtint la confiance de son patron, qui se l’associa, augmenta bientôt l’importance de la maison, fut nommé en 1814 gouverneur de la Banque, vint au secours de l’État obéré dans les moments difficiles qui suivirent l’invasion, reçut de Napoléon, partant pour l’exil, un dépôt de plusieurs millions, qu’il conserva religieusement, fit partie en 1815 de la Chambre des Représentants, puis de celle des Députés, fut réélu en 1817 par tous les colléges de Paris ; vota constamment, sous la Restauration, avec l’opposition ; eut la part la plus active à la révolution de Juillet (1830), et fut le premier à déférer au duc d’Orléans la lieutenance du royaume, puis la couronne ; accepta, au début de la révolution, le portefeuille des finances, devint président du conseil au 3 novembre 1830, et se montra favorable au mouvement, mais fut bientôt débordé, et se vit, après le sac de l’archevêché, obligé de se retirer (3 mars 1831). Dès lors, mécontent de la marche du gouvernement, il rentra dans l’opposition pour n’en plus sortir. J. Laffitte avait éprouvé, soit pendant son ministère, soit depuis, des pertes immenses qui le forcèrent à liquider sa maison de banque et à vendre son hôtel ; une souscription nationale racheta cet hôtel pour le lui conserver. Rendu à la vie privée, il reconstitua sa maison sous la dénomination de Banque sociale, et la vit de nouveau prospérer. Bienfaisant et généreux, J. Laffitte ouvrait sa bourse à toutes les infortunes, aidait l’industrie de ses capitaux, encourageait les lettres et les arts : aussi jouit-il d’une immense popularité. Une de ses 3 filles épousa le prince de La Moskowa. Outre ses Discours et Opinions, il avait rédigé des Mémoires, qui sont restés inédits, la publication en ayant été retardée par des contestations judiciaires.

LAFIN. V. BIRON (Ch. de).

LAFITAU (le Père), jésuite missionnaire, né à Bordeaux, mort en 1740, fut employé pendant plusieurs années dans les missions du Canada. Il a publié : Mœurs des sauvages américains, comparées aux mœurs des premiers temps, 1723 ; Histoire des découvertes et des conquêtes des Portugais dans le Nouveau-Monde, 1733. — Un autre Lafitau, P. Franç., parent du précéd., 1685-1764, fut évêque de Sisteron. Il a écrit contre les Jansénistes, et publié la Vie de Clément XI, l’Histoire de la constitution Unigenitus, 1737, Vie et mystères de la Ste Vierge, 1759.

LA FLÈCHE, Flexia, ch.-l. d’arr. (Sarthe), sur le Loir, à 40 kil. S. E. du Mans ; 6490 hab. Beau collége, fondée en 1603 par Henri IV et donné par lui aux Jésuites ; ce collége devint en 1764 une École militaire ; le Prytanée militaire de St-Cyr y fut transporté en 1808 ; le titre de Prytanée, remplacé en 1815 par celui de Collége militaire, a été rétabli en 1853. Toiles, étamines, chapellerie, huile de noix, etc. — La ville tire son nom d’une flèche qui fut placée au XIIe s. sur la tour de St-Tnomas. Patrie de l’astronome Picard, du mécanicien J. Sauveur.

LA FLOTTE, v. du dép. de la Charente-Inf., sur la côte N. de l'île de Ré ; 2600 hab. Rade et port excellents. Distilleries, vinaigres.

LAFON (Pierre), acteur tragique, né à La Linde en Périgord, en 1773, m. en 1846, s'engagea d'abord dans une troupe ambulante, puis vint à Paris, débuta en 1800 au Théâtre-Français par le rôle d'Achille d’Iphigénie en Aulide, où il obtint le succès le plus brillant, et conserva la faveur du public jusqu'au moment où il se retira, en 1829. Lafon était doué d'une taille avantageuse, d'une belle figure, d'un organe sonore, mais il était souvent guindé, et portait à l'excès le sentiment de la dignité théâtrale.

LAFONT (Jos. de), auteur dramatique médiocre, né à Paris en 1686, mort en 1725, a donné au Théâtre-Français : Danaé, ou Jupiter Crispin ; le Naufrage, ou la Pompe funèbre de Crispin ; l'Amour vengé ; les Trois frères rivaux, et a composé plusieurs opéras.

LA FONTAINE (Jean de), le premier des fabulistes, né en 1621 à Château-Thierry, mort en 1695, était fils d'un maître des eaux et forêts. Son enfance n'eut rien de remarquable, et ce n'est qu'à l'âge de 22 ans qu'il sentit naître en lui le goût de la poésie, en entendant lire une ode de Malherbe. Son père, voulant lui donner un état, se démit de sa charge en sa faveur ; il le maria en même temps ; mais La Fontaine, d'un caractère insouciant, négligeait sa place et son ménage pour se livrer à son goût pour le plaisir et la poésie. Quelques-uns de ses premiers essais ayant attiré l'attention de la duchesse de Bouillon, qui se trouvait à Château-Thierry, cette dame l'admit près d'elle, l'emmena à Paris et se déclara sa protectrice : elle l'appelait son Fablier. Il eut aussi pour protecteurs le surintendant Fouquet, auquel il resta fidèle dans sa disgrâce ; Henriette d'Angleterre, le prince de Condé et le duc de Bourgogne ; cependant, il n'obtint jamais la faveur de Louis XIV. Il eut pour amis Racine, Molière, Bernier, et fut admis dans l'intimité de Mme de La Fayette et de Mme de La Sablière. Il vécut vingt ans chez la dernière, dispensé de tous les soucis de la vie matérielle. Après la mort de cette dame, M. d'Hervart vint lui offrir de loger chez lui : « J'y allais, » répondit le poëte avec une touchante bonhomie. Dans ses dernières années, il fut ramené à la religion, qu'il avait fort négligée toute sa vie, et se décida, sur les instances de son confesseur, à supprimer quelques-uns de ses ouvrages encore inédits. Il avait été reçu à l'Académie Française en 1684. La Fontaine débuta par des Contes (1664); ces petits poëmes, dans lesquels la morale et la décence sont trop souvent offensées, étaient pour la plupart imités de l'Arioste, de Boccace et de Machiavel. Il ne commença à publier ses fables qu'à 47 ans. Ces fables, que tout le monde sait par cœur, forment 12 livres, dont les 6 premiers parurent en 1668 et les 6 autres de 1678 à 1684. Elles se font toutes remarquer par un ton de naïveté, de bonhomie, et en même temps de finesse qu'on ne trouve nulle autre part, ce qui a valu à leur auteur le surnom d’Inimitable. On a aussi de lui des élégies, dont une admirable sur la disgrâce de Fouquet ; quelques comédies (entre autres l’Eunuque, imité de Térence), deux opéras, trois poëmes mythologiques (Psyché, imitation d'Apulée ; Adonis, Philémon et Baucis); des ballades et des rondeaux. Il serait impossible d'énumérer les éditions qu'on a données des Fables de La Fontaine. Parmi les éditions de ses Œuvres complètes, on estime celle de Walckenaër, avec commentaires, 6 vol. in-8, 1822 et 1827. Ch. Marty-Laveaux en a donné une nouvelle en 1861, d'après les textes originaux, avec notes et lexique, 4 vol. in-16. Walckenaër a publié l’Hist. de la Vie et des ouvrages de La Fontaine, 1820 et 1824 ; Chamfort et La Harpe son Éloge; M. Taine un Essai sur les Fables de La Fontaine, 1860; et M. Saint-Marc Girardin : La Fontaine et les fabulistes, 2 vol. in-8, 1867.

LA FONTAINE (Auguste), romancier allemand, né à Brunswick en 1756, d'une famille de réfugiés français, mort à Halle en 1831, était fils d'un maître de peinture. Il étudia la théologie à Helmstædt, devint en 1786 précepteur des enfants d'un général prussien, qui le fit nommer aumônier de régiment ; vint en cette qualité avec les Prussiens en Champagne (1792), puis alla se fixer à Halle, où le roi de Prusse lui donna un canonicat et où il se livra tout entier à la littérature. Il est l'un des plus féconds et dés plus aimables romanciers allemands ; ses ouvrages offrent une peinture fidèle de la société et une morale pure, ce qui l'a fait surnommer le Berquin de l'Allemagne ; mais on y trouve une marche trop uniforme. Parmi ses romans on remarque : Blanche et Mina, les Systèmes de morale ; Raphaël ; Charles et Emma, Émilie ; Walther ; l'Homme singulier ; la Famille de Halden ; les Tableaux de famille, etc. La plupart de ces ouvrages ont été imités ou trad. en franç.

LA FORCE, ch.-l. de c. (Dordogne), à 11 kil. O. de Bergerac ; 910 hab. Érigé en duché-pairie en 1637.

LA FORCE (Jacques NOMPAR DE CAUMONT, duc de), pair et maréchal de France, né en 1558. mort en 1652, était fils de François de Caumont, qui fut massacré à la St-Barthélemy, et n'échappa à la mort que par une sorte de miracle. Caché dans sa famille jusqu'au moment où Henri IV se mit à la tête des Protestants, il se rangea alors sous les drapeaux de ce prince, se signala en plusieurs occasions et fut un des premiers à le reconnaître pour souverain. A l'avènement de Louis XII, il se joignit aux mécontents, mais bientôt après il rentra en grâce et fut nommé maréchal. Envoyé en Piémont, il prit Saluces en 1630, défit les Espagnols à Carignan, à Lunéville (1634), enleva La Motte et Spire, et fit prisonnier le général autrichien Colloredo. — Son fils, Armand de La Force, fut aussi maréchal de France, et m. en 1675, à près de 90 ans. Tous deux ont laissé des Mémoires (pub. eh 1843 par le marquis E. de La Grange, 4 vol. in-8). — Un de leurs ancêtres, né en 1391, mort en Angleterre, 1446, a écrit un Voyage à Jérusalem en 1418, publié à Paris en 1858 par le marquis de La Grange. On lui doit aussi des quatrains moraux sous le titre de Dits et enseignements, publiés par Galy.

LA FORCE (Charlotte Rose DE CAUMONT de), petite-fille de Jacques de La Force, née en 1650, morte en 1724, a laissé quelques poésies et des romans ingénieux, où l’histoire se trouve mêlée à la fiction : Histoire secrète du duc de Bourgogne, 1694 ; — de Marie de Bourgogne, 1712 ; — de Marguerite de Valois, 1696 ; — de Catherine de Bourbon, duchesse de Bar, avec les intrigues des règnes de Henri III et de Henri IV, 1703 ; Gustave Wasa, 1698 ; les Fées, contes des contes, 1692.

LA FORCE (PIGANIOL de). V. PIGANIOL.

LAFORGE, médecin. V. DELAFORGE.

LAFOSSE (Charles de), peintre, né à Paris en 1640, mort en 1716, eut pour maître Lebrun, alla se perfectionner à Rome et à Venise, et fut reçu à l'Académie de peinture en 1683. Il a peint, à Paris, le dôme des Invalides, ainsi que les 4 pendentifs du dôme représentant les 4 évangélistes ; à Versailles, la voûte de la chapelle du palais, ainsi que les plafonds des salles du Trône et de Diane. Ses plus beaux tableaux sont : le Mariage d'Adam, le Mariage de la Vierge, Moïse sauvé des eaux, l'Enlèvement de Proserpine. Son dessin est quelquefois lourd, mais son coloris est brillant et vigoureux.

LAFOSSE (Ant. D'AUBIGNY de), poëte dramatique, neveu du peintre Ch. de Lafosse, né à Paris en 1653, mort en 1708, suivit en qualité de secrétaire le jeune marquis de Créqui, qui fut tué à la bataille de Luzzara (1702), rapporta son cœur à Paris, et fit sur sa mort des vers qui respirent une douleur profonde. Il fut ensuite attaché au duc d'Aumont, gouverneur du Boulonnais. On a de lui quatre tragédies : Polyxène, Thésée, Corésus et Callirhoé, Manlius Capitolinus ; cette dernière, imitée de la Conjuration de Venise d'Otway, est la meilleure ; la versification en est pénible, mais elle offre des beautés mâles. Les Œuvres de Lafosse ont été publiées en 2 v. in-12, 1747.

LAFOSSE (Ét. Guillaume et Philippe), médecins vétérinaires du XVIIIe siècle, père et fils, ont écrit sur leur art d'utiles ouvrages, notamment : Guide du maréchal, Paris, 1766; Cours d'Hippiatrique, 1774; Dictionnaire d'hippiatrique, 1785.

LA FRANÇAISE, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 18 kil. N. O. de Montauban; 3752 hab.

LA FRESNAYE, ch.-l. de c. (Sarthe), à 13 kil. N. O. de Mamers; 1377 hab.

LA GACILLY, ch.-l. de c. (Morbihan), à 48 kil. N. E. de Vannes, sur l'Aff; 1355 hab.

LA GALISSONNIÈRE (le marquis de), lieutenant général des armées navales, né en 1693 à Rochefort, fut nommé en 1745 gouverneur général du Canada, et se concilia l'estime et l'affection de tous les habitants de cette contrée. Chargé en 1756 par Louis XV du commandement de l'escadre destinée à agir contre les Anglais dans la Méditerranée, il battit complètement l'amiral Byng devant Minorque; mais la mort l'enleva la même année.

LA GARDE (Ant. ESCALIN DES AIMARS, baron de), dit le capitaine Paulin, né d'une famille obscure à La Garde, en Dauphiné, vers 1498, mort en 1578, avait été d'abord valet de service dans un régiment. Il s'éleva par sa bonne conduite, son intelligence et son courage jusqu'aux premiers grades, servit avec un égal succès sur terre et sur mer, conclut le traité d'alliance offensive et défensive entre François I et la république de Venise contre Charles-Quint, fut envoyé comme ambassadeur à la cour de Soliman II, s'acquitta de sa mission avec beaucoup d'habileté, et fut à son retour nommé général des galères. Il se signala par sa violence à l'égard des Vaudois de Cabrières et de Mérindol. Pendant les guerres de religion, il combattit à Jarnac et à Moncontour et assista au siége de La Rochelle.

LA GARDE-FRESNET, bg du dép. du Var, au fond du golfe Grimaud, à 33 kil. S. O. de Draguignan; 2600 hab. On croit que ce bourg est l'ancien Fraxinet, que les Sarrasins prirent et fortifièrent au IXe siècle, et d'où ils ravageaient la Provence (889-975).

LA GARDIE, famille illustre de Suède, originaire de France. Pontus de La Gardie, né en Gascogne, passa au service du Danemark après avoir fait ses premières armes sous nos capitaines les plus renommés. Fait prisonnier en 1565 par les Suédois, il fut bien traité par eux, et resta au service de leur roi Eric XIV, sous lequel il parvint au grade de feld-maréchal. — Son fils, Jacques de La Gardie, 1583-1652, général des Suédois sous Charles IX, soumit une grande partie de l'empire moscovite, enseigna le métier des armes à Gustave-Adolphe, et fut un des tuteurs de la jeune reine Christine. — Magnus Gabriel de La Gardie, fils de Jacques, jouit de la plus grande faveur auprès de Christine. Cette princesse l'aurait même épousé, dit-on, sans l'opposition du chancelier Oxenstiern. Elle le nomma en 1646 son ambassadeur en France, et lui fit épouser a son retour sa cousine Euphrosine, sœur du prince Charles-Gustave (depuis Charles X). La Gardie conserva son crédit sous le règne de Charles X, et devint même chancelier; mais sous Charles XI il tomba dans une disgrâce entière (1680); ses biens furent confisqués et il mourut dans l'indigence en 1682. Il avait conseillé en 1672 de contracter avec la France une alliance qui ne fut pas heureuse; quelques historiens donnent ce fait comme cause de sa disgrâce. La Gardie protégeait les gens de lettres et les savants.

LAGHOUAT ou mieux EL-AGHROUAT, v. d'Algérie, à 230 k. S. d'Alger, est le poste le plus avancé dans le sud de la province d'Alger, et comme la capitale du désert. Commerce actif. Les habitants émigrent en grand nombre à Alger, où ils exercent le métier de portefaix. Prise le 4 décembre 1852 par le général Pélissier, après un assaut meurtrier.

LAGIDES, dynastie égyptienne, eut pour chef Ptolémée, fils de Lagus, général d'Alexandre, et régna sur l’Égypte de 323 à 30 av. J.-C. V. ÉGYPTE.

LAGNIEU, ch.-l. de c. (Ain), à 40 kil. N. de Belley; 2500 hab. Chapeaux de paille imitant la paille d'Italie. — Cette ville appartenait à la maison de Coligny. Elle passa aux ducs de Nemours en 1571.

LAGNY, Latiniacum, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), sur la Marne, à 20 kil. S. O. de Meaux; 2614 hab. Station. Commerce actif, surtout en blé et plâtre. Anc. abbaye de Bénédictins, bel hospice. Ville jadis très-forte; brûlée par les Anglais en 1358. Elle prit parti pour les Armagnacs au XVe s. S'étant révoltée en 1544 contre l'autorité royale au sujet d'une querelle survenue entre l'abbé de Lagny et les moines, elle fut horriblement saccagée par Jacques de Lorges.

LAGONEGRO, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Basilicate), à 17 kil. E. de Policastro; 5000 h. Combat entre les Napolitains et les Français en 1806.

LAGOR, ch.-l. de c. (Basses-Pyrénées), à 17 kil. S. E. d'Orthès; 1360 h.

LAGOS, Bistonis palus, baie formée sur la côte de la Turquie d'Europe (Roumélie), dans le sandjak de Gallipoli, par 22° 45' long. E., et 41° lat. N.

LAGOS, Lacobriga, v. forte et port de Portugal (Algarve), ch.-l. de comarque, à 160 kil. S. de Lisbonne; 7000 hab. Vins, figues. Le 18 août 1759, il se livra dans les eaux de Lagos un combat naval entre le bailli de Suffrert et l'amiral anglais Boscaven.

LAGOS, État de la Nigritie maritime, au fond du golfe de Guinée, entre les États de Ouidda et de Bénin, a pour villes principales Lagos, dans une île formée par un fleuve de même nom, et Abbeocuta, à laquelle on donne 50 000 hab. On faisait jadis dans ce pays un grand trafic d'esclaves. Les Anglais se sont fait céder la ville et le port de Lagos en 1861.

LAGRANGE (Jos. DE CHANCEL de), dit Lagrange-Chancel, poëte dramatique, né à Antonne, près de Périgueux, en 1677, mort en 1758, se fit remarquer par sa précocité, fit une comédie à 9 ans et une tragédie à 17. Il obtint la faveur de la princesse de Conti qui lui fit donner une lieutenance, puis une charge de maître des cérémonies à la cour. Il reçut des encouragements et des conseils de Racine, et fit jouer, de 1694 à 1713, plusieurs tragédies qui, sans être d'un mérite supérieur, eurent un véritable succès. Entraîné par ses dispositions caustiques, il écrivit contre Philippe d'Orléans, alors régent, des odes qu'il intitula Philippiques, et qui n'étaient que de sanglantes satires ; il fut pour ce fait enfermé aux îles Marguerites; mais il parvint à s'échapper et se réfugia à l'étranger; il ne put rentrer en France qu'après la mort du duc Ses tragédies sont : Jugurtha, Oreste et Pylade, Méléagre, Athénaïs, Amasis, Alceste, Ino, Érigone, Cassius. Il a aussi composé quelques opéras : Méduse, Cassandre, Orphée, Pyrame et Thisbé. Il a donné lui-même une édition de ses Œuvres, 1758, 5 vol. in-12. Ses Philippiques, restées longtemps manuscrites, ont été publiées d'abord en Hollande (sans date), puis à Paris en 1797 par son fils, et rééditées en 1858, avec notes historiques et littéraires, par M. de Lescure.

LAGRANGE (N.....), traducteur, né en 1738 à Paris, mort en 1775, était précepteur des enfants du baron d'Holbach et ami de Diderot. On lui doit la traduction du poëme de Lucrèce De Satura rerum, 1768, et celle des Œuvres de Sênèque le philosophe, 1778 (terminée et publiée par Naigeon). Ces traductions sont remarquables par leur élégance et leur fidélité. Elles ont été plusieurs fois réimprimées.

LAGRANGE (Jos. Louis), mathématicien, né en 1736 à Turin, de parents français d'origine, mort à Paris en 1813, prit rang dès l'âge de 18 ans en envoyant à Euler la réponse à des questions dont on cherchait en vain la solution depuis 10 ans, fut dès 19 ans professeur de mathématiques à l'école d'artillerie de Turin, et fonda peu après dans cette ville, avec quelques amis, une société savante. Il remporta 5 fois (1764 et ann. suiv.) le prix de mathématiques proposé par l'Académie des sciences de Paris. Appelé en 1766 à Berlin par le grand Frédéric, pour y remplacer Euler comme président de l'Académie, il séjourna 20 ans dans cette ville. A la mort de Frédéric, il quitta la Prusse, vint en France, où il fut fixé par les avantages que lui fit Louis XVI. Nommé depuis professeur aux Écoles normales, puis à l'École polytechnique, il fut de l'Institut dès sa fondation. Napoléon le combla de dignités, le fit entrer au Sénat, et lui donna en toute occasion les marques de son estime. Lagrange a porté l'analyse pure au plus haut point de perfection : il s'est sans cesse efforcé de la rendre indépendante de toute construction géométrique, et de découvrir les méthodes les plus générales; c'est en suivant cette direction qu'il a trouvé sa Méthode des variations, qui suffirait pour l'immortaliser. Ses principaux ouvrages, outre une foule de Mémoires dans les recueils des Académies de Turin, de Berlin et de Paris, sont : Mécanique analytique, Paris, 1787, et 1811-15; Théorie des fonctions analytiques, 1797 et 1813; Résolution des équations numériques, 1798 et 1808. Ses ouvrages sont des modèles pour la clarté de l'exposition, par l'élégance du style et des démonstrations. Parmi les applications qui lui sont dues, on estime surtout ses recherches sur les cordes vibrantes et sur la libration de la lune; sa démonstration de la variation périodique des grands axes du système solaire. Son Éloge a été prononcé par Delambre, Laplace et Lacépède. Le recueil de ses Mémoires a été publ. aux frais de l'État par M. Serret, 1864 et ann. suiv.

LAGRANGE (LE LIÈVRE de), anc. famille, connue dès le XIIIe siècle, a produit, entre autres personnages distingués : Jean de Lagrange, seigneur de Bougival, avocat général au parlement de Paris en 1510, qui protesta énergiquement, en 1517, contre l'abolition de la Pragmatique-Sanction et l'admission du Concordat de François I; — François, marquis de Lagrange et de Fourilles, né en 1766, m. en 1833, qui servit avec distinction sous Louis XVI, sous la République et l'Empire. Placé en Espagne sous les ordres du général Dupont, il protesta contre la capitulation de Baylen. Il fut fait général de division après la bataille d'Eslling, où il avait perdu un bras. En 1814, il commandait la levée en masse du dép. de Seine et Marne : il résista jusqu'au bout et resta près de l'Empereur jusqu'à son abdication. Il n'en fut pas moins appelé par Louis XVIII au commandement d'une compagnie de mousquetaires. — Son fils, le marquis Édouard de L., né en 1796, auj. sénateur, a servi successivement dans l'armée et dans la diplomatie, et s'est livré avec succès à des travaux littéraires et archéologiques, qui lui ont ouvert en 1846 les portes de l'Académie des inscriptions. V. LA FORCE.

LA GRANGE (Joseph), général, d'une autre famille que les précédents, 1763-1836, fit la campagne d’Égypte et prit part à toutes les grandes affaires de cette guerre; commanda en 1805 une expédition contre les Antilles anglaises et s'empara de la Dominique; fit partie de la commission chargée d'organiser le royaume de Westphalie; eut, en Espagne, la principale part à la victoire de Tudela; assista aux batailles de Dresde et de Leipsick et fut blessé à Champaubert. Louis-Philippe l'éleva à la pairie en 1831.

LA GRASSE, ch.-l. de c. (Aude), à 35 k. S. E. de Carcassonne, sur l'Orbiel; 1278 hab. Suif, moulins à huile, distilleries, scieries de buis, forges, etc. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée par Charlemagne.

LAGRAVE-EN-OYSANS, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), à 35 kil. N. O. de Briançon; 1536 hab.

LAGRENÉE (J. Fr.), peintre, né à Paris en 1724, m. à Rome en 1805, était élève de Carle Vanloo, et fut surnommé l’Albane français à cause du coloris et de la grâce de ses figures. Il fut reçu à l'Académie en 1755, passa quelques années en Russie, où Élisabeth l'avait appelé, et fut nommé en 1781 directeur de l'Académie française de peinture à Rome. Ses principaux tableaux sont : l'Enlèvement de Déjanire par Nessus, la Veuve d'un Indien, Alexandre consolant la famille de Darius. Cet artiste a de la mollesse et de la manière : après avoir été fort en vogue, il vit baisser sa réputation à mesure que le goût sévère de l'antique reprit faveur. — Son frère, J. Jacques L., m. en 1821, se fit un nom comme peintre sur verre et sur émail. Il inventa un procédé pour faire sur marbre en incrustations toutes sortes de dessins. — Anselme Lagrenée, fils de J. François, 1778-1832, cultivait aussi la peinture : il a surtout réussi à représenter les chevaux.

LA GUAYRA, v. du Vénézuela. V. GUAYRA.

LA GUERCHE, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 21 kil. S. de Vitré; 4547 hab. Toiles fines, toiles pour la marine, huile de noix. — Ch.-l. de c. (Cher), à 50 kil. N. E. de St-Amand; 3663 hab. Forges. — Une autre La Guerche (Indre-et-Loire), sur la Creuse, à 33 kil. S. O. de Loches, est remarquable par l'ancien château d'Agnès Sorel. C'était une vicomte.

LA GUICHE, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 20k. N. E. de Charolles; 879 hab.

LA GUICHE, anc. famille de Bourgogne (qu'il ne faut pas confondre avec celle de Guiche), a fourni plusieurs hommes distingués, entre autres : Pierre de La G., né en 1464, m. en 1544, ambassadeur sous Charles VIII et Louis XII; — Philibert de La G., bailli de Mâcon, qui refusa d'exécuter le massacre de la St-Barthélemy (1572) : il devint grand maître de l'artillerie sous Henri III et Henri IV; il mourut à Lyon en 1607; — J. Franç. de La G., comte de La Palice, maréchal de France sous Louis XIII, qui fit les siéges de Montauban et de Montpellier; il mourut en 1632; — Bernard de La G., comte de St-Géran, petit-fils du maréchal : il eut un procès fameux au sujet de son état civil qu'on lui contestait, et le gagna en 1663. Il mourut en 1693, ne laissant qu'une fille, qui se fit religieuse.

LA GUIOLE, ch.-l. de c. (Aveyron), à 25 kil. N. E. d'Espalion; 1934 hab. Bas à l'aiguille et draps communs; fromages estimés. Air très-pur.

LAGUS, père de Ptolémée Soter, fondateur du royaume grec d’Égypte, était un Macédonien obscur, dont la femme fut, dit-on, séduite par Philippe, qui la rendit mère de Ptolémée. Quoi qu'il en soit, Lagus éleva Ptolémée comme son propre fils.

LA HAGUE ou LA HOGUE. V. HOGUE (LA).

LAHARPE (J. Franç. de), polygraphe, né à Paris, en 1739, m. en 1803, était fils d'un gentilhomme du pays de Vaud, capitaine au service de la France. Orphelin à 9 ans, il fut recueilli au collége d'Harcourt. Après avoir fait de brûlantes études, il débuta par des Héroïdes, genre alors en honneur, puis s'essaya dans la tragédie : il fit représenter en 1763 Warwick, qui lui valut les encouragements de Voltaire. Il donna dans les années suivantes des pièces de genres divers et de mérite fort inégal : Mélanie, drame composé en 1770; les Barmécides (1778); Coriolan (1781); Philoctète (1783); Virginie (1786). En même temps, il remportait dans les concours académiques plusieurs prix d'éloquence et de poésie; c'est pour ces concours qu'il composa ses Éloges de Fénelon (1771), de Racine (1772), de Catinat (1775]. Peu favorisé de la fortune malgré ses triomphes, il entreprit par besoin la publication d'un Abrégé de l'histoire des voyages de Prévost (24 vol. in-8, 1780, etc.). En 1786, il se chargea de faire à l'établissement qu'on venait de fonder sous le nom de Lycée (appelé depuis l’Athénée) un cours de littérature; il y obtint le plus grand succès; ses jugements firent autorité, et il mérita par son goût exquis le beau surnom de Quintilien français. Élève des philosophes, Laharpe embrassa d'abord avec ardeur les doctrines de la Révolution; mais ayant été, malgré ses démonstrations de patriotisme, emprisonné en 1794, il changea tout à coup d'opinion, se convertit, attaqua avec violence les philosophes et les révolutionnaires, et ne voulut plus consacrer sa plume qu'à des sujets religieux. Il fut proscrit au 18 fructidor, mais il échappa à la déportation en se cachant. En 1801, il publia une Correspondance littéraire, qu'il avait entretenue de 1774 à 1791 avec le grand-duc de Russie (depuis Paul I), et se fit par cette publication de nombreux ennemis. Le principal titre de Laharpe est son Cours de littérature professé au Lycée (16 vol. in-8, 1799-1805, souvent réimprimé). On reproche cependant à cet ouvrage d'être superficiel dans la partie qui traite des anciens ; de n'être pas toujours impartial dans la partie moderne, enfin de manquer tout à fait de proportion. St-Surin a rassemblé les œuvres purement littéraires de Laharpe (16 vol. in-8, 1821, etc.); elles comprennent son théâtre, ses poésies (épîtres, odes, discours, contes, parmi lesquels on remarque Tangu et Félime), ses éloges, des mélanges, des traductions de Suétone, de Lucain, de Camoëns, du Tasse, et sa correspondance. Il faut y joindre ses Commentaires sur Racine et sur Voltaire.

LAHARPE (Amédée Emmanuel), général suisse au service de la France, né en 1754, dans le pays de Vaud. Proscrit par l'aristocratie bernoise, dont il s'était montré l'adversaire, il se réfugia en France au moment de la Révolution, se distingua au siége de Toulon, à l'armée d'Italie, fut fait général de division en 1795 et contribua par son courage et ses habiles manœuvres aux victoires de Loano, de Montenotte, de Millesimo, de Dégo. Il venait de franchir le Pô et marchait contre les Autrichiens, en 1796, à la tête de l'avant-garde, lorsqu'il fut tué par méprise, dans une attaque de nuit, par ses propres soldats, entre Lodi et Crémone.

LAHARPE (le colonel Fréd. César), né à Rolle, dans le pays de Vaud, en 1754, mort en 1838, exerça d'abord la profession d'avocat à Berne. Il quitta de bonne heure son pays, parce qu'il le voyait avec peine soumis à la domination de Berne, et se rendit à St-Pétersbourg en 1782 pour y faire une éducation particulière ; il y devint précepteur des grands-ducs Alexandre et Constantin, dont il sut gagner l'affection et auxquels il inspira des sentiments de philanthropie. Impliqué dans des menées politiques, il fut, sur la plainte du gouvernement bernois, éloigné de Russie en 1795. Il vint alors s'établir à Genève, concourut en 1798 à la révolution de la Suisse, fut élu membre du sénat, et devint bientôt après un des directeurs de la république helvétique. Renversé presque aussitôt par un coup d’État, il fut obligé de s'expatrier de nouveau (1800) et se fixa en France. Il réussit en 1814, par la protection de l'empereur Alexandre, à rendre le pays de Vaud indépendant du canton de Berne.

LA HAYE, S'gravenhaag en holl., Haga Comitum en latin mod., capitale du roy. des Pays-Bas et de la prov. de Hollande mérid., près de la mer, à 45 k. S. O. d'Amsterdam ; 80 000 hab. C'est une des plus belles villes de l'Europe. Nombreux canaux, places bien plantées, rues superbes (parmi lesquelles la Prinzengracht); beaux édifices, tels que le palais du roi, celui des États-Généraux, la Bourse, etc. Cour suprême de justice. Plusieurs établissements de sciences et d'arts, académie de peinture. Industrie assez développée. Patrie de Jean Second, Ruysch, Huyghens. Très-près de cette ville on voit le Bosch (ou le bois), ainsi qu'une maison de plaisance du roi de Hollande, et au S. E. le château de Ryswyk, où fut conclue la paix de 1697. — La Haye n'était au IXe s. qu'un rendez-vous de chasse. En 1250, Guillaume II de Hollande y fit bâtir un palais; au XVIe s. elle devint le siége du gouvernement. Elle perdit le titre de capitale en 1806, lors de la création du roy. de Hollande par Napoléon, qui transféra le siège du gouvernement à Amsterdam ; elle l'a repris depuis 1814. Divers traités furent conclus à La Haye : en 1630, entre la France et la Hollande ; en 1658, entre ces deux puissances et l'Angleterre ; en 1701, entre l'Empire, l’Angleterre, la Hollande et la Prusse contre Louis XIV. Elle fut prise par les Français en 1795.

LA HAYE-DESCARTES, v. de France (Indre-et-Loire), ch.-l. de c. à 26 k. S. O. de Loches ; 1532 hab. Patrie le Descartes (auquel on y a érigé une statue en 1849). Jadis baronnie, qui appartint à la maison de Rohan et qui passa à celle de Montbazon en 1588.

LA HAYE DU PUITS, ch.-l. de c. (Manche), à 27 kil. N. de Coutances ; 1487 hab. Jadis ch.-l. de marquisat.

LA HAYE-PESNEL, ch.-l. de c. (Manche), à 11 kil. N. d'Avranches ; 938 hab.

LAHIRE (Ét. VIGNOLES, dit), l'un des plus vaillants capitaines de Charles VII, né vers 1390, se signala contre les Bourguignons dès 1418 au siége de Coucy, combattit à côté de Jeanne d'Arc au siége d'Orléans, fit des prodiges de valeur à Jargeau et à Patay (1429) et s'approcha de Rouen en 1431 pour tenter de délivrer l'héroïne qui allait être condamnée au feu, mais il tomba lui-même au pouvoir des Anglais. A peine échappé de leurs mains, il reprit plusieurs villes et châteaux. Il mourut de ses blessures à Montauban en 1443. Lahire ternit sa réputation par sa cruauté et sa cupidité. Du reste, il fut un de ceux qui excitèrent le plus Charles VII à repousser les Anglais : ce prince, faisant les apprêts d'une fête pour Agnès Sorel, demanda, dit-on, à Lahire ce qu'il en pensait : «Je pense, sire, répondit celui-ci, qu'on ne peut perdre plus gaiement son royaume. » La hire est un vieux mot bourguignon qui exprimait le grognement d'un chien en colère ; ce surnom lui fut donné à cause de la brusquerie de son caractère. — Dans le jeu de cartes, le nom de Lahire désigne le valet de cœur.

LAHIRE (Laurent de), peintre et graveur, élève de Vouet, né à Paris en 1606, m. en 1656, fut reçu à l'Académie de peinture en 1648. Ses meilleures œuvres sont : l'Apparition du Christ aux trois Maries, Nicolas V visitant le tombeau de S. François d'Assise. On a de lui une histoire de S. Étienne, dont les dessins sont conservés au musée du Louvre. Il a gravé plusieurs de ses propres compositions, la Conversion de S. Paul, le Repos de la Ste Famille en Égypte, etc.

LAHIRE (Phil. de), mathématicien, fils du préc., né à Paris en 1640, mort en 1718, était à la fois géomètre, mécanicien, astronome, hydrographe. Il professa l'astronomie et les mathématiques au collége de France, fut reçu à l'Académie des sciences en 1678, coopéra à la carte de France, et exécuta des nivellements pour amener des eaux à Versailles. Ses principaux ouvrages sont : Traité des sections coniques, 1685 ; Tabulæ astronomicæ, 1702 ; Mécanique, 1675 ; l'École des Arpenteurs. 1689.

LAHN, rivière d'Allemagne, naît en Westphalie, traverse la Hesse, le Nassau, passe à Marburg, Giessen, Wetzlar, Weilburg, Limbourg, Nassau, Niederlahnstein, et tombe dans le Rhin, après un cours de 150 kil.

LA HOGUE. V. HOGUE (LA).

LAHORE, v. de l'Indoustan, capit. de la prov. de Lahore, sur le Ravi, à 2500 kil. N, O. de Calcutta ; env. 95 000 hab. Cette ville a été très-florissante, mais est aujourd'hui en décadence. Fabriq. d'armes de guerre, et d'étoffes de coton. Aux environs se voient le mausolée de Géangir et celui de sa femme Nourdjihan. — On Croit que c'est l'anc. Sagala, fondée au temps d'Alexandre ; elle fut longtemps la capitale de tout l'empire mongol ; après de nombreuses vicissitudes, elle tomba en 1788 au pouvoir des Seikhs. Les Anglais l'ont occupée en 1846.

LAHORE (Roy. de), nom donné, tantôt aux possessions des Seikhs occidentaux, comprenant la prov. de Lahore, le Cachemire, une partie de l'Afghanistan et le Moultan, tantôt à ces possessions diminuées du Moultan, et de tous les pays à l'O. du Sind ; quelquefois même à la prov. de Lahore.

LAHORE (prov. de), contrée de l'Indoustan, bornée par le Cachemire au N., le Thibet à. l'E., le Kaboul à l'O. et le Moultan au S. ; 156 000 kil. carr.; 10 000 000 d'hab. Villes principales : Amretsyr et Lahore. On y distingue : le Pendjab au S. et le Kouhistan indien au N. Rivières considérables : le Sind qui y reçoit à droite le Kaboul grossi de la Kama ; à gauche le Pandjnad, formé par la réunion de 5 rivières, d'où vient au pays le nom de Pendjab. Température chaude et sèche ; sol fertile, surtout dans le Pendjab, rocailleux dans le Kouhistan. Blé, tabac, coton, sucre, bois et fruits d'Europe. Pâturages nombreux. Ce beau pays a été dévasté et dépeuplé par les guerres. — Le Lahore faisait jadis partie des États du roi Porus, qui combattit Alexandre. Tour à tour indépendant ou soumis aux empereurs afghans ou mongols, ou même aux souverains du Kaboul, il fut au XVIIIe siècle partagé entre un grand nombre de principautés indépendantes possédées par les Seikhs. De nos jours, un chef habile, Runjet-Sing, aidé par le général français Allard, parvint à étendre sa suprématie sur les pays environnants dont il forma le Roy. de Lahore, mais après sa mort (1840), et surtout après le meurtre de Shere-Sing, son fils (1843), ce pays a été le théâtre de révolutions perpétuelles. Les Anglais, profitant du désordre, l'envahirent sous un vain prétexte (1845), vainquirent les Seikhs à la bataille de Mondky, et firent signer à la régente, dans Amretsyr (mars 1846), un traité qui cédait à la Compagnie des Indes le territoire compris entre le Beyah et le Sutledje, et constituait un nouveau royaume (entre le Sind ou Indus et le Ravy) en faveur de Goulab-Sing, sujet révolté. Peu après, la reine se vit contrainte à abdiquer entre les mains des Anglais, qui se sont définitivement emparés du pays en 1849.

LA HOUSSAYE. V. AMELOT.

LAHSA (le), dit aussi Bahreïn ou Hadjar, vaste région de l'Arabie, s'étend au N. O. du pays d'Oman, le long du golfe Persique et est partagée en plusieurs petits États indépendants, dont la population est évaluée à 150 000 individus; les habitants des côtes vivent de pêche et surtout de piraterie. Lieux princip., Fouf, Ras-el-Khyma, El-Katif et El-Koueït. Beaucoup d'îles sur les côtes, notamment le groupe de Bahreïn. — Ville de l'empire chinois. V. LHASSA.

LAIGLE, ville de France. V. AIGLE (L').

LAIGNES, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 17 kil. O. de Châtillon-sur-Seine, sur la riv. de Laignes; 1428 h.

LAINÉ (J. H. Joachim HOSTEIN, vicomte), avocat de Bordeaux, né en 1767, m. en 1835, fut nommé en 1808 député de la Gironde au Corps Législatif, y déploya une indépendance rare alors, encourut la colère de Napoléon pour avoir, dans un Rapport célèbre (28 déc. 1813), parlé de paix et de liberté, obtint la plus grande faveur au retour des Bourbons, devint préfet de la Gironde, député, président de la Chambre, puis ministre de l'Intérieur (1816), lutta contre le parti ultra-royaliste et provoqua l'ordonnance du 5 sept. 1816 qui dissolvait la Chambre introuvable; mais se vit bientôt dépasser et dut quitter le ministère dès 1818. Il fut nommé pair en 1823, et fait vicomte. Il ne cessa pas néanmoins de se montrer le défenseur des principes conservateurs; c'est de lui qu'est ce mot célèbre : Les rois s'en vont. Comme orateur, Lainé était chaleureux et brillant, mais visait trop a l'effet. Il avait été admis à l'Académie en 1816.

LAINEZ (Jacques), jésuite, né en 1512, en Castille, m. à Rome en 1565, fut un des premiers à s'associer à Ignace de Loyola, rédigea de concert avec lui les fameuses constitutions des Jésuites, lui succéda en 1558 comme général de l'ordre, assista au colloque de Poissy et au concile de Trente, et se montra en toute occasion dévoué à la cour de Rome. Aussi modeste que vertueux, il refusa le cardinalat.

LAIRESSE (Gérard de), peintre et graveur, né à Liége en 1640, mort en 1711, a été surnommé le Poussin de la Belgique. Il habita successivement Liége, Bois-le-Duc, Utrecht, Amsterdam et donna, entre autres beaux tableaux, Antiochus et Stratonice. Devenu aveugle par excès de travail, il composa néanmoins des ouvrages estimés sur la peinture.

LAÏS, courtisane grecque, célèbre par son esprit et sa beauté, née à Hyccara en Sicile, vers 420 av. J.-C., se fixa à Corinthe, attira auprès d'elle tout ce que la Grèce renfermait d'illustre, et fut la maîtresse d'Alcibiade. Le philosophe Xénocrate sut cependant résister à ses séductions. On dit qu'ayant quitté Corinthe pour suivre en Thessalie un jeune homme dont elle était éprise, les femmes de cette contrée, jalouses de sa beauté, l'assassinèrent (380). Les Corinthiens lui érigèrent un monument. — Une autre Laïs, qui passait pour être fille de la 1re et d'Alcibiade, fut également célèbre par sa beauté. Cette courtisane ayant demandé à Démosthène un prix trop élevé, l'orateur lui répondit : «Je n'achète pas si cher un repentir. »

LAÏS, chanteur. V. LAYS.

LAISSAC, ch.-l. de c. (Aveyron), à 46 kil. N. O. de Millau; 1205 hab. Poterie.

LAÏUS, roi de Thèbes, fils de Labdacus, était encore au berceau à la mort de son père. Lycus, son oncle, puis Amphion, meurtrier de Lycus, usurpèrent la couronne; mais, après leur mort, il fut placé sur le trône. Il épousa Jocaste et en eut Œdipe. Craignant, d'après un oracle, de périr de la main de son fils, il le fit exposer sur le mont Cithéron. Mais l'enfant fut sauvé, et Laïus fut dans la suite tué par ce fils sans en être connu, à la suite d'une rixe qui s'engagea entre eux dans un chemin étroit. V. ŒDIPE.

LAJARD (Aug. P.), dernier ministre de la guerre de Louis XVI, né à Montpellier en 1757, m. en 1837, entra au service dès 1773. Il fut chargé en 1789 par Lafayette d'organiser la garde nationale de Paris, devint en 1792 adjudant général de l'armée, reçut bientôt après le portefeuille de la guerre, défendit Louis XVI au péril de sa vie le 20 juin et le 10 août, quitta le ministère après cette dernière journée et fut obligé de se réfugier en Angleterre. Rentré en France après le 18 brumaire, il devint membre du Corps législatif. Sous l'Empire il rentra dans la vie privée.

LAJARD (J. B.), parent du préc. et neveu du chimiste Chaptal, né à Lyon en 1783, m. en 1858, fut secrétaire d'ambassade en Perse sous l'Empire, receveur particulier sous la Restauration, et fut admis à l'Acad. des inscriptions en 1830. Il a surtout consacré ses travaux au culte mithriaque et les a résumés dans ses Recherches sur le culte public et les mystères de Mithra, Paris, 1847, 3 vol. in-4, avec atlas. Il a en outre coopéré à l’Histoire littéraire de la France commencée par les Bénédictins, et a publié l’Histoire d'Arménie de Jean Catholicos, préparée par St-Martin.

LA JARRIE, ch.-l. de c. (Charente-lnf.). à 12 k. E. de La Rochelle; 1110 hab.

LA JAUNAYE, lieu du dép. de la Loire-Infér., à 20 kil. S. O. de Nantes. C'est là qu'eut lieu la 1re pacification de la Vendée, conclue le 17 février 1795 entre les commissaires de la Convention et le chef royaliste Charette.

LA JAVIE, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), sur la Bléone, à 22 kil. N. E. de Digne; 400 hab.

LA JONQUIÈRE (Jacques DE TAFFANEL, marquis de), marin, né en 1680, d'une famille ancienne, au château des Graïsses près d'Alby, m. en 1750, accompagna Duguay-Trouin à la prise de Rio-Janeiro (1711), commanda la flotte française au combat de Finistère (16 mai 1747), où avec six vaisseaux il lutta contre 17 vaisseaux anglais, et fut en récompense nommé gouverneur du Canada. Il m. à Québec en 1750. — Clément de La J., neveu du précéd., né en 1706, m. en 1795, prit une part glorieuse à toutes nos guerres maritimes sous Louis XV et Louis XVI et se distingua surtout, sous les ordres de son oncle, au combat naval de Finistère (1747).

LAKANAL (Joseph), conventionnel, né en 1762 à Serres (Ariége), mort en 1845, était engagé dans les ordres et professait la philosophie à Moulins au moment de la Révolution. Député à la Convention par le département de l'Ariége, il devint président du Comité d'instruction publique et se consacra tout entier aux intérêts de la science et des lettres : il fit conserver le Jardin du Roi, qui fut transformé en Muséum d'histoire naturelle (1793), et eut une grande part à la création des Écoles normales (1794), des Écoles centrales, de l'Institut et du Bureau des Longitudes. Entré en 1795 au Conseil des Cinq-Cents, il fut en 1797 nommé commissaire du Directoire, et remplit d'importantes missions dans les départements récemment réunis. Après le 18 brumaire (1799), il occupa une modeste chaire à l'École centrale de la rue St-Antoine (lycée Charlemagne). Il quitta la France en 1815, se réfugia aux États-Unis, et y fut élu président de l'Université de la Louisiane ; mais il résigna ses fonctions pour se faire planteur dans l'Alabama. Il rentra en France en 1837, et prit place à l'Académie des sciences morales, dont il avait fait partie dès la création. Il a laissé un Exposé sommaire de ses travaux, Paris, 1838. Il avait rédigé des Mémoires qui ont disparu à sa mort. M. Mignet a lu à l'Institut en 1857 une Notice sur sa vie et ses travaux.

LALAIN ou LALAING, v. de France (Nord), à 6 kil. N. E. de Douai, sur la Scarpe, 1800 h. Anc. duché.

LALAIN (Jacques de), surnommé le Bon Chevalier, né vers 1422 dans le château de Lalain en Flandre, d'une famille noble, excellait par son adresse dans les exercices du corps et par sa courtoisie. Il accompagna comme écuyer le duc de Clèves à la cour du duc de Bourgogne, et fut longtemps l'ornement de cette cour ; puis il alla faire le coup de lance en Espagne, en Portugal, en Angleterre, etc. Pour couronner ses prouesses, il soutint un pas à la Fontaine des Pleurs, près de St-Laurent-lès-Challon, contre tous les nobles qui se présentèrent. Lalain se signala contre les Gantois révoltés, sous les murs d'Oudenarde, à la bataille de Rupelmonde, et vint mettre le siége devant le fort de Poucques ; il y fut tué en 1453. On a une Chronique de Jacques de Lalain (Bruxelles, 1634, et Paris, 1842, dans le Panthéon litt.) : elle a été attribuée à tort à G. Châtelain : c'est l'œuvre de Lefebvre de St-Remy. Jean d'Ennetières a composé un poëme en 16 chants intitulé : Le chevalier sans reproche J. de Lalain, Tournay, 1633.

LALAND, île de Danemark. V. LAALAND.

LALANDE (Michel Richard de), musicien, né à Paris en 1647, m. en 1726, était un des meilleurs organistes de la capitale. Il fut attaché à la personne du roi Louis XIV, qui le combla de faveurs, et le nomma surintendant de sa musique et chevalier de St-Michel. Lalande s'est surtout exercé dans la musique sacrée : il a laissé 60 motets avec chœurs pour la chapelle de Versailles. Il a écrit aussi la musique de Mélicerte, pastorale de Molière, et celle du ballet des Éléments dont Louis XIV avait écrit les paroles.

LALANDE (Jos. Jérôme LE FRANÇAIS de), astronome, né en 1732 à Bourg en Bresse, m. en 1807, étudia sous Messier et Lemonnier, fut chargé en 1751 d'aller à Berlin pour y faire des observations sur la distance de la lune à la terre, fut reçu à l'Académie des sciences en 1753, devint en 1762 professeur d'astronomie au collége de France, et remplit cette chaire pendant 46 ans avec le plus grand succès. Plein d'amour pour la science, il forma un grand nombre d'élèves : il prenait en pension à très-bas prix ou même gratuitement les jeunes gens qui donnaient quelque espérance. Ses travaux avaient déjà rendu son nom populaire ; mais, entraîné par un fol amour de la célébrité, il chercha aussi hors de la science les moyens de faire parler de lui, et se singularisa soit par des goûts bizarres (il mangeait, dit-on, des araignées, des chenilles), soit par des opinions impies, et se fit gloire d'être athée. On a de lui, outre une foule de Mémoires dans le recueil de l'Académie, l’Histoire de la comète de 1759; la Connaissance des temps, espèce d'almanach astronomique qu'il publia pendant 16 ans, 1760-75; Traité d'astronomie; 1764, plusieurs fois réimprimé ; Mémoire sur le passage de Vénus observé le 3 juin 1769; Réflexions sur les éclipses du soleil, 1778 ; Abrégé de navigation, historique, astronomique, etc., 1793 ; l'Astronomie des dames, 1795 ; Histoire céleste française, 1801 ; Bibliographie astronomique, 1802 ; Tables de Logarithmes à 5 décimales, 1802, et le Dictionnaire d'Astronomie de l’Encyclopédie méthodique. Il fonda par testament une médaille en faveur du meilleur mémoire d'astronomie.

LALBENQUE, ch.-l. de c. (Lot), à 18 kil. S. E. de Cahors ; 2100 hab.

LALETANI, peuple d'Hispanie (Tarraconaise), au N. E., sur la côte ; ville principale Barcino (Barcelone).

LALINDE, ch.-l. de c. (Dordogne), à 24 kil. E. de Bergerac, 2138 hab.

LALLA MAGHRNIA, poste militaire français de la prov. d'Oran, dans la subdivision de Tlemcen, sur la Tafna, à 38 kil. S. de Djemma-Ghazouat, près de la frontière du Maroc. Occupé en 1844. Il y fut signé en 1845 un traité de délimitation avec le Maroc.

LALLEMAND (le général), né à Metz, était général d'artillerie lors du retour de Napoléon (1815). Il se prononça en sa faveur et combattit à Waterloo avec le grade de général de division. Condamné à mort par contumace à la rentrée des Bourbons, il passa en Amérique et tenta de fonder un établissement au Texas sous la dénomination de Champ d'asile (1818). La colonie n'ayant pas prospéré, il alla se fixer aux États-Unis. Il rentra en France après 1830, fut créé pair en 1833 et m. en 1839 à 65 Ans.

LALLEMAND (le docteur), né à Metz en 1790, m. en 1854, servit d'abord dans la chirurgie militaire, devint, en 1819, professeur de clinique chirurgicale à la Faculté de Montpellier, puis chirurgien en chef de l'hôpital de cette ville, vint dans ses dernières années se fixer à Paris, et fut élu membre de l'Académie des sciences (1845). Il légua à cette compagnie 50 000 fr. pour fonder un concours sur l'anatomie du cerveau. C'était un praticien des plus habiles et un bon écrivain. On lui doit de savantes recherches sur l’Encéphale et sur les Maladies génito-urinaires.

LALLEMANT (Rich. CONTERAY), imprimeur, né en 1726 à Rouen, a donné de bonnes éditions des classiques. Il fut échevin, puis maire de Rouen, et mourut dans cette ville en 1807. Parmi les ouvrages dont il a été l'éditeur, on connaît surtout le Petit apparat royal ou Nouv. Dictionnaire universel, français-latin, 1760, souvent réimprimé, revu et augmenté en 1818 par Boinvilliers.

LALLY (Thomas Arthur, comte de), baron de Tollendal en Irlande, né à Romans (Dauphiné) en 1702, d'une famille irlandaise qui avait suivi Jacques II en France, entra dès l'âge de 8 ans dans un régiment commandé par son père, se signala dans plusieurs combats, décida la victoire à Fontenoy (17415), et fut fait brigadier sur le champ de bataille. En 1766, il fut nommé gouverneur des possessions françaises dans l'Inde ; il chassa en peu de temps les Anglais des côtes de Coromandel ; mais il échoua devant Madras, fut lui-même assiégé dans Pondichéry, et contraint de se rendre : sans vivres, sans argent, il avait résisté plusieurs mois, avec une garnison de 700 hommes, à une armée de terre de 22 000 hommes et à une flotte de 14 vaisseaux de ligne (1761). Cependant il fut accusé d'avoir trahi les intérêts du roi dans l'Inde, fut enfermé à la Bastille lorsqu'il venait pour se justifier, et se vit, au bout de 18 mois de détention, condamné à mort sans avoir pu se défendre. Il subit le supplice le 9 mai 1766. Voltaire publia un éloquent factum en sa faveur. En 1778, à la sollicitation de son fils, Louis XVI fit reviser ce jugement : l'arrêt fut cassé à l'unanimité (1781), et la mémoire du condamné réhabilitée.

LALLY-TOLLENDAL (Gérard, marquis de), fils du précéd., né à Paris en 1751, m. en 1830, se fit d'abord connaître par ses efforts pour obtenir la réhabilitation de son père. Il fut nommé député de la noblesse de Paris aux États généraux, se montra partisan éclairé des réformes, se prononça pour la monarchie avec deux chambres et pour le veto ; quitta l'Assemblée après les journées des 5 et 6 octobre (1789), se retira à Coppet où il publia, sous le nom de Q. Capitolinus, quelques écrits de circonstance ; rentra en France en 1792 dans l'intention de combattre les Jacobins, fut arrêté après le 10 août et conduit à l'Abbaye, s'échappa par miracle, se réfugia en Angleterre, d'où il écrivit à la Convention pour obtenir l'honneur de défendre Louis XVI ; revint à Paris sous le Consulat, mais resta éloigné des affaires jusqu'à la Restauration, et fut alors créé pair de France (1815). Dévoué à la monarchie, il tenta, mais sans succès, de prévenir ses fautes et siégea avec l'opposition libérale. On a de Lally : Mémoires pour la réhabilitation de son père; Lettres à Edmond Burke, 1791; Plaidoyer pour Louis XVI, 1795; un Essai sur la vie de Strafford et une tragédie de Strafford (1795), qui ne fut pas représentée. Il avait été admis en 1816 à l'Académie française.

LA LOUBÈRE (Simon de), né à Toulouse en 1642, m. en 1729, fut secrétaire d'ambassade en Suisse, envoyé extraordinaire à Siam (1687); reçut une mission secrète pour l'Espagne, fut arrêté à Madrid comme suspect, mais bientôt relâché, se retira peu après dans sa ville natale, et y restaura les Jeux Floraux. On a de lui, outre quelques poésies médiocres, une Relation de son Voyage à Siam, 1691. Il fut admis à l'Académie française en 1693.

LA LOUPE, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), à 23 kil. N. E. de Nogent-le-Rotrou; 1350 hab. Bonneterie, tricots de laine. Station du chemin de fer de l'Ouest. Restes d'un château fort du XIVe siècle.

LA LUZERNE (César Guill. de), cardinal, né à Paris en 1738, d'une famille noble de Normandie, m. en 1821, fut nommé en 1770 évêque de Langres, fit partie de l'Assemblée des notables et de l'Assemblée constituante, se retira dans son diocèse après les journées des 5 et 6 octobre 1789, émigra en 1791, revint à Paris en 1814, et fut fait cardinal en 1817. On a de lui, outre ses instructions pastorales, des Dissertations estimées sur la Liberté; — la Loi naturelle; — la Spiritualité de l'âme; — l'Existence de Dieu (1808); des Considérations sur la Morale (1811); les Oraisons funèbres de Charles-Emmanuel, roi de Sardaigne (1773), de Louis XV (1774), etc. Ses Œuvres ont été publiées à Paris et à Lyon en 1842, 10 v. in-8, et réimprimées à Montrouge en 1856, 6 v. in-8.

LAMA, nom des prêtres chez les Thibétains et les Mongols bouddhistes. Ils sont soumis à un chef appelé Grand Lama ou Dalaï-Lama (V. ce nom). On appelle Lamisme la religion qu'ils professent, et qui n'est qu'une des formes du bouddhisme.

LAMA, ch.-l. de c. (Corse), à 40 kil. S. de Bastia; 445 hab. Huile d'olives estimée.

LAMACHUS, général athénien, commandait avec Alcibiade et Nicias la malheureuse expédition de Sicile, 415 av. J.-C. Il périt en 414, sous les murs de Syracuse, en combattant le général ennemi Callicrate, qui l'avait défié à un combat singulier : il tua son adversaire en mourant lui-même.

LA MAILLERAYE, village de la Seine-Inf., dépendant de la commune de Guerbaville, sur la r. g. de la Seine, près de la forêt de Brotonne, à 19 kil. S. d'Yvetot; 2074 hab. Petit port de cabotage, chantiers de construction navale; église des XIVe et XVe siècles. Anc. seigneurie, érigée en marquisat en 1698.

LAMALLE. V. DELAMALLE et DUREAU DE LAMALLE.

LAMALOU ou LA MALOU, vge de l'arr. de Béziers (Hérault). Eaux alcalines, bicarbonatées, sodiques, ferrugineuses.

LA MAR ou COBIJA (Bolivie). V. COBIJA.

LA MARCHE, ch.-l. de c. (Vosges), à 36 kil. S. de Neufchâteau; 1687 h. Fers, huile de grains. Institut de la Trinité. Patrie du maréchal Victor.

LA MARCHE (Olivier de), chroniqueur, né en 1426 à La Marche en Bourgogne (à 26 k. S. E. de Dijon), m. en 1502, vécut à la cour des ducs de Bourgogne et s'attira la haine de Louis XI pour avoir fait échouer son projet d'enlever le comte de Charolais (Ch. le Téméraire). Ce prince, devenu duc de Bourgogne, le nomma capitaine de ses gardes et le récompensa largement. Ol. de La Marche fut pris par les Suisses à la bataille de Nancy : dès qu'il eut recouvré la liberté, il rejoignit en Flandre Marie de Bourgogne. On a de lui des Mémoires qui vont de 1435 à 1492 (Lyon, 1562, Bruxelles, 1616, et dans le Panthéon litt., Paris, 1842), et qui sont précieux pour l'histoire du temps, et quelques ouvrages en vers, tels que le Chevalier délibéré (Paris, 1488, réimp. enÏ838); le Triomphe des dames d'honneur, et un Traité des Duels, Paris, 1586.

LA MARCHE, géographe. V. DELAMARCHE.

LA MARK (Comté de), ancien état de l'empire d'Allemagne, dans le cercle de Westphalie, entre le duché de Berg au S., le duché de Clèves à l'O., le duché de Westphalie à l'E., le comté de Recklingshausen et l'évêché de Münster au N., tirait son nom d'un château situé près de Hamm et avait Hamm pour capitale. Il était divisé en 4 quartiers (Hamm, Hœrde, Altena, Wetter). En 1806, ce comté fut compris dans le dép. français de la Roër; en 1814, il fut concédé à la Prusse; il forme auj. la plus grande partie de la régence d'Arensberg, dans la prov. de Westphalie.

LA MARK (les comtes de), maison noble et ancienne, issue de la maison de Berg par les comtes d'Altena, est connue dans l'histoire depuis le XIIIe s. Engilbert, fils d'Alphonse IV, comte d'Altena, mort en 1251, fut le 1er comte de La Marck. Cette maison acquit, outre le comté de La Marck, de vastes domaines, tels que ceux de Clèves, de Berg et Juliers, et donna naissance à un grand nombre de branches : les ducs de Clèves et de Nevers, les seigneurs d'Aremberg, de Sedan, de Fleuranges, de Lumain, etc. Au milieu du XVIe siècle, elle devint maîtresse du duché de Bouillon, que le mariage de Charlotte de La Marck avec H. de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, fit passer à la maison de La Tour en 1591. Elle s'éteignit en 1610, et le partage de sa succession donna naissance à de longues querelles. V. JULIERS. Cette maison a fourni à la France plusieurs généraux distingués, nous citerons :

LA MARCK (Guillaume de), chef de la branche des barons de Lumain, né vers 1446. Il se signala par son courage dans les troubles des Pays-Bas, mais il mérita par sa férocité le nom de Sanglier des Ardennes. Chassé de Liége pour un meurtre, il se vengea en faisant périr l'évêque de cette ville, Louis de Bourbon, qui l'avait élevé. Il se réfugia auprès de Louis XI, fit révolter les Liégeois de concert avec ce prince, ravagea le Brabant, et réussit à mettre son frère Robert en possession de la châtellenie de Bouillon; mais il finit par tomber entre les mains de l'archiduc Maximilien, qui lui fit trancher la tête, en 1485.

LA MARCK (Robert II, comte de), neveu du préc., né vers 1460, mort en 1535, possédait une partie du Liégeois, le duché de Bouillon, la principauté de Sedan. Il servit le roi Louis XII et assista à la bat. de Novare, où il sauva la vie à ses deux fils (1513). Pendant les guerres de Charles-Quint et de François I, il prit successivement parti pour la France et pour l'Autriche; il fut chassé de ses États par Charles-Quint, mais François I le fit rétablir par le traité de Madrid. Il avait épousé Catherine de Croy, fille du comte de Chimay. Brantôme lui a consacré un article dans les Vies des Capitaines français.

LA MARCK (Évrard de), cardinal, évêque de Liége, frère du préc., connu sous le nom de cardinal de Bouillon, fut pourvu par Louis XII de l'évêché de Chartres, et reçut toutes sortes de bienfaits de François I; il le trahit pourtant pour Charles-Quint en 1518, et concourut puissamment à faire élire empereur ce dernier en 1519. Il fut nommé en récompense archevêque de Valence, et reçut le chapeau de cardinal en 1520; il aida ensuite Charles-Quint à dépouiller son propre frère Robert, et mourut en 1538, à Liége, dont il possédait l'évêché.

LA MARCK (Robert III de), seigneur de Fleuranges, dit l’Adventureux, né à Sedan vers 1490, était fils de Robert II qui lui sauva la vie à la bataille de Novare en 1513. Il s'était déjà distingué par la défense de Vérone contre les Vénitiens (1510), et avait puissamment contribué à la prise de la Mirandole (1512). Il suivit François I en Italie, commanda l'avant-garde à Marignan (1515), et fut fait prisonnier avec le roi à Pavie (1525). Nommé maréchal de France pendant sa captivité, il fut à son retour chargé de la défense de Péronne et repoussa les Impériaux (1536). Il mourut l'année suivante. Il écrivit, pendant sa captivité des Mémoires intéressants qui s'étendent de 1419 à 1521. Ils ont été publiés en 1753 et reproduits dans la collection des Mém. de l'hist. de France.

LA MARCK (Robert de), connu aussi sous le nom de maréchal de Bouillon, fils du préc., né vers 1520, fut fait maréchal de France en 1547, puis duc et commandant militaire de la Bourgogne, de la Champagne et de la Brie, enfin lieutenant général de la Normandie. En 1552, il reprit aux Impériaux Metz, le château de Bouillon et toutes les places de son ancien duché qui avaient été usurpées par Charles-Quint. A la défense d'Hesdin en 1553, il fut fait prisonnier et conduit en Flandre, où il mourut en 1556.

LA MARCK (Raymond de). V. AREMBERG.

LAMARCK (J. B. P. Antoine DE MONET, chevalier de), naturaliste, né en 1744 à Bazantin (Somme), m. en 1829, servit quelque temps sous le maréchal de Broglie, puis abandonna les armes pour les sciences. Il se fit connaître avantageusement de Buffon, qui le protégea; fut admis en 1779 à l'Académie des sciences; voyagea pour le Muséum en Hollande, en Allemagne et en Hongrie, devint en 1794 professeur de zoologie à cet établissement et conserva cette chaire jusqu'à sa mort. Ses principaux ouvrages sont : la Flore française, 1778, où il expose une méthode nouvelle d'analyse botanique dite dichotomique (divisant par deux); la Philosophie zoologique, 1809; Hist. naturelle des animaux sans vertèbres, 7 v. in-8, 1815-22, ouvrage capital, rempli de vues profondes, et les articles de botanique dans l’Encyclopédie méthodique. Devenu aveugle de bonne heure, il n'en continua pas moins ses travaux, aidé dans ses recherches par le savant Latreille. Lamarck a professé sur la philosophie des sciences des opinions hardies : il croyait que les êtres les plus compliqués procèdent des êtres les plus simples par des transformations graduelles.

LAMARE (Nic. de), d'abord procureur, puis commissaire au Châtelet de Paris, né en 1639 à Noisy-le-Grand (Seine), m. en 1723, fut chargé par Lamoignon de faire des recherches sur les règlements de police du royaume, dans le but de préparer un Code uniforme, fit paraître dès 1705 une partie de son travail, mais le refondit bientôt pour le compléter, et le publia de nouveau de 1722 à 1738, sous le titre de Traité de la Police, Paris, 4 vol. in-fol. (le IVe vol. fut donné par son ami Leclerc du Brillet). Ce n'était encore là que la moitié de cet important ouvrage : le reste était conservé manuscrit à la bibliothèque impériale, lorsque M.Haussmann, préfet de la Seine, entreprit d'en achever la publication (1862).

LAMARQUE (Maximilien), général français, né à St-Sever (Landes) en 1770, m. en 1832, se signala dans les guerres de la Révolution et fut nommé général de brigade après la bataille de Hohenlinden (1801). En Italie, il prit Gaëte (1806), et le fort Caprée, que l'on regardait comme inexpugnable (1808). Il se signala encore à Laybach, à Wagram, en Russie; en Espagne, et dans la campagne de France pendant l'invasion (1814). Député du dép. des Landes sous la Restauration, il fit toujours partie de l'opposition et acquit une grande popularité; son convoi fut accompagné d'une foule immense, et devint l'occasion de graves désordres (V. Journées des 5 et 6 JUIN). Il a publié quelques écrits de circonstance et a laissé des Souvenirs, Mémoires et Lettres, publiés par sa famille en 1835-3G, 3 v. in-8.

LA MARTINIÈRE (A. BRUZEN de), compilateur et géographe, né à Dieppe en 1683, mort en 1749, était neveu de l'hébraïsant Richard Simon. Il fut nommé en 1709 secrétaire français à la cour du duc de Mecklembourg, puis se fixa à La Haye, où il fit imprimer plusieurs ouvrages qui lui valurent le titre de 1er géographe du roi d'Espagne et une pension du roi des Deux-Siciles. Il est auteur d'un grand Dictionnaire géographique, historique et critique, La Haye, 1726-1730, 10 vol. in-fol., et Paris, 1768, 6 vol. in-fol., qu'on peut encore consulter utilement. Il a en outre publié : Origine et progrès de la géographie, 1722; Hist. de la Pologne sous Auguste II, 1733; — de Fréd. Guillaume, roi de Prusse, 1741; et a édité la Géographie de Cluvier, 1729, les Lettres de Richard Simon, 1730, etc. — V. MARTIN (Claude).

LA MASTRE, ch.-l. de c. (Ardèche), à 28 kil. S. O. de Tournon; 2502 hab.

LAMB (Ch.), écrivain, né à Londres en 1775, m. en 1834, occupait un emploi dans les bureaux de la Compagnie des Indes, et donnait en même temps des articles à divers recueil littéraires. Critique, essayist et poëte, il porta partout dans ses écrits ce genre de gaieté que les Anglais appellent humour. Parmi ses ouvrages, on estime surtout Rosamund Gray, la Vieille aveugle Marguerite, les Contes tirés de Shakspeare, la tragédie de John Woodwill, et les Essais d'Élia, morceaux qu'il avait fait paraître dans les principaux Magazines. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Londres, 1842, avec une notice par Talfourd. Ses Contes de Shakspeare ont été trad. par Borghers, 1847.

LAMBACH, Ovilabis, Lambacum, v. d'Autriche, à 14 kil. S. O. de Wels; 3100 hab. Abbaye de Bénédictins, bibliothèque, etc. Église de la Trinité. Commerce de sel. — Jadis titre d'un comté. Les Français y défirent les Russes en 1805; elle fut incendiée en 1809.

LAMBALLE, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 20 k S. E. de St-Brieuc; 4014 hab. Collége. Commerce de grains, toiles, fil, chanvre, cuirs; étalons. Cette ville existait dès le temps de César : c'était alors le ch.-l. des Ambialites. Elle devint en 1317 le ch.-l. du duché de Penthièvre, et soutint en 1591 un siége où périt Fr. de Lanoue. Patrie du Dr Jobert, de l'Institut.

LAMBALLE (Marie Thérèse DE SAVOIE-CARIGNAN, princesse de), princesse aussi remarquable par sa beauté que par ses vertus, née à Turin en 1748, épousa Louis de Bourbon-Penthièvre, prince de Lamballe, et resta veuve à 19 ans. Elle devint en 1774 surintendante de la maison de la reine Marie-Antoinette, et fut constamment l'amie de cette princesse; elle partagea sa captivité au Temple. Transférée peu après à la Force, elle fut une des déplorables victimes des massacres de septembre (1792). Son corps fut insulté et mis en lambeaux, et sa tête portée au bout d'une pique sous les croisées du Temple. On a publié, comme rédigés d'après des notes de cette princesse, des Mémoires relatifs à la famille royale de France, Paris, 1826. — Vie de Mme de Lamballe, par Lescure.

LAMBECIUS (Pierre LAMBECK, en latin), bibliographe, né en 1628 à Hambourg, m. à Vienne en 1680, fut d'abord professeur d'histoire et recteur de l’École illustre à Hambourg. Ayant abjuré le Luthéranisme, il alla se fixer à Vienne où il fut nommé historiographe et bibliothécaire de l'empire. On a de lui : Origines hamburgenses, Hambourg, 1652; Prodromus historiæ litterariæ, 1659, Commentarii de bibliotheca Cæsaræa Vindobonensi, Vienne, 1665-1679, 8 vol in-fol., ouvrage important, continué agrès sa mort par Nesselius; une édition de George Codinus, Paris, 1655, et des commentaires sur Aulu-Gelle.

LAMBERT (S.), évêque de Maëstricht en 668, conseiller de Childéric II, roi d'Austrasie, se vit après la mort de ce prince dépouillé par Ebroïn de son évêché et de ses fonctions, puis fut rendu à son diocèse et fit un grand nombre de conversions. Il fut assassiné à Liége en 708 par Dodon, beau-frère de Pépin d'Héristal. On éleva une chapelle au lieu où il avait été frappé, et plus tard S. Hubert y transporta le siége de l'évêché. On le fête le 17 septembre.

LAMBERT, roi d'Italie, fut associé au pouvoir on 891 par Gui de Spolète, son père; régna seul de 894 à 898; eut pour compétiteurs Bérenger et Arnoul, avec lesquels il fut sans cesse en guerre, et périt à la chasse dans la forêt de Marengo.

LAMBERT, fils d'Adalbert II, duc de Toscane, régna à Spolète des 917, et en Toscane de 929 à 931. Il avait contribué à élever sur le trône d'Italie Hugues de Provence, son frère utérin; mais celui-ci, ne le payant que d'ingratitude, prétendit que Lambert était bâtard et n'avait aucun droit au duché de Toscane. Lambert en appela au jugement de Dieu et soutint par un combat judiciaire la légitimité de sa naissance : il en sortit victorieux; mais Hugues parvint à s'emparer de sa personne et lui fit crever les yeux.

LAMBERT, chroniqueur allemand, natif d'Aschaffenbourg, était bénédictin. Il visita Jérusalem en 1058 et mourut à Saalfeld en 1100. On lui doit une Histoire universelle, qui va depuis le commencement du monde jusqu'à l'an 1050, suivie d'une Histoire de l'Allemagne (depuis 1050 jusqu'à 1077). Cette chronique fut découverte et publiée par Mélanchthon, Tubingue, 1525, et rééditée par Krause, Halle, 1797, et par Fréd. Hesse, dans les Monumenta Germaniæ de Pertz, t. VII.

LAMBERT-LI-CORS (c.-à-d. le court ou le petit), poëte français du XIIe siècle, que l'on fait naître à Châteaudun, à Châtellerault, à Nantes, et, avec plus de probabilité, à Dinan, fut d'abord clerc, mais se maria plus tard. Il commença le célèbre roman d’Alexandre le Grand, qui fut continué par Alexandre de Bernay. Cette épopée romane a été publiée pour 1re fois en France, par F. Le Court de la Villethassetz et Eugène Talbot, avec introduction, notes et glossaire, Paris et Dinan, 1861, in-12.

LAMBERT (J.), général anglais, l'un des plus ardents ennemis de Charles I, était avocat avant que la Révolution éclatât. Il prit les armes et se distingua à Marston-moor et à Naseby. C'est sur sa proposition que Cromwell fut nommé protecteur. Après la mort de celui-ci, il conçut le projet de lui succéder dans le protectorat : il se mit, dans ce but, à la tête des mécontents et soutint d'abord le rump-parlement, puis il le cassa et marcha contre Monk; mais il fut pris et condamné à mort. On lui fit grâce de la vie, et il fut relégué à Guernesey, où il mourut en 1692.

LAMBERT (Michel), musicien, né vers 1610, à Vivonne près de Poitiers, mort à Paris en 1696, jouissait sous Louis XIV d'une haute réputation. Il se vit dans sa vieillesse éclipsé par Lulli, son gendre. On a de lui des Motets, des Leçons pour Ténèbres, etc. Le recueil de ses Œuvres a été gravé en 1666. C'est ce Lambert que Boileau nomme dans sa 3e satire.

LAMBERT (Thérèse DE MARGUENAT DE COURCELLES, marquise de), née à Paris en 1647, morte en 1733, était fille d'un maître des Comptes. Elle composa, pour l'éducation de ses enfants, deux ouvrages qui sont fort estimés : Avis d'une mère à son fils et Avis d'une mère à sa fille. On a aussi de cette dame des Traités de la Vieillesse et de l'Amitié, des Réflexions sur les femmes, sur le goût, sur les richesses, etc. Elle n'écrivait pas pour le public, et ses ouvrages n'ont été connus que par l'indiscrétion de ses amis. Ses Œuvres ont été réunies en 1748, et réimprimées en 1843, avec un Essai sur sa Vie, par Mme Colet. La marquise de Lambert était belle-fille de Bachaumont (l'auteur des Mémoires); elle réunissait chez elle une société choisie de gens de lettres et avait pour amis Fontenelle, Lamotte et Sacy.

LAMBERT (l'abbé Cl. Fr.), jésuite, compilateur fécond, né à Dôle vers 1700, m. en 1765 à Paris, se mit aux gages des libraires, et publia de 1739 à 1764 16 ouvrages, entre autres : Observations curieuses sur les mœurs, les coutumes, les arts et les sciences des différents peuples de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, 1749; Histoire générale, civile, naturelle, politique et religieuse de tous les peuples, 1750; Hist. littéraire du règne de Louis XIV, 1751.

LAMBERT (J. Henri), savant universel, né en 1728, à Mulhouse, m. en 1777, était fils d'un pauvre tailleur. Après avoir suivi une école gratuite, il étudia seul, apprit sans maître, outre les langues anciennes ei modernes, presque toutes les sciences, la physique, la mécanique, l'astronomie, la philosophie, et s'exerça même dans la poésie et l'éloquence. Il fut d'abord précepteur chez le comte de Salis à Coire (1748-175S), puis professeur à l'Académie électorale de Munich, fut appelé à Berlin par Frédéric le Grand et devint en 1764 membre de l'Académie de cette ville. Il se distingua surtout dans les mathématiques et la métaphysique. Lambert a prouvé l'incommensurabilité du rapport de la circonférence au diamètre, a perfectionné les méthodes géodésiques, la théorie des comètes et a trouvé en astronomie un théorème fort simple, qui porte son nom. Outre une quantité innombrable de mémoires, on a de lui : en physique et en mathématiques, la Route de la lumière, 1759; la Perspective libre, 1759; Photometria, de gradibus luminis, 1760; Lettres cosmologiques (en all.), 1761; Échelles logarithmiques, 1761; Hygométrie, 1770; Pyrométrie, 1779; — en philosophie, Novum organum ou Nouvelle Logique, en all., 1763; Architectonique, en all., 1771 (il y explique les idées premières de chaque science). Lambert fut au nombre des amis de Kant.

LAMBESC, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 21 kil. N. O. d'Aix, 3425 hab. Belle église; vaste hôtel de ville, hôpital; fabrique de soude et tuileries; commerce d'huiles. Jadis titre de principauté.

LAMBESC (Ch. Eugène DE LORRAINE, duc d'Elbeuf, prince de), né en 1751, m. en 1825, était parent de la reine Marie-Antoinette. Il l'accompagna en France et devint colonel-propriétaire du régiment royal-allemand. Il fit charger le peuple aux Tuileries le 13 juillet 1789. Mis en accusation pour ce fait, il fut acquitté au Châtelet. Il émigra, servit dans les armées autrichiennes, et devint feld-maréchal, 1796. Il ne quitta point Vienne à la Restauration.

LAMBESSA, Lambæsis, v. d'Algérie (Constantine), à 11 kil. S. E. de Batna. Ruines romaines; temples, cirque, portiques, etc. Les Romains y envoyaient leurs détenus politiques. A leur imitation, le gouvt français y établit une colonie pénale en 1850.

LAMBETH, v. d'Angleterre (Surrey), attenante à Londres, était jadis une cité à part; elle forme aujourd'hui l'extrémité O. de Londres, sur la r. dr. de la Tamise; 154 611 hab. Palais de Lambeth (résidence de l'archevêque de Cantorbéry) : établissements de bienfaisance, etc. Belle église St-George.

LAMBEZELLEC, v. du dép. du Finistère, à 5 kil. N. de Brest ; 12 373 hab. Chapeaux vernis, ris de haubans; huileries, minoteries. Aux env., granit.

LAMBIN (Denis), commentateur français, né vers 1516 à Montreuil-sur-Mer (Picardie), m. en 1572, enseigna le grec au collége de France. On lui doit des Commentaires sur Lucrèce; — sur Cicéron; — sur Plaute; — sur Horace; des Traductions latines de la Politique et de la Morale d'Aristote, de quelques harangues d’Eschine et de Démosthène, etc. Il était lent dans son travail : c'est de là, dit-on, qu'est venu le mot lambiner, qui est resté dans la langue.

LAMBRECHTS (Ch. Joseph Matthieu), magistrat, né en 1753, à St-Tron (Belgique), mort en 1823, fut professeur de droit à Louvain. Après la réunion de sa patrie à la France, il occupa plusieurs emplois importants; en 1797, il succéda à Merlin de Douai comme ministre de la justice. Élu sénateur après le 18 brumaire, il n'en refusa pas moins son vote à l'érection du trône impérial. En 1814, il rédigea dans le sénat l'acte de déchéance de l'Empereur. Il légua 12 000 fr. de rente pour la fondation d'un hospice, réservé aux aveugles protestants, qu'on refusait d'admettre aux Quinze-Vingts.

LAMECH, patriarche hébreu, descendant de Caïn, vivait avant le déluge. Il épousa deux femmes, Ada et Sella. Il eut de la 1re Jabel, le plus ancien des pasteurs nomades, et Jubal, inventeur des instruments de musique; de la 2e, Tubalcaïn, le premier qui ait forgé le fer, et Noéma qui inventa le tissage de la toile. — Un autre Lamech, fils de Mathusalem, fut père de Noé, et vécut 777 ans (de 4090 à 3313).

LAMÉGO, Lama, v. de Portugal (Beïra), à 129 kil. N. E. de Coïmbre; 10 000 hab. Évêché. Vieux château fort; anc. cathédrale. Il s'assembla en 1144, à Lamégo, des Cortès qui posèrent les bases de la constitution portugaise lors de l'élection d'Alphonse I au trône de Portugal. En 1828 don Miguel y assembla les États pour se faire proclamer roi. LA MEILLERAIE, vge de France (Loire-Inf.), à 18 k. S. de Châteaubriant ; 1600 h. Couvent de Trappistes, fondé en 1145 par des religieux de Cîteaux.

LA MEILLERAIE (Ch. DE LA PORTE, duc de), pair et maréchal de France, né en 1602, mort en 1664, était cousin germain du cardinal de Richelieu. Dans les guerres du Piémont, il se signala à l’attaque du Pas-de-Suze, 1629, et au combat de Carignan, 1630. Nommé grand maître de l’artillerie, il servit en cette qualité dans les guerres de Bourgogne et des Pays-Bas, et reçut en 1639, des mains de Louis XIII, sur la brèche même de Hesdin, le bâton de maréchal. Il prit sur les Espagnols, en 1641, Aire, La Bassée et Bapaume ; conquit en 1642 presque tout le Roussillon ; s’empara en Italie, en 1646, de Porto-Longone et de Piombino. En 1648, après la conclusion de la paix, il fut nommé surintendant des finances ; mais il ne réussit pas dans ce nouveau poste, et l’abandonna en 1649. Le duc de La Meilleraie était considéré comme le meilleur général du temps pour les siéges. — Son fils, Armand de La M., épousa en 1661 une nièce de Mazarin et prit le titre de duc Mazarin.

LAMENNAIS (Félicité ROBERT, abbé de), né en 1782 à St-Malo, m. en 1854, était fils d’un armateur. Il fut élevé dans des sentiments de piété qu’il ne tarda pas à perdre après la mort de sa mère, s’instruisit sans maître, puisant au hasard dans une vaste bibliothèque laissée à sa disposition, fut ramené aux croyances religieuses par son frère aîné, l’abbé J. M. de Lamennais (V. ci-après), fit sa première communion à 22 ans, se décida à entrer dans l’église et fut ordonné prêtre en 1816. Il avait dès 1808 rédigé avec son frère des Réflexions sur l’état de l’Église en France, ouvrage anonyme, qui fut supprimé par la police impériale ; en 1812, il avait, dans un écrit sur l’Institution des évêques, combattu les doctrines gallicanes et attaqué violemment l’Université. De 1817 à 1823, il fit paraître l’Essai sur l’indifférence en matière de religion (4 vol. in-8), ouvrage éloquent, mais paradoxal, qui fit une sensation immense : déniant toute autorité à la raison individuelle, il n’admettait d’autre critérium de la vérité que le consentement universel, et prétendait ramener l’homme à la foi par le scepticisme ; en outre, il prescrivait une obéissance absolue au chef de l’Église, subordonnant en tout le pouvoir civil au pouvoir pontifical. Cet ouvrage souleva de nombreuses objections : l’auteur y répondit dans sa Défense de l’Essai sur l’indifférence (1824). Vers la même époque, il s’associait à une entreprise de librairie catholique et il éditait, sous le titre de Bibliothèque des dames chrétiennes, une collection d’écrits ascétiques, qu’il enrichissait de préfaces et de notes ; en outre, il écrivait dans le Conservateur, dans la Quotidienne, dans le Drapeau blanc, et autres feuilles ultra-royalistes. En 1825, il publia la Religion considérée dans l’ordre politique et civil, où il attaquait violemment la célèbre déclaration de 1682, ce qui lui attira une condamnation en police correctionnelle. Il n’en poursuivit pas moins ses attaques dans son livre Des progrès de la Révolution et de la Guerre contre l’Église (1829), qui fut censuré par l’archevêque de Paris (M. de Quélen). Converti à la cause démocratique après 1830, Lamennais fonda l’Avenir, journal dans lequel il prétendait régénérer l’Église en faisant servir le Catholicisme à l’affranchissement des peuples, et où il réclamait la séparation complète du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel ; ces doctrines exagérées furent condamnées par le pape même, dans une Lettre encyclique (1832). Répudiant dès lors toutes ses anciennes croyances, Lamennais fait paraître une série de publications où il attaque à la fois l’Église et la monarchie : les Paroles d’un croyant (1834), pamphlet des plus violents rédigé sous une forme mystique ; Affaires de Rome (1836), le Livre du peuple (1837), l’Esclavage moderne (1839), le Pays et le gouvernement (1840), écrit qui lui valut un an de détention ; Une voix de prison (1841), Amschaspands et Darvands (1843), satire de la société actuelle sous le voile d’une allégorie persane ; il donne une traduction des Évangiles, avec des Réflexions conçues au point de vue des idées radicales (1845) ; enfin il publie, sous le titre d’Esquisse d’une philosophie (1841-1846, 4 vol. in-8), un grand ouvrage de métaphysique, qui offre un mélange confus d’idées platoniciennes et alexandrines avec des idées chrétiennes, et où il nie formellement plusieurs des dogmes fondamentaux de la religion. En 1848, Lamennais joua un instant un rôle politique : lié avec les plus fougueux démagogues, il fonda le Peuple constituant, et prit part à la rédaction de la Réforme. Il fut à la même époque élu membre de l’Assemblée constituante, mais il n’y exerça aucune influence. Il mourut oublié, et fut enterré, d’après son désir, sans appareil et sans le concours du clergé. Homme d’un caractère difficile, esprit orgueilleux, absolu et porté aux extrêmes, Lamennais fut entraîné par sa nature impatiente de toute opposition et par une dialectique audacieuse à des conclusions excessives et tomba dans de nombreuses contradictions. Son style se ressent des exagérations de sa pensée : il a de l’ampleur et une certaine magnificence qui rappelle tantôt la manière de Bossuet, tantôt celle de J. J. Rousseau, mais il est le plus souvent déclamatoire et tendu. — Ses Œuvres complètes ont été publiées en 12 vol., 1836 et suiv., et en 10 vol., 1844 et années suiv. M. Forgues a publié ses Œuvres posthumes, 3 vol. in-8, 1855-56 ; contenant une trad. de la Divine comédie, sa. Correspond., des Discuss. crit. et des Pensées ; M. Blaise ses Œuvres inédites, 1866, 2 v. in-8. E. Robinet a donné une Notice biographique sur L., et Madrole l’Histoire secrète du parti et de l’apostasie de Lamennais.

Son frère aîné, l’abbé Jean Marie ROBERT de L., né en 1778, m. en 1860, fut toute sa vie un saint prêtre. Il fonda à Ploërmel la Congrégation des Frères de St-Joseph, appelés vulgairement Frères de Lamennais, et à St-Brieuc celle des Filles de la Providence, qui toutes deux se consacrent à l’éducation du peuple. Il a laissé quelques écrits, dont les plus importants ont été composés en commun avec son frère.

LAMENTIN (LE), v. de la Martinique, côte S. O., à 35 kil. N. E. de Fort-Royal ; 10 000 hab. Environs fertiles, mais malsains. Nombreuses sucreries. — Bourg de la Guadeloupe, dans la Grande-Terre, sur une baie de Lamentin, à 8 kil. N. E. de Pointre-à-Pitre ; 4000 h.

LA MÉSANGÈRE (Pierre de), oratorien, professeur de belles-lettres à La Flèche, né en 1761, m. à Paris en 1831, vécut de sa plume pendant la Révolution. Il a publié : Géographie de la France, 1791 ; Bibliothèque des Enfants, 1794 ; Dictionnaire des proverbes français, 1821. Quoique prêtre, il rédigea depuis 1799 le Journal des Dames et des Modes.

LAMETH, nom de trois frères d’une famille noble de Picardie qui ont joué un rôle dans la Révolution et qui se sont tous distingués par leur amour pour une sage liberté. L’aîné, Théodore de L., 1756-1854, le moins connu des trois, servit dans la Guerre d’Amérique, fut élu en 1790 par le dép. du Jura administrateur, et en 1791 député à l’Assemblée législative, défendit énergiquement la nouvelle constitution et la royauté, fut proscrit en 1792, se réfugia en Suisse, rentra en France après le 18 brumaire, fut député de la Somme pendant les Cent-Jours (1815) et passa le reste de sa vie dans la retraite. — Charles de L., 1757-1832, servit aussi en Amérique, fut en 1789 député de l’Artois aux États généraux, vota un des premiers pour l’abolition de noblesse et la liberté de la presse ; mais s’opposa aux violences qu’on voulait exercer contre le roi : il faisait partie du club des Feuillants. En 1792, il commandait une division à l’armée du Nord ; mais après le 10 août, il se vit obligé, comme noble, d’abandonner son commandement et de s’expatrier. Il reprit du service sous l’Empire, fut député sous la Restauration, siégea au côté gauche et fit partie des 221 en 1830. — Alexandre de L., né en 1760, m. en 1829, servit en Amérique comme ses deux frères, fut député en 1789 aux États généraux par la noblesse de Péronne, s’y montra un des plus éloquents avocats de la liberté, mais sut aussi défendre la prérogative royale, et eut à ce sujet des luttes fréquentes avec Mirabeau. En 1792 il servait sous La Fayette : il émigra avec lui et partagea sa captivité. Sous l’Empire et la Restauration, il administra comme préfet plusieurs départements. Membre de la Chambre des Députés en 1819 et en 1828, il resta toujours fidèle aux principes constitutionnels. On a de lui une Histoire de la Constituante et plusieurs brochures politiques.

LA MÉTHERIE (J. Claude de), naturaliste et physicien, né à La Clayette, dans le Maconnais, en 1743, m. à Paris en 1817, se fit d’abord connaître par quelques recherches sur l’air, rédigea depuis 1785 le Journal de Physique, et fut nommé en 1800 adjoint à la chaire d’histoire naturelle du Collége de France, On a de lui : Essai sur la Philosophie naturelle, 1778 ; Vues physiologiques, 1781 ; Essai sur l’air pur, 1785 ; Théorie de la Terre, 1791 ; De l’Homme considéré moralement, 1802 ; Considérations sur les êtres organisés, 1804 ; Sur la nature des êtres existants, 1805 ; Leçons de Minéralogie, 1812. Il soutenait que le mouvement est essentiel à la matière ; que tous les êtres ont été formés par une sorte de cristallisation ; que l’homme n’est qu’un singe perfectionné, etc.

LA METTRIE (Julien OFPROY de), médecin et philosophe, né en 1709 à St-Malo, m. à Berlin en 1751, alla étudier la médecine à Leyde sous Boërhaave, et fut à son retour, en 1742, nommé médecin des gardes françaises. Il publia peu après l’Histoire naturelle de l’âme, La Haye (1745), où il prêchait ouvertement le matérialisme, ce qui lui fit perdre sa place. Il se réfugia à Leyde, écrivit des libelles contre les médecins ses confrères, et publia en 1748 l’Homme-Machine, où il attaquait les croyances les plus sacrées. Chassé de Hollande pour ce nouvel écrit, il trouva un asile en Prusse auprès de Frédéric II et fut même admis dans l’intimité de ce prince, qui le fit entrer dans son académie. Lamettrie ne manquait ni d’esprit, ni d’imagination ; mais ses idées étaient tellement étranges et incohérentes qu’il passait, auprès de ses amis même, pour avoir le cerveau dérangé. Il publia en Prusse l’Homme-Plante, Potsdam, 1748 ; Origine des animaux, Berlin, 1750 ; Vénus métaphysique, ou de l’Origine de l’Âme, 1751, ouvrages conçus dans le même esprit que l’Homme-Machine. Frédéric II a écrit un Éloge de Lamettrie.

LAMI (dom François), bénédictin, né en 1636 à Montreau près de Chartres, m. à l’abbaye de St-Denis en 1711, a laissé, entre autres ouvrages estimés, la Connaissance de soi-même, 1694-8 et 1700 ; la Connaissance et l’Amour de Dieu ; le Nouvel athéisme renversé, Réfutation de Spinosa, 1696 ; l’Incrédule ramené à la religion, 1710, et quelques traités mystiques. Il possédait au plus haut degré le talent de la conversation et ne réussissait pas moins dans la discussion : il entretint une vive polémique sur divers points de théologie avec Bossuet, Nicole, Arnauld, et eut avec Malebranche et Leibnitz une correspondance sur l’Amour désintéressé, qui a été imprimée en 1699.

LAMI (Bernard), oratorien, né au Mans en 1640, m. à Rouen en 1715, enseigna les belles lettres à Vendôme, puis la philosophie à Angers, s’attira des querelles avec le clergé d’Angers par son attachement à la philosophie de Descartes, devint grand vicaire à Grenoble, séjourna quelque temps au séminaire de St-Magloire a Paris, puis se retira à Rouen en 1689. On a de lui : Réflexions sur l’Art poétique ; l’Art de parler, ouvrage bien écrit ; Apparatus biblicus ; des traités de mathématiques et des ouvrages de théologie, dont quelques-uns excitèrent de vives disputes, entre autres son Harmonia quatuor evangelistarum, 1689.

LAMI (Jean), littérateur italien, né en 1697, à Santa-Croce, près de Pise, m. en 1770, enseigna l’histoire ecclésiastique à Florence, et eut de vifs démêlés avec les Jésuites. Il rédigea, de 1740 à 1770, les Nouvelles littéraires, journal estimé qui paraissait à Florence, et publia entre autres ouvrages Delicias eruditorum, recueil d’opuscules inédits et intéressants (1736-69).

LAMIA, auj. Zeitoun, v. de Thessalie (Phthiotide), à 6 kil. du Sperchius et près de son emb., a donné son nom à la Guerre Lamiaque qui s’alluma entre la Macédoine et la Grèce après la mort d’Alexandre (323). Cette guerre, qui ne dura qu’un an, fut entreprise contre Antipater, d’après les instigations de Démosthène et d’Hypéride, qui poussaient les Grecs à secouer le joug de la Macédoine. Léosthène, général des Grecs, défit d’abord Antipater et le força à s’enfermer dans Lamia, où il l’assiégea. Mais la mort imprévue de Léosthène, et l’arrivée de Léonat, facilitèrent l’évasion d’Antipater, qui bientôt reprit l’offensive et remporta la victoire décisive de Cranon, l’an 322. Le vainqueur imposa aux Athéniens une constitution aristocratique et une garnison macédonienne. Cette guerre entraîna la mort d’Hypéride et de Démosthène. — Auj. Lamia est ch.-l. d’une éparchie de la Phthiotide.

LAMIAQUE (guerre). V. LAMIE.

LAMIA (L. Ælius), consul sous Auguste (l’an 2 de J.-C.) et gouverneur de Syrie, puis préfet de Rome sous Tibère. Horace lui a adressé deux de ses odes.

LAMIES, spectres horribles que les anciens représentaient avec un visage de femme, et qu’on disait enlever les enfants à leur mère pour les dévorer, ou se cacher dans les buissons pour attaquer les passants.

LAMOIGNON, famille ancienne du Nivernais, s’est surtout distinguée dans la magistrature aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle tire son nom du fief de Lamoignon, situé dans un faubourg de Donzy (Nièvre).

[[w:Guillaume Ier de Lamoignon|LAMOIGNON (Guillaume de)]], 1er président au parlement de Paris, célèbre par son savoir et ses vertus, né à Paris en 1617, m. en 1677, était fils d’un président à mortier. Il fut successivement conseiller au parlement (1635), maître des requêtes (1644), 1er président (1658). Louis XIV, en lui apprenant sa nomination, lui dit : « Si j’avais connu un plus homme de bien, un plus digne sujet, je l’aurais choisi. » Lamoignon ne voulut pas présider la commission qui devait juger le surintendant Fouquet, avec lequel il était brouillé. On a de lui un ouvrage connu sous le titre d’Arrêtés de Lamoignon (publié en 1702) ; il y ébauche un vaste plan qu’il avait conçu pour la reforme de la législation : cet ouvrage prouve une connaissance profonde de la jurisprudence. Lamoignon fut l’ami et le protecteur des gens de lettres : il était surtout lié avec Boileau ; c’est à sa demande que ce poëte composa le Lutrin. — Son fils aîné, [[w:Chrétien-François Ier de Lamoignon|Chrétien-François de L.]], 1654-1709, fut nommé président à mortier en 1690. Il avait hérité de ses vertus, et aimait comme lui à s’entourer d’hommes de lettres. Il fut lié avec Bourdaloue, Boileau, Racine et Regnard. C’est à lui qu’est adressée la 6e épître de Boileau. Il était de l’Académie des inscriptions.

LAMOIGNON DE BAVILLE (Nicolas), 5e fils du 1er président Guillaume, 1648-1724, exerça d’abord avec succès la profession d’avocat ; devint conseiller au parlement en 1670, maître des requêtes en 1675, puis suivit la carrière administrative, et fut nommé intendant du Languedoc. Il déploya contre les Protestants, lors de la révocation de l’édit de Nantes, un zèle ardent ; on l’a même accusé de cruauté. Cependant il se montre sous un aspect tout différent dans les Mémoires pour servir à l’histoire du Languedoc, qu’il composa par ordre du roi pour l’instruction du duc de Bourgogne (1698), et où il déclare que la violence ne peut qu’être funeste au Christianisme. Ces Mémoires n’ont été imprimés qu’en 1734.

LAMOIGNON (Guill. II), seigneur de Malesherbes, petit-fils de Guillaume I par son fils aîné Chrétien François, fut chancelier de 1750 à 1768. Après avoir longtemps résisté aux intrigues de Maupeou, qui voulait le supplanter, il fut enfin obligé de se démettre de sa charge, qui fut aussitôt confiée à son adversaire (1768). Il s’attira la haine des philosophes en retirant le privilège de l’Encyclopédie. — Il eut pour fils l'illustre Malesherbes. V. MALESHERBES.

LAMOIGNON (Chrétien François), arrière-petit-fils de Guillaume I, 1735-89, fut président au parlement de Paris, partagea l'exil de cette cour en 1772, obtint en 1787 les sceaux en remplacement de Miromesnil, travailla avec le ministre Loménie de Brienne à rédiger les édits du timbre et de la subvention territoriale, que le parlement refusa d'enregistrer; donna sa démission en 1788, et mourut en 1789. La famille des Lamoignon s'est éteinte en la personne de Christian de Lamoignon, fils du préc., pair de Francs sous la Restauration, mort en 1827.

LA MONNOYE (Bernard de), littérateur, né en 1641 à Dijon, m. en 1728, suivit d'abord le barreau, puis se livra aux lettres, et devint membre de l'Acad. française (1713). La Monnoye fut à la fois poëte, critique et philologue. On estime surtout ses Noëls, écrits dans le patois bourguignon, et qui, publiés pour la 1re fois en 1700, ont eu de nombreuses éditions, parmi lesquelles on remarque celles de 1720, de 1817 et de 1842. On lui doit aussi le Menagiana. M. Mignard a donné en 1856 une Notice sur La Monnoye et ses Noëls.

LAMORAL. V. EGMONT.

LAMORICIÈRE (Christ. Louis Léon Juchault de), général français, né à Nantes en 1806, m. en 1865; fut élève de l’École polytechnique, entra au service dans le génie; fut envoyé en Algérie dès 1830, et de bonne heure s'y signala par son intelligence et sa bravoure; fut compris dans le corps des zouaves dès sa création, et chargé de la direction du premier bureau arabe; conquit de bonne heure par des actions d'éclat le grade de général (1843); se distingua particulièrement au siége de Constantine, où il fut grièvement blessé (1837), à Mouzaïa (1840), à la bataille de l'Isly (1844), et réduisit Abd-el-Kader à se rendre au duc d'Aumale (1847). Nommé en 1846 député de la Sarthe, il fit partie de l'opposition dynastique; représentant du peuple en 1848, il s'unit à la fraction modérée du parti démocratique; il combattit l'insurrection de Juin, et, comme ministre de la guerre, suivit la fortune du général Cavaignac. A la Législative, il défendit la Constitution républicaine et fut un des adversaires les plus décidés de la politique du Président : il fut arrêté au 2 décembre 1851 et conduit à la frontière; il ne rentra en France qu'en 1857. Lors de l'entrée des Piémontais dans les États pontificaux, il commanda les troupes du pape, qui furent défaites à Castelfidardo, et, assiégé dans Ancône, fut forcé de capituler (1860).

LA MOTHE (Hte-Marne). V. LA MOTTE.

LA MOTHE-ACHARD, ch.-l. de c. (Vendée), sur l'Auzance, à 18 k. N. E. des Sables-d'Olonne; 738 h.

LA MOTHE-FÉNELON, vge du dép. du Lot, à 18 kil. N. de Gourdon; 800 hab. Berceau des Fénelon.

LA MOTHE-FOUQUÉ (Frédéric, baron de), né à Brandebourg, en 1777, m. en 1843, était issu d'une famille calviniste de Normandie qui avait quitté la France à cause de sa religion. Il avait pour père Henri de la Mothe-Fouqué (1698-1774), général au service du grand Frédéric, auteur de curieux Mémoires, publiés à Berlin en 1788. Après avoir servi lui-même pendant 20 ans dans l'armée prussienne, il se livra tout entier aux lettres. Il est un des représentants de l'école romantique allemande.

LA MOTHE-HOUDANCOURT (Philippe de), général français sous Louis XIII, né en 1605, m. en 1657, commanda les troupes françaises en Catalogne, 1641, battit plusieurs fois les Espagnols, et fut nommé maréchal de France, duc de Cardone, et vice-roi de la Catalogne. Vaincu devant Lérida, 1644, il fut accusé de trahison et déféré au parlement de Grenoble. On reconnut son innocence (1648), et il fut rappelé en Catalogne, où il se distingua par sa défense de Barcelone.

LA MOTHE-LE-VAYER. V. LE VAYER.

LA MOTHE-SAINT-HÉRAYE, ch.-l. de c. sur la Sèvre-Niortaise, à 15 kil. N. de Melle; 2619 hab. Étoffes de laine, tanneries. Grains et bestiaux. Étoffes communes; moulins à farine. Magnifique château, qui appartint à Murat, puis au maréchal Lobau. Aux env., source purgative de Grelet.

LA MOTTE, v. ruinée de France (Hte-Marne), dans l'anc. Lorraine, arr. de Chaumont, près d!Outremécourt. Située au sommet d'un rocher escarpé, elle passa longtemps pour imprenable; cependant elle fut prise en 1634, sur le duc de Lorraine, par le maréchal de La Force, après un siége de 5 mois, où l'on fit pour la 1re fois usage de la bombe. Rendue en 1641, elle fut reprise en 1645 par Villeroi et rasée.

LA MOTTE (Ant. HOUDARD de), littérateur, né à Paris en 1672, m, en 1731, était fils d'un chapelier, et étudia chez les Jésuites. Il débuta par des opéras qui eurent du succès (surtout Issé, pastorale, Amadis de Grèce, et le Triomphe des Arts), et prit rang dans ce genre auprès de Quinault; il travailla aussi pour le Théâtre-Français, donna, soit seul, soit avec Boindin, quelques comédies (le Magnifique et l'Amant difficile, etc.), et fit représenter 4 tragédies, dont une seule, Inès de Castro (1723), est restée à la scène. Il s'exerça également avec quelque succès dans l'églogue, dans la fable, dans l'ode, dans le genre anacréontique, et composa plusieurs écrits en prose destinés pour la plupart à débattre des questions de critique littéraire. Lamotte donna lieu à une polémique très-vive par ses paradoxes contre les anciens : rabaissant le mérite d'Homère, il eut la bizarre idée de vouloir corriger l’Iliade; il traduisit ce poëme en vers, en le réduisant à 12 chants; il s'attira par là une violente querelle avec Mme Dacier. Quoiqu'il dût sa réputation à ses poëmes, il attaqua aussi la poésie comme contraire au naturel et imposant à l'auteur une gêne inutile. Il prétendit même que la tragédie gagnerait à être affranchie de la rime, et pour le prouver, il composa lui-même un Œdipe en prose. Sa prose, bien que sans chaleur et sans coloris, est élégante et facile; elle est moins dure et plus naturelle que ses vers. Lamotte était de l'Académie française depuis 1710; il remplissait en outre les fonctions de censeur dramatique. Cet écrivain était devenu aveugle vers l'âge de 40 ans, et il était perclus : ces infirmités ne nuisirent ni à ses travaux ni à son humeur : il se fit toujours remarquer par son urbanité. Ses Œuvres complètes forment 10 vol. in-12, 1754. La meilleure édition de ses Fables est celle de 1719, in-4, avec fig. de Coypel et de C. Gillon. M. B. Jullien a publié en 1859 les Paradoxes littéraires de Lamotte, in-8.

LA MOTTE (Jeanne DE VALOIS, comtesse de), intrigante qui figura dans l'affaire du collier. Connaissant la ridicule passion du cardinal de Rohan pour la reine Marie-Antoinette, elle suggéra au prélat d'acheter pour la princesse un collier de diamants du prix de 1 600 000 fr., se fit livrer le bijou, en faisant croire au cardinal qu'elle lui procurerait une entrevue avec la reine (1785), et en vendit à Londres les diamants détachés. Convaincue d'imposture et d'escroquerie, elle fut condamnée à faire amende honorable, à être fouettée et marquée, et fut enfermée à la Salpêtrière. Elle trouva moyen de s'évader (1787) et se sauva en Angleterre où elle fit imprimer un libelle contre la reine. Elle mourut en 1791. Cette femme se rattachait à la famille royale des Valois par un fils naturel d Henri II. Son nom de famille était de Luz de St-Remy

LA MOTTE-BEUVRON, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), sur le Beuvron, dans l'anc. Sologne, à 40 kil. N. E de Romorantin; 1002 hab. Station.

LA MOTTE-CHALANÇON, ch.-l. de c. (Drôme), à 24 kil. S. de Die; 1040 hab.

LA MOTTE-DU-CAIRE, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), à 26 kil. N. de Sisteron; 659 hab.

LA MOTTE-LES-BAINS, vge du dép. de l'Isère, à 30 kil. S. de Grenoble. Eaux thermales salines et bromurées. Établissement de bains.

LA MOTTE-PIQUET (Touss. Guill., comte de), brave marin, né à Rennes en 1720, m. en 1791, fit 28 campagnes, de 1737 à 1783, se signala surtout à la bataille d’Ouessant (1778) et au combat de Fort-Royal (1779), captura en 1781 26 vaisseaux de l’escadre de G. Rodney, et fut nommé lieutenant général des armées navales.

LA MOTTE-SERVOLEX, ch.-l. de c. (Savoie), arr. de Chambéry ; 4000 hab. Jolie petite ville, située dans une plaine fertile.

LAMOURETTE (l’abbé), né en 1742 à Frévent (Pas-de-Calais), était vicaire général à Arras et s’était fait connaître par quelques écrits philosophiques lorsqu’éclata la Révolution de 1789. Lié avec Mirabeau, il fut nommé évêque constitutionnel de Rhône-et-Loire (Lyon) et élu en 1791 député à l’Assemblée législative. Il y porta un esprit de concorde et de paix qui se manifesta surtout après la journée du 20 juin 1792 : il y avait alors scission entre les membres de l’Assemblée ; Lamourette les exhorta à se réconcilier : persuadés par son discours ils s’embrassèrent les uns les autres ; mais cette réconciliation ne dura pas deux jours, et elle fut bientôt ridiculisée sous le nom de Baiser-Lamourette. Ce député, trop modéré pour ces temps, périt sur l’échafaud en 1794. Il a laissé plusieurs écrits religieux et philosophiques, entre autres des Prônes civiques, 1790-91.

LAMOUROUX (J. V. Félix), naturaliste, né en 1779 à Agen, mort en 1825, professa l’histoire naturelle à Caen, donna à cette ville de précieuses collections, et fournit de savants articles au Dictionnaire classique d’histoire naturelle. On lui doit : Dissertation sur plusieurs espèces de fucus, 1805 ; Essai sur les thalassophytes, 1813 ; Histoire des polypiers coralligènes, 1816 ; Exposition des genres de l’ordre des polypiers, 1821 ; Cours élem. de géographie physique, 1822, etc.

LAMPADOPHORIES, fêtes célébrées à Athènes et dans lesquelles les concurrents parcouraient en courant une distance de 6 stades, tenant à la main un flambeau ou une torche allumée : celui qui touchait le but sans qu’elle s’éteignit recevait un prix ; dans le cas contraire, il passait la torche à un autre et se retirait. Ces courses avaient lieu 3 fois par an : aux fêtes de Minerve, de Vulcain et de Prométhée.

LAMPEDOUSA, en lat. Lopadusa, île de la Méditerranée, près de la côte E. de l’État de Tunis ; 35 kil. de tour. Bon mouillage. Les îlots du Lampion et de Linosa en dépendent. Elle appartient au roy. d’Italie. Occupée quelque temps par les Anglais, cette île fut recouvrée par le roi de Naples en 1843. Elle sert auj. de lieu de déportation pour les condamnés politiques.

LAMPOURDAN ou LABOURD. V. LABOURD.

LAMPRIDE, Ælius Lampridius, historien latin qui vivait sous Dioclétien et Constance Chlore, a écrit les Vies de Commode, d’Héliogabale, d’Alexandre Sévère, etc. Ce qui reste de Lampride se trouve dans les Historiæ augustæ scriptores (Leyde, 1761), et a été trad. en franç. par de Moulines (Berlin, 1783), par Laas d’Aguen (dans la collection Panckouke, 2e sér., 1847), et par T. Baudement (dans la collection Nisard). Saumaise, Vossius et Fabricius croient que Lampride et Spartien ne sont qu’un seul et même personnage. Cet historien passe pour véridique, mais il manque de critique et de goût.

LAMPSAQUE, Lampsacus, auj. Tcherdak ou Lampsaki, v. de Mysie, sur la Propontide, à l’entrée de l’Hellespont, avait pour dieu national Priape, et était renommée par ses vins. Patrie du philosophe Anaximène, qui la sauva de la fureur d’Alexandre, et du géographe Straton.

LAMURE, ch.-l. de c. (Isère), à 38 kil. S. de Grenoble ; 3294 hab. Anthracite. Jadis v. forte.

LAMURE, ch.-l. de c. (Rhône), à 22 kil. N. O. de Villefranche ; 1215 hab.

LAN, nom des principales divisions territoriales de la Suède, signifie gouvernement ou préfecture.

LANARK, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Lanark, à 49 kil. O. d’Édimbourg, non loin des chutes de la Clyde ; 8000 hab. Elle était jadis fortifiée. Kennet III y tint le 1er parlement d’Écosse, en 978. — À 2 kil. S. se voit le village de New-Lanark, remarquable par ses filatures de coton, fondées et organisées par D. Dale (1784), et où Robert Owen fit depuis ses essais d’organisation sociale ; 2000 hab. - Le comté de L., dit aussi Clydesdale, c.-à-d. val de la Clyde, entre ceux d’Ayr et de Renfrew à l’O., de Dumbarton, Stirling, Édimbourg, Linlithgow au N., de Peebles à l’E., de Dumfries au S., a 88 kil. sur 53 et 430 000 hab. Outre Lanark, il renferme Glasgow, Hamilton et Douglas. Montagnes, vallées et plaines fertiles ; mines de houille. Industrie très-active.

LANCASTER ou LANCASTRE, Longevicum, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de Lancastre, à 384 kil. N. O. de Londres, et à l’emb. de la Lane, dans la mer d’Islande ; 25 000 hab. Église gothique, ancien château fort, construit pour Jean de Gand, et qui sert auj. de prison, hôtel de ville, bibliothèque. Industrie assez active (chapeaux, corderie, toile à voiles, chantiers de construction) ; commerce encore important, mais déchu depuis l’accroissement de Liverpool. Aux environs, canal de Lancastre. — Cette ville est fort ancienne ; elle était la résidence habituelle des ducs de Lancastre. Elle souffrit pendant la guerre des Deux-Roses ; mais elle s’est relevée depuis. — Le comté de Lancastre ou Lancashire, entre ceux de Cumberland et de Westmoreland au N., d’York à l’E., de Chester au S., et la mer d’Irlande à l’O., a 110 kil. sur 44 et 1 800 000 hab. Outre la v. de Lancaster, il renferme celles de Manchester, Liverpool, Preston, Bolton, Oldham, etc. Nombreuses rivières, deux lacs, sources thermales. Sol très-varié. Grains, légumes et pommes de terre ; mines de fer, plomb, cuivre, houille excellente, alun, etc. ; gros bétail, gibier. Industrie et commerce extrêmement actifs. Ce comté fut érigé en souveraineté indépendante par Édouard III pour son 3e fils, Jean de Gand. Il fut réuni à la couronne sous Édouard IV. Le titre de duc de Lancastre, créé pour Jean de Gand, appartient, depuis Henri IV, au souverain de l’Angleterre.

LANCASTER, nom commun à plusieurs v. des États-Unis, dont la principale est le ch.-l. d’un comté de même nom de la Pensylvanie, à 105 kil. O. de Philadelphie ; 15 000 hab. (la plupart Allemands) ; industrie et commerce ; banques, colléges, etc.

LANCASTER (détroit de BARROW-ET-), détroit du Grand-Océan boréal, unit la mer Polaire à la mer de Baffin, par 15° 16′ lat. N. et 86° 10′} long. O.

LANCASTER ou LANCASTRE (maison de), maison royale d’Angleterre, célèbre par sa rivalité avec la maison d’York, descendait d’Édouard III et portait dans son écu une Rose rouge. Édouard avait eu 4 fils : 1o Édouard, prince de Galles, qui mourut avant son père, en laissant un fils, Richard, qui régna sous le nom de Richard II (1377-99) : 2o Lionel, duc de Clarence, qui laissa une fille, Philippine, mariée au duc de Mortimer ; 3o Jean de Gand, duc de Lancastre ; 4o Edmond de Langley, duc d’York, chef de la maison d’York. Henri, fils de Jean de Gand, détrôna Richard II, et monta sur le trône à sa place, au préjudice de la 2e branche (1399). Il régna sous le nom de Henri IV, et transmit le trône à son fils Henri V et à son petit-fils Henri VI. Sous ce dernier, Richard d’York prétendit avoir des droits au trône en vertu de l’alliance contractée par son père, Richard d’York, avec Anne de Mortimer, arr.-p.-fille de Lionel, duc de Clarence, et légitime héritière du trône après la mort de Richard II. De là une guerre sanglante, dite la guerre des Deux-Roses (V. ce mot), par suite de laquelle la maison de Lancastre fut renversée (1461), et remplacée par la maison d’York, qui compta trois rois : Édouard IV, Édouard V et Richard III. Sous ce dernier une nouvelle révolution renversa la maison d’York (1485), et porta sur le trône Henri Tudor de Richemont, qui se rattachait aux Lancastre par les femmes, et qui régna sous le nom de Henri VII. Ce prince épousa l’héritière de la maison d’York, et, confondant ainsi en sa personne les droits des deux maisons, mit fin à la guerre civile.

LANCASTER (James), aventurier anglais, partit la 1re fois de Plymouth en 1591, avec 3 vaisseaux armés par des marchands de Londres, accomplit plusieurs expéditions dans lesquelles il parcourut la mer des Indes, les îles de la Sonde (où il fit un traité d’alliance avec le roi d’Achem), et l’Atlantique ; prit 39 vaisseaux portugais, s’empara de Fernambouo dans le Brésil, revint chargé d’un riche butin, et mourut vers 1620. Le récit de ses voyages se trouve dans le IIIe vol. du recueil d’Hakluyt et dans le Ier de celui de Purchas. On a donné son nom à un détroit.

LANCASTER (Joseph), fondateur des écoles dites à la Lancastre, né en 1778 à Southwark, m. à New-York en 1838, était maître d’école à Londres dès 1798 et appliquait avec succès la méthode d’enseignement mutuel, lorsqu’André Bell, qui avait vu pratiquer cette méthode dans l’Inde, vint lui disputer l’honneur de l’invention. Lancaster, desservi par le clergé anglican parce qu’il était quaker, vit déserter son école et fut obligé, en 1816, de passer en Amérique, où il eut à lutter contre la misère. Il avait publié en 1803 un écrit qui a été trad. par le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, sous le titre de Système anglais d’instruction, Paris, 1815.

LANCASTRE. V. LANCASTER.

LANCELOT (dom Claude), religieux de Port-Royal, né à Paris en 1615, entra à Port-Royal en 1638, fut un des principaux fondateurs des Petites écoles de Port-Royal, au faubourg St-Jacques, y fut chargé de l’enseignement de la grammaire, et composa pour ses élèves plusieurs excellents ouvrages. Il partagea les persécutions dont les religieux de Port-Royal furent l’objet à cause de leur attachement au jansénisme et fut chassé avec eux de son monastère en 1660. Après avoir été précepteur du duc de Chevreuse et de deux princes de Conti, il se retira en 1673 à l’abbaye de St-Cyran, fut relégué en 1680 chez les Bénédictins de Quimperlé et y mourut en 1695. On a de lui : Nouv. méthode pour apprendre la langue latine (connue sous le nom de Grammaire latine de Port-Royal), 1644 ; Nouv. méthode pour apprendre la langue grecque (dite Grammaire grecque de Porl-Royal), 1655 ; le Jardin des racines grecques, 1657 (fait avec Sacy) ; Grammaire italienne, 1660 ; — espagnole, 1660 ; Grammaire générale et raisonnée, 1660 (rédigée d’après les idées d’Arnauld), réimprimée en 1756 avec des notes de Duclos, et en 1803 par Petitot ; une traduction de Phèdre, 1646 ; la Chronologie sacrée de la Bible de Sacy, etc. — Un autre dom Lancelot (Charles), 1711-1778, a trad. Longin, 1775. — Un 3e Lancelot, Antoine, 1675-1740, membre de l’Acad. des inscriptions, a fait un Abrégé de l’Hist. univ. de Cl. Delisle et a trad. les Amours de Daphnis et Chloé, 1731. Il avait rédigé un savant traité de la Géographie historique de la Gaule, qui est resté manuscrit.

LANCELOT, roi de Naples. V. LADISLAS.

LANCELOT DU LAC, héros d’un roman célèbre au moyen âge, qui fait suite au roman du St-Gréal et qui, écrit primitivement en latin par un anonyme, fut traduit au XIIe siècle en langue romane par Gautier Mapes, chevalier du roi. Ce paladin était fils de Ban, roi de Brucie, et fut élevé par la fée Viviane, la dame du Lac. Il fut un des 12 chevaliers de la Table Ronde, conçut une vive passion pour la belle Genièvre, femme du roi Arthur, et s’attira toutes sortes de malheurs pour avoir dédaigné la fée Morgane. Chrestien de Troyes a tiré de ce roman l’idée de son poëme de Lancelot de la Charette.

LANCEROTE, une des îles Canaries, au N. E. de Fortaventura : 53 kil. sur 22 ; 16 000 hab, ; ch.-l., Teguise. Sol volcanique, terrible éruption en 1730.

LANCIANO, Anxanum, v. d’Italie (Abruzze Cit.), à 20 kil. S. E. de Chieti ; 13 000 hab. Archevêché ; belle cathédrale ; pont de Dioclétien. Vins muscats.

LANCISI (J. Marie), savant italien, né à Rome en 1654, m. en 1720, étudia avec un égal succès la médecine, la chimie, la botanique et la géométrie ; fut médecin de l’hôpital du St-Esprit à Rome, professeur d’anatomie au collége de la Sapience (1684), médecin des papes Innocent XI et Clément XI. Il a publie des écrits estimés sur la médecine et l’histoire naturelle (rassemblés à Genève, 1718, 2 vol. in-4), et a légué à l’hôpital du St-Esprit une bibliothèque de 20 000 vol., à la condition qu’elle serait publique.

LANCRET (Nic.), peintre de genre, né en 1690, m. en 1743, fut reçu à l’Académie en 1719 sous le titre de Peintre des fêtes galantes. Il cultiva le genre un peu maniéré de Watteau, mais y déploya un talent réel, qui lui valut une grande vogue et fait encore aujourd’hui estimer ses tableaux.

LANDAFF, bg de la principauté de Galles (Glamorgan), à 4 kil. N. O. de Cardiff, sur le Taff ; 1200 hab. Anc. évêché, cathédrale en ruines.

LANDAIS (Pierre), grand trésorier de Bretagne, né à Vitré vers 1440, était fils d’un tailleur de Vitré et n’était d’abord lui-même qu’un simple ouvrier. Il devint valet de garde-robe du duc de Bretagne François II, se fit remarquer de son maître par ses talents, et fut rapidement élevé aux honneurs. Il administra le pays pendant 25 ans et rendit d’éminents services : il signa des traités de commerce avec l’Angleterre, le Portugal, les villes hanséatiques, l’Espagne, établit des manufactures de soieries, de tapisseries, noua des relations commerciales étendues jusque dans le Levant ; fit exécuter d’immenses constructions militaires, notamment au château de Nantes et sur plusieurs autres points de la province ; mais il eut bientôt pour ennemis les seigneurs bretons, jaloux de son crédit. Il se défit de quelques-uns et fit mourir en prison le chancelier Chauvin, ambassadeur du duc en France, qui était à leur tête ; mais le duc, voyant ses sujets prêts à se révolter, fut obligé de le sacrifier. Il fut livré à des juges, qui le condamnèrent, comme coupable de concussion et de meurtre, à être pendu : l’arrêt fut exécuté en 1485. Le véritable crime de Landais, aux yeux des seigneurs bretons, était d’avoir voulu préparer la réunion de la Bretagne à la France par le mariage du duc d’Orléans avec Anne, héritière de Bretagne. M. L. de Carné lui a consacré une intéressante monographie dans la Revue des Deux-Mondes (déc. 1860).

LANDAK, v. de l’île de Bornéo, à 100 k. N. E. de Pontiana, ch.-l. d’un petit roy. tributaire des Hollandais. Mines de diamants et d’or.

LANDAMMAN (pour land amtmann, bailli du pays), titre que prenait en Suisse le 1er magistrat des cantons d’Uri, Schwitz, Unterwalden, Glaris, Zug, Appenzell, St-Gall, Thurgovie, Tessin, Vaud, ainsi que le président de la diète helvétique. Ce titre a été généralement remplacé par celui de président.

LANDAU, v. de Bavière, sur la Queich, à 26 kil. S. O. de Spire ; 6800 hab. Ville très-forte ; citadelle construite par Vauban. Jadis v. impériale. Prise et reprise sous Louis XIV. Cédée à la France en 1680 (le traité de Bade lui en confirma la possession en 1714) ; assiégée vainement en 1793 et 1795 ; enlevée à la France en 1815. C’est auj. une forteresse fédérale.

LANDEN, bg de Belgique (Liège), à 37 kil. N. O. de Liége et à 33 de Huy ; 1200 hab. Pépin le Vieux dit de Landen, tige de la maison d’Héristal, y avait un palais et y mourut en 640. Église Ste-Gertrude. C’est près de là que fut livrée en 1693 la célèbre bataille de Nerwinde.

LANDENOLFE I, prince de Capoue de 884 à 887, avait été nommé évêque de Capoue en 879, bien qu’il fût marié et que le siége fût déjà occupé par un prince de sa famille. De là des guerres civiles, que le pape Jean VIII termina en partageant le diocèse et l’autorité épiscopale entre les deux concurrents. Quand il fut parvenu à la principauté (par la mort de son frère Pandolfe), il renonça à l’état ecclésiastique ; mais il fut bientôt détrôné par son parent Atenolfe. — L. II, prince de Bénévent et de Capoue, succéda à son frère Landolfe VI en 982, et fut assassiné en 993 par son frère Landolfe VII, qui lui succéda.

LANDERNEAU, ch.-l. de c. (Finistère), à 22 kil. N. E. de Brest, sur l’Élorn, qui a son emb. dans la rade de Brest; 6387 hab. Collége, hospices. Papier, toile; miel estimé, poisson sec. Prise en 1374 par le duc de Bretagne Jean IV.

LANDES, Syrtieus ager, anc. pays de France, jadis compris dans la Gascogne, à l'E. du pays des Marennes, et à l'O. de la Chalosse et du Marsan, sur l'une et l'autre rive de l'Adour. Il se divisait en quatre vicomtes, Dax, Tartas, Aorte ou Ortevielle et Albret (depuis duché). Il forme actuellement une partie du dép. des Landes. — Souvent on donne le nom de Landes à toute la lisière sablonneuse qui s'étend entre Bayonne et Bordeaux. Longtemps stérile, cette contrée a pu être fertilisée depuis que les dunes, mobiles jusque-là, ont été fixées par des plantations de pins (V. BRÉMONTIER). — Les habitants des Landes, étant dans la nécessité de traverser des sables et des marais, sont presque toujours montés sur des échasses.

LANDES (dép. des), dép. maritime, entre ceux de la Gironde au N., des Basses-Pyrénées au S., du Gers et de Lot-et-Garonne à l'E. : 9093 kil. carr.; 309 832 h.; ch.-l., Mont-de-Marsan. Il est formé du pays des Landes (en Gascogne) et de portions de la Chalosse, du Condomais, de la Guyenne et du Béarn. Fer, marbre, grès, pierres de taille, pierres meulières, lithographiques, terre à porcelaine, pouzzolane, bitume, tourbe, etc. Le pays, couvert de landes et de bruyères au N. et à l'O. de l'Adour, est cependant assez fertile au S. et à l'E. de cette rivière : grains, bons vins, safran, etc.; chevaux, porcs dits de bois (à chair fine), volaille, gibier. Industrie : exploitation des pins maritimes, des sapins et chênes-liéges qui couvrent les landes; hauts fourneaux, verreries, tanneries; toiles; jambons. — Ce dép. se divise en 3 arrond. (Mont-de-Marsan, Dax, St-Sever), 28 cantons et 333 communes; il appartient à la 13e div. militaire, ressortit à la cour impér. de Pau et forme le diocèse d'Aire.

LANDGRAVE (de l'all. land, terre, pays, et graff, comte), nom donné originairement à des comtes qui rendaient la justice au nom de l'empereur, puis à des princes souverains. En 1130, Louis III, possesseur de la Thuringe, prit le premier le titre de landgrave comme synonyme de souverain, exemple qui fut suivi par Thierry, comte de Basse-Alsace (1137), par Albert de Habsbourg, comte de Haute-Alsace (1186), et par plusieurs autres. Auj. il n'y a de landgraves que les princes de la maison de Hesse.

LANDIT, foire célèbre qui s'ouvrait jadis à Paris et à St-Denis le 1er lundi après le 11 juin, jour de la St-Barnabé. Cette foire est fort ancienne : on la fait remonter au temps de Charlemagne, qui l'aurait instituée d'abord à Aix-la-Chapelle, d'où elle aurait été transférée à St-Denis; elle fut régularisée en 1109. L'évêque de Paris en faisait l'ouverture avec solennité, et le recteur de l'Université s'y rendait en grande pompe, avec les régents et les écoliers des colléges de Paris : il venait lever un droit sur tout le parchemin exposé en vente, et faire la provision des colléges. Dès le commencement du XVIe s., l'évêque et le recteur cessèrent d'aller ouvrir le Landit; mais, jusqu'à la Révolution, les écoliers continuèrent de s'y rendre en partie de plaisir : le Landit n'était plus pour eux qu'un congé. On fait dériver le mot Landi ou Landit du latin locus indictus, c.-à-d. lieu indiqué, prescrit. Auj. le Landit n'existe plus que comme foire aux moutons : cette foire dure du 11 au 19 juin.

LANDIVISIAU, ch.-l. de c. (Finistère), à 23 kil. S. O. de Morlaix; 3304 hab. Toiles, tanneries.

LANDIVY, ch.-l. de c. (Mayenne), à 40 kil. N. O. de Mayenne; 2104 hab. Bestiaux et toiles.

LANDOLFE, nom de plusieurs princes lombards qui régnèrent à Capoue ou à Bénévent de 846 à 1077. L. I, prince de Capoue, se révolta en 840 contre le prince de Bénévent, et forma à Capoue une principauté indépendante. — L. III réunit en 910 les duchés de Capoue et de Bénévent, et conquit la Pouille sur les Grecs. — L. VIII régna sur Capoue dès 1050, fut chassé de cette ville par les Normands en 1062, et ne régna plus depuis que sur Bénévent. Il m. en 1077 : il fut le dernier des princes lombards de Bénévent.

LANDON (C. P.), peintre et littérateur, conservateur des tableaux du Musée du Louvre, né vers 1760, mort en 1826, a laissé, outre quelques tableaux estimés, plusieurs ouvrages utiles : Annales du Musée et de l'École moderne des Beaux-Arts, Paris, 1801-17, 29 v. in-8; Vies et Œuvres des peintres les plus célèbres, 1803-17, 22 v. in-4; Description historique de Paris et de ses édifices, avec un Précis historique par Legrand, 1806-9, 12 vol. in-8; Galerie des hommes les plus célèbres, contenant des portraits au trait et des notices, 1805-8, 13 vol. in-12; Recueil des ouvrages de peinture et de sculpture qui ont concouru pour les prix décennaux, 1816, in-8.

LANDRECIES, ch.-l. de c. (Nord), sur la Sambre, à 19 kil. O. d'Avesnes; 3720 hab. Place forte. Station du ch. de fer du Nord. Genièvre, chandelles, bouteilles; dépôt de charbon de Charleroi et d'ardoises de Fumay. — François I la prit en 1543 sur les Impériaux. Cédée à la France en 1659, elle fut fortifiée par Vauban. Elle resta au prince Eugène en 1712; fut prise par les Autrichiens en 1794, mais reprise la même année par les Français.

LANDRI ou LANDRY, seigneur de la cour de Chilpéric, roi de Neustrie, était l'amant de la reine Frédégonde, et tua Chilpéric à l'instigation de cette criminelle princesse (584). Maire du palais en Neustrie pendant la minorité de Clotaire II, fils de Chilpéric, il défendit ce prince contre son cousin Childebert, roi d'Austrasie, qu'il battit en 593.

LANDRI (S.), évêque de Paris sous Clovis II, signala sa bienfaisance dans la famine de 651, et fonda l'Hôtel-Dieu. On le fête le 10 juin.

LANDRIANO, vge d'Italie (Vénétie), à 15 kil. N. E. de Pavie; 2000 h. Les Impériaux, commandés par Antoine de Lève, y vainquirent les Français en 1529.

LANDSBERG, v. des États prussiens (Brandebourg), à 79 kil. N. E. de Francfort, sur la Wartha; 13 000 hab. Maison de détention, hospice d'aliénés. Papier, drap, lainages, cotonnades. Navigation active.

LANDSBERG, murée de Bavière, sur le Lech, à 50 kil. S. O. de Munich; 3000 hab. Jadis collége de Jésuites. Prise par les Français en 1646 et en 1800.

