Don Pablo de Ségovie/III

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Traduction par Retif de La Bretonne.
À l’enseigne du pot cassé — Collection Scripta Manent N°45 (p. 30-42).




CHAPITRE III


Comment j’entrai dans une pension, en qualité de

domestique de Don Diégo Coronel.


Don Alonzo résolut de mettre son fils chez un maître de pension, tant pour le déshabituer un peu des douceurs de la maison, que pour s’épargner à lui-même le soin et la peine de l’élever. Informé qu’il y avait à Ségovie un licencié nommé Cabra, qui se chargeait d’élever des jeunes gentilshommes, il y envoya son fils, et moi avec lui, pour l’accompagner et le servir.

Nous entrâmes ainsi le premier dimanche d’après Pâques au pouvoir de la faim la plus canine ; car il n’y a pas de termes assez énergiques pour exprimer jusqu’à quel point Cabra était crapuleusement ladre. C’était un ecclésiastique qu’on aurait pris pour une sarbacane. Il avait la tête petite et les cheveux roux ; c’est tout dire, pour ceux qui savent le proverbe :


Ni chat ni chien de couleur rousse.


Ses yeux étaient si enfoncés, qu’il semblait regarder par des lucarnes profondes et obscures, propres à faire des abat-jour pour des boutiques de marchands. Il avait le nez rongé par certains boutons qu’on aurait pu attribuer au libertinage, si dans ce cas, ils n’avaient dû supposer de la dépense. Sa barbe annonçait par sa couleur la crainte qu’elle avait de la bouche sa voisine, qui, à force d’être affamée, semblait menacer de la dévorer. Il lui manquait je ne sais combien de dents, et je pense que la nature avait exécuté envers elles la loi qui chasse les fainéants et les paresseux. Il avait le cou d’une autruche, et la noix si saillante qu’on eût dit que, forcée par le besoin, elle cherchait à manger. Ses bras étaient secs, ses mains ressemblaient chacune à un fagot de sarments. En le regardant du milieu du corps en bas, on l’aurait pris, à ses deux jambes longues et décharnées, pour une fourchette à deux branches ou pour un compas. Il marchait d’un pas lent, et pour peu qu’il le voulût hâter, ses os faisaient le même bruit que des tablettes de Saint-Lazare. Sa voix était exténuée et sa barbe longue, parce que par une suite d’avarice, il ne la faisait jamais couper. Il alléguait pour raison qu’il détestait si fort de voir les mains d’un barbier sur son visage, qu’il aimerait mieux mourir que d’y consentir. C’était un des enfants pensionnaires qui lui coupait les cheveux.

Les jours qu’il faisait du soleil, il portait un bonnet rongé par les rats et criblé de trous ; on entrevoyait que ce bonnet était de drap, mais il était si chargé de crasse qu’on ne pouvait plus en reconnaître la couleur ni la qualité. Quelques-uns disaient que sa soutane était miraculeuse, parce qu’elle durait toujours et qu’on ne savait pas de quelle couleur elle était. D’autres, la voyant si sale, la prenaient pour une peau de grenouille. Plusieurs lui trouvaient une apparence trompeuse. De près elle paraissait noire, et de loin tirant sur le bleu. Il la portait sans ceinture, et elle n’avait ni col ni poignets. Avec ses cheveux longs et cette soutane mauvaise et courte, on l’aurait cru un valet d’enterrement. Chacun de ses souliers pouvait être le tombeau de Goliath. Il ne souffrait pas une araignée dans sa chambre et il conjurait les rats, de peur que ces insectes ne rongeassent quelques petits morceaux de pain qu’il gardait. Son lit était par terre sur le plancher, et il dormait toujours d’un côté, de peur de trop user les draps. Enfin il était archi-pauvre, et la misère en chausses et en pourpoint. Tel était l’homme sous la direction duquel je me trouvai avec Don Diégo.

Le jour que nous arrivâmes, il nous marqua notre logement, et nous fit un discours en peu de mots, voulant économiser jusqu’aux paroles. Il nous dit ce que nous devions faire. La matinée se passa ainsi jusqu’à l’heure du dîner. Nous allâmes à la table : les maîtres mangeaient les premiers, et nous autres domestiques, nous servions. Le réfectoire était une pièce faite en forme d’un demi-picotin, et cinq gentilshommes étaient assis autour de la table.

Mon premier soin fut de regarder si je ne voyais point de chats, et comme je n’en aperçus aucun, j’en demandai la raison à un ancien domestique qui, par sa maigreur, annonçait ce qu’était la pension. Celui-ci me répondit d’un ton lamentable : « Des chats ! Eh ! qui vous a dit qu’ils soient amis des jeûnes et de la pénitence ? À votre embonpoint on reconnaît facilement que vous êtes ici tout nouveau. » Ce propos commença fort à m’affliger, et je le fus encore plus quand j’eus remarqué que tous ceux qui vivaient dans la pension avant que j’y fusse, étaient effilés comme des alènes. Ils avaient des visages si pâles et si défaits qu’ils semblaient avoir été frottés avec du diachylon.