LAND'S-END (c.-à-d. fin de la terre), Bolerium prom., cap d'Angleterre (Cornouailles), forme l'extrémité S. O. de l'Angleterre.

LANDSER, jadis Lands-Ehre, c.-à-d. honneur du pays, bg d'Alsace-Lorraine, à 14 kil. N. E. d'Altkirch; 512 hab. Jadis ch.-l. d'une seigneurie qui appartenait à la maison de Habsbourg.

LANDSHUT, v. murée de Bavière (Hte-Bavière), à 60 kil. N. E. de Munich; 10 000 hab. Château dit le Bâtiment-Neuf; église de St-Martin dont le clocher a 152m; université longtemps célèbre (transférée en 1826 à Munich); biblioth., amphithéâtre, laboratoire chimique. Aux env., château de Trausnitz. Les Français ont pris Landshut en 1796, 1800, 1805 et 1809.

LANDSHUT, v. des États prussiens (Silésie), au confluent du Bober et du Zieder, à 45 kil. O. de Reichenbach; 4500 hab. Trib. Fondée en 1249. Laudon y battit en 1760 Frédéric II, prit et pilla la ville.

LANDSKRONA, v. de Suède, à 33 kil. N. de Malmæ, sur le Sund; 4000 hab. Citadelle, port excellent; station de la marine suédoise. Gants, savon, etc. Souvent prise et reprise par les Danois et les Suédois; elle appartient aux derniers, depuis 1677.

LANDSTURM et LANDWEHR, milices allemandes. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences.

LANFRANC, archevêque de Cantorbéry, né à Pavie en 1005, enseigna le droit à Bologne, à Pavie, puis à Avranches, et entra en 1042 dans l'abbaye du Bec, dont il fit bientôt une des écoles les plus célèbres pour les lettres et les études théologiques. Devenu conseiller intime du duc de Normandie Guillaume le Bâtard, il en obtint l'abbaye de St-Étienne de Caen, et fut promu à l'archevêché de Cantorbéry lorsque ce prince eut fait la conquête de l'Angleterre. Lanfranc contribua puissamment à répandre le goût des études dans ce pays encore barbare, bâtit des églises fonda, et dota des hôpitaux, et tint plusieurs conciles. Après la mort de Guillaume I, il couronna son fils Guillaume le Roux, alors âgé de 13 ans, et éclaira le jeune prince de ses conseils. Il mourut en 1089, universellement respecté. Lanfranc eut de vives disputes avec Bérenger sur la transsubstantiation. Ses Œuvres ont été publiées par dom Luc d'Achéry, Paris, 1648, et par Giles, Londres, 1848. M. Charma a donné une Notice sur Lanfranc, Paris, 1850.

LANFRANC, chirurgien de Milan, né vers 1250, s'expatria par suite des querelles des Guelfes et des Gibelins, vint à Paris vers 1295, y pratiqua la chirurgie avec le plus grand succès, et releva cet art, longtemps abandonné aux barbiers. Un collyre qu'il prescrivait contre les ulcérations de la gorge a gardé son nom. On a de lui Chirurgia magna et parva, Ven., 1490.

LANFRANC (Jean), peintre italien, élève des Carrache, né à Parme en 1581, mort en 1647, excellait à peindre les coupoles : ses peintures ont un grand relief. Le Musée du Louvre possède 4 de ses tableaux : Agar dans le désert, Saint Pierre, Saint Paul et Saint Augustin. Il a gravé à l'eau forte la Bible de Raphaël.

LANGE (Jean), jurisconsulte et philologue, de Freystadt, dans le duché de Teschen, 1503-67, a traduit en latin Nicéphore Calliste et S. Justin. — Joseph L., de Kaisersberg (Hte-Alsace), professeur à Fribourg en Brisgau, m. en 1630, a publié divers recueils de sentences et pensées : Adagia, Strasb., 1596; Florilegium, 1598; Polyanthea, 1600; Anthologia, 1615. Il a aussi donné des éditions de Martial, Juvenal et Perse. — Laurent L., Suédois au service de la Russie, fit par ordre du czar plusieurs voyages à Pékin de 1715 à 1736, et en donna d'intéressantes relations.

LANGEAC, ch.-l. de c. (Hte-Loire), à 28 kil. S. E. de Brioude; 3214 hab. Houille, antimoine, pierres meulières, etc. Beau pont sur l'Allier.

LANGEAIS, Alingania, Lingiacum, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), à 20 kil. N. E. de Chinon, près de la Loire; 1705 hab. Station du ch. de fer de Tours à Nantes; Vieux château bâti en 992, restauré au XIIIe s., par Pierre De Brosse. Toiles, tuileries, melons renommés. C'est dans cette ville que furent mariés Charles VIII et Anne de Bretagne (1491). La terre de Langeais appartint aux maisons d'Effiat et Du Bellay.

LANGEBECK (Jacques), savant danois, né à Skioldborg (Jutland) en 1710, m. en 1775, était membre des Académies roy. de Suède et de Copenhague, garde des archives du royaume, conseiller de justice et conseiller d'État. Il entreprit une Collection des écrivains danois du moyen âge, en latin, et en donna les 3 premiers vol. 1772-75; elle a été portée après lui à 9 volumes, 1776-1839.

LANGELAND (c.-à-d. longue terre), île du Danemark, entre celles de Seeland, Laaland et Fyen; 50 kil. sur 10; 12 000 hab.; ch.-l. Rudkiœbing.

LANGENBOURG, v. du roy. de Wurtemberg (Iaxt), à 22 kil. N. E. de Hall; 900 h. Résidence des princes de Hohenlohe-Langenbourg.

LANGENSALZA, v. des États prussiens (Saxe), à 26 kil. N. O. d'Erfurt, sur la Salza; 9000 h. Soc d'agriculture, établissement d'instruction; soieries, lainage, etc.; grains, eau-de-vie; commerce de transit avec Lubeck, Hambourg, Brême. — Les Prussiens y défirent en 1760 les Français et les Saxons.

LANGEY. V. LANGEAIS et DU BELLAY.

LANGIUS. V. LANGE.

LANGLÉ (Franç. Marie), compositeur, né en 1741 à Monaco, d'une famille française, mort en 1807, fut l'élève de Léo (à Naples), vint à Paris en 1764, se fit remarquer par des morceaux composés pour les concerts spirituels, devint en 1784 professeur à l’École royale de chant et de déclamation, forma des élèves distingués, entre autres Dalayrac, et fit la musique de plusieurs opéras, dont le plus connu est Corisandre, 1791. On lui doit un Traité d'Harmonie, 1797, et un Traité de la Fugue, 1805. — Son fils, Ferdinand Langlé, né en 1798, s'est fait connaître comme un de nos plus spirituels auteurs dramatiques.

LANGLÈS (L. Matthieu), orientaliste, né en 1763, mort en 1824, étudia profondément la plupart des langues de l'Orient, devint professeur de persan et de malais à l'école spéciale des langues, à Paris, et conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque royale. Il a traduit les Instituts politiques et militaires de Tamerlan, 1787; des Fables et Contes indiens, 1790; a publié le Dictionnaire tartare et français qu'avait rédigé le P. Amiot, 1790, les Monuments de l'Indostan, 1821, et une foule d'autres savants ouvrages sur les langues orientales.

LANGLEY (Edmond de). V. YORK.

LANGLOIS (Eustache Hyacinthe), peintre, dessinateur, graveur et antiquaire, élève de David, né en 1777 au Pont-de-l'Arche, m. en 1837, s'occupa avec passion de l'archéologie. On a de lui : Monuments, sites et costumes de la Normandie; La Calligraphie des manuscrits du moyen âge; Description historique des maisons de Rouen; Mémoire sur la peinture sur verre; Notice sur le tombeau des Énervés et sur l'abbaye de Jumiéges; l'Abbaye de St-Wandrille; Essai sur les Danses des morts (posthume). — Jér. Martin Langlois, peintre d'histoire, membre de l'Institut, né à Paris en 1779, m. en 1838, a laissé : Cassandre au pied de la statue de Minerve, 1817; Alexandre cédant Campaspe à Apelles, 1817; Diane et Endymion, etc. — Un 3e peintre du nom de Langlois, Jean Charles, anc. colonel d'état-major, né en 1789, s'est illustré comme peintre de batailles, a perfectionné les panoramas et a exécuté en ce genre les Batailles de la Moskowa, d'Eylau, des Pyramides, le Combat de Navarin, etc., qui ont attiré la foule.

LANGLOIS (Sim. Alex.), orientaliste, né à Paris en 1788, m. en 1854, parcourut les divers degrés de l'enseignement public, et devint inspecteur de l'Académie de Paris. Profondément versé dans l'étude du sanscrit, il fut élu en 1835 membre de l'Académie des inscriptions. On a de lui : Monuments littéraires de l'Inde, 1827, où l'on trouve un tableau de la littérature sanscrite; Chefs-d'œuvre du théâtre indien, trad. de l'anglais de Wilson, 1828; le Rig-Véda ou le Livre des hymnes, trad. du sanscrit, 1849-52.

LANGOBARDI, peuple ancien. V. LOMBARDS.

LANGOGNE, ch.-l. de c. (Lozère), près des sources de l'Allier et à 49 kil. N. E. de Mende ; 2387 h. Petit séminaire. Martinets à cuivre.

LANGON, Alingo, ch.-l. de c. (Gironde), à 14 k. N. de Bazas; 2854 h. Charmante position. Bons vins, dits de Grave. Pont suspendu sur la Garonne.

LANGRES, Andomatunum, puis Lingones, ch.-l. d'arr. (Hte Marne), à 35 kil. S. E. de Chaumont, sur une montagne, près de la Marne; 7848 hab. Évêché. Trib. de 1re instance; collége, séminaire. Citadelle très-forte; enceinte fortifiée. Cathédrale, belle promenade de Blanche-Fontaine; bibliothèque; coutellerie renommée, vinaigres, bougies. Commerce de meules d'émouleur et de pelleteries. Patrie de Sabinus et d'Éponine, de Barbier d'Aucour, de Diderot, du poëte comique Roger, de St-Allais. — Langres est une v. très-ancienne. Capit. des Lingones, elle devint florissante sous les Romains. Prise et brûlée par les Vandales (407), puis par Attila (551), elle fit ensuite partie du roy. de Bourgogne et devint ch.-l. d'un comté particulier. Hugues III, duc de Bourgogne, la donna à Gautier, son oncle, évêque de Langres, en faveur duquel elle fut érigée en duché-pairie par Louis VII; elle obtint une charte de commune en 1153. Elle se déclara contre la Ligue au XVIe siècle et fut occupée par les alliés en 1814. Ses fortifications, qui datent de 1362, ont été plusieurs fois ruinées et relevées. Elles ont été rétablies en dernier lieu en 1842.

LANGSIDE, vge d’Écosse (Renfrew), à 3 k. S. de Glasgow. Les troupes de Marie-Stuart y furent défaites par le comte de Murray (1568). C'est après cette bat. que Marie s'embarqua pour l'Angleterre.

LANGTON (Étienne), prélat anglais, étudia à l' Université de Paris, et devint chancelier, cardinal et archevêque de Cantorbéry (1207); il se déclara contre Jean sans Terre, et se joignit à la noblesse pour obtenir de lui la Grande-Charte (1215). Il mourut en 1228. On a de lui une Histoire de la translation du corps de Thomas de Cantorbéry, Bruxelles, 1683.

LANGUEDOC, Occitania, anc. grand-gouvt de la France, le plus vaste après celui de Guyenne-et-Gascogne, avait pour bornes : au N. le Forez, le Lyonnais et l'Auvergne; au S. le Roussillon et le comté de Foix; au S. E. la Méditerranée, à l'E. le Rhône qui le séparait de la Provence et du Dauphiné; à l'O., le Rouergue avec le Quercy, l'Armagnac, le Comminges et le Conserans; capit. Toulouse. On distinguait : 1° le Languedoc propre, qui se subdivisait lui-même en Bas-Languedoc (diocèses d'Uzès, de Nîmes, d'Alais, de Montpellier); Ht-Languedoc (diocèses de Toulouse, Comminges languedocien, Lauraguais, Sault, Carcassez, Rasez); Littoral (diocèses d'Agde, de Béziers, de Narbonne); 2° les provinces annexes : Vivarais, Vélay, Gévaudan, Albigeois et Quercy languedocien. Ce pays forme aujourd'hui les dépts de l'Ardèehe, de l'Aude, du Gard, de la Hte-Garonne, de l'Hérault, de la Hte-Loire, de la Lozère et du Tarn. Il est traversé par une chaîne de montagnes à peu près parallèles au cours du Rhône et aux côtes de la Méditerranée, qui comprend les Cévennes et les monts du Vivarais; il est arrosé par une partie de la Loire, du Rhône et de la Garonne, par l'Ardèche, l'Ouvèze, le Gard, l'Allier, le Lot, le Tarn, l'Aude, l'Orb, l'Hérault. Climat varié suivant les hauteurs, chaud et délicieux en approchant de la mer. Grande fertilité, plantes du midi dans les lieux bas, pâturages et belles forêts dans les montagnes; vignobles excellents (Frontignan, Lunel, etc.); eaux-de-vie renommées. — Le Languedoc correspond en grande partie à la Narbonnaise 1re des Romains (V. NARBONNAISE), appelée plus tard Septimanie (V. ce nom). Les Visigoths, qui s'en emparèrent au Ve siècle, lui donnèrent le nom de Gothie. Dans le VIIIe siècle les Sarrasins l'occupèrent un instant; mais ils en furent chassés par Charles Martel, Pépin et Charlemagne. Le Languedoc forma dès lors sous la domination des Francs le duché de Septimanie, qui devint bientôt indépendant; il se confondit au Xe s. avec le comté de Toulouse (V. TOULOUSE). A la suite de la croisade contre les Albigeois, Amaury de Montfort, à qui le comté avait été dévolu, le céda au roi de France Louis VIII, et cette cession fut confirmée en 1229 par un traité entre Raymond VII et S. Louis. Ce dernier mit son frère Alphonse en possession du Languedoc; mais Alphonse étant mort sans enfants, la province fut réunie à la couronne par Philippe le Hardi (1271). C'est surtout à partir de cette époque que l'on désigna cette province sous le nom de Languedoc, nom qui s'étendait d'abord à tous les pays où l'on parlait la langue d’oc (ou langue toulousaine) par opposition aux pays situés au nord de cette contrée et où l'on parlait la langue d’oïl (ces deux mots oc et oïl sont les deux manières dont s'exprimait le mot oui dans les deux langues). L’Histoire générale du Languedoc a été écrite par dom Vaissette et dom Bourotte, 1730-35.

LANGUEDOC (Canal du). V. MIDI (Canal du).

LANGUE D'OÏL. V'. la fin de l'art. LANGUEDOC.

LANGUET (Hubert), diplomate et publiciste, né en 1518 à Vitteaux (Bourgogne), m. en 1581, passa de bonne heure en Allemagne, s'y lia avec Camerarius et Mélanchthon et embrassa la Réforme. L'électeur de Saxe l'employa dans plusieurs négociations et l'envoya en France. Il se trouvait à Paris à l'époque de la St-Barthélemy, et sauva plusieurs victimes au péril de sa vie. On a de lui un traité devenu célèbre à cause de la hardiesse des idées : Vindiciæ contra tyrannos, publié sous le nom de Junius Brutus, 1579 (trad par François Étienne, sous ce titre : De la puissance légitime du prince, Bâle, 1581) : il y discute les cas où l'insurrection devient légitime. M. H. Chevreul a publié H. Languet, étude sur le XVIe siècle, Paris, 1856.

LANGUET DE GERGY (J. B. Joseph), curé de St-Sulpice, né à Dijon en 1675, m. à Paris en 1750, obtint sa cure en 1714 et fit achever l'église de St-Sulpice dont la construction, commencée en 1646 par le curé Olier (V. ce nom), avait été interrompue pendant plus de 50 ans. Il réussit à rassembler les fonds nécessaires à cette grande entreprise, en stimulant le zèle de ses riches paroissiens et en employant même quelquefois d'ingénieux subterfuges. Les constructions furent achevées en 1745. Languet se fit chérir par son inépuisable charité et par ses bonnes œuvres. — Son frère, J. Joseph L., 1677-1753, évêque de Soissons (1715), puis de Sens (1730), prit une part fort active aux querelles religieuses de l'époque, et fut grand adversaire des Jansénistes. On a de lui, entre autres écrits une Vie de Marie Alacoque. Il était de l'Académie française; Buffon, qui lui succéda, ne dit pas un mot de lui dans son discours de réception.

LANJUINAIS (J. Denis), député et pair de France, né à Rennes en 1753, mort à Paris en 1827, fut reçu avocat par dispense d'âge à 18 ans, obtint au concours la chaire de droit ecclésiastique à Rennes à 21 ans, fut élu en 1789 député du Tiers aux États généraux, prit une part active aux délibérations de l'assemblée, et travailla surtout à la rédaction de la constitution civile du clergé; cependant il parla contre le décret qui déclarait tous les biens du clergé biens nationaux. Porté à la Convention en 1792, il y lutta courageusement contre les Jacobins, s'éleva avec force contre les massacres de septembre, et réclama pour Louis XVI, lors du procès du roi, les garanties dues à tout accusé. Il fut lui-même décrété d'accusation et mis en état d'arrestation; mais parvint à s'échapper et se réfugia à Rennes, où il resta caché 18 mois. Rappelé à la Convention en 1795, il en fut nommé président. En l'an IV, il fut porté au Conseil des Anciens par 73 départements; par une singulière vicissitude, il ne fut pas renommé l'année suivante. Il fut appelé au Sénat en 1800, s'y prononça contre le consulat à vie, et n'en fut pas moins créé plus tard comte de l'empire. En 1814, il adhéra à la déchéance de Napoléon, et fut nommé pair par Louis XVIII. Lanjuinais se montra constamment l'adversaire des privilèges et le défenseur des libertés publiques. Dans les affaires ecclésiastiques, dont il s'occupa surtout, il porta l'esprit janséniste dont il était imbu. Ses Œuvres complètes forment 4 vol. in-8, Paris, 1832. Ses Constitutions de la nation française (1819) étaient l'ouvrage le plus complet qui eût paru jusque-là sur notre droit constitutionnel. — Son second fils, Victor (1801-1872) fut ministre de l'agriculture sous la présidence de L. Napoléon (juin-octobre 1849), puis député au Corps législatif.

LANMEUR, ch.-l. de c. (Finistère), à 16 kil. N. E. de Morlaix ; 2693 hab. Commerce de grains.

LANNEAU (P. A. Victor de), célèbre instituteur, né en 1758, à Bard, près de Semur (Côte-d'Or), d'une famille noble de Bourgogne, mort en 1830, entra dans la congrégation des Théatins, fut principal du collége de Tulle, puis vicaire épiscopal à Autun (1791), devint maire de cette ville, fut élu en 1794 député suppléant à l'Assemblée législative, vint alors se fixer à Paris, remplit quelque temps les fonctions de sous-directeur au Prytanée (auj. lycée Louis-le-Grand), et fonda en 1798, dans les bâtiments alors abandonnés de l'ancien collége Sainte-Barbe, une institution qui devint bientôt et qui est encore aujourd'hui la plus florissante de la capitale. Inquiété sous la Restauration parce qu'il s'était marié (quoiqu'il ne l'eût fait qu'avec autorisation du pape), il se vit obligé de mettre son établissement sous un nom emprunté. Lanneau avait su à la fois se faire chérir et respecter de ses élèves. Les Barbistes ont, après sa mort, formé entre eux une association qui a pour but de continuer son œuvre en faisant prospérer la maison qu'il a fondée. Il a laissé quelques ouvrages classiques et uns intéressante Correspondance, dont une partie a été publiée par un de ses fils, M. Eugène de Lanneau (Paris, 1851, in-8). M. L. Quicherat a publié une Notice sur V. de Lanneau.

LANNEMEZAN, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), à 26 k. N. E. de Bagnère de Bigorre. près de la source du Gers, 1369 hab.

LANNES (Jean), duc de Montebello, l’un des plus intrépides généraux français, né en 1789 à Lectoure (Gers), était fils d’un simple garçon d’écurie, et apprit d’abord l’état de teinturier. Il s’enrôla en 1792 comme volontaire, obtint par son courage un avancement rapide, fut nommé colonel dès 1795, se signala surtout en Italie, où il servit sous Bonaparte, fut fait général de brigade en 1797, et eut une part brillante à la prise de Mantoue et à la bataille d’Arcole. Il accompagna Bonaparte en Égypte, revint avec lui et le seconda au 18 brumaire. Envoyé de nouveau en Italie en 1800, il se couvrit de gloire à Montebello, et quelques jours après contribua puissamment à la victoire de Marengo. Napoléon, dès qu’il fut sur le trône, le créa maréchal de l’Empire et duc de Montebello. Dans la campagne d’Allemagne (1805-1806), Lannes commanda l’avant-garde et rendit les plus grands services dans les batailles d’Austerlitz, d’Iéna, d’Eylau, de Friedland ; mais il fut blessé mortellement à celle d’Essling (22 mai 1809), et expira peu de jours après, après avoir été amputé des deux jambes. Son corps fut transporté au Panthéon. Son courage bouillant l’avait fait surnommer Lannes l’Ajax, le Roland moderne. Lectoure lui a élevé une statue. Le maréchal Lannes a laissé deux fils : Napoléon L., duc de Montebello (1801-1874), créé pair de France par Louis XVIII en 1815, et qui fut successivement ambassadeur en Suisse, à Naples et à St-Pétersbourg, ministre des affaires étrangères (1839) et de la marine (1847) ; et Gustave L., né en 1804, général de division et aide de camp de Louis-Napoléon pendant sa présidence et depuis l’Empire.

LANNILIS, ch.-l. de c. (Finistère), à 25 kil. N. de Brest ; 3094. Poteries de terre.

LANNION, Alauna, ch.-l. d’arr. (Côtes-du-Nord), sur le Guer, près de son emb. dans la Manche, et à 75 k. N. O. de Saint-Brieuc ; 6213 h. Collége. Grains, bestiaux et chevaux. Eaux minérales.

LANNOY, Alnetum, ch.-l. de c. (Nord), à 12 k. E. de Lille ; 1600 hab. Jadis ville forte ; souvent prise et reprise. À la France depuis 1667.

LANNOY (Ch. de), d’une des plus illustres maisons de Flandre, né vers 1470, se distingua au service de l’Autriche sous les règnes de Maximilien I et de Charles-Quint ; fut nommé gouverneur de Tournay en 1521, vice-roi de Naples en 1522, eut le commandement général des armées impériales après la mort de Prosper Colonna, en 1523, et s’immortalisa à la journée de Pavie, où François I fut vaincu et fait prisonnier (1525) : le roi ne voulut rendre son épée qu’à lui. Lannoy mourut à Gaëte en 1527. — Son fils, Ferdinand de Lannoy, 1510-79, fut à la fois un militaire et un savant distingué : on lui doit de bonnes cartes de la Bourgogne et de la Franche-Comté ; on lui attribue l’invention des pièces de montagnes.

LA NOUAILLE, ch.-l. de c. (Dordogne), à 50 kil. S. E. de Nontron ; 604 hab. Forges.

LA NOUE (François de), dit Bras de fer, fameux capitaine calviniste, né en Bretagne en 1531, fit d’abord la guerre en Italie et dans les Pays-Bas. Quand les guerres de religion eurent commencé en France, il se mit à la tête d’un parti de Calvinistes, prit Orléans et Saumur en 1567, et fut chargé du commandement de La Rochelle. Ayant tenté d’amener les Rochelois à rester en paix avec la cour (1572), il devint suspect à ses coreligionnaires, et se vit obligé de passer dans le camp du duc d’Anjou ; il préserva ce prince d’un complot formé contre lui par le duc d’Alençon. Mais il se réconcilia bientôt avec le parti réformé, fit de La Rochelle une place redoutable, servit Henri III et le roi de Navarre, réunis contre la Ligue, et battit le duc d’Aumale. Envoyé par Henri IV avec le titre de lieutenant général contre le duc de Mercœur en Bretagne, il fut blessé mortellement au siége de Lamballe en 1591. On a de La Noue des Discours politiques et militaires, Bâle, 1587, in-4 ; des Mémoires, qui renferment des faits intéressants, et qui se trouvent dans les collections Petitot et Michaud ; et des Remarques sur l’Histoire de Guichardin, en marge de la traduction française de Chomedey, Paris, 1568. Ses Lettres ont été publiées par M. Kerwyn de Volkerbeke, Gand, 1854. — Son fils, Odet de La Noue, servit sous Henri IV ; c’est à lui que Henri dit un jour : « La Noue, il faut payer ses dettes, je paye bien les miennes ; » et en même temps ce bon roi lui remit de riches pierreries.

LANOUE (Jean SAUVÉ, dit), acteur et auteur, né à Meaux en 1701, mort en 1761, débuta dans la tragédie à Fontainebleau en 1742, fut reçu au Théâtre-Français ; fit représenter en 1746, pour le mariage du dauphin, Zélisca, comédie-ballet, qui réussit, obtint la place de répétiteur des spectacles des petits appartements et la direction du théâtre du duc d’Orléans à St-Cloud. On a de lui, outre Zélisca, les Deux Bals, 1734 ; le Retour de Mars, pièce de circonstance, 1735 ; Mahomet II, tragédie, 1739 ; la Coquette corrigée, comédie. 1755 : c’est le meilleur de ses ouvrages. Ses Œuvres ont été publiées à Paris, 1765.

LANSDOWNE (G. GRANVILLE, vicomte de), V. GRANVILLE.

LANSLEBOURG, ch.-l. de c. (Savoie), arr. de St-Jean de Maurienne ; 1600 hab. C’est là que commence l’ascension au Mont-Cenis.

LANSQUENETS (de l’allemand lands-knecht, serviteur de la terre). On appelait ainsi dans l’origine les valets d’armée qui accompagnaient les retires ou cavaliers allemands ; ces hommes formèrent dans la suite des bandes de soldats mercenaires, presque tous allemands. Maximilien I les organisa en corps réguliers. Charles VIII et Louis XII ont presque toujours eu des lansquenets dans leurs armées. Ils disparurent après la formation des armées permanentes ; cependant Henri IV en avait encore à Ivry, en 1590.

LANTA, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 22 kil. N. de Villefranche ; 1710 hab.

LANTARA (Sim. Mathurin), peintre français, né en 1729 au village d’Oncy (Seine-et-Oise), avait reçu de la nature un grand talent ; mais son goût pour la paresse et la débauche l’empêcha de le porter aussi haut qu’il l’aurait pu : il vécut dans l’indigence, passant la plus grande partie de son temps au cabaret, et mourut à l’hôpital de la Charité à Paris en 1778, âgé de moins de 50 ans. Il peignait le paysage, et excellait surtout à représenter les différentes heures du jour : sous ce rapport il rappelle Claude Lorrain. Ses œuvres les plus connues sont : la Rencontre fâcheuse, le Pêcheur amoureux, l’Heureux baigneur, la Nappe d’eau, etc. Sa Biographie a été écrite par B. de La Chavignerie, 1852.

LANTIER (Ét. Fr.), écrivain, né en 1734 à Marseille, m. en 1826, servit dans la cavalerie, puis quitta les armes pour les lettres, et passa la plus grande partie de sa vie à Paris dans la société des gens de lettres et des femmes d’esprit. On a de lui quelques comédies (le Flatteur et l’Impatient, 1778), ainsi que de jolis contes en vers et en prose ; mais il est surtout connu par son Voyage d’Anténor en Grèce et en Asie, 1798, 3 vol. in-8, souvent réimprimé. Ce roman, qui l’a fait justement surnommer l’Anacharsis des boudoirs, est une espèce de supplément à l’ouvrage de Barthélemy, mais il est lien inférieur ; l’auteur y a traité surtout de la partie galante et licencieuse des mœurs grecques. Il a paru à Paris en 1836 une édit. compacte des Œuvres de Lantier, gr. in-8 à 2 col.

LANUVIUM, auj. Civita di Lavigna, v. du Latium, à 24 kil. S. de Rome, à droite de la voie Appienne. Junon Sospita y était particulièrement adorée. Ses habitants reçurent des Romains le droit de cité, mais ils gardèrent en même temps leurs coutumes du temps de Cicéron, ils nommaient encore un dictateur. Patrie d’Antonin le Pieux.

LANVOLLON, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 24 kil. N. O. de St-Brieuc ; 1094 h.

LANZI (l’abbé Louis), savant jésuite italien, né en 1732 à Monte-del-Olmo, près de Macerata, mort à Florence en 1810, était conservateur de la galerie de cette ville. C’est un des plus grands archéologues et des plus habiles philologues de l’Italie. On lui doit le Cabinet étrusque de Florence, qu’il disposa dans un ordre admirable, et 28 ouvrages estimés, dont les principaux sont : Saggio di lingua etrusca, e di altre antiche d’Italia, Rome, 1789 ; De' vasi antichi dipenti, chiamati etruschi, Florence, 1806 ; Storia pittorica della Italia, 1795 (4° édit., 1815), trad. en fr. en 1824 ; Sculptura degli antichi, 1824 (2e éd.), avec la Vie de l’auteur, par Inghirami. Ses Opere postume ont été publiées par Boni, Florence, 1817.

LAOCOON, fils de Priam et d’Hécube, était grand prêtre d’Apollon. La veille de la ruine de Troie, il s’opposa à ce que le cheval de bois construit par les Grecs fût introduit dans les murs, et le frappa d’un javelot. Le jour même, tandis qu’il faisait un sacrifice, il fut étouffé avec ses deux fils, Antiphatès et Thymbréus, par deux énormes serpents. Cette fin tragique passa pour une vengeance de Minerve. La mort affreuse de Laocoon a fourni à Virgile le sujet d’un des plus beaux passages de l’Énéide (livre II, 201-227) ; c’est aussi le sujet d’un des plus beaux groupes que nous ait légués l’antiquité. Ce groupe avait été commandé par Titus aux trois sculpteurs, Agésandre, Polydore et Athénodore : il a été retrouvé à Rome en 1506, dans les bains de Titus. Il est auj. au Vatican.

LAODAMIE, fille d’Acaste et d’Astydamie, avait épousé Protésilas, qui fut tué au siége de Troie. Dans sa douleur, elle fit faire une statue qui lui ressemblait, et dont elle ne voulut plus se séparer. Cette statue lui ayant été enlevée pour être livrée aux flammes, elle se brûla elle-même dans le bûcher.

LAODICE, femme d’Antiochus, un des lieutenants de Philippe, fut mère de Séleucus Nicator, roi de Syrie après la mort d’Alexandre. — Sœur et femme d’Antiochus Théos, dont elle eut Séleucus Callinicus et Antiochus Hiérax. Elle fut répudiée en faveur de Bérénice, princesse égyptienne. Reprise bientôt après par ce prince, elle fit périr et son époux et sa rivale pour assurer la couronne à son fils Séleucus. Ptolémée Évergète, roi d’Égypte, la fit mourir, 240 av. J.-C.

LAODICÉE, Laodicea, nom commun à plusieurs v. de l’Asie ancienne, qui le prirent de diverses princesses du nom de Laodice, leurs fondatrices ou leurs bienfaitrices. La principale, Laodicea ad Lycum, d’abord Diospolis, puis Rhoas, auj. Eski-Hissar, était en Phrygie, au S. O., sur le Lycus, à sa jonction avec le Méandre ; elle était célèbre par ses laines et son commerce. Fondée par Laodice, sœur d’Antiochus Théos, elle fut renversée par un tremblement de terre l’an 65 de J.-C. Rebâtie par Marc-Aurèle, elle devint le ch.-l. de la Grande-Phrygie sous Constantin. Il s’y tint un concile en 362. Elle fut prise par les Turcs en 1255 et ruinée par Tamerlan en 1402. — Les plus connues, après celle-ci, furent : 1° L. Combusta, auj. Lodik, en Lycaonie, sur un lac au N. O. d’Iconium, dans un terrain volcanique ; — 2° Laodicea ad mare, auj. Latakieh, en Syrie (Séleucide), près du mont Bélus et de la mer ; vins exquis ; ruines magnifiques. Fondée en l’honneur de Laodice, mère de Séleucus Nicator ; — 3° L. Scabiosa ou ad Libanum, auj. Jouschia, dans la Syrie méridionale, entre le Liban et Héliopolis ; ch.-l. d’un canton qui prenait de cette ville le nom de Laodicène.

LAOMÉDON, roi de Troie, fils d’Ilus et père de Priam et d’Hésione, n’est célèbre que par sa mauvaise foi. Neptune et Apollon, chassés du ciel, l’avaient aidé à relever les murs de sa ville ; mais l’ouvrage terminé, Laomédon leur refusa le salaire convenu. Apollon se vengea de cette perfidie par la peste, et Neptune par une inondation. L’oracle consulté répondit que les dieux ne pouvaient être apaisés qu’en exposant Hésione à un monstre marin. Hercule promit de tuer le monstre, à condition que Laomédon lui accorderait 12 de ses plus beaux chevaux ; mais après la victoire d’Hercule, Laomédon se rétracta encore. Alors le héros indigné fit le siége de Troie, la prit et tua le roi avec tous ses fils, à l’exception de Priam, qu’il mit sur le trône à sa place.

LAON, Bibrax ou Lugdunum Clavatum, Laudunum au moyen âge, ch.-l. du dép. de l’Aisne, à 131 kil. N. E. de Paris par la route de Soissons, à 176 k. par le ch. de fer, sur le sommet d’une montagne ; 8114 hab. Ville murée, avec 6 faubourgs ; citadelle importante. Cathédrale du XIIe siècle. Tribunal, collége ; bibliothèque, dépôt de mendicité. Quelque industrie et commerce : grains, cuirs, légumes ; artichauts renommés. Patrie de Méchain et de Sérurier. — Jadis évêché. Résidence et dernière possession des Carlovingiens : Louis d’Outre-mer y fut couronné en 936 ; il y fut enfermé en 944 par Hugues le Grand. Laon eut dès 1128 une charte de commune, qui fut supprimée en 1332. Ville plusieurs fois assiégée par les Armagnacs et les Bourguignons, livrée aux Anglais en 1419 par le duc de Bourgogne, prise par Henri IV en 1594. Combat entre Napoléon et Blücher les 9 et 10 mars 1814. Prise de Laon par les Allemands, explosion de la citadelle (6 sept. 1870).

LAONNAIS, pays de l’Ille-de-France, au N. E. Villes : Laon, Crépy-en-Laonnais, Corbigny, Coucy, N.-Dame-de-Liesse. Auj. partie du dép. de l’Aisne.

LAOS, v. de l’Italie anc., sur la côte de Lucanie, à l’emb. de la petite riv. de Laos dans le golfe de Laos (auj. golfe de Policastro).

LAOS (Roy. de), ancien roy. de l’Inde transgangétique, entre 15° et 19° lat. N., borné par le Tonquin et la Cochinchine à l’E., par le pays de Siam à l’O., est auj. divisé entre 3 grandes monarchies : les Birmans, l’Annam et le Siam. Le Laos birman, entre le Birma et le Salouen, est le plus important : il a pour ch.-l. Leng. Le Laos siamois, très-peu connu, comprend le roy. de Zimé et le N. de celui des Lanjans (ch.-l. Zimé, Langione). Le Laos annamitique se décompose en royaume du Petit-Laos, ch.-l., Hannieh ; roy. de Tieng, ch.-l. Tierig-may, et roy. des Lanjans méridionaux, ch.-l. Sandapoura.

LAO-TSEU, philosophe chinois, un peu antérieur à Confucius, vivait vers 600 av. J.-C. Il enseignait la métempsycose, et prétendait comme Pythagore se rappeler les différents corps d’hommes et de bêtes dans lesquels son âme avait successivement habité. Il est l’auteur d’un livre célèbre que les Chinois mettent au nombre de leurs livres sacrés, Tao-te-King (la raison primordiale), et le fondateur d’une secte nommée Tao-Tsée, rivale de celle de Confucius, et qui compte, dit-on, cent millions d’adeptes (V. TAO). Le Tao-te-King a été traduit en français par M. Stanislas Julien, Paris, 1842. M. Abel Rémusat avait-déjà traduit un des principaux livres de cette secte, le Livre des récompenses et des peines, Paris, 1816. Le même auteur a aussi donné, des Mémoires sur la vie et les opinions de Lao-Tseu, 1823.

LA PACAUDIÈRE, ch.-l. de c. (Loire), à 24 kil. N. O. de Roanne ; 2642 hab.

LA PALICE ou LA PALISSE, Palacia, ch.-l. d’arr. (Allier), sur la Bèbre, à 51 kil. S. E. de Moulins (à 59 kil. par ch.de fer) ; 2665 hab. Vieux château. Commerce de chanvre, toiles, etc. Cette ville a donné son nom aux sires de La Palice.

LA PALICE (Jacques DE CHABANNES, seigneur de), maréchal de France, gouverneur du Bourbonnais, de l’Auvergne, du Forez, du Beaujolais, du Lyonnais, suivit Charles VIII à la conquête de Naples, prit part aux diverses expéditions de Louis XII en Italie, se signala surtout dans la campagne de 1512 contre les confédérés de la Ste Ligue ; fut pour beaucoup dans le gain de la bataille de Ravenne ; évacua les provinces vénitiennes en bon ordre, laissant des garnisons à Peschiera, Legnago, Bergame, Brescia, Crémone; fut pris en 1513 à la 2e bataille de Guinegate, mais eut le bonheur de s'échapper; se trouva en 1515 à la prise de Villefranche et à la bataille de Marignan, en 1522 à la journée de la Bicoque; secourut Fontarabie, fit lever le siége de Marseille, et périt glorieusement en 1525 à la bataille de Pavie, livrée contre son avis.

LA PALICE (LA GUICHE, comte de). V. LA GUICHE.

LA PAUSE (J. DE PLANTAVIT de), savant, né en 1576, dans le Gévaudan, d'une famille protestante, mort en 1651, abjura de bonne heure, reçut les ordres, fut employé par Paul V dans ses relations avec Venise, devint aumônier de Marie de Médicis, puis d’Élisabeth de France; fut nommé évêque de Lodève, prit une part très-active à la révolte de Gaston et de Montmorency, mais échappa à la mort et se renferma depuis ce temps dans les travaux littéraires. On lui doit un grand Dictionnaire hébréo-chaldaïco-rabbinique, 1644-45, 3 vol. in-fol.

LA PAZ. V. PAZ et AYACUCHO.

LA PÉROUSE ou LA PEYROUSE (J. Fr. GALAUP de), navigateur, né en 1741 à Albi, devint en 1780 capitaine de vaisseau après plusieurs campagnes. Envoyé en 1782 en Amérique pour détruire les établissements anglais de la baie d'Hudson, il réussit dans cette mission périlleuse. Il fut en 1785 chargé par Louis XVI d'un voyage de découverte : il partit de Brest avec les frégates la Boussole et l'Astrolabe; déjà il avait visité les côtes de la Tartarie, du Japon et de la Nouv.-Hollande, lorsqu'en 1788 on cessa entièrement d'avoir de ses nouvelles. On fit, mais en vain, plusieurs voyages dans le but de rechercher ses traces, et on désespérait de les découvrir, lorsqu'en 1827 le hasard fit rencontrer par le capitaine anglais Dillon les débris de ses vaisseaux dans une des îles Vanikoro. En 1828, Dumont d'Urville, en visitant les lieux, acquit la certitude que La Pérouse avait péri sur les récifs qui entourent l'île Vanikoro. La relation du voyage de La Pérouse, par Milet de Mureau, a été publiée en 1797, 4,vol. in-4.

LA PÉROUSE (Gabriel ROCHON de), général français, fut mis en 1733 à la tête de l'expédition destinée à soutenir les droits de Stanislas au trône de Pologne : il tenta de délivrer ce prince, assiégé par les Russes dans Dantzick, ne craignit pas d'attaquer avec 1500 hommes une armée de 40 000, et réussit à enlever la 1re ligne des retranchements; mais accablé par le nombre, il fut forcé de battre en retraite. C'est dans cette attaque que périt Plélo (V. ce nom). Il se retrancha dans un îlot, y soutint un siége d'un mois, et obtint la capitulation la plus honorable. M. en 1737.

LA PEYRONIE (Fr. GIGOT de), chirurgien, né à Montpellier en 1678, mort en 1747, fut nommé premier chirurgien du roi (Louis XV) en 1736, suivit ce prince en Flandre et réforma de nombreux abus dans le service de santé militaire. Il était membre libre de l'Académie des sciences et fit établir en 1731 l'Académie de chirurgie. Il convertit son château de Marigny en une espèce d'hospice et légua sa fortune presque tout entière aux établissements qu'il avait fondés. On a de lui, entre autres écrits, des Recherches sur le siége de l'âme (il la place dans le corps calleux), dans les Mémoires de l'Académie des sciences, 1741.

LA PIANA, ch.-l. de c. (Corse), à 50 kil. N. d'Ajaccio; 1164 hab.

LAPIDEI CAMPI. V. CRAU (LA).

LAPIE (Pierre), cartographe, né à Mézières en 1771, m. en 1850, fut admis dès 1794 dans le corps des ingénieurs géographes, fit en cette qualité plusieurs campagnes, s'éleva jusqu'au grade de colonel d'état-major, devint en 1814 directeur du cabinet topographique du roi, fut, dès 1818, chargé de la direction topographique de la nouvelle Carte de France, et eut la plus grande part à l'exécution de ce magnifique monument. Il a publié un Atlas classique (1812), qui s'améliora dans plusieurs éditions successives, et un Atlas universel de Géographie ancienne et moderne (1828), l'un des meilleurs que nous possédions. On lui doit encore de bonnes cartes spéciales des Iles britanniques, de la Russie, de l’Europe centrale, de la Turquie d'Europe et de l’Égypte, enfin celles des prov. d’Alger, d’Oran, de Constantine (dressées au ministère de la guerre).

LAPITHES, anc. peuple de Thessalie, habitait la Perrhébie, sur les bords du Pénée, et eut pour rois Ixion, Cénée et Pirithoüs. Après une rixe célèbre, ils expulsèrent les Centaures, qui avaient insulté leur roi Pirithoüs le jour de ses noces. Dans la suite, les Centaures, revenus en force, finirent par les expulser à leur tour, et les forcèrent à se réfugier, les uns à Pholoé, en Arcadie, les autres au cap Malée (à l'extrémité du Péloponèse). Les Lapithes étaient comme les Centaures d'habiles cavaliers : on leur attribue l'invention du mors.

LAPLACE (P. Simon, marquis de), profond géomètre, né en 1749 à Beaumont-en-Auge (Calvados), m. en 1827, fut dès l'âge de 19 ans professeur de mathématiques dans une école militaire, obtint de bonne heure par de savants mémoires la protection de d'Alembert et du président Saron, devint en 1784 examinateur de l'école d'artillerie, fut professeur aux écoles normales et membre de l'Institut dès sa fondation. Après le 18 brumaire, il fut un instant ministre de l'intérieur; il entra au sénat dès 1799, devint président de ce corps, fut créé pair a la Restauration et conserva cette dignité jusqu'à sa mort. Laplace eut la gloire de compléter l'œuvre de Newton en levant les difficultés que présentait encore l'explication du système du monde par la gravitation universelle; en outre, il popularisa ce système par des écrits aussi élégants que profonds, et mérita comme écrivain d'être admis à l'Académie française. Ses ouvrages principaux sont : Théorie du mouvement et de la figure elliptique des planètes, 1784; Exposition du système du monde, 1796, souvent réimprimée, notamment en 1824, avec un Précis de l'histoire de l'astronomie; Mécanique céleste, 1799-1825, 5 vol. in-4, ouvrage hors ligne, qui est son chef-d'œuvre; Théorie analytique des probabilités, 1812; Essai philosophique sur les probabilités, 1814; et de nombreux Mémoires. Ses Œuvres ont été réimprimées aux frais de l'État en 1843, 7 vol. in-4. Son Éloge a été prononcé à l'Institut par Fourier.

LAPLACE (P. Ant. de), écrivain, né à Calais en 1707, m. en 1793, se fit connaître par des traductions de l'anglais et obtint en 1762 le privilége du Mercure de France, qu'il ne conserva que 2 ans. Il a donné, sous le titre de Théâtre anglais (1745-48, 8 vol. in-12) la première traduction française des chefs-d'œuvre de la scène anglaise, et a fait représenter une Venise sauvée, imitée d'Otway, 1747. On a encore de lui des romans, un Recueil d'Épitaphes, etc.

LAPLACE (Franç. Marie Joseph de), humaniste, né en 1757 à Arras, m. en 1823, fut avant la Révolution professeur d'humanités à Louis-le-Grand, et remplaça Guéroult comme professeur d'éloquence à la Faculté des lettres en 1810. Il a publié en commun avec Noël plusieurs ouvrages utiles aux progrès des études, entre autres : Conciones poeticæ; Leçons de littérature française, latine, grecque; Manuel du rhétoricien, etc.

LAPLACETTE (Jean de), le Nicole des Protestants, né en 1639 à Pontac (Béarn), m. en 1718, fut pasteur de l'église d'Orthez, s'expatria après la révocation de l'édit de Nantes, et devint pasteur à Copenhague. On a de lui de Nouveaux Essais de morale, Amst., 1692.

LAPLEAU, ch.-l. de c. (Corrèze), à 45 kil. E. de Tulle; 960 hab.

LA PLUME, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), 113 k. S. d'Agen; 1735 hab.

LAPO ou LAPPO. V. ARNOLFO et GIOTTINO.

LAPONIE, Lappland en suédois, contrée d'Europe, de toutes la plus septentrionale, par 64°-71° 20' lat. N., et par 12°-40° long. E,, se divise aujourd'hui en Laponie suédoise à l'O. (68 600 hab.; lieu principal, Wardehuus), et Laponie russe (1200 familles). La Laponie russe forme elle-même 2 cercles, Kola et Kémi, l'un compris dans le gouvt d'Arkhangel, l'autre annexé au grand-duché de Finlande. — La Laponie, située au delà du cercle polaire, est glacée pendant 9 mois de l'année, mais elle éprouve en été des chaleurs excessives : à Wardehuus, on a un jour de six semaines et une nuit d'égale durée. La végétation est peu variée; cependant les mousses, les lichens, divers arbustes à baies y procurent une nourriture tolérable; on cultive quelques céréales. Le renne est la grande ressource des habitants du pays. Les Lapons appartiennent à la race finnoise, mais ils forment une espèce particulière : leur taille ne dépasse guère 1m,35; ils sont d'un caractère égoïste, avares, défiants, perfides et très-peu civilisés. On les distingue en pasteurs et pêcheurs : ces derniers sont très-misérables et fort abrutis. Tous commercent en fourrures, poissons secs, fromage de renne, jouets d'enfants, etc. — Avant 1814 on distinguait trois Laponies : la L. norvégienne ou danoise, la L. suédoise et la L. russe. La délimitation des deux premières fut cause d'une guerre au commencement du XVIIe siècle entre Christian IV et Charles IX.

LA POPELINIÈRE (Lancelot VOISIN de), noble du Bas-Poitou, né vers 1540, m. en 1608, était protestant et joua un rôle dans les guerres civiles religieuses. Il tailla en pièces les Catholiques dans l'île de Ré (1574), et rédigea la protestation contre les états de Blois en 1576. On a de lui : Vraie et entière histoire des derniers troubles (depuis 1562), Cologne, 1571; Hist. de France de 1550 à 1577, La Rochelle, 1581; Hist. de la conquête du pays de Bresse et de la Savoie, 1601. Ces ouvrages se distinguent par une modération qui rendit l'auteur suspect à ses coreligionnaires. Il abjura en effet peu avant sa mort. — Financier. V. LA POUPLINIÈRE.

LA PORTE (Pierre de), porte-manteau d'Anne d'Autriche, fut longtemps (1621-37) l'intermédiaire secret des relations de cette reine avec l'Espagne, avec la gouvernante des Pays-Bas et la duchesse de Chevreuse. Il subit la question et fut mis à la Bastille par ordre de Richelieu, sans faire aucun aveu, et fut exilé à Saumur (1638-43). De retour à la cour, il fut nommé valet de chambre de Louis XIV, et fut quelque temps en faveur auprès de la reine Anne; mais il déplut par sa franchise, et fut éloigné en 1653. Il mourut en 1680 à 77 ans. On a de lui des Mémoires, Genève, 1756 (réimpr. dans la Collection de Petitot et Monmerqué).

LA PORTE (l'abbé Joseph de), compilateur, né à Béfort en 1713, m. en 1779, a donné : Observations sur la littérature moderne, 1749 et suiv. 9 v. in-12; Calendrier historique et chronologique des théâtres de Paris, 1751-78, 28 vol. in-24; le Portefeuille d'un homme de goût, 1770, 3 vol. in-12; le Voyageur français, 1765-95, 42 vol. in-12 (il n'en a rédigé que les 26 premiers); l'Esprit de l'Encyclopédie, 1768, 5 vol. in-12. Assez judicieux dans les observations, il est, comme écrivain, plat et diffus.

LA PORTE (Arnaud de), né en 1737, fut nommé intendant général de la marine en 1783, passa en Espagne en 1789, au début de la Révolution, mais fut rappelé par Louis XVI, qui le nomma intendant de la liste civile en 1790. Dépositaire et confident des correspondances les plus délicates, il refusa de rien révéler devant l'Assemblée constituante après l'arrestation du roi à Varennes, fut mis en accusation après le 10 août, et périt sur l’échafaud en 1792.

LA PORTE DU THEIL (Gabr. de), né à Paris en 1742, m. en 1815, abandonna le service militaire pour les lettres, publia en 1770 une traduction de l’Oreste d'Euripide qui le fit admettre à l'Académie des inscriptions; donna en 1775 une trad. des Hymnes de Callimaque; fut envoyé l'année suiv. en Italie comme membre du Comité des chartes établi pour la recherche des monuments historiques, rapporta de ce pays 17 ou 18 000 pièces (impr. dans les Recherches des chartes, actes et diplômes relatifs à l'histoire de France, 1791. 3 vol. in-fol.), et fut nommé l'un des conservateurs de la Bibliothèque nationale. Il a donné beaucoup de Mémoires dans les recueils de l'Académie des inscriptions, et a publié avec Rochefort une nouvelle édition du Théâtre des Grecs de Brumoy (sa traduction d’Eschyle est le plus bel ornement de ce recueil). Il travailla aussi, avec Gosselin et Coray, à la traduction de Strabon (V. ce mot). Il avait traduit Pétrone sans rien retrancher des obscénités de cet auteur; mais, sur les conseils d'un ami, il brûla son ouvrage déjà imprimé.

LA PORTE DE LA MEILLERAYE. V. LA MEILLERAYE.

LAPOSTOLLE (Alex.), physicien, né à Maubeuge en 1749, m. en 1831, professeur de physique et de chimie à Amiens, inventa, sous le nom de paragrêle, un moyen d'empêcher la formation de la grêle.

LA POUPLINIÈRE (Alex. LE RICHE de), financier bel-esprit, né à Paris en 1691, m. en 1762, fit grand bruit en son temps par son faste et par la protection qu'il accordait aux beaux-arts et aux lettres. Ses flatteurs l'appelaient le Pollion français. On a de lui Daïra, histoire orientale, et les Mœurs du siècle, ouvrages immoraux, qui ne furent tirés qu'à un très-petit nombre d'exemplaires.— V. LA POPELINIÈRE.

LA POUTROYE, v. d'Alsace-Lorraine, à 17 kil. N. O. de Colmar; 2380 h. Teintureries.

LAPURDUM (du cantabre lapur, piraterie), v. de la Novempopulanie, chez les Tarbelli, est auj. Bayonne. Son nom se retrouve dans celui de Lampourdan.

LAQUEDIVES (îles), archipel de la mer des Indes, sur la côte O. de l'Inde en deçà du Gange, et au N. des Maldives, entre 10°-14° 30' lat. N. et 69° 50'-72° long. E. On y compte 19 îles principales, entre autres Ameni, Kalpeny, Kittan et Chittac, et une foule d'îlots; env. 10 000 h., qui sont musulmans et qui se reconnaissent vassaux de l'Angleterre. Bétel, arek, corail. — Découvertes par Vasco de Gama en 1499.

LA QUINTINIE (J. de), agronome, né en 1626 à Chabanais (Angoumois), m. en 1688, avait d'abord été avocat. Il voyagea en Italie, où il fit des études profondes sur l'agriculture et le jardinage; puis fut choisi par Louis XIV pour planter les jardins potagers du palais de Versailles. Cet habile horticulteur a beaucoup perfectionné la taille des arbres fruitiers. On a de lui : Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, avec un Traité sur les orangers, 1690.

LAR, v. de Perse (Farsistan), ch.-l. du Laristan, à 290 kil. S. E. de Chyraz; 12 000 hab. Étoffes de soie, armes à feu. Bazars, jadis les plus beaux de la Perse, mais en ruine aujourd'hui. — Lar, jadis très-florissante, était la capit. d'un royaume qui s'étendait depuis les îles Bahreïn jusqu'à celle d'Ormuz; Chah-Abbas, roi de Perse, s'en empara.

LARA, v. de la Vieille-Castille (Burgos), sur l'Arlanza, à 26 kil. S. S. E. de Burgos, près de Salas de los Infantes; 1500 hab. Ancien comté.

LARA (maison de), illustre maison de Castille, issue des comtes de Castille, a pour fondateur Fernand Gonzalez, comte de Castille et de Lara, m. en 970, qui lui-même descendait par son père de Ramire I, roi des Asturies et de Galice (842-850), et par sa mère d'anciens seigneurs de Lara. Fernand avait pour frère Gonzalès Gustios, seigneur de Salas et de Lara, qui fut père des sept infants de Lara (V. ci-après). Après le massacre des sept infants, Gonzalez, fils aîné de Fernand, continua la maison de Lara. Suivant une autre tradition, Mudarra, 8e fils de Gonzalez Gustios, aurait été l'héritier du nom de Lara et l'aurait transmis à ses descendants. Quoi qu'il en soit, en 1130, la branche des Lara se subdivisa en 2 rameaux : le 1er, dont la tige fut Manrique de Lara, prit le titre de vicomtes de Narbonne; le 2e, dont la tige fut Perez de Lara, conserva le titre de comtes de Lara : ce rameau s'éteignit dans la 2e moitié du XIVe siècle. Les seigneurs de cette dernière branche jouèrent un grand rôle dans les guerres civiles qui désolèrent la Castille sous Alphonse X, Sanche IV, Ferdinand IV et Alphonse XI; souvent ils disputèrent la couronne à ces princes, et ils furent presque toujours en guerre avec les maisons de Castro et de Haro, qui manifestaient les mêmes prétentions. V. URRAQUE.

LARA (les sept infants de). Une chronique espagnole donne ce nom à sept jeunes seigneurs, fils de Gonzalez Gustios, seigneur de Lara et de Salas, frère de Ferdinand Gonzalez, comte de Castille. Un différend étant survenu entre Gonzalez Gustios et Ruy Vélasquez, sire de Bilaren, son beau-frère, ce dernier, pour se venger, livra Gonzalez à Almanzor, gouverneur de Cordoue pour Hescham III, qui le retint en prison; puis il attira les sept infants dans une embuscade, près du pic de Moncayo, où ils périrent tous, après des prodiges de valeur. Mais Gonzalez, dans sa prison, avait séduit Zaïde, fille d'Almanzor, et en avait eu un 8e fils, Mudarra. Celui-ci, devenu grand, vengea la mort de ses frères dans le sang de Ruy Vélasquez. On place la mort des infants de Lara vers 993. Cette légende a fourni à Lope Véga le sujet d'un drame, souvent imité; elle a été trad. par Ferd. Denis, dans ses Chroniques chevaleresques d'Espagne, 1839, et mise sur la scène par Mallefille, 1836.

LARACHE, El Araich (c.-à-d. le jardin de plaisance), Lixa ou Lixus, v. marit. du Maroc. (Fez), sur l'Atlantique, à 133 kil. N. O. de Fez; 4000 hab. Port à l'emb. du Loukos, interdit aux Européens; château fort, mosquées. Commerce médiocre, environs charmants : quelques auteurs y ont placé le jardin des Hespérides. — Larache fut bombardée par les Français en 1765.

LARAGNE, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), sur le Buech, à 44 kil. S. O. de Gap; 963 h.

LARCHE, ch.-l. de c. (Corrèze), sur la Vézère, à 10 kil. S. O. de Brives; 900 h.

LARCHER (P. H.), érudit, né à Dijon en 1726, m. à Paris en 1812, donna d'abord plusieurs traductions de l'anglais, entre autres celle du Martinus Scriblerus de Pope (1755); puis se consacra à la littérature grecque. Il fut admis à l'Académie des inscriptions en 1778, et nommé en 1809 prof. de littérature grecque à la Faculté de Paris; mais dispensé à cause de son âge de remplir ces fonctions. On lui doit une traduction complète d’Hérodote, accompagnée d'un savant commentaire. Cet ouvrage, publié en 1786, reparut en 1802 avec des additions et des corrections; il est estimé pour la fidélité, mais mal écrit généralement. Larcher eut de vifs démêlés avec Voltaire à l'occasion d'un Supplément à la Philosophie de l'histoire, qu'il avait publié en 1767 pour réfuter les erreurs contenues dans la Philosophie de l'histoire de Voltaire.

LARDNER (Nathaniel), ministre dissident anglais, 1684-1768, a laissé un grand nombre d'écrits théologiques, qui ont été rassemblés à Londres en 1788, avec une Vie de l'auteur, par Kippis (11 v. in-8). On y distingue : Crédibilité de l'histoire évangélique et Témoignage des Juifs et des Païens, ouvrages estimables, destinés à établir la vérité du Christianisme.

LARDNER (le Dr), né à Dublin en 1793, m. à Paris en 1859, professa les sciences avec succès au collége de la Trinité à Dublin (1817-27), puis à l'Université de Londres (1828-40) et s'attacha à vulgariser les connaissances scientifiques. Dès 1827, il publiait un Cours populaire de la navigation à vapeur; en 1828, il conçut le plan d'une vaste encyclopédie populaire, collection de traités séparés sur toutes les branches de connaissances humaines : cet ouvrage, qu'il rédigea avec la collaboration des plus illustres savants de l'Angleterre, parut à Londres de 1830 à 1844 en 135 vol. in-12, sous le titre de Lardner's Cabinet Cyclopædia; il y fournit, pour sa part, un grand nombre de traités. Condamné en 1840 pour adultère, il quitta Londres, parcourut l'Amérique, et donna dans les principales villes des lectures, qui furent suivies avec empressement et qui l'enrichirent. En 1845, il vint s'établir à Paris : il y passa le reste de sa vie, s'occupant à rédiger sur les différentes branches des sciences des Manuels ou traités élémentaires, aussi intéressants qu'utiles. En 1853, il commença, sous le titre de Museum of science and art, une nouvelle série de petits traités, à un penny chacun, sur les applications de la science, qui eurent une très-grande vogue. Ses ouvrages les plus importants sont le Railway's Economy et un Manuel de Physique et d'Astronomie.

LA RENAUDIE (G. DE BARRY, seigneur de), dit La Forest, gentilhomme périgourdin, embrassa le Calvinisme, parcourut le midi de la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, pour susciter des fauteurs à son parti, et fut mis à la tête de la conjuration d'Amboise par Condé, qui voulait cacher la participation qu'il y prenait lui-même; mais il Fut trahi par d'Avenelle, son ami, et périt d'un coup de feu, au moment où il commençait l'exécution de l'entreprise (17 mars 1560). Son cadavre fut pendu sur le pont d'Amboise.

LA RÉOLE, Regula, ch.-l. d'arr. (Gironde), à 67 kil. S. E. de Bordeaux, sur la Garonne; 4134 h. Trib. de 1re inst., collége; Anc. abbaye, fondée en 970 et dite la Règle (d'où par corruption le nom de la ville); ruines du château des Quatre-Sœurs. Coutellerie, vinaigre, tanneries. Commerce de vins, eau-de-vie, grains et bétail. Patrie des frères Faucher. Place de guerre des Protestants pendant les guerres de religion. Le parlement de Bordeaux y fut souvent transféré.

LARES (de l'étrusque Lars, seigneur), dieux ou génies domestiques des Romains, chargés de protéger chaque maison et chaque famille. Selon quelques mythographes, c'étaient des divinités particulières, qu'on faisait naître de Mercure et de la nymphe Lara, fille du fleuve Almo; mais, selon l'opinion la plus probable, c'étaient, non des dieux particuliers, mais quelques-unes des divinités de l'Olympe, que chacun se choisissait à son gré. Les statues des Dieux Lares étaient fort petites; on les plaçait au coin du foyer; les riches les conservaient dans un oratoire spécial, appelé lararium; on mettait près d'elles un chien, symbole d'attachement et de fidélité. Les Lares se transmettaient dans chaque famille de génération en génération; aussi les appelait-on dieux paternels. Outre les lares domestiques, il y avait aussi des Lares publics, les uns urbains, exposés dans des niches, aux carrefours des villes; les autres viales, placés à l'embranchement des grands chemins, et figurés comme des termes. On offrait aux Lares des fruits, du lait, les prémices des moissons. —— On identifie souvent les Lares avec les Mânes des ancêtres de chaque famille; on les confond aussi avec les Pénates; cependant les Pénates paraissent plutôt chargés de dispenser les richesses, et les Lares de les conserver.

LA REVEILLÈRE-LEPEAUX (Louis Marie), né en 1753, à Montaigu (Vendée), m. en 1824, quitta le barreau pour les sciences et professa la botanique à Angers. Député à l'Assemblée Constituante, puis à la Convention, il se montra patriote et ami des Girondins. Il fit formuler, en réponse au manifeste de Brunswick, le décret de Propagande armée, déploya, le 11 mars 1793, en face de Danton, une vigueur qui retarda de quelques jouis la chute des Girondins, et n'échappa que par miracle à la proscription. Reparaissant après le 9 thermidor, il combattit les Terroristes, fut envoyé au Conseil des Anciens, et prit part à la rédaction de la constitution de l'an III. Élu membre du Directoire dès sa création (1795), il fit partie de la majorité qui fit le coup d'État du 18 fructidor; il donna sa démission au 30 prairial. La Réveillère-Lepeaux avait imaginé une espèce de religion nouvelle, dont le déisme faisait le fond, et qu'il appelait Théophilanthropie; ce projet fut mis un instant à exécution en 1797, mais il eut peu de succès; le nouveau culte tomba bientôt sous les coups du ridicule. L. était membre de l'Institut (classe des sciences morales et politiques). Il a laissé des Mémoires, qui sont encore inédits.

LA REYNIE (Gabr. Nicolas de), le premier lieutenant de police, né à Limoges en 1625, d'une famille de robe, mort en 1709, avait été président du présidial de Bordeaux, puis maître des requêtes au conseil d’État. Lorsque Louis XIV créa, en 1667, la charge de lieutenant général de police de Paris, La Reynie fut dès l'origine investi de ces fonctions : il les exerça jusqu'à sa mort. Il prit de sages mesures pour garantir la santé publique et la salubrité de la capitale, fit éclairer les rues la nuit, réorganisa le guet, etc. C'est lui qui présida la Chambre ardente, établie en 1680 pour la recherche des empoisonneurs.

LARGENTIÈRE. V. ARGENTIÈRE (l').

LARGILLIÈRE (Nic.), peintre, né à Paris en 1656, m. en 1746. Après avoir étudié à Anvers, il passa en Angleterre où il eut du succès à la cour, et se fixa enfin à Paris. Il devint membre, puis chancelier de l'Académie de peinture. Il excellait dans le portrait et mérita d'être appelé le Van-Dyck français. On citait de lui, outre un grand nombre de portraits : le Repas donné (en 1687) par la ville de Paris à Louis XIV; le Mariage du duc de Bourgogne, 1697, qui furent détruits dans la Révolution.

LARI-BENDER ou LAHORA-BENDER, v. de l'Inde (Sindhy), à 130 kil. S. O. de Haïderabad, sur la r. dr. du Sind, à 40 kil. de son embouchure. Jadis grand commerce, aujourd'hui transféré à Koratchi.

LA RIBOISIÈRE (J. BASTON, comte de), général d'artillerie, né en 1759 à Fougères (Ille-et-Vilaine), d'une famille noble de Bretagne, m. en 1812, fit avec gloire les campagnes de la République et de l'Empire, contribua à la victoire d'Austerlitz en brisant à coups de canon la glace d'un étang sur lequel marchaient les Russes, commanda, comme général de division, l'artillerie de la garde à Eylau, à Dantzick, à Friedland, à Lobau, à Wagram, fut nommé en 1811 inspecteur général de l'artillerie, prépara par ses bonnes dispositions la victoire de la Moskowa, mais perdit dans cette bataille son 2e fils et fut bientôt après atteint d'un mal qui le conduisit au tombeau. — Son fils aîné, Ch. de la R., né en 1788, l'accompagna dans ses campagnes, fut chambellan sous l'Empire, député d'Ille-et-Vilaine de 1829 à 1835, pair en 1835, et fut nommé sénateur en 1852. — La femme de ce dernier, née Roy, légua en mourant les sommes nécessaires pour fonder un hôpital à Paris (c'est auj. l’hôpital La Riboisière).

LARINO, Larinum, v. de l'anc. roy. de Naples (Sannio), à 32 k. N. E. de Campo-Basso; 4000 h. Évêché.

LARIO (dép. du), l'un des dép. du roy. d'Italie sous Napoléon I, tirait son nom du Larius lacus (lac de Côme), qui s'y trouvait, et avait pour ch.-l. Côme.

LARISSE, Larissa, auj. Iénicheher, v. de Thessalie, dans la Pélasgiotide, sur le Pénée, fut fondée par les Pélasges et devint la capitale du roy. d'Achille. C'est là que Persée tua son grand-père Acrisius. Philippe, père d'Alexandre, y résida quelque temps. Elle fut prise en 302 av. J.-C. par Démétrius Poliorcète et en 192 par Antiochus III. Philippe V y signa en 197 la trêve honteuse qui suivit la bataille de Cynoscéphales. Pompée s'y réfugia après la défaite de Pharsale. — La ville actuelle de Larisse est encore une ville riche et florissante; elle compte 28 000 hab. Elle est le ch.-l. d'un eyalet de Turquie, qui s'étend entre la Roumilie au N., l'Albanie à l'O., le roy. de Grèce au S. et l'Archipel à l'E., et qui répond à l'anc. Thessalie. Archevêché grec; grand commerce, surtout en vin. Cette ville souffrit beaucoup pendant les dernières guerres entre les Grecs et les Turcs.

LARISTAN, prov. de Perse, située au S. E. du Farsistan, dont elle est souvent considérée comme faisant partie, est bornée au S. et à l'O. par le golfe Persique; 450 kil. sur 160; ch.-l., Lar. Climat très-chaud, eau rare. La côte est habitée par des Arabes, dont les cheikhs sont indépendants et pirates. V. LAR.

LARIUS LACUS, nom anc. du lac de CÔME.

LARIVE (J. MAUDUIT de), acteur tragique, né en 1749 à La Rochelle, m. en 1827, reçut les leçons de Mlle Clairon, doubla quelque temps Lekain, le remplaça en 1778 et obtint de brillants succès, qu'il dut à la fois à un physique avantageux, à un bel organe, à une profonde connaissance de l'art, mais qu'il compromit quelquefois par un débit emphatique et des cris forcés. Achille, Oreste, Coriolan, Tancrède, Bayard, Spartacus, étaient ses plus beaux rôles. Il resta sans rival jusqu'à l'apparition de Talma, qui ne tarda pas à l'éclipser. Il se retira alors de la scène, ouvrit un cours de déclamation, puis suivit à Naples comme lecteur Joseph Bonaparte, élevé au trône (1806). Il avait acquis à Montlignon, près de.Montmorency, un beau domaine, où il passa ses dernières années et où il créa le joli hameau Larive. On a de lui des Réflexions sur l'art théâtral, 1801, et un excellent Cours de déclamation, 1804 et 1810.

LARIVE (Ch. Gaspard de), physicien et chimiste suisse, né en 1770 à Genève, m. en 1834, compléta ses études scientifiques à Édimbourg, s'y fit recevoir médecin, fut, à son retour, nommé médecin des aliénés et professeur de chimie pharmaceutique à Genève, et devint recteur de l'Académie de cette ville. Il prenait en même temps part au gouvernement et fut élu en 1817 1er syndic. G. de Larive fit connaître à la Suisse les progrès faits à l'étranger et avança lui-même plusieurs parties de la science, surtout l'électro-magnétisme. — Son fils, Auguste de L., professeur de physique à Genève et correspondant de l'Institut de France, né en 1790, fut formé par lui et le dépassa. Il est surtout connu par un excellent Traité de l'Électricité théorique et appliquée, 3 vol. in-8, 1854-56, et par sa Théorie de la pile de Volta, (1835).

LARIVEY (Pierre de), poëte dramatique, né à Troyes vers 1550, mort vers 1612. On a de lui un recueil intitulé Comédies facétieuses de Larivey, Champenois, Paris, 1579, et Troyes, 1611. On y trouve le Laquais (imité de L. Dolce); la Veuve; les Esprits; le Morfondu; le Jaloux et les Écoliers; la Constance; les Tromperies et le Fidèle, comédies écrites d'un style naturel, mais souvent trivial. Molière et Regnard ont daigné faire des emprunts à Larivey. Viollet-le-Duc a réimpr. ses comédies dans son Ancien Théâtre Français, Paris, 1855 (t. V. et VI). Larivey avait traduit les Nuits facétieuses de Straparole, 1585.

LA RIVIÈRE (J. BUREAU de). V. BUREAU.

LA RIVIÈRE (Roch LE BAILLIF, sieur de), médecin. et astrologue du XVIe siècle, né à Falaise, mort à Paris en 1605, était 1er médecin de Henri IV, et fut chargé de tirer l'horoscope de Louis XIII. On a de lui : Signification de la comète apparue en Occident, Rennes, 1557; le Démostérion ou Extraits tirés de Paracelse, 1578; Conformité de l'ancienne et moderne médecine, d'Hippocrate à Paracelse, 1592.

LARNACA ou LARNICA, Citium, v. de l'île de Chypre, à 31 kil. S. E. de Nicosie, sur la côte S.; 5000 hab. Port à peu près franc. Évêché grec, consuls européens. Cotons, soies, vins, salines. Près de la ville sont le cap Chiti et les ruines de l'anc. Citium.

LA ROCHE, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), arr. de Bonneville, à 20 kil. S. E. de Genève, sur la r. g. du Foron, au pied d'un rocher qui lui a fait donner son nom; 3200 hab. Tour du XIIe siècle.

LA ROCHE, vge de France (Yonne), arr. et c. de Joigny, sur l'Yonne et sur le chemin de fer de Lyon. Embranchement du chemin d'Auxerre; port sur le canal de Bourgogne.

LA ROCHE, v. de Belgique (Luxembourg belge), à 50 kil. S. de Liége; 1200 hab. Autrefois fortifiée; prise par Louis XIV en 1680.

LA ROCHE (P. L. LEFEBVRE de), littérateur, né en Normandie vers 1740, m. en 1806, avait été bénédictin, puis curé de Grémonville au pays de Caux. Il vint se fixer à Paris, s'y lia avec Helvétius, qui lui légua ses papiers, et donna une belle édition des Œuvres d'Helvétius, Paris, 1795, 14 vol. in-18, ainsi qu'une édition de Montesquieu, 1795, 12 vol. in-18, avec des Notes d'Helvétius sur l'Esprit des lois.

LA ROCHE (Sophie GUTTERMANN, dame), romancière allemande, née en 1730, m. en 1807, était fille d'un médecin de Kaufbeuren (Souabe). Elle se fit de bonne heure remarquer par l'étendue de ses connaissances et la sûreté de son goût, et fut liée avec les littérateurs les plus distingués, notamment avec Wieland. Elle épousa un conseiller de l'électeur de Mayence, nommé Frank Lichtenfels, qui transforma son nom en celui de La Roche. On a d'elle un assez grand nombre de romans écrits en allemand : Mlle de Sternheim, 1771, 2 vol. in-8 (trad. par Mme de La Fite, 1773); Contes moraux; les Caprices de l'Amour et de l'Amitié, 1773 ; les Soirées de Mélusine, 1806, etc.

LAROCHE (Benj.), traducteur, 1797-1852, débuta sous la Restauration par des pamphlets politiques, qui le firent condamner à 6 ans de prison et 6000 fr. d'amende, se réfugia en Angleterre, y acquit une connaissance approfondie de la langue du pays, tout en enseignant le français, et se voua, depuis son retour (1827), à faire passer dans notre langue les auteurs qui avaient le plus de vogue en Angleterre et aux États-Unis. Il traduisit lord Byron, W. Scott, W. Irving, Cooper, Bulwer, Dickens, et balança en ce genre le succès de M. De Fauconpret. En 1848, il retourna à la politique et rédigea la Tribune du peuple.

LAROCHE-ABEILLE. V. LA ROCHE-L'ABEILLE.

LA ROCHE-AYMON (Ch. Antoine de), cardinal, né en 1697 à Mainsat, près d'Aubusson, d'une ancienne famille, mort en 1777, fut successivement évêque de Tarbes, archevêque de Toulouse (1740), puis de Narbonne (1752), archevêque de Reims (1762), ministre de la feuille des bénéfices, et enfin cardinal, en 1771. Il dut toutes ces faveurs à son caractère souple et à son esprit conciliant.

LA ROCHE-BERNARD, ch.-l. de c. (Morbihan), sur la r. g. de la Vilaine, à 50 kil. S. E. de Vannes; 1251 hab. Magnifique pont suspendu sur la Vilaine, construit en 1839. Blé, bois, miel. Jadis titre d'une baronnie qui fut érigée en duché-pairie en 1663.

LA ROCHE-CANILLAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 15 k. S. E. de Tulle; 574 h.

LA ROCHE-CHALAIS, bourg de la Dordogne, sur la Dronne, à 92 k. S. O. de Riberac; 1100 h. Station.

LA ROCHE-DERRIEN, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 16 kil. E. de Lannion; 1555 hab. Jadis ville forte et plusieurs fois assiégée. Charles de Blois fut fait prisonnier sous ses murs en 1347.

LA ROCHEFOUCAULD, ch.-l. de c. (Charente), sur la Tardouère, à 21 kil. N. E. d'Angoulême ; 2115 hab. Collége. Tanneries, fils; bestiaux. Château qui date du XVIe siècle, avec une tour beaucoup plus ancienne. Baronnie connue dès le XIe siècle sous le nom de La Roche, nom auquel s'ajouta celui de Foucauld, prénom du second de ses barons; elle fut érigée en comté en 1515, et en duché-pairie en 1622.

LA ROCHEFOUCAULD (maison de), illustre famille de France, d'une antique noblesse, commence à être connue dès le XIe siècle, sous le règne du roi Robert. Elle a produit un grand nombre de personnages distingués. — L'un d'eux, François, comte de La Rochefoucauld, eut l'honneur de tenir le roi François I sur les fonts de baptême et de lui donner son prénom (1494) : depuis, l'aîné de la famille a toujours porté le nom de François.

LA ROCHEFOUCAULD (Franç. de), cardinal, né à Paris en 1558, mort en 1645, fit un voyage à Rome, fut à son retour nommé évêque de Clermont, en 1585, refusa de reconnaître Henri IV jusqu'à sa conversion, fut nommé cardinal en 1607, à cause du zèle qu'il avait mis à faire recevoir en France les actes du concile de Trente, fut transféré en 1613 au siége de Senlis, et devint en 1622 président du Conseil d'État. Il se démit de ses fonctions en 1624 pour s'occuper tout entier de la réforme des ordres religieux, et fonda la congrégation de Ste-Geneviève, dite aussi Congrégation de France.

LA ROCHEFOUCAULD (François, duc de), d'abord connu sous le nom de prince de Marsillac, né à Paris en 1613, m. en 1680, se signala en diverses occasions par son courage, mais se fit surtout remarquer par sa profonde connaissance des hommes et par son esprit d'intrigue. Épris de la duchesse de Longueville, il entra, pour lui plaire, dans le parti des Frondeurs : il reçut au combat de la porte St-Antoine un coup de feu qui lui fit perdre momentanément la vue. Rentré an grâce, il fut fait par Louis XIV chevalier de l'ordre du roi (1661), puis gouverneur du Poitou. Il passa sa vieillesse dans l'intimité de Mmes de La Fayette et de Sévigné. Il refusa d'entrer à l'Académie française, parce qu'il redoutait de parler en public. Il a laissé de curieux Mémoires sur le règne d'Anne d'Autriche, qui furent publiés malgré lui en 1662, et qu'il s'empressa de désavouer (réimprimés en 1817 par Renouard sur le texte authentique), et le célèbre livre des Maximes, imprimé pour la 1re fois en 1665 sous le titre de Réflexions et sentences, ou Maximes morales, et souvent réimpr., notamment en 1678 et en 1853 (avec notes de Gratet-Duplessis). Ce petit ouvrage a fait sa réputation, tant à cause de la perfection du style que pour la hardiesse des paradoxes : il y prétend que l'amour-propre, ou l'amour de soi, est le seul mobile de toutes les actions humaines. Égoïste, ambitieux, intrigant, libertin, La Rochefoucauld n'a que trop souvent appliqué ses maximes. Ses Œuv. complètes ont été publ. en 1825 et 1844. Ed. de Barthélemy a donné en 1863 des Œuv. inédites.

LA ROCHEFOUCAULD (L. Alex. de), protecteur éclairé des sciences et des lettres, né en 1735, fut membre de l'Assemblée des notables et des États généraux de 1789, fit partie de la minorité de la noblesse qui se réunit au Tiers état, se montra partisan modéré de la Révolution, et n'en fut pas moins victime des Jacobins. Il fut arrêté et massacré à Gisors le 14 sept. 1792.

LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (Franc. Alex. Fréd., duc de), cousin du préc., né en 1747, m. en 1827, fut grand maître de la garde-robe sous Louis XV et Louis XVI. Député aux États généraux par la noblesse de Clermont en Beauvoisis (1789), il se montra dévoué au roi, et en même temps zélé pour les intérêts du peuple. Il eut part au rappel de Necker après la prise de la Bastille, défendit le roi après sa fuite à Varennes, et fut un des membres les plus actifs du club des Feuillants. Nommé commandant militaire de Rouen après la clôture de l'assemblée, il offrit un asile à Louis XVI, qui le refusa, et fut destitué après le 10 août (1792). Il se rendit alors en Angleterre, et, quelque temps après aux États-Unis. Rentre en France après le 18 brumaire, il s'occupa d'entreprises philanthropiques, fonda des manufactures, créa dans sa propriété de Liancourt une école d'arts et métiers, y fit faire les premiers essais de la vaccine, et contribua de tout son pouvoir à propager cette découverte, ainsi que l'enseignement mutuel. Appelé à la Chambre des Pairs en 1814, il continua à y professer des idées libérales : aussi fut-il disgracié par Charles X et écarté même de divers postes purement philanthropiques, qu'il remplissait gratuitement. Connu longtemps sous le seul nom de Liancourt, il avait pris le titre dé duc de La Rochefoucauld après la mort de son cousin, Louis Alexandre. On lui doit, entre autres ouvrages : Des prisons de Philadelphie, 1796; Voyage dans les États-Unis, 1800. Sa vie a été écrite par le comte Frédéric Gaëtan de La Rochefoucauld, 1827. Une statue lui a été érigée à Liancourt en 1861.

LA ROCHEFOUCAULD-DOUDEAUVILLE (Ambroise de), 1765-1841, devait le nom de Doudeauville à sa femme, héritière de la terre de Doudeauville en Boulonnais. Major au 2e régiment de chasseurs en 1789, il émigra, mais sans porter les armes contre la France; il rentra sous le Consulat, mais sans accepter de fonctions publiques, se fixa dans sa terre de Montmirail où il répandit d innombrables bienfaits, fut élu membre, puis président du conseil général de la Marne, devint en 1814 pair de France, en 1815 président du conseil de perfectionnement de l'École polytechnique, en 1821 directeur des postes, en 1824 ministre de la maison du roi; se démit en 1827 pour ne pas concourir à la dissolution de la garde nationale, et sut toujours concilier ce qu'il devait à sa patrie avec l'affection qu'il portait aux Bourbons. Éminemment charitable, il coopéra à une foule de bonnes œuvres : société philanthropique, société pour l'instruction élémentaire, société des prisons, conseil des hospices, eus. Pendant son ministère, il introduisit les moutons à longue laine, perfectionna l’éducation des vers à soie, encouragea l’Institut agronomique de Grignon, et créa le musée des antiquités égyptiennes. Il a laissé de courts Mémoires, qui ont été publiés en 1861-62 par son fils, avec une introduction par M. F. Claude. Sa femme, descendante de Louvois, a fondé l’hospice Larochefoucauld à Paris. — Son fils, {{M.|[[w:Sosthènes}} de La Rochefoucauld|Sosthène de La R.-Doudeauville]], né en 1785, intendant des Menus-Plaisirs sous Charles X, signala son administration par quelques réformes et prescrivit aux danseuses un costume plus modeste. Il a publié des Pensées, qui brillent par l’esprit, des Esquisses et Portraits, et des Mémoires (1837 et 1862), précieux surtout pour l’histoire de la Restauration.

LA ROCHE-GUILHEM (Mlle de), romancière du XVIIe siècle, morte en 1710, était protestante, et quitta Paris pour se retirer en Hollande lors de la révocation de l’édit de Nantes. Elle a écrit des romans dans le genre de ceux de Mlle de Scudéry : Astérie ou Tamerlan, 1675 ; Histoire des guerres civiles de Grenade, 1683 ; le Grand Scanderberg, 1688 ; Histoire des Favorites, etc.

LA ROCHE-GUYON, petite v. de France (Seine-et-Oise), à 17 kil. N. O. de Mantes, sur la Seine ; 900 h. Jadis ville forte ; haute tour. La ville est bâtie au pied d’un rocher. Nitrières naturelles. Titre de duché-pairie, créé en 1621 en faveur de François de Silly, puis rétabli en 1643 en faveur de Roger Du Plessis, seigneur de Liancourt.

LA ROCHEJACQUELEIN (Henri DU VERGER, comte de), chef vendéen, né en 1772 au château de La Durbellière près de Châtillon-sur-Sèvre, était fils du marquis de La Rochejacquelein, colonel de cavalerie, qui émigra. Il faisait partie en 1792 de la garde constitutionnelle de Louis XVI : après le 10 août, il se retira dans la terre de Clisson, près de son ami Lescure. Les Vendéens lui ayant offert le commandement de leurs troupes (1793), il l’accepta, courut rejoindre Bonchamp et d’Elbée, se signala à la bataille de Fontenay (24 mai 1793), entra le 9 juin dans Saumur, préserva les Vendéens d’une déroute complète à Luçon, vainquit à Chantonnay, et prit part à l’affaire désastreuse de Chollet. Proclamé général en chef après la mort de Lescure, bien qu’à peine âgé de 22 ans, il donna les preuves d’un talent supérieur, battit deux fois les troupes républicaines aux environs d’Antrain, occupa Laval, La Flèche, Le Mans ; forcé dans cette dernière ville, il passa la Loire, et se retrancha dans la forêt de Vézin. Il fut tué au combat de Nouaillé près de Chollet (4 mars 1794). On a retenu sa harangue à ses soldats lorsqu’ils lui déférèrent le commandement : « Si je recule, tuez-moi ; si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi. »

LA ROCHEJACQUELEIN (Louis, marquis de), frère puîné du précéd., né en 1777, à St-Aubin de Beau-Ligne (Poitou), m. en 1815, émigra avec sa famille, rentra en France en 1801, fut un des premiers à reconnaître les Bourbons en 1814, suivit Louis XVIII à Gand, revint par mer en Vendée où il essaya en vain d’organiser une insurrection pendant les Cent Jours, et périt au combat des Mathes, près des Sables d’Olonne, le 4 juin 1815. — Sa femme, M.-L. Victoire, fille du marquis de Donnissan, née à Versailles, en 1772, m. à Orléans en 1857, avait épousé en premières noces le marquis de Lescure. Elle prit part avec une rare intrépidité a tous les événements de la Vendée. Elle a laissé des Mémoires, Bordeaux, 1815. — Le marquis Henri de La Rochejacquelein, fils de Louis, né en 1805, pair sous la Restauration, député en 1842, membre de l’Assemblée nationale en 1848, s’est rallié à la politique de l’emp. Napoléon III et a été créé sénateur en 1852 ; mort en 1867.

LA ROCHE-L’ABEILLE, bg de la Hte-Vienne, à 8 k. N. de St-Yrieix ; 1450 h. Carrière de serpentine. Coligny à la tête des Calvinistes y défit en 1569 une armée italienne venue au secours des Catholiques : Henri de Béarn (H. IV) fit ses 1res armes dans ce combat.

LA ROCHELLE, Santonum portus, Rupella, v. et port de France, ch.-l. du dép. de la Charente-Inf., au fond d’un golfe de l’Atlantique, à 470 kil. S. O. de Paris ; 14 857 hab. Évêché, suffragant de Bordeaux, église consistoriale calviniste. Place forte. Chambre et trib. de commerce ; lycée ; académie de lettres, sciences et arts ; bibliothèque, jardin botanique, cabinet d’hist. naturelle. Place d’armes, hôtel de ville, palais de justice, hôtel des monnaies, bourse, arsenal ; vastes bassins, chantiers de construction. Bains de mer. Raffineries de sucre ; minoterie, toile à voiles, goudron, salines ; armements pour la pêche de la morue. Eaux-de-vie, sel, denrées coloniales, fromages, beurre, grains, huiles, sardines, morues, bois du Nord, etc. Patrie de Guiton, Tallemant des Réaux, Réaumur, Nicolas Venette, Billaud-Varennes, Duperré. — La Rochelle appartint d’abord aux seigneurs de Mauléon, auxquels elle fut enlevée par Guillaume, dernier duc d’Aquitaine et comte de Poitou ; elle devint dans la suite la capitale de l’Aunis. Louis VIII l’enleva en 1224 aux Anglais, auxquels le traité de Brétigny la restitua ; elle se rendit à Duguesclin en 1372. Le Calvinisme y parut dès l’an 1534 ; en 1557, elle devint le boulevard des Calvinistes. Elle fut assiégée en 1572 et 1573 par le duc d’Anjou (Henri III), et vigoureusement défendue par le brave Lanoue, qui obtint une capitulation favorable. Le cardinal de Richelieu la prit en 1628, après un siége célèbre qui dura treize mois (V. GUITON), et en fermant le port par une digue gigantesque. Louis XIV fit relever ses fortifications. Les Anglais tentèrent inutilement une descente à La Rochelle en 1757. — On nomma sous la Restauration Conspiration de La Rochelle le complot qui, en 1822, coûta la vie au sergent Bories (V. ce nom) et à ses trois compagnons.

LA ROCHE-POSAY, bg de France (Vienne), à 24 k. S. E. de Châtellerault ; au confluent ; de la Gartempe et de la Creuse ; 1500 hab. Eaux minérales.

LA ROCHE-SUR-YON. V. NAPOLÉON-VENDÉE. .

LA ROCHETTE, ch.-l. de c. (Savoie), arrond. de Chambéry ; 1200 hab. Anc. château fort, pris et rasé sous Louis XIII (1630).

LAROMANA (marquis de), général espagnol, né à Palma en 1761, eut part aux campagnes de 1792 et 1794 contre les Français, parut se rallier à la France après la paix de Bâle et fut même envoyé par l’Espagne en 1807 à la tête d’un corps d’armée pour seconder Napoléon en Allemagne ; mais, après la nomination de Joseph au trône d’Espagne (1808), il négocia avec les Anglais et se fit ramener avec son corps d’armée en Espagne. Il obtint quelques succès contre les troupes françaises, et il allait se joindre à Wellington, quand il mourut en 1811. Il a laissé des Mémoires, Paris, 1825.

LA ROMANÉE OU LA ROMANÉE-CONTI, bg du dép. de la Côte-d’Or, arr. de Beaune, près de Vosne et sur la côte de Nuits ; Vins rouges très-estimés.

LAROMIGUIÈRE (Pierre de), professeur de philosophie, né en 1756 à Levinhac-le-Haut, près d’Asprières (Rouergue), mort en 1837, entra dans la congrégation de la Doctrine, enseigna les humanités, puis la philosophie dans différents colléges de son ordre, notamment au collége de l’Esquile à Toulouse (1784) ; vint à Paris en 1795 pour suivre les leçons des Écoles normales, se lia étroitement avec Garat, fut associé de l’Institut dès sa fondation, entra au tribunat, mais renonça bientôt aux fonctions politiques pour se livrer tout entier à ses études, enseigna quelque temps au Prytanée (lycée de Louis-le-Grand), et fut nommé en 1811 professeur de philosophie à la Faculté des Lettres de Paris. Il obtint dans ses cours un grand succès, qu’il devait à la clarté de son style et à la grâce de sa parole ; cependant il quitta sa chaire au bout de deux ans. Il fut nommé bibliothécaire de l’Université. On a de Laromiguière : Éléments de Métaphysique, 1793 ; Paradoxes de Condillac (1805), et Leçons de Philosophie sur les principes de l’intelligence ou sur les causes et les origines des idées (2 vol. in-8, 1815-17, souvent réimprimés). S’éloignant de Condillac, dont il avait d’abord été le disciple pur, Laromiguière nie que tout se réduise dans l’homme à la sensation : outre la sensibilité, il admet l’activité, qui est mise en jeu par le sentiment ; il distingue 4 manières de sentir : sensation, sentiment de l’action des facultés de l'âme, sentiment de rapport, sentiment moral, et montre comment l’activité, s’appliquant à ces sentiments, en tire toutes nos idées. M. Mignet a lu à l’Acad. des Sciences morales une Notice historique sur Laromiguière, 1856. MM. V. Cousin et Saphary ont apprécié sa doctrine en sens divers.

LA ROQUE, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 18 k. N. E. d’Agen ; 1380 hab.

LA ROQUE (André de), héraldiste, né en 1597 à Cormeilles, près de Caen, mort en 1687, s’est fait un nom par ses ouvrages sur les généalogies et le blason. Il a laissé : Histoire générale des maisons nobles de Normandie, Caen, 1654 (inachevé) ; Histoire généalogique de la maison d’Harcourt, Paris, 1662 ; Traité du blason, 1673 ; le Blason de la maison royale de Bourbon, 1626, etc.

LA ROQUE (Jean de), littérateur, né à Marseille en 1661, mort à Paris en 1745, voyagea dans le Levant, et publia : Voyage de l’Arabie Heureuse de 1708 à 1713, Paris, 1716 ; Voyage dans la Palestine, 1717 ; Voyage de Syrie, 1722, etc. On lui doit aussi la publication des Voyages de d’Arvieux. — Son frère, Ant. de La Roque, 1672-1744, obtint en 1721 le privilège du Mercure de France, et en publia 321 vol.

LA ROQUEBROU, ch.-l. de c. (Cantal), à 25 k. O. d’Aurillac ; 1365 hab.

LA ROTHIÈRE, vge du dép. de l’Aube, à 20 kil. N. O. de Bar-sur-Aube ; 200 hab. Combat acharné entre Napoléon et les alliés, 31 janv. 1814.

LARREY (Isaac de), historien, né à Lintot, près de Bolbec, en 1638, de parents calvinistes, fut obligé de sortir de France à cause de sa croyance et passa en Hollande, où il obtint le titre d’historiographe des États-Généraux. L’électeur de Brandebourg l’appela ensuite à Berlin, où il mourut en 1719. On a de lui : Histoire d’Auguste, Rotterd. (Berlin), 1690 ; l’Héritière de Guyenne ou Hist. d’Éléonore, 1691 ; Hist. d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, 1707-13, ouvrage qu’on accuse de partialité et qui fut mis à l’Index ; Hist. de France sous Louis XIV, 1713-16, peu estimée.

LARREY (J. Dominique), chirurgien militaire, né en 1766 à Baudéan (Htes-Pyrénées), mort à Lyon en 1842, se forma sous Desault et Sabatier, fut chirurgien en chef à 28 ans, fit en cette qualité les campagnes d’Italie, d’Orient, d’Allemagne, d’Espagne, de Russie ; donna le premier l’exemple d’enlever les blessés sous le feu de l’ennemi, et fut lui-même atteint plusieurs fois, notamment à St-Jean d’Acre et à Waterloo, où il tomba entre les mains de l’ennemi ; fut à la paix nommé chirurgien en chef de la garde royale, malgré son culte bien connu pour l’Empereur, puis chirurgien en chef des Invalides et de l’hôpital du Gros-Caillou ; alla en 1841 inspecter les hôpitaux de l’Algérie, mais excéda ses forces dans ce service et mourut au retour. Il avait été nommé dès 1797 professeur au Val-de-Grâce ; membre de l’Institut d’Égypte et de l’Académie de Médecine dès leur fondation, il fut en 1829 admis à l’Institut de France. On lui doit les ambulances volantes (1793), qui permirent de donner aux blessés des secours immédiats, et qui le firent justement surnommer la Providence du soldat. Napoléon ne l’appelait que le vertueux Larrey : en 1809, après Wagram, il l’avait fait baron : il lui légua 100 000 fr. par son testament. Auteur d’innovations importantes (amputation immédiate, désarticulation de la cuisse, débridement des plaies d’armes à feu, appareils inamovibles pour fractures), Larrey a aussi laissé des écrits qui feront vivre son nom : Relation historique et chirurgicale de l’expédition d’Orient, 1803 ; Mémoires de médecine et chirurgie, 1812-31 ; Clinique chirurgicale, 1829-36. Pariset a prononcé son Éloge à l’Acad, da Médecine (1845). Une statue en bronze, œuvre de David (d’Angers), lui a été érigée au Val-de-Grâce. — Son fils, Hippolyte Larrey, né en 1808, a suivi avec honneur la même carrière : il est inspecteur général du service de santé et membre de l’Académie de Médecine.

LARRONS (îles des). V. MARIANNES.

LARROQUE (Matthieu de), ministre protestant, né en 1619 à Layrac, près d’Agen, mort en 1684, était pasteur de l’église de Rouen. C’était un homme plein d’érudition et de jugement. Il soutint une controverse avec Bossuet. On a de lui : Histoire de l’Eucharistie, Amst., 1669 ; Réponse au livre de M. de Meaux (Bossuet) sur la Communion, 1683 ; Nouveau traité de la Régale, 1685. — Son fils, Daniel de L., 1660-1731, abjura après la révocation de l’édit de Nantes. Il se fit mettre en prison pour avoir imputé à l’impéritie des ministres la famine de 1693. On a de lui une Vie de Mézeray, Amst., 1720.

LARS, mot qui signifiait roi, seigneur, chez les Étrusques. V. PORSENA et TOLUMNIUS.

LARTIUS FLAVUS (T.), consul l’an 501 av. J.-C., fut fait dictateur l’an 499 ; il est le premier.qui ait été revêtu de cette charge. Il vainquit les Fidénates, prit leur ville et se démit aussitôt du pouvoir.

LA RUE (le P. Ch. de), jésuite, né à Paris en 1643, m. en 1725, prêcha avec succès dans les provinces, à Paris et devant la cour, et fut employé à la conversion des Calvinistes des Cévennes. Il a composé des vers latins estimés (Carminum libri IV, Paris, 1668), 2 tragédies latines (Lysimachus, Cyrus), et une tragédie en vers français (Sylla) ; des Panégyriques, des Oraisons funèbres (celles du duc de Bourgogne et du maréchal de Boufflers) ; des Sermons de morale, dont les plus remarquables sont : le Pécheur mourant, le Pécheur mort et le sermon sur les Calamités publiques. On dit que l’Andrienne et l’Homme à bonnes fortunes, comédies données sous le nom de Baron, sont du P. de La Rue. On lui doit aussi des éditions estimées de Virgile et d’Horace, avec paraphrase et commentaires (dans la collection Ad usum Delphini).

LA RUE (Gervais, abbé de), archéologue, né à Caen en 1751, m. en 1835, se livra de bonne heure à des recherchés sur nos antiquités nationales. Prêtre insermenté, il se réfugia en Angleterre pendant la Terreur, explora les archives de la Tour de Londres et y découvrit une foule de poëmes et romans du moyen âge dont l’existence n’était pas même soupçonnée. De retour en France, il fut nommé professeur d’histoire à la Faculté des lettres de Caen (1808) et correspondant de l’Institut (1815). On a de lui : Mémoire sur les bardes armoricains, 1815 ; Essais sur la ville de Caen ; Recherches sur la tapisserie dite de la reine Mathilde, 1824 ; Essais sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands, 1834.

LARUNS, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 30 kil. S. E. d’Oloron ; 1650 h. Usines ; marbres ; eaux minérales.

LARVES. V. LÉMURES.

LA SABLIÈRE (Marguerite HESSEIN, dame de), dame distinguée par son esprit et sa bienfaisance, morte en 1693, fut un des ornements du XVIIe siècle. Elle savait la physique, l’astronomie, les mathématiques, et possédait plusieurs langues. La meilleure société se rassemblait chez elle ; elle s’est immortalisée par la protection qu’elle accorda au voyageur Bernier (qui fit pour elle son Abrégé de Gassendi), et par l’hospitalité qu’elle donna à La Fontaine. Elle inspira à La Fare une vive passion, qui fut partagée et que le poëte a chantée dans ses vers. Elle avait épousé Ant. de Rambouillet de La Sablière (1624-79), fils d’un riche financier, financier lui-même et régisseur des domaines du roi. C’était un homme d’esprit et un ami du plaisir : il composa de jolis madrigaux, publiés en 1680 par son fils, et réimprimés en 1825, dans les Petits classiques français de Ch. Nodier.

LA SALE (Ant. de), vieux romancier, né en 1398, m. vers 1462, visita l'Italie, fut secrétaire de Louis III, comte de Provence, et acheva sa carrière à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. On a de lui : l’Histoire et plaisante chronique du petit Jehan de Saintré et de la dame des Belles Cousines, Paris, 1517 et 1724 (rajeunie par le comte de Tressan); les Cent nouvelles nouvelles(attribuées à tort à Louis XI), 1450-60; et les Quinze joies du mariage : ces 2 derniers ouvrages ont été réimprimés en 1858 dans la collect. Jannet. Il a aussi écrit : Chronique et généalogie des comtes d'Anjou de la maison de France, Paris, 1517, in-fol. Génin lui attribue l’Avocat patelin.

LA SALLE, ch.-l. de c. (Gard), à 30 kil. N. E. de Le Vigan; 2477 hab. Filature de soies, bonneterie.

LASALLE (Robert CAVELIER de), né à Rouen vers 1640, alla chercher fortune au Canada vers 1670, entreprit de découvrir l'embouchure du Mississipi, et obtint, à cet effet, du marquis de Seignelay une commission très-étendue. Il descendit le fleuve en partant du Canada, et, après avoir surmonté des obstacles de tous genres, il en découvrit l'embouchure dans le golfe du Mexique, 1682. Il prit possession au nom de la France d'une grande partie de la Louisiane, mais il fut assassiné, en 1687, dans le Texas, par trois de ses compagnons. On a publié, d'après les papiers d'un de ses compagnons, le journal de son Voyage, 1723.

LASALLE (le P. de), instituteur des Frères des Écoles chrétiennes, né à Reims en 1651, m. en 1719, était fils d'un conseiller au présidial de cette ville. Il entra dans l'état ecclésiastique, et fut pourvu d'un canonicat de l'église de Reims. Il commença en 1681 à s'occuper de la fondation des Écoles chrétiennes, eut à lutter contre toutes sortes de difficultés, réussit néanmoins à les faire adopter à Reims, à Rouen, à Paris et dans les principales villes de France. Il avait établi le siége du nouvel ordre dans la maison de St-Yon à Rouen, d'où ses religieux sont souvent appelés Frères Saint-Yon. On a de J. B. Lasalle les Devoirs du chrétien et la Civilité chrétienne, ouvrages encore classiques; des Méditations sur les évangiles, réimprimées par le F. Philippe, Versailles, 1858; les Douze Vertus d'un bon maître d'école, etc. Sa Vie a été écrite par Bellin, Rouen, 1733; par Salvan, Toulouse, 1852; par L. Ayma, Paris, 1855.

LASALLE (Ant.), écrivain, né en 1754, m. en 1829, était fils naturel d'un Montmorency et fut destiné d'abord à l'état ecclésiastique, mais il finit par entrer dans la marine. De 1771 à 1778, il visita Terre-Neuve, les îles de l'Amérique, les Indes orientales et la Chine. De retour en France, il publia quelques ouvrages d'une philosophie originale : le Désordre régulier, 1786; la Balance naturelle, 1788; la Mécanique morale, 1789, et fit paraître de 1800 à 1803 une trad. des Œuvres de Bacon, Dijon, 15 vol. in-8. La Révolution, en le privant d'une pension qui formait son unique revenu, l'avait réduit au dernier degré de dénûment, et il finit ses jours à l'Hôtel-Dieu. Lasalle possédait de vastes connaissances et une singulière vivacité de conception; mais il se jeta dans des hypothèses aventureuses, voisines de l'athéisme. Sa traduction de Bacon n'est ni complète ni fidèle.

LASALLE (Ant. Ch. Louis COLLINET, comte de), général de cavalerie, né à Metz en 1775, était déjà officier lorsqu'éclata la Révolution. Il entra comme simple soldat dans un régiment, se signala par sa bravoure en Italie, en Égypte, en Allemagne; fut fait général de brigade à Austerlitz, et périt à Wagram (1809), après avoir été nommé général de division.

LA SALVETAT D'ANGLÈS, ch.-l. de c. (Hérault), à 23 kil. N. O. de St-Pons, près de l'Agout; 4035 h. Laines, beurre estimé.

LA SALVETAT PEYRALÈS, ch.-l. de c. (Aveyron), à 50 kil. S. O. de Rodez; 3157 hab.

LA SAULSAIE, école régionale d'agriculture (Ain), dans la commune de Montluel, est située au milieu des étangs de la Dombes, à 5 kil. E. de Trévoux.

LASCARIS, maison grecque du Bas-Empire, a fourni à l'empire grec de Nicée plusieurs souverains et a produit des savants distingués. La plus grande illustration de cette famille date de l'avènement de Théodore Lascaris. Il existait encore au dernier siècle, dans le comté de Nice, des Lascaris, issus d'une fille de Jean Lascaris Ducas (empereur de Nicée en 1259 et 1260), qui avait été donnée en mariage à un comte de Vintimille à la fin du XIIIe siècle.

LASCARIS (Théodore), empereur de Nicée, était gendre de l'empereur Alexis l'Ange. Après la prise de Constantinople par les Croisés (1204), il alla former dans l'Asie-Mineure un nouvel État qui comprenait la Bithynie, la Lydie, la Phrygie, et dont Nicée devint la capitale. Il eut à combattre à la fois Alexis, son beau-père, et le sultan d'Iconium, mais il sut se délivrer de ses ennemis, et se maintint sur le trône jusqu'à sa mort (1222). Il avait épousé en 3e noces une fille de Pierre de Courtenay, empereur nommé de Constantinople. — Il eut pour successeurs son gendre, Jean Ducas Vatace (V. JEAN III), et son petit-fils Théodore Lascaris, dit le Jeune, qui régna de 1255 à 1259. Celui-ci, qui était sujet à des attaques d'épilepsie, tomba dans une mélancolie noire qui lui fit commettre d'horribles cruautés et qui abrégea ses jours. — Il laissa un fils, âgé de 6 ans, Jean, qui porta quelques instants le vain titre d'empereur, mais qui en fut bientôt dépouillé par Michel Paléologue (1260).

LASCARIS (Constantin), un des savants grecs qui contribuèrent à la renaissance des lettres en Europe, issu de la même famille que les précédents, vint de Constantinople en Italie après la chute de l'Empire (1454), enseigna le grec à Milan où l'avait appelé François Sforze, puis à Rome, où il se lia avec Bessarion, à Naples où l'avait appelé le roi Ferdinand, et mourut à Messine en 1493. Il a laissé une Grammaire grecque, écrite en grec, Milan, 1476; c'est le premier livre qui ait été imprimé en caractères grecs.

LASCARIS (Jean), dit Rhyndacenus, parce qu'il était né près du Rhyndacus en Phrygie, né vers 1445, m. en 1535, vint de bonne heure en Europe, fut d'abord accueilli à Florence par Laurent de Médicis, qui l'envoya en Grèce à la recherche des manuscrits; puis fut appelé en France par Charles VIII, et jouit d'un grand crédit auprès de Louis XII et de François I, qui le chargèrent d'une ambassade à Venise; il eut aussi pour protecteur Léon X. Il enseigna le grec à Budé, à Danès, et ne dédaigna pas de corriger les épreuves de plusieurs ouvrages grecs (Callimaque, Florence, 1492; l’Anthologie, 1494, etc.). Il a laissé des épigrammes, des discours, etc. M. Villemain a publié Lascaris, ou les Grecs au XVe siècle, Paris,l825.

LASCARS, nom donné aux indigènes des îles de la mer des Indes et de celle de la Chine employés comme matelots à bord des navires européens.

LAS CASAS (Barthélemi de), évêque de Chiapa au Mexique, de l'ordre des Dominicains, né à Séville en 1474, m. à Madrid en 1566, s'est rendu immortel par son humanité et son zèle infatigable en faveur des malheureux Indiens qu'opprimaient ses compatriotes. Embarqué avec Christ. Colomb, il accompagna dans leurs expéditions les premiers conquérants de l'Amérique, répara autant qu'il le put les maux de la guerre, et ne revint en Espagne qu'après avoir passé 50 ans dans le Nouveau-Monde (1551). On a de ce pieux évêque plusieurs ouvrages, tous dictés par une ardente charité; le principal est : Brevissima relacion de la destruccion de las Indias, Séville, 1552 (trad. par J. de Miggrode sous le titre de Tyrannie et cruautés des Espagnols, 1679) : c'est une réponse à Sépulvéda qui soutenait qu'on doit exterminer quiconque refuse d'embrasser la religion chrétienne. On lui a reproché, mais à tort, d'avoir conseillé la traite des nègres afin de faire épargner ses chers Indiens.

LAS CASES (Dieudonné, comte de), un des compagnons d'exil de Napoléon, né en 1766 au château de Las Cases, près de Revel (Hte-Garonne), mort en 1842, se disait issu de la famille de l’évêque de Chiapa. Lieutenant de vaisseau en 1789, il émigra et fit partie de l'armée de Condé et de l'expédition de Quiberon, mais il rentra en France après le 18 brumaire. Il y publia en 1803, sous le pseudonyme de Le Sage, un Atlas historique, chronologique et géographique (gr. in-fol.), qui obtint un grand succès. Quand les Anglais menacèrent Flessingue, il s'enrôla comme volontaire pour les repousser (1809), et fut dès lors remarqué par Napoléon, qui bientôt se l'attacha comme chambellan, le fit entrer au Conseil d'État et le chargea de plusieurs missions de confiance. Il refusa en 1814 d'adhérer à la déchéance de l'Empereur, reprit son service auprès de lui en 1815, l'accompagna à Ste-Hélène, et resta 18 mois auprès de l'illustre prisonnier, vivant dans son intimité et recueillant ses paroles dans un journal, qui parut depuis sous le titre de Mémorial de Ste-Hélène (1822-24, 8 vol. in-8), et qui eut une grande vogue. Devenu suspect à Hudson-Lowe, il fut déporté au cap de Bonne-Espérance, puis transféré en Europe, mais retenu comme prisonnier : il ne put revoir sa patrie qu'après la mort de Napoléon. Élu député de la Seine après 1830, il siégea dans l'opposition. — Son fils, Emmanuel, 1800-54, servit de secrétaire à Napoléon à Ste-Hélène, accompagna en 1840 le prince de Joinville, chargé de rapporter en France les restes de l'Empereur, et publia en 1841 : Journal écrit à bord de la Belle-Poule. Il fut élu en 1831 député du Finistère, et appelé en 1852 au Sénat.

LASCY (Pierre, comte de), général au service de la Russie, né en 1678 en Irlande, mort en 1751, avait d'abord servi en France, en Autriche et en Pologne. Il se distingua sous Pierre le Grand à Pultawa (1709), ravagea la Finlande (1721), prit Azov sur les Turcs et fut fait maréchal et gouverneur de Livonie. — Son fils, Maurice de L. (1725-1801), prit de bonne heure du service en Autriche, se distingua à Breslau (1757), à Hochkirch (1758), fut nommé feld-maréchal par Marie-Thérèse, entra au conseil aulique et jouit de la confiance de Joseph II. Il réforma le système de fortifications adopté en Autriche.

LA SERNA DE SANTANDER. V. SANTANDER.

LA SERRE (J. PUGET de), écrivain médiocre, né en 1600 à Toulouse, mort en 1665, vint de bonne heure à Paris et fut bibliothécaire du duc d'Orléans. puis conseiller d’État et historiographe de France, il écrivit dans tous les genres : histoire, théâtre, morale, philosophie, et produisit un nombre prodigieux de volumes. Il fit représenter plusieurs tragédies en prose, dont quelques-unes (Thomas Morus, 1641; le Sac de Carthage; Chimène, etc.) eurent un succès momentané. Laserre n'est plus guère connu que par les sarcasmes de Boileau : dans le Chapelain décoiffé, le satirique feint que Laserre, irrité contre Chapelain, qui ne l'avait pas fait pensionner par le roi, lui cherche querelle et lui arrache sa perruque.

LA SERRE (J. L. Ignace de), sieur de Langlade, poëte dramatique, né à Cahors en 1662, m. à Paris en 1756, se fit poëte après avoir perdu au jeu 25 000 livres de rente. Il a donné à l'Opéra Polyxène, 1706; Diomède, 1710; Polydore, 1720; Scanderberg, 1719, et aux Français une tragédie d’Artaxare, 1718. On a aussi de lui des Mémoires pour servir à l'histoire de Molière et de ses ouvrages. Il vécut dans un commerce intime avec Mlle de Lussan. V'. ce nom.

LA SOUTERRAINE, ch.-l. de c. (Creuse), à 40 k. N. O. de Guéret, dans une vallée profonde; 3780 hab. Cours d'eau souterrain qui a fait donner son nom à la ville. Commerce de chanvre, fil, etc.

LASPHRISE (PAPILLON de), poëte. V. PAPILLON.

LASSA, v. du Thibet. V. L'HASSA.

LASSAIGNE (J. L.), chimiste, né à Paris en 1800, m. en 1859, se forma sous Vauquelin, remplaça Dulong comme professeur de chimie à l'École vétérinaire d'Alfort (1824), professa en même temps à l'École de commerce, et fut à partir de 1845 expert chimiste près les tribunaux de Paris. On lui doit plusieurs découvertes (celle de la cathartine dans le séné, de la Delphine dans le staphisaigre, de l’acide pyrocitrique, etc.), et d'utiles applications de la science (notamment l'emploi du chromate de plomb dans la fabrication des toiles peintes), qui lui valurent de nombreuses récompenses de la part des sociétés savantes. Il a donné un Traité de Chimie, 1829, un Dictionnaire des Réactifs, 1839, et un Traité de Matière médicale et de Pharmacie vétérinaire, 1841.

LASSAY, ch.-l. de c. (Mayenne), à 20 kil. N. E. de Mayenne; 2280 hab. Bestiaux, volailles; fil, laine. Château construit au IXe s. Anc. marquisat, appartenant aux Madaillan de Lesparre. M. Paulin Paris a publié le Marquis de Lassay et l'hôtel Lassay aux XVIIe s.

LASSEUBE, ch.-l. de c. (Basses-Pyrénées), sur la Baïse, à 14 kil. N. E. d'Oloron; 2702 hab.

LASSIGNY, ch.-l. de c. (Oise), à 24 kil. N. de Compiègne; 803 hab.

LASSUS (Roland ou ORLANDO di LASSO), célèbre musicien belge, dont le véritable nom est Roland de Lattre, né à Mons en 1520, m. à Munich en 1595, partit de bonne heure pour l'Italie, fut dès 1541 maître de chapelle à St-Jean de Latran à Rome, parcourut l'Europe, admiré partout, et se fixa en 1557 à Munich, où il fut nommé maître de chapelle du duc de Bavière. L'empereur Maximilien l'anoblit; Charles IX voulut en vain l'attirer en France. Lassus fut surnommé de son temps le prince des musiciens; il réussissait également dans la musique profane et dans la musique religieuse, et fut dans ce dernier genre le rival de Palestrina, Il améliora le contre-point, introduisit le 1er dans le chant des passages chromatiques et réduisit le nombre des lignes de la mesure. Ses productions, messes, psaumes, hymnes, motets, chansons, madrigaux, etc., s'élèvent à plus de 2000. Un choix en fut publié par son fils sous le titre de Magnum opus musicum, Munich, 1604, 7 vol. in-fol. Des statues lui ont été élevées à Mons et à Munich.

LASSUS (Pierre), habile praticien, né à Paris en 1741, m. en 1807, fut successivement chirurgien de Mesdames, filles de Louis XV, chirurgien consultant de Napoléon, professeur d'histoire de la médecine légale, puis de pathologie externe à la Faculté de Paris et membre de l'Institut. On a de lui, outre des traductions de l'anglais : Traité élémentaire de Médecine opératoire, 1795; Pathologie chirurgicale, 1806.

LASSUS (J. B. Ant.), architecte, né à Paris en 1807, m. en 1857, est un de ceux qui ont le plus contribué à remettre en honneur le genre gothique. Il a dirigé, de concert avec M. Viollet-le-Duc, la restauration de la Ste-Chapelle, de St-Germain l'Auxerrois et de Notre-Dame de Paris, et a construit les nouvelles églises de Belleville et de la Chapelle St-Denis. Outre de nombreux dessins de monuments, des projets de restauration et de restitution d'édifices détruits, on lui doit la Monographie de la cathédrale de Chartres, 1843, gr. in-f. Il a donné un grand nombre d'articles aux Annales archéologiques.

LASTEYRIE (Ch. Philibert, comte de), né en 1759 à Brives (Corrèze), m. en 1849, s'adonna de bonne heure à l'étude de l'économie rurale, visita dans ce but presque toutes les contrées de l'Europe, contribua puissamment à importer les mérinos en France (1795); alla dès 1812 à Munich pour y étudier auprès de Senefelder l'art tout nouveau de la lithographie, et créa lui-même à Paris les premiers établissements de ce genre. Allié de Lafayette, il fut comme lui un des plus zélés soutiens des idées libérales, prit une part active à la propagation de enseignement mutuel et à la création de la Société d'encouragement, et fonda le Journal des connaissances usuelles et pratiques, qu'il dirigea lui-même pendant plusieurs années. Il avait formé un riche cabinet contenant tous les objets relatifs à l'économie rurale, ainsi que tous les ouvrages sur cette matière. Il a écrit sur diverses parties de l'agronomie, notamment sur les Bêtes à laine d'Espagne (1799, 1802), sur la Culture du Cotonnier (1808) et de l'Indigotier (1811); a donné, sous le titre d’Histoire naturelle du Mouton, du Cheval, du Chien, du Chameau, du Bœuf, du Cochon, etc., un grand nombre de petits traités d’une utilité pratique ; et a publié une précieuse Collection des machines, instruments, etc., employés dans l’économie rurale, 1820-25. — Son fils, Ferd. de L., né en 1810, membre de la Chambre des Députés, puis de l’Assemblée nationale, membre libre de l’Académie des inscriptions, a donné une savante Histoire de la peinture sur verre, 1837-56, in-fol.

LASTIC (J. BONPAR de), grand maître de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, élu en 1437, soutint deux fois dans Rhodes les attaques du sultan d’Égypte (1440-44), et força l’ennemi à lever le siége et à fuir honteusement malgré la supériorité de ses forces.

LA SUZE, ch.-l. de c. (Sarthe), sur la Sarthe, à 23 kil. S. O. du Mans ; 2268 hab. Anc. comté. Ruines d’un château qui appartint au fameux Gilles de Laval.

LA SUZE (Henriette de COLIGNY, comtesse de), femme célèbre par son esprit, sa beauté, ses malheurs, née en 1618, m. en 1673, était petite-fille de l’amiral de Coligny. Veuve d’un Écossais nommé Th. Hamilton, elle épousa en 2e noces le comte de La Suze (de l’illustre maison des comtes de Champagne) : elle fut très-malheureuse avec son second époux, obtint à force d’argent la cassation de son mariage et finit par être à peu près ruinée. Élevée dans la religion protestante, elle se convertit. Longtemps sa maison réunit les gens d’esprit et fut comme une succursale de l’hôtel de Rambouillet. On vantait fort ses vers : auj. ils sont oubliés. On a sous son nom un Recueil d'œuvres galantes en prose et en vers, Paris, 1684, 4 vol. in-12 ; mais la plupart des pièces qu’il renferme ont été écrites ou retouchées par Pellisson ou par d’autres. Cependant on ne lui conteste pas ses Élégies, qui sont les meilleures de ses poésies.

LATAKIEH, Laodicea ad mare, v. de Syrie (Tripoli), ch.-l. de livah, sur la Méditerranée, à 133 k. N. de Tripoli ; 7000 hab. Jolie ville ; jadis le meilleur port de la Syrie : beaucoup de ruines. Évêché grec, consulats européens. Aux environs, coton et tabac très-recherchés. — Fondée sur les ruines de l’ancienne Ramitha par Séleucus Nicator, qui la nomma Laodicée en l’honneur de sa mère Laodice. Florissante sous les Romains, cette ville fut ravagée au moyen âge, par les Tartares, les Mongols et les Turcs. Deux tremblements de terre (1796 et 1822) achevèrent sa ruine.

LATAKIEH ou LADIK, Laodicea combusta, v. de Turquie d’Asie (Caramanie), à 44 k. N. O. de Konieh ; 500 h. Ruines nombreuses.

LATERANUS. V. SEXTIUS LATERANUS.

LA TESTE DE BUCH, ch.-l. de c. (Gironde), à 50 k. S. O. de Bordeaux, sur le bassin d’Arcachon ; 3877 h. Petit port, chemin de fer pour Bordeaux ; monument en l’honneur de l’ingénieur Brémontier. Commerce d’huîtres. Jadis ch.-l. du captalat de Buch. V. BUCH.

LATHAM (John), naturaliste, né en 1740 à Eltham (Kent), m. en 1837, était fils d’un chirurgien et exerça lui-même avec succès ; mais il consacra tous ses loisirs à l’ornithologie. On a de lui : Index ornithologicus, Londres, 1790, 2 v. in-4, et A general history of Birds, 11 vol. in-4, Winchester, 1821-28.

LA THAUMASSIÈRE (Gaspard THAUMAS de), avocat à Paris, né à Bourges 1650, m. en 1712, était très-versé dans la connaissance de l’ancien droit français. Il a donné des éditions des Assises de Jérusalem, des Coutumes du Beauvoisis par Beaumanoir et des Coutumes de Berry et de Lorris, et a rédigé un Traité du frane-alleu de Berry,1667, in-f.,et une Histoire du Berry et du diocèse de Bourges, 1689, in-f.

LA THORILLIÈRE (LENOIR de), comédien de la troupe de Molière, puis de l’hôtel de Bourgogne, jouait les rôles de rois et de paysans. Il était né gentilhomme et avait été capitaine de cavalerie. Il mourut en 1679. — Son fils, Pierre de La Th., 1656-1731, fut élève de Molière et joua les valets et les comiques avec succès pendant plus de 47 ans. Il créa une foule de rôles, depuis Hector, dans le Joueur, en 1696, jusqu’à Pasquin, dans les Fils ingrats, en 1728.

LATHYRE (Ptolémée). V. PTOLÉMÉE VII.

LATICLAVE, latus clavus, c.-à-d. large bande, bande de pourpre qui, chez les Romains, ornait la tunique des consuls et des patriciens. Ce mot désignait aussi cette tunique elle-même.

LATEL (le cardinal de), prélat français, né aux îles Ste-Marguerite en 1761, m. en 1839, refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé (1791), émigra, devint aumônier et confesseur du comte d’Artois dans l’exil, fut nommé en 1816 évêque d’Amyclée (in partibus), en 1817 évêque de Chartres, en 1824 archevêque de Reims, en 1826 cardinal. On attribue en grande partie à son influence le rappel des Jésuites et les fatales ordonnances de juillet 1830.

LATIMER (Hugues), évêque de Worcester, l’un des premiers auteurs du schisme d’Angleterre, était né dans le comté de Leicester en 1472. Il déclama d’abord avec force contre Mélanchthon et ses innovations ; mais bientôt, de catholique zélé, il devint protestant fanatique. Accusé d’avoir tenu des discours offensants sur le roi Henri VIII, il fut enfermé à la Tour (1541). L’avénement d’Édouard VI (1547) lui rendit la liberté ; mais sous le règne de la reine catholique Marie, il fut condamné, avec son ami Ridley, à être brûlé vif, à cause de ses attaques contre le Catholicisme, et fut exécuté à Oxford en 1555.

LATIN (EMPIRE). On donne ce nom à l’empire formé en 1204 par les Croisés français et vénitiens pendant la 4e croisade, lorsqu’ils eurent pris Constantinople et renversé Alexis V (Ducas Murtzuphle). Cet empire, ainsi nommé parce que tous les Croisés étaient de race latine, dura peu. Dès 1261, Michel Paléologue rentra dans Constantinople et reconstitua l’empire grec. Voici les noms des empereurs latins :

Baudouin I, comte de Flandre, 1204
Henri, 1206
Pierre de Courtenay, 1216
Robert de Courtenay, 1219
Baudouin II, 1228-1261
Jean de Brienne, tuteur de Baudouin II, est empereur de 1231 à 1237

LATINE (ÉGLISE), nom sous lequel on désigne souvent l’Église romaine ou d’Occident par opposition à l’Église grecque ou d’Orient, parce que dans l’origine elle ne comprenait que les peuples de race latine. On l’appelle aussi Église catholique, c.-à-d. universelle, parce qu’en effet elle comprend les Catholiques du monde entier, sans distinction de langues. — Les conciles de Lyon (1274) et de Florence (1439) travaillèrent, mais inutilement, à la réunion des Grecs et des Latins.

LATINS, Latini, habitants du Latium. V. LATIUM. — Au moyen âge, surtout au temps des croisades, on étendit le nom de Latins à tous les peuples de l’Europe dont le pays avait fait partie de l’ancien empire romain d’Occident ; on les nommait ainsi par opposition aux peuples de l’empire grec ou d’Orient.

LATINUS, anc. roi d’Italie, était, selon Virgile, fils de Faune et de Marica, et régnait vers 1300 av. J.-C. sur le pays qu’on a, de son nom, appelé Latium. Il accueillit Énée dans ses États, et, malgré l’opposition d’Amate son épouse, lui donna sa fille Lavinie, que le prince troyen épousa après avoir tué son rival, Turnus, roi des Rutules. Selon d’autres, Latinus serait fils d’Ulysse ou de Télémaque et de Circé. On le fait périr dans un combat contre Mézence.

LATITUDINAIRES, secte qui était surtout répandue, dans les XVIe et XVIIe siècles, en Hollande, en Allemagne, en Angleterre, et qui compte encore des partisans. Afin d’éviter les polémiques religieuses et leurs funestes conséquences, ils revendiquaient la plus grande latitude dans l’interprétation de la Bible. Cudworth, Burnet, Clarke, Chillingworth, etc., professaient cette doctrine. Jurieu les a combattus dans sa Religion des Latitudinaires, 1696.

LATIUM, contrée de l’Italie anc., le long de la mer Inférieure, entre l’Étrurie et la Campanie. On y distinguait : 1° le Vieux-Latium ou Latium propre, au S. ; villes principales : Albe, Préneste, Pedum, Tibur, Algide, Frégelle, etc., qui formaient une confédération (les Herniques et Rome, quoique classés géographiquement dans le Vieux-Latium, ne lui appartenaient pas) ; 2° le Nouveau-Latium, au S. ; peuples principaux : les Èques, les Volsques, les Rutules, les Ausones ou Aurunces ; villes : Anagnie, Suessa-Pometia, Vélitres, Antium, Anxur, Ardée, Suessa-Aurunca. Ce dernier pays ne faisait pas primitivement partie du Latium ; il ne prit ce nom que lorsqu’il eut été conquis par les Romains. La soumission du Latium fut commencée par les Romains dès Romulus. En 664 av. J.-C., les Romains subjuguèrent Albe. Sous Tarquin le Superbe, la confédération latine, sauf Gabies, reconnut la supériorité de Rome. Révoltée en 498, elle fut battue en 496. Les Èques et les Volsques se soumirent en 367 ; ils reprirent les armes en 345 et 338, mais furent enfin écrasés en 314. Le Latium fut couvert par les Romains de colonies et de municipes. On nomma droit latin l’ensemble de divers privilèges qui étaient un acheminement au droit de cité, et qui tenaient le milieu entre ce droit et le droit italique. On dérive le nom de Latium soit de Latinus, un des rois du pays, soit de latere (être caché), parce que, dit-on, Saturne, chassé du ciel, serait venu se cacher dans ce pays. M. E. Desjardins a donné La Topographie du Latium, Paris, 1854, in-4, avec cartes.

LATMOS, montagne d’Asie-Mineure, sur les confins de l’Ionie et de la Carie, près de la côte, entre Milet et Héraclée, était célèbre dans la mythologie par les visites que Diane venait y faire au berger Endymion. Cette montagne donna son nom à une ville de Latmos et au golfe Latmique.

LATOFAO ou LEUCOFAO, lieu que l’on place soit à Liffol-Le-Petit (Hte-Marne), soit à Laffaux, entre Soissons et Laon, soit même près de Moret (Seine-et-Marne), fut le théâtre de deux batailles gagnées, l’une par Frédégonde sur Brunehaut en 696, l’autre par Ébroïn, maire du palais, sur Pépin d’Héristal et Martin, chefs des Austrasiens, en 680.

LATOMIES, Latomiæ, c.-à.-d. carrières, anc. carrières de Sicile, aux environs de Syracuse, devinrent ensuite des prisons. On a prétendu que Denys le Tyran y avait fait ménager des tuyaux souterrains qui conduisaient à une chambre de son palais la voix des prisonniers : c’est ce qu’on appelait l’Oreille de Denys ; mais ce conte a été démenti par l’observation des lieux. Philoxène fut enfermé aux Latomies.

LATONE, en grec Léto, fille du Titan Cœus et de Phœbé, sa sœur, fut aimée de Jupiter. Junon, par jalousie, força la Terre à lui promettre de ne donner aucune retraite à Latone ; mais Neptune, touché de compassion, fit sortir du fond de la mer l’île de Délos, où Latone se réfugia ; elle y mit au monde Diane et Apollon, fruits de ses amours avec Jupiter. Un jour que, persécutée par Junon, elle se reposait en Carie au milieu de la campagne, des paysans auxquels elle demandait de l’eau la raillèrent amèrement ; Latone, irritée, les fit changer en grenouilles par Jupiter (V. aussi NIOBÉ). Après sa mort elle fut mise au rang des divinités. Les femmes en couche l’imploraient dans leurs douleurs. Latone paraît être la même que la déesse Bouto des Égyptiens.

LATOPOLIS, c.-à-d. ville de Latone, nom donné par les Grecs à plusieurs villes d’Égypte qui étaient consacrées à Bouto, déesse qu’ils identifiaient avec leur Latone. La plus importante était en Thébaïde, au S. d’Hermonthis : c’est auj. Esneh.

LATOUCHE (H. de), écrivain, né en 1785 à La Châtre, m. en 1851, occupait sous l’Empire, dans les Droits réunis, un emploi qu’il perdit à la Restauration, et se livra dès lors tout entier aux lettres. Il avait débuté par de jolies pièces : les Projets de Sagesse (1811), le Tour de faveur (1818), comédies en vers ; mais, forcé de vivre de sa plume, il se mit à composer des écrits de circonstance qui nuisirent à sa réputation. Il rédigea à partir de 1825 le Mercure du XIX s., et après 1830 le Figaro, où il se montra souvent agressif et violent. Il publiait en même temps des romans ; en 1827, il fit paraître la Correspondance de Clément XIV et de Carlo Bertinazzi (Arlequin), œuvre toute fictive, qui fut remarqués. Il a aussi composé des poésies qui brillent par l’idée plus que par l’expression. Chargé d’examiner les œuvres jusque-là inédites d’A. Chénier. il en reconnut aussitôt la valeur, et la fit ressortir dans l’édition qu’il en donna en 1819 ; son nom restera attaché à cette espèce de résurrection littéraire. — V. GUIMOND DE L.

LA TOUCHE-TRÉVILLE (L. LEVASSOR de), marin, né à Rochefort en 1745, entra dans la marine à 13 ans, fut nommé capitaine de vaisseau en 1780, et soutint en 1781 sur l’Hermione, de concert avec l’Astrée, que commandait La Pérouse, un combat de plusieurs heures contre 4 frégates et 2 corvettes anglaises. En 1789, il fut député aux États généraux et fit partie de l’Assemblée constituante. En 1799, il commanda la flottille réunie à Boulogne, qu’attaqua fois en vain l’amiral Neslon (1801) ; en 1804, il fut fait vice-amiral, mais il mourut la même année à Toulon.

LA TOUR, nom de plusieurs familles nobles, dont la plus connue est la maison de La Tour d’Auvergne, qui tire son nom d’une petite ville de l’anc. Auvergne (V. ci-après LA TOUR D’AUVERGNE). Les seigneurs de La Tour, connus depuis le XIIe s., devinrent comtes d’Auvergne à la fin du XIVe (1389), par le mariage de Bertrand de La Tour, 4e du nom, avec Marie, héritière des comtés d’Auvergne et de Boulogne. Cette maison a formé plusieurs branches, entre autres celles des Turenne, des Bouillon, des barons de Murat.

Le nom de La Tour a encore été porté : 1° par une famille du Dauphiné (V. LA TOUR DU PIN) ; — 2° par une famille de Lombardie, plus connue sous le nom de Della Torre, qui prétend descendre de Charlemagne par Eriprand de La Tour, chevalier français qui vivait au XI{{}}e s. et qui a longtemps fourni des podestats à Milan (V. TORRE) ; — 3° par une famille princière d’Allemagne, connue sous le nom de La Tour et Taxis (Thurn und Tassis), à laquelle l’Allemagne doit l’établissement des postes, et qui en eut longtemps le monopole. Cette famille, qui se prétend issue de la précéd., a pour chef un certain Ladmoral, qui vivait au XIVe s. à Bergame. L’arrière-petit-fils de Ladmoral, Roger de La Tour et Taxis, aurait organisé les 1res postes dans le Tyrol. L’emp. Maximilien nomma son fils François maître général des postes en 1516.

LATOUR (Maurice Quentin de), peintre célèbre, né à St-Quentin en 1704, m. en 1788, peignait au pastel et réussissait surtout dans le portrait. Mme Pompadour et tous les seigneurs de la cour voulurent être peints par lui. Il fut reçu à l’Académie de peinture en 1746. Il créa une école gratuite de peinture à St-Quentin, et fonda un prix de 500 fr. pour le meilleur tableau de perspective. La ville de St-Quentin lui a érigé une statue inaugurée en 1856.

LA TOUR (BAILLET, comte de), général autrichien, né au château de La Tour (Luxembourg), vers 1748, m. en 1806, devint de bonne heure colonel d’un régiment de dragons qui porta son nom, puis général-major, se trouva à la bataille de Jemmapes en 1792, contribua aux succès du prince de Cobourg en Belgique, obtint quelque avantage à Wattignies, fut nommé feld-zeugmeister en 1796, mais ne sut ni empêcher Moreau de passer le Rhin, ni profiter de la retraite de ce général. Il n’en fut pas moins nommé président du conseil aulique de guerre.

LA TOUR (Ch. CAGNARD, baron de), physicien, né à Paris en 1777, mort, en 1859, entra à l’École polytechnique dès la fondation, passa de là à l’École des ingénieurs géographes, fut quelque temps attaché sous Napoléon Ier au Conseil d’État, quitta ces fonctions pour se livrer tout entier à la science, et fut admis à l’Institut en 1851. Oh lui doit d’importants travaux sur la mécanique, la chimie, la physique et particulièrement sur l’acoustique, ainsi que plusieurs inventions ingénieuses ; une sorte de vis d’Archimède destinée à porter les gaz sous un liquide et qu’il appela cagnardel (1809), le canon- pompe, machine à vapeur qui élève l'eau sans piston, la pompe à tige filiforme, le peson chronométrique, la sirène, instrument destiné à mesurer les vibrations de l'air qui constituent un son donné (1819), une machine pour étudier le vol des oiseaux, etc. On estime aussi ses recherches sur la production de la voix humaine.

LA TOUR D'AUVERGNE, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 55 kil. O. d'Issoire ; 2068 h. Anc. château qui fut le berceau des La Tour d'Auvergne.

LA TOUR D'AUVERGNE (Henri et Frédéric Maurice de), ducs de Bouillon. V. BOUILLON.

LA TOUR D'AUVERGNE (Théophile CORRET de), le premier grenadier de France, né en 1743 à Carhaix, était issu d'un bâtard de l'illustre maison des La Tour d'Auvergne. Il entra dans les mousquetaires noirs en 1767, fut nommé la même année sous-lieutenant au régiment d'Angoumois, se distingua au siège de Mahon (1782), fut nommé capitaine en 1784, fit avec ce grade la campagne de 1792 à l'armée des Alpes, et y commanda un corps de grenadiers qu'on avait surnommé la Colonne infernale. Il était l'idole du soldat en même temps que la terreur des ennemis. Sans ambition, il ne voulut jamais accepter d'avancement : il refusa le grade de colonel (1793), et plus tard le titre de membre du Corps législatif. Il s'était retiré du service après la paix de Bâle (1795) et se livrait à des travaux littéraires, lorsqu'il apprit que le dernier fils de son ami Le Brigant était enlevé par la conscription ; il s'offrit pour le remplacer, servit à l'armée d'Helvétie comme simple grenadier et combattit à Zurich (1799); envoyé l'année suivante à l'armée du Rhin, il fut tué à Oberhausen, près de Neubourg (28 juin 1800). Son cœur fut confié à la garde de la compagnie qu'il avait adoptée, et jusqu'en 1814 son nom resta sur les contrôles ; a tous les appels, un des grenadiers répondait : Mort au champ d'honneur. Peu avant sa mort, le premier consul lui avait décerné un sabre d'honneur, avec le titre de Premier grenadier des armées de la République. Un arrêté des consuls avait décidé qu'un monument lui serait élevé : mais ce monument n'a été exécuté qu'en 1841, à Carhaix. La Tour d'Auvergne possédait presque toutes les langues de l'Europe. On lui doit, entre autres ouvrages, de savantes Recherches sur la langue, l'origine et les antiquités des Bretons, Bayonne, 1792, réimpr. en 1801 sous le titre d’Origines gauloises.

LA TOUR DE FRANCE, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orientales), sur l'Agly, à 26 kil. N. O. de Perpignan ; 1241 hab. Vins, eaux-de-vie.

LA TOUR DU PIN, ch.-l. d'arr. (Isère), sur la Bourbre, à 58 kil. N. O. de Grenoble ; 2537 hab. La ville doit son nom au château de La Tour, bâti sur une éminence voisine (pen en celtique signifiait éminence). Elle a elle-même donné son nom à une famille noble du Dauphiné, qui devint en 1281 souveraine du Dauphiné par le mariage de Humbert de La Tour avec Anne, héritière du Dauphiné. Cette maison a formé les branches des La Tour du Pin-Gouvernet, La Tour du Pin-Montauban, La Charce et Chambly.

LA TOUR DU PIN-GOUVERNET (René de), un des chefs du parti calviniste dans le Dauphiné, né en 1543 à Gouvernet en Dauphiné, mort en 1619, se signala en Savoie par des actes de bravoure dignes des temps de la chevalerie, fut nommé maréchal de camp et conseiller privé par Henri IV, et eut le commandement du Bas-Dauphiné. C'est de lui et de Jacques, son frère, que sortent les branches de la famille La Tour du Pin qui existent encore.

LA TOUR DU PIN-GOUVERNET (Jean Fréd.), ministre de la guerre sous Louis XVI, né à Grenoble en 1727, avait brillé dans la guerre de Sept ans et était en 1789 lieutenant général, commandant du Poitou et de la Saintonge, lorsqu'il fut député à l'Assemblée nationale par la noblesse du Poitou. Il embrassa les idées nouvelles et fut néanmoins appelé par Louis XVI au ministère ; mais il se vit obligé de se retirer en 1790. Appelé en témoignage dans le procès de la reine, il exprima hautement son respect pour l'infortunée princesse ; cette marque courageuse de sympathie causa son arrestation et sa condamnation à mort (1794).

LA TOUR DU PIN-MONTAUBAN (Hector), fils puîné de René de La Tour du Pin-Gouvernet, et dernier chef des protestants du Dauphiné ; se soumit en 1626, et reçut le brevet de maréchal de camp avec le gouvernement de Montélimar, qui resta dans sa famille jusqu'en 1789. — René, fils aîné d'Hector, 1620-1687, fut envoyé en 1664 au secours de l'Empereur d'Allemagne contre les Turcs et se signala à la bataille de St-Gothard. Il contribua depuis à la conquête de la Franche-Comté et de la Hollande par Louis XIV et commanda en chef la Franche-Comté.

LA TOUR DU PIN DE LA CHARCE (Philis), fille de Pierre III, marquis de La Charce, et arrière-petite-fille de René de La Tour du Pin-Montauban, se mit à la tête des vassaux de son père en 1692 et repoussa du Dauphiné les troupes du duc de Savoie. Elle mourut à Nyons en 1703. — René François André, vicomte de La Charce, brigadier, se distingua en vingt combats, notamment à Weissembourg et à Lawfeld, où il fut blessé (1747). Il épousa l'héritière de la maison de Chambly, et devint chef de la branche La Tour-Chambly, à laquelle appartiennent le comte René Charles François, colonel, qui périt sur l'échafaud en 1794, et le vicomte Henri de La Tour du Pin-Chambly, né en 1783, auteur de Caractères et Réflexions morales, remarquables par le style et par la pensée, et d'écrits agronomiques.

LA TOUR-MAUBOURG (Marie Vict. DE FAY, marquis de), lieutenant général, 1756-1850, d'une anc. famille du Vivarais qui tire son nom de La Tour en Velay, émigra en 1792, ne rentra en France qu'après le 18 brumaire, fit partie de l'expédition d’Égypte, combattit en Allemagne, en Espagne, en Russie ; fit une belle retraite à Mojaïsk (1812); se couvrit de gloire à Dresde et à Leipsick où il perdit la cuisse (1813), fut appelé à la Chambre des Pairs par Louis XVIII et fait marquis, fut peu après nommé ambassadeur en Angleterre, puis chargé, en 1819, du portefeuille de la guerre et en 1822 du gouvt des Invalides. Il se démit en 1830, alla rejoindre les Bourbons dans l'exil et fut nommé en 1835 gouverneur du duc de Bordeaux, mais il ne put accepter, à cause de son grand âge. — Son frère, le général Charles César de L., 1758-1831, député à l'Assemblée constituante, fut un des premiers à sacrifier ses privilèges, fut un des commissaires chargés de ramener le roi après son arrestation à Varennes, accompagna Lafayette en qualité de maréchal de camp à l'armée du Centre, quitta la France avec lui, partagea sa captivité et ne recouvra la liberté qu'en 1797. Député, puis sénateur sous l'Empire, il ne fut élevé à la pairie qu'en 1819.

LATRAN (palais de), palais bâti à Rome par un certain Lateranus Plautius, que Néron fit mourir pour s'emparer de ses biens. Ce palais fut donné par l'empereur Constantin au pape Melchiade et servit de résidence à ses successeurs jusqu'à leur départ pour Avignon (1308). Grégoire XI, à son retour en 1377, alla occuper le Vatican. — Près de ce palais, Constantin fit construire en 324 la basilique de St-Jean de Latran, la 1re église patriarcale de l'Occident. Il s'y tint 12 conciles, dont 4 œcuméniques. Le 1er de ceux-ci eut lieu en 1123, sous Calixte II (V. INVESTITURES); le 2e sous Innocent II, en 1139 : on y condamna Arnaud de Brescia; le 3e sous Alexandre III, en 1179 : on y régla l'élection des papes ;, le 4° en 1215, sous Innocent III : on y excommunia les Manichéens, les Vaudois et les Albigeois. Le concile tenu à Latran en 1512 abolit la Pragmatique sanction. Le 12e et dernier eut lieu en 1725.

LA TRAPPE (NOTRE-DAME de), abbaye de l'ordre de Cîteaux, célèbre par la sévérité de sa règle, fut fondée en 1140 par Rotrou, comte du Perche, à 12 kil. N. de Mortagne (dans le dép. actuel de l'Orne). Cet ordre, qui s’était relâché, fut réformé en 1662, par l'abbé de Rancé, qui y établit l'étroite observance de Cîteaux. Les Trappistes observent un silence absolu, partagent leur temps entre la prière et le travail manuel, se nourrissent de pain grossier et de légumes cuits à l'eau, et ne sont vêtus que d'une robe de bure, qui est blanche pour les religieux et brune pour les frères convers. Ils doivent avoir toujours devant les yeux l'image de la mort : à cet effet il y a dans leur cimetière une fosse toujours ouverte, prête à les recevoir, qu'ils visitent chaque jour. Cette abbaye fut supprimée à la Révolution; les religieux se réfugièrent successivement en Suisse, en Italie, en Allemagne, et jusqu'en Russie, vivant toujours réunis, et continuant à observer la règle de leur institut. Ils purent rentrer en 1815, et occupèrent de nouveau leur ancien couvent, qui fut restauré par M. de Lestrange. Depuis ils ont formé d'autres établissements en France : à La Meilleraye (Loire-Inférieure), près de Montélimart (Drôme), à Staouéli en Algérie, etc. Il en existe aussi en Angleterre et en Belgique. M. Gaillardin a donné l’Histoire des Trappistes, Paris, 1844.

LATREILLE (P. André), naturaliste, né à Brives en 1762, m. à Paris en 1833, se consacra à l'étude de l'entomologie, fit faire de grands progrès à cette branche de la science, fut admis à l'Académie des sciences en 1814 et nommé en 1820 professeur au Muséum d'histoire naturelle. On a de lui : Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, 1802; Hist. naturelle des Fourmis, 1802; Genera Crustaceorum et Insectorum, 1808-09; Cours d'Entomologie, 1831. C'est lui qui a composé la partie entomologique du Règne animal de Cuvier.

LA TREMBLADE, ch.-l. de cant. (Charente-Infér.), port sur la Seuldre, près de son embouch., à 7 k. S. S. O. de Marennes; 2758 hab. Huîtres vertes. Eaux-de-vie. Bains de mer fréquentés.

LA TRÉMOILLE, LA TRÉMOUILLE ou LATRIMOUILLE, ch.-l. de c. (Vienne), à 13 kil. N. E. de Montmorillon ; 2000 h. Berceau de la maison de la Trémoille.

LA TRÉMOILLE ou LA TRÉMOUILLE (Maison de), famille illustre du Poitou, tire son origine de Pierre, seigneur de La Trémoille, qui vivait vers 1040, sous Henri I. Elle acquit un grand nombre de fiefs et forma plusieurs branches : celle des princes de Talmont, des comtes d'Olonne, de Joigny, des ducs de Noirmoutiers, des vicomtes de Thouars, etc. Par suite du mariage de l'un d'eux avec l'héritière des rois de Naples (V. ci-après François de la Tr.), les La Trémoille avaient des prétentions sur ce trône.

LA TRÉMOILLE (Gui de), le Vaillant, servit avec gloire sous Charles V et Charles VI, défendit Troyes contre les Anglais (1380), et reçut des mains de Charles VI, en 1383, l'oriflamme de France. Il alla en Hongrie combattre les Turcs, et fut fait prisonnier à la batailla de Nicopolis (1396); il mourut en 1398, pendant qu'il revenait en France. Il ne s'était pas moins signalé dans les tournois et les fêtes galantes que dans les combats.

LA TRÉMOILLE (Georges), fils du précéd., fut fait grand maître des eaux et forêts en 1413, tomba entre les mains des Anglais à la bataille d'Azincourt (1415), devint ministre de Charles VII en 1427, sur la présentation du connétable de Richemont, mais ne tarda pas à le supplanter, et le fit exiler. Le connétable s'en vengea 6 ans après en faisant enlever La Trémoille, à Chinon, et il ne le relâcha que sur forte rançon. Il avait épousé la veuve du sire de Giac, qu'il avait aidé à assassiner. Il mourut en 1446.

LA TRÉMOILLE (Louis II, sire de), vicomte de Thouars, prince de Talmont, né en 1460, gagna pour Charles VIII la bataille de St-Aubin (1488), commanda à la journée de Fornoue (1495); fut nommé lieutenant général du Poitou et de l'Angoumois; conquit le duché de Milan en 1500 pour Louis XII, manqua la conquête du royaume de Naples, plutôt par suite des fausses directions données par la cour que par sa faute (1503); eut une grande part à la victoire d'Agnadel (1509); perdit la bataille de Novare (1513), se releva la même année par sa belle défense de la Bourgogne, fut un des héros de Marignan (1515), défendit la Picardie presque sans troupes (1522 et 23), et périt glorieusement à Pavie (1525). Il avait pour devise une roue avec ces mots : Sans sortir de l'ornière. On l'avait nommé le Chevalier sans reproche.

LA TRÉMOILLE (Franç. de), petit-fils du précédent, 1501-41, épousa en 1521 Anne de Laval, fille du comte Gui de Laval, qui lui-même avait épousé Charlotte d'Aragon, princesse de Tarente, issue de Frédéric, dernier roi de Naples de la maison d'Aragon, détrôné en 1501 et réfugié en France. Par suite de ce mariage, les La Trémoille ont élevé des prétentions sur la trône de Naples; ils ont essayé de faire reconnaître leurs droits aux congrès de Munster, de Nimègue et de Ryswik, mais sans y réussir.

LA TRÉMOILLE (H. Ch. de), prince de Tarente, né à Thouars en 1620, m. en 1672, était calviniste. Il servit d'abord en Hollande sous le prince d'Orange, prit parti contre Mazarin pendant la Fronde, fut arrêté et détenu à Amiens, puis relégué dans le Poitou, alla en 1663 servir en Hollande contre l'évêque de Munster, revint en France peu après et abjura le Calvinisme. On a de lui des Mémoires, publiés en 1767.

LA TRONQUIÈRE, ch.-l. de c. (Lot), à 28 kil. N. de Figeac; 476 hab.

L'ATTAIGNANT (l'abbé de), poëte jovial, né à Paris en 1697, m. en 1779, fut chanoine de Reims et conseiller au parlement de Paris. Il s'attacha à la poésie légère et se fit un nom par sa facilité à composer et à chanter des couplets. Cet abbé chansonnier se retira sur la fin de ses jours chez les Pères de la Doctrine. Ses Poésies ont paru de son vivant en 4 vol. in-12, 1757; on a donné après sa mort ses Chansons et ses Œuvres posthumes, Millevoye a publié en 1810 un Choix de ses poésies.

LATUDE (H. MAZERS de), né en 1725 dans le Languedoc, fut renfermé à la Bastille sous Louis XV, à l'âge de 24 ans, pour avoir donné a Mme de Pompadour avis d'un faux complot formé contre sa vie dans l'espérance d'obtenir ainsi sa protection. Il resta prisonnier pendant 35 ans. Plusieurs fois il tenta de s'échapper; mais ses tentatives ne firent qu'irriter l'autorité et augmenter les rigueurs dont il était victime. Une recouvra la liberté qu'en 1784. Il mourut à Paris en 1805. On a de lui des Mémoires intéressants sur sa captivité, 1791 et 1793.

LAUBACH, v. du grand-duché de Hesse-Darmstadt, ch.-l. de la seigneurie de Solms-Laubach, à 25 kil. S. E. de Giessen; 2100h.

LAUBARDÉMONT (Jacq. Martin de), conseiller d’État sous Louis XIII, fut l'agent dévoué et impitoyable du cardinal de Richelieu. C'est de lui que se servit le ministre pour perdre le curé Urbain Grandier, ainsi que Cinq-Mars et de Thou; il n'épargna pour parvenir à ses fins ni le mensonge ni l'hypocrisie. Plus tard, il fut aussi un des persécuteurs de Port-Royal. — Il laissa un fils qui, après s'être livré à toutes sortes de désordres, entra dans une bande de voleurs et fut tué en attaquant un carrosse (1651).

LAUD (Guill.), archevêque de Cantorbéry, fils d'un marchand de draps, né en 1573 à Reading (Berks), jouit de la plus grande autorité sous Charles I, et devint premier ministre après la mort de Buckingham (1628). Il forma le projet de réunir les 3 royaumes sous une même religion, dont il aurait été le chef, et rédigea dans ce but une liturgie qu'il voulait faire adopter par toutes les sectes dissidentes. Il provoqua par là une violente opposition, surtout de la part des Presbytériens écossais, et excita une haine universelle. Lors de la guerre civile, il fut arrêté par ordre du Parlement, en 1640, et fut exécuté 5 ans après comme coupable de trahison. Il subit la mort avec courage, et fut regardé par ses partisans comme un martyr. On a de lui : Officium quotidianum, 1650; des Sermons, 1651, etc.

LAUDER, v. d’Écosse (Berwick), sur la Lauder, à 36 kil. S. E. d’Édimbourg; 2200 hab. Le parlement d’Écosse s'y est souvent réuni. Robert Cochrane, favori de Jacques III, y fut pendu par la noblesse.

LAUDER (W.), critique écossais, attira sur lui l'attention en 1747, en accusant Milton de plagiat. Il s'avisa d'interpoler divers auteurs en y insérant des vers du Paradis perdu, puis il prétendit que Milton leur avait fait des emprunts. Cette ruse, qui avait d'abord assez bien réussi, ne tarda pas à être déjouée par le Dr Douglas, et Lauder fut contraint de signer un aveu de sa fraude. Il quitta l'Angleterre, et alla se faire maître d'école aux Barbades.

LAUDERDALE (J., duc de), l'un des commissaires chargés par les Covenantaires de traiter avec Charles I, finit, après la malheureuse issue des conférences, par se ranger sous l'étendard royal. Après l'exécution du roi, il rentra à main armée en Angleterre avec Charles II, fut pris à Worcester et jeté dans une prison où il demeura 9 ans. Nommé premier ministre en 1670, il resta deux ans aux affaires. Il mourut en 1682.

LAUDON (baron de), généralissime des armées autrichiennes, né en 1716 en Livonie, fit ses premières armes dans les troupes russes, passa au service de l'Autriche en 1740, et y devint le plus ferme soutien de Marie-Thérèse. En 1757, créé général-major, il vainquit Frédéric à Domstadt; en 1758, il eut la plus grande part à la victoire remportée par Daun à Hochkirch. En 1759, il battit de nouveau Frédéric à Cunersdorf, et en 1760 à Landshut; mais, cette même année, il perdit la bat. de Liegnitz. En 1788, sous Joseph II, Laudon repoussa les Turcs, qui s'étaient avancés jusqu'au cœur de l'empire, et s'empara de Belgrade. Il fut en récompense nommé généralissime. Il mourut peu après, en 1790.

LAUDUN, v. du dép. du Gard, à 8 kil. S. E. de Bagnols; 2289 hab. Vins estimés.

LAUDUNUM, nom latin moderne de LAON.

LAUENBOURG, Leoburgum, v. de Prusse, ch.-l. du duché de Lauenbourg, à 60 k. E. de Hambourg, sur l'Elbe; 3600 hab. Raffinerie de sucre, savon, etc. Traité par lequel le Hanovre fut cédé à la France en 1803. Combat entre les Prussiens et les Français en 1813. — Le duché de Lauenbourg, entre le Holstein à l'O. et au N. O., le Mecklembourg au N. et à l'E., le Hanovre au S. et le territoire de Hambourg au S. O., a 53 k. sur 40 et 50 000 h. Ce pays était jadis habité par les Wendes Polabes; il fut conquis par le duc Henri le Lion, possédé ensuite par la maison de Saxe et cédé au Hanovre en 1689: conquis par les Français en 1803, il fut compris en 1810 dans le dép. des Bouches-de-l'Elbe. En 1815, il fut attribué au Hanovre, qui le céda à la Prusse, et celle-ci au Danemark (1816). Après la guerre de 1864, et par suite de la convention de Gastein avec l'Autriche (20 août 1865), le Lauenbourg a fait retour à la Prusse.

LAUFELD, v. de Bavière. V. LAWFELD.

LAUFEN, vge de Suisse (Zurich), à 5 kil. S. O. de Schaffouse, sur la riv. g. du Rhin, qui y forme une chute de près de 25m : c'est la plus belle cataracte de l'Europe.

LAUFEN, v. de Bavière, à 102 kil. S. E. de Munich; 4700 hab. Château, chantiers de construction; brasseries, etc. Navigation active. — V. LAUFFEN.

LAUFENBOURG, Gannodurum, vge de Suisse (Argovie), sur le Rhin, à 35 k. E. de Bâle; 800 h. Cascade du Rhin, dite le Petit Laufen; pont qui communique à la ville badoise de Klein-Laufenbourg.

LAUFFEN, v. du roy. de Wurtemberg (Neckar), au confluent du Neckar et de la Zaber, à 9 kil. S. O. de Heilbronn; 3500 hab. Beau pont. Ulric de Wurtemberg y battit les Impériaux en 1534.

LAUGIER (l'abbé M. Ant.), littérateur, né à Manosque en 1713, m. en 1769, a donné : une Histoire de Venise, Paris, 1759-68, 12 vol. in-12; une Hist. de la paix de Belgrade (en 1739), Paris, 1763, etc.

LAUGIER (André), chimiste et pharmacien, né à Paris en 1770, m. en 1832, eut pour maître Fourcroy, son parent, fut directeur de l'école de pharmacie et professeur de chimie au Muséum d'histoire naturelle. On a de lui des Leçons de chimie générale qui résument son cours, 2 vol. in-8, et des Mémoires. Ses recherches analytiques sur les minéraux et autres substances sont remarquables par leur exactitude.

LAUINGEN, v. de Bavière (Souabe), à 40 kil. N. O. d'Augsbourg ; 3600 hab. Patrie d'Albert le Grand.

LAUJON (P.), poëte, né à Paris en 1727, m. en 1811, fut secrétaire du comte de Clermont, puis du prince de Condé, et jouit auprès d'eux d'une douce aisance. Il a donné de 1746 à 1806 bon nombre de vaudevilles et d'opéras, mais il réussit surtout dans la chanson et dans la poésie badine. On a de lui un recueil intitulé : A-propos de société, 1771. Ses Œuvres ont été publiées en 1811, 4 vol. in-8.

LAUMONT (monts), petite chaîne qui commence dans le dép. du Doubs à 3 kil. E. de Besançon, suit quelque temps le cours du Doubs et se termine dans le dép. du Ht-Rhin, à 4 kil. de Porentruy.

LAUNAY. V. DELAUNAY et STAAL (Mme de).

LAUNCESTON, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Cornouailles, à 295 kil. S. O. de Londres; 6800 h. Belle église, deux portes gothiques (restes des murailles de la ville), ruines d'un château fort.

LAUNCESTON, v. de Diéménie, sur la Ramer, à 40 k. S. E. de Georges-town, 6000 hab. Port franc (depuis 1845). Commerce actif avec l'Australie.

LAUNOY (Jean de), docteur de Sorbonne, né en 1603 à Valderic près de Coutances, m. en 1678, visita Rome dans sa jeunesse (1634), et passa le reste de sa vie à Paris, écrivant sur des sujets de théologie ou d'histoire, et portant partout une inépuisable érudition. Il était particulièrement lié avec le cardinal d'Estrées. L'indépendance de ses opinions lui suscita quelques difficultés. Ayant refusé de souscrire à la condamnation d'Arnauld, il fut exclu de la Sorbonne. Parmi ses nombreux ouvrages on remarque : Regia in matrimonium potestas, 1674; Tradition de l'Église sur la prédestination et la grâce, 1702; De varia Aristotelis in Academia parisina fortuna; De scholis seu a Carolo magno seu post Carolum instauratis, 1672. Appliquant une critique sévère à l'histoire ecclésiastique, il attaqua un grand nombre de légendes, ce qui le fit surnommer plaisamment le Dénicheur de saints; mais souvent il se laissa entraîner au paradoxe : aussi la plupart de ses écrits sont-ils condamnés à Rome. Ses Œuvres ont été recueillies par l'abbé Grauet, Genève, 1731-33, 10 vol. in-f.

LAUPEN, v. de Suisse (Berne), à 18 kil. S. O. de Berne, 800 hab. Les Bernois, commandés par Rodolphe d'Erlach, y vainquirent les Autrichiens en 1339.

LAURAGUAIS, Lauracensis ager, anc. petit pays de France, avec titre de comté, était situé entre l'Albigeois et le Ht-Languedoc, faisait partie du Bas-Languedoc et avait pour ch.-l. Castelnaudary. Il est aujourd'hui compris dans les départements de la Hte-Garonne et de l'Aude. — Le Lauraguais appartint successivement aux comtes de Carcassonne, à ceux de Barcelone, aux rois d'Aragon, aux vicomtes de Béziers; il fut cédé à Louis IX en 1258; Louis XI le donna en 1478 à Bertrand de La Tour d'Auvergne; Catherine de Médicis en hérita en même temps que du comté d'Auvergne; sa fille le transmit à Louis XIII. Au XVIIIe siècle, ce comté passa dans les mains des Villars-Brancas.

LAURAGUAIS (L. L. Félicité, duc de BRANCAS, comte de), issu de la famille des ducs de Villars-Brancas, né à Paris en 1733, m. en 1824, cultiva les lettres et les sciences, et sut dépenser honorablement une grande fortune. Accomplissant un vœu formé par Voltaire, il fit supprimer à ses frais les banquettes qui étaient placées sur la scène au Théâtre-Français. Il eut part avec Lavoisier à la découverte de la nature du diamant, perfectionna la fabrication de la porcelaine et fut admis à l'Académie des sciences; il contribua à propager l'inoculation. A la Restauration il fut élevé à la pairie. Il a laissé quelques pièces de théâtre (Clytemnestre, Jocaste, etc.), qui ne furent pas représentées, et des brochures de circonstance. Ce grand seigneur était renommé pour son esprit et ses bons mots.

LAURE, dite la Belle Laure, femme célèbre pour sa beauté, et immortalisée par Pétrarque, était fille d’Audibert de Noves, seigneur provençal, et avait épousé en 1325 Hugues de Sade, magistrat municipal d’Avignon. Elle avait 20 ans lorsque le poëte la vit pour la première fois à Avignon en 1327 : il conçut pour elle un amour qui resta toujours sans espoir, mais qu’il ne cessa de chanter, même après la mort de celle qui l’avait inspiré. Laure fut enlevée en 1348 par la peste noire. Elle avait eu 11 enfants. Il existe d’elle beaucoup de portraits, mais l’authenticité en est douteuse.

LAURÉAT (poëte), Laureatus. On a donné ce nom dans différents pays, notamment en Italie, en Allemagne, en Angleterre, à des poëtes qui recevaient, soit des princes, soit de corps savants, la couronne de laurier comme signe de leur supériorité. En Italie, le plus ancien et le plus solennel couronnement de ce genre est celui de Pétrarque, qui eut lieu à Rome en 1341, le jour de Pâques. Le Tasse allait aussi être couronné lorsqu’il mourut. — En Allemagne, Maximilien I établit en 1504, à Vienne, un collége poétique pour décerner la couronne ; mais les juges accordèrent le titre de poëte lauréat à un si grand nombre de poëtes médiocres que ce titre perdit tout son prix. — En Angleterre, le roi nomme le poëte lauréat. Ce poëte est chargé de célébrer tous les ans par deux odes l’anniversaire de la naissance du souverain et le nouvel an. Il reçoit un traitement annuel. John Kay, au XVe siècle, est le premier poëte lauréat connu ; on cite plus tard Gower et Chaucer, puis Skelton, sous Henri VIII ; Spenser sous Élisabeth. Après la mort de Spenser, ce titre a passé successivement à Samuel-Daniel, 1598 ; Ben Jonson, 1619 ; W. Davenant, 1632 ; J. Dryden, 1670 ; Shadwel, 1688 ; Nahum Tate, 1692 ; Nic. Rowe, 1715 ; Laurence Eusden, 1718 ; Colley-Cibber, 1730 ; Whitehead, 1757 ; Th. Warton, 1785 ; J.-H. Pye, 1790 ; Rob. Southey, 1813 ; Th. Campbell, 1843 ; Wordsworth, 1844 ; Tennyson, 1850.

LAURENT (S.), martyr, né à Rome dans le IIIe siècle, était chef des diacres et trésorier de l’Église sous le pape S. Sixte II, lorsque l’empereur Valérien publia un édit contre les prêtres chrétiens, en 259. Arrêté 3 jours après le martyre de S. Sixte, Laurent refusa de remettre le trésor dont il était le gardien, et le distribua immédiatement aux pauvres. Mis sous la garde d’un officier nommé Hippolyte, il le convertit et le baptisa avec toute sa famille. Laurent eut le corps déchiré à coups de fouet, et fut attaché ensuite à un gril de fer sous lequel étaient des charbons ardents. Il souffrit cet affreux supplice avec une constance admirable, bravant même ses bourreaux et demandant qu’on le retournât sur le gril. Une église, St-Laurent hors des murs, a été bâtie à Rome sur l’emplacement de son martyre ; le palais de l’Escurial, en Espagne, a été construit en son honneur ; Lesueur a peint son supplice. On l’honore le 10 août.

LAURENT JUSTINIEN (S.), 1er patriarche de Venise, né en 1380, d’une anc. famille, fut successivement général de l’ordre des chanoines réguliers de Saint-George in Alga, évêque de Venise en 1433, patriarche en 1451, et mourut en 1465. L’Église l’hon. le 5 sept. Il a laissé quelques écrits théologiques et ascétiques en latin, publiés à Venise, 1751, et réimp. à Montrouge en 1861. On y remarque l’Agonie triomphante.

LAURENT (Aug.), chimiste, né en 1807 à La Folie près de Langres, fut nommé en 1838 professeur à la Faculté de Bordeaux, en 1848 essayeur à la Monnaie. Il s’occupa surtout de la chimie organique et tenta, de concert avec Gerhardt, de renouveler cette partie de la science en substituant au dualisme qui était admis la théorie des équivalents (V. GERHARDT). Il fut en 1845 correspondant de l’Académie des sciences. Outre un grand nombre de Mémoires, il a laissé une Méthode de chimie, publiée après sa mort, en 1854, par M. Nicklès : c’est l’exposé de son système.

LAURENTE, Laurentum, auj. Paterno, ville du Latium, à 16 kil. S. de Rome, sur le bord de la mer Tyrrhénienne. Jadis capit. du royaume de Latinus. Pline le Jeune y avait une villa.

LAURENTIENNE (Bibliothèque), bibliothèque fondée à Rome par Léon X, est ainsi nommée, soit de Laurent de Mêdicis, père de Léon X, soit de Laurent Parmenio, qui en fut le premier bibliothécaire.

LAURENTIUS LYDUS. V. LYDUS.

LAURIA (Roger de), V. LORIA.

LAURIACUM, v. de Norique, auj. Lorch.

LAURICOCHA, lac du Pérou, par 78° 50′ long. O., 10° 30° lat. S. ; 13 kil. sur 5 ; il donne naissance à la Tunguragua. Sur ses bords est une v. de même nom, qui compte 6000 hab. Mine d’argent.

LAURIÈRE, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), à 36 k. N. E. de Limoges ; 1425 hab. Station. Papeterie.

LAURIÈRE (Jacob de), avocat au parlement de Paris, 1659-1728, s’adonna à la recherche des anciennes lois et coutumes. On a de lui : Bibliothèque des coutumes de France, 1699 ; Coutumes de la prévôté de Paris ; Glossaire du droit français, 1704 et 1717 ; Ordonnances des rois de la 3e race, 1723 (continué par Secousse), etc.

LAURISHEIM. V. LORSCH.

LAURISTON (Alex. Bernard LAW, marquis de), né à Pondichéry en 1768, m. en 1828, était petit-fils du financier Law. Il entra dans l’artillerie en 1793, fut nommé général de brigade en 1800, commanda en 1804 l’armée embarquée sur l’escadre de Villeneuve, puis servit en Allemagne et en Italie ; s’empara de la république de Raguse, se distingua à l’attaque de Castel-Nuovo (1807), suivit Bonaparte en Espagne et en Hongrie, et prit une part active aux victoires de Raab et de Wagram. En 1811, il fut nommé ambassadeur en Russie, où il resta jusqu’à la rupture de cette puissance avec la France. Lors de la retraite de Russie (1812), il commanda l’arrière-garde, organisa à Magdebourg le 5e corps, combattit à Lutzen et à Bautzen, fut fait prisonnier à Leipsick, et rendu après la paix. Après la Restauration, il obtint la faveur de Louis XVIII, fut fait pair de France (1815), ministre de la maison du roi (1820), maréchal de France, et eut un commandement dans la guerre d’Espagne (1823).

LAURIUM, auj. Legrano, v. de la Grèce anc., à l’extrémité S, de l’Attique, près de la mer, au pied du m. Laurius, où l’on exploitait des mines d’argent.

LAUSANNE, Lausonium, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Vaud, à 51 kil. N. E. de Genève, sur un plateau du Jorat, près de la rive sept. du lac de Genève (le village d’Ouchy lui sert de port) ; 18 000 hab. Station du chemin de fer d’Yverdun. Évêché, dont le titulaire réside à Fribourg. Cathédrale ; château, hôtel de ville, pont, théâtre, pénitencier, etc. Académie enseignante, fondée en 1537 ; sociétés diverses, bibliothèque, musée, etc. Assez d’industrie, affaires de banque. Patrie de Crousaz. — Lausanne fut dans l’antiquité une station romaine ; elle porta le titre d’évêché jusqu’à la Réformation : l’évêque était prince de l’Empire. Prise par les Bernois en 1536, elle fut réunie à leur canton avec tout le pays de Vaud. En 1798 les Français l’affranchirent de la domination bernoise et en firent le ch.-l. d’un canton, qui fut appelé canton du Léman, puis canton de Vaud.

LAUS POMPEIA, auj. Lodi Vecchio, v. de l’Italie anc. (Gaule Cisalpine), au N. E. de Mediolanum, fut fondée par les Boii et colonisée par Pompeius Strabo, père du grand Pompée.

LAUSUS, fils de Mézence, roi des Tyrrhéniens, fut tué par Énée au moment où il venait de sauver la vie à son père. Le récit de sa mort est un des plus beaux épisodes de l’Énéide (chant IX, fin.)

LAUTER (la), riv. qui forme la limite entre la basse Alsace et le Palatinat (Bavière rhénane), naît près et à l’O. de Deux-Ponts, coule au S. E., baigne Wissembourg, Lauterbourg, et tombe dans le Rhin sous Neubourg ; cours, 65 kil. LAUTERBOURG, v. d'Alsace-Lorraine, à 25 kil. S. E. de Wissembourg, sur la Lauter ; 2094 hab. — Jadis ch.-l. d'un comté qui resta indépendant jusqu'en 1254, puis fut donné à l'église de Spire. Prise par les Impériaux, 1744, par les Prussiens, 1793, et la même année par les Français, qui forcèrent les fameuses lignes de Lauterbourg à Wissembourg.

LAUTREC, ch.-l. de c. (Tarn), à 16 kil. N. O. de Castres ; 3310 hab. Jadis titre de vicomte.

LAUTREC (Odet DE Foix, vicomte de), maréchal de France, né vers 1485, suivit Louis XII dans son expédition d'Italie et se signala en 1512 à la bataille de Ravenne, où il fut laissé pour mort. Nommé par François I lieutenant général en Italie (1515), il soumit une partie du duché de Milan, mais il se fit détester par sa cruauté, et fut chassé du duché (1521). Ayant essayé d'y rentrer l'année suivante, il fut battu à la Bicoque, et se vit obligé d'évacuer l'Italie. En 1525, il tenta vainement de détourner François I d'attaquer les Espagnols à Pavie ; il n'en combattit pas moins vaillamment près de lui. Deux ans après, il s'empara d'Alexandrie et de Pavie, et abandonna cette dernière ville au pillage, pour venger l'affront que les armes françaises y avaient éprouvé. Il mourut d'une maladie contagieuse pendant le siège de Naples (1528).

LAUZERTE, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 26 k. N. de Moissac, sur un rocher ; 3147 h. Grains, vins, bestiaux. Anc. château, servant de prison.

LAUZÈS, ch.-l. de c. (Lot), à 22 kil. N. E. de Cahors ; 451 h. Bureau d'enregistrement.

LAUZET (LE), ch.-l. de c. (B.-Alpes), à 25 kil. N. O. de Barcelonette ; 956 hab.

LAUZUN, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur le Drot, à 30 kil. N. E. de Marmande ; 1300 hab. Anc. baronnie, érigée en comté (1570), puis en duché-pairie (1692).

LAUZUN (Ant. NOMPAR DE CAUMONT, comte, puis duc de), né en Gascogne en 1633, mort en 1723, fut pendant quelque temps le favori de Louis XIV. Le roi, qui l'avait déjà nommé gouverneur du Berry, maréchal de camp et colonel général des dragons, voulait encore lui donner la charge de grand maître de l'artillerie (1669); mais le favori ayant eu l'indiscrétion de se vanter de cette promesse, Louis la révoqua et donna la place à un autre. Lauzun irrité s'oublia jusqu'à briser son épée devant le roi, jurant qu'il ne servirait plus sous un prince sans foi. Il fut mis pour cette incartade à la Bastille ; mais il en sortit peu de jours après et fut nommé capitaine des gardes. L'année suivante, peu s'en fallut qu'il n'épousât Mlle de Montpensier, petite-fille de Henri IV : une intrigue de cour fit manquer ce mariage ; cependant, selon quelques-uns, il se fit secrètement (V. MONTPENSIER). Pour le consoler, Louis XIV le nomma maréchal et lui confia le commandement de l'armée qui l'accompagnait en Flandre (1671); mais Lauzun, ayant offensé Mme de Montespan, alors toute-puissante, se vit tout à coup disgracier : il fut jeté dans la prison de Pignerol où il resta 5 ans, il passa 4 autres années en exil à Angers, et ne revint à Paris que grâce aux sollicitations de Mlle de Montpensier. Se trouvant à Londres en 1688, il fut chargé par Jacques II de conduire en France la reine d'Angleterre et le prince de Galles. Il eut alors de nouveau accès à la cour, mais sans recouvrer son ancienne faveur ; il fut néanmoins élevé à la dignité de duc en 1692. En 1695, 2 ans après la mort de Mlle de Montpensier, il épousa Mlle de Durfort, fille du maréchal de Lorges.

LAUZUN (Armand de Biron, duc de). V. BIRON.

LA VACQUERIE (J. de), magistrat, natif d'Arras, se fit remarquer de Louis XI par la vigueur avec laquelle il refusa, en 1476, de remettre Arras à ceux qui venaient l'en sommer de sa part. Ce monarque le fit en 1481 premier président du parlement de Paris. La Vacquerie ne montra pas moins d'énergie dans ce nouveau poste. Il fit rejeter par les magistrats des édits de Louis XI qui établissaient des taxes nouvelles et qui lui paraissaient contraires à la justice, et il obligea le roi à révoquer ces édits. Il fit des représentations non moins fortes sous la régence d'Anne de Beaujeu. Il mourut vers 1497.

LAVAL, Vallis Guidonis, ch.-l. du dép. de la Mayenne, sur la Mayenne, à 284 k. O. S. O. de Paris par Alençon (300 kil. par ch. de fer); 17 975 h. Évêché, depuis 1855 ; trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée. Ville haute, ancienne et mal bâtie ; v. basse, neuve et élégante ; vieux château des comtes de Laval, auj. prison; églises de St-Vénérand et des Cordeliers. Halle aux toiles; magnifique pont-viaduc pour le chemin de fer. Biblioth., société d'agriculture. Industrie : toiles et coutils, basins, calicot, linge damassé, etc. L'industrie des coutils y fut apportée en 1298 par Béatrice de Gaure, qui y est encore en honneur. Patrie d'Ambroise Paré (on y voit sa statue). — Bâtie sous le règne de Charles le Chauve ; ch.-l. d'une baronnie qui fut érigée en comté en 1429. Emme de Laval, héritière de ce comté, porta dès le XIIe s. cette seigneurie en dot dans la maison de Montmorency ; en 1521, François de La Trémoille l'acquit par mariage. Cette ville a beaucoup souffert pendant les guerres de la Vendée.

LAVAL (MAGNAC-). V. MAGNAC.

LAVAL (maison de), famille noble, dont l'origine remonte au IXe siècle. Le titre de seigneur de Laval, après avoir passé par mariage dans diverses maisons, resta, à partir du XIIe siècle, dans celle des Montmorency (V. ci-dessus). Cette nouvelle maison forma un grand nombre de branches, celle des Laval-Montmorency, des Chateaubriand, des seigneurs de Retz, de Châtillon, de Loué, de Pesay, de La Faigne, d'Attichy, etc.

LAVAL (Gilles de), dit le maréchal de Retz, maréchal de France, né en 1404 à Machecoul, se signala par sa bravoure dans les guerres du règne de Charles VII, notamment au siége d'Orléans. Cependant il doit à ses crimes une bien autre célébrité. Mis en jugement comme coupable envers l'autorité de Jean VI, duc de Bretagne, on reconnut dans le cours de la procédure que, pendant plusieurs années, il avait commis des actions infâmes et des meurtres horribles sur de jeunes garçons et sur de jeunes filles qu'il entretenait, dans le but de les faire servir à ses honteux plaisirs ou de les sacrifier à d'atroces superstitions. Il fut pendu et brûlé (1440) à Nantes. On l'avait surnommé la Barbe-Bleue. — V. MONTMORENCY (LAVAL).

LA VALETTE, ch.-l. de c. (Charente), à 22 kil. S. E. d'Angoulême ; 931 hab. Duché-pairie créé en 1622 par le duc d'Épernon.

LA VALETTE G. PARISOT de), grand maître de l'ordre de Malte, né en 1494, d'une anc. famille qui avait donné des capitouls a Toulouse, fut élu en 1557. Il s'était signalé par sa bravoure en plusieurs occasions, et, dès qu'il fut au pouvoir, il fit avec succès des courses contre les infidèles. Il fut même sur le point de s'emparer de Tripoli. Soliman II, pour venger ses pertes, dirigea sur l'île de Malte 40 000 hommes et 200 vaisseaux que commandait le fameux Dragut (1565). Ces forces assiégèrent l'île 4 mois de suite et ne réussirent qu'à détruire le fort St-Elme. Après cette glorieuse défense, le grand maître fit construire sur l'emplacement du fort détruit la Cité-Valette. Il mourut en 1568.

LA VALETTE (J. L. DE NOGARET de), plus connu sous le nom de duc d'Épernon. V. ÉPERNON.

LA VALETTE (Bernard DE NOGARET, duc de), fils du duc d'Épernon, né à Angoulême en 1592, m. en 1661, fut envoyé contre les Espagnols qui avaient envahi le Labourd, 1636 ; puis contre les insurgés de la Guyenne dits les Croquants ; joua un rôle équivoque au siége de Fontarabie, siége qu'il paraît avoir fait échouer par jalousie à l'égard de Condé (1638), rallia pourtant après cet échec l'armée française et la reconduisit à Bayonne ; mais n'en fut pas moins accusé du désastre : il se réfugia en Angleterre, et fut condamné à mort par contumace, 1639. A la mort de Louis XIII, La Valette revint, obtint la cassation du jugement et fut fait gouverneur de la Guyenne, puis de la Bourgogne, où il se fit haïr. — Son frère, Louis de Nogaret, dit le Cardinal de La Valette, archevêque de Toulouse, se montra toujours le servile adhérent de Richelieu, et fut surnommé, par allusion à son nom, le cardinal-valet. C'est lui qui releva le courage de Richelieu lors de la fameuse journée des Dupes. Il commanda les troupes françaises en Allemagne, 1635 et 1637, et en Savoie, 1638 et 1639, mais fit preuve de très-médiocres talents; il venait pourtant de prendre Chivas et de battre les Espagnols, quand il mourut à Rivoli, 1639. Ses Mémoires, rédigés par Jacq. Talon, ont été publiés en 1772.

LA VALETTE (le P. Ant.), jésuite, était depuis 1747 supérieur des missions de la Martinique, lorsqu'il s'associa avec un juif de la Dominique pour faire le commerce exclusif de ces îles. Les habitants, ruinés par ce monopole, portèrent plainte, et le P. La Valette fut rappelé en 1753. Il trouva néanmoins moyen de se faire envoyer de nouveau aux Antilles comme visiteur général et préfet apostolique, et recommença ses opérations commerciales. Des vaisseaux qu'il avait équipés étant tombés aux mains des Anglais, il se déclara en faillite et fit banqueroute de trois millions. Le Parlement, saisi de l'affaire, le condamna comme coupable de banqueroute frauduleuse, 1761. Cette fâcheuse affaire fournit des armes contre la Société, qui 16 mois après fut bannie.

LA VALETTE (Marie CHAMANS, comte de), né à Paris en 1769, d'une famille de commerçants, m. en 1830, se distingua dans les campagnes d'Italie; fut choisi pour aide de camp par le général Bonaparte, auquel il resta dévoué; l'accompagna eu Égypte, en Allemagne, en Prusse; fut fait comte de l'Empire, et s'allia à la famille impériale en épousant une demoiselle Beauharnais, nièce de l'impératrice. Il était directeur des postes en 1814. Destitué par les Bourbons, il seconda de tout son pouvoir le retour de Napoléon. Accusé pour cette conduite après les Cent-jours, et condamné à mort, il allait être exécuté lorsque Mme de La Valette parvint à le sauver en s'introduisant dans sa prison et en changeant de vêtements avec lui; trois officiers anglais (MM. Hutchinson, Wilson et Bruce), qui avaient favorisé l'évasion, le conduisirent hors de France; il se réfugia en Bavière, auprès d'Eugénie de Beauharnais. La Valette obtint en 1822 la permission de rentrer dans son pays; mais l'émotion et le chagrin avaient égaré la raison de sa femme. On a publié en 1831 Mémoires et souvenirs du comte de La Valette.

LA VALLIÈRE (Louise Françoise DE LA BAUME LE BLANC de), née en 1644 en Touraine, d'une famille originaire du Bourbonnais, perdit son père de bonne heure et fut placée comme fille d'honneur auprès de la duchesse d'Orléans (Henriette d'Angleterre). Après avoir résisté aux offres du surintendant Fouquet, elle se laissa séduire par Louis XIV, pour lequel elle ressentait une vive admiration, qui se changea bientôt en amour véritable : elle devint sa maîtresse en 1661. Cette liaison, qui avait d'abord été tenue secrète, fut rendue publique en 1663; le roi donna à sa maîtresse de vastes domaines, et érigea pour elle la terre de La Vallière en duché (1667). Du reste, Mlle de La Vallière n'usa de son influence que pour faire le bien. Pieuse, mais faible, elle rougissait elle-même de ses fautes, et deux fois elle se réfugia dans le couvent des Carmélites de Chaillot (1670-71); mais Louis XIV l'en fit enlever et la ramena à la cour. Néanmoins, elle se vit au bout de quelques années négligée pour Mme de Montespan, et, après avoir subi pendant un assez long temps le partage de Louis entre elle et sa rivale, elle se retira définitivement, en 1674, aux Carmélites du faubourg St-Jacques et y prit le voile en 1675, sous le nom de Sœur Louise de la Miséricorde. Elle y mourut en 1710, après avoir passé ses dernières années dans les exercices de la plus austère piété. Elle a laissé des Lettres, publiées en 1767, et d'édifiantes Réflexions sur la miséricorde de Dieu (publiées dès 1860, et rééditées en 1854 par Romain Cornut et en 1860 par Pierre Clément. — Deux de ses enfants, Mlle de Blois (mariée au prince de Conti), et le comte de Vermandois (mort en 1683), furent légitimés.

LA VALLIÈRE (LOUIS César LA BAUME LE BLANC, duc de), petit-neveu de la précéd., 1708-80, grand fauconnier de la couronne, s'est acquis un nom comme bibliophile par la magnifique bibliothèque qu'il avait formée à son château de Montrouge, et dont le catalogue seul forme 9 vol. in-8, Paris, 1783-88. Cette bibliothèque, achetée en 1788 par le comte d'Artois, a été réunie depuis à celle de l'Arsenal. Avec lui s'éteignit le nom de La Vallière.

LAVARDAC, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur la Baïse, à 6 kil. N. O. de Nérac; 1107 hab.

LAVARDIN (Jean DE BEAUMANOIR, dit le maréchal de), né dans le Maine en 1551, mort en 1614 à Paris, fut élevé dans la religion protestante auprès d'Henri de Navarre (depuis IV), et combattit dans l'armée des Huguenots au siége de Poitiers, en 1569; il embrassa la religion catholique après la St-Barthélemy, où avait péri son père. Il quitta Henri en 1578 pour s'attacher à Catherine de Médicis, et commanda en 1587, sous le duc de Joyeuse, à la bataille de Coutras, où, malgré tous ses efforts, les Catholiques furent défaits. En 1589, il suivit le parti de la Ligue. En 1595, il composa avec Henri IV, qui acheta sa fidélité par les titres de gouverneur du Maine et de maréchal de France. Lavardin se trouvait dans le carrosse d'Henri IV quand ce prince fut assassiné.

LAVARDIN (H. C. DE BEAUMANOIR de), fut envoyé par Louis XIV en ambassade à Rome (1687) au moment où le roi avait avec le pape Innocent XI de vifs démêlés au sujet des franchises. Il entra dans Rome, malgré les défenses du Saint-Père. Celui-ci l'excommunia. Louis XIV se préparait à venger son ambassadeur quand Innocent mourut.

LAVATER (J. Gaspar), écrivain suisse, né à Zurich en 1741, entra dans l'état ecclésiastique, et devint premier pasteur de l'église St-Pierre a Zurich. Tout en remplissant consciencieusement les devoirs de son état, il cultiva les lettres et produisit un nombre prodigieux d'ouvrages, soit en prose, soit en vers, la plupart sur des sujets de morale ou de piété. Dès l'âge de 25 ans, Lavater commença à rechercher les rapports des traits du visage avec le caractère et les sentiments de l'âme; il continua ces recherches tout le temps de sa vie, et fut ainsi le créateur d'une science nouvelle, la Physiognomonie, à laquelle son nom est resté attaché. Lorsque la Suisse ressentit le contre-coup de la révolution française, Lavater se déclara le partisan des idées libérales; mais, à la suite de vives représentations qu'il avait adressées au Directoire, il fut déporté à Bâle. Rappelé bientôt dans sa patrie, il y périt en 1801, des suites d'une blessure que lui fit un soldat à la reprise de Zurich. Lavater unissait à une piété exaltée une éloquence douce et persuasive : on lui reproche seulement une grande crédulité et un penchant extrême pour le mysticisme. Quoique protestant et ministre du culte Réformé, il manifesta toujours un secret penchant pour le Catholicisme. De tous les ouvrages de Lavater, le plus important ce sont ses Essais physiognomoniques, publiés en allemand (1775-78, 4 vol. in-4), et en français sous ce titre : l’Art de connaître les hommes par la physionomie (1781-1803, 4 vol. in-4, et 1805-9,10 vol. in-8). H. Bacharach en a donne une trad. abrégée, Paris, 1841. gr. in-8. Ses lettres à l'impératrice de Russie (femme de Paul I) sur l'État de l'âme après la mort ont paru à Leipsick, 1858, in-4. Parmi ses œuvres poétiques, on remarque les Cantiques sacrés et les Chants suisses, devenus populaires.

LA VAUGUYON (Ant. Paul Jacq. DE QUÉLEN, duc de), lieutenant général, né à Tonneins en 1706, m. en 1772, se distingua aux siéges de Maastricht, d'Oudenarde, d'Anvers; aux batailles de Fontenoy, Raucoux, Lawfeld; et fut précepteur des quatre petits-fils de Louis XV. — Son fils, Paul Franç., 1746-1828, fut ambassadeur en Hollande et en Espagne (1776-90), et ministre du comte de Provence (1795-97). Il rentra en France en 1805 et devint pair à la Restauration. — Un des fils de celui-ci, Paul, comte de la Vauguyon, 1777-1839, combattit à Austerlitz, devint aide de camp de Murat et général de division.

LAVAUR, Vera ou Vora, ch.-l. d'arr. (Tarn), sur l'Agout, à 40 kil. S. O. d'Alby; 7077 hab. Ancien évêché (créé en 1318). Trib. de 1re inst., collége, biblioth. Éducation en grand de vers à soie; soieries. Célèbre dans la guerre des Albigeois par le massacre que Simon de Montfort fit de ses habitants, en 1121.

LAVEAUX (J. Ch. THIBAULT de), homme de lettres, né à Troyes en 1749, m. à Paris en 1827, fut d'abord maître de langue française à Bâle, à Stuttgard, à Berlin; revint en France à la Révolution, travailla à plusieurs journaux républicains, notamment au Journal de la Montagne, et fut nommé sous l'Empire inspecteur des prisons et hospices de la Seine, fonctions qu'il perdit à la Restauration. On a de lui, outre des traductions de l'allemand : Cours de langue et de littérature française, Berlin, 1784; Nouveau dictionnaire de la langue française, Paris, 1820, 2 v. in-4; Dictionnaire des difficultés de la langue, 1822, 2 vol. in-8, le meilleur de ses ouvrages; Dictionnaire synonymique de la langue française, 1826.

LAVEDAN (le), vallée de France (Htes-Pyrénées), dans l'arr. d'Argelès, a environ 50 k. de long. Villes principales : Lourdes et Campan.

LAVELANET, ch.-l. de c. (Ariége), à 27 kil. E. de Foix, sur la Touire, qui se jette près de là dans un gouffre; 2707 h. Aux env. château de Montségur.

LAVENTIE, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 20 kil, N. E. de Béthune ; 4297 hab.

LAVERNE, Laverna, déesse des voleurs et des fourbes chez les Romains.

LA VERPILLIÈRE, ch.-l. de c. (Isère), à 23 kil. K. E. de Vienne ; 1212 hab. Anc. château.

LA VICOMTERIE (Louis de), homme de lettres, né en 1732, m. en 1809, adopta avec ardeur les principes de la Révolution, fut député à la Convention, vota la mort du roi, fut membre du Comité de sûreté générale, se prononça au 9 thermidor contre Robespierre, et vécut depuis obscur, remplissant un emploi dans la régie du timbre. On a de lui : le Code de la Nature, 1788; les Crimes des rois de France, 1791 et 1833; le Peuple et ses rois, 1791; les Crimes des papes, 1792; Crimes des empereurs; Crimes des reines, etc., ouvrages empreints de l'esprit du temps.

LAVICUM, v. du Latium. V. LABICUM.

LA VIEUVILLE (Charles, marquis de), né à Paris vers 1582, m. en 1653, fut surintendant des finances en 1623, se fit des ennemis par un caractère présomptueux, fut enfermé au château d'Amboise en 1624, s'enfuit à l'étranger, rentra en France en 1628, y conspira contre Richelieu, dut s'enfuir à Bruxelles en 1631, ne revint que sous Mazarin, et obtint, en 1649, avec la direction des finances, le titre de duc et pair.

LA VILLE DIEU, ch.-l. de c. (Vienne), à 15 k. S. de Poitiers ; 425 hab. — V. VILLEDIEU.

LA VILLE DE MIRMONT (Alex. de), poëte dramatique, né à Versailles en 1783, mort en 1845, fut chef de division à l'Intérieur, puis inspecteur des prisons, et consacra ses loisirs aux lettres. On a de lui plusieurs comédies en vers, entre autres le Folliculaire (1820), qui obtint un grand succès auprès du public, mais que critiquèrent amèrement certains journalistes, qui s'y croyaient attaqués ; une Journée d'élection (1822), dont la censure défendit la représentation ; le Roman (1825), les Intrigants : cette dernière, reçue dès 1826, ne put être représentée qu'en 1831 ; et une tragédie, Charles VI, représentée en 1826, qui le fit, mais à tort, accuser de plagiat à cause de la ressemblance du sujet avec la Démence de Charles VI de Lemercier. Ses Œuvres ont paru en 1845, 4 vol. in-8.

LA VILLE HEURNOIS (BERTHELOT de), ancien maître des requêtes sous Louis XVI, agent secret des Bourbons pendant la Révolution, ourdit en 1796 avec l'abbé Brotier et de Presles une conspiration contre le gouvt républicain, fut découvert en 1797, et déporté à Sinnamary, où il mourut 2 ans après.

LA VILLETTE, anc. commune du dép. de la Seine, contiguë au mur de Paris, à l'extrémité du faubourg St-Martin, comptait en 1860 plus de 30 000 hab. Elle est auj. comprise dans Paris. Le canal de l'Ourcq y forme un beau bassin, où prennent naissance les canaux St-Martin et St-Denis. Chapellerie; savons, suif, bière, etc.; machines à vapeur, entreprises de vidanges; entrepôt d'huile, eaux de vie, etc.

LAVINIE, fille de Latinus, roi des Latins, et d'Amate, était fiancée à Turnus, roi des Rutules, lorsqu'Énée arriva en Italie. Énée obtint sa main de son père et l'épousa après avoir tué Turnus. Il bâtit en son honneur la ville de Lavinium. Après la mort d’Énée, Lavinie, craignant pour sa vie, alla se cacher dans des forêts, où elle accoucha d'un fils qu'elle nomma Sylvius. Le peuple força Ascagne, fils et successeur d’Énée, à la rappeler et à lui céder Lavinium.

LAVINIUM, auj. Patrica, v. du Latium, au S. de Rome et près de Laurente, fut bâtie, dit-on, par Énée, qui lui donna le nom de sa femme Lavinie. Elle fournit la colonie qui fonda Albe. Détruite au IXe s. par les Sarrasins.

LAVIT-DE-LOMAGNE, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), à 18 kil. S. O. de Castel-Sarrasin; 1013 h.

LAVOISIER (Ant. Laurent), grand chimiste, né à Paris en 1743, fils d'un commerçant aisé, fut entraîné par le goût le plus vif vers l'étude des sciences naturelles, et mérita dès l'âge de 25 ans d'être admis à l'Académie des sciences (1768). Peu de mois après il obtint une place de fermier général : il sut concilier ses recherches scientifiques avec les devoirs de sa place. Il démontra en 1775 que la calcination des métaux et en général la combustion des corps est le produit de l'union de l'air respirable (oxygène) avec ces corps, et opéra par cette découverte une révolution en chimie; il reconnut en 1784 la composition de l'eau, et la prouva par des expériences directes. De concert avec Guyton de Morveau, il créa pour la chimie une nouvelle nomenclature qui devait changer la face de la science (1787). En même temps il faisait des applications utiles de ses connaissances, améliorait la fabrication de la poudre, perfectionnait l'agriculture, coopérait à l'établissement de nouvelles mesures, etc. Malgré tant de titres à la reconnaissance publique, il fut traduit en 1793 devant le tribunal révolutionnaire, par le seul motif qu'il appartenait au corps des fermiers généraux, fut condamné et exécuté le 8 mai 1794. Il avait commencé d'importants travaux que sa mort a laissés interrompus; il demanda en vain un délai de quelques jours pour achever des expériences utiles à l'humanité. On a de lui un Traité élémentaire de Chimie, 1789, et des Mém. de Physique et de Chimie, 1805. Ses Œuvres complètes ont été publiées aux frais de l'État, 1860-64.

LAVOULTE, ch.-l. de c. (Ardèche), à 20 kil. N. E. de Privas, sur le Rhône (r. dr.); 2663 hab. Église calviniste. Beau port sur le Rhône (1862). Culture de la vigne et du mûrier. Hauts fourneaux, fonderie de boulets. Grand château, jadis aux ducs de Ventadour.

LAVOUTE-CHILHAC, ch.-l. de c. (Hte-Loire), à 25 kil. S. de Brioude, sur l'Allier ; 683 hab.

LA VRILLIERE (L. PHÉLIPPEAUX, marquis de), né en 1672, m. en 1725, était ministre de la maison de Louis XIV et chargé des affaires de la religion protestante. Il fut seul conservé par le duc d'Orléans et reçut le titre de secrétaire de la Régence. Il fut remplacé en 1718 par son fils St-Florentin. Le comte de Maurepas était son gendre. — Le nom de La Vrillière est resté à une rue de Paris où était l'hôtel appartenant à la famille : l'hôtel est auj. la Banque de France.

LAW (John), fameux financier, né à Édimbourg en 1671, était fils d'un riche orfèvre. Il ne se fit d'abord remarquer que par son habileté au jeu et ses aventures galantes, et fut forcé de quitter son pays par suite d’un duel. Après avoir parcouru divers États de l’Europe, proposant partout des plans de finances, il vint enfin en France où il sut gagner la confiance du Régent. Il fit adopter à ce prince un système financier au moyen duquel il prétendait rembourser les dettes de l’État. En 1716, il fut autorisé à ouvrir une banque d’escompte, à laquelle on adjoignit bientôt une Compagnie qui eut le privilège du commerce avec le Mississipi, la Chine et les Indes, la propriété du Sénégal, la fabrication des monnaies, etc. ; enfin, cette banque privée fut érigée en Banque royale (1718), et Law fut lui-même nommé contrôleur général. La banque de Law créa un nombre prodigieux d’actions, et émit une énorme quantité de billets, qui n’étaient nullement en proportion avec les valeurs réelles qu’elle possédait. Pendant plusieurs années les actions furent en grande faveur : on se les disputait avec fureur dans la rue Quincampoix, principal centre de l’agio, et elles furent portées jusqu’à 40 fois leur valeur primitive ; mais bientôt l’illusion cessa, on mit plus d’empressement encore à s’en défaire qu’on n’en avait mis à les acheter, et une foule de familles furent ruinées. Devenu l’objet de l’exécration générale, poursuivi par le parlement, Law fut forcé de sortir de France en 1721. Après avoir erré en différents pays, il mourut à Venise en 1729, dans un état voisin de l’indigence. Law avait publié en 1705, en anglais, de remarquables Considérations sur le numéraire et le commerce. Ses Œuvres ont été rassemblées à Paris et traduites en 1790, et par E. Daire, Paris, 1843, 1 vol. in-8. M. Thiers a donné une lucide exposition du système de Law dans l’Encyclopédie progressive, 1826. M. Levasseur a publié des Recherches historiques sur le système de Law, 1854, in-8.

LAWFELD, vge de Belgique (Limbourg belge), à 6 kil. O. de Maëstricht. Les Français, que commandait le maréchal de Saxe, y battirent le duc de Cumberland en 1747. Il s’y livra en 1794 un autre combat où les Français furent encore vainqueurs.

LAWRENCE, v. des États-Unis (Massachusets), sur le Merrimack, à 36 k. N. E. de Boston ; 14 000 h. Manufactures d’étoffes de laine et coton, fonderies ; ateliers de construction.

LAWRENCE (P. Thomas), habile peintre de portraits, né à Bristol en 1769, m. en 1830, était fils d’un maître d’auberge. Élève de Reynolds, il fut nommé en 1792 peintre du roi (George III), et devint, après West, président de l’Académie de peinture (1820). Il fit les portraits de la plupart des princes de l’Europe et de presque toutes les notabilités de l’époque, et acquit une immense fortune. Ses portraits sont pleins de grâce et d’éclat ; la ressemblance en est frappante et la physionomie spirituellement saisie ; mais le dessin est trop souvent incorrect et maniéré.

LAXENBOURG, bourg et château d’Autriche, à 16 kil. S. de Vienne, sur la Schwæchat ; 800 hab Résidence d’été de l’empereur. Un traité y fut signé entre l’Autriche et l’Espagne en 1725.

LAY, riv. de France (Vendée), prend sa source à 20 kil. de Fontenay-le-Comte, devient navigable à Mareuil, et tombe dans l’anse de l’Aiguillon, vis-à-vis de l’île de Ré, après un cours de 105 kil.

LAYA (J. L.), littérateur, né à Paris en 1761, d’une famille originaire d’Espagne, mort en 1833, fit représenter en 1789 J. Calas, en 1790, les Dangers de l’opinion, drame en vers qui eut du succès, et en 1793, l’Ami des lois. Cette dernière pièce, jouée avec un grand succès peu de jours avant le supplice de Louis XVI, était une protestation énergique contre le régicide ; aussi l’auteur fut-il jeté dans une prison, d’où il ne sortit qu’au 9 thermidor. Sous l’Empire, il fut professeur au lycée Napoléon, puis à la Faculté des lettres. Il entra à l’Académie française en 1817. Ses Œuvres ont été publiées en 1833, 5 volumes in-8. — Sa veuve, remariée à M. Achille Comte, a publié de bons ouvrages d’éducation et de jolie pièces de théâtre. — Ses deux fils (Alexandre et Léon) ont cultivé les lettres : le premier a écrit sur le droit et la politique notamment ; le second (1810-1872) a donné plusieurs pièces, dont la meilleure est Le Duc Job (1859).

LAYBACH, Æmonia chez les anciens, Labacum, au moyen âge, v. murée des États autrichiens, capit. de l’Illyrie et de la Carniole, à 98 kil. N.-E. de Trieste ; 20 000 h. Évêché ; château fort, qui sert auj. de prison ; lycée, gymnase, séminaire, école normale, observatoire, bibliothèque ; société d’agriculture, et des arts. Produits chimiques ; faïence, soieries et rubans de soie, etc. Grand commerce avec l’Italie, la Croatie, la Bavière. — Laybach existait dès le temps des Romains : elle fut agrandie par les Francs au IXe siècle, appartint successivement aux Slaves, aux ducs de Bavière, à des seigneurs particuliers, et finit par se donner à l’Autriche. Laybach fut prise en 1797 par Bernadotte, et en 1809 par Macdonald. Il s’y tint en 1820-21 un congrès qui avait pour objet la destruction du régime constitutionnel établi dans le roy. de Naples à la suite de l’insurrection de 1820. — Le gvt de L., formé des anciens duchés de Carniole et de Carinthie, est borné au N. par l’archiduché d’Autriche, à l’O. par le Tyrol, la Vénétie et le gvt de Trieste, au S. par la Croatie, à l’E. par la Styrie, et est divise en 5 cercles : Laybach, Neustadt, Adelsberg, Klagenfurt et Villach ; 900 000 hab. — Le cercle de L., entre ceux de Klagenfurt et de Villach au N., la Styrie à l’E., le cercle de Neustadt au S., celui d’Adelsberg et le gouvt de Trieste à l’O., compte 165 000 h.

LAYEN (Principauté de la), anc. État de l’empire d’Allemagne, dont les possesseurs résidaient à Ahrenfels sur le Rhin, comprenait, outre le château de Layen, le comté de Hohengeroldseck, le château de Waal près d’Augsbourg, et quelques seigneuries dans les districts du Rhin, et de la Moselle. En 1806, les princes de la Layen furent compris parmi les membres de la Confédération du Rhin, et placés dans le collége des princes ; mais en 1815 ils ne furent pas admis dans la Confédération germanique ; la principauté fut médiatisée et incorporée au gr.-duché de Bade.

LAYS (François), habile chanteur, né en 1758, à La Barthe, près de Bagnères (Htes-Pyrénées), m. en 1831, débuta à l’Opéra de Paris en 1779, et fit pendant 40 ans les délices du public. Il réussissait surtout dans les rôles du marchand de la Caravane, du consul dans Trajan, de Cinna dans la Vestale. Il fut professeur au Conservatoire et à l’école de chant. Lays avait la plus belle voix de-baryton qu’on eût entendue jusque-là.

LAZARE (S.), frère de Marie et de Marthe, demeurait à Béthanie et était aimé de Jésus-Christ. Il m. peu après sa conversion : : Jésus le ressuscita 4 jours après sa mort, quoique son corps commençât déjà à se corrompre dans le sépulcre (S. Jean, ch. XI). On le fête la 2 septembre et le 17 décembre.

LAZARE, pauvre couvert d’ulcères, implorait en vain la pitié d’un mauvais riche ; mais, après la mort de tous deux, Lazare alla dans le ciel et le riche dans l’enfer, où à son tour il implora vainement la secours de Lazare. On ne sait si ce Lazare, dont l’histoire est racontée par S. Luc (ch. XVI), est un pauvre véritable ou un personnage purement symbolique. 1 LAZARE (Hospitaliers de St-), ordre religieux et militaire, fut établi par les Croisés à Jérusalem dès 1119, et confirmé par le pape en 1255. Il avait eu pour mission spéciale de soigner les lépreux ; c’est de son nom que se sont formés le mot ladre, pour dire lépreux, et celui de lazaret. L’ordre tirait son nom du mendiant Lazare, sous le patronage duquel il s’était placé. Introduit en France sous Louis VII, cet ordre perdit son importance à mesure que la lèpre disparut ; il fut réuni en Italie à l’ordre de Malte (1490), en Savoie à celui de St-Maurice (1572), en France à celui de St-Michel (1693). — Les chevaliers de St-Lazare étaient au nombre de 100 ; ils pouvaient se marier et posséder des pensions sur toutes sortes de bénéfices. L'insigne était une croix à 8 pointes, émaillée de pourpre et de vert alternativement, bordée d'or, anglée de 4 fleurs de lis d'or, et portant au centre, d'un côté l'image de la Vierge, de l'autre celle de S. Lazare.

LAZARISTES, congrégation fondée en 1625 par S. Vincent de Paul et approuvée par le pape Urbain VIII en 1632, fut ainsi nommée parce qu'à Paris l'ordre fut établi dans une maison qui avait appartenu à l'ordre de St-Lazare. Elle est connue aussi sous le nom de Prêtres de la Mission. Les Lazaristes vont en mission dans les pays étrangers pour y répandre le Christianisme, et se livrent à l'éducation des jeunes clercs; ils sont encore aujourd'hui chargés de l'enseignement ecclésiastique dans plusieurs diocèses.

LAZIQUE, Lazica, auj. pays des Lesghiz, portion de la Colchide, entre le Phase au N. et l'Arménie au S., est hérissée de montagnes. Les Perses et les Grecs se disputèrent vivement la possession de ce pays sous Justinien.

LAZZARONI, nom donné à la populace de Naples. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

LÉANDRE, amant de Héro. V. HÉRO.

LÉANDRE (S.), archevêque de Séville, né à Carthagène vers 540, m. en 596, était frère de S. Isidore. Il convertit plusieurs princes visigoths, qui étaient ariens, ce qui le fit exiler par le roi Léovigilde; cependant il fut bientôt rappelé et même chargé d'instruire dans la foi catholique l'héritier du trône, Récarède. On le fête le 27 février et le 13 mars. On lui attribue la liturgie mozarabique.

LÉARQUE, fils d'Athamas. V. ATHAMAS.

LÉBADÉE, Lebadea, auj. Livadie, v. de Béotie, au S. O., près de Chéronée et de l'Hélicon. Près de là était le bois de Trophonius, célèbre par ses oracles. — V. LIVADIE.

LE BAILLEUL, vge du dép. de l'Orne, à 9 kil. N. d'Argentan; 900 hab. Berceau de la famille des Bailleul ou Baliol, qui régna en Écosse.

LE BAILLY (Ant. François), fabuliste, né à Caen en 1756, m. à Paris en 1832, fréquenta d'abord le barreau , mais l'abandonna pour les lettres. On a de lui : des Fables estimées pour leur élégance et leur bonhomie, Paris, 1784; des opéras, Corisandre, 1792; le Choix d'Alcide, 1811; Œnone, 1812; Diane et Endymion, 1814; des poésies fugitives, et quelques petits poëmes, entre autres le Gouvernement des animaux ou l'Ours réformateur, 1816.

LEBARBIER (J. J. Franç.), peintre, né en 1738 à Rouen, m. à Paris en 1826, alla en 1776 lever en Suisse des vues et dessins pour les Tableaux topographiques de la Suisse du baron de Zurlauben, et séjourna 4 ans à Rome, où il recueillit une foule de beaux dessins. On doit à cet artiste, outre une quantité prodigieuse de vignettes, plusieurs tableaux : le Siége de Beauvais, qui lui valut le titre de citoyen de Beauvais; le Siége de Nancy (à l'hôtel de ville de Nancy); Jupiter sur le mont Ida; Aristomène; l'Apothéose de S. Louis; S. Louis prenant l'oriflamme; Sully aux pieds de Henri IV.

LEBAS (Jacq. Phil.), graveur de Paris, 1707-83, a reproduit les plus belles toiles de Berghem, Wouvermans, Van Ostade, Téniers, Vernet, et a aussi gravé d'après lui-même. On cite de lui l’Enfant prodigue et David Teniers et sa famille. Il fut admis à l'Académie en 1743 et nommé en 1782 graveur du roi.

LEBAS (Phil.), conventionnel, compatriote et ami de Robespierre, né en 1766 à Frévent (Pas-de-Calais), était d'abord avocat à St-Pol. Nommé commissaire de la Convention aux armées de Sambre-et-Meuse et du Rhin, il y rendit d'importants services (1793-94). Ami de Robespierre, il le défendit au 9 thermidor, et se tua quand il vit sa cause perdue.

LEBAS (Philippe), fils du précéd., né à Paris en 1794, m. en 1860, s'est fait un nom comme helléniste et comme archéologue. Il servit dans la marine, puis dans l'armée de terre jusqu'en 1814. En 1820, il fut chargé de l'éducation du prince L. Napoléon (Napoléon III). Rentré en France en 1828, il devint professeur au collége St-Louis, maître de confér. à l'École normale, bibliothéc. de la Sorbonne. Il fut admis à l'Académie des inscriptions en 1838. On a de lui un Voyage archéologique en Grèce et en Asie Mineure (1847 et ann. suiv., in-fol.), une édition, avec traduction, de Nicetas Eugenianus, 1841, etc. Il a dirigé la publication du Dictionnaire encyclopédique de l'Hist. de France (12 vol. in-8, av. pi.), et traduit (avec Ansart) l’Atlas historique de Kruse.

LE BAS (L.-Hipp.), architecte, membre de l'Institut, né en 1782, m. en 1873; a fait le monument de Malesherbes, au Palais de justice, l'église de N.-D. de Lorette, etc. C'est lui qui a présidé à l'érection de l'obélisque de Louqsor, à Paris.

LE BATTEUX (l'abbé), né à Allend'huy, près de Reims, en 1713, mort en 1780, professa les humanités à Reims, puis à Paris, dans les colléges de Lisieux et de Navarre, et fut nommé professeur de philosophie grecque et latine au Collége de France. Il avait été reçu en 1754 à l'Académie des inscriptions, et en 1761 à l'Académie française. Ses principaux ouvrages sont : les Beaux-Arts réduits a un seul principe (l'imitation de la nature), 1746; Cours de Belles-lettres ou Principes de littérature, 1774, ouvrage encore estimé; une Traduction d'Horace, 1750; la Morale d'Épicure, 1758; les Quatre poétiques (d'Aristote, Horace, Vida, Boileau), 1771; Ocellus Lucanus et Timée de Locres, trad. du grec, 1768; Histoires des Causes premières, 1779; De l'arrangement des mots, traduit de Denys d'Halicarnasse, 1788. Il dirigea la publication des Cours d'études à l'usage des écoles militaires, 1776 et ann. suiv., 48 v. in-12.

LEBÉ (Guill.), graveur et fondeur de caractères, né à Troyes en 1525, m. à Paris en 1598, fut chargé par François I de perfectionner les caractères orientaux de H. Estienne, et par Philippe II de fondre les caractères de la belle Bible polyglotte d'Anvers. — Son fils, Guillaume II, soutint sa réputation. Il créa en 1604 un gros caractère arabe qui existe encore à l'Imprimerie impériale.

LEBEAU (Ch.), humaniste et historien, né à Paris en 1701, mort en 1778, fut successivement professeur de rhétorique aux colléges d'Harcourt, du Plessis, et des Grassins, professeur d'éloquence au Collége de France (1752); entra en 1748 à l'Académie des inscriptions et devint en 1755 secrétaire de cette académie. On a de lui une Histoire du Bas-Empire depuis Constantin, 22 vol. in-8, ann. 1757 et suiv., ouvrage bien écrit et consciencieusement rédigé, qui n'a pas été apprécié à sa juste valeur, mais qu'il était difficile de rendre intéressant (cette histoire fut terminée par Ameilhon). Lebeau écrivait parfaitement la langue latine, et excellait surtout à faire les vers latins. On a imprimé ses œuvres latines en 1782 sous la titre de Carmina et orationes. Il compléta et publia l’Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac (1747). Il a fourni à l'Académie des inscriptions d'excellents mémoires, notamment sur la Légion romaine, et a rédigé les Éloges des académiciens morts pendant qu'il était secrétaire.

LÉBÉDAH ou LEBDA, v. d'Afrique, autrefois Leptis. V. ce nom.

LEBEDOS, v. d'Asie-Mineure, dans l'Ionie, sur la mer Égée, au N. de Colophon. Lysimaque la détruisit et en transféra les habitants à Éphèse.

LEBEUF (l'abbé J.), chanoine d'Auxerre, 1687-1760, membre de l'Académie des inscriptions, a rendu de grands services à l'histoire nationale par ses savantes et exactes recherches. Ses ouvrages les plus importants sont : Discours sur l'état des sciences dans la monarchie française sous Charlemagne, Paris, 1734; Recueil de divers écrits pour servir d'éclaircissements à l'hist. de France, 1738; Hist. d'Auxerre, 1743; Hist. de la ville et du diocèse de Paris. Quelques-uns de ses écrits, devenus introuvables, ont été réimpr. en 1843, 2 vol. in-8, par J. Pichon. M. H. Cocheris a donné une nouv. édition de l’' Histoire du diocèse de Paris, en la continuant jusqu’à nos jours, 10 v. in-8, 1861 et ann. suiv.

LEBLANC (Franç.), gentilhomme dauphinois, m. à Versailles en 1698, était un savant numismate. Il a laissé : Dissertation sur quelques monnaies de Charlemagne, Louis le Débonnaire, Lothaire et ses successeurs, frappées à Rome, 1689, in-4 ; Traité historique des monnaies de France, 1690, in-4, ouvrage capital.

LEBLANC DE GUILLET (Ant.), littérateur médiocre, né à Marseille en 1730, mort en 1799. On a de lui : des tragédies, entre autres Manco-Capac (1763), qui n’est connue auj. que par ce vers ridicule :

Crois-tu de ce forfait Manco-Capac capable ?

une comédie, l’Heureux événement, 1772, qui eut peu de succès ; un roman intitulé les Mémoires du comte de Guine, 1761, et une traduction en vers de Lucrèce, 1788-91. Il fut nommé membre de l’Institut en 1798.

LEBLANC (Nic.), l’inventeur de la soude artificielle, né en 1753 à Issoudun, était chirurgien de la maison d’Orléans. En 1787, il découvrit le procédé, encore suivi actuellement, pour extraire la soude du sel marin. Il avait monté en 1791 une usine, avait pris un brevet d’invention pour l’exploitation de sa découverte et s’était associé à cet effet le duc d’Orléans lorsqu’à la suite des événements de la Révolution il vit mettre le séquestre sur sa fabrique ; peu après il fut obligé d’autoriser la publication de son procédé. Ruiné par cette divulgation, il fit d’inutiles efforts pour obtenir une juste indemnité et se tua dans un accès de désespoir (1806). Dizé, qui avait été son collaborateur, lui disputa, mais sans droit, le mérite de son invention.

LEBLOND (J. Christophe), peintre en miniature, né à Francfort en 1670, m. en 1741, inventa l’art d’imiter la peinture par la gravure, en imprimant l’une sur l’autre trois couleurs, le rouge, le jaune et le bleu, qui, par leurs combinaisons, produisaient des nuances plus nombreuses.

LEBON (Joseph), conventionnel, né à Arras en 1765, était curé de Neuville, près d’Arras, lorsque la Révolution éclata. Déjà il s’était fait remarquer par son fanatisme religieux ; il ne fut plus connu, depuis 1789, que par son fanatisme révolutionnaire. Député à la Convention en 1792, il se signala par ses violences. Envoyé en 1793, en qualité de commissaire, dans le Pas-de-Calais, il établit dans Arras le régime de la Terreur et institua un tribunal qui, en quelques mois, fit tomber une foule de têtes. Après le 9 thermidor, il fut accusé par les habitants de Cambrai, condamné à mort, et exécuté (6 oct. 1795). Son fils, E. Lebon, a tenté de le réhabiliter dans le livre intitulé : J. Lebon dans sa vie privée et dans sa vie politique, 1861.

LEBON (Philippe), l’inventeur de l’éclairage au gaz, conçut des 1785 l’idée de faire servir à l’éclairage les gaz produits par la combustion du bois. Il annonça sa découverte à l’Institut en 1799, prit un brevet en 1800 pour ses Thermolampes (appareils destinés à la fois au chauffage et à l’éclairage), et en fit en 1801 un premier essai au Havre, mais il fut mal accueilli du public, et, après plusieurs autres tentatives également infructueuses, il alla porter sa découverte en Angleterre où elle réussit.

LEBOSSU (le P. René), chanoine de Ste-Geneviève, 1631-80, enseigna les humanités et composa entre autres écrits un Traité du Poëme épique, 1675, qui était estimé de Boileau, mais qui a été vivement critiqué par Voltaire pour sa rigueur toute scolastique. On a aussi de lui un Parallèle de la philosophie d’Aristote et de Descartes, 1674.

LEBRET, V. de France. V. ALBRET.

LEBRIGANT (Jacq.), avocat, né à Pontrieux (Côtes-du-Nord) en 1720, m. en 1804, faisait dériver toutes les langues du celtique. Il a publié : Dissertation sur une nation celte nommée Brigantes, 1762 ; Éléments de la langue des Celtes-Gomérites ou Bretons, 1779 ; la Langue primitive conservée, 1787. Il était l’ami du célèbre La Tour d’Auvergne, qui s’enrôla à 50 ans pour sauver son plus jeune fils de la conscription : il avait eu 22 enfants, et tous ses fils étaient morts aux armées quand le dernier fut appelé.

LEBRIXA ou LEBRIJA, Nebrissa, v. d’Espagne (Séville), à 42 kil. S, O. de Séville ; 7000 hab. Forges, poteries ; huile excellente. Patrie d’Antoine de Lebrixa (V. ANTOINE), et de Juan Diaz de Solis.,

LEBRUN (Charl.), peintre célèbre, né à Paris en 1619, mort en 1690, étudia d’abord sous Vouet, puis alla à Rome, où il eut pour maître le Poussin. De retour à Paris (1648), Fouquet lui confia les peintures de son château de Vaux, et Louis XIV l’accueillit avec faveur sur la présentation de Mazarin. Il fut en 1662 nommé peintre du roi, et directeur de l’Académie de peinture. Sans rival en France après la mort de Lesueur, il devint l’arbitre du goût et comme le dictateur des beaux-arts : c’est lui qui porta Louis XIV à fonder l’école française à Rome. Mais à la mort de Colbert, qui l’avait toujours protégé, Lebrun se vit préférer Mignard ; le chagrin que lui causa cette disgrâce abrégea sa vie. Ses principaux tableaux sont : la série des Batailles d’Alexandre, la Défaite de Maxence, le Christ aux Anges (à Notre-Dame), la Madeleine, la Vierge apprêtant le repas de l’Enfant Jésus. C’est lui qui a exécuté les peintures de la grande galerie de Versailles. On trouve dans ses tableaux de la noblesse et une grande richesse de composition, mais la couleur en est lourde et le dessin généralement mou ; on lui reproche de l’affectation et de la monotonie. Lebrun a écrit : Conférences sur l’expression des différents caractères des passions, 1667 ; Traité de la physionomie, ou Rapport de la physionomie humaine avec celle des animaux, in-fol., avec pi. Ses plus beaux tableaux ont été gravés par Édelinck, Audran, Séb. Leclerc, Picart. Il en a lui-même gravé plusieurs.

LEBRUN (Ponce Denis ÉCOUCHARD-), poëte lyrique, qui se surnomma lui-même Lebrun-Pindare, né à Paris en 1729, mort en 1807, fut élevé par les soins du prince de Conti, au service duquel était son père ; devint secrétaire des commandements du prince, et put en même temps se livrer à son goût pour la poésie. À la mort du prince de Conti, il fut quelque temps dans l’indigence, mais le ministre Calonne lui fit obtenir une pension de 20 000 livres. Il fut nommé membre de l’Institut dès la fondation. Versatile dans ses opinions, il chanta successivement et avec la même verve Louis XVI, la République et l’Empire, et reçut indistinctement les bienfaits de tous les gouvernements. Enclin à la satire, il lança des épigrammes contre presque tous ses contemporains et se fit une foule d’ennemis. D’un caractère difficile, il ne put vivre avec sa femme, qui se sépara de lui après 14 ans de mariage. Lebrun a excellé dans le genre lyrique ; on estime surtout son Ode sur le désastre de Lisbonne (1755), une Ode à Voltaire en faveur d’une petite-nièce de Corneille, une Ode nationale sur le projet d’une descente en Angleterre. Ginguené, son ami, a publié ses œuvres en 4 vol. in-8, Paris, 1811 : outre ses Odes, on y trouve des Élégies, des Épîtres, des Épigrammes, des Fables, des Veillées du Parnasse, imitations de Virgile et d’Ovide, et un poëme sur la Nature. On a donné en 1821 ses Œuvres choisies, 2 vol. in-8. Le talent lyrique de Lebrun est grand, mais incomplet ; son style est noble et fort, mais tantôt déclamatoire, tantôt sec et décharné ; ses épigrammes sont peut-être supérieures à ses odes.

LEBRUN (Ch. Franç.), duc de Plaisance, né en 1739 à St-Sauveur, près de Coutances, mort en 1824, fut d’abord secrétaire de Maupeou, partagea la disgrâce de ce ministre, et consacra ses loisirs à des travaux littéraires. Député aux États généraux, il se distingua par ses travaux sur les finances ; il présida le directoire de Seine-et-Oise, fut incarcéré pendant la Terreur, recouvra la liberté au 9 thermidor, fut élu membre du Conseil des Cinq-Cents et se fit remarquer dans cette assemblée par ses talents administratifs. Après le 18 brumaire, auquel il avait contribué, il fut nommé 2e consul. Dans ce poste, il s'occupa exclusivement de finances et créa la Cour des Comptes. Napoléon, devenu empereur, le nomma duc de Plaisance et architrésorier. En 1806, Lebrun alla organiser l'État de Gênes en départements français; en 1810, il fut nommé administrateur général de la Hollande après l'abdication du roi Louis Bonaparte. En 1814, il refusa de signer l'acte de déchéance, mais il adhéra bientôt après au rappel des Bourbons, et fut un instant grand maître de l'Université. Il fut élevé en 1819 à la pairie. On a de lui des traductions en prose de la Jérusalem délivrée, 1774; de l'Iliade, 1776 (refondue en 1809), de l'Odyssée, 1819 : ces traductions, plus élégantes que fidèles, se lisent avec plaisir. Lebrun était de l'Académie des inscriptions depuis 1803. Une statue lui a été élevée à Coutances en 1847.

LEBRUN. V. TONDU et VIGÉE (Mme).

LE CAMUS (Antoine), littérateur, né à Paris en 1722, mort en 1762, a publié : Médecine de l'esprit, Paris, 1753; Abdeker ou l'Art de conserver la beauté, 1756; Amphitheatrum medicum, poema, 1745; les Amours de Daphnis et Chloé, traduits de Longus, 1757. — Son frère, N. Le Camus de Mezières, 1721-1789, architecte distingué, a donné les dessins de la Halle au blé de Paris et a publié quelques écrits sur son art, entre autres le Génie de l'Architecture, 1780.

LÉCAPÈNE (ROMAIN), empereur. V. ROMAIN.

LE CARON (L.), jurisconsulte. V. CHARONDAS.

LE CAT (Claude Nic.), chirurgien, né en 1700 à Blérancourt (Aisne), m. à Rouen en 1768, devint chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen, et membre associé de l'Académie royale de chirurgie. Il établit à Rouen des cours publics d'anatomie qui eurent le plus grand succès, et fonda l'Académie de cette ville en 1744. Il introduisit en France, en la perfectionnant, la méthode de Cheselden pour la taille de la pierre. On a de lui : Lettres sur l'opération de la taille, 1749; De l'existence, de la nature du fluide des nerfs, 1765; De la couleur de la peau humaine, 1765; Traité des sens, 1740; Des sensations et des passions en général, 1766. Ce dernier traité est le plus recherché de ses ouvrages, mais il renferme beaucoup d'hypothèses hasardées. Ses écrits les plus importants ont été réunis sous le titre d’Œuvres physiologiques, Paris, 1767, 3 vol. in-8.

LECCE, Aletium ou Lupia, v. forte d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, ch.-l. de la Terre d'Otrante, à 90 kil. S. S. E. de Tarente: 17 000 hab. Évêché. Citadelle, quelques édifices remarquables. École royale créée par Ferdinand IV. Cette ville fut, dit-on, fondée par le Crétois Idoménée. Prise par les Normands au XIIe siècle et donnée en apanage au bâtard Tancrède.

LECCO, Leucum, v. murée de Lombardie, sur le bras S. E. du lac de Côme, à 24 kil. E. de Côme; 2500 hab. Filatures de soie, ustensiles de cuivre.

LECH (le), Licus, riv. d'Allemagne, sort de la forêt de Bregenz en Tyrol, entre en Bavière, reçoit la Vils et la Wertach et grossit le Danube riv. dr. au N. O. de Neubourg, après un cours de 250 kil. Othon I battit les Hongrois sur ses bords en 955 (V. LECHFELD); Tilly périt en 1632 en cherchant à barrer le passage du Lech à Gustave Adolphe.

LE CHAPELIER (Gui), l'un des membres les plus distingués de l'Assemblée constituante, né à Rennes en 1754, acquit de la réputation au barreau de cette ville, fut nommé membre de l'Assemblée nationale en 1789, et fit longtemps partie du Comité de constitution. Il fit décréter l'établissement des gardes nationales, l'égalité dans les successions, l'abolition de la noblesse, rédigea la loi sur la propriété littéraire, et eut la plus grande part à l'organisation de la Cour de cassation et de l'ordre judiciaire. Après la session il s'était retiré en Angleterre, mais, étant revenu à la nouvelle du décret qui séquestrait les biens des absents, il fut arrêté pendant la Terreur et condamné à mort par le tribunal révolutionnaire en 1794. Il avait concouru avec Condorcet, de 1790 à 1792, à la rédaction de la Bibliothèque d'un homme public, écrit périodique, 28 vol. in-8.

LÉCHÉE, Lecheum, anc. port de Corinthe, sur le golfe du même nom. On en voit encore le bassin.

LECHFELD, vaste plaine de Bavière, arrosée par le Lech, et dans laquelle se trouve Augsbourg. Pépin y défit en 743 les Bavarois et les Saxons; Charlemagne y battit les Huns en 794 : les Hongrois y vainquirent les Francs et les Bavarois en 910; les Allemands commandés par Othon I y battirent les Hongrois en 955.

LECK, bras du Rhin, se forme à Durstède près de. Wick, dans la province d'Utrecht; baigne Culembourg, Nieuwport; donne naissance à l'Yssel, et se joint à la Meuse à Krimpen. On croit que le Leck a été ouvert ou du moins élargi par Civilis.

LECKHES, peuple slave. V. POLENIEKS et POLONAIS.

LECLERC (Perrinet), bourgeois de Paris, n'ayant pu obtenir justice des chefs des Armagnacs, qui l'avaient maltraité, déroba à son père, alors quartenier de la ville, les clefs de la porte St-Germain des Prés et introduisit les Bourguignons dans Paris (1418). Il fut trouvé mort quelques jours après, frappé, à ce qu'on prétend, par la propre main de son père.

LECLERC (Michel), avocat et membre de l'Académie française, né en 1622 à Albi, mort en 1691, composa une tragédie d’Iphigénie, qu'il ne craignit pas de faire jouer après celle de Racine (1676). Il n'est guère connu aujourd'hui que par l'épigramme de Racine :

Entre Leclerc et son ami Coras, etc.

LECLERC (Sébastien), dessinateur et graveur, né à Metz en 1637, mort en 1714, était d'abord ingénieur-géographe. S'étant livré avec succès à la gravure, il obtint la protection de Colbert qui lui procura une chaire de dessin à l'école des Gobelins, chaire qu'il occupa pendant près de 30 ans. Son œuvre monte à près de 4000 pièces : on y remarque les Batailles d'Alexandre (d'après Lebrun); les Conquêtes de Louis XIV; les Médailles de France.

LECLERC (Jean), célèbre critique, né à Genève en 1657 d'une famille de réfugiés français, mort en 1736, fut pasteur des Remontrants d'Amsterdam, puis professeur de philosophie, de belles-lettres et d'hébreu. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, entre autres des Lettres théologiques, sous le pseudonyme de Liberius a Sancto Amore, Irenopolis (Saumur), 1679; Harmonia evangelica, gr.-lat., Amst., 1699; une traduction française du Nouveau Testament, Amst. 1703; Parrhasiana, 1699; Ars critica, 1712-30; Opera philosophica, 1722; Bibliothèque universelle et historique, 1686-93, 26 vol. in-12, en société avec Lacroze; Bibliothèque choisie, 1703-13, 28 vol.; Bibliothèque ancienne et moderne, 1714-1730, 29 vol. Ces trois Bibliothèques sont des revues littéraires fort estimées; elles renferment de bons extraits des principaux ouvrages qui paraissaient en Europe. On lui doit aussi des éd. de Tite-Live, d’Érasme, une Vie du cardinal de Richelieu, 1694, etc. Leclerc avait en religion et en philosophie des opinions hardies : il inclinait au socinianisme; il eut de vives disputes avec les théologiens et les métaphysiciens de son temps, entre autres avec Bayle dont il était le rival. En philosophie, il adopta et propagea les principes de Locke. Sa Vie a été écrite en latin par Van der Hœven, Amst., 1843. — Son frère, Daniel L., médecin distingué de Genève, 1652-1728, a composé, entre autres ouvrages, une Histoire de la médecine, Genève, 1696 et 1723, et a coopéré à la Bibliothèque anatomique de Manget, 1688-99.

LECLERC (le général Victor Emmanuel), né en 1772 à Pontoise, était fils d'un marchand de farines. Il s'engagea comme volontaire en 1791, fut fait capitaine au siége de Toulon en 1793, s'y lia avec Bonaparte, le suivit en Italie, fut promu au grade de général de brigade après s'être distingué au mont Cenis, sur le Mincio, à Rivoli, et obtint la main d'une sœur de Bonaparte, Pauline (depuis princesse Borghèse), en 1797. Au 18 brumaire, ce général assura le succès du coup d'État en expulsant de la salle des séances, avec un peloton de grenadiers, les opposants du Conseil des Cinq-cents. En 1802, il commanda l'expédition destinée à faire rentrer St-Domingue sous la domination française. Il remporta quelques avantages sur le général noir Toussaint-Louverture; mais au bout de peu de mois son armée fut décimée par les maladies, et il succomba lui-même à la fin de l'année.

LECLERC DE BUFFON, LECLERC DE SEPTCHÊNES, etc. V. BUFFON. SEPTCHÊNES, etc.

LECLERCQ (Théodore), né à Paris en 1777, mort en 1851, occupa quelque temps un emploi de receveur des droits réunis, mais donna sa démission pour se livrer à ses goûts littéraires. Après avoir joué par amusement des proverbes dramatiques, il se mit à en composer lui-même : il déploya dans cette espèce de comédie en miniature une finesse d'observation, une délicatesse de pensée et un bonheur d'expression qui le placent bien au-dessus de Carmontelle, le créateur du genre. Il n'avait voulu travailler que pour les salons : le rapide succès de ses Proverbes l'obligea à les livrer au public. Un 1er recueil fut publié en 1823 en 2 vol.; il en parut 6 autres jusqu'en 1833 : on y remarque la Manie des Proverbes, qui en est comme l'introduction générale, le Mariage manqué, Tous les comédiens ne sont pas au théâtre, l’Humoriste, le Château de cartes, le Jour et le lendemain, le Retour du baron. Les auteurs dramatiques lui ont fait, et souvent sans l'avouer, de nombreux emprunts.

LECLÈRE (Achille), architecte de Paris, 1785-1853, remporta le grand prix en 1808, signala son séjour à Rome par un essai de restauration du Panthéon d'Agrippa, se voua principalement, après son retour, à l'enseignement de son art, forma un grand nombre d'élèves distingués, et fut admis à l'Académie des beaux-arts en 1831. Il se distinguait par un goût pur et par une connaissance approfondie des saines doctrines classiques. On lui doit, outre d'importants travaux de construction et de restauration, le monument élevé à Bonchamps à St-Florent et le tombeau de Cas. Périer au Père-La-Chaise. Un prix de 1000 fr. a été fondé en son nom par sa sœur pour être décerné à celui qui a obtenu le 2e grand prix d'architecture.

L'ÉCLUSE nom géographique. V. ÉCLUSE (l').

LÉCLUSE (Ch. de), Clusius, savant botaniste, né à Arras en 1526, mort en 1609, fut reçu docteur à Montpellier; parcourut la France, l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne, recherchant partout les plantes rares; se fixa pendant 14 ans à Vienne, sur l'invitation de Maximilien II, qui le nomma directeur de ses jardins; fut nommé en 1589 professeur de botanique à l'Académie de Leyde, et conserva cette chaire jusqu'à sa mort. On a de lui : Rariorum stirpium per Hispanias observatarum historia, Anvers, 1576; Rariorum stirpium per Pannoniam, Austriam, etc., observ. historia, 1583, ouvrages qu'il refondit dans le suivant: Rariorum plantarum historia, 1611 (on y trouve une des plus anciennes descriptions connues de la pomme de terre); Exoticorum libri X, 1605, et la trad. lat. de l'ouvr. portugais de Hortus sur les plantes médicinales des Indes. Un genre de la famille des Guttifères a été nommé Clusia en son honneur.

LÉCLUSE (FLEURY de), helléniste, né en 1774 à Paris, mort en 1845, professa les belles-lettres à la Flèche et à St-Cyr, puis obtint la chaire de littérature grecque à la Faculté de Toulouse, dont il devint doyen. Il possédait une vingtaine de langues. On a de lui un Manuel de la langue grecque, 1801 et 1820; le Télémaque polyglotte (en 12 langues), 1812; un Lexique français, grec et latin, 1822; un Résumé de l'hist. de la littérature grecque, 1837, et plusieurs autres ouvrages de linguistique, notamment un Dictionn. basque, espagnol et français, resté manuscrit.

LECOINTE-PUYRAVEAU (Matthieu), né vers 1750, était homme de loi à St-Maixent en 1789. Il se prononça en faveur de la Révolution, fut nommé administrateur des Deux-Sèvres en 1790, puis député à l'Assemblée législative et à la Convention; dénonça Marat comme auteur des massacres de septembre, et embrassa le parti des Girondins. Il fut appelé au Conseil des Cinq-Cents en 1799, s'opposa à la mise en accusation des directeurs Merlin, La Réreillère-Lépeaux et Rewbell, entra au tribunat après le 18 brumaire, et fut envoyé par le premier consul pour négocier une pacification en Vendée. Inquiété sous la Restauration, il se retira à Bruxelles, où il mourut en 1825.

LECOINTRE (Laurent), dit de Versailles, né en 1750, était marchand de toiles à Versailles lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes avec ardeur, fut nommé commandant en second de la garde nationale de Versailles, président du département, député à l'Assemblée législative, puis à la Convention : il ne se fit remarquer que par ses perpétuelles dénonciations, poursuivant également les Girondins et les Terroristes. Il s'opposa à l'établissement de l'Empire, et mourut en exil (1805).

LECOMTE (le P. L.), jésuite, né à Bordeaux, vers 1655, mort en 1723, fut un des missionnaires mathématiciens envoyés à la Chine en 1685, resta 5 ans dans cet empire, en parcourut une grande partie et y fit de nombreuses observations astronomiques. Pour amener plus facilement les Chinois au Christianisme, il tolérait plusieurs des cérémonies établies chez eux; cette tolérance fut condamnée par des missionnaires moins relâchés, ce qui donna lieu à uns vive polémique. Il publia à son retour, pour se justifier, des Mémoires sur l'état présent de la Chine, 1696, et une Lettre sur les cérémonies de la Chine, 1700, mais ces écrits furent condamnés à Rome.

LECONTE (Noël). V. CONTI (Noël).

LECOQ (Robert), né à Montdidier, d'abord avocat du roi au parlement de Paris, puis évêque de Laon en 1351, fut, avec Étienne Marcel, le chef du mouvement démocratique qui éclata pendant les États généraux de Paris en 1357. Il se retira dans son évêché après la mort du prévôt, et, pour ne point être arrêté par le Dauphin, s'enfuit à Melun auprès du roi de Navarre, qui lui donna l'évêché de Calahorra.

LECOURBE (Cl. J.), général, né à Lons-le-Saulnier en 1760, était chef de demi-brigade à la bataille de Fleurus, et résista avec 3 bataillons à 10 000 Autrichiens. En 1799, dans la campagne de Suisse contre les Russes, il se montra tacticien consommé. Ami de Moreau, il se déclara pour lui lors de la mise en jugement de ce général, et fut disgracié. Dans les Cent jours il reprit du service, commanda un corps d'armée dans le B.-Rhin, livra plusieurs combats à l'archiduc Ferdinand, et malgré l'infériorité de ses forces, se maintint dans un camp retranché sous Béfort. Il mourut de maladie dans cette ville en 1815. Une statue lui a été élevée à Lons-le-Saulnier en 1856.

LECOUVREUR (Adrienne), grande tragédienne, née en 1692 à Damery, près d’Épernay, était fille d'un chapelier. Elle fut reçue en 1717 au Théâtre-Français, pour les premiers rôles tragiques et comiques. Elle réussit médiocrement dans la comédie; mais dans la tragédie, elle ne cessa, pendant 13 ans, d'exciter les applaudissements du public. Elle excellait dans les rôles de Jocaste, d’Athalie, de Roxane, et surtout de Phèdre. Son débit était simple et noble ; elle était d'une taille peu élevée; mais sa démarche avait, ainsi que les traits de son visage, une expression imposante; on a dit d'elle que c'était une reine parmi des comédiens. Elle fut aimée de Voltaire et de Maurice de Saxe. Elle mourut de la poitrine en 1730 : on attribua sa mort au poison que lui aurait donné une rivale. Cette mort tragique a inspiré à M. Legouvé le beau drame d’Adrienne Lecouvreur (1849).

LECTISTERNES, festins sacrés, offerts aux dieux chez les Romains. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

LECTOURE, Lactora, ch.-l. d'arr. (Gers), près du Gers, à 36 k. N. d'Auch; 5998 hab. Trib. de 1re inst., collége. Manuf. de ras, bures, serges, etc. Commerce de blé, bestiaux, etc. Vue superbe du haut de la promenade du Bastion. Fontaine antique de Diane. Patrie de Roquelaure et du maréchal Lannes (auquel une statue y a été élevée). Ancien évêché. — Ville très-ancienne, jadis capitale des Lactorates, florissante sous les empereurs romains. Elle était au Xe s. la capitale de la vicomte de Lomagne. Elle passa en 1312 aux comtes d’Armagnac. Jean V d’Armagnac y fut assiégé par Charles VII (1455), puis par Louis XI (1473). Montluc l’enleva aux Protestants en 1562. Henri IV la leur rendit comme place de sûreté. Le duc de Montmorency fut enfermé au château de Lectoure après sa défaite à Castelnaudary (1632).

LECZINSKI. V. STANISLAS et MARIE.

LÉDA, fille de Thestius, roi d’Étolie, et femme de Tyndare, roi de Sparte, fut aimée de Jupiter qui la séduisit sous la forme d’un cygne. Elle accoucha de deux œufs : de l’un sortirent Pollux et Hélène, de l’autre Castor et Clytemnestre. Les deux premiers nés furent regardés comme issus du sang de Jupiter, et les deux autres comme les enfants de Tyndare.

LEDAIN (Olivier), ou le Diable, favori de Louis XI, né en Flandre, fut d’abord valet de chambre et barbier du roi. Il gagna la confiance de Louis XI par une grande affectation de dévouement, fut anobli (1477), fait comte de Meulan et gouverneur de St-Quentin. Il se rendit ridicule par son faste et son orgueil, et abusa de son pouvoir pour commettre toutes sortes d’injustices. Après la mort de Louis XI il fut jugé par le parlement et pendu en 1484.

LEDÉIST DE BOTIDOUX, écrivain, né vers 1750 à Uzel (Côtes du Nord), m. en 1823, fut député aux États généraux en 1789, servit quelque temps sous La Fayette, fut proscrit avec les Girondins et s’unit alors aux insurgés royalistes. Après la pacification de la Vendée, il vécut dans la retraite. On a de lui, entre autres écrits, une traduction estimée des Commentaires de César, Paris, 1809, 5 c. in-8, avec planches, et des recherches sur les Celtes, 1817.

LEDERLIN (J. Henri), philologue, né en 1672 à Strasbourg, mort en 1737, enseigna les langues grecque et hébraïque dans sa ville natale et y devint chanoine de St-Thomas. Il a donné des éditions estimées de l’Onomasticon de Pollux, Amst., 1706, de l’Iliade, 1707, des Idiotismes grecs de Viger, Strasb., 1708, des Historiæ variæ d’Élien, 1713.

LEDIGNAN, ch.-l. de c. (Gard), à 17 kil. S. d’Alais ; 697 h.

LEDRAN (H. Franç.), chirurgien, né à Paris en 1685, m. en 1770, fut démonstrateur d’anatomie à l’hôpital de la Charité, chirurgien-consultant des armées, et membre de l’Académie de chirurgie. On lui doit l’invention et le perfectionnement de divers instruments de chirurgie. Il a laissé : Parallèle des différentes manières de tirer la pierre hors de la vessie, 1730, où il se déclare partisan du grand appareil ; un Traité des opérations de chirurgie, 1741 ; des Réflexions pratiques sur les plaies d’armes à feu, 1737.

LEDRU (Philippe), physicien, connu sous le nom de Comus, né en 1731 à Paris, mort en 1807, fut nommé par Louis XV professeur de mathématiques et de physique des enfants de France, et obtint un brevet pour fabriquer les instruments de physique et convertir le fer en acier. Alliant l’amusement à la science, il montra le premier en France la phantasmagorie, et se fit une renommée populaire par ses séances de physique expérimentale. Il appliquait avec succès l’électricité aux maladies nerveuses. — Le célèbre Ledru-Rollin, né en 1808, est son petit-fils.

LEDUCHAT (J.), avocat, né à Metz en 1658, m. en 1735, était calviniste. Après la révocation de l’édit de Nantes, il se retira à Berlin, où il fut nommé assesseur, puis conseiller à la justice supérieure française. Il a donné des éditions estimées, avec Commentaires, des œuvres de Rabelais, 1711, de la Satire Menippée, de plusieurs écrits de d’Aubigné, de l’Apologie pour Hérodote de H. Estienne, etc. Formey a publié en 1738, sous le titre de Ducatiana, un recueil de Remarques tirées des mss. de Leduchat.

LEE (Nathaniel), poëte dramatique anglais, né vers 1655, mort vers 1692, était fils d’un ministre anglican. Il se fit acteur, puis auteur, vécut dans la misère et se livra à des excès qui altérèrent sa raison et le firent enfermer à Bedlam. On a de lui plusieurs pièces assez estimées : Néron, Théodose, la Force de l’Amour, les Reines Rivales ; il a aussi fait deux tragédies en commun avec Dryden. Ses œuvres forment 3 vol. in-8, Londres, 1734.

LEE (Sophie), dame anglaise, née à Londres en 1750, morte en 1824, a composé : the Chapter of accidents (le Chapitre des accidents), comédie représentée avec succès à Londres en 1780 ; the Recess, 1784, roman ; Almeyda, tragédie, 1796 ; les Contes de Cantorbéry, 1798 (avec sa sœur Hariett Lee) ; la Vie d’un amant, roman, 1803, etc. — Une autre Lee, Anna, de Manchester, m. en 1781, joua quelque temps un rôle comme prophétesse et grande-prêtresse de la secte des Shakers (Secoueurs).

LEEDS, Ledesia, v. importante de l’Angleterre (York), à 36 kil. S. O. d’York, sur l’Aire et le canal de Leeds à Liverpool, et sur le chemin de fer North-Central ; 100 000 hab. Belles places et squares, beaux édifices. Nombreuses manuf. de draps d’une mesure spéciale, dits draps de Leeds ; grand entrepôt du commerce des laines et draps ; filatures, tisseranderies, couvertures, tapis ; toiles, indiennes, faïence ; fonderies pour machines à vapeur. — Leeds était jadis une place forte. Son château servit de prison à Richard II en 1399.

LEERDAM, v. du roy. des Pays-Bas (Hollande mérid.), à 12 kil. N. O. de Gorcum ; 2000 hab. Près de là est le vge d’Acquoi, où naquit Jansénius.

LEEUWARDEN, v. du roy. des Pays-Bas, ch.-l. de la Frise, à 125 kil. N. E. d’Amsterdam ; 25 000 h. Nombreux canaux, tour de l’église d’Oldenhoven, anc. chancellerie, anc. hôtel des stathouders de la Frise ; église renfermant leurs tombeaux ; arsenal ; hôtel de ville, etc. Savon, chicorée-café ; poterie, moulins divers, etc. Commerce de blé, beurre, laines : foires pour les chevaux et le bétail. — Importante seulement depuis le XIIe s. Patrie de Lennep.

LEEUWIN (Terre de), ou de la Lionne, portion de la côte S. O. de l’Australie. Découverte en 1622.

LEFEBVRE ou LEFÈVRE d’ÉTAPLES, Faber Stapulensis, né vers 1455 à Étaples (Pas-de-Calais), m. en 1537, donna la 1re version française de la Bible. Il publia d’abord le Nouveau Testament, Paris, 1523, puis la Bible entière, Anvers, 1528-30, et composa des Commentaires sur les Évangiles et les Épîtres. Ces utiles travaux lui suscitèrent cependant quelques difficultés, et il ne s’en tira que par la protection de François I, qui l’estimait tellement qu’il lui confia l’éducation de son 3e fils, Charles. On a de lui des commentaires sur presque tous les ouvrages d’Aristote ; des éditions avec commentaires de Denys l’Aréopagite (1498), de Boèce (1503), de S. Jean Damascène (1507), etc.

LEFEBVRE (TANNEGUI), Tanaquillus Faber, philologue, né à Caen en 1615, m. en 1672, se fit de bonne heure connaître avantageusement de Richelieu qui lui donna l’inspection de l’imprimerie du Louvre, avec une pension de 2000 liv. Après la mort de Richelieu, il embrassa le Protestantisme, et fut nommé professeur à l’Académie réformée de Saumur. Il eut pour fille la célèbre Mme Dacier. Lefebvre a donné des éditions estimées de Longin, Phèdre, Térence, Lucrèce, Élien, Anacréon, Sapho, Aristophane, a traduit en français plusieurs des écrits de Platon, de Xénophon, de Plutarque, et a rédigé les Vies des poètes grecs, 1665.

LEFEBVRE (Nicolas), chimiste, l’un des premiers membres de l’Académie des sciences, fondée en 1666, enseignait la chimie au jardin des Plantes de Paris, lorsque Charles II l’appela en Angleterre, et lui confia le laboratoire de St-James, établi lors de la création de la Société royale de Londres. On lui doit un Traité de chimie (1660), qui résume la science de l’époque et qui a été souvent réimprimé. Il admettait 5 éléments (l’eau, l’esprit, l’huile, le sel et la terre), et croyait à un esprit universel, auquel il faisait jouer à peu près le rôle de notre oxygène. Il mourut en 1674.

LEFEBVRE (le général), duc de Dantzick, né à Rouffach (Ht-Rhin) en 1755, m. en 1820, était fils d'un meunier. Simple sergent aux gardes françaises en 1789, il devint général de division dès 1791. Il se signala à Fleurus, au passage du Rhin (1795), aux batailles d'Altenkirchen (1796) et de Stokach (1799). Sincèrement attaché à Bonaparte, il lui fut du plus grand secours le lendemain du 18 brumaire : il entra avec ses grenadiers dans la salle du Conseil des Cinq-Cents; il était alors commandant de la 17e division militaire dont Paris faisait partie. Il fut fait maréchal en 1804. En 1807 il s'empara de Dantzick, qui était réputée imprenable, ce qui lui valut le titre de duc de Dantzick. Il fit également les campagnes d'Espagne, d'Autriche, de France. Lefebvre joignait à la plus grande intrépidité un coup d'œil prompt et juste, ainsi qu'une expérience consommée. Il possédait en outre les vertus du citoyen, modestie, simplicité de mœurs, désintéressement.

LEFEBVRE-DESNOUETTES (Ch.), général de cavalerie, né en 1773 à Paris, se distingua à Marengo, à Austerlitz, fut fait général de division en 1808, tomba au pouvoir des Anglais en Espagne, mais réussit à s'échapper de leurs mains, reçut en 1808 le commandement des chasseurs de la garde, fit à leur tête les campagnes de Russie, d'Allemagne, de France, fut blessé en 1814 à Brienne, escorta Napoléon après l'abdication de Fontainebleau, s'empressa de se joindre à lui à son retour de l'île d'Elbe, combattit à Fleurus et à Waterloo, fut condamné à mort par contumace au retour des Bourbons, se réfugia en Amérique et périt en 1822 dans un naufrage, en tentant de rentrer en France. Napoléon l'avait fait comte; il le porta sur son testament pour 150 000.

LEFEBVRE-GINEAU (Louis), physicien, né en 1754 à Authe (Ardennes), m. en 1829, fut nommé en 1786 professeur de mécanique au Collége de France, devint dans la suite inspecteur général de l'Université, et fut membre de l'Institut dès sa création. Lors de l'établissement des nouvelles mesures, il fut chargé de fixer l'unité de poids. Membre du Corps législatif, puis de la Chambre des députés, il se montra toujours libéral : aussi perdit-il sa chaire en 1824. On lui doit une édition estimée des Infiniment petits de L'Hôpital, 1780.

LEFEBVRE DE SAINT-MARC. V. ST-MARC.

LEFEBVRE DE ST-REMY. V. ST-REMY.

LEFEBVRE DE VILLEBRUNE. V. VILLEBRUNE.

LEFORT (François), général et amiral au service de la Russie, né à Genève en 1656, servit d'abord en France, quitta ce pays par suite d'une affaire d'honneur, et passa en Russie sous le czar Fédor Alexiewitch. Capitaine à la mort de ce prince, il contribua puissamment à faire proclamer Pierre I : dès ce moment il devint le conseiller intime et le confident du czar, qui le nomma général de ses troupes, amiral de ses armées, vice-roi de Novogorod. Lefort inspira à Pierre I de grands projets de réforme, l'accompagna dans ses voyages, l'aida à civiliser les Russes, créa une marine, une armée, dans laquelle il introduisit la discipline allemande, battit les Turcs et organisa un système de finances. Il mourut en 1699 à Moscou. Pierre I, en apprenant sa mort, s'écria : « Hélas! je perds le meilleur de mes amis. »

LEFRANC DE POMPIGNAN. V. POMPIGNAN.

LEGALLOIS (J. César), médecin, né en 1770 à Cherrueix, près de Dol (Ille-et-Vilaine), se fit recevoir docteur en 1801, et se plaça au premier rang des physiologistes par ses Expériences sur le principe de la vie, des mouvements du cœur, et sur le siége de ce principe (il le place dans un point déterminé de la moelle allongée), Paris, 1812. Il était depuis un an médecin de Bicêtre lorsqu'il mourut en 1814.

LÉGANÈS, bourg d'Espagne (Nouv. Castille), à 11 k. S. O. de Madrid; 2000 hab. Titre de marquisat.

LÉGANÈS (le marquis de), général espagnol, fut chargé par l'empereur Ferdinand, à la mort du duc de Savoie Victor Amédée (1637), de s'opposer à ce que la duchesse Christine de France fût reconnue régente. Il assiégea Turin en 1639, et fut forcé de lever le siége; mais, plus heureux en Espagne, il força le comte d'Harcourt à lever le siège de Lérida (1646).

LÉGAT, Legatus, c.-à-d. envoyé. Sous la république romaine on donnait ce nom à divers magistrats civils et militaires : aux ambassadeurs ou envoyés du Sénat; aux lieutenants des consuls, proconsuls ou préteurs, chargés de commander un corps d'armée ou d'administrer une province; aux chefs des légions, etc. Sous l'Empire romain, on appela Légats les délégués de l'empereur : leurs attributions pouvaient être civiles, militaires, judiciaires et administratives. S'ils étaient membres de la cour impériale, ils prenaient le titre de missi a latere. — Dans les pays catholiques, on appelle Légat un envoyé du pape chargé de le représenter. Les Légats a latere sont des cardinaux envoyés extraordinairement avec des pouvoirs très-étendus près de princes étrangers, ou dans des provinces de l’État ecclésiastique. Ceux qui sont envoyés dans les divers pays avec des pouvoirs ordinaires s'appellent nonces. — On donne le nom de Légats nés, legati nati, aux vicaires perpétuels qui représentent le pape dans les royaumes éloignés de Rome : tels étaient en France les archevêques d'Arles et de Reims, en Angleterre celui de Cantorbéry.

LÉGATIONS et DÉLÉGATIONS, noms donnés dans plusieurs États d'Italie aux principales divisions territoriales. V. ROMAINS (États).

LÉGÉ, ch.-l. de c. (Loire-inf.), à 40 kil. S. de Nantes : 3593 hab.

LEGENDRE (L.), historien, né à Rouen en 1655, m. en 1733, chanoine de la cathédrale de Paris, a écrit : Nouvelle histoire de France jusqu'à la mort de Louis XIII, Paris, 1718; Mœurs et coutumes des Français, 1712; Vie du cardinal d'Amboise, 1724.On lui doit les fonds avec lesquels furent fondés les prix du concours général des colléges de Paris.

LEGENDRE (Gilbert Ch.), marquis de St-Aubin, né à Paris en 1688, m. en 1746, est auteur d'un ouvrage estimé intitulé : Traité de l'opinion ou Mémoires pour servir à l'histoire de l'esprit humain, publié en 1733. Il a aussi écrit sur les antiquités de la France.

LEGENDRE (L.), conventionnel, né à Paris en 1755, m. en 1797, était boucher lorsque la Révolution éclata. Fougueux démagogue, il prit part à tous les mouvements populaires de cette époque, marcha sur les Tuileries au 20 juin 1792 et présenta à Louis XVI la bonnet rouge. Lié avec Danton, Marat, Camille Desmoulins, il fut avec eux un des fondateurs du club des Cordeliers. Nommé représentant de Paris à la Convention, il s'y fit remarquer par la violence et la grossièreté de son langage : son éloquence, sauvage l'avait fait surnommer le Paysan du Danube. Du reste sa conduite fut très-équivoque : il abandonna Danton et Camille Desmoulins à la vengeance de Robespierre, puis, trahissant celui-ci, fut un de ses plus ardents adversaires au 9 thermidor, et ferma lui-même le club des Jacobins. Il entra au Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire, et parla tour à tour contre les ex-conventionnels et contre les émigrés. Il mourut en léguant son corps à l'École de chirurgie.

LEGENDRE (Adr. Marie), géomètre, membre de l'Académie des sciences, né à Toulouse en 1752, m. à Paris en 1833, fit avec Cassini et Méchain des observations pour lier les méridiens de Paris et de Greenwich, et consacra toute sa vie à l'enseignement (il était professeur à l'École militaire) ou aux travaux scientifiques. Il fut nommé en 1808 conseiller de l'Université. On a de lui : Éléments de géométrie, 1794, ouvrage classique, très-souvent réimprimé; la Théorie des nombres, 1798; Nouvelle méthode pour la détermination de l'orbite des comètes, 1805; Exercices du calcul intégral, 1811-19. Il perfectionna la théorie des transcendantes elliptiques, et publia sur ce sujet un savant mémoire (1794). LÉGER (S.), Leodegarius, évêque d'Autun, né vers 616, fut appelé en 656 à la cour par la reine de Neustrie, Ste Bathilde, pendant la minorité de son fils, Clotaire III, et la servit utilement de ses conseils. A la mort de Clotaire (669), il fit élire Childéric II, au détriment de Thierry III, que soutenait Ébroïn, et devint le ministre de Childéric. Calomnié près du roi; il fut disgracié (673) et enfermé au couvent de Luxeuil. Thierry, successeur de Childéric, le rendit à son diocèse, mais à peine était-il rentré dans Autun que cette ville fut assiégée par Ébroïn; le saint évêque, pour éloigner les maux d'un siége, se livra à son ennemi, qui lui fit crever les yeux (676), puis trancher la tête (678). L’Église le considère comme martyr et l'honore le 24 avril et le 2 octobre. Dom Pitra a écrit l’Histoire de S. Léger, Paris, 1846.

LÉGION, corps de la milice romaine. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

LÉGION FULMINANTE ou MÉLITÈNE, L. THÉBÉENNE. V. MÉLITÈNE et THÉBÉENNE.

LÉGION D'HONNEUR, ordre de chevalerie institué le 19 mai 1802 par Bonaparte, alors 1er consul, pour récompenser les services militaires et civils. Le nombre des membres de la Légion d'honneur fut d'abord limité. Il ne formait que 15 cohortes, composées chacune de 7 grands officiers, 20 commandants, 30 officiers et 350 légionnaires, ce qui faisait un total de 6512 membres; mais ce nombre fut considérablement augmenté dans la suite, et il finit par devenir illimité. La décoration consiste en une étoile à cinq rayons émaillés de blanc, dont le centre, entouré d'une couronne de chêne et de laurier, présente d'un côté la figure de Napoléon, avec cette légende (depuis 1804) : Napoléon, empereur des Français, et de l'autre, un aigle tenant la foudre, avec cette devise : Honneur et patrie; l'étoile est suspendue à un ruban moiré rouge. Louis XVIII, par une ordonnance du 9 juillet 1814, maintint l'institution; mais la figure de Napoléon fut remplacée par celle d'Henri IV, avec cette exergue : Henri IV, roi de France et de Navarre; à l'aigle impériale on substitua 3 fleurs de lis. Deux ordonnances du 23 et du 25 août 1830 apportèrent de nouvelles modifications à la décoration : Les 3 fleurs de lis furent remplacées par deux drapeaux tricolores. Depuis 1848 la croix a été rétablie dans sa forme primitive. L'ordre a été réorganisé par le décret du 16 mars 1852. — L'étoile des chevaliers est en argent; les officiers la portent en or avec une rosette; les commandeurs la portent en sautoir; les grands officiers ont la croix d'officier avec une plaque en argent sur le côté droit de l'habit; les grand-croix ont la plaque à gauche avec un large ruban qui se porte en écharpe et auquel la croix est suspendue. — Une maison d'éducation avait été décrétée par Napoléon Ier en 1805 pour les filles des membres de la Légion d'honneur. Cette maison, établie d'abord à Écouen, fut ensuite transférée à St-Denis (1809). Depuis, il a été créé deux succursales de cette maison, l'une aux Loges, près de St-Germain, l'autre à Paris, rue Barbette : cette dernière a été récemment transportée à Écouen.

LEGNAGO ou PORTO-LEGNAGO, v. forte de Vénétie, sur l'Adige, à 35 kil. S. E. de Vérone; 10 000 h. — Prise par les Français en 1796.

LEGNANO, v. de Lombardie, sur l'Olona, à 24 k. N. O. de Milan; 3000 h. Vict. des Milanais sur l'emp. Frédéric Barberousse, 1176.

LEGOBIEN (Ch.), jésuite, né à St-Malo en 1652, mort en 1708, fut employé à Paris par son ordre en qualité de secrétaire, puis de procureur des missions de la Chine. On a de lui : Lettres sur les progrès de la religion à la Chine, Paris, 1697; Histoire de l'édit de l'empereur de la Chine en faveur de la religion chrétienne, 1698; Éclaircissements sur les honneurs que les Chinois rendent à Confucius et aux morts, 1698; Lettres de quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus écrites de la Chine et des Indes orientales, 1702 : le succès de ce dernier ouvrage donna l'idée du recueil des Lettres édifiantes, dont le P. Legobien publia les 8 premiers volumes.

LEGONIDEC (J. F.), savant linguiste, né en 1775, au Conquet, près de Brest (Finistère), mort en 1838, occupait un emploi dans l'administration forestière. Il se livra avec ardeur à l'étude de l'ancien breton, et contribua à la formation de l'Académie celtique. On lui doit une Grammaire celto-bretonne, Paris, 1807, et un Dict. breton-français, 1821, réimpr. à St-Brieuc en 1861, par Troudel. Une statue lui a été élevée par souscription au Conquet.

LEGOUVÉ (J. B.), poëte, né à Paris en 1764, m. en 1812, était fils d'un avocat distingué. Il débuta par des tragédies (la Mort d'Abel, 1792, imitée de Gessner et de Klopstock; Épicharis et Néron, 1793; Étéocle, 1799; la Mort de Henri IV, 1806), qui pour la plupart manquent de force; il réussit beaucoup mieux dans la poésie didactique. On a de lui en ce genre : la Sépulture, les Souvenirs, la Mélancolie, 1798; le Mérite des femmes, 1801, poëmes remarquables par le charme de la diction et par une sensibilité exquise; le dernier est le plus estimé. Legouvé fut reçu à l'Institut en 1798, et suppléa pendant quelques années Delille au Collége de France. Ses œuvres ont été publiées en 3 vol. in-8, Paris, 1826. — Son fils, Ernest Legouvé, né en 1807, s'est fait un nom comme auteur dramatique. Il est l'auteur de Louise de Lignerolles, 1838, d’Adrienne Lecouvreur, 1849, de Médée, etc., et a été reçu à l'Acad. française en 1855.

LEGRAND (Jacques), Jacobus Magnus, religieux augustin, né à Toulouse vers 1350, m. vers 1422, professa la philosophie à Padoue, puis vint à Paris et se fit une grande réputation par ses prédications. Sous Charles VI, il osa blâmer publiquement en chaire les désordres de la reine Isabeau, 1405, et fut un des chefs des mécontents. On a de lui le Livre des bonnes mœurs, un des plus anciens ouvrages écrits dans la langue vulgaire, imprimé en 1478; et le Sophologium, 1475, recueil de pensées morales extraites de divers auteurs, dont il a donné lui-même une traduction, l'Archilage Sophie, restée manuscrite.

LEGRAND (Ant.), religieux franciscain du XVIIe siècle, né à Douai, adopta la philosophie cartésienne et publia pour la propager : Institutio philosophiæ secundum principia R. Descartes, Londres, 1672, ce qui lui mérita le titre d’Abréviateur de Descartes.

LEGRAND (M. Ant.), acteur et auteur dramatique, né à Paris en 1673, mort en 1728, a composé un grand nombre de petites pièces dont l'à-propos fit presque tout le mérite : l’Aveugle clairvoyant; le Galant coureur; le Roi de Cocagne; Cartouche, jouée pendant le procès de ce fameux voleur. On a imprimé son Théâtre, 1731-70, 4 vol. in-12.

LEGRAND D'AUSSY (P. J. B.), jésuite, né en 1737 à Amiens, mort à Paris en 1800, professa la rhétorique à Caen, vint à Paris après la dissolution de son ordre, se livra à des recherches littéraires avec Ste-Palaye, et fut nommé en 1795 membre de l'Institut et conservateur des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Il a publié en 1779 et 1781 des Fabliaux ou contes des XIIe et XIIIe siècles, tirés des manuscrits, réimpr. avec augmentations par Renouard, 1829. On a aussi de lui une Histoire de la vie privée des Français, 1782, réimpr. par Roquefort, 1815; et une Vie d'Apollonius de Tyane, 1808.

LEGRAS (Mme), née Louise DE MARILLAC, épouse d'Ant. Legras, secrétaire de Marie de Médicis, était nièce du garde des sceaux et du maréchal de ce nom. Restée veuve à 34ans (1625), elle se consacra au service des malades et des enfants trouvés et fonda en 1633, de concert avec Vincent de Paul, la belle institution des Sœurs de la Charité : elle en fut la première supérieure. Elle mourut à Paris en 1662.

LEGRAVEREND (Emmanuel), jurisconsulte, né à Rennes en 1776, m. en 1827, était chef de la division des affaires criminelles au ministère de la justice. On a de lui : Traité de la législation criminelle en France, 1816 (continuée jusqu'en 1830 par Duvergier) ; Des Lacunes de la législation politique et criminelle, 1824, ouvrage rempli de vues sages.

LEGRIS-DUVAL (René), prêtre, né en 1765 à Landerneau, mort en 1819, était neveu du jésuite Querbœuf. Il resta en France pendant la Terreur, se livrant aux bonnes œuvres, s’offrit à la Commune pour assister Louis XVI après sa condamnation à mort, forma plusieurs associations charitables et philanthropiques sous la République et l’Empire, et refusa l’épiscopat, qui lui fut offert sous la Restauration. Il travailla activement à la conservation des congrégations religieuses et au rétablissement des Jésuites. On a de lui : le Mentor chrétien, 1797, et des Sermons, publiés en 1820, 2 vol. in-12.

LEGROS (Pierre), sculpteur, né à Paris en 1656, m. en 1719, passa presque toute sa vie en Italie. Ses œuvres se font remarquer par la grâce et par une exécution délicate ; mais il subit l’influence du mauvais goût qui commençait à s’introduire dans l’art. Ses meilleurs ouvrages sont : la statue de S. Dominique, à St-Pierre de Rome ; le Mausolée de Pie IV, à Ste-Marie-Majeure ; S. Ignace et trois anges, groupe en argent dans l’église de Jésus ; le tombeau du cardinal Aldobrandini, à St-Pierre-ès-Liens ; S. Thomas, S. Barthélemy, à St-Jean de Latran ; Ste Thérèse, aux Carmélites de Turin ; le Silence, aux Tuileries.

LÉGUÉ (le). V. ST-BRIEUC.

LEGUEVIN, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 18 kil. O. de Toulouse ; 974 hab.

LEI ou LADAK, capitale du Petit-Thibet, dans la vallée de l’Indus, à 300 kil. N. E. de Cachemire ; 10 000 hab. Commerce de châles et de poil de chèvres.

LEIBNITZ (Godefroi Guillaume, baron de), savant universel, né en 1646 à Leipsick, fils d’un professeur de morale à l’Université de cette ville, se distingua de bonne heure par son aptitude aux sciences ; fut reçu docteur en droit à 20 ans, et se fit connaître dès l’âge de 22 ans par une Nouvelle méthode pour l’étude du Droit (1668), et par quelques pamphlets politiques. Le baron de Boinebourg, chancelier de l’électeur de Mayence, l’attacha au service de l’électeur, et le fit conseiller de la chancellerie (1669). Tout en remplissant les fonctions de sa place, Leibnitz se livrait avec ardeur à l’étude des sciences ; il rédigea en 1670 la Théorie du Mouvement concret et celle du Mouvement abstrait. Chargé d’accompagner à Paris, en qualité de gouverneur, le fils de Boinebourg, il resta quatre ans dans cette ville (1672-76), s’occupant surtout de mathématiques et fréquentant les plus grands géomètres ; il s’y rencontra avec Huyghens. Il communiqua à l’Académie des sciences plusieurs découvertes importantes, entre autres celle d’une Nouvelle machine arithmétique ; l’Académie l’admit dans son sein en 1675. Vers la même époque il visita l’Angleterre où il reçut l’accueil le plus flatteur, et fut nommé membre de la société royale de Londres. L’électeur de Mayence étant mort, le duc de Brunswick-Hanovre s’empressa de l’attacher à son service, et le nomma son bibliothécaire en lui donnant le titre de conseiller aulique. Leibnitz vint en conséquence se fixer à Hanovre (1676), où le duc l’employa dans plusieurs négociations. On le vit alors faire marcher de front et avec un égal succès la politique, les mathématiques, la philosophie. En 1683 il fonda à Leipsick le fameux recueil intitulé Acta eruditorum ; l’année suivante il publia dans ce journal la plus importante de ses découvertes, celle du calcul différentiel, dont il avait conçu la première idée pendant son séjour à Paris, dès 1675. En 1687 il entreprit, à la prière du duc, une histoire de la maison de Brunswick : il parcourut à cette occasion l’Allemagne et l’Italie, recueillant une foule de documents précieux, qui lui fournirent la matière de plusieurs collections importantes (Codex juris gentium diplomaticus, 2 vol. in-4, 1698 ; Scriptores rerum Brunsvicensium, 3 vol. in-fol., 1707-11) ; malheureusement il ne put achever l’histoire du Brunswick. En même temps il entretenait correspondance avec les savants de l’Europe, et il travaillait avec Pélisson et Bossuet à réunir les cultes catholique et réformé ; n’ayant pu réussir dans cette entreprise, il espéra pouvoir au moins concilier les diverses sectes protestantes, mais il n’obtint pas plus de succès. En 1700 Leibnitz détermina le roi de Prusse à fonder une académie à Berlin : il en fut nommé président perpétuel ; il tenta inutilement de former des établissements du même genre à Dresde et à Vienne. En 1710, il publia ses Essais de Théodicée, dans le but de repousser les attaques de Bayle contre la Providence. Il se vit à la fin de sa carrière recherché par le Czar Pierre le Grand, qu’il détermina à fonder une académie à St-Pétersbourg ; par l’empereur Charles VI, qui le créa baron et lui fit une pension ; et par Louis XIV, qui tâcha, mais vainement, de le fixer en France. Il mourut à Hanovre en 1716, à 70 ans. Leibnitz fut à la fois jurisconsulte, publiciste, théologien, physicien, géologue, mathématicien et historien ; mais c’est surtout comme mathématicien et comme philosophe qu’il est aujourd’hui célèbre. Il fit en mathématiques de grandes découvertes ; mais, par une singulière fatalité, il se trouve que la plupart de ces découvertes se présentaient en même temps à d’autres savants ; c’est ainsi que Newton lui disputa la priorité de l’invention du calcul différentiel. En philosophie, Leibnitz introduisit l’éclectisme ; il chercha à concilier Platon et Aristote, Descartes et Locke ; il imagina aussi un système nouveau : selon lui, tout est composé de monades, substances simples, capables d’action et de perception : l’âme est une monade qui a conscience d’elle-même. Dans l’homme, l’âme et le corps n’agissent point l’un sur l’autre, mais il existe entre ces deux substances une harmonie si parfaite, que chacune, tout en ne faisant que se développer selon les lois qui lui sont propres, éprouve des modifications qui correspondent exactement aux modifications de l’autre : c’est ce que Leibnitz appelle harmonie préétablie. Dans sa Théodicée il professe l’optimisme, enseignant qu’entre tous les mondes possibles, Dieu a choisi le meilleur, ce qui ne veut pas dire celui dans lequel il n’y a aucun mal, mais celui dans lequel il y a la plus grande somme de biens, même au prix de quelques maux partiels. En psychologie, il combattit l’empirisme de Locke et admit des idées innées : à la maxime de l’école, Nihil est in inlellectu quin prius fuerit in sensu, il ajouta cette restriction sublime : nisi ipse intellectus. Il attribuait une grande influence aux langues, et voulait créer pour l’usage de toutes les sciences une caractéristique ou écriture universelle. Ses opinions, si neuves pour la plupart, l’engagèrent dans de vives disputes avec Bayle, Arnauld, Foucher, Clarke, etc. Ses Œuvres, longtemps éparses, ont été recueillies en 1768 par Dutens, Genève, 6 vol. in-4. Pour compléter cette édition, il faut y joindre, outre les collections historiques déjà citées, son Commercium epistolicum, correspondance mathématique et philosophique avec Bernouilli, Genève, 1745, 2 vol. in-4 ; un vol. d’Œuvres philosophiques, publiées par Raspe, Amsterdam, 1765, in-4 (on y trouve les Nouveaux essais sur l’Entendement humain, où l’auteur critique le traité de Locke sur le même sujet) ; et une foule de pièces imprimées à diverses époques en Allemagne ou en France depuis Dutens : le Systema theologicum, écrit en 1690, mais publié seulement en 1819 par Émery, et d’une manière plus complète par l’abbé Lacroix, avec une traduction française d’A. de Broglie, Par., 1846 ; les écrits allemands publiés par Guhrauer à Berlin, 1830-40, 2 vol. in-8, et les Nouvelles Lettres et Opuscules publiés par M. Foucher du Careil, Paris, 1854 et 1857. Erdman a donné à Berlin une édition compacte des Œuvres philosophiques, 1840, 1 vol. grand in-8 à 2 colonnes. M. F. de Careil a entrepris une collection complète des Œuvres de L., en 25 v. in-8, 1860 et ann. suiv. On doit à l’abbé Émery l’Esprit de Leibnitz, 1772, et à M. Janet ses Œuvres philosophiques ; a M. Nourrisson la Philosophie de Leibnitz, 1860, ouvrage couronné par l'Académie des sciences morales, et à Guhrauer sa Vie (en all.), Breslau, 1842.

LEICESTER, Ratæ Coritanorum, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Leicester, sur la Soar (r. g.) et le chemin de fer Central, à 142 kil. N. O. de Londres; 62 000 hab. Beaucoup de jolies constructions modernes; belle promenade; filatures de laine, bonneterie de laine. Élève de chevaux et de moutons. Jadis capitale des Coritani; importante sous l'heptarchie anglo-saxonne; très-peuplée lors de la conquête normande. Ruines romaines et saxonnes; restes d'une abbaye où mourut Wolsey en 1530. — Le comté de Leicester, entre ceux de Derby, de Nottingham, de Lincoln, de Rutland, de Warwick, de Northampton et de Stafford, a 65 kil. sur 35; 220 000 hab. L’Union-Canal le traverse. Sol argileux, pâturages, gros bétail en quantité, peu de grains, haricots excellents. Grande industrie.

LEICESTER (comtes de). V. DUDLEY (Robert), MONTFORT, SIDNEY.

LEIGH, v. d'Angleterre (Lancastre), à 17 kil. O. de Manchester, avec laquelle elle communique par un embranchement du canal de Bridgewater; 32 000 h. Manufactures importantes de coton.

LEIGNÉ-SUR-USSEAU, ch.-l. de c. (Vienne), à 12 kil. N. O. de Châtellerault; 356 hab.

LEINE, riv. d'Allemagne, prend sa source au mont Dün dans le Hartz (Saxe prussienne), entre dans le royaume de Hanovre, arrose Gœttingue, devient navigable près de Hanovre, et tombe dans l'Aller après un cours de 250 kil.

LEININGEN. V. LINANGE.

LEINSTER ou LAGÉNIE, une des 4 grandes divisions de l'Irlande, au S. E., est bornée au N. par l'Ulster, à l'E. par la mer d'Irlande, au S. par le canal St-George, et à l'O. par le Munster et le Connaught : 250 k. sur 100; 1 900 000 h.; ch.-l. Dublin. La partie S. (ancien royaume de Leinster) porte auj. le titre de duché et donne le titre de duc à la famille Fitzgerald.

LEIPSICK ou LEIPZIG, Lipsia, v. importante du roy. de Saxe, ch.-l. d'un cercle de même nom, au confluent de l'Elster blanc, de la Parde et de la Pleisse, a 100 kil. N. O. de Dresde; 70 000 hab. (Luthériens). Université célèbre, fondée en 1409. Monuments remarquables : château de Pleissenbourg, avec observatoire, églises St-Nicolas et St-Thomas, hôtel de ville, bourse, bâtiment de l'Université, etc. Leipsick possède 5 bibliothèques, un jardin botanique, des sociétés savantes et de bienfaisance, et divers établissements d'instruction. Plusieurs chemins de fer. Commerce actif, principalement celui de la librairie; il s'y tient trois foires célèbres (1er janvier, 3e lundi après Pâques, dimanche après la St-Michel; la 2e est particulièrement consacrée à la librairie). Nombreuses imprimeries. Toiles cirées, étoffes de soie et de velours. Kæstner, Teller, Fabricius, Thomasius, Leibnitz, etc., sont nés à Leipsick. — Cette ville est assez ancienne; elle tire son nom d'un mot slave qui veut dire tilleul. Les Suédois remportèrent aux environs sur les Impériaux 2 victoires signalées (6 sept. 1631 et 2 nov. 1642). Les Prussiens la prirent en 1745, et Ferdinand de Brunswick en 1756; Davoust s'en empara en 1806, après la bataille d'Iéna. Du 18 au 19 octobre 1813, se livra sous ses murs la célèbre bataille de Leipsick, connue en Allemagne sous le nom de bataille des Nations (Vœlkerschlacht), dans laquelle les Français, trahis par les Saxons et accablés par le nombre, furent obligés de battre en retraite devant l'armée des alliés, après une résistance acharnée. — Le cercle de Leipsick, situé au N. O., entre les États prussiens au N. et à l'O., les cercles de Zwickau au S., de Dresde à l'O., a 380 270 hect. de superficie et une population de 455 000 âmes.

LEIRIA, v. murée de Portugal (Estramadure), à 115 kil. N. E. de Lisbonne; 3000 hab. Évêché. Château fort, palais du roi Denis. Grande manufacture de cristaux. Alphonse Henriquez enleva cette ville aux Maures; mais ceux-ci la reprirent bientôt, et elle ne retomba au pouvoir des Chrétiens qu'au XIIIe s., sous Sanche I. Patrie du poëte R. Lobo.

LEITH, jadis Inverleith, v. et port d’Écosse (Édimbourg), à 2 kil. N. E. d’Édimbourg, à l'embouchure du Leith dans le Forth ; 32 000 hab. C'est en quelque sorte le port d’Édimbourg. Quelques beaux édifices (église neuve, bourse, douane, collége, docks, etc.). Toile à voiles, corderies, verreries, forges, tréfileries, chantiers de construction. Grand commerce extérieur. Leith s'agrandit tous les jours, et ne tardera pas à rejoindre Édimbourg. — Brûlée par les Anglais en 1544; prise par les Français en 1551.

LEITHA, riv. des États Autrichiens, naît dans l'archiduché d'Autriche, à 9 k. S. de Neustadt, entre dans la Hongrie à Neusiedel, s'unit à un bras du Danube près de Wieselbourg, et tombe dans le Danube à Raab. Forme la division de l'Autriche-Hongrie.

LEITMERITZ, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, à 53 kil. N. O. de Prague, sur l'Elbe; 5000 hab. Évêché, gymnase impérial. Commerce actif : grains, vins, fruits. Pêche de saumons. — Le cercle, dit le Paradis de la Bohême, a 98 kil. sur 35 et compte 300 000 h.

LEITRIM, comté d'Irlande, au N. O., dans le Connaught, entre ceux de Fermanagh àl'E., de Donegal au N., de Longford au S. E., de Roscommon et de Sligo à l'O. : 90 k. sur 22; 150 000 hab.; ch.-l., Carrick-on-Shannon. Sol varié; vallées fertiles, mais agriculture arriérée.

LEJAY (Guy Michel), né à Paris en 1588, m. en 1674, fut d'abord avocat au parlement de Paris, puis embrassa l'état ecclésiastique. Il est l'éditeur d'une célèbre Bible polyglotte en 7 langues (hébraïque, samaritaine, chaldéenne, syriaque, grecque, latine, arabe) et en 10 vol. in-fol.; il la commença en 1628 et ne put l'achever qu'en 1645. Cette entreprise consuma toute sa fortune. L'exécution typographique en est fort belle, mais on y trouve beaucoup de fautes.

LEJAY (Gabriel), jésuite, né à Paris vers 1657, m. en 1734, professa la rhétorique avec succès au collége Louis-le-Grand, et compta Voltaire au nombre de ses élèves. On a de lui une traduction des Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, avec notes, Paris, 1723; et Bibliotheca rhetorum, præcepta et exempla complectens quæ tam ad oratoriam facultatem quam ad poeticam pertinent, 1725, 2 vol. in-4, ouvrage classique, réédité par Amar, 1809-13, 3 vol. in-8.

LE JEUNE (Jean), prêtre de l'Oratoire, fils d'un conseiller au parlement de Dôle, né en 1592 à Poligny, m. en 1672, s'attachait dans ses sermons à détruire les abus et les vices plutôt qu'à discuter les questions de dogme. Il perdit la vue en 1635; mais cet accident ne lui fit pas suspendre ses travaux apostoliques. Ses Sermons, dont Massillon faisait grand cas, ont été publiés à Toulouse, 1662 et ann. suiv., en 10 v. in-8, et réimprimés à Lyon sous ce titre : le Missionnaire de l'Oratoire, 1825-27, 15 vol. in-8.

LEKAIN (H. L.), acteur tragique, né en 1728, m. en 1778, était fils d'un orfèvre de Paris. Il manifesta de bonne heure un goût prononcé pour le théâtre, obtint la protection de Voltaire, débuta à la Comédie-Française en 1750, et fut fort applaudi dès la première représentation. Les rôles qu'il affectionnait étaient ceux d’Oreste, de Néron, de Gengis-khan et de Mahomet. Lekain était d'une taille courte et un peu pesante; il avait une figure commune et la voix voilée; mais par l'art et l'étude il corrigea ou fit oublier ces défauts de la nature : sa démarche devint imposante et grave, ses traits et sa voix purent exprimer toutes les passions; animé d'une sensibilité profonde, il s'identifiait avec ses personnages. Lekain avait une connaissance parfaite de son art; on lui doit plusieurs réformes importantes, entre autres celle du costume : jusqu'à lui on représentait les personnages antiques avec les habits du jour. Son fils a publié ses Mémoires, suivis d'une Correspondance de Voltaire, Garrick, Colardeau, etc., 1801.

LE LAROUREUR (Jean), historien, né à Montmorency en 1628, m. en 1675, était prieur de Juvigné et aumônier du roi. Il est auteur de : Tombeaux des personnes illustres, avec leurs éloges, Paris, 1642 ; Histoire et relation d’un voyage de la reine de Pologne, 1648 ; Histoire du maréchal de Guébriant, 1656. On lui doit une édition des Mémoires de Michel de Castelnau, 1659, 3 vol. in-fol. ; l’Histoire du roi Charles VI, traduite du latin du religieux de St-Denis sur un ms. du temps, 1663, 2 vol. in-f. ; l’Histoire de la pairie et du parlement de Paris, Londres, 1740. — Son frère aîné, Louis, 1615-79, est auteur de divers poëmes médiocres, entre autres : les Victoires du duc d’Enghien, 1647 ; Charlemagne, 1664 et 1687, etc.

LELAND (John), théologien anglais, né en 1691 à Wigan (Lancastre), mort en 1766, était ministre presbytérien à Dublin. Il combattit dans des écrits pleins de logique les incrédules de son temps, Tindal, Morgan, Dodwell, Bolingbroke ; publia en 1754 une Revue des écrivains déistes de l’Angleterre, et donna en 1760 un traité des Avantages et de la nécessité de la révélation chrétienne, son chef-d’œuvre.

LELAND (Thomas), né à Dublin en 1722, mort en 1785, a publié : Histoire de Philippe, père d’Alexandre, Dublin, 1758 ; Histoire d’Irlande depuis l’invasion de Henri II, 1773, et a traduit en anglais Démosthène, 1756-70, 3 vol. in-4.

LÉLÉGES, un des peuples primitifs de la Grèce, paraît être une tribu de Pélasges. Ils partirent, dit-on, de la Carie, passèrent en Crète, de là dans le S. du Péloponèse, puis se répandirent en Mégaride, en Étolie, en Eubée et en Asie-Mineure, aux environs d’Adramytte. — Le 1er roi de Lacédémone fut un Lélex (vers 1740 av. J.-C.) ; un autre Lélex régna à Mégare vers 1580. Ces princes paraissent n’être que des personnifications du peuple lélége.

LELEWEL (Joachim), historien polonais, né à Varsovie en 1786, mort à Paris en 1861, enseigna l’histoire à Vilna et à Varsovie, et acquit, par ses leçons sur l’histoire nationale, une popularité qui le fit destituer et exiler (1826). Il contribua par ses discours et ses écrits à faire éclater en Pologne la révolution de 1830, fut, en 1831, membre du gouvernement national et ministre de l’instruction publique, se réfugia en France après le triomphe des Russes, et y fut nommé président du comité de l’émigration ; mais il compromit le gouvernement français par des proclamations hostiles à la Russie et fut forcé de se retirer pendant quelques années à Bruxelles. Lelewel a publié un grand nombre d’ouvrages, la plupart relatifs à l’histoire nationale : Monuments de la langue et de la constitution de Pologne, 1824 ; Histoire de Pologne, 1829, dont il a donné en 1844 une édition française ; Hist. de la Pologne sous Stanislas-Auguste, 1831 ; Hist. de la Lithuanie et de la Petite-Russie jusqu’à leur réunion à la Pologne, 1839 ; la Pologne au moyen âge, 1846-51. Il s’occupa aussi avec succès de numismatique et de géographie historique : on estime surtout sa Géographie du Moyen Age (1852).

LELEX. V. LÉLÉGES et SPARTE.

LELIÈVRE DE LA GRANGE. V. LA GRANGE.

LELIO, nom par lequel les Italiens désignent au théâtre l’emploi des amoureux. V. RICCOBONI.

LELONG (le P. Jacq.), oratorien, né à Paris en 1665, mort en 1721, professa les humanités dans plusieurs colléges de son ordre et fut bibliothécaire de l’Oratoire (rue St-Honoré). Il savait l’hébreu, le chaldéen, le grec, l’espagnol, le portugais, l’anglais, et avait des connaissances étendues en mathématiques, en philosophie, et surtout en bibliographie. On a de lui : Bibliotheca sacra, Paris, 1709 et 1723, et Halle, 1778-90 ; Bibliothèque historique de la France, catalogue des ouvrages imprimés et manuscrits qui traitent de l’histoire de ce royaume, 1719, in-fol., ouvrage important, réimpr. avec augmentations par Fevret de Fontette en 1768, 5 vol. in-fol. Il avait aussi préparé des matériaux pour un Recueil des historiens de France, qui a été depuis publié par les Bénédictins et qui est encore continué par l’Acad. des inscriptions.

LE LORRAIN (Claude GELÉE, dit). V. LORRAIN (Le).

LELY (Pierre VAN DER FAES, dit le chevalier), peintre allemand, né en 1618 à Sœst en Westphalie, m. à Londres en 1680, s’essaya d’abord dans le paysage, puis se consacra au portrait. Étant passé en Angleterre, il devint peintre de Charles I, et fit le dernier portrait de ce monarque dans la prison de Hampton-Court. Charles II le créa chevalier.

LEMAIRE (Jean), dit de Belges, historien et poëte français du XVe siècle, né vers 1473, à Belges (auj. Bavay) en Hainaut, mort vers 1547, était clerc des finances du roi de France et du duc de Bourbon. Il fut chargé par Louis XIII de diverses missions, soit à Venise, soit à Rome, et écrivit eu faveur de ce prince contre le pape Jules II. On a delui : le Temple d’honneur et de vertus, en prose et en vers, Paris, 1503 ; la Légende des Vénitiens, 1509 ; la légende du Désiré, 1509 ; le Triomphe de l’amant vert (le perroquet), 1535 ; Promptuaire des conciles de l’Église, 1512 ; Les Illustrations des Gaules, etc. (il y fait descendre les Francs de Francus, fils d’Hector), 1512 ; la Couronne margaritique, 1549.

LEMAIRE (Jacq.), navigateur hollandais, découvrit en 1615 avec le pilote Schouten le détroit situé au S. de l’Amérique, entre la Terre de Feu et la Terre des États, et qui porte son nom. Après avoir traversé ce détroit, il navigua dans la mer du Sud, visita la Nouv. Guinée, relâcha à Batavia, et mourut en revenant en Europe, 1616. La relation de son voyage, publiée à Amsterdam en 1617, in-4, fut traduite en français dès l’année suivante.

LEMAIRE (Nic. Éloi), humaniste, né en 1767 à Triaucourt (Meuse), mort en 1832, fut un des meilleurs élèves de l’anc. collége Ste-Barbe, se distingua surtout dans la poésie latine, remplaça dès l’âge de 23 ans son ancien professeur, Binet, dans la chaire de rhétorique ; remplit pendant la Révolution des fonctions judiciaires et administratives ; fut nommé sous l’Empire professeur de poésie latine au collége de France, puis à la Faculté des lettres de Paris (1811), et devint en 1825 doyen de cette Faculté. Enthousiaste des grands maîtres, il obtint dans son enseignement de brillants succès. On lui doit la grande collection des classiques latins, Bibliotheca classica latina, en 154 vol. in-8. Cette collection, publiée sous les auspices du gouvernement et imprimée par les Didot, fut commencée en 1818 et ne fut achevée que l’année même de la mort de l’éditeur : elle reproduit les textes les plus corrects, et offre un choix de commentaires, avec quelques travaux entièrement originaux. On a de Lemaire quelques poésies latines.

LEMAIRE (Détroit de). V. ci-dessus LEMAIRE (Jacq.).

LEMAISTRE (Jean), avocat général, puis président du parlement de Paris (1591), rendit, le 28 juin 1593, le célèbre arrêt par lequel tous traités faits ou à faire pour l’élévation de personnages étrangers au trône de France étaient déclarés nuls comme contraires à la loi salique et autres lois fondamentales du royaume. Il contribua aussi à faire ouvrir les portes de Paris à Henri IV. Il mourut en 1596.

|LEMAISTRE (Ant.), d’une famille de magistrats, né à Paris en 1608, mort en 1658, était par sa mère parent des Arnauld de Port-Royal, et fut lui-même un ardent janséniste. Il exerça d’abord la profession d’avocat et s’acquit une grande réputation au barreau ; puis il quitta le monde et se retira vers 1636 à Port-Royal, où il se livra jusqu’à sa mort à des études et à des exercices de piété. Il avait décidé 4 de ses frères à se retirer comme lui à Port-Royal : l’influence qu’il y exerçait lui valut le surnom de Père des solitaires. On a de lui un Recueil de plaidoyers, Paris, 1654 ; un traité de l’Aumône, 1658 ; la Vie de S. Bernard, la Vie de S. Ignace, etc., et des brochures de circonstance contre les Jésuites. Ses Œuvres choisies ont été publiées par Bergasse, 1806. Sa Vie a été écrite par M. Oscar de Vallée, et par M. Sapey, 1858.

LEMAISTRE DE SACY, frère du précéd. V. SACY.

LÉMAN (lac) ou LAC DE GENÈVE. V. GENÈVE.

LÉMAN (dép. du), dép. du 1er Empire français, était formé de la partie N. de la Savoie, jointe à la ville et au territoire de Genève, et avait pour ch.-l. Genève.

LEMARE (P. Alex.), grammairien, né en 1766 à Grande-Rivière (Jura), mort à Paris en 1835, était principal du collége de St-Claude en 1789, et remplit pendant la Révolution quelques fonctions administratives. Sous l’Empire il vint à Paris, y enseigna avec succès la langue latine, et fonda l’Athénée de la jeunesse. Il cultivait à la fois la grammaire, les sciences et l’industrie : il se fit recevoir médecin à 50 ans. On lui doit, outre ses ouvrages littéraires. plusieurs inventions ingénieuses, notamment celle des Caléfacteurs. On a de lui : Cours théorique et pratique de la langue latine, 1804 ; Cours de langue française, 1807 ; Dictionnaire français par ordre d’analogie, 1820. Dans ses ouvrages de grammaire, il procède analytiquement, commençant par citer de nombreux exemples avant de poser la règle.

LEMARROIS (le général), né en 1776 à Briquebec (Manche), m. en 1836, se distingua, comme aide de camp de Bonaparte, à Lodi et à Roveredo, devint colonel à Marengo, 1800, général de brigade en 1802, de division en 1805, comprima l’insurrection de Torgau, fut successivement gouverneur de Stettin, de Varsovie (1807), de Rome (1809), défendit glorieusement Magdebourg (1813), fut nommé pair pendant les Cent-Jours et mis à la retraite après le retour des Bourbons. Sa ville natale lui a élevé une statue.

LEMBERG ou LÉOPOL, v. des États autrichiens, capit. de la Galicie, à 302 kil. E. de Cracovie ; 75 000 hab. (dont 25 000 Juifs). Archevêchés catholique, grec-uni, arménien ; surintendance évangélique ; grand rabbin. Université, académie, école normale, gymnases. Château ; cathédrale catholique et autres édifices remarquables. Draps, toiles, cotonnades ; rosoglio ; carrosserie, teinturerie, imprimerie. Commerce de transit avec l’Autriche, la Prusse, la Russie, la Moldavie. Patrie de Stan. Leczinski. — Fondée en 1259 par Léon Danielowicz, prince de Halicz. Prise par Casimir en 1348 ; vainement assiégée par les Russes en 1656 ; prise en 1671 par les Turcs, en 1704 par Charles XII, qui y fit couronner Stanislas roi de Pologne ; elle appartient à l’Autriche depuis 1772.

LEMBEYE, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 29 kil. N. E. de Pau ; 1336 hab.

LEMERCIER (Jacq.), architecte du roi, né à Pontoise v. 1590, m. à Paris en 1660, construisit plusieurs édifices remarquables, notamment, à Paris, la Sorbonne (1629-35) et le palais Cardinal (depuis Palais-Royal). Il acheva l’église de l’Oratoire et commença l’église St-Roch (1653). On lui doit l’aile du Louvre à droite du pavillon de l’Horloge et la partie supérieure de ce pavillon. Il a aussi construit l’église de l’Annonciade à Tours, et le château de Richelieu en Poitou. Il y a de l’imagination et de la grandeur dans ses compositions, mais son style est lourd.

LEMERCIER (Népomucène), littérateur, né à Paris en 1772, m. en 1840, a composé un grand nombre d’ouvrages, presque tous remarquables, entre autres : la tragédie d’Agamemnon, 1797 (c’est son chef-d’œuvre) ; Ophis, 1798 ; la Démence de Charles VI, 1820 ; Frédégonde et Brunehaut, 1821 ; Richard III et Jeanne Shore, 1823 ; des comédies historiques : Pinto, 1800 ; la Journée des Dupes, 1804 ; Christophe Colomb, 1809 ; l’Atlantiade, poëme épique dont Newton est le héros, 1812 ; la Mérovéide, poëme badin, 1818 ; la Panhypocrisiade ou Spectacle infernal du XVIe siècle, sorte de comédie satirique, 1819 ; enfin un Cours analytique de littérature, 1820. Il entra à l’Académie française en 1810. Le caractère de son talent est une singulière hardiesse de pensée et d’expression et une véritable originalité ; on trouve dans ses écrits des beautés de premier ordre, mais aussi des bizarreries presque ridicules. Il fut comme le précurseur de l’école romantique : il est en effet un des premiers qui aient entrepris de modifier les habitudes de la scène française, en violant la règle des trois unités prescrite par Boileau.

LÉMERY (Nic.), chimiste, né à Rouen en 1645, m. en 1715, exerçait simultanément la médecine et la pharmacie. Il acquit une grande réputation par les cours de chimie qu’il fit à partir de 1672, et compta au nombre de ses auditeurs le grand Condé et Tournefort. Inquiété comme calviniste, il se réfugia en Angleterre ; mais il revint peu après en France, et y abjura en 1686. Il fut nommé membre de l’Académie des sciences en 1699. Il publia en 1675 un Cours de chimie, en 1697, un Traité des drogues simples et une Pharmacopée universelle. On lui doit en outre plusieurs inventions d’une application journalière. M. Cap a écrit son Éloge, 1838.

LEMGO ou LEMGOW, Lemgovia, v. de la principauté de Lippe-Detmold, à 11 kil. N. de Detmold ; 4600 h. Jadis ville hanséatique. Patrie de Kæmpfer.

LEMIERRE (Ant. Marin), poëte, né à Paris en 1723, mort en 1793, devint, au sortir du collége, secrétaire du fermier général Dupin qui lui laissa le loisir de se consacrer aux lettres. Il remporta plusieurs fois le prix de poésie à l’Académie (1753, 1757), puis s’adonna au théâtre et fit représenter plusieurs tragédies : Hypermnestre, 1758 ; Idoménée, 1764 ; Artaxerce, 1766 ; Guillaume Tell, 1766 ; la Veuve de Malabar, 1770 ; Barnevelt, 1790 ; quelques-unes eurent beaucoup de succès. Il composa en même temps deux poëmes didactiques : la Peinture, en 3 chants, 1769 (imitée du poëme latin de l’abbé de Marsy) ; les Fastes ou les Usages de l’année, 1779, poëme en 16 chants, sur le modèle des Fastes d’Ovide. Lemierre fut admis à l’Académie française en 1781. On reproche à sa versification de l’incorrection et de la dureté ; mais on trouve dans ses tragédies et dans ses poëmes de grandes beautés. Ses Œuvres ont été recueillies par R. Périn, 1810, 3 vol. in-8.

LEMIRE (Noël), graveur de Rouen, 1724-1801, fut élève de Lebas. On estime de lui la Mort de Lucrèce, d’après André del Sarto ; Jupiter et Danaé, d’après le Carrache ; les Nouvellistes flamands, d’après Téniers ; le Gâteau des rois ou le Partage de la Pologne, son chef-d’œuvre. On lui doit aussi un grand nombre de vignettes.

LEMNOS, appelée par les Turcs Limnia et Stalimène, ïle de la mer Égée, au S. de celles d’Imbros et de Samothrace ; renfermait des volcans : ce qui la fit regarder comme le séjour de Vulcain. Selon la Fable, c’est dans cette île que tomba ce dieu quand il eut été précipité du ciel. Elle était riche et fertile. On en tirait la terre sigillée à laquelle on attribuait de grandes vertus médicinales. — Lemnos fut primitivement peuplée par des Pélasges appelés Sinthiens : ceux-ci furent tous massacrés en une seule nuit par leurs femmes, irritées de se voir négligées pour des étrangères : les Lemniennes se donnèrent alors pour reine Hypsipyle, l’une d’elles. Les Argonautes relâchèrent dans l’île peu après cet événement, et les Lemniennes s’empressèrent de les accueillir. Vers 1100 av. J.-C., de nouveaux Pélasges, les Tyrrhéniens, chassés de l’Attique, vinrent occuper l’île. Plus tard, des Cariens s’en emparèrent. Darius I l’occupa en 511 ; mais Miltiade la reprit l’année suivante et la soumit à Athènes. Cependant elle se révolta plusieurs fois contre cette république, notamment pendant la guerre sociale (359-356). Elle appartint à l’empire d’Orient jusqu’à la 4e croisade ; elle passa alors aux Vénitiens qui, en 1478, la cédèrent aux Turcs : ces derniers la possèdent encore. L’anc. Lemnos avait un fameux labyrinthe et deux villes, Héphestiade à l’E., et Myrine sur la côte O. Cette dernière, qui s’appelle auj. Lemnos ou Limnia, compte 2000 hab. env. — L’île actuelle est inculte et désolée par la fièvre.

LEMOINE (Jean), cardinal, né au XIIIe siècle, à Cressy, dans le Ponthieu, mort à Avignon en 1313. Après avoir été reçu docteur en théologie à l’Université de Paris, il se rendit à Rome, y fut nommé auditeur de rote, commenta le VIe livre des Décrétales, et reçut le chapeau de cardinal en récomoense de ce savant travail. Nommé légat en France par Boniface VIII (1302), il chercha à rétablir la paix entre Philippe le Bel et le St-Siége. Le cardinal Lemoine avait fondé à Paris, rue St-Victor, un collége qui a longtemps porté son nom.

LEMOINE (Franç.), peintre, né à Paris en 1688, fut reçu à l'Académie en 1711, devint professeur de l'Académie et premier peintre du roi; c'est lui qui a peint le salon d'Hercule à Versailles et la coupole de la chapelle de la Vierge à St-Sulpice. Le Musée de Paris a de lui Hercule assommant Cacus. Victime de quelques injustices, il perdit la raison et se tua, 1737. Lemoine a donné le signal de la décadence en visant trop à la grâce : il avait été le maître de Natoire, de Boucher, de Nonotte, qui l'ont suivi dans cette voie. — V. LEMOINE.

LEMONNIER (Pierre), professeur, né en 1675, à St-Sever, près de Vire, mort en 1757, enseigna longtemps la philosophie au collége d'Harcourt à Paris, et devint membre de l'Académie des sciences peu avant sa mort. On a de lui un Cursus philosophiæ, 1750, 6 vol. in-12, qui a été quelque temps classique.

LEMONNIER (Ch.), astronome, fils du précéd., né à Paris en 1715, mort en 1799, professa la physique au Collége de France et devint membre de l'Académie des sciences en 1736. Il détermina les changements des réfractions en hiver et en été, entreprit de réformer les tables du soleil, et calcula l'obliquité de l'écliptique et la hauteur du pôle de Paris. On a de lui : Histoire céleste, 1741; Théorie des comètes, 1743; Institution astronomique, 1746; Astronomie nautique et lunaire, 1771; Essai sur les marées, 1774, etc. Il fut le maître de Lalande; il n'en eut pas moins dans la suite avec lui de vives discussions. — Son frère, le Dr L. Guillaume L., 1717-99, professeur de botanique au Jardin du Roi et 1er médecin de Louis XVI, a publié des Leçons de physique expérimentale, 1742, des Observations sur l'histoire naturelle, 1744, et des articles dans l’Encyclopédie.

LEMONNIER (Guill. Ant.), littérateur, né en 1721 à St-Sauveur-le-Vicomte (Manche), m. en 1797, était curé en 1789. Incarcéré en 1793 pour avoir refusé le serment à la constitution civile du clergé, il recouvra la liberté après le 9 thermidor, et fut nommé bibliothécaire du Panthéon (Ste-Geneviève). On a de lui des traductions estimées de Térence et de Perse, et quelques pièces de théâtre, entre autres le Bon Fils (1773); mais il est surtout connu par ses Fables en vers, qui parurent pour la 1re fois en 1773, et qui le placent au rang de nos bons fabulistes. — Un autre Lemonnier, Pierre René, secrétaire du maréchal de Maillebois, né en 1731, m. en 1796, est auteur de plusieurs comédies : le Maître en droit, 1760; Renaud d'Ast, 1765; le Mariage clandestin, 1775, etc.

LEMONNIER (Gabriel), peintre d'histoire, né à Rouen en 1743, mort en 1824, élève de Vien, remporta le grand prix en 1770, fut reçu à l'Académie en 1789, devint en 1794 peintre du cabinet de l'École de médecine, et en 1810 directeur des Gobelins. On cite ie lui : S. Charles Borromée parmi les pestiférés de Milan, à Rouen; les Envoyés romains, demandant à l'Aréopage les lois de Solon; François I recevant un tableau de Raphaël; la Présentation des notables de Rouen à Louis XVI; une Soirée chez Mme Geoffrin. Ses œuvres unissent au goût dans la composition la fermeté du pinceau et la fidélité de l'expression.

LÉMONTEY (Édouard), littérateur et avocat, né à Lyon en 1762, mort en 1826, se fit connaître comme publiciste à l'époque de la Révolution, et fut député du Rhône à l'Assemblée législative. Il prit les armes avec ses compatriotes au siége de Lyon, et n'échappa à la mort qu'en se réfugiant en Suisse. De retour en en 1795, il fut nommé en 1804 chef de la commission de censure des pièces de théâtre, et entra en 1817 à l'Académie française. Ses principaux ouvrages sont : un savant Essai sur l'établissement monarchique de Louis XIV, et une Histoire de la Régence, 1832. Ses Œuvres ont été publiées en 5 vol. in-8, 1829-31 (non compris l’Histoire de la Régence).

LEMOS (Pedro Juan, comte de), né en Espagne vers 1560, mort en 1634, fut président du conseil des Indes en 1609, vice-roi de Naples en 1611, et se montra constamment le protecteur des gens de lettres. Cervantes lui dédia son roman de Persilès.

LEMOT (Fréd., baron), statuaire, membre de l'Institut, professeur à l'École des beaux-arts, né à Lyon en 1771, mort à Paris en 1827, a exécuté de beaux ouvrages, qui pour la plupart ornent divers établissements publics, entre autres : Lycurgue, Léonidas, Cicéron (pour le Tribunat et le Corps législatif), Jean Bart (à Dunkerque), Henri IV (sur le terre-plein du pont Neuf), Louis XIV (à Lyon).

LEMOVICES, le Limousin et partie de la Marche, peuple de l'Aquitaine 1re, entre les Bituriges Cubi au N. et les Cadurci au S., avait pour ch.-l. Augustoritum, depuis Lemovices, auj. Limoges. — César fait mention d'un peuple de l'Armorique qu'il appelle aussi Lemovices, qui avait pour ch.-l. Ratiatum, non loin de l'embouchure de la Loire, entre Nantes et Machecoul. Il y a eu dans cette contrée un lieu appelé La Limousinière, qui rappelle son nom.

LEMOYNE (le P.), poëte médiocre, né en 1602 à Chaumont en Bassigny, mort en 1671, entra chez les Jésuites, se livra à l'enseignement et à la prédication, et cultiva en même temps la poésie. On a de lui un poëme épique de S. Louis, ou la Ste Couronne reconquise, en 18 chants, 1651-53; ce poëme montre quelque imagination, mais manque complètement de goût et d'intérêt. Le P. Lemoyne prit part aux querelles théologiques du temps : il publia en 1652 la Dévotion aisée, que Pascal a raillée dans sa 11e Provinciale.

LEMOYNE (J. L.), sculpteur, élève de Coysevox, né à Paris en 1665, m. en 1755, a exécuté deux Anges adorateurs dans l'église des Invalides, et une Diane dans l'ancien parc de la Muette. — Son fils, J. B., 1704-1778, a fait le mausolée du cardinal Fleury, les tombeaux de Mignard et de Crébillon, un grand nombre de portraits, et la statue équestre de Louis XV à Bordeaux. – V. LEMOINE.

LEMPDES, vge du dép. de la Hte-Loire, sur l'Alagnon, à 10 kil. N. O. de Brioude; 1200 hab. Station du Grand Central.

LEMPRIÈRE (John), écrivain anglais, né à Jersey vers 1775, mort en 1824, dirigea différente écoles, puis devint en 1811 recteur de Meeth (comté de Devon). On a de lui un Dictionnaire classique des noms propres mentionnés dans les auteurs anciens, 1788, et une Biographie universelle en 1 vol., 1808. Le Dictionnaire classique, extrait du grand Dictionnaire des auteurs classiques de Sabbathier de Châlons, a été trad. en franç. par Math. Christophe, Paris, 1804, et refondu sur un plan nouveau par M. Bouillet dans son Dictionnaire classique de l'Antiquité, 1826.

LEMPS (LE GRAND-). V. GRAND-LEMPS.

LEMUET (P.), architecte de Dijon, 1591-1669, a construit le Val de Grâce, avec Fr. Mansard, et a donné les plans de l'église des Petits-Pères à Paris, et des châteaux de Luynes, de Laigle et de Beauvilliers. Il a traduit Palladio (1626) et Vignole (1632).

LÉMURES ou LARVES, nom donné chez les Étrusques et les Romains aux âmes ou aux ombres errantes qui venaient tourmenter la nuit les vivants. On institua pour les écarter des fêtes nommés Lémuries. Elles consistaient en certaines conjurations, pendant lesquelles on jetait des fèves noires aux lémures, et on frappait sur des vases d'airain pour les faire fuir. On célébrait ces fêtes aux ides de mai.

LENA (la), riv. de la Russie d'Asie (Sibérie), sort des monts Baïkal, au N. O., dans le gouvt d'Irkoustk; coule au N. O. jusqu'à Iakoutsk, puis au N., et se perd dans l'Océan Glacial arctique après un cours lent et sinueux d'env. 2600 kil. Sables aurifères.

LENAIN (Louis et Ant.), peintres recommandables du XVIIe s., nés à Laon, étaient frères. Ils travaillèrent toujours ensemble, et moururent la même année, en 1648, à 2 jours de distance. Ils réussissaient surtout dans les scènes familières, métiers, tabagies, cabarets, mendiants, etc.; ils rivalisèrent en ce genre avec les meilleurs maîtres de l'école flamande. On estime surtout leur Maréchal ferrant, au Louvre.

LENAIN DE TILLEMONT. V. TILLEMONT.

LENCLOITRE, ch.-l. de c. (Vienne), à 17 kil. O. de Châtellerault; 1741 h.

LENCLOS (Ninon de), femme célèbre du XVIIe siècle, l’Aspasie de son temps, née à Paris en 1615, m. en 1705, était fille d'un gentilhomme aisé de la Touraine. Devenue, à 15 ans, par la mort de ses parents, maîtresse de ses actions, elle donna un libre cours à son penchant pour le plaisir. Belle, riche, spirituelle, incrédule, elle se fit une philosophie toute épicurienne, renonça au mariage, et eut de nombreux amants. Elle eut le privilège de conserver ses charmes jusqu'à l'âge le plus avancé. Couvrant ses faiblesses des apparences de la décence, elle sut se faire accepter par le monde et fut recherchée par les dames du plus haut rang : Mmes de Maintenon, de La Sablière, de La Ferté, de La Fayette, ne craignaient pas de lui donner le nom d'amie. Sa maison, située rue des Tournelles, fut le rendez-vous de ce que la cour et la ville avaient de plus poli, de plus illustre : Molière, St-Évremont, Fontenelle, la consultaient sur leurs ouvrages; elle devina le génie de Voltaire, accueillit le jeune poëte au sortir du collége, et lui légua, en mourant, 2000 fr. pour acheter des livres. Inconstante en amour, elle resta toujours fidèle en amitié, fut une sage conseillère pour ses amis et les aida souvent de sa bourse. On a d'elle quelques Lettres à St-Évremont (dans les Œuvres de cet auteur). Les Correspondances de Ninon avec Villarceaux, Sévigné, etc., sont des ouvrages supposés. Bret a écrit des Mémoires sur Ninon, 1751.

LENET (Pierre), procureur général au parlement de Bourgogne, puis conseiller d'État sous la régence d'Anne d'Autriche, était dévoué aux Condé et les servit pendant la Fronde. Il a laissé des Mémoires sur les guerres civiles des années 1649 et suiv. (impr. en 1729, 2 vol. in-12, réimpr. dans le Panthéon littéraire) : la rédaction en est négligée, mais ils offrent des détails ignorés et portent le cachet de la franchise.

LENFANT (Jacq.), ministre protestant, né en 1661, à Bazoche en Beauce, mort en 1728, étudia à Genève, passa de là à Heidelberg, où il fut pasteur de l'église française et chapelain de l'électrice douairière, se retira à Berlin lors de l'invasion des Français dans le Palatinat (1688), y devint prédicateur de la reine de Prusse, et fut reçu à l'Académie de Berlin. On a de lui : Histoire du concile de Constance, Amst., 1727; — du concile de Pise, 1724; — du concile de Bâle, 1731, etc.

LENFANT (le P.), prédicateur, né à Lyon en 1726, mort en 1792, entra chez les Jésuites, quitta la France après la suppression de son ordre, prêcha avec succès devant Stanislas, roi de Pologne, et Joseph II, empereur d'Allemagne; revint en France sous Louis XVI et prêcha à la cour. Incarcéré à l'Abbaye en 1792, il fut une des plus regrettables victimes des massacres de septembre. Ses sermons avaient obtenu le plus grand succès; ils font moins d'effet à la lecture. Ils ont été publiés à Paris en 1818, 8 vol. in-12.

LENGERICH, v. des États prussiens (Westphalie), à 27 kil. N. E. de Munster; 1375 hab. On y signa en 1648 les préliminaires du traité de Westphalie.

LENGLET-DUFRESNOY (l'abbé Nic.), laborieux compilateur, né à Beauvais en 1674, m. en 1755, fut nommé en 1705 secrétaire pour les langues latine et française de l'électeur de Cologne, qui résidait à Lille, revint à Paris sous la Régence, et contribua à la découverte de la conspiration de Cellamare. Il fut, sous Louis XV, mis plusieurs fois à la Bastille pour la hardiesse de ses écrits. Il mourut d'accident, à près de 82 ans, étant tombé dans le foyer auprès duquel il lisait. Il avait une grande érudition, mais peu de goût et de critique. Ses principaux écrits sont : Manuel pour étudier l'histoire, 1713; Méthode pour étudier la géographie, 1716; De l'usage des romans, 1734 (sous le nom de Gordon de Percel); l'Histoire justifiée contre les romans, 1735; Histoire de la philosophie hermétique, 1742; Tablettes chronologiques de l'histoire universelle, sacrée et profane, 1744; Traité sur les apparitions, 1751; Histoire de Jeanne d'Arc, 1753. On a en outre de lui plusieurs éditions d'auteurs anciens et modernes, notamment du Roman de la Rose, des poésies de Cl. Marot, des Mémoires de Comines, de l'Étoile, etc. ?

LENNAPE (famille), une des nations indigènes de l'Amérique septentrionale, se partageait, avant l'arrivée des Européens, en un grand nombre de peuplades, qui toutes habitaient à l'E. des monts Alleghany, depuis le cap Breton jusqu'au cap Hatteras. Leur nombre a considérablement diminué. Les principales tribus de cette famille actuellement existantes sont : les Sawanous, dans l'État d'Indiana; les Sakis et les Ottogamis le long du Haut-Mississipi; les Miamis et les Illinois, dans les États d'Indiana, d'Illinois et de Michigan; les Lenni-Lennape ou Delawares, sur les bords de l'Arkansas; les Micmaks (Souriquois), sur la côte orientale du Canada et les îles voisines; les Algonquins et les Chippaways, dans le Michigan et le district Huron; les Knistenaus, dans le Bas-Canada et le Labrador. Leur langue a de l'analogie avec celle des Samoyèdes.

LENNEP (J. Daniel VAN), helléniste, né à Leeuwarden en 1724, m. à Aix-la-Chapelle en 1771, fut professeur de littérature grecque et latine à Groningue, puis à Franeker. On lui doit des éditions de Coluthus, Leeuwarden, 1747, et des Lettres de Phalaris, 1777; des Observations sur l'Analogie de la langue grecque et sur les Étymologies grecques, publiées par Scheidius, Utrecht, 1790, et par Nagel, 1808.

LENNEP (Jacques VAN), philologue, né en 1774 à Amsterdam, m. en 1853, fut professeur à l'Athénée d'Amsterdam, puis à l'Université de Leyde. Il donna d'excellentes éditions des Héroïdes d'Ovide, des Épîtres de Sabinus (Amst., 1807 et 1812). et de l’Anthologia græca, avec Bosch (5 vol., Utrecht, 1795-1822), traduisit Hésiode en vers hollandais (1823), et composa, soit en latin, soit dans sa langue maternelle, des écrits en prose et en vers fort estimés. Il passait pour le meilleur latiniste de la Hollande. — Son fils, Jacques, né en 1802, est un des poëtes et romanciers les plus populaires des Pays-Bas : il exploite surtout dans ses écrits les légendes du moyen âge.

LENNEP (Jacob VAN), romancier hollandais, né en 1802, m. en 1868, fils de l'helléniste Daniel van Lennep, était avocat fiscal à Amsterdam. C'est l'auteur le plus populaire que la Hollande ait eu dans ces derniers temps. Parmi ses nombreux romans, dont plusieurs ont été traduits en français, on remarque Ferdinand Huyck. On lui doit encore quelques poëmes, une Histoire des Pays-Bas septentrionaux, et une bonne édition des œuvres du poëte hollandais Vondel.

LENNOX. V. LENOX.

LENOIR (J. Ch.), magistrat, né à Paris en 1732, m. en 1807, fut longtemps lieutenant criminel et lieutenant de police de Paris (1774), et se distingua dans l'exercice de ses fonctions par son zèle, son désintéressement et sa philanthropie. Il créa plusieurs établissements utiles, entre autres le Mont de Piété; améliora les hôpitaux, les prisons, et fit abolir la torture. Il donna sa démission en 1790, se retira en Suisse, puis à Vienne, revint en France en 1802, et obtint de Napoléon une pension.

LENOIR (Alex.), créateur et directeur du Musée des monuments français, né à Paris en 1761, m. en 1839, avait étudié la peinture sous Doyen. Il proposa en 1790 à l'Assemblée nationale de faire rassembler à Paris, dans l'ancien couvent des Petits Augustins, les objets d'art provenant des églises et couvents supprimés, fut nommé conservateur du musée créé à cet effet, réunit et préserva de la destruction plus de 500 monuments, qu'il restaura avec soin et distribua avec goût; mais vit en 1816 anéantir son œuvre et supprimer son emploi par une ordonnance royale qui rendait les monuments religieux à leur destination primitive. Outre une Notice du Musée des Petits-Augustins (1793), on lui doit : Musée des monuments français, 1800-22, 8 vol. in-8, avec pl. ; Histoire des arts en France par les monuments, 1811 ; Atlas des monuments et des arts libéraux, 1820-27, la Vraie science des artistes, 1823,2 vol. in-8 ; Monuments des Arts en France depuis les Gaulois, 1840.

LENORMAND (Sébastien), professeur de physique et de chimie, né à Montpellier en 1757, m. vers 1840, enseigna aux Écoles centrales et fut un des créateurs de la Technologie. On a de lui plusieurs manuels pratiques, publiés la plupart dans la collection Roret, parmi lesquels on remarque l’Art du Distillateur, 1817 ; l’Art du Dégraisseur, 1818 ; le Manuel du Relieur, 182G, et celui de l’Horloger, 1831. On lui doit aussi la Bibliothèque instructive (1824-26), destinée à instruire l’enfance au moyen d’un système d’estampes.

LENORMAND (Mlle), fameuse devineresse, née en 1772 à Alençon, morte à Paris en 1843, reçut quelque éducation dans un couvent de Bénédictines, fit dès l’enfance des prédictions qui frappaient d’étonnement ses compagnes, vint en 1790 se fixer à Paris (rue de Tournon, où elle habita jusqu’à sa mort), et se mit a prédire l’avenir en tirant les cartes. Emprisonnée en 1794 pour des révélations compromettantes, elle vit sa vogue s’accroître en sortant de prison, et fut, sous l’Empire et pendant la Restauration, consultée et recherchée par les plus hauts personnages, parmi lesquels on compta l’impératrice Joséphine. Elle a publié quelques écrits, entre autres la Sibylle au Congrès d’Aix-la-Chapelle, 1819, qui lui attira en Belgique un procès dont elle sortit triomphante, des Mémoires secrets sur Joséphine, 1820, et ses Révélations, 1833. Elle prétendait être une somnambule éveillée. Francis Girault a donné sa Biographie, 1843.

LENORMANT (Ch.), archéologue, né à Paris en 1802, m. en 1860, avait épousé une nièce de Mme Récamier. Il fut successivement inspecteur des beaux arts (1825-30), conservateur à la bibliothèque de l’arsenal (1830) et à la bibliothèque impériale (1832), professeur suppléant d’histoire à la Sorbonne, où il remplaçait M. Guizot (1834-46), professeur d’archéologie au Collége de France (1848), et fut admis à l’Académie des inscriptions en 1839. Il voyagea en Égypte avec Champollion (1829) et visita deux fois la Grèce (1840 et 1859) : dans ce dernier voyage il contracta une maladie à laquelle il succomba. Outre une foule de mémoires, épars dans divers recueils, il a publié, soit seul, soit en collaboration : le Trésor de Numismatique et de Glyptique, 1836-50, 5 vol. in-f. ; le Musée des antiquités égyptiennes, 1841, in-f. ; l’Élite des monuments céramographiques, 1844-57, 3 vol. in-4, et a laissé quelques morceaux détachés, réunis après sa mort sous le titre de Beaux-arts et Voyages, 1861. Il a fondé et dirigé jusqu’en 1855 le Correspondant, journal catholique. À une érudition solide et variée Ch. Lenormant joignait un vif sentiment de l’art. — Son fils, François L., né en 1835, marche sur ses traces comme archéologue et numismate.

LE NÔTRE (André), architecte et dessinateur de jardins, né à Paris en 1613, m. en 1700, avait été destiné par son père à la peinture ; mais il préféra se livrer à l’art des jardins et acquit bientôt en ce genre un talent supérieur. Louis XIV, frappé de la majestueuse ordonnance du parc de Vaux, qui était son ouvrage, lui confia la direction de tous les parcs et jardins de la Couronne. Le Nôtre planta les jardins de Versailles, des Tuileries, de Clagny, de Chantilly, de St-Cloud, de Meudon, de Sceaux, de St-Germain et de Fontainebleau. Le roi, en récompense, l’anoblit, le décora de l’ordre de St-Michel et le nomma contrôleur général des maisons et manufactures royales. Les parcs de Greenwich et de St-James en Angleterre ont aussi été dessinés par Le Nôtre.

LENOX, Levina ou Elgovia, ancien pays d’Écosse, au N. de la Clyde, est auj. réparti entre les comtés de Stirling et Dumbarton. — C’était autrefois un comté (érigé plus tard en duché), qui appartenait à une branche de la famille des Stuarts. Mathieu Stuart, comte de Lenox, fut père de Henry Darnley ; ce dernier, en épousant Marie Stuart, réunit le comté à la couronne. Il fut depuis donné à un fils naturel de Charles II et de la duchesse de Portland, qui y joignit le duché de Richmond. V. RICHMOND.

LENS, Elenæ ? Lentium, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 18 kil. S. E. de Béthune ; 3301 hab. Eau-de-vie de grains, genièvre. Saline. — Jadis place forte. Le maréchal de Gassion fut tué sous ses murs en 1647. Condé y vainquit les Espagnols en 1648.

LENTAGIO. V. TAGINA.

LENTINI ou LEONTINI, Leontium, v. de Sicile (Syracuse), à 22 kil. O. d’Agosta ; 5800 hab. Ruinée par un tremblement de terre en 1169. V. LEONTIUM.

LENTULUS, branche de la famille romaine des Cornélius qui a fourni plusieurs consuls à la république, était ainsi appelée soit parce qu’un de ses membres était né avec une lentille (lens) sur le visage, soit parce qu’elle cultivait particulièrement ce légume.

LENTULUS SURA (P. Cornél.), un des principaux complices de Catilina, avait été consul l’an 71 av. J.-C. Il tenta de faire entrer dans la conspiration les députés des Allobroges, et leur confia dans ce but des lettres signées de lui et des principaux conjurés ; mais il fut trahi et périt étranglé dans sa prison.

LENTULUS SPINTHER (P. Corn.), consul l’an 53 av. J.-C., ami de Cicéron, le fit rappeler de l’exil. Dans les guerres civiles, il suivit le parti de Pompée.

LENZ, hameau de Suisse (canton des Grisons), à 14 kil. S. de Coire. C’est là que fut conclue en 1471 l’alliance des 3 Ligues grises. V. GRISONS

LEO (Léonard), compositeur, né à Naples vers 1694, m. en 1756, était maître du conservatoire de Sto-Onufrio, et compositeur particulier de la chapelle du roi. Il contribua puissamment à l’illustration de l’école napolitaine, et forma entre autres élèves Traetta, Piccini et Jomelli. Ses principales compositions sont les opéras suivants : Sofonisbe, 1718, Olimpiade, Demofoonte, Caio Gracco, 1720 ; Tamerlane, 1722 ; Timocrate, 1723 ; Catone in Utica, 1726 ; la Clemenza di Tito, 1735 ; Ciro riconosciuto, 1739 ; Achille in Sciro, 1740 ; Vologese, 1744. On a aussi de lui quelques opéras-comiques, plusieurs Oratorios, Motets et Cantates, et un Miserere admirable.

LEOBEN, v. des États autrichiens (Styrie), à 12k. S. O. de Brück ; 2300 hab. — C’est là que furent signés le 29 avril 1797 par Bonaparte et l’archiduc Charles les préliminaires de la paix de Campo-Formio.

LÉOCADIE (Ste), vierge de Tolède, subit le martyre en 303. On la fête le 9 décembre.

LEODIUM, nom latin de la ville de Liége.

LÉOGANE, v. de l’île d’Haïti (dép. de l’Ouest), à 30 kil. O. de Port-Républicain, sur le golfe de Gonave ou de Léogane ; 2800 hab. — Presque détruite par Dessalines, elle n’a pas tardé à se relever.

LÉON, Legio septima gemina, v. d’Espagne (V.-Castille), ch.-l. d’intendance, à 115 k. N. O. de Valladolid, sur le Toro et la Bornesga ; 6000 hab. Évêché (le plus ancien de l’Espagne). Belle cathédrale gothique (où sont déposées les cendres de 38 rois), église St-Isidore, etc. Toiles, gants, bonneterie. — Fondée avant le règne de Galba et nommée d’après la légion qui l’occupait ; prise aux Maures par Pelage en 722 ; résidence des derniers rois d’Oviedo et Léon, puis des rois de Léon, depuis Ordogno jusqu’à l’extinction de cette dynastie en 1037 ; enfin d’Alphonse VI, 1065-85, de Ferdinand II et Alphonse IX (2157-1230). — L'intend. de Léon, dans la capitainerie générale de Vieille-Castille-et-Léon, est bornée au N. par les Asturies, à l’E. par les provinces de Toro et Palencia, au S. par celles de Valladolid et de Zamora, à l’O. par la Galice, et compte 270 000 h. Elle est formée en grande partie de l’anc. royaume de Léon. Elle est traversée par les monts Cantabres et arrosée par un grand nombre de rivières. Climat varié, riches pâturages, vastes forêts. Nombreux troupeaux de moutons, beaucoup de gibier. Mines et carrières ; sources thermales et minérales.

LÉON (Royaume de), une des 15 grandes divisions anciennes de l’Espagne, était borné au N. par les Asturies, à l’E. et au S. E. par la V.-Castille, au S. par l’Estramadure, à l’O. par la Galice et le Portugal. Ce pays était jadis habité par les Vettones ; après avoir obéi aux Romains, aux Visigoths, aux Maures, il fut enlevé à ces derniers par les rois d’Oviédo ou des Asturies, successeurs de Pelage. En 913, Ordogno II forma, sous le nom de Roy. de Léon-et-Asturies, un État qui, outre ces deux provinces, comprenait la Galice, et étendait sa suzeraineté sur les provinces basques et une partie du comté de Castille. Neuf princes se succédèrent sur le trône après Ordogno II. Mais Bermude III ayant péri en 1037, dans un combat contre Ferdinand I, roi de Castille, celui-ci réunit le roy. de Léon à la couronne de Castille. Après la mort de Ferdinand I (1065), le roy. de Léon fut détaché de la Castille en faveur d’Alphonse VI, 3e fils de ce prince ; mais en 1071, Sanche II, le Fort, frère aîné d’Alphonse VI, qui régnait en Castille, déposséda son frère ; toutefois Alphonse VI reconquit le roy. de Léon l’année suivante, et de plus enleva la Castille à Sanche : les deux roy. furent alors de nouveau réunis. — Après la mort d’Alphonse VIII, roi de Castille-et-Léon (1157), le roy. de Léon fui une 2e fois détaché de la Castille. Ferdinand II et Alphonse IX y régnèrent successivement ; mais Ferdinand III, fils d’Alphonse IX, qui du chef de sa mère était déjà devenu roi de Castille en 1217, devint roi de Léon après la mort de son père, 1230. Le royaume de Léon se fondit dès lors dans celui de Castille.

Rois de Léon.
Ordogno II, 913 Réunion temporaire à la Castille, 1037
Froïla II, 923
Alphonse VI, 924 Alphonse IV, 1065
Ramire II, 927 2e réunion à la Castille, 1072
Ordogno III, 950
Sanche I, le Gros, 955 Ferdinand II, 1157
Ramire III, 967 Alphonse IX, 1187
Bermude II, 982 Ferdinand III, 1230
Alphonse V, 999 Réunion définitive à la Castille, 1230
Bermude III, 1027

LÉON (île de), Cotinussa et Erythræa, île de l’Atlantique, sur la côte S. O. de l’Espagne, dont la sépare un canal de 2 kil. de large, dit C. de Santi-Petri ; elle projette au N. O. une langue de terre à l’extrémité de laquelle est Cadix ; elle renferme en outre la ville de San-Fernando, dite aussi San-Carlos ou Isla de Léon. Ce point de l’Espagne est le seul qui n’ait pas été conquis par Napoléon. La révolution de 1820 prit naissance dans l’île de Léon : cette île fut par suite occupée en 1823 par le duc d’Angoulême.

LÉON, v. de l’Amérique centrale, ch.-l. de l’État de Nicaragua, à 550 kil. S. E. de Guatemala-la-Nueva ; 40 000 hab. Évêché, université. Belle cathédrale, rues larges et bien bâties, places régulières. Commerce assez étendu. — Fondée en 1523.

LÉON (NOUV.-), État du Mexique, borné au N. O. par l’État de Cohahuila, à l’O. par celui de Chihuahua, au S. par ceux de Zacatecas et de San-Luis de Potosi, à l’E. par celui de Tamaulipas : 270 kil. sur 180, et env. 135 000 hab. ch.-l. : Monterey.

LÉON, personnages historiques.

I. Empereurs d’Orient et rois d’Arménie.

LÉON I, dit l’Ancien et le Grand, empereur d’Orient de 457 à 474, était né en Thrace, et parvint à l’empire après Marcien, par l’appui du patrice Aspar ; cependant, trahi par ce dernier dans une guerre contre les Vandales, il le fit mourir avec toute sa famille. Léon se montra zélé pour la foi orthodoxe et confirma le concile de Chalcédoine. Il rendit la paix à l’empire, après avoir plusieurs fois défait les Barbares.

LÉON II, le Jeune, fils de Zénon l’Isaurien et d’Ariadne, fille de Léon I, succéda en 474 à son aïeul, n’étant âgé que de 4 ans ; mais il mourut au bout de 10 mois, et Zénon, son père, resta maître de l’empire.

LÉON III, l’Isaurien, d’abord général d’Anastase II, parvint à l’empire en 717, défendit vaillamment Constantinople assiégée par les Sarrasins, et brûla une partie des vaisseaux ennemis par le moyen du feu grégeois. Ardent iconoclaste, il tyrannisa ses sujets en voulant les forcer à briser les images (726) ; il chassa de Constantinople le patriarche Germain qui lui résistait, et fut excommunié par Grégoire II et Grégoire III. L’exarchat de Ravenne s’étant soulevé contre lui, il équipa une flotte pour punir les rebelles, mais elle fit naufrage dans la mer Adriatique. Il mourut en 741.

LÉON IV, le Khazare, fils de Constantin Copronyme et d’une Irène, fille d’un khan de Khazares, régna de 775 à 780, épousa une autre Irène (la célèbre). Comme Léon III, il persécuta les défenseurs des images.

LÉON V, l’Arménien, fils de Bardas, s’était illustré dans les combats, lorsque les troupes le proclamèrent, en 813, à la place de Michel Rhangabé. Il remporta une victoire signalée sur les Bulgares ; mais sa cruauté envers ses parents et ses persécutions contre les défenseurs des images le rendirent odieux : il fut massacré en 820, la nuit de Noël, victime d’une conspiration formée par Michel le Bègue, qui le remplaça.

LÉON VI, le Sage, le Philosophe, fils de Basile le Macédonien, monta sur le trône en 886, et mourut en 911. Il déposa le patriarche Photius qui s’était rangé parmi ses ennemis ; il voulut ensuite dompter les Hongrois, les Bulgares, les Sarrasins ; mais il ne fut heureux dans aucune de ces expéditions. Il réussit toutefois à repousser une flotte russe qui voulait franchir le Bosphore et signa la paix avec Oleg en 911. Il fut appelé le Sage et le Philosophe à cause de la protection qu’il accorda aux lettres, qu’il cultivait lui-même. Il se plaisait à composer des Sermons, au lieu de s’occuper de la défense de l’empire. On a de lui : les Basiliques (Opus Basilicon), code de lois que les Grecs suivirent jusqu’à la conquête de Constantinople par les Turcs, et qui a été publié par Fabrot, Paris, 1647 ; Novellæ constitutiones, Bâle, 1575 ; un Traité de Tactique (publié par Meursius, Leyde, 1612, trad. en franç. par Maizeroy) ; et des Prédictions, publiées par Rutgersius. Il eut pour successeur son fils Constantin Porphyrogénète.

LÉON, nom de plusieurs princes d’Arménie qui régnèrent à Sis dans l’ordre suivant :

Léon I, 1123-1144 Léon IV, 1305-1308
Léon II, 1185-1219 Léon V, 1320-1342
Léon III, 1269-1289 Léon VI, 1365-1375

Ces princes furent sans cesse en guerre, soit avec les Croisés, soit avec les Turcs. Léon II épousa en 1210, en Chypre, Sibylle, sœur du roi Hugues I, fille d’Amaury II et d’Isabelle de Jérusalem. Léon VI, issu des Lusignans de Chypre, fut chassé de ses États par le sultan d’Égypte, et se réfugia en France, où il mourut en 1393.

II. Papes.

LÉON I (S.), dit le Grand, né à Rome de parents toscans, fut élu en 440 et mourut en 461. Il condamna les hérétiques qui troublaient l’unité de l’Église, notamment Eutychès et les Manichéens. En 452, il parvint par son éloquence à dissuader Attila d’entrer dans Rome ; mais il ne put garantir cette ville des fureurs de Genséric, 455. On a de lui plusieurs écrits, publiés par le P. Quesnel, Paris, 1675, et par le P. Cacciari, Rome, 1751-55. Ses Sermons ont été trad. en franç. par l’abbé de Bellegarde, 1701. Al. de St-Chéron a écrit l’Histoire de Léon le Grand, Paris, 1858. On fête ce saint pape le 11 avril à Rome, et le 10 novembre à Paris.

LÉON II (S.), Sicilien, pape de 682 à 683, eut à lutter contre l’exarque de Ravenne. Il maintint la discipline ecclésiastique, institua le baiser de paix et l’aspersion de l’eau bénite sur le peuple, et composa quelques hymnes. On l’hon. le 28 juin.

LÉON III, né à Rome, élu en 795, mort en 816. En 799, Il fut assailli, au milieu d'une procession, par une troupe d'assassins qui, après lui avoir fait subir d'horribles traitements, l'enfermèrent dans un monastère. Il parvint à s'en échapper, et se réfugia en France, auprès de Charlemagne; ce prince le renvoya en Italie avec une escorte, et le rétablit sur son trône. En retour, Léon III mit sur la tête de Charlemagne la couronne impériale (800).

LÉON IV, natif de Rome, élu en 847, mort en 855, répara et embellit Rome, mit les États du St-Siége à l'abri des Sarrasins, et éleva près de Rome une ville qu'il nomma Leopolis : c'est la cité Léonine, auj. comprise dans l'enceinte de Rome. C'est après la mort de ce pape qu'on place la fable de la papesse Jeanne.

LÉON V, élu en 903, succéda à Benoît IV. Mis en prison un mois après, à la suite d'une émeute, il y mourut de chagrin, au bout de 40 jours de pontificat.

LÉON VI, Romain, élu en 928, mourut dès 929, sans avoir pu rien faire de remarquable.

LÉON VII, Romain, élu en 936, mort en 939, se montra fort zélé pour la discipline ecclésiastique.

LÉON VIII, élu en 963, du vivant même de Jean XII, par l'influence de l'empereur Othon, était laïque au moment de son élection. Il eut à lutter, après la mort de Jean XII (964), contre un autre compétiteur, Benoît V. Il fut rétabli par Othon, mais il mourut l'année suivante (965).

LÉON IX (S.), Brunon, né en Alsace en 1002, était parent de l'empereur Henri III. Il fut élu en 1049, s'occupa de réformer la discipline ecclésiastique, et tint plusieurs conciles, entr'autres celui de Verceil (1050), où fut condamné Jean Scot. Sous son pontificat éclata définitivement le schisme des Grecs, déjà commencé par Photius. Ayant accompagné, en 1053, les troupes que l'empereur avait envoyées à son secours contre les Normands, il fut battu et pris par ces derniers et ne fut remis en liberté qu'au bout de 10 mois. Il mourut peu après son retour, 1054. L’Église l'hon. le 19 avril.

LÉON X, Jean de Médicis, fils de Laurent de Médicis, né à Florence en 1475, mort en 1521, fut nommé cardinal à 13 ans, quitta jeune sa patrie et vint se fixer à Rome, où il s'attacha à Jules II; combattit pour lui à Ravenne, et y fut pris. Il fut élu en 1513. Son règne est également remarquable par les événements politiques ou religieux, et par le progrès des arts. Il fit la paix avec Louis XII, que son prédécesseur avait excommunié; cependant il se déclara bientôt après contre François I, et se ligua, pour le combattre, avec Sforze, duc de Milan, et les Suisses. Il se vit forcé de traiter avec ce prince après la victoire du Marignan (1515) et la conquête du Milanais; mais, en 1521, il s'unit à Charles-Quint pour chasser les Français du Milanais. Léon X venait de rétablir sa famille à Florence et d'investir son neveu, Laurent de Médicis, du duché d'Urbin, lorsqu'il mourut presque subitement au milieu de ses succès; on prétendit qu'il avait été empoisonné. Ce pape termina le concile de Latran et conclut avec François I le concordat de 1516, qui régit l'église de France pendant 3 siècles. Il fit prêcher dans toute la chrétienté des indulgences (1517), dont le produit, destiné d'abord à faire les frais d'une croisade contre les Turcs, fut ensuite employé à l'achèvement de la basilique de St-Pierre; la vente de ces indulgences donna lieu aux querelles qui amenèrent la Réforme. Léon X anathématisa Luther et l'excommunia (1520), mais sans pouvoir étouffer l'hérésie. Ce pape favorisa de tout son pouvoir les arts, les lettres et les sciences, rétablit a Rome l'université et la dota richement, fit rechercher et publia les auteurs anciens, et fonda la bibliothèque Laurentienne. On a donné le nom de Siècle de Léon X à l'époque brillante dans laquelle il a vécu : c'est alors en effet que fleurirent l'Arioste, Berni, Accolti, Alamanni, Sannazar, Vida, Bembo, Machiavel, Guichardin, Sadolet, Michel-Ange, Raphaël, André del Sarto, le Caravage, Jules Romain, etc. La vie de Léon X a été écrite par Fabroni, par Paul Jove, par W. Roscoë, Londres, 1805 (trad. en français par Henry, 1813); enfin par Audin, 1844 et 1850.

LÉON XI, de la famille des Médicis, élu en 1605, mourut un mois après son élection.

LÉON XII, Annibal della Genga, né en 1760 à Genga, près de Spolète, m. en 1829, était vicaire général du pape lorsqu'il fut élu, en 1823. Il embellit Rome, encouragea les lettres, enrichit la bibliothèque du Vatican, et fut universellement vénéré. Artaud de Montor a écrit son Histoire, Paris, 1843.

LÉON, anti-pape sous le nom de Grégoire VI, fut, après la mort du pape Sergius IV, le compétiteur de Benoît VIII, 1012, le contraignit à s'éloigner de Rome, occupa quelque temps la chaire de St-Pierre, et fut chassé à son tour par l'empereur Henri II, dont Benoît avait sollicité le secours.

III. Personnages divers.

LÉON LE DIACRE, historien, né vers 930, au bourg de Caloé, près du Tmolus, en Ionie, suivit l'empereur Basile II dans une guerre contre les Bulgares, et rédigea l'histoire de son temps (959-971). Cet ouvrage, qui est le complément de la Byzantine, a été imprimé par M. Hase, Paris, 1819, in-fol., et réimpr. à Bonn, 1828.

LÉON LE GRAMMAIRIEN, l'un des auteurs de l’Histoire byzantine, écrivit vers 1013, sous le titre de Chronographia, une histoire des empereurs d'Orient depuis Léon l'Arménien jusqu'à la mort de Romain Lécapène (813-949), publiée, avec traduction latine, à la suite de Théophane, Paris, 1655, in-fol., et trad. en franç. par le présid. Cousin.

LÉON (Jean), l'Africain, géographe arabe, né à Grenade à la fin du XVe siècle, se nommait d'abord Al-Haçan. Après avoir parcouru toute l'Afrique septentrionale, il fut pris par des corsaires chrétiens (1517), et présenté à Léon X qui le fit baptiser sous le nom de Jean Léon. Il se fixa en Italie, apprit l'italien et le latin, et enseigna l'arabe. On a de lui une Description de l'Afrique, écrite d'abord en arabe, mise par l'auteur même en italien (1526), trad. en latin par Florius, Anvers, 1556, et en franç. dans le Recueil de voyages de J. Temporal, Lyon, 1556. Cet ouvrage précieux fait encore aujourd'hui autorité.

LÉON DE JUDA, PONCE DE LÉON. V. JUDA et PONCE.

LÉONARD (S.), ou LIENART, Leonardus, un des compagnons de Clovis, avait été converti par S. Remi après la bataille de Tolbiac. Il fonda un monastère près de Limoges, au lieu qu'on nomma depuis St-Léonard-le-Noblet. Il mourut vers 559. On le fête le 6 nov. Il est le patron des prisonniers.

LÉONARD d'Udine, dominicain, né à Udine dans le XVe siècle, prêcha en 1435 devant Eugène IV, puis parut avec éclat à Venise, à Rome, à Milan; fut prieur du couvent de St-Dominique de Bologne, puis provincial de toute la Lombardie, et mourut vers 1470. On a de lui des Sermons. Ces sermons, fort estimés de son temps et souvent réimprimés, tiennent beaucoup de ceux de Barletta et de Ménot.

LÉONARD, le Limousin, peintre émailleur, né à Limoges en 1480, m. vers 1550, fleurit sous François I et Henri II, obtint de François I la direction de la manufacture d'émaux fondée à Limoges, fit exécuter une grande quantité de coupes, de vases, de plats de forme élégante, et les enrichit de bonnes peintures d'après les dessins de Raphaël, de J. Romain. de Jean Cousin. Parmi les œuvres qui restent de lui, on cite les 4 médaillons du tombeau de Diane de Poitiers, et les portraits de l'amiral Ph. de Chabot, de François de Guise, de Henri II, du connétable de Montmorency, conservés au Louvre. Ses couleurs ont un éclat et une transparence remarquables.

LÉONARD (Nic. Germain), poëte élégiaque, né en 1744 à la Guadeloupe, se fit connaître en 1766 par un recueil d’Idylles morales; fut nommé en 1788 vice-sénéchal de la Guadeloupe, revint en France en 1792, et mourut à Nantes l'année suivante, au moment où il allait repartir pour sa patrie. Formé par la lecture de Tibulle, de Properce, et surtout de Gessner, Léonard cultiva avec succès la poésie pastorale et élégiaque; ses vers sont pleins de grâce et empreints d'une mélancolie dont la source était dans une passion trompée. Outre ses Idylles, on a de lui un poëme des Saisons, un Voyage aux Antilles et des romans pastoraux. Campenon, son neveu, a réuni ses Œuvres en 3 v. in-8, 1798.

LÉONARD ARÉTIN. V. BRUNI.

LÉONARD DE PISE. V. FIBONACCI.

LÉONARD DE PISTOIE. V. PISTOIE.

LÉONARD DE VINCI. V. VINCI.

LÉONAT, Leonatus, un des généraux d'Alexandre le Grand, obtint en partage, après la mort de ce prince, la Petite-Phrygie et les côtes de l'Hellespont, marcha au secours d'Antipater lors de la guerre Lamiaque; mais fut battu par les Athéniens avant d'entrer en Thessalie, et périt dans le combat, 322 av. J.-C.

LÉONCE, patrice d'Orient, se fit proclamer empereur sous le règne de Zénon en 485, et fut mis à mort trois ans après par Théodoric, envoyé contre lui par l'empereur. — Un autre Léonce usurpa en 695 le trône de Constantinople, sous Justinien II; mais il fut 3 ans après détrôné lui-même par ses soldats qui proclamèrent Absimare; jeté en prison, il eut le nez coupé. Justinien II, remonté sur le trône en 705, le fit mettre à mort.

LEONICENUS (Omnibonus), en italien Ognibene, grammairien, né en 1420 à Lonigo (Leonicum), près de Vicence, m. vers 1500, étudia sous Victorin de Feltre, puis sous Emmanuel Chrysoloras, et dirigea l'imprimerie de Nic. Jenson à Venise. On a de lui : De octo partibus orationis; De versu heroïco: Tractatus ad scandendum (réunis sous le titre de Grammatices rudimenta, Vicence, 1506); des éditions de Lucain, de Valère Maxime, de divers ouvrages de Cicéron, etc. — Un autre Leonicenus, aussi natif de Lonigo, se distingua comme médecin, et vécut 96 ans, 1428-1523. Il a relevé les erreurs de Pline le naturaliste et a donné la 1re traduction latine de Galien.

LÉONIDAS I, roi de Sparte, 491-480 av. J.-C., de la race des Agides. Lors de l'invasion de Xerxès en Grèce, il défendit avec environ 4000 hommes le défilé des Thermopyles, qui était la clef de la Grèce; il avait déjà tué près de 20 000 Perses, lorsqu'un traître enseigna aux ennemis le moyen de tourner le défilé. Alors il renvoya la plus grande partie de ses troupes, et, ne gardant auprès de lui que 300 Spartiates, avec quelques Thespiens et Thébains, tous déterminés à mourir, il pénétra avec eux dans le camp des Perses et en fit un grand carnage; mais, accablés par le nombre, ils périrent tous égorgés. Ses ossements furent dans la suite transportés à Sparte, où un tombeau magnifique lui fut érigé; en outre, un temple fut élevé à ses trois cents compagnons. David a fait un beau tableau de Léonidas aux Thermopyles.

LÉONIDAS II, roi de Sparte, 257-238 av. J.-C., de la race des Agides, s'opposa aux projets d'Agis III qui voulait rétablir la législation de Lycurgue. Il fut en conséquence banni, et remplacé par Cléombrote (243-239), mais il parvint à remonter sur le trône et fit condamner Agis à mort.

LEONIUS, poëte latin du XIIe siècle, était, à ce qu'on croit, chanoine dans l'abbaye bénédictine de St-Victor à Paris. Il a mis en vers rimes l’Histoire de l'ancien et du nouveau Testament (resté ms.). On l'a regardé, mais à tort, comme l'inventeur des vers léonins : ces vers étaient en vogue dès le VIIe siècle.

LEONTIUM ou LEONTINI, auj. Lentini, v. de Sicile, au N. de Syracuse, était une colonie naxienne, et fut fondée vers 650 av. J.-C. Elle disputa longtemps la prééminence à Syracuse. Patrie de Gorgias.

LEONTIUM, courtisane athénienne, fut disciple, ou, selon d'autres, maîtresse d’Épicure. Elle inspira une vive passion au poëte Hermésianax, qui donna le nom de Leontium au recueil de ses élégies. Elle écrivait elle-même avec élégance : Cicéron mentionne un livre qu'elle avait dirigé contre Théophraste.

LEOPARDI (le comte Giacomo), écrivain italien, né en 1798 à Recanati (Ancône), mort en 1837, débuta par des travaux philologiques (édition de la Vie de Plotin, traduction de Fronton, dissertations sur Dion Chrysostôme, Denys d'Halicarnasse, Eusèbe, etc. Il prit rang dès 1818 parmi les meilleurs poëtes lyriques par ses Canzoni patriotiques, et se distingua aussi comme prosateur par des écrits qui sont empreints d'un certain esprit philosophique, mais où l'on regrette de trouver des sentiments désespérants. L'excès du travail, joint à une constitution maladive, abrégea sa vie. Ses Œuvres complètes (vers et prose) ont été publiées à Florence par A. Ranieri, en 1845, 2 vol. in-8; sa Correspondance, par P. Viani, 1856.

LÉOPOL, v. de Galicie. V. LEMBERG.

LÉOPOLD (S.), le Pieux, margrave d'Autriche, 1096-1136, fut en concurrence avec Lothaire pour l'empire, et lui céda ses droits pour éviter la guerre. Il adoucit les mœurs de son peuple et fonda plusieurs monastères. On le fête le 15 nov.

LÉOPOLD II, le Glorieux, duc d'Autriche, de 1308 à 1326, 3e fils d'Albert I, tenta vainement de réduire les Suisses et fut vaincu à Morgarten (1315). Il combattit les prétentions de Louis de Bavière à l'empire, et le força à partager le trône impérial avec Frédéric d'Autriche (Frédéric III), son frère.

LÉOPOLD III, le Preux, duc d'Autriche de 1350 à 1386, 3e fils et successeur d'Albert le Sage, eut la Souabe à la mort de son père, gouverna le Tyrol avec son frère Albert III, puis se fit céder ce pays, ainsi que la Styrie et la Carinthie, tenta vainement d'unir son fils Guillaume à Hedwige, héritière de Pologne, et fut tué à la bataille de Sempach contre les Suisses.

LÉOPOLD, duc de Lorraine, hérita en 1690 des droits de son père Charles IV, qui avait été chassé de ses États par Louis XIV; fut remis en possession de son duché à la paix de Ryswyk, 1697; vécut en paix avec tous ses voisins, et mourut en 1729. Il avait trouvé la Lorraine ruinée et dépeuplée : il la repeupla, l'enrichit, et ne s'occupa que du bonheur de ses sujets. Son fils, le duc François III, épousa Marie-Thérèse, et devint empereur sous le nom de François I.

LÉOPOLD I, empereur d'Allemagne, né en 1640, mort en 1705, succéda à son père Ferdinand III en 1658, et eut presque aussitôt à repousser une invasion des Turcs en Hongrie : Montécuculli, son général, les vainquit à la célèbre journée de St-Gothard (1664). En 1674, Léopold eut à soutenir une guerre contre Louis XIV, qui avait envahi le Palatinat : il fut contraint d'accepter la paix de Nimègue (1679). En 16S4, il forma contre la France, avec l'Espagne, la Bavière et la Saxe, la fameuse ligue d'Augsbourg : il ne fut guère plus heureux cette fois, perdit l'Alsace, et signa le traité de Ryswyk (1697). Pendant ce temps, la Hongrie, irritée, par des mesures tyranniques, s'était révoltée sous, la conduite de Tékéli, et les Turcs s'étaient avancés jusqu'à Vienne (1683). Cette ville ne fut sauvée que-par Jean Sobieski, roi de Pologne, qui battit le grand visir Kara Mustapha, et le contraignit à abandonner précipitamment l'Autriche. Le duc de Lorraine, Louis de Bade, et le prince Eugène achevèrent de chasser les Turcs, et la paix fut conclue à Carlowitz (1699). La Hongrie, qui s'était révoltée, fut aussi soumise. A la mort de Charles II, roi d'Espagne, Léopold voulut placer sur le trône de ce pays son fils (depuis Charles VI), et s'allia dans ce but en 1700 avec l'Angleterre et la Hollande contre Louis XIV, qui portait au trône son petit-fils (Philippe V) : les commencements de cette guerre, dite Guerre de la succession d'Espagne, furent heureux pour lui; mais il ne put en voir la fin.

LÉOPOLD II, empereur d'Allemagne, 2e fils de François I et de Marie-Thérèse, né en 1747, mort en 1792, régna d'abord comme grand-duc en Toscane (1765-90), et se montra favorable aux idées libérales. A la mort de son frère aîné, Joseph II, il lui succéda sur le trône impérial. Il trouva l'empire dans une situation critique : une grande fermentation régnait en Hongrie; la Bohême et la Basse-Autriche faisaient de vives représentations sur l'établissement de nouveaux impôts; les Pays-Bas étaient insurgés; la révolution venait d'éclater en France. Léopold, par des mesures sages, ramena la tranquillité dans les pays mécontents, et fit rentrer les Pays-Bas sous son autorité. Il eut avec le roi de Prusse des conférences à Pilnitz pour aviser aux moyens de secourir Louis XVI; mais la mort ne lui permit pas d'exécuter ses projets. Léopold était frère de la reine Marie-Antoinette.

LÉOPOLD (Guill. de), poëte suédois, né à Stockholm en 1766, mort en 1829, fut bibliothécaire d'Upsal, entra en 1786 à l'Académie suédoise, devint en 1788 secrétaire particulier du roi Gustave III, fut fait conseiller de chancellerie en 1799, et secrétaire d’État en 1818. Il chanta dans de belles odes les exploits de ses compatriotes (la Victoire d'Hogland, le Combat naval de Frederickshamn, etc.), et fit plusieurs tragédies, dont deux Oden et Virginia, ont été traduites dans les Chefs-d'œuvres des Théâtres étrangers.

LÉOPOLD (Ordre de), ordre créé en Autriche par l'emp. François I en 1808, pour honorer la mémoire de son père Léopold II, et récompenser le mérite civil ou militaire, sans égard à la naissance. La croix a 8 pointes, au milieu desquelles est un écusson portant F. I. A. (Fransciscus imperator Austriæ), avec ces mots : Integritati et merito; au revers on lit : Opes regum, corda subditorum, devise de Léopold II. Le ruban est rouge bordé de blanc. — Un ordre du même nom a été créé en Belgique par le roi Léopold en 1832 pour les services rendus à la patrie. La décoration est une croix blanche, entourée d'une guirlande de laurier et de chêne, et ayant, d'un côté, le chiffre du roi, de l'autre, le lion belge, avec cette devise : L'union fait la force. Le ruban est rouge moiré.

LÉOSTHÈNES, général athénien, entreprit, à l'instigation de Démosthène, de secouer le joug de la Macédoine après la mort d'Alexandre. Il eut d'abord quelques succès en Thessalie et força Antipater à se renfermer dans la ville de Lamia; mais, s'étant trop approché delà place, il fut tué d'un coup de pierre, 353 av. J.-C. V. LAMIAQUE (Guerre).

LÉOTYCHIDE, roi de Sparte, en 492 av. J.-C., remplaça sur le trône Démarate, exclu comme illégitime. Il remporta sur les Perses la victoire navale de Mycale (479). Envoyé en 469 contre les Thessaliens, il se laissa gagner par l'ennemi et consentit à éloigner ses troupes. Il fut banni, et se retira à Tégée où il mourut en 467.

LÉOVIGILDE, roi des Visigoths, 569-86, régna d'abord avec son frère Liuva, reprit sur les Grecs Cordoue, Médina-Sidonia et quelques autres villes; soumit les Vascons rebelles, et bâtit Victoria (auj. Vittoria) pour perpétuer le souvenir de sa victoire; réduisit Hermenegilde, son fils, qui s'était ligué avec les Catholiques pour lui faire la guerre, et le mit a mort parce qu'il refusait de se faire arien; tailla les Suèves en pièces à Braga, 585, conquit sur eux la Galice; repoussa les Francs et les poursuivit jusqu'à Toulouse et à Beaucaire, fit quelques lois sages et réforma les finances. Il résidait à Tolède.

LEPAGE (Mlle). V. BOCCAGE (Mme DU).

LEPAN (Éd.), critique, né à Paris en 1767, mort vers 1840, s'est fait un nom par ses attaques contre Voltaire. On a de lui une Vie politique, littéraire et morale de Voltaire, 1817, où il a surtout pour but de réfuter la Vie donnée par Condorcet; des Commentaires fort malveillants sur les tragédies et les comédies de Voltaire, 1820, une édition de la Henriade, avec des commentaires conçus dans le même esprit. Il a en outre écrit l’Hist. de l'établissement des théâtres en France, 1807, et a donné des éditions de Corneille (au profit des descendants de ce grand poëte), de Marot, Malherbe, Voiture, Segrais, 1810, et des Chefs-d'œuvre de Campistron, 1820.

LÉPANTE, Naupactus, v. forte et port de la Grèce moderne (Hellade), à 169 k. O. d'Athènes, sur la côte sept. du golfe auquel elle donne son nom, et presque à son entrée; 2000 h. Archevêché grec. — Les Vénitiens prirent cette ville au XIIIe siècle; les Turcs l'assiégèrent vainement en 1475, mais s'en emparèrent en 1498; reprise par les Vénitiens en 1687, elle fut encore perdue par eux en 1699.

LÉPANTE (Golfe de), Corinthiacus sinus, golfe formé par la mer Ionienne, entre la Grèce propre et la Morée, communique à l'O. avec le golfe de Patras et est fermé à l'E. par l'isthme de Corinthe; il a 130 k. de long sur env. 20 de largeur moyenne. C'est dans ce golfe, entre les îles Cursolaires et la côte, que don Juan d'Autriche, commandant les forces réunies de Venise, de l'Espagne et du pape, anéantit la flotte ottomane le 7 oct. 1571; cette victoire arrêta les envahissements des Turcs.

LEPAUTE (J. André), habile horloger, né à Montmédy en 1709, mort en 1789, s'établit de bonne heure à Paris, perfectionna son art, et réussit surtout dans les horloges horizontales publiques, récemment inventées par J. Leroy. Il a laissé un excellent Traité d'horlogerie, 1755. — Sa femme était elle-même fort instruite en horlogerie et en mathématiques; elle l'aida dans ses travaux. — Son frère, J. B. L., mort en 1802, qui travaillait avec lui, fut aussi un habile horloger; on lui doit l'horloge de l'hôtel de ville de Paris. — On doit à Pierre Basile L., son neveu, mort en 1849, les horloges des Tuileries, du Jardin des Plantes, du Palais-Royal et celle de la Bourse.

LEPAUTRE (Ant.), architecte, né en 1614, à Paris, mort en 1691, construisit les deux ailes du château de St-Cloud, dessina la cascade du parc, et fut nommé architecte de Monsieur, frère de Louis XIV, et membre de l'Académie de sculpture. Il mourut de chagrin parce que les dessins de Mansard avaient été préférés aux siens pour la construction du château de Clagny. Il a laissé des Œuvres d'architecture estimées, publ. en 1652. A l’imagination et au goût, il joignait la grandeur et la majesté. — Jean L., son frère, se distingua comme dessinateur et graveur à l'eau-forte. — Pierre L., fils d'Antoine, 1659-1744, se fit remarquer comme sculpteur. On admire de lui aux Tuileries le groupe d’Énée et Anchise, celui d’Arrie et Pœtus, une Atalante et un Faune à la biche.

LEPAYS (René), sieur du Plessis-Villeneuve, poëte et prosateur, né en 1634 à Fougères ou à Nantes, m. en 1690, remplit divers emplois dans la finance et fut directeur des gabelles du Dauphiné. On a de lui un recueil de lettres intitulé : Amitiés, Amours et Amourettes, Grenoble, 1664; Zélotide, hist. galante, 1655; Nouvelles œuvres, Paris, 1672; le Démêlé de l'esprit et du cœur, 1688. On l'avait nommé le Singe de Voiture. Boileau le traite de bouffon plaisant (sat. III).

L'ÉPÉE (l'abbé de), fondateur de l'institution des Sourds-Muets, né à Versailles en 1712, mort à Paris en 1789. Touché du sort de deux jeunes filles sourdes et muettes qui vivaient à Paris près de leur mère, il tenta, comme il le dit, de faire entrer par les yeux dans leur esprit, au moyen du dessin et de l'alphabet manuel, ce qui est entré dans le nôtre par les oreilles. Ayant réussi au delà de ses espérances, il résolut de se consacrer au soulagement de ce genre d'infortune. Seul, sans appui et avec ses propres deniers, il parvint, en 1755, à fonder une institution de sourds-muets, la première qui ait existé. Il sacrifia pour le bien-être de ses élèves sa modique fortune, et refusa même un évêché, que lui offrait le cardinal Fleury. Il dépensa des sommes considérables pour rétablir dans ses droits un jeune sourd-muet, qu'on disait héritier d'une famille opulente (les comtes de Solar); malheureusement, dans cette affaire, le vénérable abbé avait été la dupe d'un imposteur. On a de lui : Véritable manière d'instruire les sourds-muets, Paris, 1784, in-12. Sa Vie a été écrite par F. Berthier, 1853. Versailles lui a élevé une statue.

LE PELLETIER (Claude), né en 1630, à Paris, m. en 1711, fut successivement président des enquêtes au parlement, prévôt des marchands (1668), et remplaça Colbert comme contrôleur général des finances en 1683. Il résigna volontairement en 1689 une charge qui était trop lourde pour lui. C'est lui qui fit construire à Paris le quai Le Pelletier. On lui doit le Corps de droit canon, l’Ancien Code ecclésiastique, des Observations sur le Code et les Novelles, etc. Il fut le protecteur et l'ami de Rollin.

LE PELLETIER DE ST-FARGEAU (L. Michel), issu de la famille du précédent, né à Paris en 1760, avait été, avant la Révolution, avocat général et président à mortier au parlement de Paris. Député aux États généraux par la noblesse de Paris, en 1789, il y défendit d'abord la cour; puis, par une transition brusque, qu'on attribua à la peur, il devint un des plus chauds partisans de la cause populaire. Porté en 1792 à la Convention, il y vota la mort de Louis XVI. Ce vote lui fut fatal : le 20 janvier 1793, veille de l'exécution du roi, il fut assassiné par un garde du corps nommé Pâris, chez un restaurateur du Palais-Royal, Son corps fut porté en pompe au Panthéon, et la Convention adopta sa fille, âgée de 8 ans. — Son frère, Félix Le Pelletier, 1767-1837, d'abord aide de camp du prince de Lambesc, devint aussi un zélé partisan de la Révolution. Il prononça l'oraison funèbre de Michel L., fut impliqué dans la conspiration de Babeuf, devint membre de la Chambre des Représentants pendant les Cent-Jours, fut banni en 1815, rentra en France en 1820 et vécut depuis dans l'obscurité.

LEPÈRE (J. B.), architecte, né à Paris, en 1762, m. en 1844, fit partie de l'expédition d’Égypte, enrichit de ses dessins et de ses mémoires le grand ouvrage consacré à cette expédition, éleva de concert avec Gondouin la colonne de la place Vendôme, et y plaça en 1833 la nouvelle statue de l'empereur. Successivement architecte de la Malmaison, de St-Cloud, de Fontainebleau, il consacra ses dernières années à la construction de l'église St-Vincent de Paul à Paris, qui a été terminée par son gendre, M. Hittorf. Il avait trouvé le moyen de sculpter le granit aussi facilement que la pierre.

LÉPICIÉ (Bernard), graveur, né à Paris en 1698, m. en 1755, fut admis à l'Académie de peinture en 1737 et devint professeur d'histoire et secrétaire perpétuel de cette compagnie. On cite de lui : l'Amour précepteur, d'après Coypel; Vertumne et Pomone, d'après Rembrandt; Jupiter et Io, Jupiter et Junon, d'après Jules Romain : le Philosophe flamand, d'après Téniers; les cartons de Raphaël, qui sont au palais de Hamptoncourt. Il dressa le Catalogue des tableaux du roi, et composa un Recueil des premiers peintres du roi. — Son fils, Nic. Bernard, 1735-84, s'adonna à la peinture. On a de lui : Adonis changé en anémone, à Trianon; S. Louis rendant la justice, à l'École militaire; une Descente de croix, à Chalon-sur-Saône.

LÉPIDUS (M. Æmilius), triumvir. Il s'attacha à la fortune de César, qui, à son retour de Gaule, le chargea du gouvernement de Rome, puis se l'adjoignit dans son 3e consulat (46 av. J.-C.), et le nomma maître de la cavalerie pendant sa dictature. Après la mort du dictateur, il s'unit à Octave et à Marc-Antoine, et forma avec eux le 2e triumvirat. Il eut d'abord en partage l'Espagne et la Gaule Narbonaise; puis ses collègues, qui le méprisaient, le réduisirent à l'Afrique. Il ne se montra pas moins cruel que ses collègues, et livra à leur vengeance son propre frère Paulus. Après la défaite de Sextus Pompée en Sicile, Octave séduisit les troupes de Lépidus, lui enleva tout pouvoir, ne lui laissant que le vain titre de grand pontife, et le relégua à Circeii, où il mourut dans l'obscurité, l'an 13 av. J.-C. C'est lui qui ouvrit la grande voie dite, du nom de sa famille, voie Émilienne.

LÉPONTIENS, Lepontii, peuple établi moitié en Rhétie, moitié dans la Cisalpine, entre les monts nommés auj. Rosa et Bernardino, a donné son nom à cette région des Alpes (V. ALPES); il avait pour villes principales: Oscelum (Domo d'Ossola), Summum Penninum (au N. d'Aoste), Eudracinum (Eutranne).

LEPORETUM, nom latin de la ville d'ALBRET.

LEPRÉVOST (Aug.), érudit, né en 1787 à Bernay, m. en 1859, fut député de l'Eure de 1834 à 1848, et vota avec le ministère. Il fut élu en 1838 membre libre de l'Académie des inscriptions. On a de lui des éditions annotées d’Orderic Vital, 1838-55, une Notice sur le dép. de l'Eure; un bon Dictionnaire des anciens noms de lieux de ce département, 1840; Anciennes divisions territoriales de la Normandie, 1837 et 1840, etc. Il soutint, contre Letronne, l'authenticité de la découverte du cœur de S. Louis trouvé dans la Ste-Chapelle de Paris (1846).

LEPREVOST D'IRAY (le vicomte), membre de l'Institut, né en 1768 au château d'Iray près de Mortagne, (Orne), m. en 1849. Dépouillé de son patrimoine par la Révolution, il chercha une ressource dans les lettres, fut successivement professeur aux Écoles centrales, censeur au Lycée impérial (auj. Louis-le-Grand), inspecteur général des études, et exécuta de savants travaux qui lui ouvrirent en 1818 les portes de l'Acad. des inscriptions. Il a publié : Tableau comparatif de l'Histoire ancienne, 1802, — de l'Hist. moderne, 1804; Hist. de l’Égypte sous les Romains, couronnée en 1807. Il avait en outre composé une tragédie de Manlius Torquatus, 1794, des comédies, un poëme en 6 chants, la Vendée, 1824, et des Poésies diverses.

LEPRINCE DE BEAUMONT (Mme), femme auteur, né a Rouen en 1711, m. en 1780, épousa en 1743 à Lunéville un M. de Beaumont; qui la ruina par son inconduite. Elle fit annuler ce mariage en 1745, passa en Angleterre, où elle fut chargée de plusieurs éducations, se remaria à Londres avec un de ses compatriotes et quitta cette ville en 1764. Elle se fixa à Chavanod près d'Annecy et consacra ses dernières années à l'éducation de ses enfants. On a d'elle, entre autres écrits : le Magasin des enfants ou Dialogues entre une sage gouvernante et ses élèves, Londres, 1757; le Magasin des adolescents, qui fait suite à l'ouvrage précédent, 1760; le Magasin des pauvres artisans et des gens de la campagne, 1768, et divers recueils de Contes. On trouve dans ces ouvrages, une instruction abondante jointe à une saine morale, à une droite raison, et présentée avec agrément.

LEPTINE, frère de Denys l'Ancien, fut envoyé contre le Carthaginois Magon (396 av. J.-C.) et perdit par son imprudence la flotte qu'il commandait. Disgracié d'abord, il recouvra cependant la faveur de Denys et même épousa sa fille. Il périt à la bataille de Cronium en Sicile (383). — Orateur athénien, contemporain de Démosthène, avait proposé, pour flatter le peuple, de supprimer des impôts indispensables : Démosthène combattit cette proposition dans un discours que nous possédons.

LEPTINES, v. de Belgique. V. LESTINES.

LEPTIS LA GRANDE, Leptis major, auj. Lébédah, v. d'Afrique (Tripolitaine), sur la mer, à l'O. du fleuve Cinyps, avait été fondée par les Phéniciens. C'était jadis une ville grande et florissante par le commerce. Elle dépendait de Carthage, à laquelle elle payait un fort tribut; mais, dans la dernière guerre punique, elle se rangea au parti des Romains. Elle fut protégée et embellie par les empereurs, surtout par Septime-Sévère, qui y était né. Ce n'est plus guères, depuis le VIIe siècle, qu'un amas de ruines. — LEPTIS LA PETITE, Leptis minor, auj. Lempta, v. de la Byzacène, sur la côte, entre Adrumète et Thapse.

LEQUIEN (Michel), dominicain, né à Boulogne-sur-Mer en 1661, m. en 1733, a laissé, outre des ouvrages de polémique religieuse, une bonne édition de S. Jean Damascène, 1712, 2 vol. in-fol., et l’Oriens christianus, 1740, 3 vol. in-fol., excellent ouvrage, rédigé sur le modèle de la Gallia christiana.

LEQUIEN DE LA NEUVILLE (Jacques), né à Paris en 1647, m. en 1728, fut avocat général de la Cour des monnaies, directeur des postes au Quesnoy, et secrétaire d'ambassade à Lisbonne. On a de lui : Origine des postes chez les anciens et les modernes, Paris, 1708; Histoire de Portugal, 1720; Hist. des Dauphins du Viennois, d'Auvergne et de France, 1759. Il avait été admis en 1706 à l'Académie des inscriptions.

LE RAGOIS (l'abbé), fut nommé, par la protection de Mme de Maintenon, précepteur du duc du Maine, et rédigea pour ce prince : Instruction sur l’histoire de France et sur l’histoire romaine, par demandes et par réponses, 1684, in-12, ouvrage très-médiocre et qui pourtant a été souvent réimprimé.

LÉRÉ, ch.-l. de c. (Cher), près de la r. g. de la Loire, à 18 kil. N. de Sancerre ; 837 hab.

LEREBOURS (Noël Jean), opticien de l’Observatoire et de la marine, membre du bureau des longitudes, né en 1762 à Mortain (Manche), m. en 1840, a exécuté des instruments de mathématiques et d’optique d’une admirable précision. On lui doit les meilleures lunettes de l’Observatoire de Paris, un microscope d’Amici, dont le pouvoir amplifiant est de 2300 fois, etc. — Son fils, né en 1807, adjoint au bureau des longitudes, a donné de bons traités de Photographie et de Galvanoplastie, ainsi qu’une Instruction pratique sur les Microscopes.

LÉRIDA, Ilerda, v. forte d’Espagne (Catalogne), ch.-l. de l’intendance de son nom, sur la Sègre, à 200 k. O. de Barcelone ; 15 000 h. Évêché. Deux châteaux forts ; deux cathédrales (l’ancienne et la nouvelle). — Fondée par les Carthaginois. Elle était capit. des Ilergètes et avait, avant la conquête des Romains, des princes particuliers, entre autres Mandonius et Indibilis. Sous les Romains, elle eut le rang de ville municipe : au moyen âge, elle fut longtemps la résidence des rois d’Aragon (depuis 1149). Scipion défit Hannon près de cette ville (216 av. J.-C.), César battit sous ses murs Afranius et Pétréius, lieutenants de Pompée (49). Prise par les Français sous Louis XIII, elle fut perdue par le maréchal La Mothe-Houdancourt (1644). Le comte d’Harcourt (1646) et le grand Condé (1647) l’assiégèrent vainement ; le duc d’Orléans la prit en 1707 pour Philippe V ; les Français, commandés par Suchet, la prirent de nouveau en 1810.

LERINS (îles de), Lerina et Planasia, îles françaises de la Méditerranée, sur la côte du départ. du Var, vis-à-vis de la pointe qui termine à l’E. le golfe de Napoule. On eu compte deux, Ste-Marguerite et St-Honorat. Dans la première est une fameuse citadelle qui sert de prison d’État (le Masque de Fer y fut enfermé) ; dans la deuxième était un célèbre couvent, fondé par S. Honorat vers 400 et d’où sortit Vincent de Lérins. On en voit les ruines. André Doria prit ces îles en 1536, et les Espagnols, en 1635.

LERME, Lerma, v. d’Espagne (Burgos), à 38 kil. S. de Burgos ; 1400 hab. Jadis ch.-l. d’un duché.

LERME (Franç. DE ROXAS DE SANDOVAL, duc de), ministre de Philippe III, roi d’Espagne, jouit d’une autorité sans bornes de 1598 à 1618. Il conclut la paix avec l’Angleterre (1604) et avec la Hollande (1609), se rapprocha de la France (1612), et fit épouser à l’infant don Philippe la sœur de Louis XIII ; mais il perdit par ses prodigalités les économies que la paix lui avait permis de réaliser ; l’expulsion des Maures (1609-10) vint encore activer la ruine de l’Espagne. Voulant relever l’agriculture, il créa un ordre de chevalerie pour les laboureurs. Il se fit nommer cardinal à la mort de sa femme, croyant par là consolider son pouvoir ; ce fut pourtant ce moment même que ses ennemis choisirent pour le renverser (1618). À leur tête était son propre fils, le duc d’Uzéda, qui le supplanta dans la faveur du roi, et l’envoya mourir dans une solitude (1625). Lesage a peint ce ministre dans son roman de Gil Blas (liv. VIII et IX).

LERMINIER (Eugène), littérateur, né en 1803, m. en 1857, était fils d’un greffier de Strasbourg, et se familiarisa de bonne heure avec la langue et la littérature allemandes. Après avoir débuté au barreau de Paris, il ouvrit un cours privé sur l’histoire et la philosophie du droit, écrivit en même temps dans les journaux de l’opposition, notamment dans le Globe, fut appelé en 1830 à une chaire de législation comparée, créée pour lui au Collége de France, y professa des doctrines libérales qui lui valurent les sympathies ardentes de la jeunesse, mais il perdit tout d’un coup la faveur de son public pour s’être rallié au gouvernement, et se vit obligé de quitter sa chaire en 1839. Resté fidèle à la maison d’Orléans, il devint en 1848 un des principaux rédacteurs de l’Assemblée nationale, journal d’opposition. Outre des écrits de circonstance, il a publié : Introduction à l’histoire du droit (1829) ; Philosophie du droit (1831) ; Influence de la philosophie sur la législation (1833) ; Hist. des législations comparées (1837), et a donné à la Revue des Deux Mondes de remarquables articles de critique sous le titre de Lettres à un Berlinois.

LERNE, Lerna, auj. Myli, canton de l’Argolide, célèbre par un marais qui en était voisin. C’est dans ce marais que les Danaïdes jetèrent les têtes de leurs époux après les avoir égorgés ; c’est là aussi que se trouvait l’Hydre tuée par Hercule. V. HYDRE.

LÉRO, l’anc. Leros, île turque de l’Archipel, près de la côte d’Anatolie, par 37° 10′ lat. N. et 24° 31′ long. E. 13 kil. sur 4 et 2000 h. Elle renferme une ville du même nom et un bon port sur la côte N.

LEROY (L.), en latin Regius, professeur de langue grecque au Collége de France, né à Coutances vers 1510, mort à Paris en 1577, est un des premiers qui donnèrent du nombre et de l’harmonie à la prose française. On a de lui des traductions de divers ouvrages de Platon (le Timée, la République, le Phédon, le Banquet), d’Aristote (la Politique), de Démosthène, de Xénophon. Il a en outre composé des traités de la Vicissitude et variété des choses, 1576, de l’Origine et excellence de l’Art politique, 1567 ; de l’Excellence du gouvernement royal, 1576, et quelques écrits latins, entre autres une Vie de Budé.

LEROY (Pierre), chanoine de Rouen, aumônier du jeune cardinal de Bourbon, est, avec P. Pithou, un des principaux rédacteurs de la Satire Ménippée. Il est seul l’auteur de la Vertu du catholicon d’Espagne, qui parut à Tours en 1593, un an avant l’Abrégé de la tenue des États de la Ligue. V. MÉNIPPÉE.

LEROY (Julien), horloger, né à Tours en 1686, m. en 1759, perfectionna les montres à répétition et les pendules, inventa les horloges publiques dites horizontales, et fut nommé en 1739 horloger du roi. — Son fils aîné, Pierre L. (1717-85), perfectionna les montres marines.

LEROY (Ch. Georges), lieutenant des chasses du parc de Versailles, né en 1723, mort en 1789, profita de sa position pour étudier les mœurs des animaux et recueillit sur ce sujet des observations curieuses, qui ont été réunies sous le titre de : Lettres philosophiques sur l’intelligence et la perfectibilité des animaux, Paris, 1781. On lui doit aussi plusieurs articles remarquables de l’Encyclopédie (notamment les art. Fermier, Forêt, Garenne, etc.), et une défense du livre De l’Esprit d’Helvétius, 1760.

LEROY (le Dr Alph.), médecin, né à Rouen en 1742, m. en 1816, devint professeur à l’ancienne Faculté de Paris. Il s’est occupé surtout des accouchements et des maladies des enfants. Il a laissé : la Pratique des accouchements, 1776 ; la Médecine maternelle, 1803 ; Manuel des goutteux et des rhumatiques, 1803.

LEROY (Ch.), professeur à l’École normale et à l’École polytechnique, né vers 1780, m. en 1854, est auteur des Traités de Stéréotomie, de Géométrie descriptive, d’Analyse, écrits avec méthode et netteté.

LEROY D’ÉTIOLLES (J. J.), l’un des inventeurs de la lithotritie, né en 1798 à Etiolles, près de Corbeil, mort en 1860, étudia la médecine à Paris, s’occupa spécialement des maladies des voies urinaires, exécuta dès 1822 des instruments propres à broyer le calcul dans la vessie, sans recourir à la taille, se vit disputer l’honneur de son invention, mais réussit, après de vives contestations, à faire reconnaître ses droits par l’Institut (1825), et obtint en 1831 un grand prix de 6000 fr. Outre plusieurs mémoires sur des questions spéciales, on a de lui : Exposé des divers procédés employés contre la pierre (1825), Traité de Lithotritie (1836), Histoire de la Lithotritie (1839).

LESAGE (Alain René), célèbre écrivain, né en 1668, à Sarzeau près de Vannes, mort en 1747, étudia chez les Jésuites, fut quelque temps employé dans les finances en Bretagne, vint à Paris en 1692 pour se livrer aux lettres et ne vécut plus que du produit de sa plume. Après avoir traduit ou imité quelques pièces espagnoles, il fit représenter en 1707 Crispin rival de son maître, comédie fort gaie, qui est tout entière de son invention ; publia la même année le Diable boiteux, roman dont le sujet est tiré de Guevara, et composa en 1708 Turcaret, excellente comédie, où il livre au ridicule les traitants, et qui ne fut représentée qu’après une vive opposition. Il mit le sceau à sa réputation par son roman de Gil Blas, dont la 1re partie parut en 1715, et la suite en 1724 et 1735. S’étant brouillé avec les Comédiens français, il travailla pour les théâtres de la Foire : pendant plus de 20 ans (1712-35) il fit pour ces spectacles secondaires une foule de petites pièces et d’opéras-comiques qui eurent une grande vogue, mais qui sont pour la plupart oubliés (on les trouve dans le Théâtre de la Foire, qu’il fit imprimer lui-même, 9 vol. in-12, 1721-37). On a encore de Lesage : les Aventures de Guzman d’Alfarache, imité d’Aleman, 1732 ; les Aventures de Robert, chevalier de Beauchêne, 1732 ; Histoire d’Estevanille Gonzalès, 1734 ; le Bachelier de Salamanque, 1736 ; la Valise trouvée, 1740 ; mais ces ouvrages, fruits de sa vieillesse, sont bien inférieurs aux premiers. Gil Blas est le chef-d’œuvre du genre : outre que ce roman étincelle d’esprit, et qu’il offre une extrême variété de scènes et un intérêt soutenu, on y trouve la peinture vraie du siècle dans lequel vivait l’auteur, et le tableau fidèle de la vie humaine en général. On a voulu, mais sans aucun droit, contester à l’écrivain français l’entière propriété de cet ouvrage (V. ISLA). Les éditions les plus complètes des Œuvres de Lesage sont celles de 1821-22. 12 v. in-8, et de 1828, 12 vol. in-8. Il a été fait du Gil Blas cent éditions, illustrations, traductions, imitations. On doit à M. Patin un Éloge de Lesage (couronné en 1822).

LESAGE (George Louis), physicien, né à Genève en 1724, de parents français, mort en 1803, descendait par sa mère d’Agrippa d’Aubigné. Il étudia la médecine à Paris, resta plusieurs années dans cette ville comme précepteur, puis retourna dans sa patrie et se livra à l’enseignement des mathématiques. Il s’occupa toute sa vie à chercher la cause de la pesanteur ; mais il ne paraît pas qu’il ait réussi à la déterminer. On lui doit une théorie des fluides élastiques. Dès 1774, il avait conçu l’idée d’un télégraphe électrique ; il avait même construit à Genève un appareil composé d’autant de fils qu’il y a de lettres dans l’alphabet, sur chacun desquels on agissait au moyen de la machine électrique. Il fut lié avec les principaux savants de son temps, surtout avec Bonnet. On a de lui : Lucrèce newtonien, dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, 1782, et de précieux fragments publiés à Genève, 1805, avec une Notice sur sa vie par P. Prévost.

LESAGE, pseudonyme. V. LAS CASES.

LESBONAX, philosophe et rhéteur de Mitylène, au temps d’Auguste, composa plusieurs ouvrages qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous. On lui attribue deux harangues, qu’on trouve dans les Recueils des anciens Orateurs, (Venise, Aide, 1513 ; Paris, H. Étienne, 1575). Orelli les a publiées à Leipsig, 1820, grec-latin, avec notes. — Un autre Lesbonax, grammairien de Constantinople, d’une époque incertaine, est auteur d’un traité De figuris grammaticis, publié avec Ammonius par Walckenaër, Leyde, 1739.

LESBOS, auj. Mételin, île de la mer Égée, sur la côte d’Asie, entre Ténédos au N. et Chio au S., avait 9 villes, entre autres Mitylène, sa capitale, à l’E., Méthymne et Éresus à l’O., Pyrrha à l’intérieur. Lesbos était célèbre par la salubrité de son climat, qui la faisait appeler l’Ile fortunée, et par l’excellence de ses olives, de ses huîtres, surtout de ses vins. Ses habitants étaient renommés pour leur beauté et pour leur talent dans la musique ; mais ils étaient fort corrompus. Cette île a été la patrie d’Arion, de Terpandre, de Sapho, d’Erinne, d’Alcée, de Pittacus, de Théophraste, d’Hellanicus. — Habitée primitivement par des Peslages, elle reçut ensuite une colonie éolienne, et atteignit le plus haut point de prospérité. Soumise d’abord à des rois de la famille des Penthélides, issus d’Oreste, elle adopta plus tard un gouvernement aristocratique ; mais elle souffrit de l’anarchie jusqu’au moment où le sage Pittacus fut investi par ses concitoyens de l’autorité suprême (vers 600 av. J.-C.). Lesbos fut conquise par les Perses dès le règne de Cyrus : insurgée contre Darius avec les cités ioniennes, elle fut soumise après la prise de Milet, et fut contrainte de fournir des vaisseaux à Darius et à Xerxès dans leurs expéditions contre la Grèce. Redevenue libre après les victoires de Platée et de Mycale, elle entra dans l’alliance d’Athènes. Opprimée par les Athéniens, elle se sépara d’eux au commencement de la guerre du Péloponèse pour se donner aux Spartiates, 428 ; mais elle fut bientôt reprise, et Mitylène, sa capitale, vit alors ses murs rasés, sa flotte confisquée et son territoire distribué à des colons athéniens. La bataille d’Ægos-Potamos soumit Lesbos à Lacédémone, 405. Après avoir ainsi obéi tour à tour aux deux villes rivales, l’île tomba sous la domination d’Alexandre, puis sous celle des Romains, après la défaite de Persée. Lors de la division de l’empire romain, Lesbos fit partie de l’empire grec. Après la 4e croisade, elle fut comprise dans l’empire latin ; elle fut reconquise par les Grecs de Nicée en 1247. Elle tomba en 1355 au pouvoir des Génois. Mahomet II la leur enleva en 1462, et les Turcs l’ont conservée depuis. Elle forme auj. un des 6 livahs du gouvernement des Iles.

LESCAR, Beneharnum, puis Lascara, v. de l’anc. Béarn, ch.-l.de c (B.-Pyrénées), à 7 k. N. O. de Pau ; 1830 h. — Fondée, dit-on, sur les ruines de Beneharnum, par Guillaume Sanche, duc de Gascogne. Prise par Montgomery en 1569. Jadis évêché.

LESCOT (Pierre), architecte, né à Paris en 1510, mort en 1571, est un des restaurateurs de l’architecture en France. Il donna en 1541 les dessins du vieux Louvre : la façade de l’Horloge, la seule partie de son ouvrage qui subsiste encore, est un chef-d’œuvre. On lui doit aussi la fontaine des Innocents, aux Halles, que J. Goujon, son ami, orna de sculptures.

LESCUN, v. du dép. des Basses-Pyrénées, à 24 kil. S. d’Oloron, 1200 h. Anc. seigneurie.

LESCUN (Thomas DE FOIX, seigneur de), dit aussi le maréchal de Foix, frère puîné de Lautrec, se distingua en Italie sous les yeux de François I et fut fait maréchal en 1515. Il gouverna quelque temps le Milanais en l’absence de Lautrec ; mais il s’aliéna les cœurs par sa sévérité, et fut bientôt chassé. Il rentra en Italie en 1522, prit Novare, fit des prodiges de valeur à la journée de la Bicoque, ainsi qu’à Pavie (1525), et mourut peu après de ses blessures.

LESCURE (L. Marie, marquis de), général vendéen, né en 1766 près de Bressuire, commandait une compagnie de cavalerie au moment de la Révolution. Il fut un des premiers à organiser l’insurrection vendéenne, combattit avec intrépidité à Bressuire, Thouars, Fontenay, Saumur, Torfou ; fut blessé mortellement à La Tremblaye, et mourut peu de jours après (3 nov. 1793). Sa veuve épousa La Rochejacquelein.

LESDIGUIÈRES, hameau du dép. des Htes-Alpes, à 24 kil. N. O. de Cap ; fut érigé en duché-pairie en 1611, pour François de Bonne (V. l’art. suivant). Restes du château des sires de Lesdiguières.

LESDIGUIÈRES (François DE BONNE, duc de), connétable de France, né en 1543 à St-Bonnet de Champsaur, m. en 1626, embrassa avec ardeur la Réforme, s’engagea comme simple archer dans les rangs des Calvinistes et ne tarda pas à être choisi par eux pour chef. Il fit triompher leur parti dans le Dauphiné, et conquit plusieurs places. Il remporta en 1568 une victoire complète sur De Vins, gentilhomme catholique de Provence, puis combattit avec succès le duc d’Épernon, et contribua puissamment à placer Henri IV sur le trône. Ce prince le fit lieutenant général de ses armées de Piémont, de Savoie et de Dauphiné. Lesdiguières défit le duc de Savoie aux combats d'Esparron en 1591, de Vigort en 1592, et conquit presque toute la Savoie. Il fut fait maréchal de France en 1608, et duc en 1611. Il servit aussi utilement sous Louis XIII, qui le fit généralissime de ses armées. Il assiégea en 1621 St-Jean-d'Angély et Montauban. Lesdiguières abjura le Calvinisme à Grenoble en 1622, et reçut aussitôt les lettres de connétable. Sa Vie a été écrite par L. Videl, son secrétaire, 1638. — Le duc de Lesdiguières ne laissa que deux filles ; elles furent toutes deux successivement mariées au maréchal de Créqui, qui, après la mort du maréchal, prit, ainsi que ses descendants, le nom de Lesdiguières.

LESEUR (Thomas), savant minime, né à Rhétel en 1703, mort à Rome en 1770, professa les mathématiques au collége de la Sapience à Rome, partageant l'enseignement avec le P. Jacquier. Il composa en société avec ce savant un Commentaire sur les principes de Newton et les Éléments du calcul intégral.

LESFARGUES (Bernard), imprimeur et auteur, né à Toulouse vers 1600, a traduit quelques ouvrages latins et composé un poëme intitulé David (1660), qui n'est plus connu que par ce vers de Boileau :

Le David imprimé n'a point vu la lumière.

LESGHIS, peuple tartare de la Russie mérid. (Daghestan), au N. E., s'étend depuis Belakami jusqu'à Kapitchoï, sur env. 36 kil. de longueur ; environ 300 000 hab., musulmans ou idolâtres. Quoiqu'ils aient de bonnes terres, ils vivent de brigandage ; les esclaves seuls cultivent les champs. Une partie des Lesghis paye tribut à la Russie.

LESINA, Pharos, île de la mer Adriatique (États autrichiens), sur la côte de Dalmatie, entre Brazza et Curzola ; 99 k. sur 10 ; 15 000 h. Elle a pour ch.-l. Lésina, au S. O. ; 1200 hab. ; château fort. Évêché, suffragant de Zara. Pèche de sardines.

LESINA, v. d'Italie (Capitanate), sur un lac de même nom (Pantanus lacus), à 20 k. N. N. E. de San-Severo. Évêché.

LESLEY (John), évêque catholique de Ross, en Écosse, issu d'une des plus illustres familles du pays, né en 1527, mort en 1596, fut employé par Marie Stuart dans diverses négociations, fit plusieurs tentatives pour faire évader cette princesse de sa prison, fut enfermé par ordre d’Élisabeth à la Tour de Londres, puis exilé, et vint inutilement implorer des secours sur le continent pour la reine captive. Il a laissé : De origine, moribus et rebus gestis Scotorum, Rome, 1578 ; De titulo et jure Mariæ, Scotorum reginæ, Reims, 1580. Lesley fonda sur le continent trois colléges pour les Écossais, à Paris, à Douai et à Rome.

LESLIE (Ch.), controversiste, fils d'un évêque anglican, né vers 1660 en Irlande, mort en 1732, fut nommé en 1687 chancelier de l'église cathédrale de Connor. Après la Révolution de 1688, il accompagna le prétendant à St-Germain et en Italie; mais il revint finir ses jours en Angleterre. Il combattit à la fois dans ses écrits les Déistes et les Catholiques. Outre un grand nombre de pamphlets politiques contre Burnet, Locke, Hoadley, etc., il a composé plusieurs écrits théologiques, entre autres : Short and easy method with the Deists (Méthode courte et facile contre les Déistes), 1694 ; The snake in the grass (Anguis in herba), 1697, contre les Quakers et contre Antoinette Bourignon. Il rédigea de 1704 à 1710 The Rehearsal (les Récits), feuille hebdomadaire.

LESLIE (John), physicien écossais, né en 1766 dans le comté de Fife, mort en 1832, professa les mathématiques (1805), puis les sciences naturelles (1819) à l'Université d’Édimbourg, et porta dans les sciences un esprit original et profond. Il inventa un thermomètre différentiel (1800), ainsi qu'un nouvel hygromètre, trouva le moyen de faire artificiellement de la glace (1810), et fit une foule d'expériences ingénieuses et de découvertes. Ses principaux écrits sont : Essai sur la nature et la propagation du calorique, 1804 ; Éléments de philosophie naturelle, 1823 ; Analyse géométrique, 1821, etc.

LESNA ou LESZNO. V. LISSA.

LESNEVEN, ch.-l. de c. (Finistère), à 24 kil. N. N. E. de Brest ; 2540 hab. Collége, hôpital de la marine. Commerce de blé et de toiles. — Fondée en 1096.

LESPARRE, ch.-l. d'arr. (Gironde), capit. de l'anc. Médoc, à 69 k. N. O. de Bordeaux ; 2231 hab. Lainages communs. Commerce de vins de Médoc, sel, grains. Fief appartenant jadis à la maison de Foix.

LESPARRE (André de FOIX, seigneur de), 3e frère de la belle comtesse de Châteaubriant, conquit en 1521 la Navarre que Charles-Quint refusait de livrer au jeune Henri d'Albret ; mais se laissa battre le 30 juin à Esquiros et perdit sa conquête en une seule bataille. Mort en 1547. — V. FOIX et PAMPELUNE.

L'ESPINASSE (Mlle Julie Éléonore de), née en 1732, morte en 1776, était fille adultérine d'une femme du grand monde séparée de son mari. Ayant perdu sa mère à 15 ans, elle entra comme gouvernante chez le mari de sa mère, qui l'abreuva de dégoûts; elle fut recueillie par Mme Du Défiant, qui en fit son amie ; mais après dix ans d'intimité, les deux amies se brouillèrent et se séparèrent. Le salon de Mlle de L'Espinasse devint alors, comme celui de Mme Du Deffand, un centre pour les gens d'esprit ; d'Alembert vint habiter sa maison et vécut dans une étroite intimité avec elle. Malgré son attachement pour le géomètre, Mlle de L'Espinasse eut d'autres passions qui troublèrent sa vie. On a publié en 1809 des Lettres de Mlle de L'Espinasse au comte de Guibert, qui peignent bien cette âme passionnée.

LESSART (Ant. DE VALDEC de), ministre de Louis XVI, né en Guyenne en 1742. Ami et confident de Necker, il devint lui-même contrôleur général des finances en 1790, puis fut chargé, en 1791, du ministère de l'intérieur et de celui des affaires étrangères. Ayant tenté de s'opposer à la guerre avec l'Autriche, il fut décrété d'accusation, transféré aussitôt à Orléans, puis à Versailles, où il fut égorgé à la suite des journées de septembre 1792.

LESSAY, ch.-l. de canton (Manche), à 23 kil. N. de Coutances ; 1690 hab. Salines aux environs.

LESSER (Fréd. Christ.), théologien et naturaliste, né en 1692 à Nordhausen, mort en 1754, fut pasteur de différentes églises, puis administrateur de l'hospice des Orphelins de Halle. Il fit servir toutes les branches de la science à prouver l'existence de Dieu et la sagesse de la Providence, et publia dans ce but : Lithothéologie ou Théologie des pierres (en all.), 1735 ; Théologie des insectes, 1738 ; Théologie des testacés, 1748 (en lat.), etc. La plupart de ses ouvrages ont été traduits en français.

LESSING (Gotthold), littérateur, né en 1729 à Camentz en Lusace, mort en 1781, était fils d'un pauvre ministre luthérien. Après avoir étudié à Leipsick, il alla à Berlin où il se fit connaître par des Fables (en prose) qui sont devenues classiques (1753); puis il donna des pièces de théâtre d'un genre original, et publia des Lettres sur la littérature, qui exercèrent une puissante influence sur le goût de ses compatriotes. Pressé par le besoin, il accepta en 1760 une place de secrétaire du gouverneur de Breslau ; mais il quitta bientôt cet emploi, qui lui convenait peu, et revint à Berlin reprendre ses travaux littéraires. Il publia en 1765 Laocoon, ou traité des Limites de la peint. et de la poésie (trad. par Vanderbourg, 1802, et par Courtin, 1866), ouvr. d'une critique supérieure, et en 1767 le drame de Minna du Barnhelm. Appelé la même année à Hambourg, il y réforma le théâtre par ses judicieuses critiques et composa à cette occasion sa Dramaturgie, 1607-1768 (trad. par Mercier et Junker, 1785), ouvrage qui peut être regardé comme la théorie du genre romantique. En 1770, il fut nommé bibliothécaire de Wolfenbuttel. Il donna peu après (1772) la tragédie d’Emilia Galotti, qui fit une grande sensation ; enfin il publia en 1779 le drame de Nathan le Sage, son chef-d’œuvre. Lessing s’était beaucoup occupé de religion ; il excita de grands troubles parmi les théologiens par ses Fragments d’un inconnu (1774), où il exprime des doutes hardis, et par la publication d’un ouvrage de Bérenger de Tours en Réponse aux attaques de Lanfranc, qu’il avait découvert dans la bibliothèque de Wolfenbuttel. Il prit également place parmi les philosophes par son livre de l’Éducation du genre humain. Cet écrivain, qui est en quelque sorte le Diderot de l’Allemagne, est un des principaux auteurs du mouvement littéraire imprimé à ce pays depuis 1750. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Berlin en 30 vol. in-8, 1771-94, et 1796-1808. Ses meilleures pièces ont été trad. par M. de Barante dans les Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers, 1822.

LESSIUS (Léonard), casuiste, de l’ordre des Jésuites, né à Brecht près d’Anvers, en 1554, mort en 1623, étudia à Rome sous Suarez, enseigna la philosophie et la théologie à Douai, puis à Louvain, et excita de vives disputes par sa morale facile et par ses opinions sur la prédestination et la grâce : il fut censuré par la Faculté de Louvain en 1587. On a de lui : De justitia ; De licito usu æquivocationum et mentalium restrictionum ; De gratia efficaci ; De prædestinatione. Ses Œuvres ont été publiées à Anvers, 1625-30, 2 vol. in-fol.

LESTINES ou LEPTINES, bg de Belgique (Hainaut), à 20 kil. S. O. de Charleroi. Anc. palais des rois d’Austrasie. Il s’y tint en 743 un concile pour la réforme du clergé et pour la restitution des biens ecclésiastiques usurpés par Charles-Martel. Carloman et Pépin, fils de Charles, consentirent à cette restitution.

LESTOCQ (J. HERMANN, comte), né en 1692 à Zell (Hanovre), mort en 1767, était fils d’un chirurgien français protestant, qui s’était expatrié. Il apprit la médecine, se rendit à St-Pétersbourg pour y exercer son art, parvint à se faire nommer chirurgien de la princesse Élisabeth (depuis impératrice), eut occasion plusieurs fois de lui montrer sa fidélité, même au péril de sa vie, et réussit à la placer sur le trône, en 1741. Il fut alors nommé premier médecin de l’impératrice, conseiller intime, et jouit d’un grand crédit ; mais deux ennemis puissants, Bestucheff et le comte Apraxine, réussirent, par la calomnie, à le perdre dans l’esprit d’Élisabeth : elle le fit arrêter et enfermer dans une forteresse, d’où il ne sortit qu’à l’avénement de Pierre III (1760).

LESTOILE (P. de). V. ÉTOILE.

LESTRYGONS, peuple qui, selon la Fable, habitait la Sicile orientale (vers Catane et Léontium), était voisin des Cyclopes. On en fait des géants et des anthropophages. Ulysse aborda chez ce peuple inhospitalier et y perdit plusieurs de ses compagnons, qui furent dévorés par les habitants. On attribuait aux Lestrygons la fondation de Formies en Campanie.

LESUEUR (Eustache), le Raphaël français, peintre célèbre, né à Paris en 1617, étudia sous Vouet, et se fit de bonne heure remarquer du Poussin. Il ne chercha point à s’introduire à la cour et ne peignit que pour des particuliers et des couvents. Persécuté par des envieux et dégoûté du monde par la perte de sa femme, il se retira dans un cloître de Chartreux ; il y mourut en 1655, n’étant âgé que de 38 ans. Lesueur est le premier peintre de l’école française sous Louis XIV : Lebrun, son rival, est loin de l’égaler pour la grâce, la vigueur, la noblesse et l’art de disposer un sujet. Son Œuvre, gravé au trait et publié par Landon en 110 pièces (Paris, 1811), n’est pas complet. Ses tableaux les plus importants sont : la Vie de S. Bruno, en 22 tableaux, pour le couvent des Chartreux (auj. au musée du Louvre) ; l’Histoire de S. Martin et celle de S. Benoît ; S. Paul guérissant les malades devant Néron ; S. Paul prêchant à Éphèse ; la Salutation angélique ; le Martyre de S. Laurent ; S. Gervais et S. Protais ; Tobie donnant des instructions à son fils ; le Salon des Muses, en 19 tableaux, qu’il peignit à hôtel Lambert, en même temps que Lebrun peignait la galerie du même hôtel. On doit à M. Vitet une remarquable Étude sur Lesueur (1843).

LESUEUR (J. F.), célèbre compositeur, né près d’Abbeville en 1763, m. en 1837, obtint à 23 ans la maîtrise de la métropole de Paris, et fut plus tard attaché au Conservatoire comme professeur et inspecteur. Il donna en 1793 à l’Opéra comique la Caverne, Télémaque et Paul et Virginie ; en 1804 au grand Opéra les Bardes, son chef-d’œuvre ; en 1809 la Mort d’Adam, etc. « Dans la Caverne, dit Choron, sa musique est forte et nerveuse ; dans Télémaque, mélodieuse et fantastique ; dans Paul et Virginie, fraîche et sentimentale ; dans les Bardes, brillante, héroïque et vraiment ossianique ; dans la Mort d’Adam, simple, énergique et solennelle. » On doit encore à Lesueur un nombre considérable de messes, d’oratorios, etc. Abbeville lui a élevé une statue en 1852. Raoul Rochette a lu à l’Institut en 1839 une Notice sur Lesueur.

LESUIRE (R. M.), littérateur, né en 1737 à Rouen, m. à Paris en 1815, fut lecteur du duc de Parme et professeur de législation à l’École centrale de Moulins. On a de lui des poésies : Épître à Voltaire, 1761 ; la Vestale Clodia à Titus, héroïde, 1767 ; le Nouveau monde, poëme en 26 chants, 1782 ; Isaac et Rébecca, poëme en prose, 1777 ; et des romans : l’Aventurier, 1782 ; le Philosophe parvenu, 1788, etc.

LESUR (Ch. Louis), né à Guise en 1770, m. en 1849, fut quelque temps employé sous Talleyrand au ministère des affaires extérieures, remplit jusqu’en 1825 les fonctions d’inspecteur de la loterie, et passa ses dernières années dans sa ville natale. On lui doit plusieurs ouvrages justement estimés (Progrès de la puissance russe, 1807 ; Histoire des Cosaques, 1814, etc.) ; mais il est surtout connu comme fondateur et rédacteur de l’Annuaire historique, qu’il commença en 1818 et poursuivit jusqu’en 1832 : cet ouvrage, continué depuis par A. Fouquier, est un précieux répertoire de documents et un manuel indispensable pour ceux qui s’occupent d’affaires publiques.

LESURQUES (Joseph), né à Douai en 1763, d’une famille honorable et aisée, fut condamné à mort en 1796 comme coupable d’un assassinat commis sur la personne du courrier de Lyon. Peu après on découvrit le vrai coupable, nommé Dubosc, qui fut aussi condamné par le même tribunal : la singulière ressemblance du malheureux Lesurques avec l’assassin avait été cause d’une fatale méprise. Quoique l’erreur judiciaire soit reconnue de tous, la famille de Lesurques n’a pu encore obtenir la réhabilitation juridique de sa mémoire, malgré les persévérants efforts de M. Méquillet, tuteur de ses derniers rejetons.

LESZSKO, ducs ou rois de Pologne. V. LECK.

LE TELLIER (Michel), homme d’État, né en 1603, m. en 1685, était fils d’un conseiller à la Cour des aides, et dut son élévation à Mazarin. Nommé, par le crédit du cardinal, secrétaire d’État de la guerre (1643), il contribua puissamment à terminer les troubles de la régence et à rétablir l’autorité royale ; il résigna en 1666 les fonctions de ministre de la guerre en faveur de son fils aîné, le célèbre Louvois, et reçut les sceaux en 1677. D’un zèle ardent pour l’orthodoxie, il fut un des principaux instigateurs de la révocation de l’édit de Nantes, et scella peu avant sa mort l’ordonnance de révocation. Bossuet et Fléchier ont prononcé son oraison funèbre. — Son fils puîné, Ch. Maurice Le Tellier, archevêque de Reims (1671), présida l’assemblée générale du clergé en 1700. Il légua à l’abbaye de Ste-Geneviève sa bibliothèque, qui contenait 50 000 vol.

LE TELLIER (le P. Michel), le dernier confesseur de Louis XIV, né à Vire en 1643, était fils d’un paysan, Il entra chez les Jésuites en 1661, professa les humanités et la philosophie, rédigea dans l’intérêt de son ordre plusieurs écrits polémiques, et fut élevé à la dignité de provincial. Chargé en 1709, après le P. Lachaise, de diriger la conscience du roi, il déploya dans ces fonctions un zèle âpre et inflexible : il fit poursuivre les Jansénistes à outrance, fit détruire l’abbaye de Port-Royal des Champs, anima Louis XIV contre le cardinal de Noailles, et obtint du St-Siége la bulle Unigenitus, 1713. À la mort de Louis XIV, il fut exilé de la cour ; il mourut en 1719, au collége des Jésuites de La Flèche. Entre autres écrits, on a de lui : Histoire des cinq propositions de Jansénius, 1699, et le P. Quesnel séditieux et hérétique, 1705.

LETELLIER (Constant), né en 1762 à Boulogne, m. à Paris en 1841, tint un pensionnat florissant à Paris, et publia divers ouvrages classiques estimés, entres autres une Grammaire française, souvent réimprimée, et un Traité des participes.

LÈTES, Læti, nom commun à diverses tribus barbares de la Gaule au moyen âge. C’étaient des Germains ou des Sarmates, pris à la guerre et transportés dans l’intérieur de l’empire où ils étaient chargés de cultiver le sol et au besoin de le défendre. Ils étaient attachés à la glèbe, sans être toutefois considérés comme esclaves. — Ausone donne spécialement ce nom à une tribu de Sarmates transportée par ordre de Maximien dans le pays des Nerviens et des Trévires.

LÉTHÉ, c.-à-d. en grec Oubli, une des rivières des Enfers chez les Païens ; ceux qui s’y désaltéraient oubliaient le passé.

LETHIÈRE (Guill. Guillon), peintre, né en 1769 à la Guadeloupe, m. en 1832, remporta le grand prix en 1786, devint en 1807 directeur de l’Académie française de peinture à Rome, et entra en 1818 à l’Institut. On a de lui : Junius Brutus condamnant ses fils, Philoctète à Lemnos, Homère chantant, le Jugement de Pâris. Ses tableaux se distinguent par une belle ordonnance et une grande énergie.

LETI (Gregorio), écrivain, né à Milan en 1630, m. en 1701, était neveu d’un évêque. Après avoir dissipé sa fortune dans les plaisirs, il embrassa le Protestantisme, se réfugia à Genève où il enseigna l’italien, se fit chasser de cette ville pour quelques traits satiriques (1679) ; alla en Angleterre, fut encore forcé de quitter ce pays pour la même cause (1682), et se fixa enfin à Amsterdam. On a de lui, outre de violents libelles : Histoire de Sixte-Quint, Lausanne, 1669 ; — de Philippe II, 1679 ; — d’Angleterre, 1682 ; — de Genève, 1686 ;— de Belgique, 1690 ; — de Cromwell, 1692 ; — d’Élisabeth, 1693 ; — de Charles-Quint, 1700. Partial et inexact, cet historien est en outre négligé dans son style et ne sait pas exciter l’intérêt.

L’ÉTOILE (Pierre de), V. ÉTOILE.

LETOURNEUR (P.), écrivain, né à Valognes en 1736, m. à Paris en 1788, se voua au genre de la traduction, et y obtint un grand succès. Son style a de l’harmonie, de la facilité, mais n’est pas exempt d’emphase et de recherche. Letourneur est un des premiers qui aient fait connaître Shakspeare à la France ; il professait pour cet auteur un enthousiasme exclusif. On distingue parmi ses traductions : les Nuits et les Œuvres diverses d’Young, 1769-70 ; les Méditations sur les tombeaux de Hervey, 1770 ; Théâtre de Shakspeare, 177'6 et années suivantes, 20 vol. in-8 ; Ossian, fils de Fingal, poésies galliques, 1777 ; Clarisse Harlowe, 1784-87, 10 vol in-8.

LETOURNEUR (Ch. L. Fr. H.), né à Granville en 1751, m. près de Bruxelles en 1817, fut député à l’Assemblée législative et à la Convention, où il vota la mort de Louis XVI ; devint membre du Directoire en 1795, mais en sortit l’année suivante. Il fut depuis préfet de la Loire-Inférieure en 1800 et maître des comptes en 1810. En 1815, il fut banni comme régicide.

LETRONNE (Jean Antoine), né en 1787 à Paris, d’une famille pauvre, m. en 1848, se forma presque seul, approfondit la géographie sous Mentelle et le grec sous Gail, voyagea de 1810 à 1812 avec un riche étranger, et visita ainsi la France, l’Italie, la Suisse et la Hollande ; fit paraître après son retour un Essai sur la topographie de Syracuse au Ve siècle av. J.-C. et quelques autres travaux d’érudition, ce qui le fit choisir pour terminer le Strabon de Laporte-Dutheil ; fut admis dès 1816 à l’Académie des inscriptions, et bientôt après nommé inspecteur général des études ; devint en 1832 directeur de la Bibliothèque du Roi, en 1834 professeur d’archéologie au Collége de France, succéda en 1840 à Daunou comme garde général des archives, et joignit à cet emploi les fonctions de directeur de l’École des chartes (1847). Letronne a laissé un grand nombre d’ouvrages et de mémoires qui se distinguent par la sagacité et par la sûreté de la critique. Collaborateur de Champollion, il publia des Recherches sur l’Histoire de l’Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, 1823 ; sur l’Objet des représentations zodiacales, 1824 (à l’occasion du zodiaque de Denderah) ; sur le Christianisme en Égypte, en Nubie, en Abyssinie, 1832 ; sur la Statue vocale de Memnon, 1833 ; sur l’Inscription de Rosette, 1840 ; enfin il donna un vaste Recueil des inscriptions grecques et latines de l’Égypte, 1841-49, 3 vol. in-4. On remarque encore ses travaux sur la Métrologie des anciens, sur les Monnaies grecques et romaines, 1817 ; sur la Peinture murale chez les Grecs et les Romains, 1840, etc. Il a fourni de nombreux articles au Journal des savants, à la Revue archéologique et autres recueils. On lui doit l’édition de Rollin en 30 vol. in-8, publiée par Didot, 1821-25. Walckenaër a lu en 1850 son Éloge à l’Académie des inscriptions. Ses principaux écrits ont été réunis en 1860 sous le titre de Mélanges d’érudition et de critique historique, I vol. in-8.

LETTERE, v. d’Italie (prov. de Naples), à 18 kil. N. O. de Salerne ; 4600 hab. Évêché.

LETTONS, anc. peuple des bords de la Baltique, forme encore le fond de la population rurale en Lithuanie, en Esthonie, en Courlande, en Sémigalle. Il parle une langue à part, qui a 2 dialectes, le letton pur et le sémigall. — On a longtemps nommé Lettonie la partie méridionale de la Livonie.

LETTRE DOMINICALE, lettre employée dans la comput ecclésiastique. V. DOMINICALE dans notre Dictionnaire des Sciences.

LEU (S.), évêque de Sens en 609, sous le règne de Clotaire II, était d’une maison alliée à la famille royale. Calomnié auprès du roi, il fut envoyé en exil ; mais son innocence fut reconnue, et il fut rappelé. Il mourut en 623. On le fête le 1er sept.

LEUCA, v. de l’Italie anc. (Iapygie), à l’E., près de l’Iapygium ou Salentinum promontorium, auj. Cap de Leuca (dans la Terre d’Otrante), à l’extrémité S. E. de l’Italie. Cette ville fut détruite au XIe siècle par les Barbares, et remplacée par Alessano. V. ce mot.

LEUCADE, Leucas, auj. Ste-Maure, île de la mer Ionienne, près de l’Acarnanie, dont elle n’était séparée que par un étroit canal (auj. un pont la joint au continent). On y trouve au N. une ville du nom de Leucade, qui fut quelque temps la capitale de l’Acarnanie. — Au S. de l’île était un cap dont le pied était hérissé de brisants. Les amants malheureux venaient chercher un remède à leurs maux en se précipitant du haut de ce cap dans la mer : c’est ce qu’on appelait Saut de Leucade. Ceux qui échappaient à la mort après ce saut périlleux étaient guéris de leur amour. Sapho et une foule d’autres périrent, dit-on, en recourant à ce terrible remède. — L’île de Leucade avait conservé son indépendance au milieu des guerres civiles de la Grèce ; elle la perdit lors de l’expédition de Flamininus contre Philippe, roi de Macédoine. Sous l’empire d’Orient, elle fut souvent ravagée par les Barbares. Elle tomba en 1229 au pouvoir d’une famille napolitaine, celle des comtes de Tochis, qui la possédèrent, avec plusieurs îles voisines, sous la suzeraineté de Venise, jusqu’en 1479, époque où elle fut conquise par Mahomet II. Prise par les Vénitiens en 1684, elle leur resta jusqu’en 1797. Depuis, elle a suivi le sort des autres îles Ioniennes. V. IONIENNES (îles) et STE-MAURE.

LEUCATE, Leocata, bourg du dép. de l’Aude, entre l’étang de Leucate et la Méditerranée, à 40 kil S. de Narbonne ; 1275 hab. Jadis ville assez grande et forte ; vainement assiégée par les Ligueurs en 1590 ; démantelée en 1664.

LEUCÉ (c.-à-d. Blanche), auj. Ile des Serpents, îlot du Pont-Euxin, en face des bouches de l’Ister, était une île sainte chez les Grecs, qui en firent le séjour des âmes des héros (Ajax, Achille, Patrocle, etc.).

LEUCHTENBERG, bg de Bavière (Ht-Palatinat), à 36 kil. N. E. de Culmbach ; 500 hab. — Il a donné son nom à un landgraviat situé sur les rives du Naab, et qui avait pour ch.-l. Pfreimbt. Ce landgraviat fut en 1817 érigé en duché pour le prince Eugène de Beauharnais, ex-vice-roi d'Italie, et passa après sa mort (1824) à son fils aîné, Auguste, né en 1810, m. à Lisbonne en 1835, deux mois après avoir épousé la reine Dona Maria; puis au 2e, gendre de l'empereur Nicolas, né en 1817, mort en 1852 : ce dernier perdit sa qualité de Français en devenant prince russe.

LEUCI, peuple de la Gaule (Belgique 1re), au S. des Mediomatrices, était de race cimbrique. Ils habitaient la partie méridionale de la Lorraine actuelle et avaient pour v. principales Tullum (Toul) et Nasium (Naix ou Nancy). Leur territoire comprenait la plus grande partie des dép. de la Meurthe et des Vosges.

LEUCIPPE, Leucippus, philosophe grec, natif d'Abdère ou de Milet, florissait vers 500 av. J.-C. Il admettait pour expliquer l'univers le vide et les atomes : ces atomes, en nombre infini et doués d'un mouvement éternel, ont, par leurs combinaisons fortuites, formé tous les corps. Leucippe eut pour disciple Démocrite. On n'a rien conservé de lui.

LEUCOFAO, V. LATOFAO.

LEUCOPETRA, c.-à-d. la roche blanche, lieu d'Achaïe, près de l'isthme de Corinthe. Les Achéens, commandés par Diæus, y furent défaits par le consul Mummius en 146 av. J.-C.

LEUCO-SYRIE, c.-à-d. Syrie blanche, dénomination vague appliquée par les anciens à la Cilicie orient. et à la Cappadoce mérid., situées au N. de la Syrie, vient de ce que les habitants de cette contrée avaient le teint plus blanc que les Syriens propres.

LEUCTRES, Leuctrum, Leuctra, bourg de la Béotie, au S. O. de Thèbes, au S. de Thespies, à 13 kil. env. de la mer, est célèbre par la victoire qu'Épaminondas y remporta sur Cléombrote, roi de Sparte, en 371 av. J.-C. — Plusieurs autres localités de la Grèce portaient le nom de Leuctres, une entre autres sur les confins de la Laconie et de la Messénie, près de la mer : c'est auj. le ch.-l. d'un dème de même nom.

LEUDES. Ce nom, dérivé du mot germanique leute, qui signifiait gens ou sujets, désignait chez les Germains les compagnons du chef de la bande guerrière, ses fidèles, ceux qu'il avait attachés à sa personne par des présents d'armes, de chevaux, etc., et qui avaient le privilège de s'asseoir à sa table. Après l'établissement des Barbares dans les provinces de l'empire romain, on continua à appeler leudes les compagnons ou fidèles du roi ; mais les présents de terres, fiefs ou bénéfices, remplacèrent depuis la conquête les présents d'armes ou de chevaux. Les leudes devinrent ainsi les feudataires ou vassaux. Il faut bien les distinguer des guerriers appelés ahrimans ou hommes libres, qui, lors du partage fait entre les conquérants, obtinrent, par la voie du sort, des alleux, terres franches de toute redevance.

LEUK, bg de Suisse. V. LOUÈCHE.

LEUNCLAVIUS (J.), en allemand Lœwenklau, savant allemand, né en 1533 à Amelbeuern (Westphalie), mort à Vienne en 1593, possédait la jurisprudence, le droit civil, le latin, le grec, le turc et l'histoire. Il s'occupa principalement du Bas-Empire et de l'empire ottoman, et séjourna longtemps en Turquie, afin de mieux connaître ce pays. On a de lui un très-grand nombre d'éditions et de traductions d'auteurs grecs (l’Économique de Xénophon, Dion Cassius, S. Grégoire de Nazianze, Manuel Comnène, Manuel Paléologue, etc.), un abrégé des Basiliques (Synopsis Basilicorum), 1575 ; les Annales des sultans ottomans, en latin, Francfort, 1596 ; les Pandectes de l'histoire turque (allant jusqu'en 1588), etc.

LEURET (le Dr), médecin en chef de Bicêtre, né en 1797 à Nancy, m. en 1851, s'occupa surtout des maladies mentales et introduisit un nouveau mode de traitement auquel il dut de nombreuses guérisons. Ses principaux écrits sont : Fragments psychologiques, 1834 ; Anatomie comparée du système nerveux dans ses rapports avec l'intelligence, 1840, où il combat le système de Gall ; Traitement moral de la folie, 1840, ouvrage où il expose les vues qui lui sont propres et qui lui attira de nombreuses attaques.

LEUTHEN ou LISSA, v. des États prussiens (Silésie), à 7 kil. O. de Breslau : 500 hab. Frédéric II y remporta une vict. signalée sur les Autrichiens en 1757.

LEUTOMITCHL, v. des États autrichiens (Bohême), à 60 kil. S. E. de Chrudim ; 7100 hab. Jadis évêché. Gymnase de Piaristes, haute école de sciences et de lettres. Prise par les Prussiens en 1758.

LEUTSCHAU, Lœcze, v. des États autrichiens (Hongrie), dans le cercle de Zips, à 59 kil. N. O. de Kachau ; 5650 hab. Évêché. Cathédrale. La ville a été bâtie en 1245 par le roi Béla IV.

LEUVIGILDE. V. LÉOVIGILDE.

LEUWARDEN. V. LEEUWARDEN.

LEUWENHOECK (Ant.), naturaliste, né à Delft en 1632, mort en 1723, fabriqua des microscopes d'une perfection admirable, s'en servit pour faire des observations curieuses, et reconnut avec leur secours la composition du sang, les animalcules spermatiques, la continuité des artères et des veines, la disposition des lames qui composent le cristallin, etc. Cependant, il avait moins de sagacité et de critique que de finesse dans l'organe et d'adresse dans l'art de fabriquer les instruments. Il crut quelquefois voir des choses qui n'ont jamais existé et donna souvent ses hypothèses pour des réalités. On a de lui un grand nombre de mémoires, publiés d'abord dans les Transactions philosophiques, puis réunis sous le titre d’Arcana" naturæ detecta, Delft, 1695-99, 4 vol. in-4.

LEUZE, v. de Belgique (Hainaut), sur la Dender, à 17 kil. E. de Tournay ; 6000 h. Ancienne abbaye. Le maréchal de Luxembourg y battit Guillaume d'Orange en 1691.

LEVAILLANT (François), voyageur et naturaliste français, né en 1753 à Paramaribo (Guyane), mort en 1824, vint de bonne heure en France. Entraîné par la passion des voyages, il s'embarqua en 1780 au Texel pour le cap de Bonne-Espérance, parcourut de 1781 à 1784 le pays des Cafres et des Hottentots, et tenta, mais en vain, de traverser toute l'Afrique du S. au N. A son retour, il donna des relations de ses courses et de ses observations, qui sont pleines d'intérêt et d'instruction. On a de lui : Voyage dans l'intérieur de l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, dans les années 1781-83, Paris, 1790 ; Second voyage dans l'intérieur de l'Afrique, 1795 ; Hist. nat. des oiseaux d'Afrique, 1797-1812; Hist. nat. des oiseaux nouveaux et rares de l'Amérique et des Indes, 1801-4; Hist. nat. des perroquets, 1801-5; Hist. nat. des oiseaux de paradis, 1803-16. Ce savant modeste fut peu encouragé ; on contesta même la fidélité de ses récits ; cependant on s'accorde aujourd'hui à reconnaître les services qu'il a rendus à la science. Il a le premier décrit avec exactitude la girafe, et une foule d'oiseaux et d'insectes inconnus jusque-là.

LEVANT, nom vague employé pour désigner l'ensemble des pays que baigne la Méditerranée orientale, tels que l'Égypte, la Turquie d'Asie et quelquefois la Turquie d'Europe. Il s'applique plus spécialement à l'Anatolie, dont le nom grec signifie aussi Levant.

LEVANT (ÉCHELLES DU). V. ÉCHELLES.

LEVANT (RIVIÈRE DU). V. RIVIÈRE et GÊNES.

LEVANTINE (la), vallée de Suisse, dans le canton du Tessin, au N. O., forme un district composé de 10 000 âmes, qui a pour ch.-l. Faido. Prise aux Milanais par les Suisses au XVe siècle, elle appartint d'abord au canton d'Uri ; elle est au Tessin depuis 1798.

LEVANZO, Buccina ou Phorbantia, île de la Méditerranée, l'une des îles Égades, la plus au N. Elle a 7 k. sur 5 ; 4500 h.

LEVASSOR (Michel), historien, né à Orléans, était de la congrégation de l'Oratoire. Il la quitta en 1675 et se retira en Hollande, puis en Angleterre (1697). Il était lié avec Bayle, Basnage, Jaquelot et autres chefs du parti protestant et finit par embrasser lui-même la Réforme. On a de lui une Histoire générale de l’Europe sous le règne de Louis XIII, Amst. 1700-11,20 vol. in-12, ouvrage diffus, mais savant.

LEVASSOR, amiral. V. LATOUCHE-TRÉVILLE.

LEVAU (Louis), architecte, directeur des bâtiments de Louis XIV, né à Paris en 1612, mort en 1670, construisit le château de Vaux pour Fouquet, 1653, celui de Livry (le Raincy), démoli depuis, et plusieurs des plus beaux hôtels de Paris : l’hôtel Lambert, que Lesueur et Lebrun décorèrent de leurs peintures, ainsi que les hôtels de Pons, de Colbert, de Lyonne ; ajouta aux Tuileries les pavillons de Flore et de Marsan, 1664, augmenta d’un attique le pavillon du centre, le couvrit du dôme carré que l’on y voit encore, et fournit les dessins du collége de Quatre-nations (auj. palais de l’Institut). Cet artiste a de la grandeur dans ses conceptions ; mais il est généralement lourd et manque parfois d’élégance.

LE VAYER (Franç. DE LA MOTHE-), écrivain et philosophe, né à Paris en 1588, mort en 1672, était fils d’un magistrat distingué, qu’il remplaça en 1625 comme substitut du procureur général au parlement ; mais il renonça de bonne heure à ses fonctions pour se livrer tout entier aux lettres. Il fut reçu à l’Académie en 1639, devint en 1649 précepteur du duc d’Orléans, frère de Louis XIV, et fut chargé en 1651 de terminer l’éducation du roi lui-même. Il se fit remarquer dans ses écrits comme dans sa conduite par sa sagesse, et mérita d’être appelé par Naudé le Plutarque de la France. Ses principaux ouvrages sont : Considérations sur l’éloquence française, 1638 ; De la vertu des païens, 1642 ; Jugement sur les historiens grecs et latins, 1646 ; Discours pour montrer que les doutes de la philosophie sceptique sont d’un grand usage dans les sciences, 1668 ; Du peu de certitude qu’il y a dans l’histoire, 1668. On a aussi de lui des Dialogues à l’imitation des anciens, sous le nom d’Orasius Tubero. La meilleure édition de ses Œuvres est celle de Dresde, 1756-59,14 v. in-8. Cet écrivain professait un scepticisme modéré, qui était fondé principalement sur l’étude de l’histoire et sur l’observation des contradictions qu’offrent les opinions et les coutumes. On doit à M. Étienne un remarquable Essai sur La Mothe Le Vayer, 1849. - Il avait eu un fils, l’abbé L., qui mourut à 35 ans : c’est à ce fils, qu’est adressée la 4e satire de Boileau.

LÈVE (Ant. de) ou DE LEYVA, capitaine espagnol, né en Navarre, s’éleva du rang de simple soldat aux plus hautes-dignités militaires sous Charles-Quint ; repoussa Bonnivet de devant Milan en 1523, se signala à Rebec, 1524, défendit Pavie contre le roi François I, fut nommé gouverneur du Milanais et y consolida la puissance des Espagnols (1529). Il soutint sa réputation en Autriche, où il eut à combattre Soliman qui assiégeait Vienne (1529), et en Afrique, où il suivit l’empereur Charles-Quint à Tunis en 1535. Il l’accompagna également en Provence (1536) ; mais, cette expédition n’ayant pas réussi, l’empereur s’en prit à Lève, qui, dit-on, en mourut de chagrin.

LEVÉE (Jér. Balthazar), professeur au Hâvre, puis à Bruges et à Caen, né au Hâvre en 1769, mort vers 1835, a donné dans le Théâtre des Latins (1820 et ann. suiv.) la traduction de Plaute et de Sénèque le Tragique. Il est le principal éditeur du Cicéron de Fournier (1816, etc.), qui fut éclipsé par l’édition donnée à la même époque par J. V. Le Clerc. On lui doit une Biographie des hommes célèbres du Hâvre, 1828.

LEVEN, vge d’Écosse (Fife, à 12 kil. S. de Cupar, à l’emb. du Leven dans le golfe de Forth ; 2000 h. Port petit, mais sûr. - La petite riv. de Leven sort du lac Leven (Loch-Leven), dans le comté de Kinross. On trouve dans une île du lac le château de Loch-Leven. V. ce nom.

LÉVESQUE (P. Ch.), historien et traducteur, né à Paris en 1736, mort en 1812, fut appelé en Russie en 1773 par Catherine II, à la recommandation de Diderot, pour enseigner les belles-lettres à l’école des cadets-nobles ; revint en France en 1780, fut nommé professeur au Collége de France, puis élu membre de l’Académie des inscriptions. On a de lui : Histoire de Russie, Yverdun, 1782,8 vol. in-12 ; La France sous les cinq premiers Valois, 1788 ; Histoire critique de la république romaine, 1807 (il y professe le scepticisme le plus hardi, principalement au sujet des rois de Rome) ; Études de l’histoire ancienne et de l’histoire grecque, 1811, l’un de ses meilleurs ouvrages. Il a aussi donné plusieurs traductions estimées, entre autres celle de Thucydide, 1795-97.

LÉVESQUE DE POUILLY (L. J.), né à Reims en 1691, mort en 1750, cultiva d’abord les sciences avec succès, puis se livra à la littérature, et devint en 1722 membre de l’Académie des inscriptions. Épuisé, par l’excès de l’étude, il se mit à voyager, alla en Angleterre où il se lia avec Bolingbroke, puis revint se fixer dans sa ville natale. Nommé lieutenant général du roi à Reims, il créa dans cette ville d’utiles établissements. On a de lui une Théorie des sentiments agréables, Genève, 1747, où il prouve que le bonheur est dans la vertu. - Son fils, Jean-Simon L., 1734-1820, fut aussi membre de l’Académie des inscriptions. On lui doit une Vie de L’Hôpital, 1764, et une Théorie de l’imagination, 1803.

LÉVESQUE DE BURIGNY (J.), frère de L. de Pouilly, né à Reims en 1692, mort en 1785, étudia longtemps avec son frère et acquit une prodigieuse érudition. Il passa quelques années en Hollande où il travailla avec St-Hyacinthe à l’Europe savante (1718-20), puis vint à Paris. Il fut reçu en 1756 à l’Académie des inscriptions, et employa sa longue vie à la composition de nombreux ouvrages, qui brillent plutôt par l’érudition que par le style. Les principaux sont : De l’autorité du pape, 1720 : Histoire de la philosophie païenne, 1724 ; — de la Sicile, 1745 ; — de Constantinople, 1750. On a aussi de lui : Vies de Grotius, 1750 ; — d’Érasme, 1757 ; — de Bossuet, 1761 ; — de Du Perron, 1768 ; et une Notice sur Proclus (dans les Mém. de l’Acad. des inscr.). On lui attribue l’Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, ouvrage anti-chrétien, publié sous le pseudonyme de Fréret, et quelques autres écrits philosophiques. Il a traduit en français le traité de Porphyre De l’abstinence des viandes et sa Vie de Plotin.

LEVET, ch.-l. de c. (Cher), à 18 kil. S. de Bourges ; 418 hab,

LÉVI, 3e fils de Jacob et de Lia, né en Mésopotamie, vécut de 2117 à 1980 av. J.-C, selon l’Art de vérifier les dates, ou de 1748 à 1611, selon la chronologie vulgaire. Il fut un des principaux auteurs du massacre des Sichémites (V. SICHEM). Sa postérité, connue sous le nom de Lévites, forma une tribu qui fut consacrée au culte ; elle n’eut point comme les autres un territoire à part, mais on lui donna, outre la dîme des biens de la terre, 48 villes, dispersées dans toute l’étendue de la Palestine. Ces villes étaient dites lévitiques. Les plus importantes étaient Cadès, Sichem, Gabaa, Hébron, Ramoth-Galaad. Six de ces villes servaient de lieu de refuge. - Moïse et Aaron étaient arrière-petits-fils de Lévi.

LÉVIATHAN, animal mystérieux dont il est fait mention dans la Bible, notamment dans le livre de Job (ch. XL et XLI). C’est un monstre marin, un serpent tortueux, qui paraît n’être autre que le crocodile ; selon quelques-uns, ce serait la baleine. On prend aussi ce nom dans un sens moral pour le démon, serpent hostile au genre humain. — Les rabbins donnent le nom de Léviathan à un esprit qui, selon eux, préside à l’une des quatre parties du monde, au Midi. — Hobbes a donné le titre de Léviathan à un de ses ouvrages ; il y désigne par ce nom le pouvoir populaire, l’assimilant au serpent de la Bible, monstre dont le prince doit écraser la tête.

LEVIE, ch.-l. de c. (Corse), à20 kil. N. E, de Sartène ; 1652 hab. LEVIER, ch.-l. de c. (Doubs), à 21 kil. de Pontarlier; 1215 hab.

LÉVIS, maison noble et ancienne de France, que quelques chronologistes ont eu l'idée de faire descendre de Lévi, fils de Jacob. Elle tire son nom de la terre de Lévis, près de Chevreuse, dans l'ancien Hurepoix, et figure dans l'histoire dès le XIe siècle. Elle a formé plusieurs branches importantes, celles de Mirepoix, de Montbrun, de Pennes, de Lautrec, de Ventadour, de Quélus, etc. (V. ces noms), et a fourni à la France un grand nombre d'officiers et de magistrats distingués. — Dans la ligne principale de cette famille, celle des Mirepoix, l'aîné portait le titre de maréchal de la Foi, parce que Guy de Lévis, 1er du nom, fut un des premiers à se croiser contre les Albigeois avec le comte de Montfort, et fut fait maréchal de l'armée des Croisés. — Cette famille s'est surtout signalée dans ces derniers temps par son attachement pour les Bourbons de la branche aînée.

LÉVIS (François, duc de), né en 1720 au château d'Ajac (Languedoc), m. en 1787, fut envoyé au Canada pour remplacer Montcalm, tué devant Québec, mais ne put, malgré les plus louables efforts, reprendre aux Anglais les possessions dont ils s'étaient emparés. Il se signala par sa bravoure à Johannisberg (1762), devint maréchal de France en 1783, duc en 1784, et gouverneur de l'Artois.

LÉVIS (Gaston, duc de), né en 1755, m. en 1830, fut membre de l'Assemblée constituante, soutint quelque temps les idées nouvelles, émigra en 1792, fut blessé à Quiberon, rentra en France après le 18 brumaire, ne s'occupa sous l'Empire que de littérature et d'économie politique; fut appelé au conseil privé par Louis XVIII et nommé pair. On a de lui, outre des écrits estimés sur les finances, des Maximes, 1808 et 1825, et des Souvenirs et portraits, 1813 et 1815. Il avait été nommé par ordonnance en 1816 membre de l'Académie française.

LÉVITES, descendants de Lévi. V. LÉVI.

LÉVITIQUE, un des livres du Pentateuque, traite du culte, qui était confié aux Lévites.

LÉVITIQUES (Villes). V. LÉVI.

LÉVIZAC (l'abbé de), d'une famille noble d'Alby, émigra en Angleterre, y enseigna le français avec un grand succès et mourut à Londres en 1813. Il publia de bons ouvrages élémentaires : Grammaire à l'usage des étrangers, Londres, 1797; Bibliothèque portative des écrivains français; Dictionnaire français et anglais, 1808; Dict. des synonymes, 1809.

LEVROUX, Gabatum chez les anciens, Leprosum au moyen âge, ch.-l. de c. (Indre), à 20 kil. N. O. de Châteauroux; 3509 hab. Murs flanqués de tours, ancien château. Grains, vins, laines fines.

LEWENHAUPT (Adam Louis, comte de), général suédois, fut nommé par Charles XII gouverneur de Riga (1706), livra aux Russes en 1708 la bataille indécise de Lesna, en Ukraine, fit des prodiges de valeur à Pultawa, se mit après cette funeste journée à la tête des débris de l'armée, mais se vit forcé de signer la capitulation du Borysthène (1709) et fut fait prisonnier. Il mourut en Russie, après dix ans de captivité, laissant d'intéressants Mémoires, imprimés à Stockholm, 1757. — Émile, comte de L., de la même famille, né en 1692, fut élu maréchal de la diète de Suède en 1734 et 1740, fit déclarer la guerre à la Russie et fut placé en 1742 à la tête de l'armée envoyée en Finlande; vaincu malgré sa bravoure, il fut mis en jugement et décapité en 1743.

LEWES, v. d'Angleterre (Sussex), à 63 kil. E. de Chichester, sur l'Ouse; 9500 hab. Fonderie de canons, usines à fer, papeteries. Commerce de grains, drèche; bestiaux. Ruines romaines. Henri III fut battu à Lewes par Simon de Montfort en 1264.

LEWIS (île), île d’Écosse, la plus grande et la plus septentrionale des Hébrides, est coupée en 2 parties réunies par un isthme et dites Lewis et Harris : 100 kil. sur 40; 18 000 hab. Lieu principal, Stornaway. Vestiges druidiques.

LEWIS (Matt. Grégoire), littérateur anglais, né en 1773, mort en 1818, était fils d'un sous-secrétaire d'État au département de la guerre. Envoyé fort jeune en Allemagne, il y prit un goût excessif pour les romans et les pièces de théâtre, et consacra sa vie à ce genre d'ouvrages. Le plus connu de ses romans est le Moine, 1795, roman monstrueux, qui n'offre que des scènes d'horreur et de libertinage, et qui attira sur l'auteur de justes poursuites.

LEXINGTON, v. des États-Unis (Kentucky), ch.-l. du comté de La Fayette, à 35 kil. E. de Francfort; 15 000 hab.; bien bâtie; édifices remarquables; université (dite de Transylvanie); nombreuses fabriques; commerce considérable.

LEXINGTON, bg des États-Unis (Massachussets), à 15 kil. N. O. de Boston; 2900 hab. C'est là qu'eut lieu, le 19 avril 1775, le 1er engagement entre les Américains et les Anglais commandés par le général Gage. Un monument en consacre le souvenir. — Un autre Lexington, dans le Missouri, sur la r. dr. du fleuve de ce nom, à 150 kil. O. de Jefferson-City, a été le théâtre d'un combat livré en sept. 1861 entre les Fédéraux (États du Nord) et les Confédérés (États du Sud). La ville resta au pouvoir des Confédérés.

LEXOVII, peuple de la Gaule (Lyonnaise 2e), sur la côte de la Normandie (Calvados); ch.-l., Noviomagus, dit aussi Lexovii (Lisieux).

LEYDE, Lugdunum Batavorum, v. du roy. des Pays-Bas (Hollande mérid.), sur le Rhin et 4 autres rivières, dans le Rhinland, qu'on regarde comme le jardin de la Hollande, à 27 kil. N. de Rotterdam; 40 000 hab. Divers monuments, parmi lesquels l'église de St-Pierre (la plus belle de la Hollande). Université célèbre, fondée en 1575, et où ont professé Juste-Leipse, Scaliger, Saumaise, S'Gravesande, Boërhaave, Ruhnkenius, Hemsterhuys; nombre de sociétés de sciences ou d'arts. Fabriques de drap et autres lainages, jadis renommées, mais presque anéanties auj. par la concurrence. Patrie des peintres Lucas de Leyde, Rembrandt, Gérard Dow; d'Isaac Vossius, Heinsius, Musschenbrœck, l'inventeur de la bouteille de Leyde, du médecin Van Swieten; de l'anabaptiste Jean de Leyde. — Leyde n'était encore qu'un village en 1083; son importance date du XIIIe siècle. Elle soutint en 1574 un siége célèbre contre les Espagnols; elle fut ravagée par la peste en 1655. L'explosion d'un bateau à poudre en 1807 en a détruit presque entièrement le plus beau quartier.

LEYEN, principauté d'Allemagne. V. LAYEN.

LEYVA (Antoine, duc de). V. LÈVE.

LÉZARDIÈRE (Marie Pauline de), née en 1754 au château de Verci en Vendée, morte en 1835, était fille du baron de Lézardière, ami de Malesherbes. Elle reçut une éducation sérieuse, prit un goût vif pour les études historiques, et entreprit un immense travail sur la législation politique de la monarchie française. L'ouvrage était en grande partie imprimé en 1792, mais les malheurs de la Révolution firent anéantir presque toute l'édition, et forcèrent l'auteur à émigrer. Rentrée en 1801, Mlle de Lézardière, tout entière à d'autres soins, ne put reprendre cette publication, qui ne fut exécutée qu'après sa mort, par les soins du vicomte de Lézardière, son frère, et qui parut en 1844 sous le titre de Théorie des lois politiques de la monarchie française, 4 vol. in-8. Cet ouvrage, d'une solidité étonnante pour une femme, s'appuie sur les meilleures autorités.

LÉZARDRIEUX, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), sur le Trieux, à 23 k. N. E. de Lannion; 2200 h.

LEZAY, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), sur la Dive, à 15 k. N. E. de Melle; 605 h.

LEZAY-MARNÉSIA (Adrien, marquis de), né à Metz en 1735, mort en 1800, fut député aux États généraux, voyagea en Amérique et revint dans sa patrie où il cultiva les lettres. On a de lui : Plan de lecture pour une jeune dame, 1784; un poëme sur la Nature champêtre, 1787; Lettres écrites de l'Ohio, 1792, etc. — Son fils, Adrien, comte de Lezaynésia, 1770-1814, fut préfet sous l'Empire et la Restauration, et périt de la manière la plus malheureuse, d'une chute de voiture, en allant au-devant du duc de Berry. Il publia quelques écrits politiques et littéraires: Les Ruines, ou Voyage en France, 1794; Pensées du cardinal de Retz, 1797.

LÉZIGNAN, ch.-l. de c. (Aude), à 25 k. O. de Narbonne; 2569 hab. Eaux-de-vie.

LEZOUX, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur la r. dr. de l'Allier, à 16 k. S. O. de Thiers; 3788 h.

LHASSA ou LASSA, capitale du Thibet et ch.-l. de la prov. d'Oueï, par 30° 43' lat. N., 89° 30' long. E.; de 40 à 60 000 hab. Siége du Dalaï-lama et résidence du vice-roi chinois. Magnifique temple, avec dôme doré, qui attira un nombre immense de pèlerins. Centre ou commerce du Thibet. — Fondée en 698.

LHÉRITIER (Ch. L.), botaniste, né à Paris en 1746, d'une famille de commerçants, fut procureur du roi à la maîtrise des eaux et forêts, puis conseiller à la cour des aides (1775), et quitta ses fonctions pour se livrer à l'étude de la nature. Ruiné par la Révolution, il accepta une place au ministère de la justice. Il périt en 1800, assassiné dans une des rues de Paris par une main qui resta inconnue. Il était de l'Institut depuis sa fondation. Il laissa une riche bibliothèque botanique. On a de lui : Stirpes novæ aut minus cognitæ, Paris, 1784; Cornus (monographie du cornouiller), 1788; Sertum anglicum, ou le Bouquet anglais (c'est une flore des jardins anglais, surtout du jardin de Kew), 1788. Il avait entrepris la Flore du Pérou, d'après l'herbier de Dombey, mais il n'a pu achever ce travail.

L'HERMINIER. V. LERMINIER.

L'HERMITE. V. PIERRE et TRISTAN.

LHOMOND (Ch. François), un des professeurs les plus recommandables de l'Université de Paris, né en 1727 à Chaulnes (Somme), mort à Paris en 1794, reçut les ordres, fut quelque temps principal du collége d'Inville à Paris, et passa de là au collége du Cardinal-Lemoine, où il se voua tout entier à l'instruction des enfants : pendant 20 ans qu'il y resta, il ne voulut professer que la sixième. Devenu professeur émérite, il employa ses loisirs à composer des ouvrages élémentaires, où il eut soin de mettre en pratique les conseils de Rollin et qui, presque tous, sont restés classiques. Il fut emprisonné en 1793 pour refus de serment; mais Tallien, l'un de ses anciens élèves, le fit rendre à la liberté. On a de lui : Éléments de la grammaire française; Éléments de la grammaire latine, .vulgairement appelé le Rudiment; Histoire abrégée de la Religion; Hist. abrégée de l'Église; Doctrine chrétienne; Epitome historiæ sacræ; De viris illustribus urbis Romæ', ouvrages qui ont été cent fois réimprimés. Sa ville natale lui a élevé une statue en 1860.

L'HÔPITAL, bourg de Savoie. V. ALBERTVILLE.

L'HÔPITAL (Michel de), chancelier, né en 1505 près d'Aigueperse en Auvergne, avait pour père un médecin attaché au connétable de Bourbon et qui avait suivi le prince dans son exil. Après avoir étudié à Milan et à Padoue, il suivit le barreau de Paris, puis obtint une charge de conseiller au parlement. Ses vertus et ses lumières attirèrent sur lui l'attention du chancelier Olivier, qui le fit envoyer comme ambassadeur au concile de Trente (1547). Marguerite de Valois, sœur de Henri II, le choisit pour son chancelier privé et le fit nommer par son frère surintendant des finances. Dans ce poste éminent, L'Hôpital réprima une foule d'abus et se signala par son intégrité et sa sévérité. En 1560 il fut élevé par François II à la dignité de chancelier de France; il conserva ce poste sous Charles IX. Ami de la tolérance, il fit tous ses efforts pour prévenir les querelles religieuses et pour rapprocher les Catholiques et les Protestants; il empêcha l'établissement de l'Inquisition en France, et fit proclamer la liberté de conscience; mais, après plusieurs années de lutte, voyant tous ses efforts échouer contre le fanatisme des partis, et connaissant d'ailleurs les projets sanguinaires de Catherine de Médicis et de Charles IX, il résigna les sceaux et se retira dans sa terre de Vignay près d'Étampes (1568). Signalé comme favorable aux Protestants, il faillit être atteint dans sa retraite par les massacres dé la St-Barthélemi (1572); il mourut peu de temps après, de douleur (1573). Ce magistrat intègre ne laissa aucune fortune. Pendant sa magistrature il fit rendre de sages ordonnances, qui le placent au nombre de nos premiers législateurs. L'Hôpital était aussi un écrivain distingué; il excellait surtout dans la poésie latine. Il reste de lui un Traité de la réformation de la justice, des Harangues, des Poésies latines et un Testament politique où l'on trouve d'intéressants détails sur sa vie. Ses Œuvres ont été publiées in 1824-26, 5 vol. in-8. Ses vers latins, recueillis par Pibrac, de Thou et Scévole de Ste-Marthe, ont été publiés dès 1585; ils ont été traduits plusieurs fois en français, notamment par Coupé, 1778, et par M. de Nalèche, 1857. Sa vie a été écrite par Lévesque de Pouilly, 1764, Bernardi, 1807, et par M. Villemain, 1827.

L'HÔPITAL (Guill. Fr. Ant., marquis de), profond mathématicien, né à Paris en 1661, était d'une famille ancienne, mais différente de celle du chancelier, et avait pour père un lieutenant général. Il montra de bonne heure d'étonnantes dispositions pour la géométrie, et résolut à 15 ans le problème de la cycloïde, dont Pascal seul avait pu trouver la solution. Il servit quelque temps dans la cavalerie, mais il quitta bientôt les armes pour se livrer aux sciences. J. Bernouilli étant venu à Paris en 1692, L'Hôpital s'enferma pendant 4 mois avec lui pour étudier le calcul différentiel que venait d'inventer Leibnitz; bientôt il égala ses maîtres et put résoudre les problèmes les plus difficiles. En 1696 il publia l’Analyse des infiniments petits, ouvrage capital, où il exposait de la manière la plus lucide cette nouvelle branche des mathématiques; il achevait un Traité analytique des sections coniques (publié en 1707), lorsqu'épuisé par des travaux excessifs, il fut enlevé par une maladie, à 43 ans (1704). Il avait été reçu dès 1693 à l'Académie des sciences.

L'HÔPITAL (Nic. de), maréchal de France. V. VITRY .

LIA, fille aînée de Laban, fut substituée par ruse à sa sœur Rachel, que Jacob avait demandée en mariage, et devint ainsi la femme de Jacob. Elle en eut 6 fils : Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon, et une fille, Dina.

LIADIÈRES (Ch. de), né à Pau en 1792, m. en 1858, servit dans le génie, accueillit la Révolution de 1830, et devint officier d'ordonnance du roi Louis-Philippe, conseiller d'État et député des Basses-Pyrénées. Unissant le goût des lettres aux occupations de la vie politique, il composa plusieurs tragédies dans le genre demi-classique : Conradin et Frédéric (1820), Jean sans Peur (1821), Jane Shore (1824), Walstein (1829), qui eurent quelques succès. En 1844, il écrivit une comédie politique, les Bâtons flottants, qui fut interdite pour allusions politiques et qui ne put être représentée qu'en 1851.

LIAIKHOV (archipel). V. SIBÉRIE (NOUVELLE-).

LIAKOURA, nom moderne du Parnasse.

LIAMONE, Cercidius, riv. de la Corse, sort du mont Rotundo, coule au S. O., et se jette dans la Méditerranée à 17 kil. N. d'Ajaccio, après un cours de 44 k. En 1793 cette rivière donna son nom à l'un des deux départements de la Corse; il en comprenait la partie méridionale, et avait pour ch.-l. Ajaccio.

LIANCOURT, ch.-l. de c. (Oise), à 8 kil. S. E. de Clermont et sur le chemin de fer de Paris à Amiens; 2201 h. Château et parc, en partie détruits; statue de La Rochefoucauld-Liancourt. Filatures de coton, fabriq. de croisés, linge de table. Titre d'un duché qui, après avoir appartenu aux ducs de La Roche-Guyon, passa à une branche de la maison La Rochefoucauld.

LIANCOURT (Jeanne DESSCHOMBERG duchesse de), née en 1600, morte en 1674, était fille de Henri de Schomberg, maréchal de France. Esprit cultivé, elle parlait plusieurs langues et faisait de jolis vers. Elle n'avait pas moins de piété que de talents, et recevait chez elle Arnauld, Pascal et les solitaires de Port-Royal. On a d'elle un opuscule intitulé : Règlement donné par une dame de haute qualité à Mme*** (la princesse de Marsillac), pour sa conduite et celle de sa maison (posthume), 1698. Elle avait épousé Roger de Liancourt du Plessis, duc de La Roche-Guyon, et fut mère de Jeanne Charlotte de Liancourt, mariée en 1659 à François de La Rochefoucauld, fils de l'auteur des Maximes : c'est par ce mariage que la terre et le nom de Liancourt passèrent dans la maison La Rochefoucauld. — V. LA ROCHEFOUCAULD.

LIAO, riv. de l'Empire chinois, naît par 134° 30' long. E., 42° 52' lat. N.; coule à l'O., puis au S. E.; baigne la province de Ching-king, et tombe, après un cours de 850 k., dans la mer Jaune, où il forme le golfe de Liao-toung (partie sept. du golfe de Tchi-li).

LIBAN, Libanus (d'un mot hébreu qui veut dire blanc), chaîne de montagnes de Syrie, commence dans le S. O. du pachalik d'Alep, près de la riv. g. de l'Aasi (Orontes), aux environs d'Antakieh (Antioche); sépare les pachaliks de Damas et de Tripoli, traverse le N. du pachalik d'Acre et se termine non loin de Sour (Tyr); son développement est de 450 k. : les monts Carmel, Thabor et Garizim en dépendent. Le Liban se divise en 2 branches, la branche occid. ou Liban proprement dit, et la branche orientale ou Anti-Liban. Ses plus hauts sommets atteignent 4800m. Les Arabes donnent au Liban le nom de Djebel (c.-à-d. 'a montagne), et à l'Anti-Liban celui de Djebel-el-Chaïk. Les anciens nommaient Cœlésyrie ou Syrie creuse la vallée comprise entre ces deux chaînes. Le Liban était célèbre autrefois par ses cèdres; on n'y trouve plus guère aujourd'hui que des figuiers, des chênes, des lauriers et des cyprès. Le Liban est habité par les tribus guerrières et presque indépendantes des Maronites, des Druses et des Métualis, qui sont presque toujours en guerre. En 1860, les Druses, encouragés par les Turcs, firent un horrible massacre des Maronites, ce qui nécessita l'intervention européenne. Le Liban fut longtemps gouverné par la famille Chihâb, dont le dernier chef fut l'émir Béchir.

LIBANIUS, rhéteur grec, né à Antioche l'an 314 de J.-C., enseigna avec un grand succès dans les écoles de Constantinople, de Nicomédie, d'Antioche, et compta, quoique païen, S. Basile et S. Jean-Chrysostôme au nombre de ses disciples. Il jouit d'une grande faveur auprès de l'empereur Julien, qui voulut l'élever aux honneurs; mais il préféra rester dans une condition privée. Néanmoins, il eut des ennemis et des envieux qui l'accusèrent de magie et qui réussirent un instant à le faire bannir (346). Il mourut à Antioche vers 390. On a de lui des Harangues, dont la meilleure édition est celle de Reiske, Altenbourg, 1791-97; des Lettres, publiées par J. Ch. Wolf, Amst., 1738, et des Fragments, retrouvés par Siebenkees, Angelo Mai et Boissonade. Libanius est le premier des rhéteurs de son siècle : il a du savoir et de l'imagination; son style, riche et brillant, se ressent peu du mauvais goût de l'époque. Eunape a écrit sa Vie.

LIBAU, v. de la Russie d'Europe (Courlande), sur la Baltique, à 165 kil. O. de Mittau; 10 000 hab., dont un cinquième Israélites. Port peu profond, mais sûr.

LIBAVIUS (André), savant allemand, né à Halle vers 1560, m. en 1616, cultiva également les lettres et les sciences, se fit recevoir médecin et devint recteur du gymnase de Cobourg en 1606. Il est le premier qui ait parlé de la transfusion du sang. On a de lui plusieurs ouvrages de chimie, dans lesquels il combat la doctrine de Paracelse. Le principal est son Alchemia, Francf., 1606, in-f. On lui doit le bichlorure d'étain, qui est encore connu sous le nom de Liqueur fumante de Libavius, et qui est employé comme mordant dans la teinture en écarlate.

LIBER, un des surnoms de Bacchus. V. BACCHUS.

LIBERALIS (ANTONINUS). V. ANTONINUS.

LIBERALITAS JULIA, v. de Lusitanie, auj. Évora.

LIBÈRE (S.), Marcellinus Felix Liberius, pape de 352 à 356, assembla plusieurs conciles pour décider entre Athanase et Arius, et fut exilé de Rome par l'empereur Constance pour n'avoir pas voulu souscrire à la condamnation d'Athanase. Ébranlé par les rigueurs de l'exil, il signa la formule du premier concile de Sirmium, qui pouvait favoriser les Ariens : ce qui le fit rappeler par l'empereur; mais, regrettant bientôt cette concession, il se rapprocha d'Athanase et mourut saintement. On l'honore le 24 sept.

LIBERGIER ou LE BERGER (Hugues), célèbre architecte du XIIIe siècle, a construit la magnifique cathédrale de Reims, et a commencé dans cette ville l'église de St-Nicaise, qui fut détruite pendant la Révolution. Il mourut en 1263.

LIBERIA, colonie américaine, située dans la Guinée sept., entre la colonie anglaise de Sierra-Leone et le cap Palmas, par 4° 7° lat. N. et 11° 14° long. O.; 300 000 hab. environ; capit., Monrovia. Le nom de Libéria signifie que cette colonie ne doit être habitée que par des hommes libres : elle est en effet destinée à recevoir les noirs affranchis des États-Unis. — Fondée en 1821 par des nègres affranchis sous le patronage de la Société de colonisation américaine, elle eut une constitution en 1848, et fut reconnue la même année par la France, l'Angleterre et la Belgique. Son premier président fut le mulâtre Roberts et sa première législature siégea en 1851.

LIBERTAD, prov. du Pérou. V. LIVERTAD.

LIBERTÉ. Les Romains en faisaient une divinité, fille de Jupiter et de Junon. Elle était représentée un sceptre dans la main, portant un bonnet phrygien sur la tête, ayant à ses pieds un chat, symbole d'indépendance, et un joug brisé.

LIBES (Ant.), physicien, né à Béziers en 1762, m. en 1832, fut professeur de physique aux Écoles centrales et au lycée Charlemagne. On lui doit la découverte de l’électricité par contact. Il a publié : Physicæ conjecturalis elementa, 1788; Physique chimique, 1796; Théorie de l'élasticité, 1800; Traité élémentaire de Physique, 1802; Dictionn. de Physique, 1806; Histoire des progrès de la Physique, 1810.

LIBETHRA, auj. Lefto-Koryo, v. de Macédoine (Piérie), sur le golfe Thermaïque, près du mont Olympe et de la Thessalie. On y voyait le tombeau d'Orphée. — Fontaine de Béotie, voisine du mont Hélicon, était consacrée aux Muses, d'où leur nom de Libéthrides.

LIBIQUES, Libici, Libui, peuple ligurien de la Gaule Transpadane, habitait sur les deux rives de la Sesia, et avait pour ch.-l. Vercellæ (Verceil). .

LIBITINE, déesse qui présidait aux funérailles chez les Romains. On nommait Libitinaires les entrepreneurs des funérailles, et Porte Libitine la porte des amphithéâtres par laquelle on emportait les cadavres des gladiateurs tués dans l'arène.

LIBOURNE, ch.-l. d'arr. (Gironde). à 31 kil. N. E. de Bordeaux par la route, à 35 par en. de fer, près du confluent de la Dordogne et de l'Isle; 10 269 h. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége. Port, beau pont. Bibliothèque, athénée; haras. — Fondée par le roi d'Angleterre Édouard I en 1286, sur les ruines de l'anc. Condate, poste militaire des Romains; plusieurs fois prise et reprise du XIVe au XVIIe siècle, notamment par Du Guesclin en 1377, par Dunois en 1451, par Talbot en 1452. Le parlement de Bordeaux y siégea en 1473, 1514, 1528, 1547 et 1787. La coutume de Bordeaux y fut rédigée en 1520. Cette ville fut fortifiée par Condé pendant la Fronde, et prise par le duc de Vendôme.

LIBURNICUS PORTUS, v. d'Italie, auj. Livourne.

LIBURNIE, Liburnia, auj. Croatie maritime, partie de l'Illyrie anc., entre l’Arsia (Arsa) et le Titius (Kerka), s'étendait le long de l'Adriatique, et était bornée au S. par la Dalmatie; elle avait pour capitale Iadera et pour autres villes Arsia, Flanona, Foretani, Senia, Ænona, Scardona. Les Liburniens s'adonnaient à la piraterie; leurs navires, à voiles et à rames, étaient fort légers : les Romains les adoptèrent et donnèrent le nom de Liburnes à des bâtiments qui jouèrent un grand rôle dans leur marine : c'est surtout à ses Liburnes qu'Octave dut la vict. d'Actium. La Liburnie fournissait Rome de porte-faix : ce qui fit donner le nom de Liburnes à ceux qui faisaient ce métier.

LIBUSSA, fille de Croc, un des premiers princes de la Bohême, succéda à son père vers 720; gouverna un instant seule, puis épousa Przémysl, fondateur de la maison qui porte son nom, et mourut vers 735. Elle passait pour habile dans l'art de prédire.

LIBYE, Libya, nom grec de l'Afrique, s'entendait surtout des pays situés à l'O. de l’Égypte, c.-à-d. le désert de Barca, le beylik de Tripoli, le Kordofan, le Darfour, etc. Plus tard on nomma : Libye intérieure, les contrées au S. de l'Atlas (Maroc méridional, Sahara); et Libye extérieure, l'anc. Libye, notamment le littoral compris entre l’Égypte et la Tripolitaine, littoral qui se subdivisait lui-même en Libye supérieure (Marmarique), entre l’Égypte et la Cyrénaïque, et Libye inférieure (Cyrénaïque et Pentapole), s'étendant de la Libye supérieure à la Tripolitaine.

LIBYE (Désert de), entre le Barca et Siouah au N., la Nigritie à l'E. et au S., l’Égypte à l'O., s'étend de 15° à 25° long. E., et de 26° à 30° lat. N.

LIBYQUE (Mer), Libycum mare, golfe de la Méditerranée, sur la côte d'Afrique, s'étendait de Parætonium au cap Hermæum, comprenant les deux Syrtes.

LIBYSSA, auj. Gebsé, v. de Bithynie, sur la Propontide, entre Chalcédoine et Nicomédie. Annibal exilé y résida; c'est là qu'il se donna la mort.

LICETI (Fortunio), né en 1577 à Rapallo (État de Gênes), mort en 1657,fut successivement professeur de philosophie à Pise, à Padoue, à Bologne, et se montra en toute occasion zélé péripatéticien. On a de lui de curieuses dissertations : De ortu animæ humanæ, Gênes, 1602; De his qui diu vivunt sine alimente, Padoue, 1612; De monstrorum causis, 1616; De spontaneo viventium ortu, 1618; De animarum immortalitate, 1629; De annulis antiquis, Udine, 1C45; et des Lettres, Bologne, 1640.

LICH, v. du grand-duché de Hesse-Darmstadt, à 5 k. S. E. de Giessen; 3000 hab. ; ch.-l. de la principauté de Solms-Lich. Château du prince.

LICHAS, messager d'Hercule, apporta au héros, de la part de Déjanire, la tunique teinte du sang de Nessus. Hercule ne l'eut pas plus tôt revêtue qu'il devint furieux : il saisit l'infortuné Lichas et le précipita dans la mer d'Eubée, où il fut changé en rocher.

LICHFIELD, v. d'Angleterre (Stafford), à 22 kil. N. de Birmingham; 7000 hab. Évêché en commun avec Coventry. Belle cathédrale avec une riche bibliothèque. Bière renommée. Patrie de Sam. Johnson.

LICHTENBERG (Principauté de), petit État de l'Allemagne (Prusse rhénane), au N. E. de la Bavière Rhénane, appartient à la Prusse depuis 1834 (elle dépendait précédemment du duché de Saxe-Cobourg-Gotha) : 44 kil. sur 13; 38 000 hab. Avant 1819, on la nommait seigneurie de Baumholder.

LICHTENBERG (G. Christ.), physicien et moraliste, né en 1742 à Ober-Ramstædt près de Darmstadt, mort en 1799, devint en 1771 professeur de physique à Gœttingue, et découvrit la diversité des figures que forme la poussière répandue sur la surface des corps électrisés; mais il se fit surtout remarquer par des écrits satiriques. Il écrivit contre Lavater une satire intitulée Timorus, 1773, et la Physiognomonie des Queues, parodie de son système, 1778. Il donna, sous forme d’Explication des planches d'Hogarth, des peintures de caractères d'une vérité frappante et d'utiles leçons de morale, et publia des Observations sur lui-même, sorte de confessions pleines de franchise. Ses Œuvres satiriques ont été publiées par son fils Gœttingue, 1800, 9 v. (2e édit., 1844, 6 v.).

LICHTENSTEIN (Principauté de). Il y en a deux : l'une qui dépend du roy. de Saxe et qui a pour capit. une ville de même nom, située à 12 k. N. E. de Zwickau; 4050 hab.; l'autre indépendante et qui est un des États de l'Allemagne du S. : celle-ci située entre le Tyrol et la Suisse; 7300 h.; ch.-l. Vadutz. Elle s été formée du comté de Schellenberg et de la seigneurie de Vadutz, et érigée en État souverain en 1723. Le prince de Lichtenstein possède de vastes domaines en Autriche et réside ordinairement à Vienne.

LICHTENSTEIN (J. Wenceslas, prince de), général autrichien, né à Vienne en 1696, mort en 1772, remporta sur les Français la victoire de Plaisance, 1746. Il avait été de 1738 à 1741 ambassadeur en France. Ce prince avait formé une célèbre galerie de tableaux.

LICINIUS STOLO (C.), tribun du peuple en 376 av. J.-C., obtint, au bout de plusieurs années de persévérance et d'efforts, que l'un des 2 consuls serait toujours pris parmi les plébéiens (366). Il recueillit un des premiers le fruit de la loi, et fut nommé lui-même consul les années 364 et 361. On dit que Stolo ne proposa cette loi que pour satisfaire la vanité de sa femme, fille de Fabius Ambustus, laquelle était jalouse des honneurs qu'on rendait à sa sœur, parce qu'elle avait épousé un patricien, tribun militaire. Stolo fit en outre porter la loi qui défendait d'avoir plus de 500 jugera (env. 126 hectares); plus tard, il fut puni pour avoir contrevenu lui-même à cette loi.

LICINIUS CALVUS (C.), orateur, né vers 82 av. J.-C., mort à l'âge de 30 ans, était fils de l'annaliste C. Licinius Macer, ancien préteur, qui s'étrangla au moment où fallait être condamné pour concussion (66). Il se distingua de bonne heure au barreau, en même temps que Cicéron : à l'éloquence il joignait un grand talent pour la poësie et fut l'ami de Catulle. Il avait composé des élégies, une entre autres sur la mort de Quintilia, sa maîtresse, et une pièce satirique contre César. On a de lui quelques fragments, dans le Corpus poetarum de Maittaire.

LICINIUS LICINIANUS (C. Flavius), empereur romain, fils d'un paysan dace, fut d'abord simple soldat, et s'avança tellement dans la faveur de l'empereur Galerius, son compatriote, que celui-ci finit par l'associer à l'empire, l'an 307 : il reçut, avec le titre d'Auguste, le gouvernement de la Pannonie et de la Rhétie. Après s'être défait de plusieurs compétiteurs, il resta, avec Constantin, seul maître de l'empire, en 312, et régna sur l'Orient; mais bientôt la guerre s'alluma entre ces deux princes : Licinius, malgré sa bravoure, fut vaincu à Cibalis et à Mardie (314), et accepta une paix onéreuse. Moins heureux encore dans une 2e guerre, il fut battu à Andrinople et à Chrysopolis (323). Il s'enfuit à Nicomédie, mais il tomba entre les mains de Constantin, qui la relégua à Thessalonique, puis le fit étrangler sous prétexte de conspiration, 324. Licinius était un des princes les plus cruels. Il fut tour à tour favorable et contraire aux Chrétiens.

LICOSA (cap de), Posidium prom., cap d'Italie, à l'entrée O. du golfe de Salerne, par 40° 14' lat. N.

LICTEURS, lictores, officiers subalternes qui étaient chargés à Rome de précéder et de garder les principaux magistrats. 24 licteurs marchaient devant le dictateur, 12 devant les consuls, 6 devant les préteurs; ils marchaient sur une seule file, les uns derrière les autres. Ils portaient des faisceaux de verges, du milieu desquels sortait une hache. Ils écartaient la foule sur le passage du magistrat, frappaient avec leurs faisceaux à la porte de ceux qu'il visitait, et exécutaient ses sentences. Dans ce cas, ils attachaient le criminel à un poteau, le battaient de verges, ou lui tranchaient la tête avec leur hache. On les nommait licteurs, a ligando, parce qu'ils liaient le coupable.

LICUS, riv. de Vindélicie, auj. le Lech.

LIDI (I), c.-à-d. les Bords, chaîne de 7 îles qui s'étendent sur les bords de l'Adriatique, en décrivant une courbe devant les lagunes de Venise, de l'emb. de la Brenta à celle de la Piave. Elles ont été formées par des atterrissements successifs, et sont auj. couvertes de jardins charmants. Les principales sont le Lido-di-Palestrina, à 15 k. de Venise, et le Lido-di-Sotomarina, à 28. Elles ont environ 2000 h. chacune.

LIÉBAULT (Jean), agronome et médecin du XVIe siècle, né à Dijon vers 1535, mort en 1596, vint de bonne heure à Paris où il épousa la fille de l'imprimeur Ch. Estienne, et exerça la médecine avec succès. Il acheva et mit en français le Prædium rusticum de Ch. Estienne, sous le titre de Théâtre d'agriculture et Maison rustique, Paris, 1564 et 1570, ouvrage qui a servi de base à toutes les Maisons rustiques publiées depuis, et donna lui-même : Thesaurus sanitatis, 1577; De sanitate et morbis mulierum, 1582; De cosmetica, 1582, ouvrage qui fut trad. en français dès la même année.

LIÉGE, Leodum, Leodicum, Legia en latin, v. de Belgique, ch.-l. de la prov. de Liége, sur la Meuse, au confluent de ce fleuve avec la Légie et l'Ourthe, a 114 kil. S. E. de Bruxelles ; 85 000 hab. Évêché, université (fondée en 1816). Mauvaises fortifications; 10 faubourgs; 3 grands ponts; beaux canaux bordés d'arbres: monuments divers (cathédrale, plusieurs églises; hôtel de ville, bâtiment de l'université, etc.). Société d'émulation pour sciences et arts. Industrie immense (papier, verre, armes à feu, tissus de soie). Fonderie de zinc de la Vieille-Montagne. Aux environs, riches mines de houille qu'on exploite depuis 1178, alunières, etc. Commerce très-vaste. Patrie de Lairesse, de Rennequin, de Grétry, etc. Liége existait au VIe siècle. Elle doit son importance à S. Hubert, qui y transporta en 708 le siége épiscopal de Maastricht. Elle fut longtemps le ch.-l. d'un évêché indépendant (V. ci-après). En 882, les Normands la saccagèrent. Henri, duc de Brabant, la prit et la pilla en 1212; Jean, duc de Bourgogne, la prit en 1408, après avoir tué 25 000 Liégeois. Charles le Téméraire s'en empara à son tour en 1468; Louis XI, qui avait soulevé les Liégeois contre le duc de Bourgogne, fut forcé de l'accompagner à ce siége. Souvent prise par les Français à partir du XVIIe siècle, et en dernier lieu en 1794, Liége fit partie de la France jusqu'en 1814; elle était le ch.-l. du dép. de l'Ourthe. — La prov. de Liége, entre celles de Limbourg au N., de Namur et du Brabant mérid. à l'O., le grand-duché de Luxembourg au S., les États prussiens à l'E., forme 4 arr., Huy, Liège, Verviers et Waremme; 150 k. sur 100; 475 000 hab. Pays montueux. Sol varié, en général maigre. Carrières et mines, industrie active.

LIÉGE (Évêché de), ancien pays souverain de l'empire d'Allemagne, était compris, depuis l'an 1500, dans le cercle de Westphalie. Il renfermait 7 contrées distinctes : la Campine liégeoise, le pays d'Hasbain, les comtés de Hornes et de Looz, et les pays de Condroz, de Franchimont et de Stavelot. — Primitivement habité par les Eburones et les Condrusi, ce pays fut ensuite compris dans le roy. d'Austrasie. C'est au XIe siècle que les évêques de Liége y établirent leur souveraineté. Aux XIVe et XVe siècles, ils eurent souvent à réprimer des révoltes de la part des bourgeois de Liége. Cependant, malgré ces troubles et les attaques des peuples voisins, ils parvinrent à y conserver une sorte de souveraineté jusqu'au traité de Lunéville (1801). Après la conquête des Français, ce pays fut réparti entre les dép. de l'Ourthe, de la Meuse-Inférieure et de Sambre-et-Meuse. Auj. il appartient à la Belgique, où il forme la prov. de Liége et une partie de celles de Limbourg et de Namur.

LIEGNITZ, Lignitia, v. murée des États prussiens (Silésie), ch.-l. de régence, à 60 kil. O. de Breslau; 18 000 hab. Vieux château des ducs de Liegnitz; belles églises, hôpitaux, lazaret. Établissements d'instruction et collections. Industrie : bleu de Prusse, bas de soie, toile, etc. Défaite des Polonais par les Tartares (1241); des Impériaux par les Saxons (1634) et par Frédéric II (1760). — Liegnitz appartint longtemps à des ducs particuliers; leur dynastie s'étant éteinte en 1675, le duché revint à l'empereur d'Allemagne, auquel le roi de Prusse l'enleva, avec le reste de la Silésie. Depuis, la principauté de Liegnitz a été donnée par le roi Frédéric-Guillaume III à sa 2e femme. — La régence de Liegnitz a 180 kil. sur 130 et compte 950 000 hab.

LIÉOU-KIÉOU, groupe d'îles formant un État tributaire de la Chine, dans l'océan Pacifique, entre le Japon au N., la Chine à l'O. et les îles Madjicosimah au S. O.. par 26°-27°40' lat. N., et 124° 50'-126' 45' long. E. Elles sont au nombre de 37, dont les principales sont la grande et la petite Liéou-kiéou, Komisang, et Lun-houn ; env. 80 000 h.; capitale, Zieuly ou Napa, dans la grande Liéou-Kiéou. Les productions de ces îles, les mœurs, les coutumes, sont celles de la Chine; la religion de Fô y domine. Les Chinois les connurent seulement vers l'an 605 de J.-C.; ils les disputèrent longtemps au Japon, et en restèrent maîtres en 1372. Elles ont été ouvertes au commerce américain en 1853.

LIER ou LIERRE, v. de Belgique (Anvers), au confluent des deux Nèthes, à 17 k. S. E. d'Anvers; 15 000 h. Belle église collégiale. Bière renommée, indiennes, moulins à huile, etc. Ville importante au moyen âge.

LIERNAIS, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or), à 60 kil. N. O. de Beaune ; 1107 hab. Patrie de L. Bureau.

LIESSE. V. NOTRE-DAME-DE-LIESSE.

LIESTALL ou LICHSTALL, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Bâle-Campagne (formé en 1833), sur l'Ergolz, à 14 k. S. E. de Bâle; 3000 hab.

LIEUSAINT ou, par corruption, LIEURSAINT, Vge du dép. de Seine-et-Marne, à 14 kil. N. O. de Melun, sur le ch. de fer de Lyon; 600 hab. Vastes pépinières. Moutons, mérinos.

LIEUTAUD (J.), médecin, membre de l'Académie des sciences, et médecin de Louis XVI, né à Aix en 1703, mort à Paris en 1780, a donné entre autres ouvrages : Essais anatomiques, Paris, 1742; Elementa physiologiæ, 1749; Synopsis universæ Praxeos medicæ, 1765 et 1770; Historia anatomico-medica, 1767; Précis de la médecine pratique, 1776.

LIEUTENANT (de locum tenens, tenant lieu), officier militaire ou civil chargé de suppléer ou seconder des officiers supérieurs. En France, avant la Révolution, on nommait : Lieutenant civil, le second magistrat du Châtelet de Paris; c'était le substitut du prévôt de Paris; il jugeait les contestations relatives aux héritages, affaires de mineurs, interdictions, demandes en séparation, levées de scellés, inventaires, etc.; — Lieutenant criminel, un magistrat, du Châtelet de Paris qui prononçait sur tous les crimes et délits commis dans Paris ou ses environs, de quelque nature qu'ils fussent; il jugeait même sans le concours d'aucun conseiller, et assisté seulement d'un avocat du roi, les causes de simple police : il y avait un lieutenant criminel dans toutes les juridictions royales de l'ancienne France; — Lieutenant général de la police, un magistrat chargé de veiller à la sûreté et à l'assainissement de la capitale; cette magistrature fut créée en 1667 et confiée à La Reynie (V. ce nom). Sous Louis XV, les attributions du lieutenant de police acquirent une grande étendue; il eut le droit de disposer de la liberté de tous les citoyens de Paris et des étrangers; c'était lui qui signait les lettres de cachet. Cette magistrature fut remplacée plus tard par le ministre de la police, et enfin (pour Paris seulement) par le préfet de police; — Lieutenant général du royaume, celui qui était revêtu en tout ou en partie de l'autorité royale. — Pour plus de détails, V. notre Dict. univ. des Sciences.

LIEUVIN, Lexovii des anciens, Lisvinus ou Lexuinus pagus au moyen âge, partie de la Hte-Normandie, entre la Seine, le pays d'Ouche, le Roumois, la campagne de Neubourg, le pays d'Auge; places : Lisieux, Orbec, Honfleur. Auj. partie des dép. du Calvados et de l'Eure.

LIEVEN, famille noble de Livonie et de Courlande, établie en Suède, puis en Russie, a fourni aux deux pays de hauts dignitaires. Le plus connu est le prince Christophe de L., général russe, né vers 1770, m. en 1839, qui fut ambassadeur à Berlin et à Londres de 1810 à 1834, puis gouverneur du prince Alexandre, depuis empereur. Il eut part aux traités les plus importants, notamment à ceux qui assurèrent l’indépendance de la Grèce et de la Belgique. — Sa femme, née Dorothée de Benkendorf, 1784-1857, remarquable par son esprit, son jugement et l’aménité de son caractère, avait fait de son salon à Londres le rendez-vous des hommes les plus distingués. Elle passa ses dernières années à Paris, où elle se vit également recherchée, surtout par les plus hauts personnages politiques.

LIFFOL, 2 bourgs de Lorraine : L.-le-Grand, dit aussi Morvilliers, dans les Vosges (V. MORVILLIERS) ; L.-le-Petit, dans la Hte-Marne, à 5 kil. O. du 1er. On place à Liffol-le-Petit la bat. de Latofao.

LIFFRÉ, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 18 kil. N. E. de Rennes ; 2779 hab,

LIGARIUS (Q.), lieutenant du proconsul d’Afrique C. Considius, était chargé du gouvernement de cette province lorsqu’éclata la guerre civile. Il prit parti contre César et combattit avec Métellus Scipion et Caton à la bataille de Thapse, 46 av. J.-C. Accusé pour ce fait devant César lui-même, il était condamné d’avance ; mais Cicéron plaida avec une telle éloquence que César laissa tomber de sa main le papier qui contenait sa condamnation, et pardonna. Ligarius conspira néanmoins avec Brutus contre César.

LIGER, LIGERIS, fleuve de Gaule, auj. la Loire.

LIGERULA (L.), agronome, né à Auxerre, en 1658, m. en 1717, a laissé : Économie générale de la campagne, Paris, 1700, ouvrage imité de celui de Ch. Estienne, et refondu sous le titre de Nouvelle maison rustique ; le Jardinier fleuriste, 1704, Nouveau Théâtre d’agriculture, 1712 ; Dictionnaire pratique du bon ménager, 1715 ; réimpr. depuis sous le titre de Dictionnaire universel de l’agriculture.

LIGERULA, riv. de Gaule, auj. le Loiret.

LIGIER-RICHIER, sculpteur. V. RICHIER.

LIGNAC (J. A. LELARGE, abbé de), oratorien, d’une famille noble de Poitiers, 1710-62, suivait les doctrines de Descartes et de Malebranche. On a de lui : Lettres à un Américain sur l’Histoire naturelle de Buffon, 1751, où il combat quelques idées hasardées de l’auteur ; Métaphysique tirée de l’expérience, 1753 ; Examen du livre De l’Esprit (d’Helvétius), 1759.

LIGNE, Lignum, bourg de Belgique (Hainaut), sur la Dendre, à 5 k. O. d’Ath et 24 de Tournay ; 1200 h. Il a donné son nom à l’illustre maison des princes de Ligne. Cette maison, connue dès le XIIe s., a fourni à l’Empire des généraux distingués. La terre de Ligne, après avoir été successivement baronnie, comté, fut érigée en principauté en 1601. C’est de cette maison que sont sortis les princes et les ducs de Barbançon, d’Aremberg, d’Aarschot, de Croy, de Chimay.

LIGNE (Ch. Jos., prince de), général au service de l’Autriche, célèbre à la fois par son esprit, par les grâces de sa personne et par ses talents militaires, né à Bruxelles en 1735, de la noble famille des princes de Ligne, m. en 1814. Il prit du service dès que l’âge le lui permit (1752), se distingua dans les armées autrichiennes pendant la guerre de Sept ans, ainsi que dans les campagnes qui suivirent, et fut nommé en 1771 lieutenant général. Il jouit de la faveur de Marie-Thérèse et surtout de Joseph II ; fut chargé par ce prince en 1782 d’une mission en Russie auprès de Catherine II, qui l’admit bientôt dans son intimité et lui fit don d’une terre en Crimée ; il se joignit en 1788 au général russe Potemkin contre les Turcs, et contribua beaucoup à la prise de Belgrade (1789). Injustement soupçonné d’avoir pris part a la révolte des Pays-Bas contre l’Autriche, il fut écarté des affaires ; cependant François II lui donna en 1808 le titre de feld-maréchal. Le prince de Ligne avait à plusieurs reprises séjourné en France et y avait reçu l’accueil le plus flatteur : aussi conserva-t-il toujours de l’attachement pour notre pays. On cite de ce prince une foule de saillies spirituelles. Il a laissé un grand nombre d’écrits, tous en français, qui brillent par le piquant et l’originalité. Ses Œuvres, qui forment plus de 30 vol. in-12, Vienne et Dresde, 1807, se divisent en écrits militaires (parmi lesquels on remarque un Journal des guerres auxquelles il prit part, et une Vie du prince Eugène) ; et œuvres diverses en prose et en vers (on estime surtout son Essai sur les jardins). Mme de Staël a donné un vol. de Lettres et Pensées du prince de Ligne, 1809. Malte-Brun a publié ses Œuvres choisies, 1809, 2 vol. in-8. Elles ont été réimprimées en 1860, à Paris et à Bruxelles, avec une Étude par A. Lacroix, 4 v. in-18.

LIGNÉ, ch.-l. de cant. (Loire-Inf.), à. 16 k. N. O. d’Ancenis ; 2368 hab. Château en ruines.

LIGNIÈRES, ch.-l. de c. (Cher), sur l’Arnon, à 24 kil. O. de St-Amand ; 2397 hab. Ch.-l. d’une seigneurie qui fut possédée par Colbert.

LIGNON. Plusieurs petites rivières de France portent ce nom. La principale sort des monts du Forez et joint la Loire au-dessus de Feurs, après un cours de 49 kil. de l’O. à l’E. Elle jouit d’une certaine célébrité, qu’elle doit au roman de l’Astrée (de d’Urfé). Une 2e coule dans la Hte-Loire (arr. d’Yssingeaux).

LIGNY, bourg de France, ch.-l. de cant. (Meuse), à 16 kil. S. E. de Bar-sur-Ornain ; 2839 hab. prise par les Impériaux en 1544. Titre d’une anc. seigneurie, puis d’un comté, qui passa aux XIIIe s. de la maison de Bar dans celle de Luxembourg, et qui fut racheté en 1719 par le duc de Lorraine.

LIGNY, vge de Belgique (Namur), à 20 k. N. O. de Namur ; 1200 hab. Napoléon y battit les alliés le 16 juin 1815 : cette bataille est aussi connue sous le nom de Bat. de Fleurus.

LIGNY-LE-CHATEL, ch.-l. de canton (Yonne), à 21 k. N. E. d’Auxerre ; 1582 hab.

LIGORI, LIGORISTES. V. LIGUORI.

LIGORIO (Pirro), peintre, architecte et antiquaire, né à Naples au commencement du XVIe s., mort en 1583, succéda à Michel-Ange dans la direction des travaux du Vatican ; mais, n’ayant pas consenti à suivre ponctuellement les plans de son prédécesseur, il perdit son emploi, 1568. Il se retira à Ferrare, où le duc Alphonse II le prit pour architecte. Il fit sur les monuments antiques de nombreuses recherches, et en consigna les résultats dans de nombreux ouvrages restés manuscrits, et qui se trouvent à la bibliothèque de Turin (ils forment 30 vol. in-fol.). On a accusé Ligorio, mais sans fondement suffisant, d’avoir falsifié des inscriptions et des médailles.

LIGUE. On désigne sous ce nom, tantôt une association temporaire formée entre des souverains, des États ou des individus pour atteindre un but commun, politique ou religieux, tantôt une confédération permanente entre diverses villes ou divers pays qui se réunissent pour former un même État ou défendre les mêmes intérêts. Parmi les ligues du 1er genre, on connaît surtout, chez les anciens, la Ligue Achéenne et la Ligue Étolienne (V. ACHÉENS et ÉTOLIE) ; chez les modernes, les Ligues d’Augsbourg, de Cambray, de Ratisbonne, de Smalkalde, etc. (V. ces noms) ; la Ligue du Bien Public sous Louis XI, la Ligue sainte, sous Louis XII, la Sainte-Union ou Ligue proprement dite (V. ci-après). — Parmi les ligues du 2e genre, nous citerons les 3 ligues des Grisons en Suisse, dites Ligue Grise, L. Cadée, L. des Dix Juridictions (V. GRISONS), la Ligue des Villes lombardes (V. LOMBARDIE), la Ligue Hanséatique. V. HANSÉATIQUES (Villes).

LIGUE (la), dite aussi Sainte-Union, confédération du parti catholique en France, fut formée en 1576 par Henri, duc de Guise, à l’instigation du cardinal de Lorraine. Elle avait ostensiblement pour but de défendre la religion catholique contre les hérétiques, mais elle tendait bien plutôt à renverser Henri III et à faire passer la couronne dans la maison de Guise. Elle eut pour occasion l’édit de pacification que Henri III venait de rendre à Beaulieu en faveur des Protestants ; le formulaire qui la constituait fut signé à Péronne le 12 fév. 1577. Henri III eut la faiblesse d’adhérer à la Ligue et s’en déclara le chef, croyant par là déjouer les projets des Ligueurs ; mais toute l’autorité appartenait de fait au duc de Guise. À la tête des Calvinistes étaient le prince de Condé et le roi de Navarre. Henri III tenta vainement de concilier les deux partis : il ne réussit qu'à se faire détester des Catholiques, qui dès ce moment voulurent mettre sur le trône le duc de Guise. Celui-ci traita dans ce but avec Philippe II, roi d'Espagne, avec le pape Grégoire XIII, et, s'empara de plusieurs villes. Pour sauver sa couronne, le faible roi fut contraint de s'unir plus étroitement à la Ligue : il ordonna aux Protestants de sortir de France, et, d'accord avec le pape Sixte V, il déclara Henri de Navarre, qui était son légitime héritier, mais qui était calviniste, déchu de ses droits à la couronne (1585). Henri III n'en resta pas moins l'objet de la haine des Catholiques, et, après avoir été battu à Coutras par les Protestants (1587), il se vit chassé de Paris par les Ligueurs en 1588, dans la journée des Barricades. Cependant il feignit encore une fois de se réconcilier avec eux, et, ayant assemblé les États généraux à Blois, il y fit assassiner leur chef, le duc de Guise (28 déc. 1588). Ce crime souleva toute la France contre lui; il fut excommunié par le pape Sixte V, et déclaré déchu par la Sorbonne; Mayenne, frère du duc de Guise, fut proclamé chef de la Ligue et lieutenant général du royaume. Henri III n'eut plus alors d'autre ressource que de se jeter dans les bras du roi de Navarre : il assiégeait Paris avec lui et était sur le point d'y rentrer, lorsqu'il fut assassiné par un dominicain fanatique, Jacques Clément (2 août 1589). Tandis qu'à la suite de ce meurtre, Henri de Navarre prenait le titre de roi de France sous le nom de Henri IV, les Ligueurs reconnaissaient un roi dérisoire le vieux cardinal de Bourbon, sous le nom de Charles X (janvier 1590). Henri IV eut à la fois à combattre Mayenne, le pape, et le roi d'Espagne, qui convoitait la possession de la France. Après une guerre qui se prolongea encore quelques années et dans laquelle Paris eut à soutenir un siége désastreux, Henri mit fin à la lutte en abjurant le Calvinisme (juillet 1593). Parmi les nombreux ouvrages que l'on a écrits sur la Ligue, on distingue : la Satire Ménippée, qui lui porta le dernier coup en la frappant de ridicule; l'Esprit de la Ligue par Anquetil, l’Histoire de la L., par M. de Chalembert. La Ligue et l'heureux avénement de Henri IV sont le sujet de la Henriade.

LIGUE DU BIEN PUBLIC. On appelle ainsi l'alliance que formèrent contre Louis XI, en 1465, les ducs de Bretagne, de Bourbon, de Calabre, de Nemours, Charles, frère du roi, les comtes de Dunois, d'Armagnac et de Dammartin, et à la tête de laquelle était le comte de Charolais, Charles le Téméraire, depuis duc de Bourgogne. Sous prétexte de réclamer le soulagement des peuples, ces princes voulaient se venger du roi, qui, à son avénement, les avait dépouillés d'une partie de leurs privilèges. Une bataille se livra à Montlhéry (juillet 1465); mais les deux armées prirent la fuite, et la victoire resta indécise. Bientôt après, Louis XI mit fin à cette ligue en traitant avec chacun des confédérés en particulier. Le peuple seul, pour le bien duquel on avait prétendu se liguer, fut oublié dans ces traités : aussi les Parisiens appelèrent-ils cette ligue la Ligue du Mal public.

LIGUE SAINTE, coalition formée en 1511 contre Louis XII par le pape Jules II, Ferdinand le Catholique, Henri VIII, les Vénitiens et les Suisses. Gaston de Foix remporta sur les alliés la victoire de Ravenne (1512); mais il périt dans son triomphe, et Louis XII, vaincu à Novare et à Guinegatte, fut obligé de demander la paix (1515).

LIGUEIL, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), sur l'Erve, à 18 kil. S. O. de Loches; 1942 hab. Pruneaux dits de Tours. Aux environs, est le Falhun de Touraine, vaste étendue couverte de coquillages, qu'on emploie somme engrais.

LIGUES (GUERRE DES DEUX-). V. ÉTOLIE.

LUGUORI (S. Alph. de), fondateur d'une congrégation de missionnaires connus sous le nom de Liguoristes, né à Naples en 1696, m. à Nocera en 1787, fonda vers 1722 à Scala (Principauté citérieure), dans l'ermitage de Ste-Marie, l'institut du Très-S.-Rédempteur, destiné à fournir des prédicateurs pour l'instruction des paysans. Cet institut fut approuvé par le pape Benoît XIV. Clément XIII nomma Liguori évêque de Ste-Agathe-des-Goths en 1762; mais il se démit en 1775 et finit ses jours dans un couvent de son ordre. Il a été canonisé en 1816 : on le fête le 2 août. Liguori a laissé beaucoup d'écrits théologiques (il en existe une traduction complète en français, Paris, 1834, 30 v. in-8). On y remarque sa Théologie morale, en latin, Naples, 1755 (il y professe le probabilisme), et son Histoire des hérésies, avec leur réfutation, en italien, 1773. Les Liguoristes sont répandus surtout en Italie, en Suisse et en Autriche.

LIGURIE, Liguria, contrée de l'Italie ancienne, formait la partie S. O. de la Gaule Cisalpine; elle s'étendit d'abord du côté du nord jusqu'au Pô, mais fut ensuite restreinte aux pays situés entre la mer et l'Apennin; à l'O., les Ligures s'étendaient jusqu'au Var et même jusqu'au Rhône; à l'E., jusqu'à la Macra. Les Ligures étaient divisés en nombreuses peuplades, savoir : 1° au N. les Vagiens, Venènes, Statielles, Cerdiciates, Célélates, Ilvates, Casmonates, Emburiates, Magelles, Vibelles; 2° dans les Apennins, sur le versant méridional, les Hercates, Lapicins, Garules, Friniates; 3° sur la mer, de l'E. à l'O., les Apuans, Ingaunes, Intémèles, Vediantiens. Les Ligures semblent avoir été de même race que les Ibères. Comme toutes les tribus montagnardes, ils étaient braves et jaloux de leur indépendance. Rome ne les soumit qu'après de longues guerres (200-163 et 154-117); leur soumission ne fut même définitive que sous Auguste. Au IVe siècle on trouve une province spéciale de Ligurie qui avait Milan pour capitale. Ce nom fui ensuite restreint à la partie transpadane; il ne disparut totalement qu'au Xe siècle.

LIGURIENNE (République), État créé en 1797, lors de la conquête de l’État de Gênes par les Français, cessa de subsister en 1805 et fut fondu dans l'Empire français, auquel il fournit les départements des Apennins, de Gênes et de Montenotte. Auj., cette république forme à peu près la division de Gênes.

LIGUSTIQUE (Golfe ou Mer), Ligusticus sinus ou Ligusticum mare, est auj. le golfe de GÊNES.

L'ILE-ADAM. V. ÎLE-ADAM et VILLIERS.

LILIO (Louis), Aloysius Lilius, né à Ciro (Calabre), m. en 1576, appliqua les épactes au cycle de 19 ans, et, en ajoutant un jour à la fin de chaque cycle, parvint à établir une équation à peu près exacte entre les années solaires et lunaires. Son projet, présentée Grégoire XIII, devint la base du calendrier grégorien.

LILLE, autrefois l'Isle, Insula, en flamand Ryssel, ch.-l. du dép. du Nord, sur le canal de la Sensée à la mer et sur la Moyenne-Deule, à 222 kil. N. N. E. de Paris (à 268 kil. par chemin de fer); 123 438 h. de population agglomérée, 131 827 de population totale. Ch.-l. de la 3e division militaire, place de guerre de 1re classe. Trib. de 1re inst. et de commerce; faculté des sciences, école secondaire de médecine, lycée; hôtel des monnaies. Vaste citadelle, chef-d’œuvre de Vauban. Beau pont, promenade, hôtel de ville, hôtel de la préfecture, bourse, banque (fondée en 1836), musée, théâtre; statue de Napoléon, etc. Société des sciences et arts; académies de musique, de peinture de sculpture, musée de peinture, bibliothèque, jardin botanique. Industrie très-active et riche : toiles, bonneterie et ganterie, couvertures, dentelles et tulles. filatures, blanchisseries, raffineries, distilleries, teintureries, tanneries, corroieries, usines à enclumes, forges hydrauliques; aux environs plus de 200 moulins à huile; porcelaine, verre, faïence. Commerce de tous ces objets et de garance, genièvre, chicorée, denrées coloniales. — Lille ne fut d'abord qu'un simple château. Baudouin IV, comte de Flandre, en fut le véritable fondateur (1007). Prise et ravagée par l'empereur Henri III (1053), par Philippe-Auguste (1213), par Philippe le Bel (1296), elle appartint ensuite aux maisons de Bourgogne, d'Autriche et enfin d'Espagne. Louis XIV la prit sur cette dernière en 1667, et, après l'avoir perdue en 1708, la garda par la paix d'Utrecht, 1713. Les Autrichiens la bombardèrent en 1792, mais ne purent s'en rendre maîtres (une colonne commémorative de cette glorieuse défense a été élevée sur la grande place en 1842). En 1858 l'annexion des faubourgs de Wazemmes, d'Esquermes et de Moulins-Lille a triplé l'étendue de la ville. Patrie du géographe Gosselin, de Defauconpret, de Ch. J. Panckoucke, etc.

LILLEBONNE, Juliobona, ch.-l. de cant. (Seine-inférieure), à 35 kil. E. du Havre; 3840 hab. Ruines d'un château gothique de Guillaume le Conquérant; antiques romaines. — Ch.-l. des Caleti au temps des Romains. Nommée Juliobona en l'honneur de J. César ou d'une fille de ce conquérant.

LILLERS, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 13 k. N. O. de Béthune; 5504 hab. Poterie, tanneries, brasseries, etc. Cédée à la France par le traité des Pyrénées (1659). Puits artésien creusé depuis 1126.

LILLO (le Fort), bourg et fort de Belgique, sur la r. dr. de l'Escaut, à 12 kil. au-dessous d'Anvers, commande l'entrée du fleuve; 1000 hab. On a surnommé ce fort la Bride d'Anvers.

LILLO (George), auteur dramatique anglais, né à Londres en 1693, mort en 1739, était joaillier de profession, et cultiva les lettres tout en continuant son commerce. Il était étroitement lié avec Fielding. Il créa la tragédie bourgeoise, et précéda en ce genre Diderot. Ses Œuvres, publiées par T. Davies, 1775, 2 vol. in-12, contiennent 7 drames : Sylvie, 1730; George Barnwell ou l'Apprenti de Londres, 1731 (imité par Saurin); le Héros chrétien, 1734; la Curiosité fatale, 1737; Marina, 1738; Elmeric, 1740; Arden de Feversham, imprimé en 1762. Ces pièces sont écrites d'un style énergique, et se lisent avec émotion. La plupart sont tirées d'événements réels.

LILLY (John), écrivain anglais, surnommé l’Euphuiste, né en 1553 à Rochester (Kent), se fit connaître par un roman intitulé Euphuës (c.-à-d. en grec le bien né) ou Anatomie de l'esprit, publié en 1578 et 1581 : il y mettait à la mode un langage épuré à l'excès, parsemé de concetti et de jeux de mots, qu'on a nommé l’euphuisme, genre analogue à celui de nos Précieuses et au gongorisme des Espagnols. Il composa pour la cour d’Élisabeth des comédies, les unes en prose, les autres en vers, dont les meilleures sont : Campaspe, 1584, et la Femme dans la lune, 1597. Ses Œuvres, écrites avec élégance, sont pleines d'esprit et d'imagination. M. Fairholt a publié ses Œuvres dramatiques, avec sa Vie, Londres, 1858.

LILLY (William), astrologue anglais, né en 1602, dans le comté de Leicester, mort en 1681, obtint la confiance de Charles I, qui le consultait souvent, et gagna par ses prédictions une fortune considérable. Il a laissé : Merlinus anglicus junior, 1644; le messager des étoiles, 1645; Recueil de prophéties, 1646.

LILYBÉE, Lilybæum, auj. Marsalla, v. et port de la Sicile ancienne, à la pointe N. O. de l'île, près des îles Égates, fut avec Drépane la dernière possession de Carthage en Sicile. A la fin de la 1re guerre punique, elle soutint contre les Romains un siége de 8 ans (250-242) : la défaite des Carthaginois aux îles Égates la força de capituler. — Près de la ville était le Lilybæum promontorium, auj. cap Boeo, un des 3 caps auxquels l'île doit son nom de Trinacrie.

LIMA, jadis Ciudad de los Reyes, puis Rima, v. de l'Amérique du S., capit. de la république du Pérou, et ch.-l. du dép. de son nom, sur le Rimac, à 9 kil. du Grand-Océan, par 79° 27' long. O., 12° 2' lat. S.; 100 000 hab. Archevêché, le plus ancien de l'Amérique du Sud. Université et autres établissements scientifiques. Ville forte, mur d'enceinte avec bastions, citadelle Ste-Catherine au S. E., arsenal. Beau pont en pierre; rues larges et droites, superbe place; maisons basses à cause des tremblements de terre (en bois et plâtre peint en pierre) ; plusieurs monuments (cathédrale magnifique, le Sagrario, San-Domenico. Sta-Rosa, San-Francisco; palais du gouvernement, bâtiment de l'université; la monnaie; théâtre, cirque pour les combats de taureaux); beau cimetière, dit le Panthéon. Belles promenades, surtout les deux Alamedas. Industrie et commerce assez considérables. Exportation d'or, d'argent, de cuivre, de quinquina, de vins. — Fondée par Pizarre en 1535, Lima devint bientôt immensément riche; sa plus haute prospérité correspond au commencement du XVIIIe siècle. Les métaux précieux y étaient encore en abondance en 1820. Les églises et les couvents, surtout sont très-riches : rien n'égale la magnificence du culte à Lima. La fréquence des tremblements de terre a nui pourtant au développement de cette ville : on en compte déjà plus de 20 : celui de 1746 fut désastreux; celui de 1828 renversa presque toute la ville. — Le dép. de Lima, l'un des sept de la république, a pour villes princip., outre Lima, Callao, Pachacamac, Pisco, Canete et Iça : il compte 250 000 hab.

LIMAGNE, Alimania, petit pays de France, dans le nord de la Basse-Auvergne, le long de l'Allier, avait pour lieux principaux Clermont-Ferrand, Riom et Billom. Il est auj. compris dans la partie sept. du dép. du Puy-de-Dôme. La Limagne était renommée par sa fertilité, ses riants aspects et sa population.

LIMAY, ch.-l. de cant. (Seine.-et-Oise). sur la Seine, r. dr., vis-à-vis de Mantes; 1542 hab.

LIMBORCH (Philippe VAN), théologien hollandais, de la secte des Remontrants ou Arminiens, né à Amsterdam en 1633, mort en 1712, exerça les fonctions de pasteur à Gouda (1657), puis à Amsterdam (1668), et enseigna la théologie au séminaire des Remontrants de cette ville. Il se montra toute sa vie grand partisan de la tolérance : c'est à lui que Locke adressa ses Lettres sur ce sujet. On a de lui : Præstantium ac eruditorum epistolæ theologicæ, etc., Amsterdam, 1660; Theologia christiana, Amst., 1686; Histoire de l'Inquisition, Amst., 1692. Il a aussi donné beaucoup d'éditions, entre autres celle des écrits d'Épiscopius.

LIMBOURG (le), contrée des Pays-Bas, est divisée en deux parties distinctes : le Limbourg hollandais et le Limbourg belge. — Le Limbourg hollandais, sur la r. dr. de la Meuse, a pour bornes au N. et au N. O. le Brabant septentr., à l'O. le Limbourg belge, au S. la prov. de Liége, à l'E. la Prusse Rhénane; il possède de plus Maëstricht sur la r. g. de la Meuse, avec un territoire de 2400m de rayon; ch.-l. Maëstricht; autres v. : Ruremonde et Venloo. — Le Limbourg belge est borné au N. par le Brabant septentr. et le Limbourg hollandais, a l'E. par ce dernier, au S. par la prov. de Liége, à l'O. par le Brabant mérid., au N. O. par la prov. d'Anvers; ch.-l., Hasselt; autres v. : Tongres, St-Trond, Maaseyck, Hamont. La totalité du Limbourg est de 110 kil. sur 55; il compte 410 000 hab. Sol uni, marécageux, surtout au N.; arrosé par la Meuse, le Demer, le Herck, le Neer et le Jaar. Grains et pâturages. Industrie assez active; peu de commerce. — Le Limbourg, conquis par les Romains sur les Belges, puis par les Francs sur les Romains, échut, lors du partage de l'empire carlovingien, à Louis le Germanique. Plus tard il eut des comtes particuliers, qui, après avoir acquis le comté d'Arlon et des territoires étendus dans les Ardennes, furent créés ducs vers le milieu du XIIe siècle. En 1288, les ducs de Brabant s'emparèrent de cette province. Elle passa ensuite avec la Bourgogne aux princes de la maison d'Autriche, puis à l'Espagne et forma une des 17 provinces des Pays-Bas. Conquise par les Français en 1795, elle forma en grande partie le dép. de la Meuse-Inférieure. En 1814 elle fut cédée au roy. des Pays-Bas; mais après la séparation de la Hollande et de la Belgique (1831), la possession du Limbourg fut le sujet de longues contestations qui ne furent définitivement terminées que par un traité de partage signé le 19 avril 1839.

LIMBOURG, v. de Belgique (Liége), à 27 kil. E. de Liége; 3000 hab. — Jadis capitale du duché de Limbourg, elle ne fait même plus partie auj. d'aucune des deux provinces de Limbourg. Prise par Louis XIV en 1675 et en 1701.

LIME, LIME-REGIS. V. LYME.

LIMERICK, v. d'Irlande, ch.-l. du comté de Limerick, sur le Shannon, à 178 kil. S. O. de Dublin; 55 000 h. Évêché. Cathédrale, palais épiscopal. Chemin de fer. Limerick se compose de trois parties, la ville irlandaise, la ville anglaise, et Newtowns-Pery, avec citadelle. Industrie active : toiles, dentelles, lainages, etc. — Jadis place de guerre importante; prise par les Anglais en 1174, par les troupes du Parlement en 1651; vainement assiégée par Guillaume III en 1690; mais prise par lui l'année suivante. — Le comté, situé dans la province de Munster, entre ceux de Clare au N., de Kerry à l'O., de Tipperary au S., et de Cork à l'E., a 90 kil. sur 40 et 300 000 hab.

LIMFIORD, golfe du Danemark, dans le N. du Jutland, communique avec le Cattégat à l'E., s'enfonce très-avant à l'O., et n'est séparé de la mer du Nord que par un isthme très-étroit, qui même a été quelque temps envahi par la mer.

LIMISSO, Amathonte? v. et port de l'île de Chypre, sur la côte, au S. E. Évêché. Vin renommé.

LIMMAT, riv. de Suisse. V. LINTH.

LIMOGES, Rastiatum, Augustoritum et Lemovices, ch.-l. du dép. de la Hte-Vienne, à 429 kil. S. de Paris; à 400 kil. par chemin de fer; 42 095 hab. Cour d'appel, tribunaux de 1re instance et de commerce. Évêché, suffragant de l'archevêché de Bourges, lycée, séminaire; institution de sourds-muets; hôtel des monnaies; succursale de la banque. Chemin de fer. Société d'agriculture, sciences et arts; muséum d'histoire naturelle, arts et antiquités; bibliothèque; pépinière. Industrie : tissus de laine, calicot; porcelaine; bougies; papeteries; filature hydraulique; usines diverses, fonderie, tréfilerie, coutellerie; émaillerie jadis célèbre. Entrepôt du commerce de Toulouse. Courses de chevaux renommées. — Limoges est antérieurs à la domination romaine en Gaule. Elle a longtemps été aux mains des Anglais: elle est enfin revenue à la France en 1369. Clément VI, Grégoire XI, d'Aguesseau, le peintre émailleur Léonard, J. Dorat, Vergniaud, les maréchaux Jourdan et Bugeaud y sont nés.

LIMOGNE, ch.-l. de c. (Lot), à 36 kil. S. E. de Cahors; 1454 hab.

LIMONEST, ch.-l. de c. (Rhône), à 10 kil. N. O. de Lyon; 1119 hab.

LIMONUM (Poitiers), v. de Gaule. V. PICTAVI.

LIMOURS, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), à 17 kil. E. de Rambouillet; 1043 hab. Jadis ch.-l. de comté. Anc. château, bâti sous François I pour la duchesse d’Étampes (auj. ruiné).

LIMOUSIN, anc. prov. et grand gouvt de France, avait pour bornes, au N. la Marche, au S. le Quercy, à l'E. l'Auvergne, à l'O. l'Angoumois et le Périgord; 90 kil. sur 80. Il se divisait en Haut et Bas-Limousin. Ch.-l., Limoges. Autres places : Pierre-Buffière, Saint-Yrieix, Pompadour, Chalus, Eymoutiers, Tulle, Brives, Uzerche, Turenne, etc. Le Limousin a formé le dép. de la Corrèze et une partie de celui de la Hte-Vienne. Montagnes, air froid, beaucoup de mines, terres maigres et légères, grains en quantité insuffisante, châtaignes et grosses raves, beaucoup de pâturages; chevaux estimés pour la selle; émigrations nombreuses, surtout de maçons. — Cette province, jadis habitée par les Lemovices, fut après la conquête réunie par Auguste à l'Aquitaine 1re. Soumise plus tard par les Visigoths, elle fut possédée depuis par les comtes d'Aquitaine ou de Guyenne; le mariage d’Éléonore d'Aquitaine avec Henri II Plantagenet la porta à l'Angleterre (1152). Philippe-Auguste s'en empara en 1203, mais S. Louis la remit aux Anglais en 1259. Elle revint à la couronne de France sous Charles V, 1369.

LIMOUX, Limosum, ch.-l. d'arr. (Aude), à 28 k. S. O. de Carcassonne; 6464 hab. Société d'agriculture. Drap, filature de laine; vin blanc dit Blanquette de Limoux. — Limoux existait, dit-on, du temps de César; détruite au commencement du moyen âge, elle fut rebâtie au xXIIIe siècle.

LIN (S.), 2e pape, né à Volterra (Toscane), succéda à S. Pierre vers 66 ou 68, et gouverna l'Église jusqu'en 78, époque à laquelle il subit le martyre. Il y a sous son nom quelques écrits évidemment apocryphes. L'Église l'honore le 23 septembre.

LINANGE, Leiningen, anc. comté souverain de l'empire d'Allemagne, entre le Bas-Palatinat et les évêchés de Spire et de Worms, avait pour ch.-l. Linange, et comprenait les seigneuries de Landeck, Dabo, Dürkheirn, Grünstadt, etc. Auj. il est compté parmi les États médiatisés de la Confédération germanique, et se trouve partagé entre plusieurs branches : les princes de Linange, dont les possessions correspondent à peu près à l'ancien comté, et sont moitié en Bavière, moitié dans le grand duché de Bade (1200 kil. carr.; 87 000 hab.); les comtes de L.-Billigheim et L.-Neidenau, dans le grand duché de Bade; et ceux de L.-Westerbourg, dans le duché de Nassau. Cette maison remonte au XIIe siècle.

LINANT (Michel), homme de lettres, né à Louviers en 1708, m. à Paris en 1749, fut, à la recommandation de Voltaire, précepteur du fils de Mme Du Châtelet à Cirey. Il remporta 3 fois le prix de poésie à l'Académie Française, mais la paresse l'empêcha de faire des travaux sérieux. On a de lui : deux tragédies (Alzaïde, Vanda), des Odes, des Épîtres, des Poésies diverses, et une édition des Œuvres de Voltaire, Amst., 1738-39, 3 vol. in-8. — Un autre Linant fut précepteur du fils de Mme d'Épinay; c'est à ce dernier que sont adressées les lettres de Voltaire à Linant.

LINARÈS, Hellanes, v. d'Espagne (Andalousie), à 33 kil. N. de Jaën: 7000 hab. Ruines romaines. Aux environs, plomb, fer, cuivre, antimoine.

LINCEI (Académie des). V. CÉSI.

LINCOLN, Lindum Colonia, v. d'Angleterre,ch.-l. du comté de Lincoln, à 190 kil. N. O. de Londres, sur la Witham; 17 536 hab. Évêché anglican. Belle cathédrale gothique. Peu de manufactures, brasseries. Commerce. Jadis plus importante qu'aujourd'hui. Ruines et monuments d'architecture saxonne et normande. — Le comté de Lincoln, entre ceux d'York au N., de Rutland, de Northampton, de Cambridge au S., et la mer du Nord à l'E., a 130 kil. sur 60, et compte 410 000 hab. Côte plate, peu favorable à la navigation. Sol varié, fertile en général. On distingue dans le comté trois parties principales : Lindsey, Kesteven et Holland. — Primitivement habité par les Coritani, ce pays fit partie de la Bretagne 1re sous les Romains, et du royaume de Mercie dans l'Heptarchie.

LINCOLN (Abraham), homme d’État américain, né dans le Kentucky, en 1809; fut d'abord charpentier, puis commerçant; fit lui-même son éducation et sa fortune, se fit recevoir avocat, fut nommé député à la Législative de l'Illinois, puis au Congrès (1847); fut en 1860 porté à la présidence par le parti républicain et abolitionniste, malgré les menaces de séparation des États du Sud, qui se séparèrent en effet de l'Union; soutint pendant quatre ans contre les confédérés du Sud une guerre terrible, qui se termina par le triomphe du Nord et de la politique abolitionniste; fut réélu président en 1865, mais périt la même année de la main d'un assassin.

LINDAU, Lindavia, v. forte de Bavière (Souabe), à 120 kil. S. O. d'Augsbourg, sur trois îles du lac de Constance (ce qui l'a fait surnommer la petite Venise) : elle communique à la terre-ferme par un pont; 3300 hab. Château, port; chantier de construction. — Anc. ville libre impériale; elle possédait jadis une abbaye de chanoinesses nobles, dont l'abbesse avait titre de princesse d'Empire.

LINDE, Lindus, auj. Lindolo, v. de l'île de Rhodes, sur la côte, au S. E., donna naissance au sage Cléobule, aux statuaires Charès et Lindès, et fonda en Sicile la ville de Géla, qui elle-même porta d'abord le nom de Linde. LINDEBROG ou LINDENBROG (Erpold), né à Brême vers 1540, m. en 1616, chanoine du chapitre luthérien de Hambourg, a publié : Historia compendiosa Daniæ Regum (jusqu'à Christian IV), Leyde, 1595; Scriptores rerum germanicarum septentrionales, Hambourg, 1595, etc. — Fréd. L., 2e fils d'Erpold, né à Hambourg en 1573, m. en 1647, s'appliqua à la jurisprudence et à la critique des auteurs anciens. On a de lui : des éditions d'Ammien Marcellin et de Térence, des Notes sur Virgile; Commentarius de ludis veterum, Paris, 1605; Diversarum gentium historiæ antiquas scriptores tres, Hambourg, 1611 (renfermant Jornandès, Isidore de Séville et Paul Diacre); Codex legum antiquarum, 1613.

LINDENAU (le baron Bernard de), astronome, né en 1780 à Altenbourg, m. en 1854, remplaça le baron de Zach à l'observatoire d'Altenbourg. Il rédigea en français des Tables barométriques pour faciliter le calcul des nivellements et des mesures des hauteurs (1808-1814) et reçut de l'Institut le prix de Lalande pour ses Tables de Mars, 1811. Ministre de l'Intérieur du royaume de Saxe en 1830, il travailla à doter ce pays de la constitution qui le régit encore.

LINDET (J. B. Robert), avocat à Bernay avant la Révolution, procureur syndic de son district, fut député à l'Assemblée législative et à la Convention, et prit place parmi les Montagnards. Envoyé en mission dans le Calvados, l'Eure et le Finistère, il s'y montra modéré. Il devint membre du Comité de salut public et fut ministre des finances en l'an VII. Il m. en 1825. — Son frère aîné, Robert Thomas, 1743-1823, était en 1789 curé de Bernay; il fut aussi député à la Convention, accepta la constitution civile du clergé et fut fait évêque constitutionnel de l'Eure.

LINDSAY (David), poëte écossais, né en 1490, m. vers 1557, fut d'abord page du roi d’Écosse Jacques V, puis héraut d'armes, et fut employé dans plusieurs négociations en 1531 et 1536. Il avait adopté la Réforme. On a de lui des poëmes divers : le Rêve, 1528; la Complainte au roi, 1529; la Complainte du Papingo, 1530; les Trois états, drame; Histoire de l'écuyer Meldrum, et un grand ouvrage intitulé la Monarchie, achevé en 1553. On regarde Lindsay comme le créateur du drame en Écosse. Chalmers a rassemblé ses Œuvres, Édimbourg, 1806, 3 v. in-8.

LINDSEY (Théoph.), unitaire anglais, né en 1723, m. en 1818, était déjà pourvu de bénéfices lucratifs lorsqu'il abandonna le culte anglican et renonça à tous ses avantages pour fonder, en 1772, une congrégation d'Unitaires à Londres; il fut pendant vingt ans le pasteur de cette association. On a de lui un Essai historique sur les Unitaires, Londres, 1783.

LINGA, une des îles de la Sonde, au N. E. de celle de Sumatra: 125 kil. sur 28: 10 000 Malais (presque tous pirates); ch.-l., Koualo-Daï. Commerce avec la Chine. — Linga forme, avec quelques îles moins importantes, un petit État vassal des Hollandais.

LINGAM, dieu hindou, symbole de la puissance créatrice et de la reproduction, ressemble au Priape des Latins. Son culte est principalement répandu dans le roy. de Kanara et aux environs de Goa.

LINGARD (John), historien anglais, né en 1769 à Hornby, près de Lancastre, m. en 1851, était prêtre catholique et avait été élevé à Douai par les Jésuites. Il exerça longtemps son ministère à Newcastle-upon-Tyne (Northumberland), et passa ses dernières années à Rome, dans la retraite. Il se fit d'abord connaître par des écrits en faveur de la religion catholique; débuta comme historien en 1809, en publiant les Antiquités de l'Église anglo-saxonne (trad. par A. Cumberworth, 1826); puis il consacra tous ses loisirs à la rédaction du grand ouvrage auquel son nom est resté attaché : l’Histoire d'Angleterre (depuis l'invasion des Romains jusqu'à la révolution de 1688). Cet ouvrage commença à paraître à Londres en 1819 et ne fut achevé qu'en 1832; l'auteur le revisa et le compléta dans plusieurs éditions successives : la dernière parut en 1850. Quoique faite au point de vue catholique, cette histoire obtint un grand succès en Angleterre, même auprès des Protestants : tous ont rendu hommage à l'érudition de l'auteur, à son style nerveux et concis; c'est un des grands monuments de la littérature anglaise. Elle a été traduite en français par Roujoux et Amédée Pichot, 1825-31 (avec une Continuation par Mariès), et plus récemment par L. de Wailly, 1843-44 (avec une continuation par Th. Lavallée). Une 6e édition, publiée après la mort de l'auteur, est précédée de sa Vie par A. Thierney.

LINGELBACH (Jean), peintre de l'école hollandaise, né à Francfort-sur-le-Mein en 1625, m. en 1686, vint fort jeune à Amsterdam, alla ensuite à Paris et à Rome, où il travailla pendant 6 ans, et se fixa à Amsterdam, 1652, où ses petits tableaux de genre, ses paysages et ses ports de mer d'Italie eurent un succès prodigieux. Les musées de Hollande et de Paris possèdent un certain nombre de ses tableaux.

LINGEN, v. du Hanovre, à 59 kil. N. O. d'Osnasbrück; 2800 h. Gymnase. — Jadis ch.-l. d'un comté qui appartint successivement aux comtes de Tecklembourg, à ceux d'Egmont-Buren et à Charles-Quint. Il se divisait en Haut et Bas; auj. le H.-Lingen fait partie de la prov. prussienne de Westphalie, et le Bas-Lingen du gouvt hanovrien d'Osnabrück.

LINGENDES (Jean de), poëte, né à Moulins vers 1580, m. en 1616, fut lié avec d'Urfé. On a de lui des Sonnets, des Stances; les Changements de la bergère Iris, poëme, et une trad. en prose des Épîtres d'Ovide. — Ses cousins, Jean de Lingendes (1595-1665), évêque de Mâcon, et Claude de Lingendes (1591-1660), jésuite, sont estimés comme orateurs de la chaire. On cite l’Oraison funèbre du duc de Savoie par Jean de Ligendes (1637), à laquelle Fléchier a fait des emprunts dans son oraison de Turenne, et les Sermons de Claude, publiés en 1666, et réimpr. depuis dans les diverses collections d’Orateurs sacrés.

LINGONES, peuple de la Gaule, habitait entre les Éduens au S., les Sénonais à l'O., les Séquaniens à l'E., dans le pays qui forma depuis la Champagne orientale et la partie N. O. de la Bourgogne, et avait pour ch.-l. Andomatunum ou Lingones (auj. Langres). C'était, au temps de César, un des peuples les plus puissants de la Gaule Belgique. Plus tard, ils furent compris dans la Lyonnaise 1re. — Une partie des Lingones s'était établie vers l'emb. du Padus (Pô), où ils avaient pour capit. Spina. Ils occupaient le pays appelé Romagne, Ferrarais et Polésine de Rovigo.

LINGUET (H.), avocat, né à Reims en 1736, fils d'un ancien sous-principal du collége de Beauvais (à Paris), fut d'abord secrétaire du prince de Beauvau, qu'il accompagna en Espagne. Il publia de bonne heure quelques ouvrages avec lesquels il se présenta à l'Académie française; ayant échoué, il se vengea en écrivant contre les académiciens. Il entra au barreau vers l'âge de 30 ans et y obtint bientôt de brillants succès, surtout en plaidant pour le duc d'Aiguillon et pour le comte de Morangiès; mais il se rendit odieux à ses confrères par ses sarcasmes et ses insultes, et fut rayé du tableau en 1774. Il se mit alors à rédiger un journal politique qui eut de la vogue, mais qui le fit enfermer à la Bastille (1780). Forcé depuis de quitter la France, il alla à Londres, à Bruxelles, puis à Vienne, où il obtint la faveur de Joseph II; mais il la perdit bientôt en prenant parti pour les insurgés du Brabant. De retour en France en 1791, il se déclara contre les idées révolutionnaires; il fut condamné à mort en 1794 et aussitôt exécuté. On a de lui une foule d'écrits, remarquables par la science et par l'énergie du style, mais aussi pleins de fiel ou déparés par le paradoxe. Lee principaux sont : Histoire du siècle d'Alexandre, 1762; le Fanatisme des philosophes, 1764; Histoire des révolutions de l'empire romain, 1766 (inachevée); Théorie des lois civiles, 1767 (il y fait l'éloge delà monarchie absolue); Histoire impartiale des Jésuites (il y prend la défense de cet ordre, qui venait d'être supprimé), 1768; Théâtre espagnol (Caldéron et Lopez de Véga), 1770; Théorie du libelle ou l’Art de calomnier avec fruit (contre Morellet), 1775; Annales politiques et littéraires, de 1777 à 1792; Mém. sur la Bastille, Londres, 1783; Examen des ouvrages de Voltaire, 1788; Mémoires judiciaires, renfermant ses plaidoyers, 7 vol. in-12, etc. Il s'essaya aussi, mais avec peu de succès, dans la tragédie.

LINIÈRES (Fr. PAYOT de), poëte satirique médiocre, né à Paris en 1628, d'une famille honorable et aisée, servit d'abord dans l'armée, dissipa son bien dans la débauche, et mourut dans la misère (1704), retiré à Senlis. On le surnommait l'Athée, l'Idiot de Senlis, à cause de son impiété. Il était lié avec Mme Deshoulières et avec Boileau (qui cependant l'épargne peu). On a de lui des Poésies diverses, des épigrammes, des chansons (dans les recueils du temps). Il eut part, avec Boileau, à la parodie du Cid intitulée Chapelain décoiffé, 1664.

LINKŒPING, v. de Suède (Gothie), ch.-l. de gouvt, à 215 kil. S. O. de Stockholm; 4900 hab. Évêché. Vieux château fort. Bibliothèque , etc. — Le gouvt de Linkœping, formé de l'anc. Ostrogothie, est situé entre ceux d'Œrebro, de Nykœping, de Calmar, de Jonkœping, le lac Wetter et la Baltique : 200 kil. sur 200; 215 000 hab.

LINLITHGOW, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de même nom, à 26 kil. O. d’Édimbourg; 5000 hab. Vieux château où naquit Marie Stuart. En 1569, le régent Murray y fut assassiné. — Le comté de Linlithgow ou West-Lothian, entre le golfe de Forth et les comtés d’Édimbourg, de Lanark et de Stirling, a 35 kil. sur 25 et 27 300 hab.

LINNÉ ou LINNÉE (Ch.), Linnæus, célèbre naturaliste suédois, né en 1707 à Rashult (Smaland), mort en 1778, était fils d'un pauvre pasteur de campagne et était en apprentissage chez un cordonnier, lorsqu'un médecin, ami de sa famille, reconnut ses dispositions et lui fournit les moyens d'étudier. Placé en 1730 à Upsal auprès d'Olaüs Rudbeck, professeur de botanique, il conçut dès lors la première idée de son système de classification. Il fut chargé en 1732 par la Société royale d'Upsal de voyager en Laponie pour décrire les plantes de ce pays; puis, ayant éprouvé quelques dégoûts que lui suscitait la jalousie, il alla en Hollande, étudia la médecine à Leyde sous Boërhaave, qui sut l'apprécier, et passa 3 ans près de G. Cliffort, riche amateur, qui lui confia le soin de son cabinet et de ses jardins : c'est là qu'il publia ses premiers ouvrages (1735-38). Il visita ensuite l'Angleterre, la France; connut à Paris Bernard de Jussieu, avec lequel il se lia étroitement; fut à son retour nommé médecin du roi de Suède, et enfin professeur de botanique à l'Université d'Upsal (1741). Il occupa cette chaire pendant 37 ans. Linné donna à la botanique une classification méthodique, qu'il fonda sur les organes sexuels des plantes; créa pour cette science une langue commode, régulière, uniforme, adaptée aux nouvelles observations qu'il avait faites, et définit chaque genre et chaque espèce par des phrases d'un brièveté et d'une précision admirables. Il étendit sa réforme à la minéralogie et la zoologie, mais avec moins de bonheur. Malgré ses mérites, la classification de Linné a, comme il le reconnaissait lui-même, le défaut d'être artificielle et de rompre souvent les vrais rapports naturels des êtres : elle rencontra de puissants adversaires, entre autres, Buffon, Adanson, Haller, et finit par céder le pas à la méthode naturelle de Jussieu. Les principaux ouvrages de Linné sont : Systema naturæ, 1735, où il pose les bases d'une distribution méthodique des trois règnes; Fundamenta botanica, 1736, où il donne les règles à suivre pour reconstituer la botanique : Bibliotheca botanica, 1736, où il énumère les ouvrages publiés sur cette science; Genera plantarum, 1737, et Classes plantarum, 1738, où il distribue les plantes d'après leur fructification; Philosophia botanica, 1751, où il coordonne tous ses travaux précédents. Chacun de ces ouvrages a obtenu du vivant même de l'auteur plusieurs éditions, qui toutes présentent des perfectionnements considérables.

LINNICH, v. des États prussiens (Bas-Rhin), à 30 kil. N. O. d'Aix-la-Chapelle; 1400 hab. Girard, duc de Berg-et-Juliers, y remporta sur Egmont, duc de Gueldre, en 1444, le jour de la St-Hubert, une vict. en mémoire de laquelle fut institué l'ordre de St-Hubert. Prise par les Français en 1792 et 1794.

LINOIS (le comte DURAND de), marin, né à Brest en 1761, mort à Versailles en 1848, servit avec distinction dans l'Inde et en Amérique, devint en 1795 capitaine du Formidable, combattit en héros la flotte anglaise à l'île de Groix (28 juin 1795), mais vit son vaisseau prendre feu, et tomba au pouvoir de l'ennemi. Échangé bientôt après, puis nommé contre-amiral (1799), il battit les Anglais dans la baie d'Algésiras (6 juillet 1801), opposa en 1806, près de Madère, la plus vigoureuse résistance à la flotte de l'amiral Warren, mais fut pris de nouveau et ne recouvra la liberté qu'en 1814. Nommé gouverneur de la Guadeloupe par Louis XVIII, il fut révoqué et mis à la retraite dès l'année suivante.

LINTH ou LIMMAT, riv. de Suisse, sort du pays des Grisons, traverse le lac de Wallenstad, et tombe dans celui de Zurich : cours, 60 kil. Ses bords étaient jadis couverts d'immenses marais qui ont été desséchés de 1807 à 1816. Soult effectua en 1799 un brillant passage de la Linth.

LINTZ, Lentia, v. forte d'Autriche, ch.-l. du cercle de la Mühl, au confl. du Danube et du Traun, à 65 kil. S. E. de Passau : 31 000 hab. Évêché. Château, belle église de St-Ignace, grande place, lycée avec bibliothèque, école pour le génie, institution de sourds-muets ; chemin de fer. Glaces, toiles, coton; tabac; bleu de Prusse, etc. — Possédée jadis par les comtes de Kyrnberg. Incendiée en 1800.

LINUS, célèbre musicien et poëte grec, était, selon la Fable, fils d'Apollon et de Calliope ou d'Uranie. Il inventa, dit-on, le rhythme et la mélodie, et eut pour disciples Orphée, Thamyris et Hercule. Ayant un jour frappé ce dernier pour le rendre attentif, Hercule offensé lui porta un coup de sa lyre à la tête et le tua. — Les Thébains reconnaissaient un autre Linus plus ancien, qui périt pour avoir osé rivaliser avec Apollon dans l'art du chant. — La mort de Linus, quelque fût d'ailleurs ce personnage, était célébrée, dès les temps les plus reculés, dans des chants de deuil qui portaient aussi le nom de Linus.

LION. Plusieurs peuples ont pris pour emblème cet animal, symbole de la force et de la souveraineté : tels sont, chez les anciens, les Perses; chez les modernes, Venise, qui avait adopté un lion ailé, dit lion de St Marc, et le royaume de Belgique.

LION-NÉERLANDAIS (Ordre du), ordre fondé en 1815 par Guillaume Ier, roi de Pays-Bas, pour le mérite civil, a pour insignes une croix à quatre branches, offrant, d'un côté un lion couronné, de l'autre ces mots : Virtus nobilitat. Le ruban est bleu foncé, avec une bande orange.

LION DE ZÆHRINGEN (Ordre du), ordre fondé en 1812 par le grand-duc de Bade Charles, pour consacrer l'origine de sa maison, qui est en effet issue de celle de Zæhringen. Cet ordre a pour insigne une croix d'or, dont l'écusson porte les armes de la maison de Bade, et offre en outre d'un côté les ruines du château de Zæhringen, de l'autre un lion prêt au combat. Le ruban est vert bordé d'orange.

LION (Golfe du), Gallicus sinus, golfe de la Méditerranée, au S. de la France, entre l'Espagne à l'O. et l'Italie à l'E., baigne les dép. des Pyrénées-orient., de l'Aude, de l'Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-maritimes. Il a été ainsi nommé, dit-on, à cause de l'agitation de ses eaux, dont on comparait la violence à celle du lion. D'autres écrivent golfe de Lyon, et dérivent son nom de ce que ce golfe, qui reçoit le Rhône, conduit, en, remontant le fleuve, à Lyon, la métropole des Gaules. LION-D'ANGERS (le), ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), à 14 kil. S. E. de Segré; 2718 hab.

LIONNE (Hug. de), ministre d'État, d'une famille noble du Dauphiné, né à Grenoble en 1611, mort en 1671. était neveu de Servien. Il fut, par la protection de Mazarin, nommé secrétaire de la reine mère, puis ambassadeur à Rome, 1655, et ministre des affaires étrangères, 1661. Il a laissé des Mémoires instructifs. C'était un habile négociateur : il eut une grande part au traité des Pyrénées (1659).

LIOTARD (J. Étienne), peintre de Genève, 1702-76, se fit un grand renom par ses pastels, ses miniatures et ses peintures en émail. Ou cite parmi ses chefs-d'œuvre, les portraits de l'empereur François I et de Marie-Thérèse, et celui de la Belle chocolatière.

LIPARI (îles), Æoliæ ou Vulcaniæ insulæ, archipel de la mer tyrrhénienne, au N. de la Sicile. On y compte 13 îles, dont 7 habitées : Lipari (Lipara), Stromboli (Strongyle), Volcano (Hiera), Ustini (Ostœodes), Felicudi (Phœnicusa), Alicudi (Ericusa), Salini (Didyme). Toutes offrent des traces volcaniques; Stromboli renferme un volcan qui fume encore. Ce sont ces volcans qui leur ont fait donner le nom Vulcaniæ; le nom d’Æoliæ est dû aux vents dont elles semblent être le séjour. La Fable faisait de ces îles la demeure d'Éole, dieu des vents. — L'île de Lipari, Lipara, primitivement Meligunis, la principale de l'archipel, a 8 kil. sur 6, et 18 000 hab., et a pour ch.-l. Lipari, ville commerçante, peuplée de 12 500 h. Évêché. Fruits et raisins exquis. — Cette île dans l'antiquité formait (avec le reste de l'archipel) un État puissant sur mer; elle fut asservie par Denys le Tyran, tomba ensuite aux mains de Carthage, et finalement passa aux Romains (256 av. J.-C.). Prise en 1340 par Robert I, roi de Naples, la ville de Lipari fut détruite en 1544 par Barberousse (Khaïr-Eddyn), mais elle fut bientôt relevée.

LIPENIUS (Martin), bibliographe, né en 1630 à Gortz dans le Brandebourg, mort en 1692, fut successivement co-recteur du gymnase de Halle, recteur et professeur au gymnase Carolin de Stettin (1672-76), puis co-recteur de l'académie de Lubeck. On a de lui : Bibliotheca realis theologica, Francfort, 1685; — juridica, 1679; — philosophica, 1682; — medica, 1679, etc.

LIPONA, anagramme de Napoli (Naples). Caroline Bonaparte, veuve de Murat, roi de Naples, avait pris le nom de comtesse de Lipona.

LIPPE (la), Luppia, riv. d'Allemagne, a sa source à Lippspring dans la principauté de Lippe-Detmold, entre en Prusse (Prov. rhénane) et tombe dans le Rhin près de Wesel, après 250 kil. de cours. — Elle a donné son nom à la seigneurie, ensuite comté de la Lippe, fief immédiat d'empire depuis la chute de Henri le Lion, et qui, grossi par plusieurs mariages, s'est subdivisé en Lippe-Detmold, Lippe-Bracke et Lippe-Schauenbourg (1613). La 2e branche s'est éteinte en 1709. L'aînée obtint le titre de prince en 1720; la dernière le reçut en 1807 en accédant à la confédération du Rhin. Sous l'empire français, la Lippe donnait son nom à un dép. dont Munster était le chef-lieu.

LIPPE-DETMOLD (Principauté de), située entre la régence prussienne de Minden, une enclave de la Basse-Hesse,le Hanovre et le comté de Pyrmont, a 1025k. carrés et 80 000 hab. capitale, Delmold. La Werra en est la rivière principale. On y trouve du fer, du sel, du plâtre; on exporte des bestiaux.

LIPPE-SCHAUENBOURG. V. SCHAUENBOURG-LIPPE.

LIPPI (Filippo), peintre, né vers 1381 à Florence, mort en 1438, fut élevé dans un couvent de Carmélites, puis employé à Naples par le roi Alphonse, et à Florence par Côme de Médicis. Son meilleur ouvrage est un Couronnement de la Vierge, à Florence. Ce peintre eut les aventures les plus romanesques. — Son fils, nommé aussi Filippo ou Filippino, fut également un peintre distingué. — Lorenzo L., de Florence, 1606-64, fut à la fois bon peintre et bon poëte. On a de lui un poème héroï-comique estimé pour le style : Il Malmantile racquistato (1676).

LIPPSTADT, v. située dans la principauté de Lippe-Detmold, sur la Lippe, à 80 kil. S. O. de Minden; 6000 h.; appartient moitié à la principauté et moitié à la Prusse. Prise par les Français en 1757.

LIPSE (JUSTE-). V. JUSTE-LIPSE.

LIPSIA, nom latinisé de LEIPSICK,

LIPTAU ou LIPTO, comitat de Hongrie (cercle en deçà du Danube), entre ceux d'Arva, de Zips, de Sohl et de Thurocz; 74 500 h.; ch.-l., St-Miklos. Or, argent, fer, antimoine; eaux minérales et thermales.

LIRE, bourg de l'ancienne Normandie (Eure), sur la Rille, à 36 kil. S. O. d'Évreux; 1700 hab. Anc. abbaye de Bénédictins.

LIRÉ, v. de France (Maine-et-Loire), à 19 k. N. O. de Beaupréau; 2265 hab. Patrie de J. Du Bellay.

LIRIA, Edeta, puis Laurona, v. d'Espagne (Valence), à 31 kil. N. O. de Valence; 10 000 hab. Ruines et inscriptions romaines. — Jadis capit. des Edetani, possédée successivement par les Romains, les Goths et les Maures, elle fut enlevée à ces derniers par Jacques le Conquérant, roi d'Aragon en 1252; elle devint enfin le ch.-l. d'un duché qui fut donné par Philippe V au maréchal de Berwick. — V. LEIRIA.

LIRIS, le Garigliano, riv. de l'Italie anc., naissait chez les Marses, passait à Frégelles, formait une partie des limites du Latium et de la Campanie, et tombait dans la mer Inférieure près de Minturnes, après avoir formé de vastes marais.

LIRON (dom Jean), bénédictin de St-Maur, né à Chartres en 1865, mort en 1749, aida Lenourry à terminer l’Apparatus ad bibliothecam SS. Patrum; mit en ordre les archives de l'abbaye de Marmoutiers et fut un des principaux collaborateurs de l’Histoire littéraire de la France, Paris, 1738 et suiv. On lui doit aussi la Bibliothèque chartraine, 1719.

LIS (ORDRE DU). V. LYS.

LISBONNE, Lisboa des Portugais, Olisippo, puis Felicitas Julia chez les anciens, capitale du Portugal et ch.-l. de l'Estramadure portugaise, sur la r. dr. du Tage, près de son embouchure; 290 000 hab. La ville, bâtie en amphithéâtre, a un aspect pittoresque et imposant : la vieille ville est laide; la nouvelle, qui est plus considérable, offre des rues droites, larges et propres. Le port, qui n'est guère qu'une rade excellente, est le seul port militaire du royaume. Nombreux ouvrages de fortification. On admire les places du Commerce et du Rocio, les rues do Ouro, Augusta et da Prata, la cathédrale, les églises St-Roch, St-Antoine, plusieurs couvents, les palais royaux d'Ajuda, de Bemposta, de Necessidades, le théâtre St-Charles, l'arsenal, etc. Lisbonne eut dès 1290 une université (transférée en 1338 à Coïmbre). Elle possède une célèbre Académie des sciences, une Académie de marine, avec observatoire, une école de construction et d'architecture navale,une Académie de fortifications, d'artillerie et de dessin, un collége de nobles, 4 bibliothèques, dont une très-riche (la Bibliothèque royale), 2 cabinets de physique, un jardin botanique; 5 théâtres et banque, fondée en 1822; plusieurs hôpitaux; l'hôpital St-Joseph est le plus important. Industrie active : bijouterie, orfévrerie, chapeaux, chocolat, eaux-de-vie et liqueurs; coutellerie, serrurerie, meubles, passementerie, rubans, savon, tabac. Fonderies de métaux, raffineries de sucre, imprimeries sur étoffes, tanneries, teintureries, etc. Presque toutes les grandes fabriques (armes, canon, poudre, cartes à jouer, porcelaine) sont au compte du gouvernement. Le commerce se fait en grand et embrasse toutes les marchandises venant du Portugal, des Açores, du Brésil, de l'Afrique et de l'Inde portugaise; exportation de citrons, oranges; vins, huiles, laines, cuirs, sel; importation de tissus en laine, coton, et fil, de bois, chanvre, café, etc. — Fondée, suivant une tradition fabuleuse, par Ulysse qui lui aurait donné son nom, mais plus probablement par les Phéniciens. Peu importante sous las Romains, Lisbonne le devint sous les Arabes (716) et surtout sous les Maures, qui s'en emparèrent au VIIIe siècle; elle fut alors la capitale d'un petit roy. particulier. Dès 798, Alphonse, roi des Asturies, s'avança jusqu'à Lisbonne; Alph. I (de Portugal) l'enleva aux Maures en 1147. Prise par les Français en 1807, elle fut évacuée en 1808. Sujette aux tremblements de terre : on cite celui de 1531, et surtout celui de 1755 qui la détruisit presque entièrement. Il y fut signé en 1668 un traité par lequel l'Espagne reconnaissait l'indépendance du Portugal. Sont nés à Lisbonne le Camoëns, le P. Lobo, Fr. Manoel, S. Antoine de Padoue, Barthélémy des Martyrs, etc.

LISBURN, v. d'Irlande (Antrim), à 12 kil. S. O. de Belfast; 6000 h. Résidence de l'évêque de Down et Connor. Fondée sous Jacques I; brûlée en 1707.

LISFRANC (Jacques), chirurgien, né en 1790 à St-Paul-en-Jarrest (Loire), m. en 1847, était d'une famille de médecins où il puisa le goût de son art. Il entra jeune dans le service de santé militaire, vint se fixer à Paris en 1814; devint chirurgien en chef de la Pitié, et se fit un nom par ses cours de clinique, qui attiraient la foule, autant que par son habileté à opérer, qui lui valut une immense clientèle : il était surtout consulté pour les lésions des femmes. On a de lui un Précis de Médecine opératoire (1845-48, 3 vol. in-8, continué par Jobert de Lamballe). Sa Clinique chirurgicale avait déjà été publiée en 1842 (3 v. in-8). On lui doit d'intéressants mémoires sur divers points de chirurgie, notamment sur la Rhinoplastie, 1832. Son nom restera attaché à deux procédés de son invention, l'un pour désarticuler l'épaule avec plus de célérité, l'autre pour amputer le pied dans son articulation tarso-métatarsienne, de manière à laisser à l'amputé une plus large base de sustentation.

LISIEUX, Lexovii, Noviomagus, ch.-l. d'arr. (Calvados), sur l'Orbec et la Touques, à 49 k. E. de Caen; 11 473 h. Station de chemin de fer. Jadis évêché, qui fut occupé par Guy d'Harcourt, Le Hennuyer et Duvair. Belle cathédrale gothique de St-Pierre; anc. palais épiscopal; bibliothèque, belles promenades. Draps communs, flanelles, toiles; filature hydraulique, blanchisseries, teintureries, papeteries; draps communs dits frocs. — V. ancienne, jadis capitale des Lexovii, puis du comté de Lieuvin (sous la 2e race). Pillée par les Normands en 877, brûlée par les Bretons en 1130, prise par Philippe-Auguste, 1203; par les Anglais, 1415; par Charles VII, 1448; par les Protestants en 1571, et par Henri IV en 1589.

On appelait Collége de Lisieux un collège fondé à Paris en 1336, par Guy d'Harcourt, évêque de Lisieux, pour 24 écoliers. D'abord établi rue St-Séverin, il fut transféré au XVe siècle dans la rue St-Étienne-des-Grès, et, en 1764, dans les bâtiments du collége de Dormans, rue St-Jean-de-Beauvais.

L'ISLE. V. ÎLE (L') et LILLE.

LISMORE, v. et paroisse d'Irlande (Munster), dans les comtés de Waterford et de Cork, à 178 k. S. S. O. de Dublin et à 48 O. de Waterford, au sommet d'une éminence; 3007 hab. Anc. évêché, fondé au VIIe s., réuni en 1363 à celui de Waterford. Canal. La ville possède un des plus beaux châteaux de l'Irlande, bâti par le roi Jean; elle a été récemment embellie par le duc de Devonshire. Patrie de Robert Boyle.

LISMORE, une des Hébrides, à l'O. de l’Écosse, fait partie du comté d'Argyle et était autrefois le siége de l'évêque d'Argyle. Ruines d'un château fort et vestiges de camps fortifiés.

LISOLA (le baron de), diplomate franc-comtois, né à Salins en 1613, m. en 1675, entra au service de l'empereur en 1639 et fut employé dans les négociations les plus importantes. On a de lui : le Bouclier d'État contre le dessein de la monarchie universelle, 1667 (contre Louis XIV); le Politique du temps ou Conseil sur les mouvements de la France, 1671; la Sauce au Verjus, 1674 (contre M. de Verjus, l'un des plénipotentiaires français en Allemagne); des Lettres et des Mémoires.

LISON, vge du dép. de Calvados, à 26 kil. O. de Bayeux ; 600 hab. Station du chemin de fer de Cherbourg, avec embranchement sur St-Lô.

LISSA, Issa insula, île des États autrichiens (Dalmatie), dans l'Adriatique, à l'O. de celle de Lésina; 6000 hab.; ch.-l., Lissa, ville très-forte, avec un bon port sur la côte N. E. On a surnommé Lissa le Gibraltar de l'Adriatique. — Jadis assez puissante par sa marine. Bloquée en 229 av. J.-C. par Teuta, reine d'Illyrie, elle fut secourue par les Romains. Près d'elle, combat naval entre les Français et les Anglais (1810) et entre les Autrichiens et lës Italiens (1866).

LISSA, Leszno en polonais, v. murée des États prussiens (Posen), à 60 k. S. de Posen; 9000 hab. Écoles luthériennes, catholiques et israélites. Château des princes Sulkowsky. Patrie des comtes de Leczinski. Ruinée en 1707 par les Russes.

LISSA, ville de Silésie. V. LEUTHEN.

LISSUS, v. de l'Illyrie ancienne. V. ALESSIO.

LIST (Fréd.), économiste, né en 1789 dans le Wurtemberg, conçut dès 1819 la première idée du Zollverein (association douanière des peuples allemands), fonda pour la soutenir un journal, le Zollverein-blatt, et publia divers autres écrits qui avaient tous pour but la prospérité de l'Allemagne, notamment son Système national d'Économie politique (1840); mais, rencontrant partout des obstacles, il se découragea, et mit fin à ses jours en 1846, au moment où le Zollverein allait triompher. Le Système national d'Économie a été traduit en 1851 par M. Richelot, qui y a joint la biographie de l'auteur.

LISTER (Martin), naturaliste anglais, médecin de de la reine Anne, né en 1638 dans le comté de Buckingham, m. en 1712, a écrit : Historia animalium Angliæ, 1678; Historia conchyliorum, 1685-1693 ; De buccinis fluviatilibus et marinis, 1695; De cochleis, 1694; De Obsoniis et condimentis, 1709.

LIT DE JUSTICE. On désignait ainsi les séances solennelles du roi au parlement : c'était primitivement le nom que portait le trône préparé pour le roi lorsqu'il se rendait au parlement. Le premier Lit de justice dont l'histoire fasse mention se tint en 1318, sous Philippe le Long. C'est dans des lits de justice que fut déclarée la majorité de Charles IX, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV. Le roi tenait encore un lit de justice lorsqu'il s'agissait de juger un pair de France, de faire enregistrer d'autorité les édits, ou de créer de nouvelles charges. Le dernier fut tenu à Versailles par Louis XVI le 8 mai 1788 : le roi y ordonna l'établissement d'une cour plénière et la création de plusieurs grands bailliages. Dans ces assemblées, le chancelier recueillait les suffrages isolément et à voix basse.

LITANA SYLVA, auj. forêt de Lago, vaste forêt de la Gaule Cispadane, aux env. de Forum Cornelii (Imola), sur les confins de la Ligurie et de l'Étrurie, est fameuse par deux défaites que les Gaulois y firent éprouver aux Romains, en 215 et 193 av. J.-C.

LITANOBRIGA, nom latin de Pont-Ste-Maxence.

LITERNE, Liternum ou Linternum, auj. Torre di Patria, v. de Campanie, au N. O. de Naples, près de l'embouchure de Clanis. C'est là que Scipion l'Africain mourut et fut enterré.

LITHUANIE, Littauen, en allemand, contrée située au N. E. des États allemands, jadis indépendante, avec titre de grand-duché, auj. partagée entre la Russie et la Prusse, avait une population slave d'env. 6 millions d'hab., dont 5 500 000 dans la partie russe et 500 000 dans la partie prussienne. Elle eut pour capit. Vilna, puis Grodno. Sol plat, en général sablonneux ou couvert de marécages et de vastes forêts, arrosé par la Duna, le Dnieper, le Niémen, le Boug et le Pripet. Blé, lin, chanvre; miel, cire; peaux, tanneries. Chevaux, élans, bisons, les seuls qu'on trouve en Europe. — La Lithuanie fut primitivement habitée par les Lettes ou Lettons. Longtemps soumise aux Russes, elle s'en sépara au milieu du XIIe siècle,- sous son chef Erdivil, mort en 1170, qui l'agrandit. On n'appliquait alors ce nom qu'à un pays situé au N. E. de la Prusse, sur le Niémen et la Vilia, et qui avait pour toutes villes Kovno, Jurbock, Vilkomirsz. Au XIIIe siècle, ce pays s'étendit, au S. au delà du Pripet, à l'O. à 100 k. au delà de Brzetst-Litevski, à l'E. jusque près de Vitebsk et de Smolensk. Au XIVe, il doubla encore et comprit toute la Russie Blanche : sa frontière orientale passait à l'E. des villes de Toropetz, Viazma, Kozelsk, Mtzensk et Siniovka; Kiev et tous les affluents du Dnieper jusqu'à la Vorskla y étaient renfermés. En même temps le grand-duc de Lithuanie, Jagellon, parvint au trône de Pologne (1386) et unit les deux couronnes royale et ducale. Toutefois la Lithuanie fut presque longtemps encore administrée à part. Ses ducs spéciaux ne cessèrent qu'en 1444, par l'avènement de Casimir IV. Le XVIe siècle la vit déchoir de son rang. D'une part le Russe Ivan III en retrancha par ses conquêtes la Sévérie et Smolensk; de l'autre, la Volhynie, la Podolie, Kiev, furent annexées au royaume de Pologne; enfin, en 1569, la Lithuanie fut par une décision de la diète de Lublin, définitivement incorporée à la Pologne, dont elle partagea désormais les destinées. Lors du 1er démembrement de la monarchie polonaise (1774), la Lithuanie passa en grande partie à la Russie, qui aux 2e et 3e partages obtint le reste du pays (moins pourtant le district de Gumbinnen qui est auj. à la Prusse). En 1830 et 31, la Lithuanie combattit avec la Pologne pour son indépendance, mais sans plus de succès. — L'ancienne Lithuanie était divisée en 9 palatinats : Wilna, Traki, Novogrodek, Witebsk, Polock, Brzesc, Mscislaw, Livonie, et Minsk. Auj. la Lithuanie n'est plus une division officielle : son territoire comprend, en Russie, les 5 gouvernements de Wilna, Grodno, Vitebsk, Minsk, et Mohilev; en Prusse, la régence de Gumbinnen, dans la Prusse orientale. Lelewel a écrit l’Histoire de la Lithuanie.

Ducs et grands-ducs de Lithuanie:
Avant la réunion à la Pologne.
Erdivil, mort vers 1170 Trab, 1280
Ringold, 1230 Narimund, 1280
Mendog, 1238 Troyden, 1282
Troynat, 1263 Witen ou Within, 1283-1315
Volstinik, 1265 Ghédimin, 1315-1328
Suintorog, 1268 Iavnut, 1328-1330
Ghiermond, 1270 Olgierd, 1330 ou 1341-1381
Giligin, 1275 Kieistut, 1382
Romund, 1278 Jagiel ou Jagellon, 1382-86
Depuis la réunion.
Skirgell ou Casimir, 1386 Sigismond, 1432
Vitold (Alexandre), 1392 Casimir (IV de Pologne), 1440-1444
Svidrigel (Boleslas), 1430

LITTLE-ROCK ou ARKOPOLIS, V. des États-Unis, capitale de l'Arkansas, sur la r. dr. de l'Arkansas, à 500 kil. N. E. de la Nouvelle-Orléans ; environ 4000 h. Siége de la Cour suprême de l’État. Évêché catholique. Chemin de fer. — La ville fut fondée en 1790.

LITTLETON. V. LYTTLETON.

LITTORAL HONGROIS. V. HONGROIS (LITTORAL).

LIUVA I, roi des Visigoths, élu en 567 après la mort d'Athanagilde, dont il épousa la veuve, choisit Narbonne pour résidence. Les Visigoths d'Espagne s'étant révoltés pour ce motif, il envoya contre eux Léovigilde son frère, qui les soumit. Peu de temps après (569), il abandonna à Léovigilde toute la partie de ses États située au delà des Pyrénées, se réservant la Gaule Narbonnaise ou Septimanie. Il mourut en 572, et Léovigilde réunit les deux monarchies. — Liuva II, petit-fils de Léovigilde, succéda en 601 à son père Récarède; mais il tomba entre les mains de Witeric, qui le mit à mort en 603.

LIVADIE, Lebadea, v. du roy. de Grèce (Hellade orient.), ch.-l. de l'éparchie de Livadie, sur une petite riv. de même nom, à 90 kil. O. d'Athènes; 10 000 hab. Ancienne capitale de la province turque de Livadie. Ville autrefois florissante, presque détruite pendant les guerres de l'indépendance. On voyait près de l'anc. Lébadée l’Antre de Trophonius. — La rivière de Livadie, jadis Hercyna, est formée de deux ruisseaux que les anciens Grecs appelaient le Léthé et la Mnémosyne, et se perd, après un cours de 24 kil., dans le lac Topolias (Copaïs). — Le nom de Livadie était donné par les Turcs à la partie de la Grèce située au S. de la Thessalie et au N. de l'isthme de Corinthe. Elle faisait partie du pachalik des Îles.

LIVAH, nom donné en Turquie aux subdivisions des pachaliks ou eyalets, On les nomme aussi sandjakats. Ils sont administrées par des begs.

LIVAROT, ch.-l. de c. (Calvados), à 20 kil. S. O. de Lisieux, sur la r. dr. de la Vie; 1400 hab. Commerce de fromages fort estimés.

LIVERDUN, petite v. de l'anc. Lorraine (Meurthe), sur la r. g. de la Moselle, dans une vallée pittoresque, à 12 k. N. O. de Nancy ; i050 h. Station de chemin de fer. Jadis forteresse; anc. résidence des évêques de Toul. Port, canal, coulant sous un souterrain de 400m.

LIVERNON, ch.-l. de c. (Lot), à 18 kil. N. O. de Figeac; 900 hab. Pierre de taille, albâtre.

LIVERPOOL, v. d'Angleterre (Lancastre) à 65 kil. S. de Lancastre, à 280 kil. N. O. de Londres, à 59 k. O. de Manchester, sur la r. dr. de la Mersey, près de son embouchure dans la mer d'Irlande; environ 400 000 hab. (en y comprenant le faubourg de Birkenhead). Port formé par la Mersey; deux belles églises (St-Pierre et St-Paul). hôtel de ville, bourse, (renfermant le monument de Nelson), marché; bains superbes, casino dit Wellington rooms. Grands chantiers de construction, vastes docks, protégés par une digue et des forts. Près de New-Prince's-Dock commence le canal de Leeds à Liverpool. Un superbe tunnel de 1800m passe sous une partie de la ville. Chemin de fer de Liverpool à Manchester (construit en 1826). Société médicale, société d'histoire naturelle; musée d'antiquités égyptiennes, jardin botanique, lycée (avec une riche bibliothèque), institution royale, athénée. Commerce immense, qui ne le cède qu'à celui de Londres. Liverpool est comme le port de Manchester, qu'il approvisionne de matières premières, surtout de coton, et dont il exporte les produits manufacturés; communications fréquentes et régulières par paquebots avec Dublin, Douglas, New-York, les Antilles et l'Amérique du Sud. Industrie très-active : raffineries de sucre; fabriques de poteries, couleurs, machines à vapeur, chaînes, câbles; ancres, ustensiles en fer et en cuivre; brasseries, verreries, savonneries, les plus considérables de l'Angleterre. — Avant le XIIIe siècle, Liverpool n'était qu'un hameau de pêcheurs; une corporation de marchands y fut établie en 1228. En 1700, cette ville n'avait encore que 5000 hab.; en 1800, elle en comptait déjà 75 000. Brûlée en partie en 1842, elle a rapidement réparé ce sinistre.

LIVERPOOL (Ch. JENKINSON, comte de), homme d'État, né en 1727 dans le comté d'Oxford, m. en 1808, fut successivement secrétaire particulier de lord Bute, 1761, secrétaire de la trésorerie, 1766, lord de l'amirauté, 1766, secrétaire de la guerre, 1778; quitta le ministère en 1782, et y fut rappelé en 1786 par Pitt qui le fit nommer chancelier de Lancastre, baron de Hawkesbury, pair, comte de Liverpool, et lui confia la présidence du conseil de commerce. C'était un homme habile, mais intrigant; son administration fut fort impopulaire. — Son fils, Robert Banks Jenkinson, comte de L., 1770-1828, premier ministre après l'assassinat de Perceval (1812), s'opposa à l'émancipation des Catholiques et persécuta la reine Caroline. Il fut remplacé en 1827 par Canning.

LIVERTAD, prov. de la république du Pérou, au N., entre la république de l’Équateur au N, E. et à l'E., le département de Junin au S. E., le Grand-Océan au S. O., à l'O. et au N. O. : 500 kil. sur 300; 300 000 hab.; ch.-l., Truxillo; autres villes: Caxamarca, Moyobamba, Payta, etc.

LIVIE, Livia Drusilla, avait épousé en premières noces Tiberius Claudius Nero, en avait déjà un fils (Tibère), et était enceinte d'un deuxième (Drusus), lorsqu'elle inspira une vive passion à Auguste, qui l'enleva à son mari et la prit pour épouse. Ambitieuse autant qu'adroite, elle mit tout en usage pour faire arriver à l'empire son fils Tibère. Néanmoins celui-ci, parvenu au trône, ne lui laissa aucune autorité. — Une autre Livie, dite Livilla, petite-fille de la précédente, et fille de Drusus (frère de Tibère), épousa son cousin Drusus, fils de Tibère. On l'accuse d'avoir empoisonné son mari, d'accord avec Séjan. Après le supplice de ce ministre, elle fut jetée dans un cachot où elle mourut de faim, l'an 33 de J.-C.

LIVINGSTON, famille anglo-américaine, originaire d’Écosse, a fourni aux États-Unis plusieurs hommes d’État distingués. W. Livingston, né en 1723 à New-York, m. en 1790, contribua par ses efforts et sa plume à établir l'indépendance de son pays, représenta au Congrès l'État de New-Jersey, et fut jusqu'à sa mort élu gouverneur de cet État. Il eut part à la rédaction de la Constitution des États-Unis (1787). On a de lui, outre divers écrits de circonstance, un poëme intitulé : Solitude philosophique. — Robert L., 1746-1813, député au Congrès, fut, avec Franklin, Jefferson et Adams, chargé de rédiger la déclaration d'indépendance, et fit ensuite partie du comité qui organisa la nouvelle république (1777). Il remplit pendant 25 ans les fonctions de chancelier, et vint en 1802 à Paris où il négocia l'acquisition de la Louisiane par les États-Unis. On a de lui un Examen du gouvernement de l'Angleterre comparé aux constitutions des États-Unis, traduit par Fabre, Paris, 1789. — Edward L., jurisconsulte, frère de Robert, né en 1764 dans la colonie de New-York, m. en 1836, se distingua comme avocat au barreau de New-York, fut nommé en 1794 représentant de cet État au Congrès, s'y prononça pour le parti démocratique, fut nommé par le président Jefferson procureur général de l'État de New-York, et par les habitants maire de la ville. Ruiné par une banqueroute, il alla s'établir comme avocat à la Nouvelle-Orléans, où il refit en peu de temps sa fortune. Élu membre de l'Assemblée de la Louisiane, il fut chargé en 1821 de rédiger les lois du nouvel État, et fit paraître dans ce but 4 codes qui forment un ensemble admirable, et que plusieurs États voisins s'empressèrent d'adopter (Code des Crimes et Peines; — de Procédure; — d'Évidence ou de Preuves; — de Réforme et de Discipline). Il fut nommé en 1829 secrétaire d’État, sous la présidence du général Jackson; en 1833 il vint en France comme ministre des États-Unis : il y poursuivit et obtint le recouvrement des sommes réclamées par son pays.

LIVIUS SALINATOR (M.), consul 219 ans av. J.-C., fit la guerre avec succès en Illyrie. Élevé de nouveau au consulat en 207, avec Claudius Nero, son ennemi personnel, il oublia sa haine pour ne songer qu'au bien de sa patrie, et aida de tout son pouvoir son collègue à vaincre Asdrubal (V. MÉTAURE). Élu plus tard censeur, il créa un impôt sur le sel, ce qui lui fit donner le surnom de Salinator, nom qui resta depuis à sa famille.

LIVIUS SALINATOR (C.), préteur en 190 av. J.-C., fut envoyé contre la flotte d'Antiochus le Grand, battit son amiral Polyxénidas, et fut fait consul en 188.

LIVIUS ANDRONICUS. V. ANDRONICUS.

LIVONIE, Liefland en allemand, Lifliandiia en russe, région de l'Europe, à l'E. de la mer Baltique, entre l'Esthonie au N., la Courlande et la Lithuanie au S., appartient auj. à la Russie et forme les trois gouvts de Riga (Livonie propre), de Revel et de Courlande. Pays plat et argileux; forêts de pins, sapins, bouleaux, aunes blancs et érables, remplies de lièvres, de renards, d'élans, d'ours et de loups. Culture négligée : blé noir, seigle, chanvre, lin, légumes. Industrie presque nulle, sauf les distilleries. — Habitée d'abord par des peuples de race Tchoude appelés Lives, cette contrée resta ignorée de l'Europe occidentale jusqu'en 1158, époque à laquelle elle fut signalée par des marchands de Brême. Les Danois essayèrent d'y introduire le Christianisme; en 1186, Meinhard, moine augustin de Segeberg, en fut nommé évêque par Urbain III, mais il fut chassé. En 1200, un autre évêque, Albert d'Apeldern, chanoine de Brême, y fonda Riga, qui plus tard devint la capitale du pays, et il y institua l'ordre des Chevaliers Porte-Glaive. Ceux-ci s'agrandirent d'abord aux dépens des Danois qui possédaient alors la Livonie. Mais, vaincus par les Lithuaniens en 1236, ils furent réduits (1237) à se fondre dans l'Ordre Teutonique. Ces nouveaux chevaliers joignirent à la Livonie, l'Esthonie, la Courlande, l'île d'Œsel, etc., et possédèrent cette contrée jusqu'au XVIe siècle, époque où ils furent obligés de l'abandonner. En 1525, Walter de Plettenberg reconstitua l'ordre de Porte-Glaive, rendit à la Livonie son indépendance et fut créé prince de l'empire. Néanmoins, la Livonie fut démembrée peu après (de 1559 à 1561) : Œsel fut vendue par son évêque au Danemark, l'Esthonie se donna au roi de Suède Éric XIV; Gotthard Kettler, dernier grand maître, garda la Courlande et la Sémigalle comme duché séculier; le reste devint province lithuanienne ou polonaise. La Russie prétendit à une part et fit la guerre pour l'obtenir; mais, après des succès variés (1563-65-70-77), la paix de Kieverova-Horka (1582) rendit à la Lithuanie les conquêtes faites par les Russes. Cette Livonie lithuanienne ou polonaise passa aux Suédois en 1660 par la paix d'Oliva. Patkoul s'efforça, mais en vain, de soustraire la Livonie au joug Suédois (V. PATKOUL). Elle fut cédée à Pierre le Grand par la paix de Nystadt (1721); et, comme la Russie a depuis acquis l'Œsel et la Courlande (1795), toute la Livonie est russe aujourd'hui. Le culte dominant est le Protestantisme : cependant il existe plusieurs églises russes et quelques-unes catholiques. Le servage a été aboli en 1824.

LIVOURNE, Liburnicus Portus, en ital. Livorno, v. d'Italie, dans l'anc grand-duché de Toscane, sur la Méditerranée, à 129 k. S. O. de Florence; 85 000 h. Évêché. Bon port, long môle; 4 forts, 2 citadelles : quartier dit Nouv.-Venise, entrecoupé de canaux et très-commerçant. Ville bien bâtie en général; belle place, une rue superbe; plusieurs monuments remarquables : théâtre; église des Grecs-Unis; synagogue, etc. Société des sciences et arts (dite Academia labronica), cabinets d'histoire naturelle, de physique, d'anatomie; bibliothèque. Industrie active : chantiers de construction; objets en corail, soieries, velours, faïence, papier, rosoglio, etc. Grand commerce avec le Levant, la France, l'Angleterre. Chemin de fer conduisant à Pise. — Livourne n'était qu'un village au milieu du XIIIe siècle; elle doit sa prospérité aux Médicis. Elle appartenait aux Génois lorsqu'en 1421 Florence la leur acheta afin d'avoir un port et de devenir une puissance maritime.

LIVRADAIS, ancien petit pays de France, dans la Basse-Auvergne, compris auj. dans le dép. du Puy-de-Dôme, au S. E., avait pour ch.-l. Ambert.

LIVRE D'OR, registre officiel où étaient inscrits en lettres d’or les noms des familles patriciennes. Gênes, Bologne, Lucques, Milan, Florence, Venise avaient chacun le leur; le plus célèbre, celui de Venise, fut établi en 1297, lors de la révolution qui donna aux nobles seuls entrée au Conseil; il fut, ainsi que celui de Gênes, détruit en 1797 dans les guerres d'Italie. — La Russie a aussi son livre d'or.

LIVRE (le GRAND-) de la Dette publique. V. cet art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

LIVRON, v. du dép. de la Drôme, sur la r. dr. de de la Drôme, à 18 kil. S. de Valence; 3457 h. Pont magnifique. Station et embranchement sur Privas. Ville autrefois fortifiée.

LIVRY, vge du dép. de Seine-et-Oise, à 13 kil. E. de Paris, près de la forêt de Bondy; 900 hab. Anc. abbaye de l'ordre de St-Augustin, fondée en 1186, et célèbre par le séjour qu'y fit Mme de Sévigné. Tout auprès était le beau château et le parc du Raincy, auj. détruits.

LIXHEIM, v. de France (Meurthe), à 8 kil. N. E. de Sarrebourg ; 1000 hab. Jadis aux comtes palatins; cédée en 1622 à Henri, duc de Lorraine, qui l’érigea en principauté en faveur d’un bâtard de Guise.

LIXOURI, Cranii ? v. et port de l’île de Céphalonie, sur la côte O., à 8 kil. de Céphalonie ; 6000 h. Évêché catholique. Tapis de poil de chèvre, liqueurs.

LIXUS, auj. Larache, v. de la Mauritanie Tingitane, sur la côte N. O., près de l’embouchure du Lixus, fut fondée par les Phéniciens.

LIZARD (cap), Dumnonium prom., cap qui forme la pointe S. O. de l’Angleterre, dans le comté de Cornouailles. Le 21 octobre 1707, Duguay-Trouin y anéantit presque entièrement la flotte anglaise.

LIZY-SUR-OURCQ, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), sur le canal de l’Ourcq, au confluent de l’Ourcq et de la Marne, à 17 kil. N. E. de Meaux ; 1200 hab.

LLANOS (Los), c.-à-d. les plaines. On désigne par ce nom de vastes plaines arides de l’Amérique du S., spécialement dans le Vénézuela, qui s’étendent des montagnes de Caracas aux forêts de la Guyane, et des montagnes de Mérida à l’embouch. de l’Orénoque, le long du Bas-Orénoque, du Guaviare et du Méta. Les habitants sont nommés Llaneros.

LLOBREGAT, Rubricatus, riv. d’Espagne, sort des Pyrénées, arrose la prov. de Barcelone, coule au S. E. et tombe dans la Méditerranée à 90 kil. au S. O. de Barcelone, après un cours de 150 kil.

LLORENTE (J. Ant.), écrivain espagnol, né en 1756, à Rincon près de Calahorra, reçut les ordres, devint vicaire général de Calahorra, puis secrétaire général de l’inquisition, 1789. Professant des sentiments philosophiques peu conformes à sa position, il fut disgracié en 1801. Il s’attacha, en 1808, à la cause du roi Joseph Bonaparte ; entraîné dans sa chute, il s’expatria, vint en 1814 se fixera Paris, et y publia l’Histoire de l’Inquisition d’Espagne (4 vol. in-8, 1817-20), ouvrage qui fut immédiatement traduit en français, mais qui fut mis à l’index à Rome. Ayant, dans ses Portraits politiques des papes (1822), parlé du Saint-Siége avec peu de respect, il fut expulsé de France ; il retourna en Espagne, où le triomphe momentané des Cortès lui permettait de rentrer, mais il mourut peu après son arrivée, en 1823. Llorente a laissé des Mémoires pour servir à l’histoire de la révolution d’Espagne, 1815-19.

LLOYD (Nic.), compilateur, né en 1633 à Holton (Flint), mort en 1680, fut chapelain de l’évêque de Blandford, puis pasteur. On a de lui : Dictionarium historicum, geographicum, poeticum, etc., Oxford, 1670, in-f°, ouvrage qui a eu beaucoup de vogue et qui a été mis a contribution par Hoffmann et Moreri. - Un autre Lloyd, David, 1625-91, chapelain de l’évêque de St-Asaph, a laissé de précieuses notices sur les Hommes d’État de l’Angleterre, Londres, 1665-70.

LLOYD (W.), savant prélat anglais, né en 1627 à Tilehurst (Berks), mort en 1707, fut évêque de St-Asaph, de Lichfield, de Worcester. Il s’attira la disgrâce de Jacques II, pour s’être opposé à l’Édit de tolérance, qui suspendait les lois contre les Catholiques. Il a laissé des ouvrages estimés d’histoire et de théologie, entre autres : la Chronologie olympique ; Abrégé chronologique de la vie de Pythagore et de ses contemporains ; Hist. du gouvernement de l’Église, etc.

LLOYD (H.), tacticien, né en 1729 dans la principauté de Galles, mort en 1783, prit du service en Autriche, devint aide de camp du général Lascy, fit la guerre de Sept ans, passa ensuite en Prusse et en Russie, se distingua dans l’armée russe pendant la guerre contre les Turcs, et obtint de Catherine le grade de général-major. On a de lui : Mémoire sur l’invasion et la défense de la Grande-Bretagne ; Introduction à l’histoire de la guerre en Allemagne, 1756 ; Mémoires politiques et militaires, 1798.

LLOYD (Robert), poëte anglais, 1733-64, était fils d’un directeur de l’école de Westminster et fut quelque temps lui-même maître de cet établissement. Il le quitta pour se faire auteur, donna quelques pièces de théâtre, entre autres The Shepherd’s Wedding (les Noces du Berger), et composa de petits poèmes où l’on trouve de la facilité et de l’harmonie, mais il mena une conduite dissipée qui abrégea sa vie. Il avait été lié avec Churchill et Thomson.

LLOYD (N.), négociant de Londres, dont le nom a été appliqué à une sorte de club ou succursale de la Bourse, qu’il avait fondé, où l’on s’occupait surtout d’assurances maritimes et autres. Ce nom a été étendu depuis à des établissements analogues fondés, sur le continent. V. LLOYD au Dict. univ. des Sciences.

LLUCHMAYOR, v. de l’île de Majorque, à 27 kil. S. E. de Palma ; 8000 hab. Fondée en 1300. Jacques II, roi de Majorque, y livra en 1349 à Pierre IV d’Aragon une bataille où il perdit la couronne et la vie.

LO (S.), Laudus, évêque de Coutances vers 328, mort entre 363 et 368, est fêté le 21 sept.

LOANDA, v. de Guinée. V. SAN-PAOLO DE LOANDA.

LOANGO, v. et port de la Guinée mérid., capitale du royaume de Loango, dans une plaine fertile, à 5 k. de l’Océan Atlantique, par 10° 10’de long. E., 4° 30’lat. S. ; env. 15 000 hab. Commerce d’ivoire et de bois de teinture. - Le royaume de L. s’étend depuis le cap Lopez jusqu’au fleuve Zaïre, et peut avoir 300 kil. du N. au S. et 340 de l’E. à l’O. ; 600 000 hab. Il est indépendant des Portugais.

LOANO, ville et port d’Italie, sur le golfe de Gênes, à 8 kil. N. d’Albenga ; 3500 hab. Schérer y battit les Austro-Sardes le 23 nov. 1795.

LOBAU, île d’Autriche, dans le Danube, à 9 kil. E. S. E. de Vienne, fut occupée en 1809 par les Français qui la fortifièrent : Napoléon donna le titre de comte de Lobau au général Mouton. V. ci-après.

LOBAU, v. du royaume de Saxe, sur une riv. de son nom, à 16 kil. S. E. de Bautzen ; 2600 h. Son hôtel de ville fut, de 1310 à 1814, le lieu de réunion des députés de la Lusace. Auj env., eaux minérales et beau quartz dit Diamant de Lobau.

LOBAU (George MOUTON, comte de), général français, né à Phalsbourg (Moselle) en 1770, d’une famille de commerçants, mort en 1838, s’enrôla en 1792, combattit en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Russie ; s’éleva de grade en grade par son courage ; fut aide de camp de Joubert, de Moreau, de Napoléon ; devint général de division après la bataille de Friedland (1807), enleva en 1808 à la baïonnette la ville de Médina en Espagne ; se signala en 1809 à Eckmühl et à Essling ; sauva par sa bravoure une partie de l’armée française enfermée dans l’île de Lobau, et fut en mémoire de ce dernier fait d’armes créé comte de Lobau (1809). Après la bataille de Leipzig, il signa une capitulation à Dresde (1813) ; mais il fut, malgré les conventions, retenu prisonnier et emmené en Hongrie, où il resta jusqu’en 1814. Il reprit son service auprès de Napoléon le 20 mars 1815, se battit à Waterloo, fut exilé sous la Restauration, et ne rentra en France qu’en 1818. Élu en 1828 député de la Meurthe, il prit part à la révolution de 1830, présida la commission provisoire, remplaça La Fayette dans le commandement de la garde nationale (décembre 1830), et reçut en 1831 le bâton de maréchal. Comme chef de la garde nationale, il réprima énergiquement les émeutes qui eurent lieu à Paris en 1832 et 1834.

LOBEIRA, écrivain portugais. V. LOVEIRA.

LOBENSTEIN, v. d’Allemagne, sur la Lemnitz, anc. résidence des princes de Reuss-Lobenstein, est actuellement dans la principauté de Reuss-Ebersdorf ; 4000 hab., la plupart tisserands. Château du prince.

LOBINEAU (le P.), bénédictin, né à Rennes en 1666, mort en 1727, a laissé : Histoire de Bretagne, 1707, 2 vol. in-4o ; Histoire des saints de la Bretagne, 1724, in-f°, et a rédigé les 3 derniers volumes de l’Hstoire de Paris commencée par dom Michel Félibien. On lui attribue à tort les Aventures de Pomponius, roman licencieux : cet ouvrage est de D. Labadie.

LOBO (Rodriguez), le Théocrite portugais, né à Leiria (Estramadure) vers 1575, m. vers 1630, en se noyant accidentellement dans le Tage, a laissé trois longs romans pastoraux, le Printemps, le Berger voyageur, et le Désenchanté, qui se font suite, et où se trouvent enchâssées des poésies bucoliques pleines de fraîcheur ; un poëme épique, le Connétable de Portugal (1610), dont le héros est le grand connétable Nuno Alvarez Pereira ; et un livre mêlé de prose et de vers, intitulé la Cour au village ou les Nuits d’hiver (1619), recueil de conversations sur la morale, le bon ton et la littérature, qui resta longtemps populaire.

LOBO (le P.), jésuite missionnaire, né à Lisbonne en 1593, mort en 1678, fut envoyé dans les Indes en 1621, en Abyssinie en 1634, dirigea la maison de son ordre à Goa, et devint provincial. On a de lui une Histoire de l’Éthiopie (Coïmbre, 1659), trad. du portugais en franç. par Joachim Legrand, Paris, 1728.

LOBOS, petit groupe d'îles voisin de la côte du Pérou, par 7° lat. S., contient de riches bans de guano.

LOBOSITZ, v. de Bohême. V. LOWOSITZ.

LOCARNO, en allem. Luggarus, un des ch.-lx du canton du Tessin, à la pointe N. O. du lac Majeur, à 15 kil. 0. S. O. de Bellinzona ; 2700 h. Évêché. Église de la Madona del Sasso, couvent de Franciscains.

LOCATELLI (L.), dit Lucatel, médecin de Bergame, m. en 1637, allia l'alchimie à la médecine et inventa plusieurs remèdes nouveaux. Il a laissé son nom à un baume employé contre la phthisie (V. BAUME DE LUCATEL au Dictionnaire des Sciences). On a de lui un traité d'alchimie, publié d'abord en italien, puis en latin sous le titre de Theatrum arcanorum chemicorum, Francfort, 1656.

LOCH, mot écossais qui entre dans la composition de plusieurs noms géographiques, veut dire lac ou marais, et quelquefois golfe. V. le mot qui suit Loch.

LOCHES, Luccæ, v. du dép. d'Indre-et-Loire, ch.-l. d'arr., sur l'Indre, à 40 kil. S. E. de Tours ; 4753 h. Trib., collége. Curieuse église St-Ours. Vieux château où séjourna Charles VII et dont Louis XI fit une prison d'État : il sert auj. de prison départementale ; on voit encore les cachots superposés, les oubliettes et les cages garnies de fer où furent enfermés La Balue, Comines, etc. Mausolée d'Agnès Sorel. Loches était une seigneurie fort ancienne qui était passée entre les mains des Anglais. Philippe-Auguste l'enleva à Jean sans Terre en 1205. — On appelle souvent Édit de Loches l'édit rendu en 1575 par Henri III en faveur des Protestants à Beaulieu, près de Loches.

LOCHLEVEN, château d’Écosse (Fife), dans une Île du lac de Leven, est une ancienne résidence royale où Marie Stuart fut détenue en 1567 et 1568.

LOCKE (Jean), philosophe anglais, né en 1632 à Wrington près de Bristol, était fils d'un greffier de justice de paix, qui servit comme capitaine dans l'armée parlementaire. Après avoir étudié à l'Université d'Oxford, il obtint dans le Collège du Christ, qui faisait partie de cette université, un bénéfice, espèce de sinécure qui lui permit de se livrera son goût pour l'étude. Il apprit la médecine, mais sans vouloir exercer. En 1666, il se lia avec Ashley Cooper, depuis comte de Shaftesbury, qui lui confia l'éducation de son fils, et qui, devenu ministre, le chargea de rédiger les constitutions de la Caroline (1669), puis le fit nommer secrétaire des présentations aux bénéfices (1672). Locke perdit ce poste en 1673, lors de la disgrâce de son protecteur ; il suivit Shaftesbury dans son exil en Hollande (1682), fut lui-même accusé en son absence d'avoir pris part à une conspiration contre Charles II, et se vit expulsé du Collége du Christ. Il resta en Hollande jusqu'à la Révolution de 1688, s'occupant d'études philosophiques. Revenu en Angleterre avec le prince Guillaume d'Orange, il fut nommé commissaire des appels, puis commissaire du commerce et des colonies (1695), avec un traitement considérable. En 1700, l'affaiblissement de sa santé le détermina à résigner ses fonctions, et il refusa, malgré les instances du roi, de conserver les émoluments d'une place qu'il ne remplissait plus. Il se retira à Oates, auprès de lady Masham, fille du docteur Cudworth, et son amie ; c'est là qu'il mourut en 1704. Il mérita par ses vertus et par la modération de ses opinions être surnommé le sage Locke. Ses écrits valent plutôt par la solidité du fond que par le style, qui est souvent lourd et traînant. Les principaux sont : une Épître sur la Tolérance à Limborch, en latin, 1689 (il y ajouta depuis 3 autres lettres sur le même sujet); l’Essai sur l'entendement humain, en anglais, 1690, plusieurs fois réimprimé du vivant de l'auteur avec corrections et additions ; Traité sur le gouvernement civil, 1690, où il combat les partisans du droit divin ; Pensées sur l'éducation des enfants, 1693, où l'on trouve le germe des réformes proposées depuis dans l’Émile de Rousseau ; le Christianisme raisonnable, 1695, qui le fit accuser de Socinianisme ; et quelques écrits posthumes, parmi lesquels la Conduite de l'entendement, la Vie du comte de Shaftesbury, et un Recueil de Lettres. Locke fut pendant sa vie considéré surtout comme l'apôtre de la liberté politique et religieuse ; aujourd'hui il est principalement connu comme philosophe ; on le regarde comme un des pères de la métaphysique moderne. Dans son Essai sur l'entendement humain, il se propose de recherches l'origine, la valeur et l'étendue de nos connaissances ; il renverse l'hypothèse des idées innées, admise par Descartes, considère l'âme au moment de la naissance comme une table rase, explique toutes nos idées par l'expérience, d'où elles dérivent par deux canaux : la sensation et la réflexion, et n'accorde de valeur qu'aux connaissances qui viennent de cette source. On lui reproche d'avoir adopté un système incomplet, d'avoir trop donné à l'empirisme, d'avoir incliné même vers le matérialisme et le fatalisme. Sa philosophie, devenue populaire en Angleterre, fut propagée en Hollande par Leclerc et S'Gravesande, introduite en France par Voltaire, et développée par Condillac. Elle a été combattue en Angleterre par Stillingfleet, en Allemagne par Leibnitz (dans les Nouveaux essais sur l'entendement humain), en Écosse par Reid, en Italie par Gerdil, en France par Royer-Collard et V. Cousin. On a plusieurs éditions des Œuvres de Locke : une des plus complètes est celle qui a été publiée à Londres, 1824, 9 vol. in-8. La plupart des ouvrages de ce philosophe ont été traduits en français : l’Essai sur l'entendement, par Coste, 1700 ; l’Éducation des enfants et le Christianisme raisonnable, par le même, 1695 ; la Lettre sur la tolérance, ainsi que les Œuvres posthumes, par Leclerc, Rotterdam, 1710. M. Thurot a réuni les Œuvres philosophiques de Locke, trad. en français, en 7 vol. in-8, Didot, 1821-25. Lord King a donné la Vie de Locke, Londres, 1830.

LOCKHART (J. GIBSON), littérateur écossais, né en 1794, m. en 1854, abandonna le barreau pour les lettres, débuta dans le Blackwood Magazine et y donna en 1820 une traduction d’Anciennes ballades espagnoles, une Vie de Cervantès, et une série de portraits satiriques, qui causèrent quelque émotion dans la société d’Édimbourg ; puis, étant devenu le gendre de Walter Scott, il s'exerça dans le genre du roman : il publia Valerius, 1821, dont le sujet est tiré des premiers temps de l'empire romain ; Adam Blair, 1822, tableau de mœurs écossaises ; Reginald Walton, 1823 ; et Matthew Wald, 1824. En 1825, il vint prendre à Londres la direction du Quarterly Review : il fournit à ce recueil littéraire un grand nombre d'articles remarquables. On lui doit une Vie de Robert Burns, 1828, et une Vie de Walter Scott, 1838.

LOCLE (Le), v. de Suisse (Neufchâtel),'k 15 kil. N. O. de Neufchâtel et très-près de la France; 8000h. Horlogerie. Institution d'orphelines.

LOCMAN, fabuliste. V. LOKMAN.

LOCMARIAKER (c.-à-d. Ville de l'hermitage de Marie), bourg du Morbihan, à 65 kil. S. E. de Lorient ; 2187 hab. Petit port, bonnes huîtres. Curieux restes de monuments druidiques et romains.

LOCMINÉ, ch.-l. de c. (Morbihan), à 23 kil. S. de Napoléonville ; 1600 hab.

LOCRÉ DE ROISSY (Guill.), jurisconsulte, né en 1758 à Leipsick, de famille française, m. en 1840, était avocat au parlement de Paris en 1789. Chargé en 1794 de classer les lois décrétées jusqu'à cette époque, puis nommé secrétaire rédacteur du Conseil des Anciens, enfin secrétaire général du Conseil d’État sous le Consulat et l’Empire, il put suivre dans toutes ses phases le travail d’enfantement de la législation nouvelle, et rendit un vrai service aux jurisconsultes en publiant les ouvrages suivants : Esprit du Code Napoléon, 1806, 7 vol. in-8; Esprit du Code de Commerce, 1808-1813, 10 v. in-8; et 1829, 4 vol. in-8; Esprit du Code de Procédure, 1816, 5 vol. in-8; Législation de la France, 1826-1832, 31 vol. in-8.

LOCRES, Locri epizephyrii (c.-à-d. Occidentaux), v. de l'Italie anc., ainsi surnommée de sa situation au couchant, était dans la Grande Grèce, sur la côte E. du Brutium, au S. de l'embouchure de la Sagra. Patrie de Zaleucus et de Timée. Elle reçut divers colonies de Locriens, dont une conduite par Ajax, fils d'Oïlée, et fut occupée vers 700 av. J.-C. par des Locriens ozoles. Elle eut pour législateur Zaleucus ; fut soumise par Denys le Tyran, 394-389, servit de refuge à Denys le Jeune (357-51), chassé de Syracuse ; fut tour à tour libre et dominée par les tyrans siciliens, de 350 à 275 ; fut quelque temps l'alliée de Rome, embrassa le parti des Carthaginois sous Annibal, tomba en 205 au pouvoir des Romains et fut durement traitée. On croit la retrouver dans la v. actuelle de Gerace.

LOCRIDE, pays de la Grèce ancienne, habité par les Locriens. On distinguait 1° la L. épicnémidienne, au pied du mont Cnémis, au N. E. de la Phocide, sur la mer d'Eubée au S. du golfe Maliaque ; ch.-l., Thronium ; — 2° la L. opontienne, bornée au N. O. par la précédente, et située également sur la mer d'Eubée, à l'E. de la Phocide et au N. de la Béolie ; ch.-l., Oponte ; 3° la L. ozole (c.-à-d. puante), dite aussi épizéphyrienne (occidentale), séparée des deux précédentes par la Doride et la Phocide et située à l'O. du Parnasse, au S. de l'Étolie et de la Phocide, sur la mer de Crissa ; ch.-l., Naupacte ou Amphisse ; son surnom lui vient de ce qu'elle était couverte de marais qui exhalaient une odeur méphitique. Les trois Locrides ne jouent presque aucun rôle dans l'histoire. La première envoyait des députés aux Amphictyons. On connaît parmi les rois des Locriens Oïlée et Ajax. — Les deux premières Locrides correspondent, dans le royaume actuel de Grèce, à la partie orientale de l'éparchie de Phthiotide. La Locride occidentale ou Ozole répond à la partie S. de l'éparchie de Phocide.

LOCRIENS, habitants de la Locride. V. LOCRIDE.

LOCUSTE, empoisonneuse de Rome, fournit à Néron le poison qui fit périr le jeune Britannicus. Néron la combla de faveurs, la logea dans son palais, et voulut qu'elle formât des élèves pour son art odieux ; mais Locuste ayant, dit-on, tenté de l'empoisonner lui-même, il la fit mettre à mort. Selon une version plus vraisemblable, elle ne fut mise à mort que sous Galba.

LODÈVE, Luteva, ch.-l. d'arr. (Hérault), au pied des Cévennes et sur l'Ergue, à 54 kil. N. O. de Montpellier, à 737 k. S. de Paris ; 11 208 h. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, promenade. Filatures, fabriques de draps pour le Levant et pour les troupes ; tanneries; eau-de-vie; huile d'olive. — Lodève, ville des Volcæ Arecomici, dans la Narbonnaise, passa des Romains aux Goths, puis aux Francs. Au moyen âge, elle eut des vicomtes, puis des évêques souverains, qui eurent le droit de battre monnaie jusqu'en 1789. Elle fut prise et pillée par les Protestants en 1573. Patrie du cardinal Fleury.

LODI, ville de Lombardie, ch.-l. de délégation, sur la r. dr. de l'Adda, à 31 kil. S. E. de Milan ; 18 000 hab. Évêché, lycée, gymnases, bibliothèque. Vieille citadelle, belle église de l’Incoronata, etc. Faïence, fromages dits parmesan et stracchino. — Lodi fut bâtie en 1158 par l'empereur Frédéric près des ruines de l'antique Laus Pompeia ; elle fut fortifiée en 1655. Bonaparte y entra le 10 mai 1796, après avoir forcé le passage du Pont de Lodi. Il fut conclu dans cette ville en 1454 un traité qui unissait tous les États italiens en une seule confédération.

LODI VECCHIO (c.-à-d. vieux Lodi), Laus Pompeia, jadis ville, auj. simple village de Lombardie, à 17 k. O. de Lodi. Fondée par Pompée, détruite par les Milanais au XIIe siècle.

LODIANA, v. forte de l'Inde anglaise (Sirhind), sur la r. g. d'un bras du Setledge, à 200 kil. N. O. de Delhy, à 50 kil. N. O. de Sirhind ; environ 50 000 hab. Fabriques de cachemires. Fondée par les Musulmans lorsqu'ils conquirent l'Inde ; possédée longtemps par les Syks, auxquels les Anglais l'enlevèrent ; presque détruite en 1846 par les Syks, alors en guerre avec les Anglais, mais bientôt relevée.

LODOMIRIE (pour Wladimirie), anc. contrée de la Pologne occid., identique à la Galicie actuelle, fut ainsi nommée de Wladimir le Grand, qui régnait à la fin du Xe siècle. En 1198, Roman Mstislavitch, prince de Lodomirie, étant devenu maître de Halicz, ses États ne tardèrent point à être désignés sous le nom de Galicie-et-Lodomirie. Cette contrée fut réunie à l'empiré d'Autriche après le 1er partage de la Pologne, en 1772 ; depuis cette réunion, tout le pays porte le nom de Galicie, V. GALICIE,

LŒWENSTEIN, château fort de Hollande, près de Gorkum. Enlevé au duc d'Albe par H. Ruyter en 1571. Grotius y fut déténu et s'en évada.

LŒWENSTEIN (Principauté de), petit État de l'Allemagne, jadis dans la Franconie, auj. dans le N. du roy. de Wurtemberg, avec enclaves dans le roy. de Bavière et le grand-duché de Bade, a été médiatisé en 1711. Il est possédé actuellement par les deux branches de Lœwenstein-Wertheim-Freudenberg et Lœwenstein-Wertheim-Rosenberg, dont les possessions réunies comptent env. 75 000 h., partie catholiques (Rosenberg), partie évangéliques (Freudenberg).

LOFFODEN (îles), archipel de l'Océan Glacial arctique, sur la cote occid. de là Norvège, par 67° 30' 68° 45' de lat. N., se compose de 9 îles incultes ; 3500 h. Pêche de morues et de harengs, attirant jusqu'à 20 000 pêcheurs. C'est à l'extrémité S. O. de cet archipel qu'est le gouffre périlleux du Mal-Strœm.

LOGES (Les), ancien couvent situé au centre de la forêt de St-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), à 2 k. N. O. de la ville. Il fut supprimé à la Révolution. Une succursale de la maison impériale d'éducation de St-Denis a été établie en 1810 dans les bâtiments du couvent. Il se tient, le 1er dimanche de septembre, sur la belle avenue qui conduit de St-Germain aux Loges, une foire très-fréquentée.

LOGHMAN, contrée de l'Afghanistan, entre les prov. de Kaboul à l'E., de Djelalabad et Peichaver au S. E., l'Hindou-Khouch au N.; env. 900 000 hab. Villes principales, Dir et Batchaour.

LOGOTHÈTE, c.-à-d. Qui tient les comptes, officier de l'empire d'Orient, qui était chargé de mettre en ordre les dépêches de l'empereur et qui remplissait les fonctions de garde des sceaux. Outre le logothète du palais, il y en avait un autre pour l'église, qui tenait le sceau du patriarche. Cette dernière fonction existe encore dans l'Église grecque.

LOGRONO, Juliobriga, ville murée d'Espagne (Vieille-Castille), ch.-l. d'intendance, sur l'Èbre, à 94 kil. S. de Vitoria ; 7000 hab. Chaises, canapés. cartes à jouer, chapeaux, eau-de-vie. Patrie du peintre F. Navarette el Mudo et du poëte Fr. Lopez de Zarate. Prise par les Français en 1823. — L'intend. de Logrono, formée de la partie N. E. de l'anc. Vieille-Castille, entre la Navarre et le Guipuzcoa au N., les prov. de Burgos à l'O., de Soria au S., et l'Aragon à l'E., compte env. 190 000 hab.

LOGUDORO. V. SASSARI.

LOHRASP, 4e roi de Perse de la dynastie des Kaïaniens, est regardé comme le même que Cambyse.

LOI AGRAIRE, SALIQUE, etc. V. le mot qui suit loi.

LOING (le), Lupia, riv. de France, naît à Ste-Colombe, dans le dép. de l'Yonne, entre dans celui du Loiret où elle arrose l'arrond. de Montargis, puis dans celui de Seine-et-Marne, et se joint à la Seine près de Moret, après 130 kil. de cours. Cette riv, n'est pas navigable, mais elle alimente le Canal du Loing, qui continue celui de Briare et fait communiquer la Loire et la Seine. Le canal du Loing a 53 kil.; il a été commencé en 1720.

LOIR (le), Lædus, Lidericus, riv. de France, naît à Cernay (Eure-et-Loir), traverse les dép. du Loir-et-Cher, de la Sarthe, de Maine-et-Loire, arrosant Bonneval, Châteaudun, Vendôme, Montoire, La Chartre, Château-du-Loir, Le Lude, La Flèche, Briolay, et se jette près de cette dernière ville dans la Sarthe. par la rive gauche, après un cours de 260 kil. Elle reçoit à gauche, la Conie, le Long et le Méaulne; a droite, la Thironne, le Fouchard, l'Ozanne et la Braye.

LOIR-ET-CHER (dép. de), dép. du centre, entre ceux du Loiret, d'Eure-et-Loir, de la Sarthe et du Cher, est arrosé par le Loir et le Cher : 6397 kil. carr.; 269 029 hab.; ch.-l., Blois. Presque en entier formé de l'Orléanais, avec une petite portion de la Touraine. Au N. et au centre, sol fertile (grains, vin, légumes, fruits, chanvre); au S., landes, marais, d'où sortent des exhalaisons nuisibles, et qu'habite une population misérable. Gros bétail, moutons, volaille, gibier, poissons abondants. Quelques usines à fer; draps, papier, cotonnades, gants, sucre de betterave, vinaigre, verre, etc. — Ce dép. a 3 arrond. (Blois, Vendôme, Romorantin), 24 cant., 300 comm.; il appartient à la 1re division militaire, dépend de la cour d'Orléans, et forme le diocèse de Blois.

LOIRE (la), Liger, Ligeris, le plus grand fleuve de la France, prend sa source dans le Velay, au mont Gerbier-des-Joncs (Ardèche), à 1400m au-dessus du niveau de la mer, coule vers le N. O. jusqu'à Orléans, puis au S. O. et à l'O.; arrose les dép. de la Hte-Loire, de la Loire, sépare ceux de l'Allier et de Saône-et-Loire, entre dans celui de la Nièvre qu'il sépare du dép. du Cher, baigne ensuite ceux du Loiret, de Loir-et-Cher, d'Indre-et-Loire, de Maine-et-Loire, de la Loire-Inférieure; traverse un grand nombre de villes importantes, notamment Roanne, Nevers, La Charité, Châtillon-sur-Loire, Gien, Orléans, Beaugency, Blois, Amboise, Tours, Saumur, Ancenis, Nantes, Paimbœuf, et se jette dans l'océan Atlantique à St-Nazaire, après un cours d'env. 1000 kil., dont 760 de navigables. Elle a pour principaux affluents : à droite le Lignon, le Furens, l'Arroux, la Nièvre, la Mayenne, l'Erdre; à gauche, l'Allier, le Loiret, le Cosson, le Beuvron, le Cher, l'Indre, la Vienne, le Thouet, la Sèvre nantaise. Les rives de la Loire sont agréables et bordées de riantes campagnes, surtout dans sa partie inférieure; mais cette rivière est sujette à de fréquents débordements, parmi lesquels on a surtout remarqué ceux de 1846 et de 1856; en outre, les sables qu'elle charrie et qui se déplacent constamment y rendent la navigation difficile. Pour parer aux ravages que produisent les débordements, on a exécuté, sur une grande partie du cours du fleuve, des digues parallèles qui resserrent les eaux, ou des barrages qui les maintiennent à une élévation égale; sur la r. dr. du fleuve, de Blois à Angers, s'étend la Levée de la Loire, qu'on fait remonter à Charlemagne et à Louis le Débonnaire. Pour faciliter la navigation, on a creusé un Canal latéral à la Loire, qui longe la rive gauche du fleuve depuis le canal du Centre jusqu'à celui de Briare; ce canal, commencé en 1822 et achevé en 1838, a une longueur de 200 kil.

LOIRE (dép. de la), entre ceux de la Hte-Loire au S., de Saône-et-Loire au N., du Puy-de-Dôme à l'O., du Rhône et de l'Isère à l'E. ; 5000 k. carr. ; 517 603 h. ; ch.-l., St-Étienne, depuis 1855 : c'était auparavant Montbrison. Il est formé du Forez et d'une partie du Beaujolais et du Lyonnais. Montagnes dites monts du Forez; fer, plomb, houille en grande abondance; marbre, pierres à fusil et à aiguiser, etc. Quelques massifs de forêts, composées surtout de pins, sapins et hêtres, fournissent beaucoup de térébenthine, de goudron et de résine; peu de grains; vins, chanvre, légumes, fruits, marrons dits de Lyon, garance, pastels, safran; bétail. Industrie très-active : usines à fer, acier, armes, limes, serrurerie; soieries, rubans, gros draps, étoffes de coton, etc. Grand commerce de houille, de métaux et d'objets sortis des fabriques du pays. — Ce dép. a 3 arrond. (St-Étienne, Montbrison, Roanne), 28 cantons, 317 communes; il appartient à la 8e division militaire, dépend de la cour impériale de Lyon et de l'archevêché de Lyon.

LOIRE (dép. de la HAUTE-), entre ceux de la Loire et du Puy-de-Dôme au N., de la Lozère au S., de l'Ardèche à l'E., du Cantal à l'O. : 4958 kil. carrés; 305 621 hab. ; ch.-l., Le Puy. Formé d'une partie du Languedoc (Velay, Gévaudan et partie du Vivarais). Sol volcanique; marbres statuaires et autres, pierre meulière et pierre de taille, plâtre, etc.; antimoine, houille. Beaucoup de grains, vin, fruits, légumes. Bestiaux, moutons, mulets. Peu d'industrie (dentelles, blondes, organsinage de la soie, outres à vin, etc.); peu de commerce. Émigration annuelle d'env. 3000 ouvriers. — Ce dép. a 3 arr. (Le Puy, Brioude, Yssingeaux), 28 cant., 274 comm.; il appartient à la 20e division militaire, dépend de la cour impériale de Riom et forme le diocèse du Puy.

LOIRE-INFÉRIEURE (dép. de la), dép. maritime, au S. de celui d'Ille-et-Vilaine, à l'O. de celui de Maine-et-Loire et au N. de celui de la Vendée : 7000 k. carrés; 580 207 hab.; ch.-l., Nantes. Il est formé de la partie mérid. de l'anc. Bretagne. Beaucoup de collines peu élevées; lac de Grand-Lieu, récemment desséché; marais salants (à Bourgneuf, à Guérande, au Croisic). Fer, étain, antimoine, houille, marbre, aimant, quartz vitreux, kaolin, tourbe, etc. Sarrasin et autres grains, lin, fruits à cidre, légumes, vin. Gros et menu bétail, abeilles. Usines à fer et à cuivre; fonderies, outils de fer, fonte, acier; câbles et chaînes en fer; canons; tissus de fil, coton de toutes espèces; bonneterie, chapellerie; eau-de-vie, produits chimiques, verreries; chantiers de construction; grande pêche, armement pour Terre-Neuve. Très-grand commerce maritime (avec l'Amérique, l'Afrique et l'Inde). — Ce dép. a 5 arr. (Nantes, Savenay, Paimbœuf, Ancenis, Châteaubriant), 45 cantons, 208 communes; il appartient à la 15e division militaire, dépend de la cour de Rennes, et forme le diocèse de Nantes.

LOIRET, Ligerula, petite riv. de France, naît dans le dép. qui prend son nom, à 4 kil. S. S. E. d'Orléans, au château de la Source, passe à Olivet, et se jette dans la Loire par la r. g., sous St-Mesmin, après un cours de 12 k. Elle communique souterrainement avec la Loire, grossit en même temps qu'elle et paraît n'être qu'une dérivation du fleuve.

LOIRET (dép. du), un des dép. du centre, borné par ceux de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne au N., d'Eure-et-Loir à l'O., de Loir-et-Cher et du Cher au S., de l'Yonne à l'E. : 6700 k. carrés; 352 757 h.; ch.-l. Orléans. Formé de l'Orléanais et d'un fragment du Berry. Quelques collines, qui forment la ligne de partage des eaux entre la Loire et la Seine (l'Essonne, le Loing y prennent leur source); canaux de Briare, d'Orléans; canal latéral à la Loire. Sol gras et riche, sauf au S. O., où commence la Sologne. Belles forêts à l'E. et au S.; grains, fruits, légumes, vins, safran, etc. Gros et menu bétail. Industrie : lainages, bonneterie, vinaigrerie, brûlerie d'eau-de-vie, raffinerie de sucre; poterie, tannerie, parcheminerie, papeterie, etc. Grand commerce de transit et autres. — Ce dép. a 4 arr. (Orléans, Gien, Montargis, Pithiviers) 31 cantons, 348 communes; il fait partie de la 1re div. militaire, a une cour impér. et un évêché à Orléans.

LOIRON, ch.-l. de cant. (Mayenne), à 15 kil. O. de Laval; 1350 hab.

LOISEAU, jurisconsulte. V. LOYSEAU.

LOISEL (Ant.), jurisconsulte, né à Beauvais en 1536, mort à Paris en 1617, étudia sous Cujas, dont il resta l'ami; fut avocat au parlement de Paris, puis remplit diverses fonctions dans la magistrature et fut en même temps l'avocat de la reine Catherine de Médicis et de plusieurs princes. On a de lui, outre un recueil de Discours et des brochures de circonstance, des Institutes coutumières, Paris, 1607, 1656, etc., ouvrage estimé, réédité en 1846 par Dupin et Laboulaye, et le Dialogue des avocats, réimpr. en 1818 et 1844 par Dupin. Il a aussi laissé des Poésies latines et des Opuscules, recueillis en 1652 par Cl. Joly.

LOISELEUR-DESLONGCHAMPS (Aug.), orientaliste, employé à la Bibliothèque royale, né à Paris en 1805, mort en 1840, était fils d’un savant médecin, connu lui-même par d’excellents ouvrages de botanique et d’économie rurale (né à Dreux en 1774, mort en 1850). Il étudia le sanscrit sous Chézy, et publia un des livres les plus importants de l’Inde ancienne, les Lois de Manou (Manava-Dharma-Sastra), en sanscrit, avec trad. française, 2 vol. grand in-8, 1832-1833. On lui doit encore un Essai sur les Fables indiennes, 1838, in-8 ; et une édition du dictionnaire sanscrit intitulé l’Amarakocha, qui n’a été terminée qu’après sa mort, 2 vol. in-4, 1839-1845.

LOJA ou LOXA, v. d’Espagne (Grenade), ch.-l. de juridiction, à 54 kil. O. de Grenade, sur le Xenil ; 25 900 hab. Enlevée aux Maures en 1480. Patrie du maréchal Narvaez. Une conspiration républicaine y éclata en 1861, et fut aussitôt réprimée.

LOJA, v. de la république de l’Équateur, ch.-l. du dép. de Loja, à 123 k. S. de Cuença, près des Andes ; 15000 h. Collége. Excellents fruits ; quinquina, dont il se fait un commerce important sous le nom de Cascarilla de Loxa, belle cochenille. Cette v. fut fondée en 1544. — Le dép. de Loja, dans la partie S. O. de la république, est un de ceux qui ont été formés de l’anc. dép. d’Assuay.

LOKE, génie du mal chez les Scandinaves, est le père du loup Fenrir. Enchaîné par les Ases, il doit un jour recouvrer la liberté et anéantir le monde.

LOKEREN, v. de Belgique (Flandre orient.), à 23 kil. N. E. de Gand ; 16 600 hab. Bette église du XVIIe siècle. Draps, cotonnades, couvertures, chapeaux, savonneries, raffineries, etc.

LOKMAN, fabuliste arabe fort ancien, dont on ne sait rien de précis. On le croit le même qu’un Lokman le Sage dont il est parlé dans l’Alcoran, et qui aurait vécu vers le temps de David, ou même d’Abraham. On lui attribue une très-longue vie, ainsi que diverses aventures singulières, analogues à celles de l’Ésope des Grecs. Plusieurs des fables qu’on a sous le nom de Lokman se retrouvent dans celles d’Ésope ; M. de Sacy pensait qu’elles ne sont qu’une imitation du fabuliste grec. Les fables de Lokman ont été publiées pour la 1re fois par Erpenius, Leyde, 1615, arabe-latin. Elles ont été éditées avec traduct. française par Marcel, au Caire, 1799, par Caussin, Paris, 1818, et par Cherbonneau, Alger, 1850. Galland les avait traduites en français dès 1714.

LOLLARD (Walter), hérésiarque du XIVe siècle, né en Angleterre selon les uns, en Hollande selon les autres, soutenait que la croyance de l’intercession des saints n’est, ainsi que toutes les cérémonies de l’Église, qu’une invention des prêtres, supprimait les sacrements et combattait même le mariage. Il prêcha ses erreurs en Allemagne, fut condamné par l’Inquisition et brûlé à Cologne en 1322. Il compta jusqu’à 20 000 disciples : il en avait choisi 12, qu’il nommait ses Apôtres, et qu’il chargea de répandre ses doctrines en Bohême et en Autriche. Il prépara, par ses prédications, celles de Jean Huss en Bohême et de Wicleff en Angleterre.

LOLLARDS, partisans de W. Lollard. V. LOLLARD.

LOLLIUS (M.), fut nommé en 23 av. J.-C., par l’empereur Auguste, gouverneur de la Galatie, de la Lycaonie, de l’Isaurie et de la Pisidie, puis envoyé contre les Parthes, avec Caïus César Agrippa, petit-fils d’Auguste. Suspecté d’intelligences avec l’ennemi, il s’empoisonna pour éviter son châtiment. — Son fils, M. Lollius, consul en 21, se laissa battre en Germanie. On croit que c’est à lui qu’Horace adressa la 2e et la 18e épître de son Ier livre. — La petite-fille de ce dernier, Lollia Paulina, avait épousé C. Memmius Regulus : Caligula la fit divorcer pour l’épouser ; Agrippine la fit mettre à mort parce qu’elle avait prétendu à la main de Claude,

LOMAGNE, Leomania, petit pays de l’anc. Gascogne, dans le Bas-Armagnac, avait pour lieux principaux Lavit-de-Lomagne et Beaumont. Les vicomtes de L. avaient le droit de battre monnaie. Ce pays fait auj. partie des dép. du Gers et de Tarn-et-Garonne.

LOMAZZO (J. P.), peintre italien, né en 1538 à Milan, mort vers 1592, fut longtemps garde de la galerie de Cosme de Médicis à Florence. Il s’était déjà fait une grande réputation lorsqu’il devint aveugle, à peine âgé de 33 ans. Il se mit alors à écrire et dicta un excellent Traité de peinture, en 7 livres, Milan, 1584 ; le Ier livre a été traduit sous le titre de Traité de la proportion naturelle, Toulouse, 1649.

LOMBARD (Pierre), théologien scolastique, dit le Maître des sentences (Magister sententiarum), né vers 1100, près de Novare en Lombardie, mort en 1164, étudia à Reims, fut reçu docteur par l’Université de Paris, enseigna avec grand succès la théologie, et fut nommé en 1159 évêque de Paris. On a de lui un cours de théologie très-célèbre sous le titre de Sententiarum libri IV (Nuremberg, 1474 ; Venise, 1480 ; Paris, 1560, etc.) ; il y rassemble les diverses opinions des Pères sur chaque point de théologie, mais le plus souvent sans donner de décision. Ce livre a fourni un aliment inépuisable aux disputes de l’école, et a eu une foule de commentateurs, parmi lesquels on distingue S. Thomas d’Aquin.

LOMBARD (Lambert), artiste flamand, né a Liége en 1506, m. en 1565, réussit également dans la peinture, l’architecture et la poésie. Après avoir étudié sous Schwartz à Munich et sous Titien en Italie, il revint se fixer à Liége en 1539 et y fit dominer le style de la Renaissance. On cite de lui une Mater dolorosa, à Munich, et la Cène, au Louvre,

LOMBARD (Ch.), apiculteur, né en 1743, m. en 1824, avait été avant la Révolution procureur au parlement de Paris. Après 1793, il se retira aux Ternes, près Paris, s’adonna tout entier à l’éducation des abeilles, publia sur ce sujet d’utiles ouvrages (Manuel du propriétaire d’abeilles, 1802, 6e éd. 1825 ; État de nos connaissances sur les abeilles, 1805), et fit sur l’apiculture des cours qui furent très-suivis. — V. LOMBARDO et LOMBART.

LOMBARDE (Ligue). V. LOMBARDIE (Hist.).

LOMBARDIE. Au moyen âge on donnait ce nom à toute la partie de l’Italie occupée par les Lombards ; elle se composait de l’Italie septentr., d’une partie de l’Italie centrale et de presque toute l’Italie mérid. On la divisait en 32 duchés, dont les principaux étaient ceux de Frioul, de Spolète et de Bénévent ; la capitale générale était Pavie. On la partageait aussi géographiquement en huit régions : 1o Austrie, au N. E. ; 2o Neustrie, au N. O. ; 3o Flaminie et partie de l’Émilie ; 4o Tuscie lombarde ; 5o duché de Spolète ; 6o duchés de Bénévent et de Salerne ; 7o Istrie ; 8o Exarchat de Ravenne et Pentapole (les Lombards possédèrent ce dernier pays qu’un instant). — Dans les temps modernes, malgré la destruction de l’empire des Lombards, le nom de Lombardie continua de subsister, mais il désigna spécialement l’Italie septentrionale, l’anc. Gaule Cisalpine. Ainsi comprise, la Lombardie, qui répond à peu près à l’ancien duché de Milan, est bornée au N. par les cantons suisses du Tessin et des Grisons, à l’O. par le Tessin et le lac Majeur, qui la séparent des États Sardes, au S. par le Pô, qui la sépare de l’anc. duché de Modène et de Ferrerais, à l’E. par le Mincio, qui la sépare de la Vénétie. Elle compte env. 3 millions d’habitants et a pour capit. Milan. Elle se divise en provinces qui tirent leur nom des villes qui en sont les ch.-lx : Milan, Côme, Sondrio, Pavie, Bergame, Brescia, Crémone. Elle est arrosée, de l’O. à l’E., par le Tessin, le Lambro, l’Olona, l’Adda, l’Oglio, le Mincio, et renferme plusieurs lacs : lac Majeur, de Côme, d’Idro, d’Iseo, de Garda ; on y compte en outre de nombreux canaux, dont le principal est celui de Milan à Pavie. Le climat, froid dans les régions montagneuses, est chaud dans les plaines, et généralement salubre, Le sol est presque partout d’une grande fertilité, qui est encore augmentée par une culture très-soignée, ce qui fait de tout ce pays un jardin délicieux. Les principaux produits sont les céréales, le maïs et surtout le riz; on y cultive aussi avec succès le chanvre, le lin, les plantes oléagineuses, l’olivier, le citronnier, l’oranger, le grenadier, etc.; les pâturages, nombreux et excellents, nourrissent beaucoup de bestiaux. En outre on s’y livre à l’élève des abeilles, qui donnent un miel estimé, à celle du ver à soie, qui produit chaque année plus de 2 millions de kilog. de soie grége. Le pays contient de riches mines de cuivre, de fer, de plomb, de houille, d’alun, et des carrières de marbre, d’albâtre, et autres minéraux utiles. Les principaux produits de l’industrie sont les soieries, les draps, les lainages, les cotons imprimés, les fils et toiles de lin, la verrerie, le papier, la chapellerie, la poterie, les fromages, les ouvrages en paille d’Italie, etc. — Cette partie de l’Italie, après avoir été occupée par les Gaulois et les Romains (V. GAULE CISALPINE), fut conquise par les Lombards en 568; elle leur fut enlevée par Charlemagne en 774, et passa ensuite à ses successeurs, sous le nom de Royaume d’Italie. Pendant les guerres des Guelfes et des Gibelins, elle se rendit indépendante, et il s’y forma une foule de petites républiques (Milan, Pavie, Crémone, Venise, Modène, Padoue, Plaisance, Ferrare, etc.), qui figurèrent pour la plupart dans le parti guelfe. Le plus souvent elles se faisaient la guerre, mais au XIIe siècle plusieurs d’entre elles se réunirent pour opposer une digue à la puissance des empereurs et formèrent à Puntido (1167), sous le patronage du pape Alexandre III, la 1re Ligue lombarde, qui vainquit Fréd. Barberousse (1175-83), et le força à reconnaître l’indépendance des villes lombardes. En 1225, il se forma contre l’empereur Frédéric II une 2e ligue lombarde, soutenue également par les papes, et qui, après diverses vicissitudes, finit également par triompher (1249) : Milan fut l’âme de toutes deux. Après la victoire, des tyrans surgirent presque dans chaque ville lombarde; enfin, au XIVe s., toute la Lombardie du Pô fut soumise soit aux ducs de Milan, soit à Venise. Les États restés libres étaient Mantoue, Modène et Ferrare, Gênes, le Piémont, et plus tard Parme. Longtemps la France et l’Autriche se disputèrent le Milanais (V. duché de MILAN) : il finit par rester à la branche espagnole de la maison d’Autriche, qui le conserva jusqu’au commencement du XVIIIe siècle. En 1714, après la guerre de la succession d’Espagne, il fut donné à l’Autriche qui se fit confirmer dans sa possession au congrès d’Aix-la-Chapelle (1748). Les Autrichiens perdirent pendant quelques années la Lombardie, d’abord par suite de la création de la République Cisalpine (1797), puis lors de la formation du nouveau Roy. d’Italie (1805); mais ils se la firent rendre en 1815, et, la réunissant à la Vénétie, en formèrent leur Royaume Lombard-Vénitien. En 1848, la Lombardie, aidée du Piémont, tenta de s’affranchir; mais, après la défaite de Novare (23 mars 1849), elle retomba sous le joug de l’Autriche. Enfin, en 1859, à la suite de la brusque invasion des Autrichiens dans le Piémont, l’empereur d’Autriche, vaincu à Magenta et à Solferino par l’armée franco-sarde, se vit forcé, par la convention de Villafranca (12 juillet), d’abandonner la Lombardie à l’empereur Napoléon III, qui la céda aussitôt au roi de Sardaigne.

LOMBARDO (Pietro), sculpteur et architecte vénitien, né vers 1450, m. vers 1530, orna de ses œuvres Venise, Ravenne, Padoue. Ses chefs-d'œuvre sont le Mausolée des doges P. et J. Mocenigo, à Venise, et la Tour de l'horloge de la place St-Marc. Il eut pour élèves et pour collaborateurs ses deux fils, Tullio et Antonio.

LOMBARDS, Longobardi ou Langobardi, peuple d'origine germanique ou Scandinave. Ils habitèrent d'abord (sous Tibère), entre l'Elbe et l'Aller, affluent du Weser, puis sur l'Aller, la Leine et jusqu'au Weser, et entre ce fleuve et le Rhin. Au milieu du IVe siècle, les Lombards des deux rives de l'Elbe, émigrant à l'Est, soumirent et entraînèrent avec eux les Venèdes des bords de la Baltique, et delà, se dirigeant au Sud, ils occupèrent la Rugie (Moravie),sur les bords du Danube, où on les trouve en 487; la Theiss les séparait des Gépides. Au siècle suivant, de concert avec les Avares, ils détruisirent le royaume gépide (567); puis ils passèrent en Italie sous la conduite d'Alboin, et cela, dit-on, sur l'invitation de Narsès (568). Ils conquirent rapidement la plus grande partie de ce pays (568-72). Vers 752, Astolfe voulut achever la conquête de l'Italie en s'emparant de l'Exarchat et de la Pentapole; mais le roi de France, Pépin, que le pape Étienne IV avait appelé à son secours, lui reprit ce pays, et en fit don au pape (754). Enfin en 774, Charlemagne détruisit la monarchie lombarde centrale, et en 776 il soumit le Frioul qui en dépendait. Il ne resta de la puissance lombarde que les duchés de Bénévent et de Salerne, auxquels les Normands mirent fin en 1077. — Les Lombards étaient d'abord régis monarchiquement; un instant ils formèrent une république aristocratique composée de 32 ducs (575-84); mais ils ne tardèrent pas à rétablir la monarchie élective. La couronne de leurs rois est célèbre sous le nom de Couronne de fer (V. ce mot au Dict. univ. des Sciences). Elle fut portée par les empereurs jusqu'à Charles-Quint, qui la reçut à Bologne en 1530. Napoléon I la ceignit en 1805 comme roi d'Italie. — Voici les noms des rois lombards :

Audoin, 526 Garibald, 671
Alboin, 561 Pertharite (rétabli), 671
Cleph, 573 Cunibert, associé en 678
Les 32 ducs, 675 puis roi, en 686
Autharis, 584 Luitpert, 700,
Agilulf, 591 Ragimbert, 701
Adaloald, 615 Aribert II, 701
Ariovald, 625 Ansprand, 712
Rotharis, 636 Luitprand, 712
Rodoald, 652 Hildebrand, 744
Aribert I, 653 Ratchis, 744
Gondibert et Pertharite, 661 Astolfe, 749
Didier, 756
Grimoald, 662 Conqu. de Charlem., 774

LOMBARDS. On nommait ainsi en France au moyen âge les usuriers ou prêteurs sur gage, parce qu'un grand nombre de marchands de Lombardie étaient venus, à la fin du XIIe siècle, établir des maisons de prêt à Paris, dans la rue dite encore auj. rue des Lombards. On les nommait aussi cahorsins, d'une banque qu'ils avaient établie à Cahors. Les lombards étaient, comme les Juifs, l'objet de la haine populaire; on les traitait avec presque autant de rigueur.

LOMBARD-VÉNITIEN (Royaume). On appela ainsi de 1815 à 1859 toute la partie italienne de la monarchie autrichienne, qui comprenait la Lombardie et la Vénétie. Elle formait 2 gouvts ayant pour ch.-lx Milan et Venise. Après la paix de Villafranca les possessions des Autrichiens en Italie ont été réduites à la Vénétie, qui elle-même a été réunie au royaume d'Italie à la suite de la guerre de 1866. V. LOMBARDIE et VENETIE.

LOMBART (Pierre), habile graveur, né à Paris en 1612, m. en 1682, avait été élève de Vouet. Il passa presque toute sa vie en Angleterre. Parmi ses ouvrages on remarque : le portrait de Charles Ier et une suite de 12 autres portraits d'après van Dyck; le portrait de Cromwell, d'après Walker; la Cène et la Nativité, d'après le Poussin; S. Michel, d'après Raphaël; la Vierge assise sur un trône, d'après Annibal Carrache. Il s'était fait une manière aussi vigoureuse que correcte.

LOMBEZ, Lombaria, ch.-l. d'arr. (Gers), sur la Saye, à 36 kil. S. E. d'Auch; 1650 hab. Trib. de 1re inst., société d'agriculture. Anc. abbaye d'Augustins, érigée en évêché en 1317. Les États de Comminges s'assemblaient autrefois à Lombez.

LOMELLINE, prov. d'Italie, dans les anciens États sardes (Novare), à l’O, du Tésin et au N. du Pô, compte 150 000 hab. et a pour ch.-l. Mortara.

LOMÉNIE, famille peu ancienne qui a donné à la France plusieurs hommes d'État dans les deux derniers siècles. Antoine de L., 1560-1638, était fils de Martial de L., greffier du Conseil, massacré comme protestant à la St-Barthélemy. Il fut ambassadeur de Henri IV à Londres, 1595, puis secrétaire d'État, 1606, et se fit remarquer par une profonde sagesse. Il forma un précieux recueil de pièces historiques que son fils, le comte de Brienne, céda à Louis XIV, et qui se conserve à la Bibliothèque impériale : il est connu sous le nom de Fonds de Brienne. — Son fils, H. Aug. de L., comte de Brienne, 1594-1666, eut la survivance de sa place de secrétaire d'État et fut utilement employé sous Louis XIII et pendant la Régence. Il a laissé des Mémoires sur les règnes de Louis XIII et Louis XIV (1661), qui sont précieux par leur exactitude. — L. H. de L., comte de Brienne, fils du préc., fut quelques mois secrétaire d'État sous Louis XIV (1663); mais il quitta tout à coup les affaires pour s'enfermer à l'Oratoire; puis il rentra dans le monde, conçut pour la princesse de Mecklembourg une violente passion qui dégénéra en folie, et fut pendant 18 ans enfermé à St-Lazare; il recouvra au bout de ce temps sa raison, et mourut en 1698. Il a laissé quelques écrits en prose et des Poésies chrétiennes (1671). — Ét. Ch. L., comte de Brienne, né en 1727, fut successivement évêque de Condom, archevêque de Toulouse, puis de Sens, ministre de Louis XVI, et cardinal. Nommé en 1787 contrôleur général des finances à la place de Calonne, et bientôt après premier ministre, il ne montra que de l'incapacité. Ayant fait rendre des édits impopulaires sur le timbre et la subvention territoriale, il voulut contraindre le parlement à les enregistrer : il exila ce corps à Troyes, puis le rappela; il assembla les États généraux (15 juillet 1788) après s'y être longtemps refusé, suspendit les payements du Trésor, et se vit peu de jours après (25 août) forcé de quitter le ministère, où il fut remplacé par Necker. Arrêté à Sens en 1793, quoiqu'il eût prêté serment à la Constitution civile du clergé, il mourut en prison quelques mois après (1794) : on crut qu'il s'était empoisonné. Pendant qu'il était archevêque de Toulouse, il avait réuni la Garonne au canal de Caraman par un canal qui a reçu le nom de Canal de Brienne. Loménie de Brienne était de l'Académie française et passait pour avoir des liaisons avec les philosophes, notamment avec Turgot et d'Alembert.

LOMOND (Loch), lac d’Écosse, dans le comté de Dumbarton, a 45 kil. sur 15, et contient près de 30 îles. Lors du tremblement de terre qui engloutit Lisbonne en 1755, ses eaux s'élevèrent tout à coup et furent agitées pendant plusieurs heures.

LOMONOSOF (Michel Vasiliévitch), un des créateurs de la poésie russe, né en 1711 près de Kolmogory (Arkhangel), m. en 1765, était fils d'un pauvre pêcheur. Enthousiasmé par la lecture de la Bible, il voulut étudier, et parvint, malgré de grands obstacles, à acquérir des connaissances étendues. Il commença à se faire connaître par des odes sur la guerre contre les Turcs et sur la bataille de Pultawa, qui attirèrent l'attention de l'impératrice, fut nommé en 1745 professeur de chimie, en 1760 directeur des gymnases et de l'Université, en 1764 conseiller d'État. Il était depuis 1751 membre de l'Académie de St-Pétersbourg. On a de lui deux volumes d'odes et de poésies sacrées, entre autres des Méditations sur la grandeur de Dieu, qui ont été traduites en français, un poëme en l'honneur de Pierre le Grand, la Pétréide; deux tragédies, une Histoire de Russie (trad. en français par Eidous, 1768), et plusieurs traités de grammaire, de physique, de métallurgie. Il cultiva également avec succès les beaux-arts et l'industrie. L'Académie russe a publié une édition de ses Œuvres (1803, 6 vol. in-4). Lomonosof est le premier poëte russe qui ait rimé. Ses écrits en prose sont des modèles d'élégance et de pureté.

LONATO, v. de Lombardie, à 22 kil. S. E. de Brescia ; 6600 hab. Prise en 1509 par Louis XII. Bonaparte y vainquit les Autrichiens le 3 août 1796.

LONDINIÈRES, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 14 kil. N. de Neufchâtel; 1000 hab.

LONDINUM, nom latin de la ville de LONDRES.

LONDON, forme anglaise du nom de LONDRES.

LONDONDERRY, v. et port d'Irlande, ch.-l. du comté de même nom, à 200 kil. N. O. de Dublin, sur la Foyle; 15 000 hab. Évêchés catholique et anglican, école classique, bibliothèque; belle cathédrale, hospices d'aliénés; chemin de fer. Commerce important, surtout avec Liverpool. Nombreuses émigrations pour l'Amérique du Nord. Pêche, armements pour celle du hareng et de la morue. Restaurée, par Jacques I, cette ville soutint plusieurs siéges célèbres, notamment en 1688 et 89, contre Jacques II. Patrie de Toland. — Le comté, situé dans l'Ulster, entre ceux d'Antrim, de Donegal, de Tyrone et l'Océan, a 65 k. sur 35 et 222 416 hab. (dont 120 000 catholiques).

LONDONDERRY (lord). V. CASTLEREAGH.

LONDRES, Augusta Trinobantium ou Londinum en latin, London en anglais, capitale de la monarchie britannique, dans le comté de Middlesex, sur les deux rives de la Tamise, à 70 kil. de l'embouchure de ce fleuve, à 400 kil. N. O. de Paris, par 2° 26' long. O. et 51° 30' lat. N. Londres est la ville la plus grande et la plus populeuse de l'Europe : on lui donne plus de 200 kil. carrés et une population de 2 400 000 h.; mais, la ville n'étant pas entourée de murs, on y comprend de vastes faubourgs et même des villages contigus. Londres est la résidence du souverain et le siége du Parlement et des administrations. Évêché anglican, suffragant de Cantorbéry, et le 1er du royaume après les archevêchés. Cours de chancellerie, du Banc du roi, des Plaids communs, de l'Échiquier; Cour centrale criminelle, Cour de l'amirauté, Cour du lord-maire, etc. Nombreux établissements d'instruction : Université (fondée en 1836), King's-college; séminaire anglican; Gresham-college, pour les sciences ; schools ou écoles latines de St-Paul, Christ's hospital, Merchant-Taylors, Westminster, Charter-house, City et London; 16 écoles de droit dites inns; écoles médicales, militaires, de dessin et peinture; d'arts et métiers; plusieurs sociétés savantes, entre autres la Société royale de Londres, l'Académie royale de peinture, le nouvel Institut de Londres, les Sociétés dites linnéenne, de minéralogie, d'entomologie, zoologique, d'horticulture, d'astronomie, de mathématiques, de géographie, asiatique; 18 bibliothèques (Cottoniana, Regis, etc.); musées, galeries, collections en tout genre, notamment le British Museum. — On distingue dans Londres 6 parties principales : au centre la Cité (City), la partie la plus ancienne de la ville, sièée de tout le commerce; à l'O. Westminster et West-End, quartier de la cour, du beau monde, des administrations, du Parlement et des gens de justice; à l'E., East-End, bâti depuis la moitié du siècle dernier et consacré surtout au commerce maritime; au S. Southwark et Lambeth, quartier de la marine et des manufactures; au N., le quartier du Nord, tout moderne et qui englobe plusieurs villages. La Cité, sur la riv. g. de Ta Tamise, et presque au centre de la ville, est régie par une municipalité, corporation élective composée d'un lord-maire, de 2 shériffs (pour Londres et Middlesex), de 29 aldermen, de 209 conseillers municipaux, nommés tous les ans par les 26 wards ou quartiers de la Cité. La ville est régulière et bien bâtie; presque toutes les rues ont de larges trottoirs; les plus belles sont celles de Piccadilly, Oxford, Regent's-Street, Pall-Mall, Portland, Tottenham-Court-Road, le Strand, Holborn, New-Bond, etc. On y remarque de nombreux squares (places avec jardins au centre), notamment ceux de Grosvenor, Portman, Berkeley, St-James, Hanover, Manchester, Cavendish, etc.; les ponts de Waterloo, Westminster, Black-Friars, Southwark et le nouveau pont de Londres; le tunnel, galerie souterraine construite sous la Tamise; des docks magnifiques pour recevoir les vaisseaux et les marchandises, surtout les docks dits de Londres, des Indes occidentales, des Indes orientales; plusieurs jardins publics ou parcs, le parc St-James, Hyde-Park, Regent's-Park, Green-Park, Pall-Mall, le Vauxhall, le jardin zoologique; un grand nombre de monuments publics; la cathédrale de St-Paul, construite de 1675 à 1710, l'abbaye de Westminster, bâtie sous Henri III et Édouard I, par Ch. Wren (les rois y sont couronnés et les grands hommes y ont des monuments); les églises de St-Étienne, St-Martin, St-George, St-Jean l'Évangéliste : le palais de l'archevêque de Cantorbéry; les palais de St-James, de Buckingham, de Kensington, de Carlton-House; Whitehall, la Tour de Londres, ancienne prison d'État, qui contient auj. un musée d'armes et les joyaux de la couronne; la Banque, la Bourse, Guildhall, le Trésor, la Nouv.-Monnaie, l'Hôtel des Douanes (Custom house), l'Excise, Somerset-House, l'hôtel de la Compagnie des Indes orientales; le Colosseum, le Panthéon, le Monument, colonne destinée à perpétuer le souvenir de l'incendie de 1666; les beaux bâtiments de l'Institut de Londres, du Musée anglais, de l'Université, du King's-college, de l'Athenæum-Club; l'Opéra-Italien, les théâtres de Drury-Lane, de Covent-Garden, de Hay-Market, le Diorama; les hôpitaux de Bedlam, St-Barthélemy, New-Foundling et Guy, les deux prisons de Coldbathfield et de Newgate, le pénitencier de Millbank. Malgré la grandeur et la beauté de ses monuments, Londres est une ville triste : elle n'a ni quais, ni boulevards : elle est envahie pendant plusieurs mois par d'épais brouillards qui y répandent l'obscurité, et en tout temps par une fumée de charbon de terre qui souille tout. — L'industrie, extraordinairement développée à Londres, consiste principalement en soieries, lainages, cotonnades, indiennes, limes, aiguilles, bijouterie, horlogerie; construction de machines et d'ustensiles d'acier, de fer et d'étain; coutellerie, chapellerie, faïencerie, miroiterie, carrosserie, sellerie, meubles, tapis, papiers de tenture, toiles à voiles et autres, armes à feu, instruments de chirurgie, de mathématiques, de physique et d'astronomie; produits chimiques, vinaigre, savon, amidon, plomb à giboyer; imprimeries, distilleries, brasseries, tanneries, fonderies, teintureries. Quant au commerce, il embrasse tous les objets et s'étend sur le globe entier : aucune place marchande n'en approche. Londres est le centre de 7 chemins de fer, qui conduisent dans toutes les directions; plusieurs grands canaux y viennent aboutir; enfin, elle communique par d'innombrables bateaux à vapeur ou à voiles avec les principales places commerciales du monde.

Londres n'était qu'une très petite ville sous les Romains. Erkenwin, en fondant le royaume d'Essex (526), fit de cette ville sa résidence et lui donna ainsi le rang de capitale. Un évêché y fut fondé en 604. Sous Alfred, elle devint la capitale de toute l'Angleterre. Guillaume le Conquérant la prit en 1066. Henri Ier lui donna une charte de commune en 1100. Londres a éprouvé à diverses reprises de grands désastres : une famine extraordinaire en 1258, une épidémie qui enleva 100 000 personnes en 1665, et l'année suivante un incendie terrible (30 000 maisons furent brûlées). A la suite de ces deux calamités, la ville fut presque entièrement reconstruite : c'est de cette époque que date sa beauté et sa régularité. Divers traités ont été conclus à Londres. Par celui du 2 janvier 1671, Charles II promettait à Louis XIV de se faire catholique, de coopérer à la guerre contre la Hollande et acceptait 200 000 liv. sterl. pour lutter contre son parlement, 350 000 pour les frais de guerre. Celui du 13 sept. 1688 assurait à Jacques II, menacé par une révolution, l'appui d'une flotte française; celui du 18 juillet 1718, dit la Quadruple alliance, réunissait l'Angleterre, l'Empire, la Hollande et la France contre l'Espagne. C'est encore à Londres que se sont tenues, en 1829 et 1831, les conférences des grandes puissances européennes relativement à l'émancipation de la Grèce et à la création du royaume de Belgique. — Londres a vu naître Milton. Chaucer, Spenser, Franç. Bacon, Prior, Pope, Daniel de Foe, Halley, Th. Morus, Temple, Shaftesbury, Chesterfield, Inigo Jones, Wren, Hogarth, Pitt, Fox, Canning, etc.

LONGCHAMPS, anc. abbaye de religieuses de St-François, à 7 kil. O. de Paris, sur la lisière du bois de Boulogne, avait été fondée par Isabelle, sœur de S. Louis, en 1252 ou 1260. Ce fut l'abord un but de pieux pèlerinage, puis l'abbaye devint célèbre par les concerts spirituels qu'on y donnait les mercredi, jeudi et vendredi saints, et qui attiraient beaucoup de monde. Ces concerts ont été la première occasion de la promenade que les Parisiens font encore ces trois jours-là le long des Champs-Élysées et sur la route de Longchamps; mais cette promenade n'a plus aucun but religieux : on n'y vient que pour étaler les nouvelles parures et prendre les modes.

LONGEAU, ch.-l. de cant. (Haute-Marne), à 11 k. S. de Langres; 400 h.

LONGEPIERRE (Hil. Bern. DE REQUELEYNE, baron de), poëte médiocre, né à Dijon en 1659, mort à Paris en 1721, fut précepteur du duc de Chartres (depuis régent), puis secrétaire des commandements et gentilhomme ordinaire de ce prince. Il débuta par traduire en vers Anacréon, Sapho, Bion, Moschus et Théocrite, puis s'essaya lui-même avec quelque succès dans l'idylle (1690); enfin il fit représenter trois-tragédies : Médée, Sésostris, Électre. La 1re eut un moment de vogue malgré les déclamations qu'on lui reproche. Longepierre tenta, à l'exemple des Grecs, d'exclure l'amour de la tragédie.

LONGFORD (Comté de), comté d'Irlande (Leinster), vers le centre, entre ceux de Leitrim et de Cavan au N., de Westmeath, à l'E. et au S., de Roscommon à l'O. : 45 kil. sur 22; 116 000 hab. (dont 102 000 Catholiques); ch.-l., Longford (ville de 5000 hab., à 100 kil. N. O. de Dublin). Sol assez fertile; cependant le peuple y est très-malheureux.

LONGIN, Cassius Longinus, rhéteur grec, né vers 210, était, à ce qu'on croit, Syrien de naissance. Il voyagea dans sa jeunesse, étudia la philosophie à l'École d'Alexandrie, où il reçut les leçons de Plotin, puis ouvrit à Athènes une école de rhétorique ou de philosophie, et attira par son éloquence et son goût de nombreux disciples. Sa renommée étant parvenue jusqu'à Zénobie, reine de Palmyre, cette princesse l'appela près d'elle et le chargea de lui enseigner la littérature grecque; il devint son principal conseiller pendant sa lutte contre l'empire romain. A la prise de Palmyre, Aurélien se le fit livrer par Zénobie comme l'instigateur de la guerre et le fit mettre à mort : il subit le supplice avec courage. Longin avait composé sur les lettres et la philosophie un grand nombre d'ouvrages qui pour la plupart ne nous sont pas parvenus. On lui attribue le Traité du sublime, un des meilleurs morceaux de critique que nous aient laissés les anciens; mais de récentes recherches ont donné lieu de douter qu'il en soit l'auteur : on l'a attribué à Denys d'Halicarnasse ou à Plutarque. Quoi qu'il en soit, il a été fait de nombreuses éditions du Traité du sublime : la Ire est de Robortello, Bâle, 1554; il a été depuis publié par Tollius, Utrecht, 1694; par Pearce, avec des fragments et des notes, Londres, 1724; par Morus, Leipsick, 1769, avec trad. latine; par Toup, Oxford, 1778, avec un commentaire de Ruhnkenius; par Weiske, Leipsick, 1809, et par M. Egger, Paris, 1837, avec de nouveaux fragments. Il a été trad. par Boileau, 1674; Ch. Lancelot, 1755; Pujol, 1853; et par M. Vaucher, avec le grec en regard, et des Études critiques, Genève, 1854.

LONGIN (Flav.), exarque d'Italie pour Justin II (568-84), fut nommé par ce prince en remplacement de Narsès, combattit les Lombards, que Narsès avait appelés en Italie, mais ne put mettre à l'abri de leurs attaques que la province de Ravenne et le duché de Rome. Il s'empara des trésors d'Alboin, roi des Lombards, que Rosemonde lui livra après avoir assassiné ce prince. V. ROSEMONDE.

LONGINUS, historien polonais. V. DLUGOSZ.

LONGJUMEAU, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur l'Yvette, à 22 k. N. O. de Corbeil; 2050 hab. Grand marché pour bestiaux; fruits, légumes, farines; tanneries, mégisseries; fabriques de noir d'ivoire, de céruse, de couleurs, de meules pour les fabriques d'huile; élève d'abeilles. — Il y fut signé en 1568, entre les Catholiques et les Calvinistes, une paix qui prépara celle de St-Germain; on la nomma la paix fourrée ou la petite paix. — Il y avait auprès de Longjumeau un prieuré d'Augustins dont l'église, bâtie au XIIIe siècle, fut démolie pendant la Révolution.

LONGNY, ch.-l. de cant. (Orne), sur l'Huine, à 24 k. E. de Mortagne; 1600 h. Haut fourneau, forges.

LONGOBARDI, nom de peuple. V. LOMBARDS.

LONGOBARDI (le P.), jésuite, né en 1565 à Calatagirone en Sicile, mort en 1655 à Pékin, fut envoyé en Chine en 1596, opéra un grand nombre de conversions, surtout dans la prov. de Kiang-si, et fut élu, après Ricci, supérieur général des missions à la Chine. Il savait à fond la langue chinoise, et prétendait que les lettrés chinois étaient matérialistes et athées. On a de lui des Lettres écrites de Chine, 1601, en latin; Confucius et sa doctrine, en latin, trad. en français, Paris, 1701.

LONGOLIUS. V. LONGUEIL.

LONGOMONTANUS (Christian), astronome, né en 1562 à Laëngsberg (Jutland), d'où son nom de Longomontanus, mort en 1647, fut recteur du gymnase de Viborg et professeur de mathématiques à Copenhague. On a de lui : Astronomia danica, Amst., 1622. Voulant concilier Tycho-Brahé avec Copernic, il admettait le mouvement diurne de la terre, tout en rejetant son mouvement annuel.

LONGUÉ, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), sur le Lathan, à 18 k. S. de Baugé; 4377 hab. Grains, fruits, chanvre, toiles; sangsues.

LONGUEIL (Richard Olivier de), Longolius, évêque de Coutances (1453), fut chargé par le pape de revoir le procès de Jeanne d'Arc, et reconnut toute l'illégalité de la procédure. Charles VII l'appela à son conseil, l'employa avec succès dans plusieurs négociations, et lui fit donner en récompense le chapeau de cardinal (1456). A l'avènement de Louis XI, il se retira en Italie, où il mourut en 1470, avec le titre d'évêque de Porto.

LONGUEIL (Christophe de), né à Malines en 1490, mort en 1522, était fils naturel d'Ant. de Longueil, chancelier d'Anne de Bretagne. Professeur de droit dès l'âge de 19 ans, il quitta la jurisprudence pour les lettres. Il entreprit un commentaire sur Pline (qui n'a pas vu le jour), puis voyagea en Italie, où il se lia avec Bembo, se fixa à Padoue et y mourut dès l'âge de 32 ans. On a de lui des Discours et des Lettres, en latin (Florence, 1624), remarquables par le soin qu'il mettait à n'employer que des expressions de Cicéron.

LONGUEIL (Gilbert), né à Utrecht en 1507, mort en 1543, médecin de l'archevêque de Cologne, a donné une édition de la Vie d'Apollonius de Tyane, un Lexique grec-latin, (1533), des notes sur Plaute, Ovide, et sur divers ouvrages de Laurent Valla, d'Érasme,etc. On lui doit la 1re édition de Cornélius Népos, 1543.

LONGUEIL (P. Daniel), savant saxon, né en 1704 à Kesselsdorf près de Dresde, mort en 1779, recteur du gymnase de Hof, a donné des éditions annotées de Pline le Jeune, Amst., 1734, d’Aulu-Gelle, 1741, et a publié de savantes recherches sur las Germains : Notitia Hermundurorum, etc.

LONGUEMARE (GOUYE de), avocat, puis greffier au bailliage de Versailles, né à Dieppe en 1715, mort en 1763, a fait paraître : Dissertation pour servir à l'histoire des enfants de Clovis, 1744; Chronologie des rois mérovingiens depuis Dagobert I, 1748.

LONGUERUE (L. DUFOUR, abbé de), érudit, né à Charleville en 1652, mort en 1733. On lui doit : Description historique et géographique de la France (avec cartes de Banville), 1719; Annales des Arsacides, en latin, 1732; Annales françaises, en latin, précieux recueil de pièces sur l’histoire de France, 1766, et d'intéressantes dissertations sur Tatien, sur Justin, sur les Antiquités des Chaldéens et des Égyptiens, etc. Ses ouvrages d'histoire se distinguent par une solide critique.

LONGUEVAL (le P.), jésuite, né en 1680, mort en 1735, enseigna dans divers colléges de son ordre, puis entreprit l’Histoire de l'Église gallicane; il ne put en publier que 8 vol. (allant jusqu'en 1138); elle fut continuée par les PP. Fontenay, Brumoy et Berthier. Elle forme 18 vol. in-4, Paris, 1730-49.

LONGUEVILLE, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), à 17 k. S. de Dieppe, sur le chemin de fer de Rouen à Dieppe ; 700 hab. Il fut érigé en comté par Charles VII en 1453 pour Dunois, bâtard d'Orléans, et donna son nom à la maison de Longueville, issue de ce guerrier.

LONGUEVILLE, vge du dép.de Seine-et-Marne, cant. et à l'E. de Provins; 600 hab. Station du chemin de ter de Troyes, avec embranchement sur Provins.

LONGUEVILLE, famille noble, issue du célèbre Dunois, bâtard d'Orléans, avait pour chef un fils de Dunois, François d'Orléans, comte de Longueville, qui fut gouverneur de la Normandie, grand chambellan sous Charles VIII, et qui mourut en 1491. Le fils de celui-ci obtint en 1505 que son titre de comte fût échangé contre celui de duc. Ses descendants reçurent en 1571 le titre de princes du sang. Cette famille avait joint à ses domaines le duché de Neufchâtel vers 1515, par le mariage de Louis de L. avec l'héritière de ce duché. — Les ducs de Longueville figurent honorablement dans l'armée sous Louis XII, François I, Henri IV. Le plus connu d'entre eux est Henri, duc de Longueville, 1595-1663, mari de la célèbre duchesse qui joua un si grand rôle dans la Fronde. Après avoir servi sous Louis XIII, il avait été nommé membre du conseil de régence pendant la minorité de Louis XIV et plénipotentiaire à Munster (1645). Il prit parti contre la cour à l'instigation de sa femme, et tenta de faire soulever la Normandie, dont il était gouverneur. Il fut arrêté en 1650 avec les princes de Condé et de Conti. Remis en liberté, il renonça aux affaires et se retira dans ses terres.

LONGUEVILLE (Anne Geneviève DE BOURBON-CONDÉ, duchesse de), femme remarquable par sa beauté et son esprit, sœur du grand Condé et du prince de Conti, et femme du duc H. de Longueville, était née en 1619, au château de Vincennes, où son père était prisonnier. Née pour l'intrigue et la faction, elle joua un des principaux rôles dans la Fronde : elle jeta son mari dans le parti des princes de Condé et de Conti, opposé à la cour, s'empara de l'hôtel de ville et en fit sa place d'armes. Après l'emprisonnement de ses frères et de son mari (1650), elle se réfugia en Hollande et sut amener Turenne, de qui elle était aimée, à diriger contre la cour l'armée qu'il commandait en son nom; enfin elle courut les provinces pour les soulever contre l'autorité royale et soutint un siége dans Bordeaux. Mais la prudence du ministre Mazarin déjoua tous les complots : la duchesse, réduite à l'impuissance et frappée d'ailleurs dans ses plus chères affections par la mort de sa mère et de sa fille, se retira du monde et alla vivre dans une solitude presque entière, habitant tantôt Port-Royal des Champs, tantôt les Carmélites du faubourg St-Jacques où elle mourut en 1679. Elle avait à la fin de sa vie embrassé le Jansénisme avec ardeur et s'était liée avec les solitaires de Port-Royal. Pleine de grâce et de beauté, cette princesse exerçait un grand ascendant sur tous ceux qui l'entouraient : c'est pour elle que le prince de Marsillac (La Rochefoucauld), égaré par un fol amour, fit ces vers fameux :

Pour mériter son cœur, pour plaire à ses beaux yeux,
J'ai fait la guerre aux rois, je l'aurais faite aux Dieux.

Villefore a écrit sa Vie, 1739; M. V. Cousin a publié quelques-unes de ses Lettres et lui a consacré deux intéressants volumes, la Jeunesse de Mme de L., 1853, et Mme de L. pendant la Fronde, 1859. — Un de ses fils, Ch. de L., destiné d’abord à l’Église, suivit le parti de armes : il se distingua dans la guerre de 1667, dans l’expédition de Candie, 1669, et au passage du Rhin, où il fut tué, 1672.

LONGUEVILLE (Edme), helléniste, né à Paris en 1785, m. en 1855, a laissé : Harangues tirées des historiens grecs, avec trad. française, 1823-1835; Cours complet et gradué de thèmes grecs, 1828-33; Traité de l'accentuation grecque, 1849, et a coopéré à la nouvelle édition du Thesaurus linguaæ græcæ de H. Estienne, publiée par MM. Didot.

LONGUS, écrivain grec du IVe ou du Ve siècle de notre ère, dont on ne connaît pas la patrie et dont l'existence même est problématique, est auteur du roman de Daphnis et Chloé, pastorale naïve, mais quelquefois licencieuse. Ce roman a été souvent imprimé, notamment par Columbani, Florence, 1598; par Boden, Leips., 1777; par Villoison, Paris, 1778, avec trad. lat. ; par Coray, Paris, 1802; par Courier, Rome, 1810, avec un nouv. fragment, retrouvé par l'éditeur à Florence ; il fait partie des Erotici græci de la collection Didot, 1856. Il a été mis en français par Amyot (trad. revue par Courier, 1810), et par Zévort, 1855.

LONGUYON, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), sur le Chiers, à 33 k. N. O. de Briey; 1700 h. Fonderie et affinerie de fer (à Vezin), haut fourneau, martinet.

LONGWOOD. V. SAINTE-HÉLÈNE.

LONGWY, Longus vicus, ch.-l. de o. (Meurthe-et-Moselle), dans l'anc. Lorraine, sur le Chiers, à 40 k. N. O. de Briey; 2358 h. divisé en Longwy-Bas et Longwy-Haut (sur un rocher). Chapeaux, toile, tissus de coton, passementerie. Comm. de lard et jambons. Patrie du général Mercy. — Fondée au VIIe s., cette v. fut réunie au comté de Bar au XIIIe s., et fut jadis ch.-l. de comté lorrain. Prise par les Français au XVIIe s., cédée à la France en 1678 et fortifiée par Vauban. Prise par les Prussiens en 1792, 1815 et 1871 après un siége opiniâtre. Près Longwy, haut fourneau d'Herserange.

LONICER (Jean), littérateur, né en 1499 à Orthern, dans le comté de Mansfeld, mort en 1569, professa la langue hébraïque à Francfort sur l'Oder, à Fribourg, à Strasbourg et à Marbourg. On a de lui une Grammaire grecque, une Rhétorique, un Abrégé de la Philosophie d'Aristote, une traduction latine de Pindare, des éditions d’Homère, d’Isocrate, et de la Bible en grec, des Notes sur Catulle, Tibulle, etc. Il était lié avec Luther et Mélanchthon et embrassa la Réforme. — Son frère, Adam L., 1528-86, médecin à Francfort, est connu comme botaniste. — Un autre frère, Philippe, pasteur à Friedberg, m. en 1599, s'est occupé d histoire; on lui doit : Chronicon Turcorum, Strasb., 1537; Theatrum historicum, 1604.

LONJUMEAU. V. LONGJUMEAU.

LONLAY-L'ABBAYE (Orne), à 8 k. N. de Domfront; 3688 hab. Anc. abbaye de Bénédictins.

LONS-LE-SAUNIER, Ledo Salinarius, ch.-l. du dép. du Jura, sur la Vallière et le Solvau, au fond d'un bassin formé par des monts de 3 à 400m, à 400 k. E. S. E. de Paris; 8417 h. Trib. de 1re inst. et de commerce; lycée, biblioth., musée d'antiquités, hospice. On remarque l'église des Cordeliers (bâtie en 1250), l'église St-Désiré (plus vieille encore), et les salines dites de Montmorot, qui produisent 20 000 quintaux de sel par an et auxquelles la ville doit son nom. Comm. de grains, bois, fil de fer, clouterie, tôles; tanneries. Patrie de Rouget de Lisle et du gén. Lecourbe. — Cette ville, qui faisait partie de la Franche-Comté et dépendait de l'empire d'Allemagne, fut surprise en 1392 par les Français; les Impériaux la reprirent en 1500; elle soutint un siége meurtrier en 1572 et fut reprise par les Français en 1637.

LOO, bg de Belgique (Flandre occid.), à 10 k. S. E. de Furmes; 1700 hab. — C'est aussi le nom d'un château de la Gueldre, à 24 k. N. d'Arnheim, qui sert de résidence d'été à la famille royale de Hollande.

LOOS, bg. de France (Nord), sur la Deule, à 4 k. S. O. de Lille; 2500 hab. Anc. abbaye, fondée en 1144 par S. Bernard, auj. maison centrale de détention : on y fabrique des toiles, du linge, du calicot.

LOOZ, v. du Limbourg belge, à 10 k. S. O. de Hasselt; 1500 h. Anc. comté, joint au liégeois en 1367.

LOPE DE VÉGA (Félix), célèbre poëte espagnol, né à Madrid en 1562, mort en 1635, fit des vers dès son enfance. A peine sorti des écoles, il eut un duel avec un gentilhomme qui s'était trouvé offensé par une de ses satires; l'ayant blessé dangereusement, il se vit obligé de s'éloigner de Madrid pour plusieurs années. Il perdit de bonne heure une femme qu'il aimait, et embrassa alors l'état militaire; il se trouvait à bord de la fameuse Armada dite l'Invincible. Il quitta le service en 1590, se remaria quelques années après (1597) et se mit à faire des pièces pour le théâtre. Ayant perdu au bout de peu de temps sa seconde femme (1604), il renonça au monde et embrassa l'état ecclésiastique : il devint membre et chapelain de la confrérie de St-François. Il n'en continuait pas moins à cultiver la poésie et même à travailler pour le théâtre : il se plaça bientôt au premier rang des auteurs espagnols, obtint une vogue extraordinaire, se vit comblé de biens et d'honneurs par les princes et acquit une fortune assez considérable. A la fin de sa vie il se tourna entièrement vers la dévotion et se livra même à des rigueurs qui, dit-on, abrégèrent ses jours. Lope de Véga était d'une fécondité incroyable : on dit qu'il fit 1800 pièces (tragédies, comédies, tragi-comédies, autos sacramentales), toutes en vers; quelques heures lui suffisaient pour composer ses pièces. On y trouve une imagination inépuisable, mais déréglée; elles contiennent des scènes excellentes, mais elles pèchent par l'ensemble; les règles de l'art y sont continuellement violées; le beau et le ridicule, le sublime et le trivial y sont sans cesse mêlés, et l'auteur n'a d'autre but que de faire impression sur la multitude. On n'en a imprimé que le plus petit nombre, et elles forment 25 vol. in-4 (Madrid 1609-1647). Lope de Vega a aussi composé un grand nombre de poésies de genres très-divers, des poëmes, pour la plupart inconnus aujourd'hui, tels que l'Arcadie, fruit de sa jeunesse; la Belle Angélique, pour faire suite à l'Arioste; Jérusalem conquise, pour faire suite au poëme du Tasse; des satires, des odes, des églogues, des épîtres, et de nombreux sonnets; elles remplissent 21 vol. in-4, Madrid, 1776-79. Parmi ses pièces on remarque : La Esclava de su galan, El castigo sin venganza, Las Almenas de Toro, El granduque de Moscovia, Nicolas de Tolentino. Quelques-unes ont été trad. par Damas-Hinard sous le titre de Théâtre choisi, 1843. Ern. Lafond a publié en 1857 une Étude sur la Vie et les Ouvrages de Lope de Véga, et a trad. (en vers) une de ses comédies, les Fleurs de don Juan.

LOPE DE RUEDA, poëte dramatique, né à Séville vers 1500, m. en 1564, fut d'abord batteur d'or, puis se mit à parcourir l'Espagne avec une troupe de comédiens qui représentaient des pièces de sa composition. Ses meilleurs ouvrages sont : La Caratula; el Rufian Cobarde; Eufemia; los Enganos; Cornudo y contento; Pagar y no pagar.

LOPEZ ou LOPEZ-GONZALVA, cap d'Afrique, sur l'Atlantique, par 0° 36' lat., 6° 15' long. E., forme la limite entre la Guinée inférieure et la Guinée supérieure.

LORCA, Ilorcum, v. d'Espagne (Murcie), sur la Sangonera, à 80 kil. S. O. de Murcie; 40 000 h. Évêché. Belle église, château fort en ruines. Salpêtre, lainages, toile, savon. Inondée en 1802, par la rupture d'un bassin destiné à l'irrigation de la campagne; 6000 hab. y périrent. Prise en 1823 par les Français.

LORCH ou LAURACH, Lauriacum, v. des États Autrichiens (Autriche), à 22 kil. N. de Steyer. Jadis archevêché (V. PASSAU). Anc. colonie romaine, détruite par les Huns en 450.

LORCH, v. du Wurtemberg (Iaxt), sur le Rems, à 35 kil. S. O. d'Elwangen; 1850 hab. Anc. couvent de Bénédictins, dont l'église renferme les tombeaux de plusieurs des Hohenstaufen. — V. LORSCH, LORD, titre usité en Angleterre, désignait dans l’origine le seigneur d’un domaine, par opposition à ses vassaux ; il est depuis devenu synonyme de noble. Il s’applique particulièrement aux membres de la chambre des pairs dite Chambre des Lords. — Il est quelquefois simplement ajouté au titre d’un office, comme quand on dit le lord maire (le maire de Londres). Le chef de justice, le chancelier, le grand amiral, le Chambellan, le prévôt d’Édimbourg, les 15 juges de la cour criminelle d’Écosse, le lieutenant d’Irlande, portent aussi le titre de lord.

LOREDANO, maison noble de Venise, a fourni plusieurs doges. L’un d’eux, Leonardo Loredano, doge en 1501, m. en 1521, institua les inquisiteurs d’État, qui usurpèrent bientôt tout le pouvoir.

LORET (Jean), poëte médiocre, né vers 1600 à Carentan, m. vers 1655, publia, à partir de 1650, une Gazette burlesque, en vers, dont il paraissait un numéro par semaine, et qui eut beaucoup de vogue. Il fut pensionné par Mazarin et Fouquet. Le recueil de sa Gazette forme 3 vol. in-f. Il a été réimprimé de nos jours sous ce titre : la Muse historique, ou Recueil des lettres en vers, contenant les nouvelles du temps, écrites à Mlle de Longueville, avec une introduction, des notes et une table générale, par J. Ravenel et Ed. V. de La Pelouze, Paris, 1857.

LORETTE, Loreto, v. forte d’Italie, à 21 kil. S. E. d’Ancône, à 2 kil. de l’Adriatique ; 8000 hab. Évêché. On croit y posséder la Santa Casa ou maison de la Vierge : les anges l’auraient transportée à travers les airs de Galilée en Dalmatie en 1291, et quelques années plus tard de Dalmatie à Lorette. Lorette est devenue en conséquence le but d’un pèlerinage fameux. On y a élevé une église magnifique, la célèbre Notre-Dame de lorette : la statue de la Vierge est de bois de cèdre, et passe pour avoir été taillée par S. Luc ; la Santa Casa est presque entièrement revêtue, à l’extérieur, en marbre de Carrare admirablement sculpté, et, à l’intérieur, en plaques d’or et d’argent. Les pèlerins et les offrandes y affluent depuis des siècles : aussi l’église possédait-elle des richesses immenses. En 1797, le pape Pie VI, pour satisfaire aux conditions du traité de Tolentino, fut obligé de dépouiller en partie le trésor, qu’on évaluait à 250 000 000 fr.

LORGES (Jacq. DE MONTGOMERY, seigneur de), servit avec distinction sous François I, ravitailla Mézières où Bayard était renfermé, et fut nommé capitaine de la garde écossaise. Il saccagea en 1544 la ville de Lagny, pour la punir d’avoir désobéi à un ordre du roi ; depuis, on ne pouvait sans offenser les habitants de Lagny leur demander : combien vaut l’orge (Lorges) ? Jacques de Lorges se prétendait issu de l’antique maison écossaise de Montgomery : il acheta en 1543 la terre de Montgomery et porta depuis le nom de cette seigneurie. Il fut père du Montgomery qui tua Henri II dans un tournoi : il avait lui-même en 1521 blessé François I à la tête en luttant avec ce prince.

LORGES (Gui-Aldonce DE DURFORT DE DURAS, duc de), maréchal de France, frère puîné du maréchal J.-H. de Duras, et neveu de Turenne, né en 1630, m. en 1703, était lieutenant général dans l’armée de son oncle lorsque ce grand homme fut tué (1675). Il sauva l’armée et fit une habile retraite ; il obtint en récompense le bâton de maréchal (1676). En 1692, il gagna la bataille de Pfortzheim et fit prisonnier le duc de Wurtemberg ; en 1693, il rejeta Montécuculli au delà du Rhin et emporta Heidelberg, mais il fut repoussé par le prince de Bade. La ville de Quintin en Bretagne fut érigée pour lui en duché, sous le titre de Lorges-Quintin. Le célèbre St-Simon était son gendre.

LORGUES, ch.-l. de c. (Var), sur la r. g. de l’Argens, à 11 kil. S. O. de Draguignan ; 3028 h. Huile d’olives, eau de vie. Maison de Capucins (depuis 1852).

LORIA (Roger de), célèbre marin, né vers 1250 à Loria, dans la Basilicate, m. en 1305, quitta son pays quand Charles d’Anjou en eut fait la conquête, et se mit au service de Pierre III, roi d’Aragon, proclamé roi de Sicile, qui le nomma grand amiral. Il fit aux Français une guerre d’extermination, battit et brûla leur flotte près de Reggio et près de Malte (1582), battit deux fois devant Naples le fils de Charles d’Anjou, Charles le Boiteux (1282 et 87), et le fit prisonnier, ravagea les côtes du Languedoc, y fit un immense butin, et ne déposa les armes qu’après la conclusion de la paix (1202), ayant joui à la guerre d’un bonheur constant. À un courage indomptable, il joignait la perfidie et la cruauté ; avec le génie d’un grand homme de mer, il eut l’âme d’un pirate.

LORIENT (pour l’Orient), v. forte du Morbihan, ch.-l. d’arr., l’un des cinq ports militaires de France, au confluent du Scorff et du Blavet, à leur embouchure dans l’Océan, à 500 kil. O. S. O. de Paris, à 52 kil. O. N. O. de Vannes, 35 462 hab. Chef-l. du 3e arrondissement de la marine militaire, tribunal de 1re inst. et de commerce, lycée, écoles d’artillerie, d’hydrographie, de génie maritime ; bibliothèque. Assez belle ville : on y remarque le port, l’arsenal, la place d’armes, les promenades, les quais, l’observatoire, la tour des signaux, le bassin de construction, la cale couverte, les magasins en granit, les mécaniques à faire la corde, la machine à mâter, le chantier de Caudan, le parc d’artillerie, l’hôtel de la préfecture maritime. Atelier pour la fabrication des machines à vapeur ; fonderies, forges, presses hydrauliques pour l’essai des fers ; polygone pour les exercices de l’artillerie. Le commerce, jadis considérable, a encore de l’importance : on exporte surtout pour l’Inde et la Chine. Chemin de fer. — Lorient a été bâtie en 1709 par la Compagnie des Indes orientales ou de l’Orient, qui y possédait un établissement dès 1666. La ville ne fut érigée en municipalité qu’en 1738. Les Anglais tentèrent vainement de s’en emparer en 1746. Le brave Bisson (né à Guéméné) y a une statue.

LORIOL, ch.-l. de cant. (Drôme), à 21 kil. S. O. de Valence, sur la Drôme ; 2500 hab. Station.

LORIQUET (le P. J. N.), jésuite, né en 1767, m. en 1845, était fils d’un maître de pension d’Ëpernay. Il entra en 1801 dans la congrégation des Pères de la Foi, qui se fondit plus tard dans la Compagnie de Jésus, enseigna avec zèle « et talent dans plusieurs des maisons de l’ordre, fut en 1814 nommé supérieur du petit séminaire de St-Acheul, près d’Amiens, qu’il porta rapidement à un haut degré de prospérité, ne quitta ces fonctions qu’en 1828, par l’effet des lois sur les congrégations non autorisées, fut nommé en 1833 supérieur de la maison de Paris, en 1838 préfet spirituel de la Congrégation, et s’occupa activement jusqu’à sa mort de la direction religieuse d’un grand nombre de couvents. Il a composé ou refait pour ses élèves une foule de livrés élémentaires : grammaire, arithmétique, mythologie, histoire, géographie. La plupart sont écrits avec une élégante concision ; mais son Histoire de France, imprimée pour la 1re fois en 1814, est empreinte d’une partialité notoire, et a été l’objet de justes critiques. Le P. Loriquet a publié en outre des Souvenirs de St-Acheul, 1829-30, une histoire de la suppression de sa Compagnie sous le titre de Choiseul, Pombal et d’Aranda, et un traité de la Dévotion à S. Joseph. Henrion a écrit sa Vie.

LORMES, ch.-l. de c. (Nièvre), à 34 kil. S. E. de Clamecy ; 3017 hab. Bois, pierre de taille.

LOROUX-BOTTEREAU (le), ch.-l. de cant. (Loire-Infér.), à 15 kil. N. de Nantes ; 5335 hab.

LORQUIN, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle), à 9 kil. S. O. de Sarrebourg ; 1400 hab. Tanneries.

LORRAIN (Claude GELÉE, dit le), peintre, né en 1600 à Château-de-Chamagne en Lorraine, m. à Rome en 1682, excella surtout dans le paysage et les marines. Il alla se former en Italie, revint en 1625 dans son pays, embellit de ses ouvrages l’église des Carmélites de Nancy, et retourna bientôt à Rome où il passa le reste de sa vie et où il acquit une fortune considérable ; il y dirigea pendant plus de vingt ans une école d’où sont sortis des peintres distingués. Il jouit de la faveur des papes Urbain VIII et Clément IX, ainsi que de l’amitié du Poussin. On admire surtout dans ses compositions une vérité saisissante, un style riche et un coloris admirable : on l’a surnommé le Raphaël du paysage. Ses principales toiles sont : le Sacre de David, le Débarquement de Cléopâtre, la Fête villageoise, la Vue d’un port de mer au soleil couchant. Il était aussi habile graveur : on a de lui une suite de 28 paysages qui est fort recherchée.

LORRAIN (Robert le), sculpteur, né à Paris en 1666, m. en 1743, élève de Girardon, puis du Bernin, dont il subit l’influence, fut reçu à l’Académie en 1701, y fut nommé professeur en 1717, et recteur en 1737. On a de lui : un Faune, pour la cascade de Marly ; un Bacchus, dans le jardin de Versailles ; S. Émilien, aux Invalides, etc. Ses œuvres sont empreintes de manière et d’afféterie ; elles manquent de correction et de pureté. Il forma Lemoine et Pigale.

LORRAIN (L. Joseph le), né à Paris en 1715, m. à St-Pétersbourg en 1760, se distingua à la fois comme peintre et comme graveur et fut reçu académicien en 1756. Il alla se fixer en Russie et devint directeur de l’Académie des arts de St-Pétersbourg. Parmi ses gravures on cite : le Jugement de Salomon ; Esther devant Assuérus, la Mort de Cléopâtre, etc.

LORRAINE, Lotharingia. On a désigné sous ce nom : 1o le Royaume de Lorraine ou Lotharingie ; 2o le Duché de Lorraine ou Lorraine proprement dite ; 3o le Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois.

I. Royaume de Lorraine ou de Lotharingie, roy. formé en 855, après l’abdication de Lothaire I, en faveur de son 2e fils, Lothaire II, qui lui donna son nom. Il s’étendait entre la Meuse, l’Escaut et le Rhin jusqu’à la mer, et avait pour bornes au N. la Frise, au N. E. le duché de Saxe, à l’E. la Franconie et la Souabe, au S. la Bourgogne Transjurane, au S. O. la Champagne, à l’O. le Vermandois et la Flandre, au N. O. la mer du Nord. Lothaire II étant mort sans enfants légitimes (869), ce royaume fut, en vertu du traité de Mersen, partagé entre ses oncles, Louis le Germanique et Charles le Chauve, puis entre Louis le Jeune et Charles le Gros. Ce dernier avait fini par réunir à ses États la Lorraine tout entière ; après sa déposition (887), elle devint la possession d’Arnoul de Carinthie, qui en 895 en investit son fils Zwentibold. Après le meurtre de celui-ci (900), les Lorrains se donnèrent à Louis IV l’Enfant, roi de Germanie ; en 911, ils reconnurent Charles le Simple, roi de France. Soumis en 923 par Henri Ier l’Oiseleur, reconquis pour un instant en 939 par Louis d’Outremer, ils rentrèrent sous la domination allemande en 940. La Lorraine fut désormais gouvernée par des ducs. En 954, l’empereur Othon le Grand, contre lequel Conrad, duc de Lorraine, s’était révolté, donna ce duché à son propre frère Brunon, archevêque de Cologne : celui-ci, en 959, le divisa en Haute et Basse-Lorraine, qui eurent chacune des ducs particuliers.

La Haute-Lorraine ou Lorraine Mosellane était au S., entre les Vosges, la Bourgogne, la Champagne et la Franconie Transrhénane ; elle était parcourue par la chaîne des Vosges et arrosée par la Moselle : c’est ce pays qui forma ce qu’on a depuis appelé spécialement Lorraine (V. ci-après duché de LORRAINE).

La Basse-Lorraine ou Lorraine Ripuaire, dite aussi duché de Lothier, était au N., entre le Rhin, la Meuse et l’Escaut (d’où son nom de Ripuaire) ; elle avait au N. la mer du Nord, au N. E. la Frise, au S. la Hte-Lorraine, à l’O.le Vermandois et la Flandre, comprenant à peu près les Pays-Bas actuels et la Prusse rhénane. Othon II donna en 977 le duché de B.-Lorraine à Charles de France, fils puîné de Louis IV d’Outremer, qui lui en fit hommage. Othon, fils de Charles, étant mort sans enfants (1004), le duché fut donné à Godefroi, comte de Verdun, à qui succédèrent Gothelon, son frère, et Godefroy II, le Bossu, fils de Gothelon, puis le célèbre Godefroy de Bouillon, son neveu (1089). Ce dernier s’étant croisé peu après, la Basse-Lorraine fut possédée par Henri de Limbourg, puis par Godefroy le Barbu, comte de Louvain, qui en fut investi en 1106. Ce prince fut la tige des ducs de Brabant.

II. Duché de Lorraine (l’ancienne Hte-Lorraine on L. Mosellane), contrée de l’anc. France, était com prise entre la Basse-Lorraine au N., l’Alsace à l’E., la Franche-Comté au S., la Champagne au S. O. et à l’O. Elle avait pour capitale Nancy, et se divisait en trois bailliages généraux, le bailliage de Nancy ou bailliage français, le bailliage des Vosges, et le bailliage de Vaudrevange ou bailliage allemand. - Le duché de Hte-Lorraine eut pour 1er duc particulier Frédéric d’Alsace, frère d’Adalbéron, évêque de Metz, et beau-frère de Hugues Capet (959) : il reçut ce duché de l’empereur Othon I. Frédéric II, son petit-fils, étant mort sans enfants (1033), Gothelon, déjà duc de Basse-Lorraine, lui succéda. Après la mort d’Albert, successeur de Gothelon (1048), l’empereur Henri III donna le duché de Hte-Lorraine à Gérard d’Alsace, qui fut le 1er duc héréditaire et la tige de l’illustre maison de Lorraine, qui subsiste encore. Ses descendants possédèrent la Lorraine jusqu’en 1737. Mais sous Louis XIII, Louis XIV et Louis XV, leurs États avaient été un perpétuel sujet de guerre, et même les ducs en furent quelque temps dépossédés (notamment de 1661 à 1697). En 1737, le duché fut, d’après un arrangement fait avec la France, cédé au roi de Pologne Stanislas Leczinski, beau-père de Louis XV, par le duc François III, qui reçut en échange le grand-duché de Toscane ; après la mort de Stanislas, la Lorraine fut définitivement réunie à la France (1766). Elle forma alors avec le duché de Bar le grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois (V. ci-après).

Ducs de Lorraine.
Frédéric ou Ferri I, 959 Raoul, 1328
Thierry, 984 Jean I, 1346
Frédéric II, 1026 Charles I, 1391
Gothelon, 1033 René I et Isabelle, 1431
Albert, 1046 Jean II, 1453
Gérard (1er duc héréditaire), 1048 Nicolas, 1470
Thierry II, 1070 René II et Yolande, 1473
Simon I, 1115 Antoine, 1508
Matthieu I, 1139 François I, 1544
Simon II, 1176 Charles II, 1545
Ferri I, 1205 Henri, 1608
Ferri II, 1206 François II, 1624
Thibault I, 1213 Charles III et Nicole, 1624
Matthieu II, 1220 Charles IV, 1675
Ferri III, 1251 Léopold, 1690
Thibault II, 1304 François III, 1729
Ferri IV, 1312 Stan. Leczinski, 1737-66

N. B. Quelques auteurs regardent comme 1er duc de Lorraine Charles, fils de Louis d’Outremer, connu sous le nom de Charles de Lorraine, et donnent le nom de Charles II à celui que nous nommons ici Charles I ; mais c’est là une erreur : Charles de Lorraine ne régna jamais que sur la Basse-Lorraine (le Brabant), qui ne doit pas être confondue avec la Hte-Lorraine, celle dont Nancy est la capitale, et qui a seule retenu le nom de Lorraine.

III. Lorraine-et-Barrois, grand-gouvernement de l’anc. France, formé en 1766 après la réunion du duché de Lorraine à la France, était situé entre le Luxembourg et l’électorat de Trêves au N., le Bas— Palatinat et le duché des Deux-Ponts au N. E., l’Alsace à l’E., la Franche-Comté au S., la Champagne à l’O. Il comprenait : 1o le Duché de Lorraine ; 2o le Duché de Bar ou Barrois ; 3o les Trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, qui formaient deux petits gouvernements enclavés dans le grand ; 4o le Luxembourg français (Thionville, Montmédy, Longwy) ; 5o le Duché de Carignan ; 6o la Lorraine allemande ou Pays de la Sarre, cédée à la France par le traité d’Utrecht, en 1713 ; 7o le Duché de Bouillon, enlevé par Louis XIV à l’évêque de Liége. Le grand-gouvt de Lorraine-et-Barrois a formé 4 dép. : Moselle, Meurthe, Meuse, Vosges, plus une partie de la Hte-Marne et du Luxembourg dans les Pays-Bas. Dom Calmet a écrit l’Histoire de la Lorraine, 1728, et M. d'Haussonville l’Hist. de la réunion de la Lorraine à la France, 1855.

LORRAINE (Maison de), une des plus anciennes et des plus illustres maisons souveraines de l'Europe, a pour chef Gérard, issu des ducs d'Alsace, fait duc héréditaire de Hte-Lorraine en 1048 par l'empereur Henri III. Cette maison posséda la Lorraine pendant près de 700 ans, et produisit un grand nombre de princes distingués (V. la série des ducs de Lorraine ci-dessus et les art. CHARLES, LÉOPOLD, RENÉ, etc.). Elle subsiste encore auj. et règne sur l'empire d'Autriche par suite du mariage de François III, duc de Lorraine, avec Marie-Thérèse (1745). Cette maison était partagée en un grand nombre de branches, dont les principales sont celles de Vaudemont, Mercœur, Guise, Joyeuse, Chevreuse, Mayenne, Aumale, Elbeuf, Harcourt (V. ces noms). Elle s'est alliée à presque toutes les maisons souveraines de l'Europe, notamment à celles de France et d’Écosse. V. MARIE DE LORRAINE, MARIE STUART, LOUISE, etc.

LORRAINE (Charles de), duc de Basse-Lorraine. V. CHARLES (à la série des Princes français).

LORRAINE (Claude, François, Henri, Charles de), ducs de Guise. V. AUMALE et GUISE (ducs de).

LORRAINE (Charles de GUISE, dit le Cardinal de), 2e fils de Claude de Lorraine, duc de Guise, et frère de François, duc de Guise, était né en 1525. Il fut nommé archevêque de Reims à 15 ans, et devint cardinal à 30 ans, en 1555. Il fut le principal ministre du roi François II, à qui il avait fait épouser sa nièce, Marie Stuart. Il rétablit les finances et soulagea le peuple en supprimant une partie des pensions. Pendant les querelles religieuses, il se montra impitoyable envers les Protestants, surtout après la conspiration d'Amboise (1560), tramée par eux dans le but de lui enlever l'autorité ainsi qu'à son frère François. Il essaya d'établir en France l'Inquisition; mais la constante opposition du chancelier L'Hôpital et du parlement l'en empêcha. Il assista en 1561 au colloque de Poissy, et y lutta avec éloquence contre Théodore de Bèze. Il ne parut pas avec moins d'éclat, l'année suivante, au concile de Trente. Plusieurs fois depuis il prêcha avec un grand talent contre les Calvinistes dans les principales églises de Paris. Il mourut à Avignon en 1574. On a de ce cardinal des Harangues, des Sermons et des Lettres. M. Guillemin a écrit sa Vie, 1852.

LORRAINE (Louis de), cardinal de Guise, neveu du précédent. V. GUISE.

LORREZ-LE-BOCAGE, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 32 kil. S. E. de Fontainebleau; 800 hab.

LORRIS, Lauriacum, ch.-l. de c. (Loiret), à 20 k. S. O. de Montargis; 1700 hab. Patrie du poëte Guillaume de Lorris. V. GUILLAUME.

LORSCH ou LAURISHEIM, Lauriacum, bourg de l'anc. évêché de Worms, auj. dans la Hesse-Darmstadt, à 12 kil. E. de Worms; 2300 h. Anc. abbaye de Prémontrés, fondée en 764, et auj. détruite, où furent inhumés plusieurs souverains de la Bavière. C'est là que Grynæus découvrit plusieurs livres de Tite-Live. On connaît sous le nom de Chronique de Laurisheim une chronique des premiers temps de notre histoire, rédigée par un moine de cette abbaye.

LOT (le), Oltis, riv. de France, naît près de Bleymard dans les Cévennes, arrose les dép. de la Lozère, de l'Aveyron, du Lot et de Lot-et-Garonne; reçoit la Truyère, la Cellé, et tombe dans la Garonne (rive droite) au-dessous d'Aiguillon, après 400 k. de cours.

LOT (dép. du), entre ceux de la Corrèze, du Cantal, de l'Aveyron, du Tarn, de la Hte-Garonne, de Lot-et-Garonne, de la Dordogne; 3984 kil. carrés; 295 542 hab.; ch.-l., Cahors. Il est formé de Quercy et d'une partie de la Guyenne, est arrosé par la Dordogne, la Cère, le Lot et la Cellé, et traversé par quelques ramifications des Cévennes et du Cantal. Pays agricole : grains, bons vins d'ordinaire, vins noirs pour mélanges, châtaignes, chanvre, tabac, truffes; élève de porcs et de volailles. Marbres, pierres meulières, pierres lithographiques, argile à creusets, etc. Commerce actif. — Ce dép. a 3 arrond. (Cahors, Figeac, Gourdon), 29 cant., 300 çomm.; il dépend de la 12e division militaire, de la cour impériale d'Agen, et a un évêché à Cahors.

LOT-ET-GARONNE (dép. de), entre ceux de la Dordogne, du Lot, de la Hte-Garonne, du Gers, des Landes, de la Gironde; 332 665 hab.; ch.-l., Agen. Il est formé d'une partie de la Guyenne (Agénois, portions du Condomois et du Bazadois), et est arrosé par la Garonne, le Lot, le Dropt, le Gers, la Bayse. Pays de plaines et de collines; sol fertile sur les bords du Lot et de la Garonne; en d'autres parties, landes et bruyères. Grains, chanvre, châtaignes, tabac, vins estimés, liège; élève de volailles. Exploitation de fer; moulins à farine, distilleries d'eau-de-vie; fruits secs, pruneaux, etc. Tanneries, papeteries, ganterie, bonneterie, filatures de laine, manuf. de toiles peintes. — Ce dép. a 4 arrond. (Agen, Villeneuve-d'Agen, Marmande, Nérac), 35 cant., 354 comm.; il appartient à la 12e division militaire, a une cour imp. et un évêché à Agen.

LOTH, neveu d'Abraham, le suivit à Haran, puis dans la terre de Chanaan, mais le quitta pour se fixer à Sodome. Battu et pris par Chodorlahomor, roi des Élamites, il fut délivré par Abraham. Lorsque le Seigneur voulut détruire Sodome, il avertit Loth de s'en éloigner avec sa famille, mais en leur défendant de regarder derrière eux. La femme de Loth, ayant enfreint cette défense, fut changée en statue de sel. Loth devint par un inceste père de Moab et d'Ammon, chefs des Moabites et des Ammonites.

LOTHAIRE I, empereur d'Occident, né Vers 795, m. en 855, était le fils aîné de Louis le Débonnaire. Associé par son père au titre d'empereur dès 817, il fut reconnu en même temps roi de France, et prit en 820 le titre de roi des Lombards. Louis ayant voulu faire de nouvelles dispositions afin de pourvoir son plus jeune fils, Charles (dit le Chauve), né depuis le partage qu'il avait fait de ses États, Lothaire suscita contre son père ses deux frères Louis (le Germanique) et Pépin, et le détrôna 2 fois (830 et 33); mais deux fois il se vit forcé de lui rendre la couronne. Resté seul empereur à la mort de Louis le Débonnaire.(840), il voulut envahir les États de ses deux frères, Charles le Chauve et Louis le Germanique; mais ceux-ci se liguèrent contre lui et le battirent à Fontenay dans l'Auxerrois (841). Par un traité que les trois frères conclurent à Verdun (843), Lothaire conserva le titre d'empereur, avec l'Italie, la Bourgogne et les provinces orientales de la France : sa capitale était Aix-la-Chapelle. Peu de jours avant sa mort il avait abdiqué pour aller s'enfermer dans l'abbaye de Prum et avait partagé ses États entre ses trois fils : Louis (II), qui eut le royaume d'Italie avec le titre d'empereur; Charles, qui eut la Provence jusqu'à Lyon; Lothaire (II), qui eut le pays nommé depuis royaume de Lorraine.

LOTHAIRE II, de Supplinbourg, empereur d'Allemagne de 1125 à 1137, était duc de Saxe et fut élu au préjudice des neveux de Henri V, Frédéric, duc de Souabe, et Conrad, duc de Franconie. Il eut longtemps à combattre ses compétiteurs, et n'en triompha qu'avec l'appui du pape et du duc de Bavière Henri le Superbe, son gendre. Il mourut en Italie, au retour d'une expédition entreprise contre Roger, roi de Sicile, en faveur du pape Innocent II.

LOTHAIRE, roi de Lorraine (855), 2e fils de Lothaire I, eut en partage le pays situé entre le Rhin et la Meuse, pays qui prit de lui le nom de Lotharingie (d'où Lorraine). Il s'allia successivement avec son frère Louis II de Germanie contre son oncle Charles le Chauve, et avec celui-ci contre Louis. Il répudia sa femme Teutberge (862), pour épouser Valdrade, qui était déjà sa concubine, et fit approuver cette union par deux conciles; mais le pape le força, sous peine d'excommunication, de reprendre sa première femme (865). Il mourut en 869, à Plaisance, en revenant de Rome, où il était allé pour fléchir le pape. LOTHAIRE, roi d'Italie, fils de Hugues de Provence, fut associé au trône par son père en 931 et détrôné avec lui en 945 par Bérenger, marquis d'Ivrée. Celui-ci fut contraint, dans une assemblée tenue à Milan, de lui rendre la couronne ; mais au bout de 5 ans il se défit de Lothaire par le poison (950). Lothaire avait épousé Adélaïde de Bourgogne, qui, après sa mort, épousa Othon le Grand.

LOTHAIRE, roi de France, né en 941, m. en 986, était fils de Louis IV d'Outremer et de Gerberge, sœur de l'empereur Othon I. Il fut associé au trône en 952, succéda à son père en 954, sous la tutelle d'Hugues, lutta sans cesse contre les grands, fit la guerre à l'empereur Othon II, envahit la Lorraine, mais fut bientôt forcé d'évacuer cette province, dont son frère, Charles (de Lorraine), fut investi par Othon (977).

LOTHARINGIE. V. LORRAINE (Royaume de).

LOTHIAN, anc. contrée d’Écosse, forme les trois comtés d'Haddington, de Linlithgow et d’Édimbourg, désignés aussi sous les noms d'East-Lothian, West-Lothian et Mid-Lothian (Lothian du milieu). — Ce dernier est situé entre Haddington à l'E., Berwick, Peebles et Lanark au S., Linlithgow et la mer au N.; il a 50 kil. sur 28, compte 195 000 hab. et a pour ch.-l. Édimbourg. — Pour les deux autres comtés, V. HADDINGTON et LINLITHGOW.

LOTHIER (duché de). V. LORRAINE (Roy. de).

LOTOPHAGES, anc. peuple de l'Afrique, habitait probablement le long de la petite Syrte, près des côtes de laquelle se trouve une île dite des Lotophages, autrement Menynæ (auj. Zerbi). Ce peuple était ainsi nommé parce qu'il se nourrissait du fruit du lotos, qu'on croit être une espèce de jujubier (Ziziphuslotus). L'effet de ce fruit délicieux était, disait-on, de faire oublier la patrie aux étrangers, et de les attacher invinciblement au pays du lotos.

LOUDÉAC, ch.-l. d'arr. (Côtes-du-Nord), à 50 k. S. de St-Brieuc, près d'une forêt de 2500 hectares ; 1800 h. Trib. de 1re inst., collége. Toiles, fil.

LOUDES, ch.-l. de cant. (H.-Loire), à 15 k. N. O. du Puy ; 360 hab.

LOUDUN, Juliodunum, ch.-l. d'arr. (Vienne), à 52 kil. N. O. de Poitiers ; 4000 hab. Trib. de 1re inst., collége, société d'agriculture. Grains, cire, vins blancs, truffes, eau-de-vie, dentelles communes, etc. Célèbre couvent d'Ursulines dont les religieuses se prétendirent ensorcelées par le curé Urbain Grandier (V. ce nom). — Cette ville, qui avait embrassé la Réforme, fut prise par les Catholiques en 1569. Un traité y fut signé en 1616 entre la régente Marie de Médicis et les princes rebelles : il confirmait l'édit de Nantes. Patrie des frères Ste-Marthe.

LOUÉ, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 31 kil. O. du Mans ; 1600 hab. Patrie de Germain Pilon.

LOUÈCHE, en allemand Leuk, bg de Suisse (Valais), à 20 kil. E. N. E. de Sion, sur la r. dr. du Rhône ; 600 hab. Beau pont, sites pittoresques. A 7 kil. N., au pied de la Gemmi, célèbres eaux thermales ferrugineuses, recommandées contre les rhumatismes.

LOUET (George), avocat, puis conseiller au parlement de Paris (1584), a publié en 1602 un précieux Recueil d'arrêts notables, 20 fois réimprimé. Brodeau, en 1636, et Rousseau de Lacombe, en 1742, y ont fait d'importantes additions.

LOUHANS, Lovincum, ch.-l. d'arr. (Saône-et-Loire), sur la Stille, à 50 k. N. E. de Mâcon ; 3674 h. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, bibliothèque ; église paroissiale remarquable. Moulins à farine, tanneries. Commerce important en grains, maïs, gros bétail, volailles. Entrepôt des marchandises qui passent de Lyon en Suisse.

LOUIS, Ludovicus, Lodoix en latin, Ludwig en allemand, nom d'un grand nombre de personnages historiques de pays fort divers.

I. Empereurs et rois de Germanie.

LOUIS I, le Débonnaire, empereur d'Occident et roi de France, fils de Charlemagne et d'Hildegarde, né en 778, fut nommé roi d'Aquitaine dès l'âge de trois ans, fut associé à l'empire en 813, et succéda à son père l'année suivante. Dès son avénement, il permit aux Saxons, transplantés par Charlemagne dans des pays étrangers, de retourner dans leur patrie. Trouvant trop lourd le fardeau de l'empire, il le partagea en 817 avec ses trois fils : il donna à Pépin l'Aquitaine, à Louis la Bavière, à Lothaire l'Italie. Bernard, son neveu, que ce partage privait de l'Italie, dont il était déjà en possession, se révolta (818), mais il fut défait et puni de la manière la plus barbare : Louis lui fit crever les yeux. Bernard étant mort à la suite de ce traitement, l'empereur, pour expier sa cruauté, fit en 822, dans Attigny, une pénitence publique. Dans la suite, Louis s'étant remarié, et ayant eu de sa 2e femme, Judith de Bavière, un 4e fils, Charles le Chauve, voulut, pour doter ce prince, revenir sur son 1er partage (829); mais les enfants du premier lit se révoltèrent et le reléguèrent dans un monastère, ainsi que Judith. Louis fut rétabli la même année, par la diète de Nimègue, mais ses fils le firent de nouveau déposer en 833 pour avoir encore une fois violé le traité de partage de 817 : amené à Compiègne, il y fut solennellement dégradé, et condamné à une réclusion perpétuelle ; néanmoins il fut rétabli dès l'année suivante par Pépin et Louis le Germanique, qui étaient jaloux de Lothaire. Il mourut en 840, près de Mayence, du chagrin que lui causa une nouvelle révolte de son fils Louis (le Germanique), contre lequel il s'était vu obligé de marcher. Louis était un prince pieux, mais d'un caractère faible et irrésolu ; il fut sans cesse dominé, soit par ses fils, soit par sa femme, et laissa croître la puissance féodale. Il eut pour successeur à l'empire son fils aîné Lothaire, et au trône de France Charles le Chauve.

LOUIS LE GERMANIQUE, 3e fils de Louis le Débonnaire. Dans le partage que son père fit de ses États (817) il obtint la Bavière et toute la partie orientale de l'empire des Francs (dite Germanie). Il se révolta plusieurs fois contre son père, dont il hâta la mort par une dernière révolte (840). Ligué avec son jeune frère Charles le Chauve, il battit son frère Lothaire à la bataille de Fontenay (841), et se composa un royaume qui renfermait, outre l'ancienne France sur la rive droite du Rhin, la Saxe, la Thuringe, la Bavière, le pays des Grisons et la Lorraine ; il acquit ces deux derniers pays en 870, par le traité de Mersen. Il m. en 876, laissant 3 fils, Carloman, Louis et Charles. — Louis, dit le Saxon, roi de Germanie, 1er fils et successeur du précéd., battit près d'Andernach (876) son oncle Charles le Chauve, qui était entré en Allemagne pour le dépouiller. Après la mort de ce prince, il envahit lui-même la France pour revendiquer le trône de ce pays, mais sans pouvoir y réussir. Vainqueur des Normands en 881, il fut vaincu par eux à son tour et en mourut de chagrin, en 882.

LOUIS II, le Jeune, fils de Lothaire I, né vers 822, roi d'Italie en 844, associé à l'empire en 849, succéda à son père comme empereur en 855, et se fit céder en 859, par son frère Charles de Provence, le pays situé entre le Jura et les Alpes. Ce même Charles étant mort sans enfants, en 863, il partagea la Provence, qui avait formé son domaine, avec le roi de Lorraine, Lothaire II, son autre frère. Il marcha à plusieurs reprises contre les Sarrasins qui s'étaient établis dans le duché de Bénévent et la Calabre, les combattit avec avantage et réussit à les expulser. En 871, il fut pris par Adalgise, prince lombard de Bénévent ; il essaya en vain, une fois libre, de se venger, et mourut en 875, ne laissant qu'une fille (Hermengarde), qui épousa Boson, roi de la Bourgogne Cisjurane.

LOUIS III, dit l'Aveugle, petit-fils du préc., fils de Boson et d'Hermengarde, né en 880, succéda à son père dans le royaume d'Arles (887), passa en Italie pour faire la guerre à Bérenger (899), le vainquit et se fit couronner empereur à Rome en 900. Surpris dans Vérone par ce même Bérenger, il eut les yeux crevés et fut dépouillé de l'empire (903). Il m. vers 923.

LOUIS IV, dit l'Enfant, dernier empereur carlovingien, fils d’Arnoul de Carinthie, était né en 893. Il fut reconnu roi de Germanie à la mort de son père (899), et empereur en 908. Trop faible pour chasser les Huns, qui avaient envahi l’Allemagne, et pour s’opposer aux prétentions d’Othon, duc de Saxe, et de Conrad, duc de Franconie, qui se disputaient ses États, il abandonna le trône, et s’enfuit à Ratisbonne, où il mourut en 911.

LOUIS V, de Bavière, fils de Louis le Sévère, duc de Bavière, né en 1284, fut élu empereur en 1314 par une partie des électeurs, tandis que les autres nommaient Frédéric le Bel. Louis vainquit Frédéric à Muhldorf (1322), le tint prisonnier jusqu’en 1325, et ne lui rendit la liberté qu’à condition qu’il renoncerait à l’empire. Mais le pape Jean XXII s’opposa à cet accord, ordonna à Louis d’abdiquer, et, sur son refus, l’excommunia. Louis entra alors en Italie (1327), ceignit à Milan la couronne de roi des Lombards, fit élire l’antipape Pierre de Corbière (Nicolas V), et se fit couronner par lui empereur en 1328 ; mais il fut excommunié de nouveau, en 1346, par Clément VI, qui fit élire à sa place Charles de Luxembourg. Louis mourut l’année suiv., d’une chute de cheval. C’est lui qui plaça 2 aigles dans le sceau de l’empire : d’où l’aigle à double tête.

II. Rois de France et princes français.

LOUIS I, dit le Débonnaire. V. LOUIS I, empereur.

LOUIS II, le Bègue, fils de Charles le Chauve, né en 846, fut fait roi d’Aquitaine par son père en 867, lui succéda dix ans après au trône de France, et mourut à Compiègne en 879. Incapable de résister aux grands vassaux, il prépara par ses concessions le triomphe de la féodalité. Il fut père de Louis III, de Carloman et de Charles le Simple.

LOUIS III, fils du préc., lui succéda en 879 conjointement avec son frère Carloman et eut en partage la Neustrie avec une portion occid. de l’Austrasie. Il battit les Normands en 881 à Saucourt (Ponthieu), et mourut d’accident l’année suivante, à 22 ans.

LOUIS IV, d’Outremer, fils de Charles le Simple, fut élevé en Angleterre (d’où son surnom) : sa mère l’avait emmené dans ce pays pour le soustraire aux factieux. Il succéda en 936 à Raoul, qui l’avait longtemps privé de sa couronna. Il ne put reprendre la Lorraine, dont Othon I s’était emparé. Il enleva la Normandie au jeune duc Richard, fils du duc Guillaume I ; mais il fut défait et pris par Harald, roi de Danemark, qui le livra en 944 à Hugues le Blanc, comte de Paris, son compétiteur. Enfermé à Laon, il ne recouvra la liberté que l’année suivante, après avoir été obligé de remettre la Normandie à Richard, et décéder le comté de Laon à Hugues ; mais il reconquit peu après ce dernier comté. Il mourut à Reims, en 954.

LOUIS V, le Fainéant, fils de Lothaire, lui succéda en 986 et se rendit maître, la même année, de la ville de Reims, au siége de laquelle il montra quelque valeur. Il mourut l’année suivante, à 20 ans, sans postérité ; il avait été, prétendit-on, empoisonné par la reine Blanche, sa femme, à l’instigation de Hugues-Capet. Il fut le dernier roi carlovingien en France.

LOUIS VI, le Gros, fils de Philippe I et de Berthe, fille d’un comte de Hollande, né en 1078, m. en 1137, fut associé au gouvernement en 1100, et devint seul roi en 1108. Il fit la guerre aux seigneurs qui avaient secoué le joug de l’autorité royale, entre autres les sires du Puiset, de Coucy et de Montlhéry, les comtes de Corbeil, de Mantes, d’Étampes, de Montfort, de Montmorency, etc. Il tenta ensuite de s’emparer de la Normandie, alors possédée par Henri I, roi d’Angleterre, pour la donner à Guillaume Cliton, neveu de ce prince ; mais il fut battu à Brenneville près d’Andely (1119) : c’est dans cette guerre que pour la 1re fois fut arborée l’oriflamme. Il vengea (1127) le meurtre de Charles le Bon, comte de Flandre, et donna ses États à Guillaume Cliton. En 1130, il convoqua un concile à Étampes au sujet de la rivalité d’Innocent II et d’Anaclet, et se prononça pour le premier. Ayant en 1131 perdu son fils aîné, Philippe, qu’il avait fait sacrer à Reims trois ans auparavant, il nomma, pour le remplacer, Louis, son 2e fils. Louis le Gros combattit de tout son pouvoir le système féodal et favorisa dans ce but l’institution des communes, qui devinrent un puissant auxiliaire pour la royauté contre les prétentions de la noblesse. Il eut pour ministre le sage Suger.

LOUIS VII, le Jeune, fils du préc., né en 1120, m. en 1180, épousa Éléonore de Guyenne avant de monter sur le trôna et succéda à son père en 1137. Il fit la guerre à Thibaut, comte de Champagne, saccagea Vitry, qui appartenait à ce seigneur, mit le feu à l’église et fit ainsi périr 1300 personnes qui s’y étaient réfugiées (c’est depuis cet événement que la ville reçut le nom de Vitry le Brûlé). Pour expier ce crime, il se croisa, malgré les remontrances de Suger, son ministre (1147). Il fit dans cette expédition des prodiges de valeur, mais il perdit une partie de son armée dans les plaines de l’Asie-Mineure et devant Antioche, assiégea vainement Damas, et fut obligé de revenir en France sans avoir obtenu aucun résultat, 1149. Peu après (1152), il répudia Éléonore, qu’il soupçonnait d’adultère : ce divorce impolitique lui fit perdre la Guyenne et plusieurs autres provinces, qui furent livrées aux Anglais par suite du mariage qu’Éléonore s’empressa de contracter avec Henri, l’héritier de la couronne d’Angleterre. Ennemi juré de ce prince, il soutint contre lui dans la suite ses fils révoltés et accueillit Thomas Becket, qui était en lutte avec lui.

LOUIS VIII, le Lion, fils et successeur de Philippe-Auguste, né en 1187, roi en 1223, prit aux Anglais le Poitou, le Limousin, le Périgord, l’Aunis, la Saintonge, malgré les excommunications du pape. Héritier des droits d’Amaury de Montfort sur le comté de Toulouse, il fit la guerre au comte Raymond VII et aux Albigeois, prit Avignon, soumit tout le Languedoc, à l’exception de la capitale, qu’il se préparait à assiéger quand il mourut à Montpensier (Auvergne) en 1226. On soupçonna Thibaut, comte de Champagne, de l’avoir empoisonné. Avant son avénement, Louis avait été appelé en Angleterre par les nobles qui combattaient Jean sans Terre et avait été un instant reconnu roi de ce pays ; mais, à la mort de Jean sans Terre (1216), il fut abandonné des Anglais, qui se rallièrent au fils de Jean, Henri III. Il avait épousé Blanche de Castille, et en avait eu 11 enfants : le plus célèbre est S. Louis.

LOUIS IX ou S. LOUIS, fils du préc. et de Blanche de Castille, né à Poissy en 1215, roi en 1226, fut élevé avec le plus grand soin par sa mère, qui gouverna en qualité de régente pendant sa minorité. Majeur en 1236, il s’appliqua d’abord à faire régner la justice dans ses États, et à établir la plus grande économie dans l’administration de ses domaines ; mais il eut à combattre les révoltes de ses grands vassaux. Il fit la guerre au comte de la Marche, qui lui refusait l’hommage, et à Henri III, roi d’Angleterre, allié du comte ; remporta sur celui-ci les victoires de Taillebourg et de Saintes (1242) ; accorda au comte la paix avec le pardon de ses fautes, et au roi d’Angleterre une trêve de 5 ans. Atteint d’une maladie dangereuse en 1244, Louis IX avait fait vœu d’aller combattre les Infidèles en Palestine ; il partit d’Aigues-Mortes en 1248, entra en Égypte, prit Damiette (1249) et même vainquit à Mansourah (1250) ; mais bientôt, contraint à la retraite par la disette et par les maladies, il tomba avec deux de ses frères entre les mains de l’ennemi. Il fut obligé, pour obtenir sa liberté, de payer 8000 besants d’or (environ 7 millions de francs), et d’abandonner Damiette. Pendant sa captivité, il avait excité le respect et l’admiration de l’ennemi même par sa fermeté et sa grandeur d’âme. D’Égypte il passa en Palestine : il y resta 4 ans, malgré les sollicitations de sa mère, qu’il avait instituée régente en son absence, et qui pressait son retour. Il employa ce temps à réparer les places qui restaient encore aux chrétiens, Césarée, Jaffa, Sidon, St-Jean-d’Acre, et racheta aux infidèles plus de 10 000 chrétiens captifs. De retour dans son royaume, après la mort de Blanche de Castille, il s'appliqua à faire disparaître les abus, rendit lui-même la justice, donna les lois les plus sages, fit revivre le commerce par de nouveaux règlements, abolit les combats judiciaires, les guerres privées, fonda l'hospice des Quinze-Vingts, et commença la construction de la Sorbonne; en même temps, il déployait toute sa sévérité contre les restes des Albigeois et les Vaudois. En outre, il voulut assurer la paix extérieure et signa dans ce but les traités de Corbeil (1258) et d'Abbeville (1259) : par le 1er, conclu avec le roi d'Aragon, il renonçait à toute suzeraineté sur la Catalogne, la Cerdagne et le Roussillon, et obtenait en échange la renonciation du roi à tous les hommages qu'il prétendait dans le Languedoc; par le 2e, conclu avec le roi d'Angleterre, il rendait les conquêtes faites par son père sur les Anglais (Limousin, Périgord, Quercy, Agénois, partie de la Saintonge), à la condition, pour Henri III, de renoncer à toute prétention sur la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Poitou, etc. Sur les conseils intéressés de son frère, Charles d'Anjou, roi de Naples, il entreprit, en 1270, une nouvelle croisade, qu'il dirigea contre Tunis. Il débarqua heureusement et obtint d'abord quelques avantages; mais la peste s'étant mise dans son armée, il en mourut lui-même, peu après son arrivée. S. Louis avait une telle réputation de justice que deux fois il fut pris pour médiateur, d'abord entre le pape Grégoire IX et l'emp. Frédéric II, puis entre le roi d'Angleterre Henri III et ses barons (1263). Il brillait surtout par la piété et fut de son vivant même regardé comme un saint. Louis IX fit beaucoup pour la puissance royale, soit par l'autorité morale dont il entoura la royauté, soit en soumettant les vassaux révoltés et en affranchissant les communes. On lui attribue une célèbre Pragmatique sanction, qu'il aurait publiée en 1269, et qui aurait eu pour but de conserver les anciens droits des églises cathédrales et la liberté des élections; mais l'authenticité de cet acte est fortement contestée. On a publié, sous le titre d’Établissements de S. Louis (Paris, 1786), le recueil des lois et ordonnances qu'avait rendues ce prince; ses Statuts des Métiers de Paris ont paru de nos jours dans les Documents inédits sur l'Histoire de France. S. Louis fut canonisé en 1297; on le fête le 25 août. Avant la Révolution, l'Académie française faisait prononcer tous les ans au 25 août son panégyrique. Sa vie a été écrite par Joinville, son ami, par Geoffroy de Beaulieu, Guillaume de Nangis, et plus récemment par Choisy, Tillemont, Filleau de La Chaise et Villeneuve-Trans. MM. Beugnot et Mignet ont écrit sur ses institutions. Le P. Lemoyne a fait un long poëme de S. Louis. — Pour l'Ordre de St-Louis, V. après les noms propres.

LOUIS X, le Hutin, fils aîné de Philippe le Bel et de Jeanne de Navarre, né à Paris en 1289, m. en 1316, fut reconnu roi de Navarre en 1305, roi de France en 1314, et fut couronné en 1315, à Reims. Comme il résidait en Navarre au moment de la mort de son père, Charles de Valois, son oncle, se mit à la tête du gouvernement jusqu'à son arrivée. Louis ne sut pas résister à la réaction féodale qui suivit la mort de Philippe IV; cependant il parvint à repousser le comte de Flandre, qui voulait reprendre ce qu'il avait perdu sous le règne précédent; pour soutenir cette guerre, il accabla le peuple d'impôts, pilla les Juifs et les marchands lombards, et força tous les serfs à racheter leur liberté. Le surnom de Hutin lui fut donné, selon les uns, parce qu'il était mutin, querelleur; selon d'autres parce qu'il réduisit les Hutins, séditieux de Navarre. Il épousa successivement Marguerite de Bourgogne (V. ce nom) et Clémence de Hongrie : il eut de cette dernière un fils posthume, Jean I.

LOUIS XI, fils de Charles VII, né à Bourges en 1423, prit part dès l'âge de 17 ans à la révolte connue sous le nom de la Praguerie, se révolta de nouveau en 1456, et s'enfuit, pour éviter le châtiment qu'il méritait chez le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, à la cour duquel il resta jusqu'à la mort du roi. En montant sur le trône (1461), il fit de belles promesses, qu'il ne tarda pas à violer en augmentant les impôts, et il effraya par des supplices les villes qui témoignaient leur mécontentement (Reims, Angers, etc.). En même temps il éloigna des hauts emplois les hommes de la plus illustre naissance, et donna toute sa confiance à des gens obscurs tirés de la lie du peuple, tels qu'Olivier Le Dain, son barbier, le prévôt Tristan, qu'il nommait son compère. En 1465, les seigneurs mécontents, ayant à leur tête Charles, duc de Berry, son propre frère, Charles de Charolais (le Téméraire), fils du duc de Bourgogne, et le duc de Bretagne, formèrent contre lui une ligue redoutable, la ligue du Bien public : il leur livra la bataille de Monthléry (1465), dont le succès resta douteux; mais il sut dissoudre la ligue en traitant avec chacun de ses ennemis en particulier (traités de Conflans et de St-Maur) : il donna la Normandie à son frère, quelques places de la Picardie au duc de Bourgogne, et l'épée de connétable au comte de St-Pol; mais, aussitôt la ligue dissoute, il les attaqua chacun séparément. Il reprit à son frère la Normandie, mais il ne fut pas aussi heureux avec le duc de Bourgogne : celui-ci, irrité de la révolte de Liége, que Louis XI avait excitée, le retint prisonnier à Péronne, où il s'était rendu pour une conférence, et Louis fut contraint, pour obtenir sa liberté, d'accompagner le duc de Bourgogne au siége même de la ville révoltée, et de lui céder de nouvelles places en Picardie (1468). Se croyant trahi par le cardinal La Balue, son ministre, il le fit emprisonner et le tint, dit-on, pendant 11 ans enfermé dans une cage de fer. On le soupçonne d'avoir fait empoisonner en 1472 le duc de Berry, son frère, qui s'était révolté de nouveau; puis il recommença la guerre avec le duc de Bourgogne qui voulait venger cette mort, et qui se plaignait de l'inexécution du traité de Péronne. Une nouvelle coalition s'était formée contre lui entre le duc de Bourgogne, le duc de Bretagne et le roi d'Angleterre; mais il sut la rompre, et obtint une paix avantageuse par le traité de Picquigny (1475). S'étant fait livrer le connétable de St-Pol et le comte d'Armagnac, tous deux rebelles, il leur fit trancher la tête : il ajouta, dit-on, au supplice du dernier d'horribles cruautés (V. ARMAGNAC). A la mort du duc de Bourgogne (1477), il tenta d'enlever à Marie, fille du duc, la riche succession de ce prince : malgré les efforts de Maximilien d'Autriche, qui avait épousé cette princesse, et qui obtint sur lui un avantage à Guinegatte (1479), il s'empara de la Picardie, de l'Artois, du duché de Bourgogne et de la Franche-Comté comme étant des fiefs masculins, et par conséquent réversibles à la couronne. Peu après, il réunit aussi au domaine la Provence, le Maine, l'Anjou, ainsi que le comté de Bar, comme héritier de René d'Anjou (1480-81). Louis XI mourut peu après (1483) au château du Plessis-lès-Tours, où il se tenait depuis longtemps enfermé, livré, dans l'appréhension de la mort, aux pratiques d'une dévotion superstitieuse : il croyait prolonger ses jours en s’entourant de reliques, et fit venir de Calabre Franç. de Paule, espérant obtenir de lui par un miracle le rétablissement de sa santé. Il laissa le trône à son fils Charles VIII, sous la régence d'Anne de Beaujeu. Louis XI était perfide, cruel, vindicatif, superstitieux, défiant, et surtout dissimulé; il avait pour maxime : Qui ne sait pas dissimuler ne sait pas régner; on l'a comparé à Tibère. Malgré tous ses vices, on doit reconnaître qu'il rendit des services à la France : il agrandit le royaume et fit de grands pas vers l'unité territoriale, affaiblit les grands vassaux et releva l'autorité royale; ce qui a fait dire qu'il avait mis les rois hors de page. Il favorisa les bourgeois, institua la poste aux chevaux (1461), créa plusieurs parlements (Grenoble, Bordeaux, Dijon), et plusieurs universités (Valence, Bourges, Caen, Besançon), fit venir des imprimeurs de Mayence, établit des manufactures de soie et d' étoffes d'or et d'argent (1470). On lui a reproché d'avoir aboli la Pragmatique sanction, regardée comme le boulevard des libertés de l'Église gallicane. On lui attribue à tort les Cent nouvelles Nouvelles et le Rosier des Guerres, qui furent seulement rédigés sous ses yeux. On peut consulter sur ce roi les Mémoires de Comines et l’Histoire de Louis XI de Duclos. Casimir Delavigne l'a mis en scène dans la tragédie de Louis XI.

LOUIS XII, le Père du peuple, né à Blois en 1462, de Charles, duc d'Orléans, petit-fils de Charles V, m. en 1515, fut d'abord connu sous le nom de duc d'Orléans. Il disputa la régence à Anne de Beaujeu pendant la minorité de Charles VIII, marcha contre les troupes du jeune roi à la tête d'une armée, fut vaincu et pris à St-Aubin par La Trémoille (1488), et enfermé à Bourges, où il resta trois ans. Rendu à la liberté par Charles VIII, il sut réparer sa faute par une belle conduite jusqu'au jour où il monta sur le trône (1498). Il commença son règne en pardonnant à tous ses ennemis, disant que le roi de France devait oublier les injures faites au duc d'Orléans, diminua les impôts d'un tiers, et rendit les juges inamovibles. En 1499, il répudia sa première femme, Jeanne de France, fille de Louis XI, princesse vertueuse, mais contrefaite et stérile, pour épouser Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, mariage qui assurait à la France la possession de la Bretagne. Fort des droits qu'il avait sur le Milanais comme petit-fils de Valentine Visconti, il s'empara de ce duché (1499-1500); puis il conquit sur l'empereur Frédéric le royaume de Naples, conjointement avec Ferdinand le Catholique (1561); mais, quand il fallut partager, les deux conquérants se brouillèrent. Louis, vaincu à Seminara et à Cérignole par Gonsalve de Cordoue, fut chassé du royaume de Naples (1503) et consentit à signer le désastreux traité de Blois par lequel il abandonnait ses prétentions sur l'Italie (1504). Néanmoins, étant peu d'années après entré dans la ligue formée par Jules II contre les Vénitiens (Ligue de Cambrai), il envahit leur territoire et les défit à Agnadel (1509); mais bientôt Jules II, qui avait obtenu de Louis ce qu'il voulait, l'abandonna pour s'unir contre lui avec Ferdinand, Henri VIII, les Vénitiens et les Suisses (Sainte Ligue). Le jeune Gaston de Foix gagna sur eux la bataille de Ravenne (1512), mais il y perdit la vie; et Louis, vaincu, malgré le génie de La Trémoille, à Novare par les Suisses, et à Guinegatte (Journée des Éperons) par les Impériaux (1513), fut obligé d'offrir la paix. Malgré ses guerres malheureuses, Louis XII mourut regretté. Ce prince se recommande par une administration honnête, économe et bienfaisante; secondé par un grand ministre, le cardinal d'Amboise, il protégea les lettres, les arts, l'agriculture, le commerce; il créa deux nouveaux parlements (Rouen et Aix), fit rédiger les Coutumes, rendit les juges inamovibles et défendit la vénalité des charges. Le surnom de Père du peuple lui fut décerné par les États généraux de Tours en 1506. Louis XI[ ne laissa pas d'enfant mâle, et la couronne passa à François I. La Vie de Louis XII a été écrite par Claude de Seyssel, 1558; Jean d'Anton, 1620; J. Tailhé, 1755. Rœderer a donné l’Hist. de Louis XII, 1825.

LOUIS XIII, le Juste, fils de Henri IV et de Marie de Médicis, né à Fontainebleau en 1601, devint roi en 1610 sous la tutelle et la régence de sa mère, vit son règne commencer au milieu de troubles auxquels le traité de Ste-Menehould mit à peine fin (1614), fut déclaré majeur à 14 ans, et épousa Anne d'Autriche l'année suivante. Il se laissa d'abord gouverner par Concini, maréchal d'Ancre, favori de la reine mère; mais il finit par se fatiguer du joug de cet Italien et s'unit aux seigneurs mécontents pour le renverser (1617). Il donna alors toute sa confiance au jeune duc de Luynes, qu'il ne tarda pas à faire connétable. Les seigneurs jaloux prirent les armes pour faire éloigner le nouveau favori; mais ils furent vaincus aux Ponts-de-Cé. Après la mort de Luynes, enlevé en 1621 par la fièvre pourprée, la reine mère, qui était en disgrâce depuis la mort de Concini, revint à la cour, et son influence fit entrer Richelieu au Conseil. Avec ce nouveau ministre, le règne de Louis reçoit un lustre inattendu : le roi enlève aux Protestants La Rochelle (1628); il bat le duc de Savoie qui attaquait le duc de Mantoue, allié de la France, et rétablit son allié dans ses États. En 1630, Louis, ayant eu de nouveau à combattre en Italie les Allemands et les Espagnols, les battit encore, et leur imposa la paix de Quérasque. En 1632, Gaston, frère du roi, mécontent de Richelieu, forma une conspiration dans laquelle entrèrent le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, l'empereur et le roi d'Espagne; mais le complot fut déjoué : Gaston fut exilé, et Montmorency, pris les armes à la main, eut la tête tranchée (1632). Après la mort de Gustave-Adolphe, chef des Protestants en Allemagne, Louis XIII, qui avait été l'allié de ce prince, déclara la guerre à l'Autriche et à l'Espagne : Nancy, la Lorraine, la ville d'Heidelberg, furent conquis (1634); le duc de Rohan défit sur les bords du lac de Côme les Espagnols, qui, après avoir obtenu quelques succès en Picardie, furent obligés de repasser la Somme; Schomberg les battit aussi dans le Roussillon, le duc de Savoie et le maréchal de Créqui en Italie. Une paix avantageuse allait être conclue, lorsque Richelieu mourut, en 1642. Le roi le suivit dans la tombe un an après (1643). Louis XIII était un prince faible et incapable; tout l'éclat de ce règne est dû à Richelieu : tremblant devant son ministre, le roi ne fut guère que le docile instrument de ses volontés et souvent même de ses inimitiés : il lui sacrifia sans pitié sa mère, son frère et tous les seigneurs qui essayaient de conspirer; plus d'une fois, fatigué de ses hauteurs et de la servitude où il le retenait, il sembla prêt à le renvoyer, mais il recula toujours au dernier moment (Voy. JOURNÉE DES DUPES). Louis XIII fut, dit-on, surnommé le Juste au moment même de sa naissance, parce qu'il était né sous le signe de la Balance. L’Histoire de France sous Louis XIII a été écrite par M. Bazin, Paris, 1840. — On connaît sous le nom de Vœu de Louis XIII un vœu formé par ce prince en 1637, par lequel, mettant sa personne et son royaume sous la protection de la Ste Vierge, il s'engageait à faire tous les ans une procession solennelle en son honneur à Paris le jour de sa fête, le 15 août. On donne pour cause à ce vœu la joie qu'éprouva le roi en apprenant la grossesse d'Anne d’Autriche, sa femme. Cette procession eut lieu jusqu'à la Révolution; elle fut rétablie sous la Restauration.

LOUIS XIV, le Grand, né en 1638, à St-Germain-en-Laye, était fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche. Il fut reconnu roi en 1643, à 5 ans, et devint majeur en 1651, à 13 ans. La régence fut confiée à sa mère Anne d'Autriche, qui prit Mazarin pour principal conseiller. La minorité de Louis XIV fut agitée au dedans par les troubles de la Fronde (V. FRONDE, ANNE, MAZARIN), et signalée au dehors par des guerres glorieuses avec l'empire et l'Espagne, qui ne furent terminées que par le traité conclu en 1649 avec l'empereur à Munster, et par la paix des Pyrénées, conclue en 1659 avec l'Espagne. Par ce dernier traité, Louis XIV épousa l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne. Après la mort de Mazarin (1661), Louis commença à régner par lui-même. Profitant de la paix et secondé par d'habiles ministres (Colbert, Le Tellier, Louvois, Séguier, De Lionne, etc.), il rétablit le commerce, diminua les impôts, fit fleurir les arts, réforma l'administration et rendit de sages lois. En 1665, Philippe IV, père de la reine, étant mort, Louis réclama, en vertu du droit de Dévolution (V. ce mot), la Flandre et la Franche-Comté, comme indemnité de la dot de sa femme, dot qui n'avait jamais été payée; sur le refus qu'on fit de les lui livrer, il marcha sur la Flandre dont il prit toutes les villes en une seule campagne (1667); l'année suivante, il conquit plus rapidement encore, la Franche-Comté. La Hollande, l'Angleterre et la Suède s'étant alors liguées contre lui avec l'Espagne, Louis se vit obligé de conclure avec cette dernière puissance la paix d'Aix-la-Chapelle (1668); par ce traité, il abandonnait la Franche-Comté, mais gardait la Flandre. Après s'être assuré de la neutralité de l'Angleterre, Louis XIV déclara en 1672 la guerre aux Hollandais, qui s'étaient précédemment joints à ses ennemis : la campagne fut ouverte avec de brillants succès par le roi en personne, suivi de Turenne et de Condé; c'est au début de cette campagne qu'eut lieu le célèbre passage du Rhin. Le roi d'Espagne, l'Empereur et l'électeur de Brandebourg, que la puissance du monarque français épouvantait, se liguèrent alors contre lui (1674) et commencèrent une nouvelle guerre : Louis s'empara de nouveau de la Franche-Comté, Turenne entra dans le Palatinat, qu'il mit à feu et à sang; Schomberg battit les Espagnols dans le Roussillon; Condé défit le prince d'Orange à Senef; Duquesne gagna deux batailles navales contre Ruyter, qui périt dans la dernière. L'Angleterre étant venue se joindre à la coalition, Louis XIV offrit la paix : il signa, en 1678, le traite de Nimègue, qui lui assurait la Franche-Comté. C'est après ces brillants succès que lui fut décerné le surnom de Grand. La paix ne l'empêcha pas d'ajouter à la France Strasbourg, Luxembourg et 20 autres villes, qu'il se fit adjuger par les Chambres de Réunion (V. ce mot); Alger fut bombardé en 1682, pour avoir insulté le pavillon français, et Gênes dut également s'humilier devant le grand roi (1685). Mais la révocation de l'édit de Nantes (1685) vint interrompre le cours de tant de prospérités : cet acte de rigueur fit sortir de France une foule de familles qui portèrent chez l'étranger leur industrie et leur fortune. Peu après se forma la ligue d'Augsbourg (1686), par laquelle l'Empire, l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande se coalisèrent de nouveau contre la France. La campagne s'ouvrit pour Louis XIV par des succès que contre-balança la perte de la bataille navale de La Hogue. Les années 1692, 93 et 94 furent signalées par la prise de Namur et les victoires de Fleurus, de Steinkerque, de Nerwinde et de Marsaille; mais Namur fut reprise par Guillaume à la fin de 1694, et, lasses d'hostilités inutiles, les puissances belligérantes conclurent le traité de Ryswyk (1697) : le roi abandonna ses dernières conquêtes, excepté Strasbourg. La mort de Charles II, roi d'Espagne, qui laissait sa couronne à Philippe, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, amena une nouvelle coalition, dirigée par le célèbre triumvirat d'Eugène, Marlborough et Heinsius, et alluma une nouvelle guerre, celle de la Succession (1701). Les premières années furent mêlées de succès et de revers; mais en 1704, les Français furent battus à Hochstett, en 1706 à Ramillies et à Turin, et ils perdirent les Pays-Bas et l'Italie. Enfin, en 1707, Berwick gagna en Espagne la victoire signalée d'Almanza, et Duguay-Trouin battit les flottes ennemies dans plusieurs rencontres. Cependant Louis XIV, ayant éprouvé quelques revers l'année suivante, demanda la paix; on ne lui fit que des réponses dures et humiliantes, et il se vit forcé de continuer la guerre; elle ne fut pas heureuse : Villars fut vaincu à Malplaquet par Marlborough et le prince Eugène (1709). Tout semblait perdu lorsque Vendôme gagna la victoire de Villaviciosa, qui rendit le trône d'Espagne à Philippe (1710), et Villars celle de Denain (1712), qui amena la paix d'Utrecht (1713) : par ce traité, Louis XIV conservait ses conquêtes (Alsace, Artois, Flandre, Franche-Comté, Cerdagne, Roussillon). Il mourut deux ans après, le 1er septembre 1715, laissant la couronne à son arrière-petit-fils, Louis XV, qui n'était âgé que de 5 ans. Il avait perdu peu auparavant son fils, dit le Grand Dauphin, et son petit-fils, le duc de Bourgogne. — Le règne de Louis XIV est l'époque la plus brillante de la monarchie : sous ce prince, la gloire des lettres, des arts et du commerce s'unit à celle des armes; c'est alors en effet qu'ont brillé Condé, Turenne, Vauban, Luxembourg, Villars, Catinat, Duquesne et Duguay-Trouin; Colbert et Louvois; Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, Bossuet et Fénelon; Lebrun, Lesueur, Girardon, Puget et Perrault; c'est alors que furent élevés l'Hôtel des Invalides, le Val-de-Grâce, les palais de Versailles, de Trianon, de Marly, la colonnade du Louvre, que furent fondées les manufactures de Gobelins, de la Savonnerie, etc. Louis XIV avait toutes les qualités d'un grand roi : noble, généreux, brave, ferme, laborieux, administrateur habile, ami des lettres et des arts, il joignait à ces qualités une figure belle et majestueuse; mais il fut trop absolu dans l'usage du pouvoir (c'est lui qui disait : l'État, c'est moi); en outre il aima trop la guerre, le faste et les plaisirs; il eut un grand nombre de maîtresses, dont les plus célèbres sont Mmes de La Vallière et de Montespan, et il ne craignit pas d'égaler aux princes du sang, en les légitimant, les enfants qu'il en avait eus, notamment le duc du Maine (V. ce nom). Quant à Mme de Maintenon, qui fut la compagne de ses dernières années, il s'était uni à elle par un mariage secret. L. XIV prit une grande part aux affaires ecclésiastiques de son temps : il révoqua l'édit de Nantes (1685); il exerça de grandes rigueurs contre les Protestants, ainsi que contre les Jansénistes, et força son clergé à signer la bulle Unigenitus, qui condamnait ces derniers; cependant il sut, quand il le voulut, maintenir son indépendance vis-à-vis du St-Siége (V. DÉCLARATION DU CLERGÉ); il exigea même impérieusement de deux papes (Alexandre VII et Innocent XI) de dures réparations. On a de ce roi quelques écrits, qui ont été publiés en 1806, sous le titre d’Œuvres de Louis XIV, 6 v. in-8; on y remarque les Instructions qu'il rédigea pour le Dauphin et le roi d'Espagne, et des Mémoires pour l'instruction du Dauphin. Ces Mémoires ont été publiés à part et plus complètement par M. Dreyss, 1859. Entre les ouvrages qui ont été écrits sur ce règne, on distingue : le Siècle de Louis XIV, par Voltaire; l’Histoire de Louis XIV, par Pélisson; l’Essai sur l'établissement monarchique de Louis XIV, par Lémontey; l’Administration de Louis XIV, par Chéruel, 1850. On trouve aussi de curieux détails dans les Mémoires de St-Simon.

LOUIS XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, fils du duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie, né en 1710, fut déclaré roi en 1715, sous la régence, de Philippe, duc d'Orléans, et eut pour précepteur Fleury, évêque de Fréjus, depuis cardinal. Devenu majeur en 1723, il conserva le régent pour premier ministre et reçut de lui pendant quelques mois d'utiles conseils. Philippe étant mort à la fin de 1723, le duc de Bourbon lui succéda au pouvoir : ce prince négocia le mariage du jeune roi avec Marie Leczinska, fille de Stanislas, roi de Pologne. Le cardinal de Fleury, appelé aux affaires en 1726, parvint un instant, par une sage économie, à rétablir l'ordre dans les finances. Stanislas ayant été en 1735 forcé, malgré le secours de la France, d'abandonner son trône de Pologne, Fleury fit céder à ce prince par l'Autriche le duché de Lorraine, en stipulant qu'à sa mort cette province reviendrait à la France. Après la mort de l'empereur Charles VI (1740), la succession de ce souverain fut vivement disputée : Louis XV se déclara pour Charles Albert, électeur de Bavière, contre la fille de l'empereur, Marie-Thérèse, et parvint même à le faire nommer empereur sous le nom de Charles VII; mais en 1742 nos soldats se virent contraints d'évacuer Prague, et peu après, la perte de la bataille de Dettingen détruisit toutes les espérances du protecteur et du protégé (1743). Cependant, Louis, animé, dit-on, par les conseils de la duchesse de Châteauroux, sa maîtresse, va attaquer en personne les possessions autrichiennes dans les Pays-Bas, prend plusieurs places fortes, et court en Alsace s'opposer au duc Charles de Lorraine; mais il tombe gravement malade à Metz (1744). Cette maladie excita les alarmes universelles, et lorsque le roi eut été sauvé comme par miracle, il reçut de son peuple le beau nom de Bien-Aimé. Les batailles de Fontenoy (1745), de Raucoux (1746), gagnées en Flandre sur les Impériaux et leurs alliés par le maréchal Maurice de Saxe, ajoutèrent à la supériorité de nos armes; mais dans le même temps nos affaires étaient dans le plus mauvais état en Italie : la bataille de Plaisance, perdue par Maillebois (1746), força les Français à repasser les Alpes. Alors fut signée la 2e paix d'Aix-la-Chapelle (1748), par laquelle la France rendit les conquêtes qu'elle venait de faire en Savoie et dans les Pays-Bas. En 1756 commença la guerre de Sept ans (V. ce mot), dans laquelle la France, devenue l'alliée de l'Autriche, eut à combattre l'Angleterre et la Prusse, guerre désastreuse, signalée par la défaite de Rosbach en 1757, et par la perte de notre marine et de nos colonies. Elle fut terminée en 1763 par le traité de Paris, qui abandonnait à l'Angleterre le Canada, la Nouvelle-Écosse et presque toutes nos possessions dans l'Inde. Le reste du règne de Louis ne fut signalé que par le bannissement des Jésuites (1762), l'héritage de la Lorraine (1766), l'acquisition de la Corse (1768), et l'abolition des parlements, que provoqua le chancelier Maupeou (1771). Louis XV mourut en 1774 de la petite vérole (en 1757, il avait été frappé par un assassin, Damiens; mais la blessure n'avait eu aucune gravité). Paris doit à ce prince l’École militaire (de Paris), l'église Ste-Geneviève (Panthéon), ainsi que la belle place qui porta d'abord son nom et qui est auj. la Place de la Concorde (V. ce nom). Louis XV eût pu être un grand roi : il ne fut qu'un prince faible, débauché, insouciant; il amassa les orages qui éclatèrent sur son successeur. Ses principaux ministres, après Fleury, furent le duc de Choiseul, qui s'efforça en vain de relever la France, l'abbé Terray, qui ne songea qu'à pressurer le pays, Maupeou, qui, en détruisant les parlements, renversa la seule barrière opposée à l'abus du pouvoir; le duc d'Aiguillon, qui laissa démembrer la Pologne (1772). Deux femmes surtout firent le malheur et la honte de ce règne : la marquise de Pompadour et Mme Dubarry : elles exercèrent sur le roi un pouvoir absolu. La Vie privée de Louis XV a été écrite par d'Angerville, 1781. Voltaire a donné un Précis du Siècle de Louis XV, et M. de Tocqueville l’Histoire philosophique du règne de Louis XV, 1846. M. Boutaric a publié la Correspondance secrète inédite de Louis XV avec le comte de Broglie, etc., sur la politique étrangère, 2 vol. in-8, 1865.

LOUIS XVI, petit-fils et successeur de Louis XV, né en 1754, d'abord connu sous le nom de duc de Berry, monta sur le trône en 1774, et signala les commencements de son règne par des actes qui obtinrent l'approbation universelle : il renonça au droit onéreux de joyeux avénement, rétablit les parlements, abolit la question, créa le Mont-de-Piété, la Caisse d'escompte, appela au ministère les hommes désignés par l'opinion publique, Maurepas, Turgot, Malesherbes, Necker; donna des secours aux Américains opprimés par l'Angleterre (1778-1783), et assura leur indépendance par le traité conclu à Versailles (178S). Les finances, dilapidées sous les règnes précédents, étaient réduites à un état déplorable : le roi convoqua pour chercher un remède deux assemblées de Notables (22 février 1787 et 6 novembre 1788); mais ces assemblées se séparèrent sans remédier à rien, et Louis se vit obligé de recourir aux États généraux. Ces États furent ouverts à Versailles le 5 mai 1789 : les discussions qui s'y élevèrent dès le principe entre les trois ordres firent naître une fermentation générale, qui fut bientôt augmentée par l'ordre donné aux députés du Tiers-État, réunis en Assemblée nationale, de se séparer immédiatement (V. JEU DE PAUME.) Alarmé par plusieurs démonstrations populaires, le roi fait approcher des troupes de Versailles et de Paris; en même temps il congédie le ministre Necker, qui jouissait de la faveur publique (11 juillet); le peuple de Paris irrité court aussitôt aux armes et s'empare de la Bastille (14 juillet); bientôt il se porte en masse à Versailles et force le roi et sa famille à venir s'établir à Paris (5 et 6 octobre). Dès ce moment Louis XVI cessa d'être libre; il se vit contraint de sanctionner une foule de décrets de l'Assemblée nationale qui froissaient ses sentiments les plus chers; enfin, ne se croyant plus en sûreté, encouragé d'ailleurs par les offres des puissances étrangères, il résolut de fuir (20 juin 1791), et se dirigea vers Montmédy, où un serviteur dévoué, le marquis de Bouillé, avait réuni des troupes sûres; mais, reconnu par le maître de poste Drouet, il fut arrêté à Varennes et ramené à Paris; de ce moment il fut gardé à vue et ne régna plus que de nom. Le 14 septembre 1791, Louis accepta la Constitution que venait de rédiger l'Assemblée nationale; cette constitution, qui ne lui laissait guère d'autre droit que celui de mettre son veto aux décrets des corps législatifs, ne pouvait que le rendre odieux. Les déclarations de guerre des puissances étrangères qui, sollicitées par les princes émigrés, venaient d'entrer en France, aggravèrent encore la position du malheureux roi. Après avoir été insulté jusque dans son palais dans les journées des 20 juin et 10 août (1792), et avoir vu massacrer ses plus fidèles serviteurs, il se trouve réduit à chercher un refuge au sein de l'Assemblée législative, qui avait remplacé l'Assemblée nationale; mais, au lieu de le protéger, cette assemblée le suspend de ses fonctions, le fait enfermer au Temple, laissant à la Convention le soin de prononcer sur son sort. La Convention, réunie le 21 septembre 1792, commence par décréter l'abolition, de la royauté, et se donne mission de juger Louis XVI. Après un simulacre de procès et malgré les généreux efforts de ses défenseurs Malesherbes, Tronchet, De Sèze, il est déclaré coupable de conspiration et de haute trahison et condamné à la peine capitale, à une majorité de onze voix (366 contre 355). Tout sursis ayant été rejeté, la sentence reçut son exécution le 21 janvier 1793, sur la place de la Révolution; l'infortuné monarque subit le dernier supplice avec une résignation toute chrétienne, qui lui a mérité le surnom de roi martyr. Son testament, rédigé peu de jours auparavant, est remarquable à la fois, par une touchante simplicité et par la générosité de la victime envers ses bourreaux. Ce prince eut toutes les vertus de l'homme privé; mais il manqua de fermeté, de résolution, peut-être même quelquefois de franchise. Il avait de l'instruction, surtout en histoire et en géographie; on lui attribue quelques ouvrages; il rédigea de sa propre main les instructions données à La Pérouse (1785). Il aimait les arts mécaniques et excellait même dans la serrurerie. Louis XVI avait épousé Marie-Antoinette d'Autriche, qui partagea ses malheurs; il laissa deux enfants : Louis (dit Louis XVII) et Marie-Thérèse de France (duchesse d'Angoulême). On peut consulter sur ce prince les Mémoires de Cléry, de Hue, d'Edgeworth, de Soulavie, l’Hist. de Louis XVI, par Droz (1839), de Falloux (1840), les Mémoires sur la Révolution, la Correspond. de Louis XVI et de Marie-Antoinette, publ. par Feuillet de Conches (1835).

LOUIS XVII, 2e fils de Louis. XVI, né le 27 mars 1785, porta d'abord le titre de duc de Normandie, et prit celui de dauphin à la mort de son frère aîné Louis-Joseph (4 juin 1789). Enfermé au Temple avec sa famille, il fut, après la mort de son père (1793), reconnu roi par les émigrés et les puissances étrangères sous le nom de Louis XVII. La Bretagne, la Vendée et Toulon prirent les armes en son nom : mais il était gardé à vue, on ne put l'enlever. Un cordonnier, nommé Simon, officier de la Commune, lui fut donné pour geôlier, avec le titre dérisoire d'instituteur. Le prince mourut le 8 juin 1795. On soupçonna qu'il avait été empoisonné, mais il est plus probable que sa vie fut abrégée par les mauvais traitements qu'il eut à subir dans sa prison. Plusieurs imposteurs ont voulu se faire passer pour Louis XVII, mais ils n'ont fait qu'un petit nombre de dupes. La Vie de Louis XVII été écrite par A. de Beauchesne, 1853.

Louis XVIII, frère de Louis XVI, né en 1765, m. en 1824, porta jusqu'en 1795 les titres de Monsieur et de Comte de Provence et prit pendant son exil celui de Comte de Lille. Il fit d'abord de l'opposition, soit dans l’Assemblée des Notables, soit aux États généraux, et vota pour que le Tiers-État envoyât aux États généraux autant de membres que les deux autres ordres réunis; mais, à la vue des premiers excès, Il se prononça pour la contre-révolution et fut même accusé d'avoir suscité le complot de Favras (V. ce nom); il émigra le 20 juin 1791, peu d'instants après le départ de Louis XVI pour Montmédy. Plus heureux que son frère, il atteignit Bruxelles, d'où il provoqua la déclaration du Congrès de Pilnitz. L'année suivante (1792), il vint, à la tête de 6000 hommes, se réunir à l'armée prussienne qui marchait sur la France; mais la défaite de Valmy détruisit ses espérances. Après la mort du dauphin (Louis XVII), le comte de Provence prit le titre de roi sous le nom de Louis XVIII (1795); il fut reconnu comme tel par les puissances étrangères. L'armée de Condé, dans les rangs de laquelle il s'était réfugié, ayant été repoussée, il chercha successivement un asile à Vérone, à Blankenbourg (Brunswick), puis à Mitau (Courlande), à Varsovie, ne cessant d'entretenir des relations avec les royalistes restés en France et cherchant à gagner les hommes les plus influents (Pichegru, Moreau, Barras); il repoussa énergiquement de Varsovie des propositions qui avaient pour but de le déterminer à renoncer à ses prétentions, 1803. En 1807 il se rendit en Angleterre; il séjourna à Hartwell depuis 1811 jusqu'aux événements de 1814. Appelé au trône par le Sénat sous la pression de l'étranger après la chute de Napoléon, il rentra en France le 24 avril 1814, et data de la XIXe année de son règne. A son avènement il donna une Charte constitutionnelle (4 juin), qui lui concilia d'abord les esprits, mais bientôt les exigences et les excès des ultra-royalistes et du clergé le rendirent impopulaire et amenèrent le retour de Napoléon (mars 1815) : il s'éloigna précipitamment et se retira à Gand; après la bataille de Waterloo il rentra de nouveau en France (juillet 1815). Son retour fut signalé par de sanglantes exécutions et par d'odieux assassinats (Ney, Labédoyère, Brune, Ramel, etc.); les royalistes qui remplissaient la Chambre introuvable se portèrent à de tels excès que le roi se vit forcé lui-même de dissoudre cette chambre (1816). Ce prince allégea autant qu'il le put les charges imposées par l'occupation : il obtint, par l'influence du duc de Richelieu, son premier ministre, la retraite des troupes étrangères avant l'époque stipulée. Son règne ne fut guère rempli que par des discussions parlementaires qui eurent pour effet d'asseoir en France le gouvernement constitutionnel; le seul événement militaire qui ait eu lieu est l'expédition d'Espagne, faite en 1823, dans le but de replacer Ferdinand VII sur son trône, et commandée par le neveu du roi, le duc d'Angoulême. Louis XVIII était un prince éclairé, assez favorable aux idées libérales; mais il eut sans cesse à lutter contre le parti des émigrés, à la tête duquel était son propre frère; il se trouva par là conduit à suivre une politique de bascule : le ministre qui répondait le mieux à ses sentiments personnels était M. De Cazes. Ce prince avait de l'esprit; il aimait les lettres : il appréciait surtout Horace; il patronna la publication des Classiques latins de Lemaire; il fonda l’École des Chartes, mais il supprima l’École Normale. Il ne laissa point d'enfants et eut pour successeur son frère Charles X. Sa Vie a été écrite par Alph. de Beauchamp et par Barbet du Bertrand, 1825. Les Mémoires de Louis XVIII publiés par Lamothe-Langon (1831-33) sont apocryphes. Louis XVIII avait été surnommé par les royalistes Louis le Désiré.

LOUIS-PHILIPPE, roi des Français, fils aîné de Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans (dit Philippe-Égalité), né à Paris en 1773, porta d'abord le titre de duc de Chartres, fut confié, ainsi que sa sœur Adélaïde, aux soins de Mme de Genlis, qui lui donna une éducation à la Jean-Jacques; reçut dès 1785 le brevet de colonel des dragons de Chartres, adopta avec enthousiasme les principes de la Révolution, courut à la frontière se mettre à la tête de son régiment aussitôt que l'étranger eut envahi le sol français, se signala au combat de Quiévrain, à Valmy et surtout à Jemmapes (6 nov. 1792), où il commandait comme lieutenant général et où il décida la victoire; n'en fut pas moins proscrit en 1793, se vit alors forcé de quitter l'armée avec Dumouriez, son général en chef, mais refusa les offres avantageuses que lui faisait le général autrichien s'il voulait servir contre la France; se réfugia avec sa sœur en Suisse, y vécut sous un nom supposé, et professa pendant 8 mois dans le modeste collège de Reichenau (Grisons); quitta cette retraite pour visiter les contrées septentrionales, et pénétra jusqu'au cap Nord; s'embarqua pour l'Amérique en 1796, afin d'obtenir l'élargissement de sa mère et de ses frères détenus en France, vint en 1800 se fixer en Angleterre, habita sept années, avec ses frères, la résidence de Twickenham, qu'il ne quitta que pour accompagner à Malte le duc de Beaujolais, son plus jeune frère, atteint d'une maladie mortelle, se rendit de là à Palerme auprès de Ferdinand IV; roi des Deux-Siciles, et y épousa la princesse Marie-Amélie (1809); reçut peu après de la junte de Séville l'invitation de se rendre en Espagne pour se mettre à la tête du parti national et repousser l'invasion française, se rendit à cet effet en Catalogne, puis à Séville (1810), mais ne fut pas soutenu par ceux mêmes qui l'avaient appelé, et se rembarqua pour la Sicile; revint en France dès qu'il eut appris les événements de 1814, mais fut accueilli très-froidement de Louis XVIII, qui lui refusa le titre d'altesse royale; fut cependant investi d'un commandement supérieur dès que l'on connut le débarquement de Napoléon (mars 1815); séjourna de nouveau en Angleterre pendant les Cent-Jours, fut, à son retour, l'objet des défiances de Louis XVIII, ce qui l'obligea à retourner en Angleterre; ne rentra définitivement en France qu'en 1817, devint bientôt, par l'effet même de l'état de disgrâce dans lequel il était laissé, un point de ralliement pour les libéraux et les mécontents, s'entoura des notabilités littéraires et politiques de l'époque; acquit ainsi une grande popularité, et se trouva tout désigné à l'opinion publique lorsque éclatèrent les événements de 1830. Il accueillit dès le 31 juillet le vœu des députés qui le pressaient de remplir les fonctions de lieutenant général du royaume, fonctions auxquelles Charles X l'appelait de son côté, convoqua les Chambres, qui lui déférèrent la royauté, et reçut la couronne, avec le nom de Louis-Philippe, après avoir prêté serment à la nouvelle constitution, promettant que la Charte serait désormais une vérité (9 août). Placé entre des partis extrêmes, le nouveau roi adopta une politique de modération et d'équilibre que l'on a désignée sous le nom de juste-milieu; toutefois il se montra, selon les circonstances, plus ou moins favorable au mouvement ou à la résistance; de là divers ministères que les noms de leurs chefs caractérisent assez : au début, Dupont de l'Eure et Laffitte (1er août, 2 nov. 1830), puis Casimir Périer (13 mars 1831), continué par le maréchal Soult (11 oct. 1832); M. Thiers (22 fév. 1836 et 1er mars 1840), M. Molé (6 sept. 1836 et 15 avril 1837), enfin M. Guizot (29 oct. 1840-23 février 1848). Les principaux événements politiques de ce règne sont : le refus fait par le roi du trône offert par les Belges à son fils, le duc de Nemours (17 fév. 1831), l'entrée en Belgique d'une armée française (9 août), qui repousse les Hollandais et consomme la séparation des deux peuples par la prise d'Anvers (23 déc. 1832); le mariage de la princesse Louise avec le roi des Belges (9 août 1832); l'expédition contre le Portugal dirigée par l'amiral Roussin, qui force l'entrée du Tage (11 juillet 1831) et dicte des conditions à don Miguel; l'occupation d'Ancône par nos troupes (23 fév. 1832), occupation qui arrête les progrès des Autrichiens en Italie; la répression des insurrections de Lyon (21 nov. 1831 et 9 avril 1834) et de Paris (5 et 6 juin 1832, 13 et 14 avril 1834); l’arrestation de la duchesse de Berry, qui tentait de soulever l’Ouest (8 nov. 1832); la Quadruple alliance entre la France, l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal, pour assurer la paix de la Péninsule troublée par des prétendants (22 avril 1834); le payement d’une créance de 25 millions réclamée par les États-Unis (18 av. 1835); l’horrible attentat de Fieschi, dirigé contre le roi et ses fils (28 juillet 1835); le vote des lois répressives dites de septembre proposées à cette occasion; l’avénement du ministère Molé, qui débute par une amnistie (8 mai 1837), mais dont l’action conciliatrice est entravée par une regrettable coalition; le mariage du duc d’Orléans, fils aîné du roi, avec une princesse protestante, Hélène de Mecklembourg (mai 1837); la guerre avec les Mexicains, le bombardement et la prise de St-Jean-d’Ulloa par l’amiral Baudin (27 nov. 1838); les démêlés avec la république Argentine (1838), auxquels mit fin un traité conclu par l’amiral de Mackau (oct. 1840); la demande d’une dotation pour le duc de Nemours, demande dont le rejet entraîne un changement de ministère (1er mars 1840); l’appui donné par le nouveau cabinet au pacha d'Égypte en guerre avec le sultan, appui qui est le prétexte de la conclusion d’un traité signé entre les grandes puissances, à l’exclusion de la France, pour arrêter les progrès de Méhémet-Ali (15 juillet 1840); la rentrée de la France dans le concert européen par le traité des Détroits (13 juillet 1841), et par le traité du droit de visite (déc. 1841); la translation en France des restes de Napoléon (15 déc. 1840), et l’inauguration de la colonne de la grande armée à Boulogne (15 août 1841); la mort déplorable du duc d’Orléans (13 juillet 1842), et la loi qui défère la régence au duc de Nemours; l’occupation par l’amiral Du Petit-Thouars des îles Marquises (1er mai 1842) et de la Société (sept. 1842, novemb. 1843); un traité de commerce conclu avec la Chine (24 octobre 1844); une convention avec l’Angleterre pour la suppression de la traite (29 mai 1845); le mariage du duc de Montpensier avec la sœur de la reine d’Espagne, effectué malgré l’opposition du cabinet anglais (10 octobre 1846). Pendant le même temps, notre domination s’étendait en Afrique, où les fils du roi prenaient la part la plus active et la plus glorieuse à nos succès (V. ALGÉRIE, et l’art. du duc d’ORLÉANS). — En outre, un grand nombre de lois étaient rendues sur les matières les plus importantes : sur la presse (8 oct. et 29 nov. 1830, 28 août 1835), le jury (11 janvier 1831), la garde nationale (22 mars 1831), les élections (19 avril), la réforme du Code pénal (7 déc. 1831 et 28 av. 1832), la répression de la traite (15 janvier 1831) et l’émancipation progressive des esclaves; l’instruction primaire (28 juin 1833), les écoles de médecine (27 sept. et 13 oct. 1840), et la fondation d’une école française à Athènes (11 septembre 1846); la suppression des maisons de jeu et de la loterie (1er janv. 1838, 1er janv. 1839), le travail des enfants dans les manufactures (13 mars 1842), le recrutement de l’armée (26 avril 1843). — Enfin, un grand nombre de monuments et de travaux d’utilité publique étaient entrepris ou achevés, entre autres la colonne de Juillet et la colonne de Boulogne, l’Arc de triomphe, la Madeleine, Notre-Dame de Lorette, St-Vincent de Paul, l’Hôtel de ville de Paris, le palais du quai d’Orsay, les ponts Louis-Philippe et du Carrousel, l’hôpital Louis-Philippe; les châteaux royaux étaient splendidement restaurés; le palais de Versailles était converti en un musée historique consacré à toutes les gloires de la France (1837); Paris était entouré de fortifications (1840-46), ainsi que Lyon et Grenoble; la construction des grandes lignes de chemins de fer était décrétée (loi du 8 juin 1842). — Un règne si prospère finit cependant par une grande catastrophe : depuis longtemps des réformes étaient réclamées dans le système électoral et parlementaire; plusieurs propositions avaient été faites à cet égard, mais toutes avaient été rejetées : de là un mécontentement et une agitation qui, à la fin de 1847 et au commencement de 1848, furent exaltés par les banquets de réformistes que présidaient les chefs de l’opposition. Un banquet annoncé à Paris pour le 22 février ayant été défendu, il s’ensuivit une collision; le roi changea son ministère pour éviter l’effusion du sang, et forma un cabinet favorable à la réforme (23 février); puis, ces concessions ne suffisant plus, il abdiqua en faveur de son petit-fils le comte de Paris sous la régence de la duchesse d’Orléans (24); mais cette abdication fut considérée comme non avenue : un gouvernement provisoire fut établi, et la République proclamée. Louis-Philippe retourna une dernière fois en Angleterre, où il prit le nom de comte de Neuilly; il y mourut en 1850, au château de Claremont, dans sa 77e année. — Tous reconnaissent en Louis-Philippe une haute capacité; mais ses adversaires l’ont accusé, les uns d’avoir usurpé, en acceptant la couronne au détriment de l’héritier légitime, le duc de Bordeaux; les autres d’avoir manqué à son origine en comprimant l’esprit libéral et en se refusant obstinément à toute réforme; d’avoir trop fait prédominer sa volonté personnelle; d’avoir favorisé la corruption politique; d’avoir voulu la paix à tout prix; plusieurs même l’accusaient de thésauriser, tandis qu’il contractait plus de trente millions de dettes dans un intérêt public. Quoi qu’il en soit de ces accusations, on doit reconnaître que ce prince respecta constamment la Charte qu’il avait jurée; qu’il réussit à rétablir l’ordre à l’intérieur, à maintenir la paix à l’extérieur, que la France a joui sous son règne de la liberté la plus étendue, de la prospérité la plus grande; qu’il encouragea de tout son pouvoir les lettres, les arts, l’industrie, enfin qu’il donna aux travaux publics une immense impulsion, ce qui l’avait fait surnommer le Napoléon de la paix. En outre, il offrit sur le trône l’exemple des vertus privées, éleva ses fils dans des sentiments tout nationaux, et répandit ses bienfaits sur les malheureux de toute opinion; enfin il se montra clément, et se refusa toujours à relever l’échafaud politique. Néanmoins, peu de princes ont été l’objet d'attentats aussi répétés : indépendamment des conspirations de toute espèce dirigées contre son trône, sa vie fut attaquée sept fois.

Louis-Philippe eut 8 enfants : 1° Ferdinand, duc d’Orléans, né en 1810, mort en 1842, marié à la princesse Hélène de Mecklembourg, dont il eut deux fils, Louis-Philippe, comte de Paris, né en 1838, et Ferdinand, duc de Chartres, né en 1840; 2° Louise, née en 1812, mariée au prince Léopold, roi des Belges, morte en 1850; 3° Marie, née en 1813, mariée au prince Alexandre de Wurtemberg, morte en 1839; 4° Louis-Charles, duc de Nemours, né en 1814, marié à une princesse de Saxe-Cobourg-Gotha; 5° Clémentine, née en 1817, mariée à un prince de Saxe-Cobourg-Cohari; 6° François-Ferdinand, prince de Joinville, né en 1818, marié à une princesse du Brésil; 7° Henri-Eugène, duc d’Aumale, né en 1822, marié à une princesse de Naples; 8° Antoine-Philippe, duc de Montpensier, né en 1824, marié à la princesse Louise, sœur de la reine d’Espagne.

L’Histoire de Louis-Philippe a été écrite par Am. Boudin et Félix Mouttet, 1846; par Capefigue (l’Europe depuis l'avénement de Louis-Philippe), par Alexandre Dumas (Louis-Philippe, Histoire de sa vie politique et privée), 1852, et par V. de Nouvion, 1857-60. M. Fr. Groiseilliez, en 1851, et M. Granier de Cassagnac, en 1857, ont publié l’Histoire de la chute de Louis-Philippe. L’Histoire de dix ans, par Louis Blanc (1840, continuée par l’Histoire de huit ans d'Élias Regnault, 1851), est surtout une œuvre de parti. Louis-Philippe a laissé des Mémoires, mais ils n’ont pas encore vu le jour.

LOUIS, le Grand Dauphin, fils unique de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche, né en 1661, m. en 1711, eut pour gouverneur le duc de Montausier at pour précepteur Bossuet, mais n’en fut pas moins un prince médiocre. Cependant il se signala en 1688 à l’armée du Rhin et en 1694 en Flandre. Depuis, il vécut dans une espèce de retraite à Meudon, n’ayant aucune influence politique. Il eut trois fils : Louis, duc de Bourgogne (V. BOURGOGNE) ; Philippe, duc d’Anjou (roi d’Espagne depuis), et Charles, duc de Berry. C’est pour lui que fut entreprise la belle collection d’auteurs latins dite Ad usum Delphini.

LOUIS, Dauphin, fils de Louis XV et de Marie Leczinska, né en 1729, m. en 1765, était un homme instruit et éclairé. Honteux des désordres de la cour, il vécut solitaire, livré à l’étude et aux exercices de piété. Il fut le père de Louis XVI, L. XVIII et Charles X.

LOUIS, roi de Hollande. V. BONAPARTE (Louis).

III. Rois et princes étrangers.

LOUIS I, le Grand, roi de Hongrie et de Pologne, fils et successeur de Charobert, né en 1326, monta sur le trône de Hongrie en 1342, fit la guerre avec succès aux Transylvaniens, aux Croates, aux Valaques et aux Vénitiens, auxquels il enleva la Dalmatie ; vengea le meurtre d’André, son frère, roi de Naples, mis à mort en 1346 par Jeanne, sa femme, et par Louis de Tarente, et fut élu roi de Pologne après Casimir III, son oncle (1370). Il m. en 1382, laissant 2 filles, Marie et Hedwige, qui portèrent l’une la Hongrie à Sigismond, l’autre la Pologne à Jagellon.

LOUIS II, roi de Hongrie et de Bohême, succéda à Ladislas VI, son père, en 1516, perdit la bataille de Mohacz contre Soliman II (1526) et se noya dans un marais en fuyant. Il était beau-frère de Charles-Quint.

LOUIS D’ARAGON (don), roi de Sicile, né en 1337, fils de Pierre II, fut reconnu roi en 1342 sous la tutelle de son oncle le duc de Randazzo, qui gouverna avec sagesse. Son court règne fut troublé par la rivalité des Clermont et des Palizzi. Il mourut en 1355, laissant la couronne à son frère, Frédéric le Simple.

LOUIS DE TARENTE, 2e fils de Philippe, prince de Tarente, épousa en 2espagnol noces, en 1347, Jeanne, reine de Naples, sa cousine, après le meurtre d’André, 1er mari de cette princesse, meurtre auquel il avait contribué. Chassé du royaume par Louis I, roi de Hongrie, il se réfugia en Provence avec Jeanne. Le pape Clément VI ayant déclaré les deux époux innocents du crime qu’on leur imputait, ils furent rappelés par les Napolitains et ils se firent couronner en 1352. Louis mourut en 1362, sans laisser d’enfants.

LOUIS I, duc d’Anjou, 2e fils de Jean II, roi de France, né en 1339, m. en 1384, remplaça son père en qualité d’otage dans la prison de Londres, s’échappa bientôt après, battit les Anglais en Guyenne et en Languedoc, fut nommé régent pendant la minorité de Charles VI, mais ne s’occupa que de remplir ses coffres pour se mettre en état d’aller prendre possession du trône de Naples, que la reine Jeanne lui avait légué, en 1380. Il se rendit en effet en Italie, après s’être fait couronner roi de Sicile par le pape Clément VII (1382), mais il trouva le trône occupé par Charles de Duras et fit de vains efforts pour l’en chasser.

LOUIS II, duc d’Anjou, fils du précéd., né en 1377, fut couronné roi de Naples par Clément VII, en 1390, et m. en 1417, sans avoir pu se mettre en possession du royaume. Il avait pour compétiteur Ladislas, par qui il fut battu, et qu’il battit à son tour, mais sans profiter de sa victoire. À la mort de Ladislas (1415), il fut invité par Jean XXIII à revenir en Italie : il faisait ses préparatifs à cet effet, quand il mourut à Angers.

LOUIS III, duc d’Anjou, fils du précéd., né en 1403, succéda aux prétentions de son père sur le royaume de Naples, fut adopté par Jeanne II, mais fit de vains efforts pour soutenir ses droits contre Alphonse, roi d’Aragon, et, après une alternative de revers et de succès, mourut au siége de Tarente, en 1434, laissant à son frère René ses États d’Anjou et de Provence.

LOUIS, le Sévère, duc de Bavière, comte palatin, succéda à son père Othon l’Illustre en 1253, céda la Basse-Bavière à son frère Henri XIII, contribua à l’élection de Rodolphe de Habsbourg, qui en retour le nomma lieutenant de l’Empire dans les duchés d’Autriche et de Styrie, avec une partie de l’héritage du malheureux Conradin. Il m. en 1294. Son fils Louis de Bavière fut empereur sous le nom de Louis V (1314).

LOUIS DE PRUSSE, né en 1772, était fils du prince Ferdinand de Prusse, et neveu du grand Frédéric. Il fit ses premières armes lors de l’expédition prussienne en Champagne (1792), contribua en 1806 à faire déclarer la guerre à la France et commanda un corps de 9000 hommes, mais il se fit battre à Saalfeld, où il avait imprudemment attaqué un corps français supérieur en forces et y fut tué (1806).

LOUIS-GUILLAUME DE BADE. V. BADE.

IV. Personnages divers.

LOUIS DE GRENADE, dominicain, célèbre prédicateur et écrivain ascétique, né à Grenade en 1505, m. en 1588, fut le directeur de Catherine, veuve de Jean III et régente de Portugal, et refusa l’archevêché de Braga, ainsi que le chapeau de cardinal. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages, publiés à Anvers, 1572, et à Madrid, 1679, 3 v. in-f. On y remarque le Guide des pécheurs et l’Abrégé de la Doctrine chrétienne, qui ont été trad. en français.

LOUIS DE GONZAGUE (S.). V. GONZAGUE.

LOUIS D’ESPAGNE, de la maison de La Cerda, amiral de France. V. LA CERDA.

LOUIS (Ant.), chirurgien, né à Metz en 1723, m. en 1792, fut substitut du chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité à Paris (1757), puis chirurgien-major consultant de l’armée du Ht-Rhin (1761). Il était membre de l’Académie de chirurgie et en devint secrétaire. Il a laissé, entre autres ouvrages estimés : Chirurgie pratique sur les plaies d’armes à feu, Paris, 1746 ; De vulneribus capitis, 1749 ; Lettres sur la certitude des signes de la mort, 1753 ; il a rédigé les articles de chirurgie dans l’Encyclopédie, a publié les premiers volumes des Mémoires de l’Académie de chirurgie et a prononcé de 1750 à 1792 plusieurs Éloges (publ. par Baillière en 1859). C’est lui qui eut la principale part dans la construction de la guillotine. V. GUILLOTIN.

LOUIS (Victor), architecte, né à Paris en 1735, m. vers 1810, voyagea en Italie. On lui doit les galeries qui entourent le jardin du Palais royal ; l’ancienne salle de l’Opéra (rue de Richelieu), auj. démolie ; la salle du Théâtre-Français au Palais-Royal et le Grand théâtre de Bordeaux, son chef-d’œuvre et l’un des plus beaux théâtres de l’Europe. Il en a publié la description en 1782. On accuse cet artiste de manquer quelquefois de pureté dans le style, de goût dans les détails, mais on ne peut lui refuser l’imagination.

LOUIS (le baron), ministre des finances, né à Toul vers 1755, mort en 1837, avait reçu les ordres. Partisan des idées nouvelles, il assista l’évêque d’Autun en qualité de diacre à la fête de la Fédération (1790). Il émigra néanmoins et pendant son exil étudia le système financier de l’Angleterre. Il siégea comme député dans presque toutes les assemblées législatives depuis 1815, s’y fit remarquer par sa modération et la sagesse de ses vues, fut chargé plusieurs fois du portefeuille des finances (1816, 1818, 1831) et posa les bases du crédit public. C’est lui qui créa, en 1818, les petits-grands-livres qui firent participer les départements aux avantages des placements sur l’État. Il fut fait pair de France en 1832.

LOUIS (Ordre de ST-), ordre militaire institué par Louis XIV en 1693, était destiné à récompenser le mérite militaire. Le roi en était le chef souverain et le grand maître. Pour y être admis, il fallait être catholique et avoir servi 20 ans. Les princes du sang, les maréchaux et les amiraux en faisaient partie de droit. La croix était à 8 pointes, cantonnée de fleurs de lis en or ; on y voyait d’un côté S. Louis tenant d’une main une couronne de lauriers et de l’autre une couronne d’épines, avec cette devise : Ludovicus Magnus instituit, 1693 ; de l’autre côté, une épée nue dans une couronne de lauriers liée de l’écharpe blanche avec ces mots : Bellicæ virtutis præmium. Le ruban était d’un rouge couleur de feu. Les membres recevaient une pension proportionnelle à leur rang. Cet ordre, supprimé à la Révolution, fut rétabli par les Bourbons en 1815 ; il cessa d'être conféré après 1830.

LOUIS (Institut de St-), maison fondée à St-Cyr par Louis XIV pour les jeunes filles nobles, mais pauvres, est plus connue sous le nom de St-Cyr.

LOUIS XV (Place). V. CONCORDE (Place de la).

LOUISBOURG, v. et port de l'Amérique anglaise (Nouv.-Écosse), ch.-l. de l'île du Cap-Breton, sur la côte S. E., au fond d'une rade magnifique, mais qui gèle chaque hiver; 10 000 hab. — D'abord aux Français; prise par les Anglais en 1745 et 58. Il s'y livra en 1781 un combat naval entre les Français et les Anglais. — Ville de Wurtemberg. V. LUDWIGSBURG.

LOUISE DE SAVOIE, duchesse d'Angoulême, fille de Philippe, duc de Savoie, et de Marguerite de Bourbon, née en 1476, épousa en 1488 Charles d'Orléans, comte d'Angoulême, dont elle eut François I, et resta veuve à 18 ans. Régente pendant l'expédition de son fils dans le Milanais, 1515, elle souilla son administration par ses vices et sa cupidité. Secondée dans ses concussions par le chancelier Duprat, elle dissipa les fonds réserves pour la guerre et fut ainsi cause des revers de Lautrec en Italie, 1522; elle fit condamner à mort, après un procès inique, le surintendant Semblançay, qu'elle accusait de ses propres détournements. Déjà âgée, elle offrit sa main au connétable de Bourbon; mais elle n'en reçut qu'un refus injurieux : outrée de dépit, elle changea son amour en une haine violente, fit dépouiller le connétable d'une partie de ses biens, et le réduisit à quitter la France, dont il devint l'ennemi acharné (1523). Elle confia l'armée d'Italie à son amant Bonnivet, qui se fit battre, 1524. Régente de nouveau après la défaite de Pavie, pendant la captivité de son fils, 1525, elle montra plus de sagesse : elle assura la sécurité des frontières, organisa la ligue de Cognac contre l'Autriche, et conclut, en 1529, avec Marguerite d'Autriche, le traité de Cambrai, dit Paix des dames. Elle mourut en 1531 d'une maladie épidémique. Louise aimait les lettres et protégeait les savants. Elle a laissé un Journal qui contient des faits historiques assez curieux et des détails domestiques intéressants (dans les Mémoires relatifs à l'histoire de France).

LOUISE DE LORRAINE, reine de France, née en 1553, m. en 1601, était fille de Nicolas de Lorraine, comte de Vaudemont. Elle épousa Henri III en 1575. L'empire qu'elle sembla prendre sur son époux alarma Catherine de Médicis, qui lui conseilla perfidement de faire au roi de continuelles remontrances sur sa conduite : ces remontrances fatiguèrent bientôt Henri, et son amour se changea en indifférence. Après la mort du roi, elle se retira à Moulins, où elle se livra à des austérités excessives qui hâtèrent sa mort.

LOUISE-AUGUSTE-WILHELMINE-AMÉLIE, reine de Prusse, fille du duc de Mecklembourg-Strélitz et de Caroline de Hesse-Darmstadt, née en 1776, m. en 1810, épousa en 1793 le prince héréditaire de Prusse (depuis Frédéric-Guillaume III), et lui inspira le plus tendre attachement. Elle l'accompagna dans ses guerres : son courage et sa résignation le soutinrent après le désastre d'Iéna (1806).

LOUISE (d'Orléans), reine des Belges, l'aînée des filles de Louis-Philippe, née à Palerme en 1812, morte en 1850, fut mariée en 1832 à Léopold (de Saxe-Cobourg), roi des Belges, comme gage d'union entre les deux peuples. Elle se fit remarquer sur le trône par ses vertus et son inépuisable charité et gagna tous les cœurs. Elle mourut peu de semaines après son père, dont les malheurs l'avaient fortement ébranlée. Elle laissait deux fils, Léopold, duc de Brabant, né en 1835, et Philippe, comte de Flandre, né en 1837.

LOUISE DE GUZMAN, reine de Portugal. V. GUZMAN.

LOUISIADE (Archipel de la), groupe d'îles du Grand Océan équinoxial, à l'E. de la Papouasie, par 148° 20' 152° 10' long. E., 8°-12° lat. S., est formé d'un grand nombre d'écueils et de récifs. Découvert par Bougainville en 1769, visité en 1793 par les navigateur Français envoyés à la recherche de La Pérouse.

LOUISIANE, un des États-Unis de l'Amérique du Nord, a pour bornes au N. l'Arkansas, au S. le golfe du Mexique, à l'E. l'État du Mississipi, à l'O., le Texas; 2200 kil. sur 1350; env. 700 000 hab., (dont 330 000 esclaves); ch.-l., la Nouv.-Orléans, et depuis 1847 Bâton-Rouge, choisi comme plus central. L'intérieur du pays présente encore beaucoup de peuplades indigènes. Sur la côte la population est en grande partie d'origine française. Le bas Mississipi traverse la Louisiane et y reçoit beaucoup d'affluents. Climat chaud, malsain dans ses parties basses et marécageuses, parties où règne la fièvre jaune; sol fertile (surtout en coton, riz, sucre); riches pâturages : on y élève de gros et menu bétail en grande quantité; mines de zinc, de cuivre, de fer, de houille; nombreuses lignes de chemins de fer. — Par Louisiane on entendait jadis, outre la Louisiane actuelle, l'immense région qui s'étend au nord de ce pays et qui comprend l'État de Missouri, les districts des Mandanes, des Sioux, des Osages, et le territoire de l'Arkansas. — La Louisiane fut découverte par l'Espagnol Fernand de Soto, et vue ensuite par le Français Thomas Albert, 1504. Sous Louis XIV, en l'honneur de qui elle reçut son nom, elle fut l'objet de quelques tentatives peu heureuses de colonisation (La Salle en 1682, Yberville en 1698, Crozat en 1712); elle fut donnée pendant la minorité de Louis XV a la Compagnie du Mississipi, et servit de base aux spéculations du fameux Law (1717-1720), puis fut concédée à la Compagnie française des Indes. La Nouvelle-Orléans y avait été fondée en 1717; cependant le pays, toujours peuplé de tribus sauvages, n'offrait encore que quelques comptoirs sur les côtes, et restait nul entre les mains de la France. Louis XV céda à l'Angleterre en 1763 la partie de la Louisiane située à l'E. du Mississipi, et à l'Espagne la partie occidentale. Celle-ci fut rétrocédée à la France en 1800, par le traité de St-Ildefonse; mais Bonaparte, désespérant de la défendre contre les Anglais, la vendit en 1803 aux États-Unis, moyennant 80 millions. Envahie par les Anglais pendant la guerre de 1812, la Louisiane fut défendue par le général Jackson, qui remporta sur eux en 1815 à la Nouv.-Orléans une grande victoire. La Louisiane a été élevée au rang d’État en 1812. Elle est régie par une constitution votée en 1845. Dans la guerre civile de 1861, elle s'est rangée au nombre des États séparatistes.

LOUIS-PHILIPPE (Terre de), terre située dans l'Océan Atlantique austral, au S. des Nouv.-Shetland, par 63°-64° lat. S. et 59°-61° long. O., est inhabitable et couverte de glaces. Elle a été découverte en 1838, par Dumont d'Urville, commandant de l’Astrolabe, qui lui donna le nom du roi régnant.

LOUISVILLE, v. des États-Unis (Kentucky), sur la r. g. de l'Ohio, et près des chutes de cette rivière, à 80 kil. O. de Francfort; 55 010 hab. Évêché catholique (créé en 1843). Beau canal, qui unit cette ville à Portland; chemin de fer. Industrie et commerce très-actifs : grains, tabac excellent, étoffes de laine, de fil et de coton; fonderies de fer et de cuivre; construction de machines à vapeur; raffineries de sucre, distilleries; tanneries, chapelleries, manuf. de savon et de chandelles. — Fondée en 1780.

LOULAY, ch.-l. de canton (Charente-Inférieure) à 12 kil. N. de St-Jean-d'Angély; 600 hab.

LOULÉ, ville murée du Portugal (Algarve), à 14 kil. N. de Faro; 8250 hab. Vieux château. Titre d'un marquisat. Mines d'argent aux environs.

LOUNG-TCHOUAN-KIANG, rivière d'Asie, naît dans le Thibet par 93° 30' long. E., 31° lat. N.; traverse la province chinoise d'Yun-nan, puis arrose l'empire birman, et se perd dans l'Iraouaddy au N. E. d'Oumérapoura : cours, 900 kil.

LOUP (S.), Lupus, né à Toul vers 390, fut élevé sur le siége épiscopal de Troyes en 427, et alla peu après, avec S. Germain d’Auxerre, dans la GrandeBretagne, pour y combattre les erreurs des Pélagiens. De retour à Troyes, il sauva cette ville de la fureur d’Attila, qu’il désarma par ses prières, 451. Il m. en 479. On le fête le 29 juillet. — Évêque de Lyon, mort vers 540, est fêté le 25 septembre.

LOUP, duc de Champagne sous Sigebert, resta fidèle à Brunéhaut après le meurtre de son mari, la défendit contre les seigneurs austrasiens qui voulaient la priver de la tutelle de son fils (581), et eut le plus grand crédit auprès de cette reine et du jeune roi Childebert, son fils.

LOUP, Servatus Lupus, abbé de Ferrières en Gâtinais, né vers 805, m. en 882, enseigna à Fulde. jouit de la faveur de Louis le Débonnaire et de Charles le Chauve, qui le chargea d’une mission près du pape Léon IV (817) et de la réforme des monastères de France ; assista, en 844, au concile de Verneuil, dont il dressa les canons, et en 853 au 2e concile de Soissons. Il fonda à Ferrières une belle bibliothèque, et recueillit beaucoup de manuscrits. L’abbé de Ferrières est un des meilleurs écrivains de son temps. On a de lui 134 Lettres sur différents sujets ; et un traité Des trois questions (le libre arbitre, la grâce et la prédestination), contre Gotescalc Baluze a recueilli ses écrits en 1664, in-4, et les a enrichis de notes curieuses.

LOUQSOR, vge de Hte-Égypte, sur la r. dr. du Nil, à 46 k. N. d’Esneh ; 2000 h. Il occupe une partie de l’emplacement de l’anc. Thèbes. Ce lieu est remarquable par ses superbes débris. C’est de là que vient le bel obélisque apporté à Paris en 1836 et qui décore la place de la Concorde ; il paraît dater de Sésostris.

LOURDES, ch.-l. de cant. (Htes-Pyrénées), dans la vallée de Lavedan, sur le Gave de Pau, et près du lac de Lourdes, à 12 kil. N. E. d’Argelès ; 3712 hab. Trib. de 1re inst. Château fort qui domine la ville. Toile de lin, mouchoirs, crépons, bas rayés ; fabriques de chocolat ; vaches laitières. — Anc. place forte, qui existait dès le temps de César ; Elle fut au moyen âge la capitale du Lavedan en Bigorre.

LOURDET DE SANTERRE (J. B.), auteur dramatique français (1752-1815), a donné plusieurs comédies et opéras-comiques : Psyché, 1758 ; le Savetier et le Financier, 1778 ; Colinette à la cour, mus. de Grétry, 1782 ; l’Embarras des richesses, mus. de Grétry, 1782 ; Ziméo, mus. de Martini, 1800, etc.

LOURISTAN, l’anc. Élymaïs, contrée de la Perse actuelle, dans la partie N. du Khousistan, à l’E. du Kourdistan, a pour place principale Khorremabad. Ce pays est presque indépendant.

LOUROUX-BÉCONNAIS (Le), ch. l. de c. (Maine-et-Loire), à 27 kil. N. O. d’Angers ; 2200 hab.

LOUS (le), contrée du Béloutchistan, entre le Djalaouan au N. et le Sindh au S. ; ch.-l., Béla.

LOUSTALOT (Armand de), journaliste révolutionnaire, né en 1762 à St-Jean-d’Angély, m. en 1790, fut reçu avocat au parlement de Bordeaux en 1788, vint à Paris en 1789, s’y lia avec Camille Desmoulins, et fonda, avec Prudhomme, les Révolutions de Paris, feuille hebdomadaire qui se tira à 200 000 exemplaires. Quand il mourut, les Cordeliers et les Jacobins portèrent le deuil pendant trois jours.

LOUTA-NZIGHÉ, grand lac d’Afrique, une des principales sources du Nil, vers 1o 14 de latitude N., exploré en 1863 par Baker, qui l’appelle Albert-Nyanza. V. NYANZA.

LOUTH (comté de), en Irlande (Leinster), entre ceux d’Armagh au N., de Down au N. E., la mer d’Irlande à l’E., le comté de Meath au S., celui de Monaghan à l’O. ; 45 kil. sur 18 ; 115 000 hab., presque tous catholiques ; ch.-l., Dundalk. Sol plat, fertile et bien cultivé. Ardoisières, tourbières. Toile, tissus de coton, mousselines. Nombreux fragments d’antiquités. Ce comté doit son nom à la petite ville de Louth, à 11 kil. S. O. de Dundalk.

LOUTH, v. d’Angleterre (Lincoln), à 35 kil. E. N. E. de Lincoln ; 6927 hab. Station de chemin de fer. Manufacture de tapis et couvertures, papeterie, savon.

LOUTHERBOURG (Phil.), peintre français, né à Strasbourg en 1740, mort à Londres en 1814, avait pour père un habile peintre de miniatures. Il peignit surtout les Batailles, les Chasses, les Paysages et fut reçu en 1768 à l’Académie de peinture. Il parcourut, en exerçant son art, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, se rendit en 1771 à Londres, où il fut attaché comme décorateur au théâtre de Drury-Lane et où il fut admis en 1782 à l’Académie royale. La plupart de ses tableaux sont à l’étranger. Il réussit aussi dans la gravure à l’eau-forte, et grava plusieurs de ses propres tableaux. On attribue à cet artiste l’invention du Théâtre pittoresque et mécanique, perfectionné depuis par Pierre.

LOUTHF-ALY-KHAN, un des prétendants au trône de Perse, de la famille de Zend, était fils de Djaafar-Khan, et naquit vers l’an 1770. Il remporta en 1792 une victoire signalée sur Aga-Mohammed, compétiteur de son père, mais il fut à son tour battu par Mohammed, qui le fit mettre à mort avec toute sa famille en 1794. En lui finit la dynastie de Zend, qui fut remplacée par celle des Kadjars.

LOUVAIN, Lovanium, en flamand Leuven, v. de Belgique (Brabant), ch.-l. d’arr., sur la Dyle, à 30 k. E. de Bruxelles ; 30 000 hab. (elle en compta jadis jusqu’à 200 000). Université catholique de libre exercice, fondée en 1835 (Louvain possédait dès 1426 une université célèbre) ; collége, école normale primaire, académie de peinture, école de musique, bibliothèque, collections d’histoire naturelle, jardin botanique. On remarque l’hôtel de ville ; un des plus beaux monuments gothiques de la Belgique, contenant un musée de tableaux ; l’église St-Pierre, avec un beau jubé et de belles portes en fer ; St-Michel, où l’on admire une table de communion et des confessionnaux sculptés en bois ; Ste-Gertrude, avec des stalles de chœur richement sculptées ; le séminaire, les halles aux drapiers. Chemin de fer ; canal communiquant avec l’Escaut. Bière blanche très-renommée : on en fabrique 200 000 tonneaux par an ; grand commerce de grains. — Quoique ancienne, Louvain ne paraît dans l’histoire qu’à dater de l’invasion normande de 884 ; elle reçut une charte de commune au XIe s., fut entourée de murs en 1165, et fut longtemps florissante par l’industrie du tissage des laines et des fils (elle occupait 100 000 ouvriers) ; elle a subi à diverses reprises des inondations terribles, et a souffert également du feu, de la peste, de la famine et des révoltes, surtout de celle de 1382 ; elle a en outre été souvent prise et reprise, notamment par les Français en 1792 et 1794. Sous l’Empire français, elle fut le ch.-l. d’un arr. du dép. de la Dyle. Patrie de Van Espen, de Van der Aa, etc.

LOUVECIENNES. V. LUCIENNES.

LOUVEL (L. Pierre), ouvrier sellier, né à Paris en 1783, assassina en 1820, à la sortie de l’Opéra, le duc de Berry, neveu de Louis XVIII ; il avait été poussé au crime par le fanatisme politique, et voulait, en frappant le seul prince qui pût perpétuer la famille royale, mettre fin à la branche aînée des Bourbons. Condamné à mort par la cour des pairs, il subit le supplice avec fermeté, assurant qu’il n’avait pas de complices.

L’OUVERTURE (Toussaint). V. TOUSSAINT.

LOUVET (Pierre), historien, né près de Beauvais, vers 1570, m. en 1646, fut avocat, puis maître des requêtes. On a de lui : Coutumes de divers bailliages observées en Beauvaisis ; Hist. de la ville et cité de Beauvais ; Hist. et antiquités du pays de Beauvaisis ; Hist. et antiquités du diocèse de Beauvais.

LOUVET DE COUVRAY (J. B.), conventionnel, né à Paris en 1764, m. en 1797, fut d’abord secrétaire d’un savant nommé Dietrich, puis commis d’un libraire, et se fit connaître en 1787 par un roman licencieux, les Amours de Faublas. Partisan de la Révolution, il rédigea un journal hostile à la cour, la Sentinelle, fut nommé en 1792 député du Loiret à la Convention nationale, prit place parmi les Girondins, et se prononça contre Robespierre. Proscrit avec les Girondins, et mis hors la loi, il erra quelque temps en Bretagne, puis dans la Gironde, et se tint caché jusqu'à la mort de Robespierre. Il rentra à la Convention en 1795, puis devint membre du Conseil des Cinq-Cents; il en sortit en mai 1797 et ouvrit un magasin de librairie; mais il mourut la même année. Il venait d'être nommé membre de l'Institut (section de grammaire). Outre Faublas, Louvet a composé plusieurs autres romans dont quelques-uns sont restés manuscrits; il a laissé aussi des Mémoires.

LOUVETIER (Grand), officier de la Couronne sous l'anc. monarchie. V. ce mot au Dict. univ. d. Sciences.

LOUVIERS, Luparia, ch.-l. d'arrond. (Eure), sur l'Eure, à 23 k. N. d'Évreux; 9927 h. Église paroissiale, en style gothique; anc. maison des Templiers, datant du XIIe s.; jolies promenades. Draps fins très-renommés et apprêt pour les draps; presses hydrauliques; filatures de lame et de coton, blanchisseries, teintureries en bleu. — Ville jadis forte, qui porta longtemps le titre de comté. La 1re fabrique de draps y fut établie en 1681, et la 1re filature de coton en 1789.

LOUVIERS, ancienne île formée par la Seine dans Paris; elle a été réunie en 1835 aux terrains voisins de la bibliothèque de l'Arsenal.

LOUVIGNÉ-DU-DÉSERT, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 16 kil. N. E. de Fougères ; 3412 hab.

LOUVOIS, vge de France (Marne), à 18 kil. N. E. de Reims, érigé en marquisat en 1624 en faveur de Conflans d'Armentières, puis acquis par le chancelier Le Tellier, père du célèbre Louvois.

LOUVOIS (Franç. Michel LE TELLIER (marquis de), ministre de Louis XIV, fils du chancelier Le Tellier, né en 1639 à Paris, obtint en 1654 la survivance de la charge de secrétaire d'État de la guerre qu'occupait son père, et parvint en 1666 au ministère. Il donna a l'armée française l'organisation qu'elle a conservée jusqu'à l'Empire, et accorda les grades aux services aussi bien qu'à la naissance. Plein de prévoyance et d’activité, il assura par ses sages mesures le succès des campagnes de Flandre, en 1667, et de Franche-Comté, en 1668. Mais, d'un autre côté, on lui reproche des torts graves : il rompit par son arrogance les négociations entamées avec la Hollande en 1672, humilia le doge de Gênes (1685) et fit incendier deux fois le Palatinat (1674 et 1689). En outre, il eut une grande part à la révocation de l'édit de Nantes, déploya une sévérité excessive contre les Calvinistes (1686) et ordonna les dragonnades. Son orgueil et sa dureté finirent par révolter Louis XIV lui-même, et il allait, dit-on, tomber en disgrâce, lorsqu'il mourut subitement, en 1691. Cependant, son fils, le marquis de Barbézieux, le remplaça aux affaires. Louvois est un de ces hommes dont on est forcé d'admirer les talents, mais dont on ne peut aimer la personne. On lui doit, entre autres établissements utiles, la fondation des Invalides, et les écoles d'artillerie de Douai, Metz et Strasbourg. Sandraz de Courtilz a publié son Testament politique, Paris, 1695. On doit à Chamlay des Mémoires pour servir à l'histoire du marquis de Louvois, Amst., 1740, et à M. Cam. Rousset l’Hist. de Louvois et de son administration, Paris, 1862.

LOUVRE, Lupara, un des plus beaux monuments de Paris, dans la partie occid. de la ville et sur la r. dr. de la Seine, fut longtemps la demeure des rois. Ce n'était d'abord qu'un rendez-vous de chasse et une forteresse destinée à protéger le cours du fleuve. Vers 1204 Philippe-Auguste bâtit au centre de cette forteresse une grosse tour pour servir de trésor et de prison d'État; plus tard les rois y placèrent leur bibliothèque. Les successeurs de Philippe élevèrent autour de cet édifice des galeries qui s'étendirent peu à peu et qui finirent par rejoindre les Tuileries. Charles V enferma le Louvre dans Paris en 1367 et y fixa sa résidence; après lui, les rois l'ont habité pour la plupart jusqu'à Louis XIV, qui préféra Versailles. Depuis cette époque, on affecta le Louvre aux réunions des diverses académies, et à l'Imprimerie royale. Sous l'Empire, le Louvre devint un musée; il a depuis conservé cette destination. Le Louvre est le plus vaste et le plus magnifique palais de l'Europe. Son architecture réunit au plus beau style antique celui de la Renaissance : on y admire la pureté, la correction et la belle exécution des ordonnances; à l'intérieur, la beauté des distributions, l'élégance et la variété de l'ornementation, répondent à la magnificence du dehors. Les princes qui ont le plus contribué à l'agrandissement et à l'embellissement de cet édifice sont Charles V, Louis XII, François I, Henri II, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV (qui fit élever, de 1665 à 1670, sur des plans de Claude Perrault, la célèbre Colonnade), Napoléon I, qui reprit, après une interruption de près de deux siècles, le projet de jonction des Tuileries au Louvre, Napoléon III, qui eut la gloire d'exécuter ce projet (de 1851 à 1856). Les plus grands artistes français ont appliqué leur talent à cet édifice, entre autres Pierre Lescot, Androuet Ducerceau, Philibert Delorme, J. Goujon, Lemercier, Claude Perrault, Soufflot, et, de nos jours, Fontaine, Percier, Visconti, Lefuel.

LOVANIA, LOVANIUM, noms latins de Louvain.

LOVAT (Simon FRAZER, lord), Écossais, né en 1667, embrassa d'abord le parti du prétendant Jacques III, l'abandonna après la bataille d'Inverness (1715) pour se déclarer en faveur du roi George I, et fut comblé d'honneurs par ce dernier, qui lui donna le gouvernement d'Inverness et le titre de lord. Cependant il trahit son successeur (George II) en 1745, pour prendre part à des intrigues en faveur des Stuarts et seconda l'invasion de Charles-Édouard. Ayant été reconnu, il eut la tête tranchée (1747). Lord Lovat avait alors 80 ans : il subit le supplice avec fermeté. Il a laissé des Mémoires, qui ont paru en 1747.

LOVEIRA (VASCO de), premier auteur du roman d’Amadis de Gaule, né en Portugal vers 1360, m. vers 1404, se distingua au service de Ferdinand IV, roi de Castille. Son Amadis n'avait d'abord que 4 livres; les continuateurs l'ont porté à 24. On a contesté à Loveira l'invention de d’Amadis, dont le thème paraît venir primitivement du pays de Galles. Quoi qu'il en soit, ce roman a été traduit dans toutes les langues. Il fut introduit en France par d'Herberay en 1500; on estime surtout la traduction du comte de Tressan, 1779.

LOVELACE (Richard), poëte anglais, né en 1618 à Woolwich (Kent), d'une famille riche, brilla quelque temps à la cour de Charles I par sa beauté, sa galanterie et son esprit; sacrifia toute sa fortune pour la cause royale, fut quelque temps emprisonné à Londres, puis entra au service de la France avec le grade de colonel, revint à Londres vers 1648, et y mourut dans la misère, 1658. Il a chanté, sous le nom de Lucasta, une femme qu'il aimait, miss Lucy Sacheverell : cette femme s'étant mariée pendant son exil, il en conçut le plus vif chagrin. Il a aussi composé quelques pièces de théâtre. Son style est élégant, quoique négligé. Ses Poésies ont été publ. en 1650 et 1659. — Richardson, dans sa Clarisse Harlowe, a donné le nom de Lovelace à son héros : ce personnage, tout imaginaire, est resté depuis le type du séducteur.

LOVISA, v. et port de Russie (Finlande), sur le golfe de Finlande, à 60 k. d'Helsingfors; 3000 h. — Bâtie en 1745 sous le nom de Degerby, elle fut appelée Lovisa, en 1752, du nom de la reine de Suède, Lovisa ou Louise. Bombardée par les Anglais en 1855.

LOWE (sir HUDSON), né en 1770 en Irlande, m. en 1844, avait le grade de colonel lorsqu'il fut chargé, en 1815, de garder l'Empereur Napoléon à Ste-Hélène. Il fit subir à l'illustre prisonnier d'odieuses vexations, qui hâtèrent sa fin, et acquit par là une triste célébrité. Il fut à son retour nommé lieutenant général (1823), et richement récompensé; mais il perdit la plus grande partie de sa fortune dans de folles spéculations. Il a laissé des Mémoires, publiés par son fils (Londres, 1845), où il cherche à justifier sa conduite; ces Mémoires ont été traduits en 1853.

LOWELL, v. des États-Unis (Massachussets), sur les confins du New-Hampshire, à 40 k. N. O. de Boston, sur le Merrimack, près d'une chute qui alimente un grand nombre d'usines; 45 000 hab. Grandes filatures de coton et autres manufactures : ce qui l'a fait nommer le Manchester de l'Union. Chemin de fer pour Boston. Cette ville ne date que de 1813; elle a pris son nom d'un des négociants qui ont les premiers établi des manufactures de coton aux États-Unis.

LOWENDAHL (Woldemar, comte de), maréchal de France, issu d'un fils naturel de Frédéric III, roi de Danemark, né à Hambourg en 1700, m. en 1755, servit successivement en Autriche, en Pologne, en Russie et en France, se signala dans les armées impériales, à la bataille de Peterwaradin et aux siéges de Temeswar et de Belgrade; dans les armées polonaises, à la défense de Cracovie en 1733 et pendant les campagnes de 1734 et 1735 sur le Rhin; dans les armées russes, au siége d'Otchakof et à la bataille de Choczim; enfin, dans les armées françaises, à la bat. de Fontenoy et au siége de Berg-op-Zoom : il prit d'assaut, en 1747, cette ville qui était réputée imprenable, ce qui lui valut le bâton de maréchal de France. Depuis, il assiégea Maëstricht avec le maréchal de Saxe. Lowendahl était fort instruit : l'Académie des Sciences l'admit au nombre de ses membres honoraires.

LOWESTEIN. V. LŒWESTEIN.

LOWESTOFT, v. d'Angleterre (Suffolk), à l'extrémité E., sur la mer du Nord; 4238 h. Deux fanaux. Les Anglais y battirent sur mer les Hollandais, 1665.

LOWITZ (Tobie), marin et chimiste, né à Gœttingue en 1757, m. en 1804, était fils d'un prof. de Gœttingue, astronome distingué. Il fut professeur à St-Pétersbourg, et membre de l'Académie impériale de cette ville. On lui doit la découverte du pouvoir décolorant que possède la poudre de charbon végétal. Il a donné plusieurs Mémoires sur ce sujet, et a fait des recherches sur le vinaigre, l'épuration de l'eau, la conservation en mer de l'eau potable, le titane, etc. (dans les Annales de chimie, les Annales chimiques de Crell, et le recueil de l'Académie de St-Pétersbourg).

LOWLANDS (c.-à-d. basses terres), nom que l'on donne à l’Écosse méridionale, par opposition aux Highlands (hautes terres). V. ce mot.

LOWOSITZ, vge de Bohême (Leitmeritz), à 5 kil. S. O. de Leitmeritz; 800 hab. Vict. de Frédéric II, roi de Prusse, sur les Autrichiens en 1756.

LOWTH (le Dr Robert), critique anglais, né en 1710, à Winchester (Hampshire), m. en 1787, était fils du chanoine W. Lowth, savant théologien. Il suivit la carrière ecclésiastique, fut nommé en 1741 professeur de poésie à Oxford, devint successivement évêque de St-David, d'Oxford et de Londres, et refusa l'archevêché de Cantorbéry. On a de lui : De sacra poesi Hebræorum prœlectiones, Oxford, 1753, ouvrage classique sur cette matière, et dans lequel le mérite littéraire des Écritures est parfaitement apprécié; il a été traduit en français par Sicard, Lyon, 1812, et par Roger, de l'Académie française, Paris, 1813. Lowth a aussi composé une Introduction à la grammaire anglaise (1762), et une traduction d'Isaïe, avec des commentaires estimés (1778).

LOXA, v. d'Espagne et d'Amérique. V. LOJA.

LOYALISTES, nom donné par les Anglais à ceux qui, après l'expulsion des Stuarts, se montrèrent dévoués à la nouvelle dynastie, ainsi qu'à ceux qui, dans la guerre de l'indépendance américaine, prirent parti pour le gouvernement britannique contre les insurgés.

LOYOLA, vge et monastère d'Espagne (Guipuscoa), à 22 kil. S. O. de St-Sébastien; anc. collége de Jésuites. Château où naquit Ignace de Loyola. V. IGNACE.

LOYSEAU (Ch.), jurisconsulte, né en 1566 à Nogent-le-Roi, m. à Paris en 1627, a laissé plusieurs ouvrages de jurisprudence très-estimés (Lyon, 1701, in-fol.), entre autres: Des Offices et Seigneuries; Des Ordres de la noblesse; Du Déguerpissement, etc.

LOYSEAU de Mauléon (Alex.), avocat au parlement de Paris, né en 1728, m. en 1771, se fit une réputation par son éloquence, son humanité et son désintéressement; fut lié avec J. J. Rousseau et Voltaire, et concourut à faire réhabiliter Calas. On a publié ses Plaidoyers (1760), et ses Mémoires (1781).

LOYSEAU (Jean Simon), jurisconsulte, né en Franche-Comté vers 1776, m. à Paris en 1822, était avocat à la cour de cassation. Il a publié, entre autres ouvrages : Jurisprudence du Code civil (avec Bavoux), ouvrage périodique, 1804-1812, 19 v. in-8; Dictionnaire des Arrêts modernes, 1809, 2 vol. in-8; Traité des Enfants naturels, 1811, etc.

LOZÈRE (mont), Lesura mons, montagnes des Cévennes, dans le dép. qui prend son nom, au S. E. de Mende, est haute d'env. 1530m.

LOZÈRE (dép. de la), dép. situé entre ceux de la Hte-Loire au N., du Gard au S., de l'Aveyron, du Cantal à l'O., de l'Ardèche à l'E.; 5094 kil. carr. ; 137 367 h.; ch.-l., Mende. Il est formé de l'anc. Gévaudan, partie du Languedoc. Il est traversé par les Cévennes, dont fait partie le mont Lozère. Ces montagnes y donnent naissance à beaucoup de rivières, et forment le partage des eaux entre la Garonne, la Loire et le Rhône. Climat humide et froid. Argent, cuivre, plomb, antimoine, etc. Fertilité médiocre : peu de grains, très-peu de vin; châtaignes, lin, chanvre. Moutons et mulets. Peu d'industrie: cadis, serges, soies, cuirs, papier, etc. Émigrations annuelles. — Ce dép. a 3 arr. (Mende, Marvejols, Florac), 24 cantons, 190 communes; il appartient à la 8e division militaire , dépend de la cour de Nîmes, et a un évêché à Mende.

LUBECK, Lubeca, Lubecum, v. libre d'Allemagne, une des 4 républiques de l'Empire allemand, sur la rive gauche de la Trave, à 15 kil. de la Baltique, à 71 k. N. E. de Hambourg et à 844 k. N. E. de Paris; 30 000 h., professant la religion réformée. Travemünde lui sert de port. Évêché luthérien, cour d'appel pour les 4 républiques; nombreux établissements d'instruction et de bienfaisance. Lubeck offre beaucoup de traces de l'architecture du moyen âge : on y remarque la cathédrale, l'église Ste-Marie, avec 2 tours très-élevées, contenant une horloge astronomique et des peintures de la Danse des Morts; l'hôtel de ville, la Bourse, l'Opéra, la machine hydraulique, etc. La ville est entourée de remparts, qui ont été convertis en promenades; chemin de fer. Industrie active : savon, chapeaux, toile à voiles, objets en ambre, velours et soieries, cuirs façon Cordoue, raffineries de sucre, etc. Grand commerce, surtout avec Hambourg, les pays Scandinaves, le Portugal, la France et l'Angleterre. Bateaux à vapeur pour Copenhague, Christiania, Stockholm, Riga et St-Pétersbourg. — Lubeck fut fondée en 1144 par Adolphe de Holstein sur les ruines d'une autre ville de même nom, détruite par les Rugiens. Elle fut possédée, à partir de 1148, par les ducs de Saxe; Henri le Lion l'agrandit, lui donna un code connu sous le nom de Règlement de Lubeck et en fit le siège de l'évêché d'Oldenbourg. Conquise en 1192 par Alphonse de Holstein, en 1203 par Woldemar, duc de Sleswig, elle se mit sous la protection de l'emp. Frédéric II, qui la déclara ville libre et impériale en 1226. De plus en plus florissante par son immense commerce, elle devint en 1241 la capitale de la Ligue hanséatique. Elle se soutint encore après le déclin de la Hanse (XVIe siècle), mais elle déclina au XVIIe, ayant eu beaucoup à souffrir de ses guerres avec les Danois et pendant la guerre de Trente ans. Un traité de paix y fut signé en 1629 entre Christian IV, roi de Danemark, et l'empereur Ferdinand II. En 1806, les Français battirent les Prussiens à Lubeck, s'emparèrent de. la ville et en rasèrent les murs. De 1810 à 1814, elle fit partie de l'Empire français et fut un des ch.-l. d'arr. du dép. des Bouches-de-l'Elbe, le plus septentrional de tous ceux de l'Empire. Jungius, Mosheim, Meibomius, Kneller, Van Ostade naquirent à Lubeck. — Le territoire de la république n'a que 380 kil. carr. : il est borné au N. E. par la mer Baltique, à l'E. par le Mecklembourg, au S., à l'O. et au N. par le duché de Holstein, et compte env. 65 000 hab. Son gouvernement est démocratique; la bourgeoisie et un sénat de 30 membres s'y partagent l’exercice de la puissance souveraine; le sénat élit tous les deux ans 2 Bourguemestres. Lubeck a une voix au Conseil fédéral.

LUBERSAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 8 k. O. de Brives; 1350 h. Beau château. Patrie d'Innocent VI.

LUBIN (S.), Leobinus, de Poitiers, évêque de Chartres en 554, m. en 556, est fêté le 14 mars.

LUBLIN, v. de l'anc. Pologne, auj. à la Russie, jadis ch.-l. de palatinat, auj. de woïvodie, à 150 k. S. E. de Varsovie, sur la Bistricza ; 15 300 h. (dont un grand nombre de Juifs). Évêché catholique, collége de Piaristes, Citadelle, faubourgs, cathédrale, palais de Sobieski, etc. Commerce de draps, grains, vin de Hongrie. — La woïvodie de Lublin, entre les woïvodies de Siedlec et de Sandomir, la Galicie et la Volhynie, a 200 k. sur 130 et 900 000 h. Lacs nombreux, forêts, terres couvertes de bruyères, quelques endroits fertiles; pâturages.

LUBOMIRSKI, maison princière de Pologne, connue dès le XIe siècle. Les membres de cette famille les plus connus sont : Stanislas L., palatin de Cracovie, qui commanda l'armée polonaise au camp de Choczim en 1621, fit avec les Turcs une paix glorieuse et fut fait par Ferdinand II prince du St-Empire; — George L., grand maréchal de Pologne, qui, après avoir été un des plus fermes appui du roi Jean-Casimir, se tourna contre lui parce qu'il avait désigné pour successeur un prince français, le fils du grand Condé (1665) : il fut condamné par le sénat et mourut en exil; — Héraclius L., fils du précéd. 1640-1701, qui fut rétabli en 1666 dans les dignités de son père : il a laissé des ouvrages remarquables de morale et de politique écrits en latin; — Théodore L., fils d'Héraclius, qui entra au service de l'Autriche, se posa candidat au trône de Pologne en concurrence avec Stanislas Leczinski (1735), puis fut des premiers à acclamer l'électeur de Saxe, Auguste-Frédéric.

LUC (Le), Lucus, ch.-l. de cant. (Var), à 2S kil. S. O. de Draguignan; 3562 h. Draps, sel de saturne, bouchons de liége; verrerie aux environs.

LUC-EN-DIOIS, Lucus Augusti, ch.-l. de c. (Drôme), à 20 kil. S. E. de Die, près de la riv. dr. de la Drôme; 900 hab. Près de là, ancien lac, formé en 1442 par l'éboulement d'une masse de rochers dans le lit de la Drôme, et auj. desséché. Restes d'un aqueduc romain.

LUC-SUR-MER, vge du Calvados, à 16 kil. N. de Caen ; 1800 h. Pêche, préparation de salaisons. Bains de mer.

LUC (S.), Lucas, évangéliste, était d’Antioche et avait été médecin. Il fut, à ce qu'on croit, converti par S. Paul après la mort de J.-C., accompagna cet apôtre dans ses voyages en Troade et en Macédoine, l'an 51; alla prêcher seul à Corinthe l'an 56, partagea en 61 la captivité de S. Paul à Rome, parcourut ensuite plusieurs pays, et fut, dit-on, mis à mort en Achaïe à l'âge de 84 ans. On doit à S. Luc l’Évangile qui est ordinairement placé le 3e dans l'ordre chronologique, et les Actes des Apôtres; ces deux ouvrages ont été écrits originairement en grec, et sont remarquables par la pureté du style. On honore S. Luc le 18 octobre; on lui donne pour emblème le bœuf. Ce saint fut longtemps en France le patron des médecins. Une tradition erronée, qui n'a d'autre base qu'une confusion de nom (V. LUCA), attribue à S. Luc le talent de la peinture. Il y eut même à Rome une Académie de peinture, dite de S. Luc, fondés au XVIe siècle par Muziano; elle a été réunie en 1676 à l'école fondée à Rome par Louis XIV.

LUC (Ch. François, comte du), de la maison de Vintimille, né en 1643, m. en 1740, ambassadeur de France en Suisse, puis en Autriche, accueillit à Vienne J. B. Rousseau banni de France, 1712, et lui conserva sa protection jusqu'à sa mort. Le poëte, en reconnaissance, lui a dédié une ode qui est un des chefs-d'œuvre de la poésie lyrique. — V. DELUC.

LUCA, dit il Santo Luca, peintre florentin du IXe s., embrassa la vie religieuse et se distingua par sa piété. Il est l'auteur de tableaux de la Vierge avec l'enfant Jésus que l'on voit à Bologne et à Rome, et que quelques-uns, trompés par la ressemblance du nom, ont attribués à S. Luc l'évangéliste.

LUCA DELLA ROBIA. V. ROBIA.

LUCAIN, M. Annæus Lucanus, poëte latin, né à Cordoue l'an 39 de J.-C., vint de bonne heure à Rome, près de son oncle Sénèque le philosophe. Néron combla d'abord d'honneurs le jeune poëte; mais, comme l'empereur prétendait lui-même à la poésie, il devint bientôt jaloux de ce rival, et lui interdit les vers et même les plaidoyers. Lucain, pour se venger, entra dans la conspiration de Pison; découvert, il avoua tout, mais cela ne put le sauver. Laissé libre sur le choix du supplice, il se fit ouvrir les veines dans un bain, l'an 65 de J.-C.; il avait à peine 26 ans. Lucain a laissé un poëme célèbre, la Pharsale, espèce d'épopée historique en 10 chants, où il raconte la guerre civile de César et de Pompée et qui s'arrête à la bataille de Munda; on y trouve de grandes beautés, mais elles, sont déparées par l'enflure et le mauvais goût. Au reste, le poëte n'eut le temps ni de polir ni même de terminer son œuvre. On a un grand nombre d'éditions de la Pharsale; les plus estimées sont celles d'Oudendorp, Leyde, 1728; de Rich. Bentley, Strawberry-Hill, 1760; de Weber, Leipsick, 1824-30, de Naudet, dans les Classiques latins de Lemaire. Elle a été mise en vers par Brebeuf, 1658, et J. Demogeot, 1865, imitée envers par le chev. de Laurès, 1778, et traduite en prose par Marmontel, 1766. On en trouve des traductions dans les coll. Panckoucke et Nisard. M. Bignan a donné en vers les Beautés de la Pharsale, 18S0; Th. May un Supplément à la Pharsale, qui conduit jusqu'à la mort de César et qui se trouve dans les principales éditions.

LUCANIE, auj. partie de la Calabre citérieure, de la Principauté citérieure et de la Basilicate, contrée d'Italie, entre le Samnium au N. et le Brutium au S., sur la mer Inférieure l'O. et sur le golfe de Tarente a l'E., avait pour villes principales : 1° sur le golfe de Tarente, Sybaris, Thurium, Héraclée, Métaponte; 2° sur la mer Inférieure, Pæstum, Élée ou Vélie, Buxente; 3° dans les terres, Potentie, Grumeate, Atinum, Vulci. Les villes situées sur la côte étaient des colonies grecques; mais l'intérieur des terres était primitivement habité par des indigènes de race pélasgique. Les vrais Lucaniens étaient des aventuriers samnites qui avaient soumis la population indigène; c'étaient les plus barbares de tous les peuples d'origine samnite. Vers le milieu du Ve siècle av. J.-C., ils attaquèrent les colonies grecques. En vain celles-ci formèrent contre eux, avec Denys l'Ancien, tyran de Sicile, une ligue défensive, 394 : la ligue fut vaincue, et, au milieu du IVe siècle, les Lucaniens dominaient du Silarus au golfe de Scylacium. Ils entrèrent dans la ligue formée en 327 contre les Romains, et subirent diverses défaites. Ayant en 286 attaqué Thurium, ville alliée des Romains, ils s'attirèrent une nouvelle guerre avec ceux-ci et furent battus en 282 par Fabricius. S'étant joints à Pyrrhus dans la guerre de Tarente, ils furent vaincus de nouveau et soumis définitivement par Papirius en 272.

LUCAS DE LEYDE, graveur et peintre hollandais, né à Leyde en 1494, était dès l'âge de 9 ans familier avec tous les genres de peinture. A 12 ans il peignit en détrempe l’Histoire de S. Hubert; à 18, il était regardé comme le premier peintre de l'école flamande et comme le plus habile graveur de son temps. Néanmoins, il voyagea afin de se perfectionner dans son art; il fut, dit-on, empoisonné en route par des rivaux jaloux, et mourut peu après son retour, à 39 ans, en 1533. Ses plus belles compositions sont : un Ecce homo, le Retour de l'Enfant prodigue; l'Adoration des Mages; la Danse de la Madeleine; Jésus guérissant l'Aveugle de Jéricho; le Jugement dernier. Son dessin est d'une grande netteté, son coloris splendide et harmonieux; mais souvent il unit l'expression d'un sentiment élevé, à des types et à des poses vulgaires. Son œuvre gravée se compose de 172 planches.

LUCAS (Paul), voyageur, né à Rouen en 1664, m. à Madrid en 1737, parcourut plusieurs fois le Levant, l’Égypte, la Turquie et différents autres pays, d’où il rapporta un grand nombre de médailles et de curiosités pour le cabinet du roi. Louis XIV le nomma son antiquaire en 1714. Parti de nouveau pour le Levant en 1723, il en revint avec 40 manuscrits précieux. En 1736, il alla en Espagne, où il fut bien accueilli par Philippe V. Ses relations sont souvent inexactes ou exagérées, mais elles offrent des détails curieux, surtout pour ce qui regarde la Hte-Égypte. Elles ont paru sous le titre de : Voyage au Levant, Paris, 1704 ; Voyage dans la Grèce, l’Asie-Mineure, l’Afrique, 1710 ; Voyage dans la Turquie, l’Asie, la Syrie, l’Égypte, 1719. Il se fit aider dans la rédaction, pour le 1er ouvrage, par Baudelot de Dairval, pour le 2e par Fourmont, pour le 3e par l’abbé Banier.

LUCAS DE CRANACH, peintre. V. CRANACH.

LUCATEL. V. LOCATELLI.

LUCAYES ou BAHAMA, archipel de l'Océan Atlantique, près de l'Amérique septentrionale, par 20°-28° lat. N., 73°-83° long. O., est séparé des côtes de la Floride par le canal de la Floride ou de Bahama ; il s'étend sur une longueur de 1300 kil. au moins, et compte près de 500 îles, flots ou rochers ; les plus considérables sont : la Grande-Bahama (V. BAHAMA), Abaco, Eleuthera, la Nouv.-Providence, Guanahani, dite aussi San-Salvador ou Cat's island, l'île Longue. Les Lucayes appartiennent aux Anglais. Elles forment un gouvt colonial, dépendant du gouverneur général de la Jamaïque; le lieutenant-gouverneur siége à Nassau (dans la Nouv.-Providence). — Les Lucayes furent la 1re découverte de Colomb : c'est à San-Salvador, l'une d'elles, qu'il aborda en 1492. Elles appartinrent d'abord aux Espagnols, qui en exterminèrent les naturels et ne tardèrent pas à les abandonner. Les Anglais y formèrent des établissements dès 1629 ; mais ils n'y envoyèrent un gouverneur qu'en 1718. Reprises par les Espagnols en 1781, elles furent vendues aux Anglais en 1783. Leur population peut s'élever à 14 000 h., dont 11 000 noirs. Les habitants sont bons marins et bons nageurs, et servent de pilotes côtiers.

LUCE I, Lucius, Romain, pape en 252, ne régna que 5 mois. Il fut canonisé. On le fête le 4 mars.

LUCE II, de Bologne, fut élu en 1144. Sommé par les partisans d'Arnaud de Brescia de renoncer à toute souveraineté temporelle, il réclama l'appui de l'empereur Conrad III et marcha lui-même contre Rome avec quelques troupes ; mais il fut blessé à mort en montant à l'assaut du Capitole, 1145.

LUCE III, pape de 1181 à 1185, né à Lucques, fut élu au milieu des troubles, et par les cardinaux seuls, à l'exclusion du reste du clergé et du peuple. Il fut obligé de quitter Rome, se retira à Vérone et y assembla un concile qui condamna les Patarins, secte de Manichéens, 1184.

LUCE (Sainte). V. LUCIE.

LUCE DE LANCIVAL, professeur et poëte, né en 1764 à St-Gobain (Aisne), m. en 1810, fit des études brillantes à Paris, professa la rhétorique au collége de Navarre dès l'âge de 22 ans et devint, après la Révolution, professeur de rhétorique au Lycée impérial (auj. Louis-le-Grand). Il a laissé plusieurs tragédies, dont la meilleure est Hector, 1805 ; des poésies diverses, un poëme d’Achille à Scyros, imité de Stace ; Folliculus, satire fort spirituelle contre le journaliste Geoffroy. Collin de Plancy a publié ses œuvres en 1826, 2 vol. in-8.

LUCÉ (le GRAND-). V. GRAND-LUCÉ.

LUCENA, Elisana, v. d'Espagne (Cordoue), à 55 kil. S. E. de Cordoue ; 20 000 hab. Enlevée aux Maures en 1240. Environs fertiles ; eaux minérales.

LUCENAY-L'ÉVÊQUE, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 14 kil. N. d'Autun ; 900 hab.

LUCERA, Luceria, v. murée d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Capitanate), à 20 kil. O. de Foggia. Évêché, haute cour criminelle, collége ; forte citadelle, belle cathédrale gothique. — Cette ville, fondée, dit-on, par Diomède, faisait partie de l'Apulie, et était fameuse par la beauté de ses laines. Les Romains la détachèrent de la ligue samnite en 323 av. J.-C.; ils la reprirent en 320, après une révolte. Détruite vers 665 par l'empereur grec Constant II, elle fut rebâtie en 1233 par l'emp. Frédéric II, qui en fit une colonie pour les Sarrasins qu'il avait transportés de Sicile en Italie. Charles II d'Anjou chassa les Sarrasins de cette ville et lui donna le nom de Sta-Maria (1300), nom qui n'a pas prévalu.

LUCÈRES, une des trois tribus primitives de Rome, occupait le mont Cœlius. C'était une colonie d’Étrusques établie par Tullus Hostilius. Leur nom venait de Lucerum, lieu de leur Origine.

LUCERNE, v. de Suisse, ch.-l. du c. de Lucerne et, jusqu'en 1848, l'une des trois capitales de la Confédération, sur le lac de Lucerne et la Reuss, à 94 kil. S. E. de Bâle ; 10 000 hab ; Rues droites et larges en général; jolie église de St-Léodegar (S. Léger); lycée, gymnase, séminaire ecclésiastique, bibliothèque. Industrie assez active ; commerce de grains, etc. Aux env., sites délicieux. Près de la ville est un lion colossal taillé dans les flancs de la montagne, en mémoire des soldats suisses qui périrent à Paris dans la journée du 10 août 1792 en défendant Louis XVI. — Lucerne doit, dit-on, son nom à un fanal (lucerna) élevé jadis sur son emplacement pour servir de guide aux voyageurs. La ville date du VIIIe siècle ; elle appartint d'abord aux abbés de Murbach, qui au XIIIe siècle la vendirent à la maison de Habsbourg ; en 1332, les Lucernois se rendirent indépendants. Le gouvernement y fut oligarchique jusqu'à la fin du XVIIIe siècle : une tentative de révolution démocratique faite en 1764 avait avorté. Prise par les Français en 1798, Lucerne fut un instant capitale de toute l'Helvétie. En 1802 elle devint le principal foyer de la guerre civile qui éclata en Suisse ; elle joua également un rôle dans la guerre de Sunderbund, et fut prise par l'armée fédérale en 1847.

Le canton de Lucerne, entre ceux de Zug, Schwitz, Underwald, Berne, Argovie, a 61 k. sur 52, et 133 000 hab. (presque tous catholiques). Sol montagneux, couvert de lacs, fertile en grains, vins, fruits, plantes oléagineuses ; beaux pâturages ; fromages estimés ; élève de bétail. Ce canton entra dans la confédération en 1332 : c'était le 4e. Sa constitution, rédigée en 1815, a été revisée en 1840 et 1842 : elle est toute démocratique. Le chef du pouvoir exécutif a le titre d’avoyer. — Le lac de Lucerne n'est proprement qu'un golfe du lac des Quatre-Cantons, au N. O.; cependant on étend souvent ce nom au lac entier.

LUCHON (BAGNÈRES-DE-). V. BAGNÊRES.

LUCIBURGUM, nom latinisé de Luxembourg.

LUCIE (Ste), vierge et martyre, mise à mort en 304 à Syracuse. On la fête le 13 décembre.

LUCIEN, Lucianus, écrivain grec, né à Samosate, vers l'an 120, vécut sous les Antonins. Il étudia d'abord la sculpture, puis il se fit avocat et suivit le barreau d'Antioche, mais il abandonna bientôt cette nouvelle carrière pour la profession de rhéteur et de sophiste : il parcourut l'Asie, la Grèce, la Gaule, l'Italie, récitant partout ses discours et ses déclamations. Vers l'âge de 40 ans il renonça à cet art frivole pour se consacrer à la philosophie : il suivit à Athènes les leçons du philosophe Démonax. Depuis, il consacra ses écrits à combattre les vices, les travers et les préjugés de ses contemporains. Marc-Aurèle lui confia vers l'an 180 l'administration d'une partie de l’Égypte : devenu en butte aux attaques de ses administrés, il se justifia dans une Apologie, qui nous est parvenue. Il mourut dans un âge avancé, vers 200. Lucien a laissé un grand nombre d'écrits : les plus connus sont les Dialogues des Dieux, les Dialogues des Morts, le Songe ou le Coq, Timon, les Sectes à l'encan, Pérégrinus, l'Âne (abrégé de Lucius de Patras), de la Manière d'écrire l'histoire. Il s'y montre moraliste enjoué, satirique plein de sel ; il se plaît surtout à railler l'avarice des vieillards, le désappointement des chercheurs d'héritages. la crédulité de la foule, l’emphase des rhéteurs, la charlatanerie des sophistes ; mais il semble aussi professer un scepticisme universel et affiche un cynisme révoltant ; il n’épargne dans ses attaques ni les dieux du paganisme, ni les croyances des Chrétiens, ni les doctrines et les prétentions des philosophes. Le manuscrit de Lucien fut apporté de Constantinople en Italie en 1425 et imprimé pour la 1re fois en 1496 à Florence. Les meilleures éditions sont celles de Bourdelot, Paris, 1615, in-f., d’Hemsterhuys et Reitz, avec trad. latine, Amsterdam, 1743-46, 4 vol. in-4; des Deux-Ponts, 1789-93, 10 vol. in-8; de Lehman, Leipsick, 1821-31, 10 vol. in-8; celle de M. G. Dindorf, dans la Bibliothèque grecque de Didot, 1840 (le grec seul de cette édition a été publié à part en 1859). Lucien a été traduit en français par Perrot d’Ablancourt, 1654 ; par Belin de Ballu, 1789, et par M. Talbot, 1857. P. L. Courrier a donné à part une édition de l’Âne de Lucien, avec une traduction en vieux français. L’Âne d’or d’Apulée est une imitation de l’Âne de Lucien.

LUCIEN (S.), martyr, né à Samosate, était prêtre à Nicomédie. Il subit le martyre sous le règne de Dioclétien (312), et mourut en adressant à ses juges, pour toute défense, une apologie de sa religion. Il reste de ce saint un fragment d'une lettre écrite de sa prison aux fidèles d'Antioche ; il avait donné une édition grecque de la Bible, dans laquelle il corrigeait de nombreuses inexactitudes. On l'hon. les 7 janv. et 15 oct. — Un autre S. Lucien, apôtre de Beauvais, subit le martyre en 290. Il est fêté le 8 janv.

LUCIEN BONAPARTE. V. BONAPARTE.

LUCIENNES ou LOUVECIENNES, vge du départ, de Seine-et-Oise, à 7 kil. N. de Versailles, et à 2 kil. S. E. de Marly, près de la route de Paris à St-Germain; 1000 hab. Belles maisons de campagne ; château construit par Louis XV en 1772 pour la comtesse Dubarry, et d'où l'on jouit d'une vue délicieuse.

LUCIFER, c.-à-d. Qui apporte la lumière, nom donné par les poëtes à la planète Vénus ou Étoile du matin ; les païens en faisaient un dieu, fils de Jupiter et de l'Aurore. — Dans les Écritures, Lucifer est le nom du premier ange rebelle qui fut précipité du ciel aux enfers : c'était le plus brillant, mais aussi le plus orgueilleux des anges. Son nom est devenu synonyme du démon.

LUCIFER, évêque de Caralis (Cagliari), en Sardaigne, soutint avec tant de véhémence la cause de S. Athanase contre Arius au concile de Milan, en 354, que l'empereur Constance l'envoya en exil. Rappelé sous Julien, il se rendit à Antioche, alors déchirée par le schisme des Eustathiens et des Méléciens, afin de concilier les deux partis, mais il se déclara pour les premiers, et tomba lui-même ainsi dans le schisme. Il mourut dans son diocèse en 370. Ses disciples, appelés Lucifériens, continuèrent le schisme en Sardaigne. Lucifer a laissé des écrits (en latin), qui ont été publ. à Paris en 1568 et à Venise en 1778.

LUCILE, poëte romain. V. LUCILIUS.

LUCILIUS (C.), le plus ancien des poëtes satiriques latins, né à Suessa dans le Latium vers 149 av. J.-C., d'une famille de chevaliers, fut l'ami de P. Scipion Émilien, accompagna ce héros au siége de Numance, et mourut à Naples l'an 103 av. J.-C. à l'âge de 46 ans. Il avait écrit 30 satires ; il n'en reste que quelques fragments. Il poursuivait avec vigueur les vices de son temps et n'épargnait pas les personnalités. Son style, au jugement d'Horace, était encore dur et grossier, mais il ne manquait pas de force ni de sel. Les fragments de Lucilius ont été réunis par H. Étienne, 1564, et plus complètement par Dousa, Leyde, 1597, par Vargès, Stettin, 1836, et par Corpet, avec trad. française, dans la collection Panckoucke, 1845.

LUCILIUS JUNIOR, poëte latin, né à Naples, disciple et ami de Sénèque, était chevalier et fut sous Néron gouverneur de la Sicile. Sénèque lui a dédié son traité de la Providence, ainsi que ses Questions naturelles et lui a adressé ses Lettres. Wemsdorf lui attribue le poëme de l’Etna, attribué jusqu'alors à Cornélius Severus, et qui a été traduit, en 1843, par J. Chenu, dans la collection Panckoucke.

LUCINE (de lux, lumière), déesse qui présidait aux accouchements et à la naissance. On la confond avec Junon et avec Diane ; on la fait aussi fille de Junon.

LUCIUS, prénom très-fréquent chez les Romains, s'écrivait en abrégé L. — On connaît surtout sous ce nom le 2e fils d'Agrippa. V. AGRIPPA.

LUCIUS de Patras, écrivain grec, natif de Patras en Achaïe, vivait sous Antonin. On le regarde comme l'auteur du conte de l’Âne d'or, dont Lucien a donné un extrait sous le titre de Lucius, ou la Métamorphose.

LUCIUS, papes. V. LUCE.

LUCK ou LOUTSK, v. de Russie, dans l'anc. Pologne (Volhynie), sur la Styr, à 44k. N. O. de Doubno ; 3600 hab. (la plupart Juifs). Évêché grec-uni. Sous le gouvernement polonais, elle était le siége d'une diète.

LUCKNER (Nic., baron de), maréchal de France, né en 1722 à Campen (Bavière), fut d'abord au service du roi de Prusse Frédéric II et se distingua dans la guerre de Sept ans. Quelque temps avant la paix de 1763, il passa en France où il obtint le grade de lieutenant général. Il adopta les principes de la Révolution, fut nommé maréchal en 1791, et chargé en 1792 du commandement de l'armée du Nord. Il prit Menin et Courtrai, et écrasa un corps autrichien près de Valenciennes ; mais, ayant excité des soupçons, il fut suspendu de ses fonctions, puis traduit devant le tribunal révolutionnaire, et décapité en 1794.

LUCKNOW, v. de l'Inde anglaise, anc. capit. du roy. d'Aoude (depuis 1774), sur la r. dr. du Goumty, à 300 k. S. E. d'Agra, par 26° 51' lat. N., 78° 24' long. E.; 300 000 h. Trois grands quartiers ; monuments magnifiques, mosquées, bazars, palais Constancia (anc. résid. du major général Cl. Martin), bibliothèque riche en mss. persans, arabes et hindous, jardins, parc Delkusa, avec ménagerie, beau pont sur le Goumty. Arsenal, manufactures de coton, de soie, de cuir et de salpêtre; commerce très-actif et très-étendu. On y entretient une grande quantité d'éléphants. Lucknow fut le centre de l'insurrection contre les Anglais en 1857 ; elle fut prise en mars 1858 après un long siége.

LUÇON ou MANILLE, la plus grande et la plus septentr. des îles Philippines, par 117° 30'-121° 50' long. E., 12°-19° lat. N., a 800 k. de long sur une largeur qui varie de 50 à 420 ; 2 000 000 d'h.; capitale, Manille. Luçon se divise en partie espagnole et partie indépendante. Ses côtes, profondément échancrées en quatre endroits, en font comme quatre presqu'îles, et présentent de bonnes rades. Climat très-chaud, sec vers le centre et sur les hauteurs, très-humide ailleurs; air très-pur. Sol volcanique, éminemment fertile en produits coloniaux (café, sucre, coton, coco, bétel, indigo, cacao, etc.), et en produits de l'Europe méridionale ; superbes forêts vierges ; mines d'or ; huîtres à perles sur les côtes. Ouragans terribles. — Luçon, comme les autres Philippines, fut découverte en 1521 par Magellan ; elle fut conquise en 1571 par l'Espagnol Michel Lopez de Legaspi : les Espagnols la possèdent encore. V. PHILIPPINES et MANILLE.

LUÇON, v. de France, ch.-l. de cant. (Vendée), à 28 k. O. de Fontenay, à 8 k. de la mer, avec laquelle elle communique par un canal ; 4000 h. Évêché, érigé en 1317 et suffragant de Bordeaux (Richelieu en fut évêque); trib., collége. Petit port. Cathédrale gothique, avec une flèche de 67m, Luçon a beaucoup souffert pendant les guerres religieuses : elle fut saccagée par les Protestants en 1568. Les Vendéens y furent défaits les 28 juin et 1re octobre 1793.

LUCQUES, Luca en latin, Lucca en italien, v. d'Italie, anc. capit. d'un duché naguère indépendant et depuis réuni à la Toscane, sur l'Ozorra (bras du Serchio), à 60 k. N. O. de Florence, à 92 k. par chemin de fer : 23 000 h. Archevêché, tribunaux, université, école de peinture, acad. des sciences, lettres et arts. Belle cathédrale gothique (St-Martin), château ducal, avec galerie de tableaux; amphithéâtre romain assez bien conservé; aqueduc de 459 arches, achevé en 1829; belles promenades sur les remparts. La ville est pavée en dalles. Industrie : huile d’olive, draps, soieries, etc. Aux env., eaux minérales à 70° — Lucques fut fondée, dit-on, par les Tyrrhéniens ou les Lydiens; elle devint colonie romaine l’an 178 av. J.-C. Au moyen âge elle fut une des républiques guelfes de la Toscane. En proie aux querelles des Blancs et des Noirs, elle eut une foule de maîtres, entre autres Castruccio Castracani (1314-1328); fut vendue à Mastino della Scala, 1335, puis aux Florentins, 1341; subit le joug de Pise en 1342; fut rendue à la liberté par l’empereur Charles IV, 1365, mais ne demeura en république que jusqu’en 1400. Paul Guinigi la gouverna 29 ans avec gloire (1400-1429). A sa mort, Lucques eut avec Florence une longue guerre, à la suite de laquelle son indépendance fut reconnue. En 1805, elle fut donnée, avec son territoire, par Napoléon à sa sœur Élisa comme État indépendant, sous le titre de grand-duché de Lucques et de Piombino. En 1815, le gr.-duché, redevenu simple duché, fut attribué à l’anc. reine d’Étrurie, Marie-Louise d’Espagne, infante de Parme. Son fils, Ch.-Louis, y régna de 1824 à 1847 : ayant alors hérité du duché de Parme, il céda Lucques à la Toscane, dont elle a suivi la destinée.

LUCQUES (Duché de), sur le golfe de Gênes, entre le duché de Modène au N. O., le grand-duché de Toscane au S., avait 40 k. sur 32 et comptait 260 000 h. — Pour l'historique, V. LUCQUES.

LUCQUES-ET-PIOMBINO (grand-duché de). V. LUCQUES.

LUCRÈCE, Lucretia, fille de Spurius Lucretius, préfet de Rome, et épouse de Tarquin Collatin, ayant été déshonorée par Sextus, fils de Tarquin le Superbe, fit l'aveu de son malheur à son mari en présence de son père, de Brutus, et de quelques amis, et se donna la mort sous leurs yeux en leur demandant vengeance (509 av. J.-C.). Ce fut là l'occasion du renversement de la royauté et de l'établissement de la république. Arnault en 1792, Ponsard en 1843 ont mis en scène le malheur et la mort héroïque de Lucrèce.

LUCRÈCE BORGIA, L. GONZAGUE. V. BORGIA, etc.

LUCRÈCE, T. Lucretius Carus, poëte latin, né vers l'an 95 av. J.-C., d'une famille de chevaliers, était contemporain et ami d'Atticus, de Cicéron, de Catulle, de Memmius. Il s'attacha à la philosophie épicurienne et la chanta dans un poëme célèbre, De natura rerum (De la nature des choses), en 6 chants. On ne sait rien de certain sur sa vie; il se donna la mort à 44 ans; on dit qu'il se porta à cet acte de désespoir dans un accès de frénésie, maladie qui provenait chez lui d'un philtre que lui aurait donné une maîtresse jalouse. Lucrèce est loin de Virgile pour l'élégance et la pureté du style; on croirait même qu'un long intervalle de temps s'est écoulé entre deux poëtes qui cependant ne sont guère séparés que par une génération; mais Lucrèce a plus d'énergie. Son poëme offre des beautés du premier ordre; il est à regretter que tant de génie ne soit consacré qu'à soutenir les doctrines désolantes du matérialisme et de l'athéisme : l'auteur croyait en les répandant détruire la superstition et les vaines terreurs qu'elle engendre. Les meilleurs éditions de Lucrèce sont celles de Lambin, 1563; d'Havercamp, 1725; de Bentley et Wakefield, 1796; d'Aug. Lemaire, 1835; de Lachmann, 1850 et 1860-66; de Bernays, 1852, et de Munro, 1866. Il a été traduit en prose par Lagrange, 1768; par Pongerville, 1836 ; par Chaniol, par Blanchet, 1861; par Lavigne, 1870; enfin par L. Crouslé, 1871. M. de Pongerville en avait donné dès 1828 une traduction en vers fort estimée. Le cardinal de Polignac a réfuté les doctrines impies de Lucrèce dans un poëme latin célèbre, l'Anti-Lucrèce.

LUCRÉTILE (le), Lucretilis mons, auj. monte Gennaro ou Zappi, montagne du pays des Sabins, au N. de l'Anio, voisine de Tibur et d'Ustica : c'est sur cette montagne que se trouvait la campagne d'Horace.

LUCRIN (lac), Lucrinus, en Campanie, au N. O. de Naples, près de Putéoles, communiquait avec la mer, et était célèbre par ses parcs d'huîtres. En 1538 un tremblement de terre remplaça le lac par une mont. de 350m de haut, au sommet de laquelle s'ouvrit un cratère; ce lac n'est plus guère qu'un étang.

LUCULLUS (L. Licinius), Romain aussi célèbre par sa magnificence et son luxe que par ses talents militaires, né vers l'an 115 av. J.-C., fut d'abord questeur en Asie, puis préteur en Afrique par la protection de Sylla et remporta sur Amilcar, dans cette dernière province, deux victoires navales. Consul en l'an 74, et chargé de faire la guerre contre Mithridate, il le battit en plusieurs rencontres, soit par lui-même, soit par ses lieutenants, entre autres sur le Granique, à Cyzique, à Lemnos, et le força en 71 à se retirer chez Tigrane, roi d'Arménie, son gendre. Tigrane ayant refusé de livrer Mithridate, il passa en Arménie, remporta sur lui une victoire mémorable devant Tigranocerte, prit cette ville qui était la capitale de son royaume, et s'empara de Nisibe (70). En 68, Lucullus, que son inflexible sévérité avait rendu odieux aux soldats, se vit enlever son commandement et fut obligé de céder à Pompée la facile gloire d'achever la soumission de l'Asie. De retour à Rome, il n'y obtint qu'au bout de 3 ans les honneurs du triomphe. Il se retira près de Tusculum, dans une magnifique villa, voisine de celle de Cicéron, et y passa le reste de ses jours dans un faste et un luxe jusqu'alors sans exemple. Il mourut vers l'an 49 av. J.-C. Lucullus cultivait les lettres; il fut un des premiers à introduire à Rome la philosophie grecque. Il possédait une riche bibliothèque, qu'il ouvrit au public. Selon Ammien Marcellin, ce fut Lucullus qui apporta de Cérasonte à Rome le premier cerisier. On montre son tombeau sur l'emplacement de sa villa (sur la colline de Grotta Ferrata, près du vieux château de Borghetto), mais ce tombeau n'a rien d'authentique. Plutarque a écrit la Vie de Lucullus.

LUCUMON, mot étrusque signifiant chef ou prince. Il désigne aussi spécialement : 1° un guerrier étrusque qui vint secourir Romulus dans la guerre contre les Sabins; 2° le père de Tarquin l'Ancien (V. TARQUIN). — On donnait aussi le nom de Lucumonies aux douze cités qui formaient la confédération étrusque.

LUCUS ASTURUM, ville d'Hispanie (Tarraconaise), capitale des Astures, est auj. Oviedo.

LUCUS AUGUSTI, v. d'Hispanie (Gallécie), sur le Minius, est auj. Lugo;V. de la Gaule Narbonaise, chez les Voconces, est auj. Luc-en-Diois.

LUCUS DIANÆ ou FORUM LUCIUM, v. d'Italie, auj. Lugo.

LUDAMAR, contrée d'Afrique, habitée par des Foulahs, est bornée au N. par le grand désert du Sahara, au S. par le Kaarta et le Bambara, et a pour ch.-l. Benoum. C'est dans ce pays que Mungo-Park fut retenu captif et que le major Houghton succomba.

LUDE (Le), ch.-l. de cant. (Sarthe), sur le Loir, à 22 kil. S. E. de La Flèche; 2500 hab. Beau château. Anc. seigneurie, érigée en comté en 1515, puis en duché-pairie en 1675.

LUDE (Jacques DE DAILLON, sieur du), conseiller et chambellan de Louis XII et de François I, sénéchal d'Anjou, puis gouverneur de Brescia, se distingua dans les campagnes d'Italie, soutint 13 mois un siége contre les Espagnols dans Fontarabie (1522), et mourut en 1532. — H. DE DAILLON, duc du Lude, 1er gentilhomme de la chambre de Louis XIV, gouverneur des châteaux de St-Germain et de Versailles, grand maître de l'artillerie, duc et pair, se distingua aux siéges de Lille, Tournai, Douai, Maëstricht, Besançon, Dôle, Limbourg, Cambrai et Gand, et mourut à Paris en 1685. Mme de Sévigné parle souvent de lui dans ses lettres, et Ménage le cite comme bel esprit.

LUDEWIG (J. Pierre de), jurisconsulte et publiciste, né en 1668 au château de Hohenhardt en Souabe, m. en 1743, fut professeur de philosophie et d'histoire à l'Université de Halle, puis chancelier de cette université, archiviste et historiographe du duché de Magdebourg, et représenta l'électeur de Brandebourg à Ryswyck (1697). On a de lui : Germania princeps, 1702, où il fait connaître les rapports des électeurs avec l’Empereur; Commentaire sur la Bulle d’or, en allemand, 1716-19, ouvrage capital; Reliquiæ manuscriptorum omnis ævi diplomatum, 1720-1740,12 vol. in-8 ; Vitæ Justiniani atque Theodoræ, nec non Triboniani, 1730.

LUDIUS, peintre romain du temps d'Auguste, substitua la peinture à fresque à l'encaustique et obtint par là une grande vogue, en mettant a la portée du plus grand nombre les peintures de luxe, qui avaient été jusque là très dispendieuses.

LUDLOW (Edmond), un des principaux chefs du parti républicain en Angleterre, né en 1620 dans le comté de Wilts, mort en 1693, prit une part active à la guerre civile, et figura aux batailles d'Edge-Hill et de Newbury. Nommé député au parlement en 1645, il y devint le chef des Indépendants. Il fut un des juges qui condamnèrent Charles I. Il s'opposa de tout son pouvoir à Cromwell dès qu'il entrevit ses projets ambitieux; mais le rusé protecteur sut toujours l'écarter. A la Restauration, Ludlow se retira à Genève, puis à Vevay. Il a laissé des Mémoires, qui ont paru à Vevay en 1698-99, 3 vol. in-8; et à Londres, 1751, in-fol., et qui ont été traduits en français dès 1699. Ils se trouvent dans des Mémoires relatifs à la révolution d'Angleterre, de M. Guizot.

LUDOLF, 1er duc de Saxe, fils du comte Eckbert et d'Ida, fille de Charlemagne, était, à ce qu'on croit, neveu de Witikind. Il fut nommé en 843 margrave de Saxe par Louis le Débonnaire, agrandit ses États à la faveur des guerres que se firent les fils de ce prince, et fut fait duc de Saxe vers 880 par Louis le Germanique. Il fut le père d'Othon, qui augmenta encore ses domaines, et le grand-père d'Henri l'Oiseleur, qui devint roi de Germanie.

LUDOLF (Job), orientaliste, né à Erfurt en 1624, mort en 1704, s'est surtout distingué par ses travaux sur la langue éthiopienne. Il fut précepteur des fils de l'ambassadeur de Suède en France, puis des enfants du duc de Saxe-Gotha; fut nommé par ce duc conseiller aulique, puis résident de Saxe-Gotha à Francfort-sur-le-Mein, et fut élu président par l'Académie d'histoire de Francfort. On a de lui : Historia æthiopica, Francfort, 1681-93, in-fol., dont un extrait a paru en français, sous le titre de Nouv. histoire d'Abyssinie; Grammatica linguæ æthiopicæ, 1661 et 1704; Lexicon æthiopico-latinum, 1661 et 1699; une Grammaire et un Lexique de la langue amharique, 1698 : ce sont les premiers ouvrages publiés sur cette langue. Il avait voyagé dans presque toute l'Europe et était en relation avec les principaux savants : sa correspondance avec Leibnitz a été publiée par Michaëlis, Gœttingue, 1755, et se trouve dans les Œuvres de Leibnitz (tome VI).

LUDOLPHE, prieur de la Chartreuse de Strasbourg, né en Saxe vers 1300, mort à Mayence en 1370, a écrit en latin une Explication des Psaumes, et une Vie du Christ, souvent imprimée, et trad. en franç. dès 1490 par le P. G. Le Menand, cordelier.

LUDOVIC LE MORE. V. SFORZA (Ludovic).

LUDOVICI (Ch. GUNTHER), Ludovicus, né à Leipsick en 1707, m. en 1778, professa la philosophie dans sa ville natale jusqu'à sa mort. Il était en outre archiviste de l'université et bibliothécaire de la société de langue allemande et des beaux-arts établie a Leipsick. Il eut beaucoup de part à la rédaction de l’Encyclopédie allemande. Ses principaux ouvrages sont : Exposé de la philosophie de Wolf, Leipsick, 1735; — de la Philosophie de Leibnitz, 1737; Remarques sur la philosophie de Leibnitz et de Wolf, 1738. On lui doit aussi un Dictionnaire du commerce qui a eu plusieurs éditions. — V. LUDWIG.

LUDOVICUS, traduction latine de Louis.

LUDOVISI. V. GRÉGOIRE XV.

LUDRE (FROLOIS de), anc. maison française établie en Lorraine depuis le XIIIe siècle, était une branche cadette de la maison des premiers ducs de Bourgogne, issue elle-même de Hugues Capet par Robert, duc de Bourgogne, et frère du roi Henri I. Elle tire son nom de Ludre, commune du dép. de la Meurthe, voisine de Nancy. Jean de Ludre, grand sénéchal de Lorraine en 1377, assiégea Metz en 1423, fut ambassadeur en France et accompagna Louis XII dans ses campagnes d'Italie. — Isabelle de L., dite la Belle de Ludre, excita une vive passion chez le duc de Lorraine Charles IV, qui promit de l'épouser. Ce prince, qui avait déjà célébré ses fiançailles, ayant manqué à sa promesse, elle se retira en France, où sa beauté excita l'admiration, et où elle compta Louis XIV même parmi ses adorateurs. Elle se retira dans une maison religieuse où elle mourut dans un âge avancé, ayant encore conservé sa beauté.

LUDWIG (Godefroy), érudit, né en 1670 à Baruth, village de Lusace, m. en 1724, fut co-recteur de l'École St-Nicolas à Leipsick, puis directeur du Gymnase de Cobourg. Il a laissé plus de 100 ouvrages, la plupart en latin, parmi lesquels on remarque ses traités De Feminarum meritis; de Fonte linguarum; de Professoribus claris Historia historiographorum; De scriptis anonymis et pseudonymis.

LUDWIG (Chr. Théophile), botaniste, né en 1709 à Briegen en Silésie, mort en 1773, s'occupa presque en même temps que Linné de réformer la botanique. Il fit un voyage scientifique en Afrique, 1732, et fut nommé en 1747 professeur de médecine et de botanique à Dresde. On a de lui : De sexu plantarum, Leipsick, 1737; Definitiones plantarum, 1737; Aphorismi botanici, 1738; Institutiones regni vegetabilis, 1742 et 1767, ouvrage loué par J. J. Rousseau.

LUDWIG, jurisconsulte. V. LUDEWIG.

LUDWIGSBURG ou LOUISBOURG, v. du Wurtemberg, ch.-l. du cercle du Neckar, sur le Neckar, à 20 kil. N. de Stuttgard; 10 250 hab. Haute école militaire, lycée; arsenal, fonderie de canons. Fabr. d'orgues, draps, fils d'or et d'argent, chapeaux de paille, porcelaine. Vaste château royal, avec une galerie de tableaux. Cette ville, située dans une belle position, fut bâtie de 1704 à 1718 par le duc Louis, et fut la résidence du prince de 1727 à 1733.

LUDWIGSLUST, v. du grand-duché de Mecklembourg-Schwérin, sur un canal qui se rend à la Regnitz, à 35 kil. S. E. de Schwérin; 5000 hab. Ane résidence du grand-duc (avant Schwérin).

LUGANO, v. de Suisse (Tessin), a 22 kil. S. de Bellinzona, sur la riv. sept. du lac de Lugano; 6200 h. Elle est une des trois cap. du canton. Chapeaux, soieries, papier, tabac, etc. Grand commerce de transit par le St-Gothard. — Le lac de Lugano, le Ceresius lacus des Latins, est partie dans le canton suisse du Tessin, partie dans la Lombardie; il a 23 kil. sur 3, et est très-poissonneux.

LUGDUNENSIS, prov, de Gaule. V. LYONNAISE.

LUGDUNUM, Lyon, v. de Gaule, ch.-l. d'abord de toute la Celtique, qui prit de là le nom de Lyonnaise, puis de la Lyonnaise 1re seulement. V. LYON.

LUGDUNUM BATAVORUM, v. de Germanie, auj. Leyde.

LUGDUNUM CLAVATUM, v. de Gaule, auj. Laon.

LUGDUNUM CONVENARUM, v. de Gaule, dans la Novempopulanie, auj. St-Bertrand-de-Comminges.

LUGENFELD, c.-à-d. Champ du mensonge. On nomma ainsi le lieu où Louis le Débonnaire, attaqué par ses fils, se vit abandonné par son armée, 833. Ce lieu était en Alsace, aux env. de Colmar, soit au N., près d'Ostheim, soit au S. O., entre Thann et Cernay, dans la plaine d'Ochsfeld.

LUGNY, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 21 kil. N. de Mâcon, sur le Bourbon; 600 h. Vin commun.

LUGO, Lucus Augusti, v. d'Espagne (Galice), ch.-l. de l'intend. de Lugo, à 80 kil. E. de Santiago, près de la r. g. de Minho ; 9000 hab. Évêché suffragant de Santiago. Cathédrale gothique, hôtel des Invalides. Quelque industrie (maroquin, lainages, etc.). Aux environs, eaux thermales. — Fondée par les Romains en l'honneur d'Auguste. Prise par les Maures en 714; elle leur fut enlevée en 755; prise par les Français en 1809. — L’intend. de Lugo, formée de la partie N. E. de la Galice, compte 446 000 hab.

LUGO, Lucus et Forum Lucium, v. d’Italie (prov. de Ferrare), sur le Senio, à 50 k. S. E. de Ferrare ; 4000 hab. Jadis forte. Prise par les Français en 1796.

LUGO (Jean de), cardinal, né à Madrid en 1583, m. en 1660, entra en 1603 chez les Jésuites, professa la philosophie et la théologie dans plusieurs colléges, notamment à Rome, et reçut la pourpre en 1643. Ses ouvrages forment 7 vol. in-fol., Lyon, 1633-1660. La partie la plus estimée est le Traité de la Pénitence. Versé dans les sciences naturelles, J. de Lugo fut un des premiers à répandre l’usage du quinquina, qui fut longtemps appelé Poudre de Lugo.

LUGOS ou LUGOSCH, bg de Hongrie, ch.-l. du comitat de Krassova, sur la r. g. du Témès, à 55 kil. E. de Temesvar. On le nomme Deutsch Lugosch, pour le distinguer de Wallachisch Lugosch, situé en Valachie, sur la rive opposée du Témès. Les deux Lugosch réunis comptent env. 8000 hab.

LUINI (Bernardino), peintre lombard du XVIe s., né vers 1530 à Luino sur le lac Majeur, florissait en 1580. Il passe pour être l’élève de Léonard de Vinci. Il imita ce maître avec tant de succès que très-souvent on les confond. Les églises de Milan, le musée de la Brera, la Bibliothèque ambrosienne contiennent des fresques, des tableaux et des dessins admirables de Luini, entre autres, la Vierge aux Rochers, le Christ couronné d’épines, la Passion. Le musée du Louvre possède de lui une Sainte Famille. À l’intelligence du clair-obscur il joint une grande vérité de carnation.

LUITPERT, roi des Lombards, monta sur le trône en 700, à la mort de Cunibert, son père, et fut placé sous la tutelle d’Ansprand ; mais il tomba entre les mains d’Aribert II, son compétiteur, qui le fit mourir et s’empara de la couronne, 701.

LUITPRAND, roi des Lombards de 712 à 744. Profitant des dissensions qui s’étaient élevées entre l’empereur Léon l’Isaurien et le pape Grégoire II, il enleva aux Grecs, en 728, Ravenne, Bologne, la Pentapole et tout ce qu’ils possédaient au N. de Rome. En 739, il vint au secours de Charles-Martel, pressé par les Sarrasins, et contraignit ces derniers d’évacuer la Provence ; en 740, il soumit les ducs de Spolète et de Bénévent, révoltés contre lui, et attaqua le pape Grégoire III, qui avait favorisé la révolte.

LUITPRAND, évêque de Crémone au Xe siècle, fut envoyé deux fois à Constantinople en qualité d’ambassadeur par l’empereur Othon. C’était un des hommes les plus érudits de son siècle. Il a laissé une Histoire de l’Allemagne de 862 à 964, et un Récit de son ambassade auprès de Nicephore Phocas. Ses Œuvres ont paru à Anvers, 1640.

LULÉA, riv. de Suède (Botnie orientale), sort du lac Luléa-Wainen, coule 210 kil. au S. E., forme plusieurs cataractes, notamment celle de Niaumelsakas, et tombe dans le golfe de Botnie à Luléa, ville de 1200 âmes, située à 92 kil. S. O. de Turnéa.

LULLE (Raymond), né vers 1235 à Palma dans l’île Majorque, d’une famille noble et riche, passa sa jeunesse à la cour de Jacques I, roi d’Aragon ; fut quelque temps sénéchal du palais, et mena d’abord une vie fort dissipée ; mais, vers l’âge de 30 ans, il quitta le monde et prit l’habit de St-François, quoiqu’il fût marié et eût des enfants. Tandis que les princes de l’Europe ne songeaient à combattre les infidèles que par les armes, il conçut l’idée d’une croisade spirituelle, et voulut former une espèce de milice de théologiens destinée à convertir les Musulmans par la raison. Il se mit dans ce but à apprendre les langues orientales, à lire les livres arabes, et surtout à étudier les philosophes afin de s’armer de tous les moyens de convaincre. Il se trouva conduit par ses études à inventer un art nouveau, qu’il nomma l’Art universel, le Grand art : cet art consistait à combiner les noms exprimant les idées les plus abstraites et les plus générales d’après certains procédés purement mécaniques, afin de juger par là de la justesse des propositions ou même de découvrir des vérités nouvelles. Il parcourut divers États de l’Europe afin d’intéresser les rois et le pape à son entreprise ; il enseigna ses doctrines à Montpellier (1276), à Paris (1281), à Gênes (1289), à Rome (1291), et fit créer en France, en Italie, en Espagne, plusieurs colléges pour l’étude des langues orientales et du grand art ; mais, n’obtenant pas des souverains les moyens d’accomplir la croisade pacifique qu’il avait méditée, il résolut d’aller travailler seul à la conversion des infidèles. Il fit dans ce but trois voyages : dans le premier il alla à Tunis (1292), dans le deuxième à Bone et à Alger (1309) ; dans le troisième, il retourna à Tunis (1314), quoique âgé de 80 ans. Il avait obtenu quelques succès, notamment à Tunis, à Bone, à Alger ; mais ce n’était qu’en courant les plus grands dangers. À son dernier voyage, il fut lapidé par les habitants de Tunis et laissé pour mort sur la place ; un vaisseau génois le recueillit, et le conduisit à Majorque, où il expira le 30 juin 1315 et où il fut inhumé. Ses compatriotes lui décernèrent la couronne de martyr. Les uns regardent R. Lulle comme un saint et un inspiré ; d’autres, comme un insensé et un hérétique. Cet auteur a laissé un nombre prodigieux d’ouvrages, que quelques-uns portent à plus de 1000. Les principaux sont : Ars generalis sive magna, quarumcumque artium et scientiarum assecutrix et clavigera, comprenant : Ars demonstrativa, Ars inventiva, Ars expositiva, Arbor scientiæ, Ars brevis, Libri XII contra Averroïstas, Logica nova. Lulle a en outre écrit sur la théologie, la grammaire, la mnémonique, les mathématiques, la physique, la chimie. Il fut le plus grand chimiste de son époque : en cherchant la pierre philosophale par la voie humide et en employant la distillation comme moyen, il fixa l’attention sur quelques produits volatils de la décomposition des corps. On lui attribue aussi des écrits sur la cabale et la magie. Le recueil le plus complet de ses œuvres a été publié par Bucholius et Salzinger à Mayence, 1721, 10 v. in-f. L’art de Lulle, après avoir régné pendant près de quatre siècles, a été condamné, depuis la régénération de la philosophie, par les esprits les plus sages, comme substituant les mots aux choses, et ne servant qu’à faire discourir sans jugement de ce qu’on ne savait pas. M. de Gérando a lu en 1814 et 1819 à l’Académie des inscriptions trois notices sur la vie, les écrits et le grand art de Raymond Lulle.

LULLI (J. B.), célèbre musicien du siècle de Louis XIV, né à Florence en 1633, m. en 1687, vint à Paris dès l’âge de 13 ans et y resta jusqu’à sa mort. Il se fit d’abord remarquer par son talent sur le violon, puis se livra avec le plus grand succès à la composition. Il fut nommé en 1661 surintendant de la musique du roi, et obtint en 1672 le privilège de l’Académie royale de musique : c’est de cette époque que date la prospérité de cet établissement. Lulli composa en quinze ans 19 grands opéras, dont les paroles étaient le plus souvent fournies par Quinault et qui eurent un grand succès ; les principaux sont : Alceste, 1674 ; Thésée, 1675 ; Atys, 1676 ; Bellérophon, 1679 ; Proserpine, 1680 ; Persée, 1682 ; Armide, 1686. C’est lui qui faisait la musique des ballets et intermèdes qu’on jouait à la cour ; on lui doit aussi la partie chantante et dansante de plusieurs des pièces de Molière, le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire, etc. Il a en outre écrit une multitude de symphonies, d’airs de violon, de trios ; enfin il excellait également dans la musique religieuse. La musique des opéras de Lulli paraît aujourd’hui froide et monotone ; cependant, malgré le défaut de variété, le sentiment dramatique a longtemps soutenu ses ouvrages, dont le récitatif est remarquable par la vérité de la déclamation.

LUMBRES, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 14 k. S. O. de St-Omer, près de l’Aa ; 800 hab.

LUNA, auj. Luni ou Lunegiano, v. maritime de l’anc. Étrurie, au N., sur la Macra, près de son embouchure, avait un bon port, en forme de croissant : d’où le nom de la ville. Anc. évêché transféré à Sarzane. Aux env., vins excellents, beaux marbres. Luna fut prisa et ruinée en 867 par le Normand Hasting qui, en y entrant, s’imaginait, dit-on, avoir pris Rome. Le pays qui entoure Luna s’appelle la Lunégiane.

LUNA, bourg d’Espagne (Saragosse), à 50 k. N. de Saragosse ; 1300 hab. Patrie de l’anti-pape Pierre de Lune (Benoît XIII).

LUNA (don ALVARO de), ministre et favori de Jean II, roi de Castille, né à Illueca, fut nommé connétable par ce prince en 1423. Il se rendit odieux au peuple par ses exactions, et aux grands par sa hauteur. Ceux-ci le firent chasser deux fois de la cour, mais deux fois il fut rappelé. Enfin le grand trésorier de Castille, don Alphonse de Bivar, ayant été assassiné, les ennemis d’Alvaro de Luna vinrent à bout de le faire condamner comme auteur de ce meurtre ; on l’accusait aussi de plusieurs autres crimes, entre autres d’avoir reçu de l’argent des Maures pour empêcher le siége de Grenade. Il fut décapité à Valladolid en 1453.

LUNAS, ch.-l. de cant. (Hérault), à 13 k. S. O. de Lodève ; 1000 h. Cuivre et plomb argentifère.

LUND, Lundinum Gothorum, v. de Suède (Malmœhus), à 58 k. S. O. de Christianstad, 6250 h. Évêché qui fut longtemps la métropole de la Scandinavie ; université, fondée en 1668, riche bibliothèque, observatoire, jardin botanique, musée, collections de médailles, de minéraux, etc. ; société physiographique. Belle cathédrale. — Bataille sanglante entre les Danois et les Suédois en 1675.

LUNE (Montagnes de la), en arabe Djebel el-Kamor ou Koumr, chaîne de mont, de l’Afrique centrale, au S. de l’Équateur, s’étend de l’E. à l’O., entre les monts d’Abyssinie et les monts Lupata. C’est de leur versant septentrional que descend le Babr-el-Abiad, une des branches qui forment le Nil.

LUNE, v. d’Italie ; — d’Espagne. V. LUNA.

LUNE (PIERRE de), anti-pape. V. BENOÎT XIII.

LUNEAU DE BOISJERMAIN, littérateur, né en 1732 à Issoudun, m. en 1801, entra d’abord chez les Jésuites, les quitta pour se livrer à l’enseignement privé, fit à Paris des cours de grammaire, d’histoire et de géographie qui réussirent, et composa des livres classiques qu’il se mit à vendre lui-même, ce qui lui suscita un procès avec les libraires, dans lequel il succomba. Outre des Cours de langues italienne, anglaise, latine (1783-89), d’après la méthode de versions interlinéaires de Dumarsais et de Radonvilliers, on a de lui une édition des Œuvres de Racine, avec une Vie de l’auteur et un Commentaire estimé, 1768, 7 v. in-8.

LUNEBOURG, v. murée de Hanovre, ch.-l. de la principauté de Lunebourg, sur l’Ilmenau, à 105 k. N. E. d’Hanovre ; 13 000 hab. Château royal. Collége de nobles, gymnase. Commerce de sel et de chevaux. Chemin de fer pour Hanovre et Hambourg. — Ville hanséatique et impériale ; résidence des ducs de Lunebourg jusqu’en 1369 ; ch.-l. du dép. de l’Elbe-Inf. dans l’anc. royaume (français) de Westphalie.

LUNEBOURG (Principauté de), gouvt de l’anc. roy. de Hanovre, borné au N. par le Holstein, le Lauenbourg et le territoire de Hambourg, à l’E. par le Mecklembourg-Schwérin et la Saxe prussienne, au S. par le duché de Brunswick et le gouvt d’Hildesheim, à l’O. par les gouvts de Hanovre et de Stade : 130 k. sur 90 ; 210 000 hab. ; ch.-l., Lunebourg. Sol plat, marécageux et en grande partie stérile : sarrazin, houblon, chanvre ; pâturages, abeilles, etc. ; lainages et toiles ; chevaux estimés. — La principauté de Lunebourg portait jadis le titre de duché et eut longtemps des ducs particuliers, de la maison de Brunswick. Dans l’ancien empire germanique, elle faisait partie du cercle de Basse-Saxe. Elle fut réunie au Hanovre en 1692, lorsque Ernest-Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg, eut été nommé électeur de Hanovre. De 1807 à 1810, elle fut comprise dans le roy. (français) de Westphalie ; en 1810, elle fut réunie à l’empire français et fit partie des dép. des Bouches-de-l’Elbe et des Bouches-du-Weser. En 1814, elle retourna au Hanovre.

LUNÉGIANE (la), contrée d’Italie, enclavée entre les États Sardes, les anc. duchés de Parme et de Modène, comprend les vicariats de Pontremoli, Bagnone et Fivizzano, et tire son nom de l’ancienne ville de Luna (auj. ruinée). Ce pays fut longtemps possédé par la famille des Malaspina ; puis il fit partie de la Toscane. Il avait été cédé en 1847 au duc de Modène ;

LUNEL, Lunate, ch.-l. de cant. (Hérault), à 23 k. N. E. de Montpellier ; 6320 hab. Station de chemin de fer. Collége. Canal qui met Lunel en communication avec la Méditerranée, le Rhône et le canal du Languedoc. Esprits et eaux-de-vie. Aux environs, vins blancs muscats excellents. Près de là est Lunel-le-Vieil, où sont des grottes remplies d’ossements fossiles. — Au VIe siècle, Lunel était peuplé de Juifs, qui y eurent une synagogue célèbre. Cette ville appartint quelques temps aux seigneurs d’Étampes ; elle revint à la couronne en 1400. Prise et fortifiée par les Protestants au XVIe siècle, elle fut reprise sur eux par Louis XIII et ses fortifications rasées.

LUNÉVILLE, v. de l’anc. Lorraine (Meurthe-et-Moselle), ch.-l. d’arr., sur la Vezouze, près de son confl. avec la Meurthe, à 27 k. S. E. de Nancy par la route, à 33 k. par ch. de fer ; 17 008 h. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque. Château des ducs de Lorraine (bâti en 1707) ; beau parc, servant de promenade, vaste Champ de Mars, église St-Jacques. Épingles, gants, draps, bonneterie, broderies, faïence, etc. Patrie du chev. de Boufflers, de l’acteur Monvel, du général Haxo. — Jadis place forte ; prise par les Français et démantelée en 1638. Stanislas Leczinski, devenu duc de Lorraine, y tenait sa cour. La République française et l’Autriche y signèrent le 9 février 1801 un célèbre traité de paix, qui, confirmant et étendant celui de Campo-Formio, donnait à la France le Rhin pour limite, cédait à l’Autriche les États de Venise, sécularisait les États ecclésiastiques de l’Allemagne pour indemniser de leurs pertes les princes dépossédés, et reconnaissait les républiques nouvellement créées autour de la France.

LUNIG (J. Christ.), compilateur, né en 1662 à Schwalenberg (Lippe), m. en 1740, était secrétaire de la ville de Leipsick. Il voyagea dans presque toute l’Europe, fouillant les bibliothèques et les archives. On a de lui : Archives de l’empire d’Allemagne, en allemand, Leips., 1713-22, 24 vol. in-fol. ; Code diplomatique de l’Italie, 1725-32, 4 vol. in-fol., en latin ; Corps du droit féodal germanique, 1727, 2 vol. in-fol., en latin ; Codex Germaniæ diplomaticus, 1732-33, 2 vol. in-fol.

LUPATA, ou l’Épine du monde, chaîne de mont. de l’Afrique, au S. E., s’étend sur la limite occid. de la capitainerie générale de Mozambique ; elle commence vers les sources de la Sofala, au S. dit Monomotapa, et se dirige généralement au N. E. On croit qu’elle se termine près du Zanguebar.

LUPERCALES, fêtes qu’on célébrait à Rome le 15 des calendes de mars (15 février), soit en l’honneur du dieu Pan, destructeur des loups, soit en mémoire de la louve qui allaita Rémus et Romulus. On y sacrifiait deux chèvres et un chien ; avec les peaux des victimes, on faisait des fouets, et les préposés à la célébration de la fête, les Luperques (Luperci), nus jusqu’à la ceinture, parcouraient les rues de Rome, armés de ces fouets, en frappant ceux qu’ils rencontraient. Les femmes s’offraient à cette flagellation, dans la croyance qu’elle avait la vertu de rendre fécondes les épouses stériles, et de procurer aux autres une heureuse délivrance. Les désordres auxquels cette fête donna lieu la firent peu à peu négliger ; cependant elle ne fut définitivement abolie qu’au VIe de J.-C., par le pape Gélase.

LUPICIN (S.), frère de S. Romain. V. ROMAIN (S.).

LUPPIA, riv. de Germanie, est auj. la Lippe.

LUPUS. V. LOUP et WOLF.

LURCY-LÉVY, ch.-l. de c. (Allier), a 46 k. E. N. O. de Moulins ; 1200 h. Porcelaine, poterie ; élève de chèvres-cachemire. Aux environs, houille.

LURE, ch.-l. d’arr, (H.-Saône), près de l’Ognon, à 30 kil. de Vesoul ; 2950 h. Station de chemin de fer. Trib., collége. Il s’y trouvait une célèbre abbaye de Bénédictins, fondée en 610 par S. Déicole (compagnon de S. Colomban), réunie depuis à celle de Murbach : l’abbé était prince d’Empire. Les bâtiments de l’abbaye forment auj. la sous-préfecture. Bel hôtel de ville, construit en 1836. Vins, grains, bois, fromages, kirsch. Aux env., usines à fer.

LURE (Montagnes de), ramification des Alpes maritimes, sépare le dép. des B.-Alpes de celui de la Drôme ; se lie au mont Ventoux et finit à Malaucène (Vaucluse). Plus grande hauteur : 1824m.

LURI, ch.-l. de cant. (Corse), à 23 kil. N. de Bastia, dans une belle vallée ; 1900 hab. Vins, huile.

LURY, ch.-l. de cant. (Cher), à 28 kil. N. O. de Bourges ; 500 hab. Jadis fortifié, mais rasé par Richard I, roi d’Angleterre, en 1196.

LUSACE, Lusatia en latin moderne, Lausitz en allemand, ancien margraviat de l’Allemagne, entre l’Elbe et l’Oder, au N. de la Bohême, au S. du Brandebourg, à l’O. de la Silésie, contenait env. 1 000 000 d’hectares, 500 000 hab., se divisait en Haute et Basse-L., formant chacune un margraviat, et contenait entre autres villes : Gœrlitz, Bautzen, Zittau, Kamientz, dans la Hte-L. ; Luckau, Lubben, Guben, dans la Basse. — Les premiers habitants connus de la Lusace furent les Semnons, tribu slave ; puis vinrent les Vénèdes, et après eux les Sorabes, qui devinrent en 925 tributaires du roi de Germanie Henri l’Oiseleur : ce prince créa en 931 la Marche des Sorabes (ou de Basse-Lusace). La Haute-Lusace faisait presque entièrement partie du royaume de Bohême : Ottokar la donna en dot à sa fille, qui venait d’épouser le margrave Albert de Brandebourg (1231). L’électeur Waldemar, successeur du margrave, réunit toute la Lusace. Mais la Hte-Lusace revint à la Bohême de 1319 à 1355 et la Basse en 1370. Après divers événements, tout le pays passa à l’électeur de Saxe Jean George (1623-35). Depuis ce temps jusqu’en 1815, la Lusace est restée à la branche cadette (soit électorale, soit royale) de la maison de Saxe. Enfin, après la chute de Napoléon, le congrès de Vienne priva le roi de Saxe, Frédéric-Auguste, dernier ami du conquérant, de toute la Basse-Lusace et d’une grande partie de la Haute, qui furent données à la Prusse et réparties entre les régences de Francfort (Brandebourg) et de Liegnitz (Silésie). Le reste (Bautzen, Zittau et Kamientz) fut laissé au roi de Saxe ; il forme auj. le cercle de Lusace ou de Bautzen, l’un des 5 cercles du royaume de Saxe ; c’est le plus au N. E. de tous. Il compte 270 000 hab. et a pour ch.-l. Bautzen.

LUSIGNAN (c.-à-d. le signal), ch.-l. de canton (Vienne), sur la Vonne, à 24 kil. S. O. de Poitiers ; 2000 hab. Station de chemin de fer. Serges et grosses étoffes de laine. Anc. seigneurie. Cette ville possédait un célèbre château fort, bâti au XIIIe siècle par Hugues II, sire de Lusignan, et rasé en 1575 par le duc de Montpensier ; une vieille tradition en attribuait la fondation à la fée Mélusine, patronne de la famille des Lusignan. V. MELUSINE.

LUSIGNAN (Sires de), anc. et noble maison du Poitou, qui tirait son nom du château de Lusignan, et qui a fourni des rois à Jérusalem, à Chypre et à la Petite-Arménie, eut pour chef Hugues Ier, dit le Veneur, qui vivait au Xe siècle. Ses descendants directs jusqu’à Hugues XIII, mort sans postérité en 1303, prirent le titre de Sires de Lusignan. Ils possédèrent longtemps les comtés de la Marche et d’Angoulême, acquis par suite d’alliances. De cette maison sont sortis les seigneurs de Lezay, les comtes d’Eu et les comtes de Pembroke. — Gui de Lusignan, qui vivait au XIIe s. (V. ci-après), fut le chef des Lusignan d’Outremer, qui régnèrent sur Jérusalem et Chypre depuis 1186 jusqu’en 1489. Après cette époque, la famille de Lusignan cesse d’être connue. On cite cependant encore Étienne Lusignan, né à Nicosie en 1537, mort en 1590, qui fut évêque de Limisso : on lui doit une Histoire des royaumes de Jérusalem et de Chypre, jusqu’en 1572, Paris, 1579 ; — et le marquis de Lusignan, député de la noblesse de Gascogne aux États généraux en 1789, qui émigra en 1782, rentra en France en 1800 et mourut dans l’obscurité en 1813.

LUSIGNAN (Gui de), dernier roi de Jérusalem, était le 4e fils de Hugues VIII, dit le Brun. D’abord comte de Jaffa et d’Ascalon, il fut appelé au trône en 1186, par suite de son mariage avec Sibylle, fille d’Amaury Ier. L’année suivante, il fut vaincu à la bataille de Tibériade et fait prisonnier par Saladin, qui le força à renoncer au titre de roi de Jérusalem. Néanmoins, il reprit ce titre dès qu’il fut rendu à la liberté et le céda en 1192 à Richard, roi d’Angleterre, qui lui donna Chypre en échange. Gui régna sur cette île jusqu’en 1194, et la transmit à sa postérité (V. CHYPRE). — Une de ses descendantes, Zabel de Lusignan, épousa à la fin du XIIIe siècle un roi de la Petite-Arménie, et fut mère d’une série de princes qui régnèrent sur ce pays jusqu’en 1343.

LUSIGNY, ch.-l. de cant. (Aube), à 15 kil. E. de Troyes ; 1900 hab. Les alliés y tinrent, en 1814, des conférences à la suite desquelles ils firent à Napoléon des conditions qu’il rejeta.

LUSITANI, peuple d’Hispanie, sur la côte O., entre les embouchures du Durius et du Tage, donna son nom à l’une des grandes divisions de la péninsule. Olisippo était leur capitale. — Les Romains entrèrent en guerre avec eux l’an 195 av. J.-C., et les battirent à Ilipa (auj. Alcolea). De 190 à 178 se forma la grande ligue lusitano-vaccéenne contre les Romains, mais les Lusitaniens furent encore vaincus ; en 153, ils reprirent les armes sous la conduite de Viriathe et combattirent avec opiniâtreté : ils ne furent définitivement soumis qu’en 137 av. J.-C. Sertorius se réfugia chez eux en 80, les souleva de nouveau et résista, avec leur aide, jusqu’en 72.

LUSITANIE, Lusitania, le Portugal actuel (moins les provinces de Minho et de Tras-os-Montes et un peu de l’Estramadure portugaise, mais avec une partie de l’Estramadure espagnole), une des divisions de l’Hispanie romaine, était bornée au N. par le Durius, à l’E. par la Bétique et la Tarraconaise, à l’O. et au S. par la mer, et était traversée au centre par le Tage. Elle fut divisée sous Auguste en 3 circonscriptions juridiques : Lucus Augusti (Lugo), Pax Julia (Beja), Scalabis (Santarem). — Pour l’histoire, V. LUSITANI.

LUSSAC, ch.-l. de cant. (Gironde), à 14 k. N. E. de Libourne, dans un site magnifique ; 2500 h. — LUSSAC-LES-CHÂTEAUX, ch.-l. de c. (Vienne), à 12 k. S. O. de Montmorillon et près de la r. dr. de la Vienne ; 1000 h,

LUSSAN, ch.-l. de cant. (Gard), à 17 k. S. O. d’Uzès ; 500 hab. Filature de soie.

LUSSAN (Marguerite de), femme célèbre par ses écrits, née a Paris en 1682, morte en 1758, était, à ce qu’on croit, fille naturelle du prince Thomas de Savoie, comte de Clermont. Elle fut élevée par ce prince, qui l’introduisit dans les premières maisons de Paris ; se lia avec des gens de lettres et composa des romans qui obtinrent un grand succès. Les principaux sont : Anecdotes de la cour de Philippe-Auguste, 1733 ; Mémoires secrets et intrigues de la cour de France sous Charles VIII, 1741 ; Anecdotes de la cour de François I, 1748 ; Annales galantes de la cour de Henri II, 1749. Elle s’essaya aussi, mais avec moins du succès, dans le genre historique, et composa des Histoires de Marie d’Angleterre, — de Charles VI, — de Louis XI, — de Crillon, — de la dernière révolution de Naples. On attribue une part dans ses ouvrages à divers gens de lettres, entre autres à Baudot et à Boismorand. D’une âme sensible et ardente, Mlle de Lussan eut quelques faiblesses : elle vécut longtemps dans l’intimité de Laserre, auteur de quelques pièces de théâtre. V. BAUUOT.

LUSSAN (d’ESPARBÈS de). V. ESPARBÈS.

LUSTRE, lustrum, cérémonie religieuse qui avait lieu à Rome tous les cinq ans, après le dénombrement du peuple et la répartition de l’impôt, consistait en sacrifices et en purifications dites Lustrations. Cette cérémonie fut instituée sous Servius Tullius, l’an de Rome 189 (565 av. J.-C.) — On appelait aussi lustre le dénombrement même, ainsi que l’intervalle de cinq ans qui s’écoulait entre deux dénombrements.

LUTATIUS CATULUS (C.), consul romain l'an 241 av. J.-C., livra aux Carthaginois une bat. navale entre Drépane et les îles Ægates : il leur coula à fond 50 navires et en prit 70. Cette victoire mit fin à la 1re guerre punique.

LUTATIUS CATULUS (Q.), consul, vainquit les Cimbres à Verceil en 101 av. J.-C., conjointement avec Marius; néanmoins il se déclara plus tard contre son ancien collègue; celui-ci, devenu maître de Rome, le mit au nombre des proscrits et le fit périr (86). — Q. Lutatius Catulus, son fils, consul avec Lépidus l'an 78 av. J.-C., s'opposa aux efforts de son collègue qui voulait, après la mort de Sylla, renouveler la guerre civile et le défit dans 2 combats. Il combattit les lois Gabinia et Manilia, qui conféraient à Pompée un pouvoir dangereux. Il fit rebâtir le Capitole qui avait été brûlé.

LUTÈCE, Lutetia Parisiorum, v. de la Gaule, dans une île de la Seine, est auj. Paris ou plutôt la Cité.

LUTEVA ou FORUM NERONIS, v. de la Gaula Narbonaise, chez les Volces Arecomici, est auj. Lodève.

LUTHER (Martin), chef de la Réforme en Allemagne, né en 1483 à Eisleben (Saxe), était fils d'un pauvre ouvrier mineur. Il étudia à Eisenach, entra en 1505 chez les Augustins à Erfurt, devint professeur à l'Université de Wittemberg, et fut en 1510 envoyé à Rome pour les affaires de son ordre. En 1517, le pape Léon X ayant publié des indulgences, et ayant chargé les Dominicains de les distribuer en Allemagne, les Augustins furent, dit-on, jaloux de ce choix, et Luther, qu'ils prirent pour organe, en vint à attaquer le dogme même des indulgences : il publia à cette occasion un programme contenant 95 propositions et qui trouva bientôt de nombreux approbateurs. Tetzel, chef des Dominicains, fit brûler ce programme; et le pape, après avoir vainement cité l'auteur à Rome, renvoya l'affaire devant le cardinal Caïetan, son légat à la diète d'Augsbourg. Caïetan tenta, mais inutilement, de faire rétracter Luther; il voulut alors le faire arrêter; mais celui-ci, instruit à temps, réussit à s'évader. Protégé par l'électeur de Saxe, il professa ouvertement des doctrines de plus en plus audacieuses : ne reconnaissant plus d'autre autorité que celle des livres saints, il attaqua le pape et l’Église romaine, les vœux monastiques, le célibat des prêtres, la hiérarchie ecclésiastique, la possession des biens temporels par le clergé; rejeta le culte des saints, le purgatoire, les commandements de l’Église, la confession, la dogme de la transsubstantiation, la messe et la communion sous une seule espèce, et ne conserva d'autres sacrements que le baptême et l'eucharistie sous les deux espèces. Léon X lança contre lui en 1520 une bulle d'excommunication, et ordonna en même temps de brûler ses écrits comme hérétiques; Luther, usant de représailles, livra aux flammes à Wittemberg la bulle du pape avec toutes les décisions émanées du St-Siége. Cité en 1521 devant la diète de Worms, il s'y rendit muni d'un sauf-conduit de l'empereur (Charles-Quint); mais là il refusa encore de se rétracter et fut mis au ban de l'empire. Il trouva un asile dans le château de Wartbourg près d'Eisenach, où l'électeur de Saxe, son protecteur, le cacha pendant plus de neuf mois. Il employa ce loisir à composer divers ouvrages pour répandre ses doctrines, et y entreprit, en 1522, une traduction de la Bible dans la langue vulgaire. Rentré à Wittemberg, il y recommença ses prédications, fit de nombreux prosélytes, attira dans son parti des princes puissants, entre autres ceux de Suède, de Danemark, de Franconie, de Hesse, du Palatinat, de Brandebourg, et réussit avec leur appui à faire accorder à ses sectateurs la liberté de conscience dans les diètes de Nuremberg (1523-1524) et de Spire (1526). Après de nombreuses vicissitudes, dans lesquelles cette liberté fut alternativement restreinte ou étendue (V. LUTHÉRIENS), il vit signer en 1532, entre les princes protestants et Charles-Quint, la paix de Nuremberg, qui accordait aux réformés la liberté de conscience jusqu'au prochain concile. Luther employa le reste de sa vie à répandre ses doctrines par ses écrits et ses prédications et à lutter contre les nombreuses sectes qui s'étaient formées au sein de la Réforme (V. CARLOSTAD, ZWINGLE, CALVIN, etc.). Il m. en 1546, peu après la convocation du concile de Trente. Dès 1525, il s'était marié et avait épousé une jeune religieuse, Catherine de Bora, qui lui donna plusieurs enfants. D'un caractère fougueux, irascible, indomptable, Luther n'épargnait pas à ses adversaires les injures les plus grossières; mais il avait une éloquence impétueuse, toute-puissante sur la multitude. Il a laissé un grand nombre d'écrits, dont plusieurs ne sont que des pamphlets suggérés par des circonstances. Les principaux sont : sa traduction allemande de la Bible; son Catéchisme, qui contient les principes de la Réforme; ses Sermons, des Commentaires bibliques; le traité De servo arbitrio, contre Érasme (il y nie le libre arbitre) , et ses Lettres. On a plusieurs éditions de ses œuvres, entre autres celles de Bœrner, Leipsick, 1728-40, 23 v. in-f.; de Walch, Halle, 1737-53, 24 v. in-4. La plus complète est celle qui a été publiée à Francfort de 1826 à 1856 par Plochmann et Irmischer en 67 vol. 8°. Sa Vie a été écrite par Melanchthon et par plusieurs autres auteurs. V. Audin a publié au point de vue catholique une Histoire de la vie, des écrits et des doctrines de Luther, 1840. Michelet a donné en 1835, sous le titre de Mémoires de Luther, des fragments de ses ouvrages relatifs à l'histoire de sa vie. Les doctrines de Luther ont été exposées et réfutées par Bossuet dans son Histoire des variations.

LUTHERBOURG, peintre. V. LOUTHERBOURG.

LUTHÉRIENS, partisans des doctrines de Luther (pour ces doctrines, V. ce nom). Le Luthéranisme date de 1517, époque à laquelle Luther commence a s'élever ouvertement contra l'autorité du St-Siége. Après avoir longtemps lutté contre les légats du pape et contre l'empereur Charles-Quint, les Luthériens, soutenus dès l'origine par des princes puissants (notamment l'électeur de Saxe et le comte Palatin), obtinrent quelques concessions aux diètes de Nuremberg (1523) et de Spire (1526); mais, ces concessions ayant été retirées dans une nouvelle diète tenue à Spire en 1529, ils protestèrent contre les résolutions de cette diète (d'où le nom de Protestants), et présentèrent en 1530 à la diète d'Augsbourg leur confession de foi. Cette confession, ayant encore été rejetée, les princes luthériens, dont le nombre s'était considérablement accru et auxquels s'étaient joints le roi de Suède (Gustave-Wasa), le roi de Danemark (Frédéric), le landgrave de Hesse, forment entre eux la fameuse ligue de Smalkalde (1530) : ils obtiennent de nouveau la liberté de conscience par un traité signé à Nuremberg (1532); mais, au bout de peu d'années, Charles-Quint leur déclare la guerre. D'abord il remporte sur eux la victoire de Mühlberg, en 1547, et les oblige, par l'édit temporaire connu sous le nom d’Intérim d'Augsbourg (1548), à se soumettre aux décisions du concile de Trente; mais il se voit obligé en 1552 de signer le traité de Passau qui permettait l'exercice libre du Luthéranisme dans tout l'empire. Cependant, les nouvelles doctrines eurent encore à lutter pendant près d'un siècle, et les contestations auxquelles elles donnaient lieu ne furent définitivement terminées qu'à la paix de Westphalie, en 1648. Aujourd'hui les Luthériens composent la majorité des populations en Suède, en Danemark, en Prusse et dans tout le nord de l'Allemagne. Le Luthéranisme se distingue du Calvinisme en ce qu'il admet la présence réelle, rejette la prédestination absolue, tolère les ornements religieux et conserve une sorte de hiérarchie. Cependant, depuis quelques années, ces deux sectes tendent à se fondre en uns seule sous le nom d’Église évangélique. V. ce mot. Le culte luthérien possède à Paris et dans les dép. du N. E. de la France un certain nombre d’églises ; une Faculté de théologie a été instituée à Strasbourg pour de jeunes protestants de la confession d’Augsbourg qui se destinent aux fonctions de pasteur.

LUTTER, bourg du duché de Brunswick, à 27 kil. S. O. de Wolfenbuttel ; 2000 hab. Tilly, général de l’armée bavaroise et catholique, y battit Christian IV, roi de Danemark, en 1626.

LUTTERWORTH, v. d’Angleterre (Leicester), à 22 kil. S. O. de Leicester, sur le chemin de fer du centre ; 2560 hab. Wiclef en fut le curé et y mourut.

LUTZELSTEIN, v. de France. V. PETITE-PIERRE.

LUTZEN, Lucena, v. des États-prussiens (Saxe), à 14 kil. S. E. de Mersebourg, entre cette ville et l’Elster ; 1500 hab. Ce lieu est célèbre par 2 batailles : l’une où Gustave-Adolphe vainquit les Impériaux, mais où il périt, le 16 nov. 1632 ; l’autre où Napoléon battit les Russes et les Prussiens réunis, le 2 mai 1813 : cette dernière bataille se livra au village de Gross-Gœrschen tout près de Lutzen.

LUXEMBOURG, Luciliburgum en latin moderne, en allemand Lutzelburg, ville forte, capit. du grand-duché de Luxembourg, sur l’Alzette, à 85 kil. S. E. de Bruxelles ; 12 500 hab. La ville est divisée en haute et basse. C’était une des plus fortes places de l’Europe et l’une des 3 grandes forteresses fédérales ; mais ses fortifications ont été rasées en 1869, à la suite des événements d’Allemagne. Athénée, ou haute école de sciences et de lettres. Tanneries, papeteries, brasseries, moulins à plâtre ; fabr. de toiles, tabac, faïence et porcelaine, pipes, etc. ; jambons et autres viandes salées. — Cette ville fut assiégée en 1443 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, en 1479 par les Français, puis par les Impériaux ; en 1542 et 1543 par les Français ; en 1684, elle fut prise par le maréchal de Créqui : Vauban, qui avait dirigé cette attaque, compléta ses fortifications. Le traité de Ryswyck la céda à l’Espagne (1697) ; elle passa à la maison d’Autriche après la guerre de la succession d’Espagne. En 1795, les Autrichiens après une résistance de huit mois, la rendirent aux Français. Elle fut sous la République et l’Empire le ch.-l. du dép. des Forêts.

LUXEMBOURG (grand-duché de), anc. province des Pays-Bas, auj. possession particulière du roi (mais non du royaume) de Hollande, et jusqu’en 1866 État de la Confédération germanique, bornée par la France au S., par la Belgique au N. et à l’O., par la province Rhénane de Prusse à l’E. : 116 kil. de l’E. à. l’O. sur 112 ; 195 000 h. ; ch.-l., Luxembourg. Le pays est arrosé par plusieurs rivières (Moselle, Alzette, Ourthe, Semoy, Chiers), et couvert de montagnes et de vastes forêts (les Ardennes). Climat froid, mais sain ; sol assez fertile. Gibier et poisson. Fer, cuivre, houille, marbre, pierre à bâtir, etc. Toiles, lainages, tabac ; papeteries, distilleries, etc. — Le Luxembourg, compris autrefois dans la B.-Lorraine, eut d’abord le titre de seigneurie, puis celui de comté. Une première maison de Luxembourg s’étant éteinte en 1136, Henri I, comte de Namur, hérita du comté et le transmit à sa fille Ermesinde, femme de Waleran de Limbourg, qui fut la tige de la 2e maison de Luxembourg, sous laquelle le comté devint duché, en 1354. Élisabeth, fille du duc Jean, et nièce des empereurs Wenceslas et Sigismond, le fit entrer dans une branche cadette de la 2e maison de Bourgogne en épousant Antoine de Bourgogne, duc de Brabant (1409), qui mourut en 1415. N’ayant point d’héritiers et craignant de se voir enlever le duché de Luxembourg par Guillaume de Saxe, landgrave de Thuringe, Élisabeth le vendit à Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1444). Le mariage de Marie de Bourgogne (1477) le fit échoir à Maximilien d’Autriche : Charles-Quint le comprit dans les 17 provinces qui formaient le cercle de Bourgogne. Après la rébellion des provinces du Nord, il resta à l’Espagne. Louis XIV s’en fit céder quelques districts, dits Luxembourg français (Thionville, Damvillers, Marville, Ivoy, Montmédy), qui furent annexés au gouvt de Metz. La guerre de la succession d’Espagne fit passer le reste à l’Autriche. La France l’occupa presque constamment depuis 1793 : il lui fut assuré par le traité de Campo-Formio, 1797. Elle en fit le dép. des Forêts. En 1815, le Congrès de Vienne le rendit à l’Allemagne comme État de la Confédération germanique, mais en l’annexant au royaume des Pays-Bas, et l’érigea en grand-duché : le duché de Bouillon y fut incorporé. Après 1831, il devint entre la Belgique et la Hollande, un sujet de débats qui n’ont été définitivement terminés qu’en 1839 par le traité de Londres. Auj. toute la partie E., qui comprend Luxembourg, Diekirch, Echternach, etc., appartient au roi de Hollande ; le reste a été laissé à la Belgique, qui s’était d’abord emparée du tout. Un nouveau traité de Londres (mai 1867) a déclaré neutre le gr.-duché de Luxemb. — Le Lux. belge, situé entre les prov. de Liége au N., de Namur à l’O., la France au S., et le Lux. hollandais à l’E., compte 431 796 h., presque tous wallons, et a pour ch.-l. Arlon. Il est divisé en 5 arrond. : Arlon, Bastogne, Marche, Neufchâteau, Virton.

LUXEMBOURG (Maison de), une des plus illustres maisons souveraines de l’Europe, a pour fondateur Waleran de Limbourg, qui épousa au XIIIe siècle Ermesinde, héritière du Luxembourg. Elle a fourni 5 empereurs à l’Allemagne : Henri VII (1308-13), Charles IV (1347-78), Wenceslas (1378-1400), Josse (1410), Sigismond (1411-37) ; plusieurs rois à la Bohême, et 2 connétables ou maréchaux à la France. Ses principales branches sont, après la branche aînée, dite de Luxembourg, celles des Luxembourg-Ligny, L.-Saint-Pol, L.-Brienne, L.-Piney. — À partir de 1422, la branche aînée se fondit dans la maison d’Autriche par le mariage d’Élisabeth, fille et héritière de l’empereur Sigismond (de Luxembourg) avec Albert II, archiduc d’Autriche, puis empereur. La 2e branche s’éteignit dès 1415 ; la 3e, en 1482 (ses domaines passèrent par mariage dans la maison de Bourbon-Véndôme) ; la 4e en 1608 ; la 5e celle des Luxembourg-Piney, se fondit dans celle des Montmorency par le mariage de la dernière héritière, Madeleine, duchesse de Luxembourg, avec François-Henri de Montmorency, maréchal de France (1661), connu depuis ce mariage sous le nom de maréchal de Luxembourg.

LUXEMBOURG (Franç. H. DE MONTMORENCY-BOUTEVILLE, duc de), maréchal de France, né en 1628, était fils du fameux Bouteville, décapité pour s’être battu en duel. D’abord aide de camp de Condé, il se distingua près de lui à la bataille de Lens (1648), et fut fait maréchal de camp à 20 ans. Il suivit constamment la fortune de Condé dans les troubles de la Fronde, se mit comme lui au service de l’Espagne pour combattre Mazarin, fut quelque temps enfermé à Vincennes, puis fit sa paix (1660). Les troubles apaisés, il reparut avec gloire dans les armées françaises : en 1668, il se signala à la conquête de la Franche-Comté, où il servait en qualité de lieutenant général ; en 1672, il commanda en chef pendant la campagne de Hollande, prit Grool, Deventer, Campen, etc. ; défit les armées des États près de Bodegrave et de Woërden, et fit en 1673 une belle retraite qui fut admirée des ennemis mêmes : il reçut en 1675 le bâton de maréchal de France. Après la retraite du prince de Condé et à la mort de Turenne, 1675, il fut nommé général en chef : il enleva d’assaut Valenciennes et battit Guillaume d’Orange à Cassel, 1677, et à Mons, 1678. S’étant brouillé avec Louvois, il resta quelque temps sans emploi, et fut impliqué en 1679 par la haine du ministre dans un procès ridicule : en l’accusait d’avoir fait pacte avec le diable et d’entretenir commerce avec des empoisonneuses ; il comparut devant la Chambre ardente et fut déclaré innocent, mais il n’en avait pas moins subi une longue captivité (1680). Remis après dix ans d’inaction à la tête des armées, il gagna les batailles de Fleurus, 1690, de Steinkerque, 1692, et de Nerwinde, 1693. On l’avait surnommé le Tapissier de Notre-Dame, à causa des nombreux drapeaux Qu’il avait pris à l’ennemi, et qu’on appendait alors dans la cathédrale de Paris. Comme Condé, son maître, il se faisait remarquer par l’impétuosité, le coup d’œil rapide, l’inspiration soudaine; mais son indolence et ses habitudes de grand seigneur l’empêchèrent souvent de recueillir les fruits de la victoire. Il mourut à Versailles en 1695. Il avait épousé en 1661 l’héritière de la maison de Luxembourg-Piney : c’est depuis cette époque qu’il joignit à son nom et à ses armes les armes et le nom de Luxembourg. — Un de ses fils, Christian Louis, duc de Montmorency-Luxembourg (1675-1746), fut fait maréchal par Louis XV en 1734, après s’être distingué à Oudenarde, à Lille, à Malplaquet, à Bouchain, à Denain, et avoir fait capituler Philipsbourg (1733). — Son neveu, Ch. Fr. Fréd. de Montmorency-Luxembourg (1702-64), devint aussi maréchal sous Louis XV, mais il ne commanda jamais en chef. Retiré dans sa terre de Montmorency, il y recueillit J. J. Rousseau, qui s’est plu dans ses écrits à faire son éloge. — La femme de ce dernier (1707-87), connue d’abord sous le nom de marquise de Boufflers, jouit sous Louis XV d’une grande célébrité par sa beauté et son esprit.

LUXEMBOURG (le), palais et jardin de Paris, situé rue de Vaugirard, en face de la rue de Tournon, entre celles de l'Est et de l'Ouest. Ce palais, l'un des plus beaux et des plus vastes édifices de la capitale, a la forme d'un parallélogramme allongé et se compose de 8 gros pavillons carrés, à toiture pyramidale, reliés entre eux, sur les parties latérales, par deux petits corps en retraite, et deux grandes galeries. Il a deux façades, l'une au N., sur la ville, l'autre, au S., sur le jardin. Son architecture est une imitation du style des palais toscans, surtout du palais Pitti à Florence; elle se distingue par la régularité, par la sévérité des formes et la pureté des profils. — Ce palais fut construit de 1615 à 1620 par Marie de Médicis, veuve de Henri IV, sur l'emplacement d'un hôtel qui avait appartenu au duc de Luxembourg-Piney, dont il retint le nom : J. Debrosse en fut l'architecte. Habité d'abord par la reine mère, il fut donné par elle à son 2e fils, Gaston d'Orléans, après la mort duquel il revint à Louis XIV. Louis XVI le donna à son frère, Monsieur, depuis Louis XVIII. Après la chute de la monarchie, il devint propriété nationale et fut converti en prison pendant la Terreur. En 1795, il fut affecté au Directoire exécutif, et, après le 18 brumaire (1799), aux consuls : il prit alors le nom de Palais du Consulat. En 1801, il reçut le Sénat conservateur, et, en 1814, la Chambre des pairs. En 1852, il fut de nouveau affecté au Sénat. Toute la partie orientale du palais est consacrée à un musée de peinture pour les œuvres des artistes vivants. — De 1836 à 1841, on l'agrandit en construisant en avant de l'anc. façade sur le jardin la façade actuelle, qui est semblable à l'ancienne, et, entre les bâtiments, une nouvelle salle des séances de la Chambre des pairs et une bibliothèque. Ces travaux furent exécutés par M. de Gisors, qui a donné une description du palais, 1847.

On connaît sous le nom de Petit Luxembourg un hôtel situé à l'O. du palais et presque contigu. Bâti par Marie de Médicis, ou, selon d'autres, par le cardinal de Richelieu, qui l'habita quelque temps, cet hôtel devint dans la suite la propriété du prince de Bourbon-Condé, ce qui le fit appeler aussi le Petit Bourbon. Il fut affecté en 1814 au logement du président de la Chambre des Pairs, en 1852 au président du Sénat. On l'attribue à Germain Boffrand.

LYXEUIL, Lyxovium, ch.-l. de c. (H.-Saône) à 15 k. N. O. de Lure; 3628 h. Collége. Kirschwasser estimé, jambons, chapeaux de paille, forges, etc. Eaux thermales, salines. Luxeuil possédait jadis un fameux monastère, fondé en 590 par S. Colomban, et où furent enfermés Ébroin et S. Léger (673). Ce monastère fut ravagé par les Sarrasins au VIIIe siècle, mais relevé par Charlemagne. La règle de S. Benoît y fut alors substituée à celle de S. Colomban. Les abbés de Luxeuil furent souverains de la ville jusqu'en 1594. L'abbaye subsista jusqu'à la Révolution; ses bâtiments sont occupés auj. par un séminaire. Patrie du cardinal Joffrédy.

LUXOR. V. LOUQSOR.

LUYNES, nommé d'abord Maillé, bourg du dép. d'Indre-et-Loire, sur la r. dr. de la Loire, à 10 k. O. de Tours, est adossé à un rocher, dans lequel sont creusées beaucoup d'habitations; 1000 h. Vieux château qui domine la ville. Passementerie, rubans noirs, etc. Cette ville a reçu son nom actuel du connétable d'Albert de Luynes, pour qui elle fut érigée en duché. Autrefois plus considérable, elle fut ruinée par la révocation de l'Édit de Nantes. Pendant la Révolution, on l'appelait Roche-sur-Loire.

LUYNES (maison D'ALBERT de), famille originaire de Toscane, que l'on fait remonter à Thomas Alberti, frère du pape Innocent VI, qui vint au commencement du XVe siècle s'établir à Pont-St-Esprit, dans le comtat Venaissin. Léon d'Albert, un de ses descendants, qui le premier donna à son nom une forme française, possédait la seigneurie de Luynes à titre de comté, dès 1540. Cette seigneurie fut érigée en duché-pairie en faveur de Charles d'Albert. V. ci-après.

LUYNES (Ch. D'ALBERT, duc de), favori de Louis XIII, né au Pont-St-Esprit en 1578, fut d'abord page de Henri IV, qui le plaça auprès de son fils (depuis Louis XIII). Il sut se concilier l'affection de son jeune maître, surtout par son talent à élever les oiseaux de chasse, et ce prince, une fois monté sur le trône (1610), le combla de faveurs et de dignités. De Luynes hâta la perte du maréchal d'Ancre (1617), s'empara, après le meurtre du favori, de toute l'autorité, et fit exiler la reine mère afin de régner sous le nom du roi. Il ne tarda pas à se rendre à son tour odieux par son ambition et son avidité, et excita quelques révoltes; mais il réussit à comprimer les mécontents. Déjà créé duc et pair (1619), il profita de l'avantage qu'il venait d'obtenir sur eux pour se faire nommer connétable (1621). Il fit déclarer la guerre aux Protestants et leur enleva quelques places; mais il échoua honteusement devant Montauban. Il succomba peu après (1621), d'une fièvre pourprée. Il était sur le point d'être disgracié. — Son fils, L. Charles, duc de Luynes et de Chevreuse, né en 1620, m. en 1690, se distingua d'abord dans les armes, puis il abandonna le monde pour se livrer tout entier à l'étude et à la religion : il se lia étroitement avec les solitaires de Port-Royal, travailla à la Bible de Sacy, publia lui-même divers ouvrages de piété, et traduisit du latin les Méditations de Descartes (1647). — Ch. Honoré de L., fils du précéd. (1646-1712), est connu sous le nom du duc de Chevreuse (V. ce mot), parce qu'il avait reçu en don la terre de Chevreuse de la fameuse duchesse de ce nom, son aïeule. — Le petit-fils de Ch. Honoré, Ch. Philippe, duc de L., 1695-1758, pair de France, maistre de camp, épousa en 1710 Jacqueline de Bourbon-Soissons, fille d'un prince légitimé, et en 1732 la marquise de Béthune-Charost, qui devint dame d'honneur de la reine Marie Leckzinska. Il vécut, ainsi que sa femme, dans l'intimité de cette princesse : ainsi placé de manière à tout observer, il rédigea des Mémoires, qui vont de 1735 à 1758 et qui se distinguent par l'impartialité autant que par l'exactitude. Ces Mémoires, longtemps restés inconnus, ont été publiés en 1860-62, sous le patronage du duc actuel de Luynes, par MM. Dussieux et Soulié, en 14 vol. in-8. — L. Joseph Amable, duc de Luynes, petit-fils du préc., né en 1748, m. en 1807, épousa Élisabeth de Montmorency-Laval. Député de la noblesse de Touraine aux États généraux de 1789, il prit part à toutes les mesures sagement libérales de l'Assemblée constituante. Pendant la Terreur il resta en France : l'estime et l'affection universelles le mirent à l'abri de la proscription. Il fut appelé au Sénat en 1803. — Son petit-fils, Honoré Théodoric, duc de Luynes (1802-1867), a été membre de l'Institut, et s'est illustré par son goût pour les arts et ses travaux numismatiques. — Le petit-fils de ce dernier est mort dans la guerre franco-allemande, à Patay (8 déc. 1870). LUZ-EN-BARÈGES, ch.-l. de cant. (Hautes-Pyrénées), à 16 kil. S. d'Argelès; 2678 h. Eaux minérales près de là (à St-Sauveur).

LUZARCHES, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), à 24 Kil. N. E. de Pontoise; 1400 h. Fabrique de blondes. Patrie de l'architecte Robert de Luzarches. Anc. abbaye, fondée par S. Louis; anc. château royal au temps des Mérovingiens. Environs délicieux.

LUZECH, Uxellodunum? ch.-l. de c. (Lot), à 18 k. O. de Cahors, sur la r. g. du Lot; 2000 h. Anc. château fort. Vins estimés.

LUZY, ch.-l. de c. (Nièvre), à 30 k. S. de Château-Chinon; ; 2000 h. Commerce de bois et de houille.

LUZZARA, v. du duché de Parme, à 7 k. N. E. de Guastalla ; 1500 h. Les Français y battirent les Autrichiens en 1702 : le marquis de Créqui, fils du maréchal, périt dans cette action.

LYÆUS (c.-à-d. en grec qui délie, qui délivre des soucis), un des surnoms de Bacchus.

LYCAMBE. V. ARCHILOQUE.

LYCAON, fils de Pélasgus et roi d'Arcadie, réunit les habitants sauvages de cette contrée, leur donna des lois, et fonda Lycosure, la ville la plus ancienne du pays. On le fait vivre du temps de Cécrops. Il eut deux fils, Œnotrus et Peucetius, qui émigrèrent et qui laissèrent leur nom à deux contrées de l'Italie, l'Œnotrie et la Peucétie. Selon la Fable, Lycaon fut changé en loup (en grec Lykos), pour avoir essayé d'assassiner pendant son sommeil Jupiter qui, sous la forme d'un simple mortel, était venu lui demander l'hospitalité. D'après une autre tradition, il avait offensé le dieu en servant sur sa table les membres d'un jeune enfant qu'il avait égorgé, ou plutôt en lui sacrifiant des victimes humaines.

LYCAONIE, Lycaonia, région de l'Asie-Mineure (et plus tard province du diocèse d'Asie), dans les mont. au N. de la Pisidie et de l'Isaurie, avait pour villes principales Iconium (Konieh) et Larande.

LYCÉE (mont), Lycæus mons, auj. Diaphorti, montagne d'Arcadie, au S., s'unissait au mont Taygète. Elle était consacrée à Pan et à Jupiter Lycéen. Son nom venait du grand nombre de loups (en grec Lykos) qu'on y rencontrait.

LYCÉE (le), Lycæum, portique et promenade d'Athènes, sur les bords de l'Ilissus, où Aristote donnait ses leçons en se promenant avec ses disciples. — Par suite le Lycée a désigné l'école et la doctrine d'Aristote (V. ARISTOTE et PÉRIPATÉTICIENS). Ce nom a même été étendu à divers établissements destinés à l'enseignement. En 1787, Pilastre des Rosiers fonda à Paris sous le nom de Lycée une institution destinée à faire faire des cours publics de lettres et de sciences, et où enseignèrent La Harpe, Ginguené, Fourcroy, Chaptal, etc. Depuis, le Lycée a pris le nom d’Athénée.

LYCHNIDE, Lychnidus, v. de l'anc. Illyrie, ch.-l. des Dassarètes, sur la côte E. du lac Lychnide (auj. lac d’Ochrida), passa sous la domination romaine en 167 av. J.-C.

LYCIE, Lycia, auj. livah de Tekke et partie de celui de Mentech, région de l'Asie-Mineure, au S. de. la Phrygie, entre la Carie au N., la Pamphylie à l'E., et la Méditerranée à l'O. et au S., était sillonnée par les ramifications du Taurus et avait pour villes principales Xanthe, Telmissus, Myra et Patare. On y adorait surtout Apollon. — La Lycie, qu'on appelait originairement Myliade, eut pour premiers habitants les Solymes, qui furent dépossédés par les Termyles, venus de Crète. Le pays fut ensuite conquis par Lycus, fils de Pandion, roi d'Athènes; d'où son nom. Les Lyciens, conduits par Sarpédon, soutinrent Priam contre les Grecs. Ce pays appartint successivement aux Perses, à partir de Cyrus, puis à Alexandre, à Antigone, aux Séleucides, aux Rhodiens(190-168), à qui les Romains le firent céder par Antiochus le Grand; il redevint libre nominalement sous l'alliance de Rome, et fut enfin annexé à l'empire sous Claude.

LYCOMÈDE, roi de Scyros. Achille fut envoyé chez lui, déguisé en fille, pour le soustraire à ceux qui voulaient l'emmener au siége de Troie, et séduisit sa fille Déidamie.

LYCOPHRON, fils de Périandre. V. PÉRIANDRE.

LYCOPHRON, poëte du IIIe siècle av. J.-C., célèbre par l'obscurité de son style, né à Chalcis en Eubée, vécut en Égypte, à la cour de Ptolémée Philadelphe; fit un grand nombre de tragédies et de poésies diverses, et prit place, avec Aratus, Théocrite, etc., dans la Pléiade poétique de cette époque. Il ne resta de lui qu'un poëme fort singulier, intitulé : Alexandra (Cassandre : fille de Priam) : c'est une longue prédiction des malheurs réservés à Troie; elle est écrite dans un style énigmatique et peu intelligible. Ce morceau a été longuement commenté chez les anciens par Tzetzès, et chez les modernes par Canter, Bâle, 1566 ; Meursius, 1597 ; Potter, Oxford, 1697 ; Reichard, Leipsick, 1788; Muller, 1811; Bachmann, 1830; Th. Lysander, Leips., 1859. M. Dehèque l'a édité, traduit en français et commenté en 1853.

LYCOPOLIS, auj. Syout, v. de la Thébaïde, vers le N., au N. O. d’Apollinopolis minor, sur la rive gauche du Nil, donnait son nom au nome Lycopolite. On y honorait le loup, ou plutôt le chakal, que les anciens prenaient pour le loup. Patrie de Plotin.

LYCORTAS, ami de Philopœmen, devint, après ce général, chef de la ligue Achéenne, vengea sa mort en pillant Messène, et força Sparte à entrer dans la ligue, 182 av. J.-C. L'historien Polybe était son fils.

LYCOSTHÈNE. V. WOLFFHART.

LYCOSURA, v. d'Arcadie, chez les Parrhasiens, au pied du Lycée et au S. O. de Mégalopolis. C'était une des plus anc. villes de Grèce : on la disait fondée par Lycaon. — Dans le nouveau roy. de Grèce on a donné ce nom à un dème qui a pour ch.-l. Isari.

LYCURGUE, roi fabuleux de la Thrace, s'opposa au culte de Bacchus, et poursuivit les Ménades pendant qu'elles célébraient les Orgies. En punition, il fut frappé de cécité; ses sujets se révoltèrent et il périt de mort violente, soit crucifié, soit déchiré par des chevaux sauvages. Il est probable que ce prince proscrivit l'usage du vin et qu'il excita par là une insurrection dans laquelle il périt.

LYCURGUE, législateur des Lacédémoniens, était fils d'Eunome, roi de Sparte, de la race des Procèdes. Son frère aîné, le roi Polydecte étant mort fort jeune, l'an 898 av. J.-C., sans laisser d'autre enfant que celui dont sa femme était enceinte, celle-ci lui offrit la couronne en s'engageant à faire périr son enfant s'il voulait l'épouser. Lycurgue repoussa ces offres criminelles, et, après la naissance du prince, qu'on nomma Charilaüs, il se contenta du titre de tuteur de son neveu; il gouverna en cette qualité jusqu'à la majorité du jeune prince. Des désordres sans cesse renaissants ayant fait sentir à Lycurgue le besoin d'une bonne législation pour sa patrie, il partit pour la Crète, l’Égypte et l'Asie, dans le but d'étudier les lois de ces pays. A son retour, il donna à Sparte, de concert avec Charilaüs, une législation qui fit longtemps sa gloire (884). Toutefois, la réforme ne passa pas sans difficultés et sans luttes : assailli sur la place publique, il eut un œil crevé par un séditieux, mais sa modération et sa bonté dans cette circonstance lui ramenèrent les mécontents. On dit qu'après avoir fait jurer à ses concitoyens de ne rien changer à ses lois pendant son absence, il partit pour un long voyage et ne revint jamais. Au reste, rien n'est moins certain que tout ce que l'on raconte de ce personnage, qui est antérieur aux temps vraiment historiques. La législation de Lycurgue avait principalement pour but d'établir l'égalité entre tous et de former un État guerrier, mais sans esprit de conquête. Pour atteindre le premier but, les terres avaient été partagées en portions égales; une loi interdisait l'aliénation, la diminution et l'augmentation des portions attribuées à chaque famille; les monnaies d'or et d'argent avaient été remplacées par du fer; les repas étaient communs, l'éducation donnée en public. Pour atteindre le second but, la famille était absolument subordonnée à l’État; l’éducation était toute martiale : des exercices continuels développaient les forces et l’adresse des jeunes gens; il était même défendu de s’appliquer aux arts et aux métiers : tout cela était abandonné aux ilotes. Le gouvernement se composait de deux rois, qui présidaient le Sénat, accomplissaient les cérémonies religieuses, avaient l’initiative des lois et commandaient les armées; d’un sénat de 28 membres élus par le peuple, chargé d’ordonner tout ce qui concernait la guerre, la paix, les alliances; d’une assemblée du peuple, qui choisissait les magistrats, fixait la répartition des contributions, admettait ou rejetait les lois. Sparte dut sa grandeur aux lois de Lycurgue, et la république commença à décliner du moment où elle fut abolie. Toutefois, cette législation a été trop vantée (V. MABLY) : si elle était propre à développer la force, le courage, l’amour de la patrie, le respect de la vieillesse, elle péchait par un esprit étroit, par une politique égoïste, par l’oppression de la famille et la proscription des nobles jouissances de l’esprit. Elle ne pouvait convenir qu’à des temps presque barbares et à une société peu nombreuse. Plutarque a écrit la Vie de Lycurgue.

LYCURGUE, orateur athénien, né en 408 av. J.-C., m. en 326, fut pendant 12 ans intendant du trésor public et chargé de l'administration. Il se fit autant remarquer par son éloquence que par l'intégrité avec laquelle il remplit ses fonctions. Il était un des 30 orateurs qu'Alexandre voulut se faire livrer par les Athéniens, et que ceux-ci lui refusèrent. Il ne reste de lui qu'un discours contre Léocrate, qui se trouve dans le Recueil des orateurs grecs de Reiske, Leipsick, 1770, et que l'abbé Auger a traduit en français. Il a été édité séparément par Hauptmann, Leipsick, 1753; Schulze, Brunswick, 1789; Coray, Paris, 1826; Maetzner, Berlin, 1835; Freudenberg, Bonn, 1850. Kiessling a donné une édition des fragments de Lycurgue, Halle, 1834 et 1847, et Nissen une notice De Lycurgi vita et rebus gestis, Kiel, 1833.

LYCUS, nom de plusieurs rivières chez les anciens, en Asie-Mineure, en Syrie, etc., la plupart peu importantes. V. ZAB, RHYNDACUS, etc.

LYCUS, fils de Pandion, roi d'Athènes, et frère d’Égée, s'expatria pour échapper aux soupçons de son frère et alla s'établir dans le pays qui prit de lui le nom de Lycie. — Roi de Thèbes. V. ANTIOPE et DIRCÉ.

LYDD, v. et port d'Angleterre (Kent), à 44 k. S. O. de Maidstone, 1450 hab., est conjointement avec Romney un des Cinq-Ports. Phare.

LYDDA, auj. Ludd ou Loddo, la Diospolis des Grecs, v. de la Palestine, auj. en Syrie (Damas), à 5 kil. N. E. de Ramleh ; 2000 hab. Évêché grec. Église magnifique, construite par Justinien, et consacrée à S. George, qui, selon la tradition, souffrit le martyre à Lydda. S. Pierre guérit un paralytique dans cette ville.

LYDGATE (John), vieux poëte anglais, né en 1380, mort vers 1460, était moine dans l'abbaye de Bury dans le comté de Suffolk. Il voyagea en France et en Italie, s'y instruisit dans la langue et la littérature des deux pays, étudia surtout Dante, Boccace et Alain Chartier, ouvrit, à son retour, une école dans son monastère, y enseigna à la jeune noblesse l'art de la versification et donna lui-même l'exemple en cultivant la poésie. Il imita Chaucer avec assez de succès : il a laissé des Églogues, des Odes, des Satires, et quelques poëmes : la Chute des Princes, imprimé en 1494; le Siége de Thèbes; la Destruction de Troie; la Vie et la mort d'Hector, etc.

LYDIAT (Thomas), chronologiste anglais, né en 1572 à Okerton (Oxford), m. en 1646, reçut les ordres, se lia avec le savant Usher, qui le fit nommer professeur à l'Université de Dublin, puis fut directeur du collège d'Okerton. On a de lui des traités: De variis annorum formis, Londres, 1605; Emendatio temporum, contra Scaligerum, 1609; de Anni solaris mensura, 1621; Canones chronologici, 1675; des Notes sur la chronique de Paros, etc.

LYDIE, région de l'Asie-Mineure, sur la côte occidentale, entre la Mysie au N. et la Carie au S., avait pour ch.-l. Sardes. Elle renfermait deux montagnes célèbres, le Tmolus et le Sipyle, et était arrosée par le Caystre, le Caïque, l'Hermus et son affluent le Pactole, qui roulait des paillettes d'or. Sur la côte étaient presque toutes les cités grecques qui formaient la confédération ionienne. Elle est auj. dans l'Anatolie, et est en partie comprise dans le livah de Saroukhan. — La Lydie, primitivement Méonie, forma de 1679 à 548 av. J.-C. un royaume indépendant qui eut 3 dynasties de rois, les Atyades (1579-1292 av. J.-C.), les Héraclides (1292-708), les Mermnades (708-547), et dont les limites varièrent, mais qui, sous Crésus, allait de la mer Égée à l'Halys. Conquise par Cyrus sur Crésus en 547 av. J.-C., elle fut comprise dans la 2e satrapie de l'empire perse. Alexandre s'en empara facilement; après lui elle fut le partage d'Antigone, et, après la bataille d'Ipsus (301 av. J.-C.), passa aux Séleucides. Eumène I la joignit vers 260 à son royaume de Pergame, et Attale III la légua, en 132, avec le reste de ses États, aux Romains, qui s'en mirent en possession en 129.

Rois de Lydie.
Atyades. Héraclides.
Mœon ou Manès, v. 1579 Alcée, Bélus, Ninus, Argon, 1292-1219
Cotys,
Atys, Dix-huit rois inconnus, 1219-797
Lydus,
Akiasmus, v. 1480 Ardys I, 797
Hermon ou Adremis, Alyatte I, 761
Alcimus, Mélès, 747
Camblite, Candaule, 735
Tmolus, Mermnades.
Théoclymène, Gygès, 708
Marsyas, Ardys II, 670
Jardanus, Sadyatte, 621
Omphale, v. 1350 Alyatte II, 610
Pylémène, v. 1292 Crésus, 559-547

LYDUS (Joannes LAURENTIUS), écrivain grec, né en 490 à Philadelphie en Lydie, m. vers 565, remplit diverses fonctions administratives et judiciaires à la cour de Justinien. Il avait composé des traités De Mensibus, dont il ne reste que des fragments publiés par N. Schow, Leips., 1794, et par Rœther, Darmstadt, 1826; De Magistratibus Romanorum, publié par J. Fuss, avec préface de Hase, Leyde, 1812; De Ostentis, publié par Hase, Paris, 1823. Ces ouvrages ont été réunis par Bekker, avec trad. latine, 1 vol. in-8, Bonn, 1837, dans le Corpus scriptorum historiæ Byzantinæ.

LYME-REGIS, Lemanis Portas, v. d'Angleterre (Dorset), sur la Manche, à 10 kil. O. de Dorchester; 3500 hab. Bon port, bains de mer. Le duc de Monmouth y débarqua en 1685, pour disputer le trône à Jacques II. Il fut pris peu après.

LYNAR (Roch Frédéric, comte de), homme d'État, né en 1708 à Lubbenau dans la B.-Lusace, m. en 1781, entra au service du Danemark, fut ambassadeur de cette puissance en Suède, en Russie, gouverneur du duché d'Oldenbourg, négocia et fit signer la convention de Closter-Seven (1757). Ses Œuvres politiques (Leipsick, 1806, 4 vol. in-8) offrent des renseignements importants sur l'histoire du temps.

LYNCÉE, un des fils d'Égyptus, épousa Hypermnestre, une des 50 Danaïdes, et fut seul épargné par sa femme (V. DANAÏDES). Il succéda à Danaüs sur le trône d'Argos (1520 av. J.-C). — Un des Argonautes, fils d'Apharée, roi de Messénie, et frère jumeau d'Idas, avait la vue si perçante qu'il voyait, dit-on, au fond des mers et même à travers les murs. Lyncée et Idas eurent querelle avec Castor et Pollux; Lyncée tua Castor et fut tué par Pollux.

LYNCESTIDE, Lyncestis, région de Macédoine, au N. O., bornée au N. par la Pélagonie, au S. par l'Élymiotide, est traversée par l'Érigon. LYNCH (loi de), Lynch-law. On désigne ainsi cette justice sommaire que le peuple exerce aux États-Unis d’Amérique contre les individus qui jouissent de l’impunité par l’insuffisance des lois. Il les pend, ou leur inflige un certain nombre de coups de fouet. On dérive ce nom d’un certain John Lynch, colon de la Caroline au XVIe siècle, que ses concitoyens investirent d’un pouvoir discrétionnaire afin de juger et de réprimer immédiatement les désordres inséparables d’une colonie naissante. Cette mesure aurait été adoptée par les autres États de l’Amérique du Nord pour des circonstances semblables : il en a été fait depuis 1848 de fréquentes applications en Californie.

LYNN, v. des États-Unis (Massachussets ), à 16 k, N. E. de Boston ; 15 000 h. Banque ; plusieurs établissements d’instruction. Grande fabrication de chaussures de femmes.

LYNN-REGIS ou KING’S LYNN, v. d’Angleterre (Norfolk), à 60 kil. N. O. de Norwich ; 13 510 hab. Bon port, à 16 kil. de la mer du Nord. Grand commerce d’exportation et d’importation.

LYON, Lugdunum, la 2e ville de France, ch.-l. du dép. du Rhône, au confluent du Rhône et de la Saône, à 468 k. S. E. de Paris, à 512 par ch. de fer ; 292 721 h. en 1857, y compris les anciennes communes de la Croix-Rousse, la Guillotière, et Vaise, réunies à Lyon en 1852. Archevêché, qui date du IIe siècle et dont le titulaire est Primat des Gaules ; cour d’appel, trib. de 1re inst. et de commerce ; académie univ. ; ch.-l. de division militaire ; chambre de commerce et bourse. La ville, dominée au N. par les monts Fourvières et St-Sébastien, offre un aspect magnifique ; belles promenades, grands faubourgs (la Guillotière, les Brotteaux, la Croix-Rousse, Vaise), places Bellecour, des Terreaux, de Louis XVIII ; beaux et vastes quais, plusieurs ports ; 17 ponts, parmi lesquels on remarque le pont St-Jean ou de l’Archevêché, le p. Morand, le p. des Cordeliers, le p. en fil de fer conduisant à l’île Barbe. Rues bien percées en général, mais étroites, ce qui donne à la ville un aspect un peu sombre : on remarque la rue Centrale, ouverte en 1853, la rue Impériale, en 1855. Monuments principaux : hôtel de ville, hôpital général, cathédrale (St-Jean), églises St-Nizier, St-Irénée, avec une crypte curieuse, d’Ainay, sur l’emplacement d’un temple d’Auguste ; Notre-Dame-de-Fourvières, dont le clocher a été surmonté en 1853 d’une statue colossale de la Vierge, et qui est un but de pèlerinage très-fréquenté ; l’église des Chartreux, dont on admire le dôme, le chœur et l’autel ; le palais archiépiscopal, le Grand-Théâtre, la douane, le Palais de Justice, œuvre de P. Baltard ; l’Antiquaille, hospice des fous, sur les ruines du palais où naquirent Claude et Germanicus ; la gare des chemins de fer. D’immenses travaux de fortifications font de Lyon une place presque imprenable : la ville est défendue par une enceinte continue, au devant de laquelle s’élèvent 17 forts. Nombreux établissements d’instruction : facultés de théologie, de lettres, de sciences ; lycée, séminaire, école secondaire de médecine, école d’économie rurale et vétérinaire, école des arts et métiers, école de sourds-muets, école de dessin et peinture ; académie des sciences, belles-lettres et arts ; société d’agriculture, société de médecine ; riche bibliothèque, musée de peinture, jardin botanique, riche pépinière, conservatoire des arts. Industrie très-active : manuf. d’étoffes d’or et d’argent et de soieries en tout genre, qui occupent 600 métiers et qui sont sans rivales ; tulles, tissus de coton, couvertures, chapellerie, passementerie ; charcuterie renommée, surtout pour les saucissons ; produits chimiques, drogueries, liqueurs, faïenceries, teintureries, fonderies, etc. Commerce très-vaste, tant des produits de Lyon même et de ceux des environs que de commission : rubans et armes de St-Étienne, vins du Beaujolais et autres, épiceries, graines de toute espèce. Lyon est l’entrepôt de la Suisse et de tout l’Est de la France méridionale, et expédie immensément à l’étranger. Elle communique par ses bateaux à vapeur et ses chemins de fer avec les principales villes de France.

Fondée ou agrandie vers 41 av. J.-C. par titans Munatius Plancus, elle prit de là le nom de Lucii Dunum, d’où Lugdunum, (D’autres dérivent ce nom du celtique lok ou log, petit temple, et de dun colline). Favorisée par Auguste et par ses successeurs, elle devint bientôt assez importante pour donner son nom à toute la Gaule celtique (V. LYONNAISE). Détruite en une nuit par un terrible incendie, en 59, elle fut relevée par Néron et embellie par Trajan, qui fit construire sur une des collines qui dominent la ville un édifice magnifique, le Forum Trajani, appelé plus tard Forum Vetus, dont on fit Fortvieil, puis, par corruption, Fourvières, nom que porte encore le quartier ou s’élevait cet édifice. Lyon brillait surtout alors par ses écoles d’éloquence. Décimée en 197 par Septime-Sévère, à qui elle avait résisté et qui défit Albinus sous ses murs, elle eut ensuite à subir tous les maux des invasions barbares, auxquels se joignirent les inondations, la peste et la famine. Au Ve s. Lyon fut, sous les fils de Gondioc, la capitale d’un des démembrements du royaume de Bourgogne : mais sa prospérité date surtout des XIe et XIIe siècles, après la réunion du royaume des deux Bourgognes à l’empire : elle devint alors à peu près ville libre, bien que les seigneurs Lyonnais et les archevêques de Lyon s’y disputassent sans cesse la souveraineté. Pour leur échapper, elle se mit sous la protection du roi de France Philippe le Bel, qui la réunit à la couronne en 1307. Ce prince érigea la seigneurie de Lyon en comté et en laissa l’administration à l’archevêque et au chapitre de St-Jean conjointement avec les échevins ou consuls. Louis XI, Louis XII et François I accrurent par leurs faveurs la prospérité de Lyon : c’est François I qui y introduisit la fabrication des étoffes de soie et des draps d’or et d’argent. Le voisinage de Genève favorisa à Lyon l’établissement de la Réformation. En 1560, les Calvinistes, exaspérés par la persécution, s’emparèrent de la ville : ils la gardèrent jusqu’en 1563. Redevenu maître de la place, Charles IX, par un édit rendu dans cette ville en 1563, interdit aux ministres protestants l’enseignement ainsi que les synodes. Les massacres de la St-Barthélemy (1572) y furent presque aussi sanglants qu’à Paris. Lyon prit parti pour la Ligue ; mais, après la mort de Henri III, elle reconnut Henri IV, qui vint la visiter en 1596. Sous Louis XIV, sa prospérité fut portée à un très-haut degré ; mais la révocation de l’édit de Nantes faillit ruiner son industrie. En 1709, les misères d’un hiver rigoureux vinrent encore aggraver la situation. Néanmoins Lyon comptait plus de 200 000 h. en 1793, lorsqu’elle se révolta contre la Convention : elle eut alors à subir un siége terrible, dirigé par le général Dubois-Crancé, et dont le résultat fut la destruction presque entière de la ville ; elle fut ensuite décimée par les commissaires de la Convention, Collot-d’Herbois, Couthon, Fouché ; le nom même de Lyon fut effacé, et remplacé par celui de Commune-Affranchie. Elle se releva sous l’Empire : l’introduction du métier Jacquard donna alors un grand essor à la fabrique, mais les révoltes d’ouvriers qui eurent lieu en 1831, 1834, 1848 et 1849, et l’inondation de 1840 l’ont encore cruellement fait souffrir ; en outre, les fabriques de soie fondées depuis le commencement du XIXe siècle en Suisse, en Allemagne, en Italie, lui ont enlevé d’importants débouchés. — L’église de Lyon fut l’une des plus florissantes des Gaules ; elle fut fondée au IIe s. par S. Pothin, qui en fut le premier évêque, et par S. Irénée. Il se tint à Lyon plusieurs conciles, notamment deux œcuméniques, en 1245 et 1274 : dans la dernier on s’occupa de la réforme du clergé et de la réunion des églises grecque et latine. Lyon possédait un chapitre célèbre où l’on ne recevait que des nobles, et dont les membres portaient le titre de Comtes de Lyon. — Cette ville a vu naître les empereurs Claude, Caracalla et Géta ; Sidoine-Apollinaire ; Louise Labé, Ph. Delorme, Coustou, Coysevox. Audran, Lemot ; Spon, Terrasson, Montucla, Sonnerat, les Jussieu, Bourgelat, Ampère, Camille Jordan, De Gérando, Ballanche, Dugas-Montbel, J. B. Say, Jacquard, le major Martin, le maréchal Suchet, etc.

LYON (le Golfe de), Gallicus sinus. V. LION (G. du).

LYONNAIS, grand gouvt de l'anc. France, avait pour bornes au N. la Bourgogne, au S. le Vélay et le Vivarais, à l'E. la Bresse et le Dauphiné, à l'O. le Bourbonnais et l'Auvergne, et se composait de 3 parties : le Lyonnais proprement dit, le Beaujolais, le Forez. Ch.-l. général, Lyon. Montagnes au centre (monts Iseron, Tarare, Pilat) ; plaines fertiles à l'E., vers le Rhône et la Saône, et à l'O. vers la Loire. — Jadis habité par les Ségusiaves, ce pays fit sous les Romains partie de la Lyonnaise 1re, puis appartint aux Bourguignons (413), aux Francs (534) ; enfin il devint un comté particulier, qui fut réuni à la couronne par parties, savoir : le Lyonnais en 1307 sous Philippe le Bel, le Beaujolais et le Forez sous François I. Le Lyonnais proprement dit forme auj. le dép. du Rhône.

LYONNAISE, Lugdunensis, nom donné par Auguste à la partie de la Gaule comprise entre l'Océan britannique au N., la Belgique au N. E., l'Atlantique à l'O., l'Aquitaine au S. O., et la Grande-Séquanaise à l'E., c.-à-d. à la Celtique proprement dite, diminuée de quelques peuples situés au S. de la Loire et augmentée des Lingones. Elle formait au ive siècle 4 provinces, savoir : 1° Lyonnaise 1re, au S. E. (auj. Bourgogne, Nivernais, Forez), comprenant les Segusiavi, Mandubii, Ædui, Lingones ; ch.-l., Lugdunum, (Lyon) ; — 2° L. 2° au N. (Normandie), comprenant les Caletes, Veliocasses, Lexovii, Eburovices, Viducasses, Bajocasses, Abrincatui, Veneli, Saii ; ch.-l., Julio-bona (Lillebonne), ou Rotomagus (Rouen) ; — 3° L. 3°, à l'O. (Bretagne, Maine, Anjou), comprenant les Turones, Diablintes, Cenomani, Andecavi, Arvii, Namnetes, Redones, Veneti, Curiosolites, Corisopites, Osismii ; ch.-l. Turones (Tours) ; — 4° L. 4°, au centre (Orléanais, Ile-de-France et partie de la Bourgogne), comprenant les Meldi, Tricasses, Senones, Carnutes, Parisii, Aureliani ; ch.-l., Senones (Sens).

LYONNET (Pierre), naturaliste, né en 1707 à Maëstricht, d'une famille lorraine, m. en 1789, remplissait à La Haye, auprès des États généraux, les fonctions de secrétaire des chiffres et de traducteur juré. Il consacra ses loisirs aux sciences, s'occupa surtout des insectes, et acquit le talent de graveur afin de pouvoir représenter plus fidèlement lui-même ses découvertes. Il donna une traduction française de la Théologie des insectes de Lesser, assista Tremblay dans la publication de son Mémoire sur les polypes, 1744, et publia lui-même en 1760 l’Anatomie de la chenille qui ronge le saule, monographie qui est un chef-d'œuvre de patience et d'exactitude.

LYONS-LA-FORÊT, ch.-l. de cant. (Eure), près d'une belle forêt, à 22 k. N. N. E. des Andelys ; 747 h. Fabr. d'indiennes, tanneries. Autrefois fortifié. Patrie de Benserade.

LYRE (Eure), bourg et abbaye. V. LIRE.

LYRNESSE, Lyrnessus, v. de Mysie, près d'Adramytte, était, au temps de la guerre de Troie, la capitale d'un petit royaume, et fut pillée par Achille qui y enleva la belle Briséis.

LYS (la), Legia, riv. de France et de Belgique, prend sa source à 15 kil. S. O. de Béthune (Pas-de-Calais) ; traverse le dép. du Nord, entre en Belgique près de Menin, arrose la Flandre occid. et la Flandre orient., passe à Courtray, et se jette dans l'Escaut à Gand ; 210 kil. de cours. Elle reçoit plusieurs canaux et la navigation y est très-active. — Cette riv. a donné son nom à un dép. de l'empire français, qui avait pour ch.-l. Bruges.

LYS (Jacques d'arc du), père de la Pucelle d'Orléans. V. JEANNE D'ARC.

LYS (Ordre du). On donna ce nom en 1814, lors de la 1re Restauration, à une décoration qui consistait en une fleur de lys en argent, suspendue à un ruban blanc D'abord conférée au nom du roi, cette décoration ne fut bientôt plus qu'un signe de ralliement qui servait à distinguer les royalistes et que chacun prenait spontanément. Elle disparut avec la première ferveur du royalisme.

LYSANDRE, général lacédémonien, est surtout célèbre par la victoire navale qu'il remporta à Ægos-Potamos sur les Athéniens (405 av. J.-C), victoire qui mit fin à la guerre du Péloponèse. A la suite du combat, il marcha sur Athènes, s'en empara, 404, et y établit le gouvernement des Trente tyrans. Lysandre, tout-puissant alors dans sa patrie, se préparait, dit-on, à l'asservir, lorsqu'il fut tué dans un combat livré par les Spartiates aux Thébains devant Haliarte, 395 av. J.-C. Plutarque a écrit sa Vie. Ce général, dit le biographe, savait coudre la peau du renard sur celle du lion.

LYSIAS, orateur athénien, né en 459 av. J.-C, m. en 378, aida Thrasybule à chasser les Trente tyrans. Il reste de lui 33 discours, avec des fragments de quelques autres : ils se distinguent par la pureté, la clarté, la grâce et offrent le modèle de l'atticisme. Un des plus éloquents est celui contre Ératosthène, qui avait fait mettre à mort Polémarque, frère de Lysias, pendant le gouvernement des Trente. On trouve ces discours dans les recueils de Reiske, de Bekker, de Didot, Les meilleurs éditions séparées sont celles du Taylor, Londres, 1739 ; de Scheybe, Leips., 1852 ; de Cobet, Amsterdam, 1863. L'abbé Auger les a traduits en franc., Paris, 1783, in-8. On doit à M. J. Girard une Étude sur l’Atticisme dans Lycias, 1855.

LYSIAS, général et parent d'Antiochus Épiphane, roi de Syrie, fut envoyé contre Judas Macchabée, se laissa surprendre par ce général près de Bethsura, perdit 5000 hommes et fut mis en fuite (165 av. J.-C). Après la mort d'Épiphanes, il s'empara du pouvoir au nom du jeune Antiochus Eupator. Il assiégeait Jérusalem lorsqu'il apprit que Philippe, qui lui disputait la régence, s'était emparé de la capitale de la Syrie : il leva le siège, marcha contre son compétiteur et le défit ; mais, Demétrius Soter étant subitement apparu, Lysias et Eupator se virent abandonnés et furent massacrés par leurs propres gardes (162 ans).

LYSIMACHIE, Lysimachia, dite aussi Hexamilium, v. de la Chersonèse de Thrace, sur le golfe Mélas, fut fondée par Lysimaque l'an 309 av. J.-C.

LYSIMAQUE, Lysimachus, un des meilleurs généraux d'Alexandre, eut en partage après la mort du conquérant la Thrace avec les pays situés le long du Pont-Euxin (323 av. J.-C.), et bâtit la ville de Lysimachie pour en faire sa capitale. Il se ligua plusieurs fois avec Séleucus et Cassandre contre Antigone et Demétrius, et contribua à la victoire d'Ipsus (301), après laquelle il ajouta à ses États la Bithynie et quelques provinces de l'Asie-Mineure. A la fin de sa vie, il fit deux expéditions en Macédoine (295 et 286), et resta maître de ce pays. Il régnait depuis 25 ans en Thrace et depuis 4 ans en Macédoine, lorsqu'il fut tué à Cyropédion, dans un combat contre Séleucus (282 av. J.-C). Il avait alors 80 ans. Lysimaque s'était rendu odieux par ses cruautés : n'épargnant pas même les siens, il mit à mort Agathocle, un de ses fils, sur de légers soupçons.

LYSIPPE, statuaire grec, natif de Sicyone, florissait vers 350 av. J.-C. Il obtint seul, avec Apelles et Pyrgotèle, l'honneur de reproduire les traits d'Alexandre. Les plus connus de ses ouvrages étaient un colosse de 40 coudées, à Tarente, une statue de Socrate, un Hercule, qu'on voyait encore à Constantinople au XIIIe siècle, une statue de l’Occasion, regardée comme son chef-d'œuvre. On a de lui un. célèbre quadrige qu'il avait fait pour Alexandre, et qui, déposé d'abord à Corinthe, fut transporté ensuite à Constantinople, et de là à Venise, où on le voit encore. Winckelmann lui attribue le Laocoon.

LYSIS, philosophe grec, né à Tarente, fut disciple de Pythagore et échappa avec peine à la fureur de Cylon de Crotone. Il est regardé comme l'auteur des Vers dorés. On a de lui une Lettre à Hipparque (dans les Opuscula mythologica et philosophica de Th. Gale), dans laquelle il lui reproche de divulguer les secrets de la philosophie de leur maître.

LYSISTRATE. statuaire grec, frère ou beau-frère de Lysippe, fit le 1er, dit-on, des modèles en cire et en argile et fut ainsi l'inventeur de l'art plastique.

LYSTRA, auj. Latik, v. de l'Asie-Mineure, dans Lycaonie, au N. O. d'Iconium. S. Paul y fut lapidé. Patrie de S. Timothée.

LYTTLETON (lord George), né en 1709 à Hagley (Worcester), mort en 1773, se fit connaître, encore fort jeune, par des Pastorales et par des Lettres persanes, faites à l'imitation de celles de Montesquieu, ouvrage médiocre, qu'il condamna lui-même. Élu député à la Chambre des Communes, il se montra l'adversaire ardent du ministère Robert Walpole, quoique son père fût lord de l'amirauté dans ce ministère. Après la chute de Walpole (1744), il fut successivement secrétaire du prince de Galles, lord-commissaire de la trésorie, trésorier de l'épargne du roi, chancelier de l'échiquier. Tombé en 1757 avec le ministère dont il faisait partie, il fut néanmoins créé pair et baron de Frankley. Depuis cette époque, il s'occupa uniquement de littérature. Il fut l'ami et le protecteur des gens de lettres, notamment de Fielding et de Thompson. Ses ouvrages les plus remarquables sont les Dialogues des morts, 1760 ; l’Histoire de Henri II, précédée de l’Histoire des révolutions d’Angleterre, 1767-1771, et une dissertation sur la Conversion de S. Paul. Ses Œuvres complètes ont été publiées par son neveu G. Ayscough, Londres, 1774, in-4. Il a paru sous son nom des Lettres philosophiques sur l’Histoire d'Angleterre, qui sont de Goldsmith. Lyttleton est surtout estimé pour l'élégance et la pureté de son style.



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