Le licencié Cabra s’assit et donna la bénédiction. Le repas fut éternel, n’ayant ni commencement ni fin. On servit dans des écuelles de bois un bouillon si clair, qu’en voulant le boire, Narcisse aurait couru plus de dangers qu’à la fontaine. Je considérai avec quelle ardeur des doigts décharnés poursuivaient à la nage un seul pois-chiche qui était au fond des écuelles. À chaque gorgée, Cabra s’écriait : « Il n’y a certainement rien de comparable au pot-au-feu ; que l’on en dise ce que l’on voudra, tout le reste n’est que vice et gourmandise. » En achevant ces mots, il se mit son écuellée de bouillon sur l’estomac ; après quoi il ajouta : « Rien de meilleur pour la santé ! ces mets légers sont admirables pour donner de l’esprit. »

« Qu’un mauvais esprit t’assomme ! » disais-je en moi-même, quand je vis un jeune domestique, très sec et très hâve, portant à la main un plat dans lequel était de la chair qui paraissait avoir été enlevée de dessus ses os. Un seul navet accompagnait ce mets ; et le maître dit : « Quoi ! des navets ! il n’y a pas, selon moi, de perdrix qui leur soit comparable. Mangez, mes enfants, car rien ne me fait tant de plaisir, que de vous voir manger. » Il leur donna en même temps à chacun un si petit morceau de mouton, que ce qui leur en resta aux ongles et entre les dents, consomma, je crois, le tout, et que le ventre fut obligé de s’en passer. Cabra cependant ne cessait de dire en les regardant : « Mangez, mangez, vous êtes jeunes, et je suis charmé de vous voir bon appétit. » Qu’on juge si ce n’était pas là une excellente chère pour des jeunes gens dévorés par la faim !

Ils achevèrent de manger, et il resta sur la table quelques petits morceaux de pain, avec des peaux et des os dans le plat. Alors le maître dit : « Laissons cela pour les domestiques ; il faut aussi qu’ils vivent. D’ailleurs, nous avons tous bien mangé. » – « Que Dieu te punisse, disais-je tout bas, et que la nourriture que tu as prise te serve de poison, infâme avare, qui en veux si fort à nos boyaux ! » – « Mes enfants, cédons la place aux domestiques ; allez vous donner de l’exercice pendant une couple d’heures, pour que votre manger ne vous fasse pas de mal. » Je ne pus alors m’empêcher de lâcher un bruyant éclat de rire, et le maître, qui en fut très offensé, me dit, en récitant trois ou quatre vieilles sentences, d’apprendre à être plus modeste. Après quoi, il s’en fut.

Nous nous assîmes, et comme je vis la table si mal garnie, que mes boyaux criaient justice, et que j’étais le plus âgé et le plus fort, j’attaquai le plat le premier. Tous les autres en firent autant, mais voyant que de trois morceaux de pain, j’en avais avalé deux avec une peau, ils commencèrent à grogner. Cabra vint au bruit, et dit : « Mangez tranquillement, comme des frères, puisque Dieu vous donne de quoi. Point de dispute entre vous : il y a à manger pour tout le monde. » Il retourna ensuite au soleil, et nous laissa seuls.

Je puis protester qu’un d’eux appelé Surre, qui était Biscayen, avait si fort oublié comment et par où l’on mangeait, qu’il porta deux fois à ses yeux une petite croûte de pain qui lui échut, et qu’à peine parvint-il en trois fois à la conduire de la main à la bouche. Je demandai à boire, ce que les autres ne firent pas, parce qu’ils étaient presque à jeûn. On me donna un vase avec de l’eau, mais je l’eus à peine porté à la bouche, que le jeune spectre dont je viens de parler me l’ôta, comme l’on fait quand on présente la coupe après la communion. Je me levai de table, tout consterné de voir que j’étais dans une maison où les boyaux criaient sans pouvoir tirer raison de personne.

Quoique je n’eusse presque pas mangé, je sentis un autre besoin. Je priai un ancien domestique de m’enseigner l’endroit où je pourrais le satisfaire. Mais il me répondit : « Je n’en connais pas ; il n’y a pas de pareil endroit dans cette maison ; pour une seule fois que vous en aurez besoin, pendant que vous serez ici, vous pouvez aller où vous voudrez. Depuis deux mois que je suis dans la pension, je n’ai pas fait une pareille chose, sinon comme vous, le jour où j’y suis entré, pour rendre le souper que j’avais pris la veille chez moi. » Comment pouvoir exposer la tristesse et la peine dont je fus accablé en l’entendant parler ainsi ! Elles furent si grandes, que faisant réflexion sur le peu d’aliment qui devait entrer dans mon corps, je n’osai en rien laisser sortir, quelque envie que j’en eusse.

J’allai trouver Don Diégo et nous causâmes ensemble jusqu’à la nuit. Il me demanda ce qu’il devait faire, pour persuader à son ventre qu’il avait mangé, parce qu’il ne voulait pas le croire. La faim canine régnait dans cette maison comme les indigestions dans d’autres.

L’heure du souper arriva, car le goûter fut en blanc. Nous mangeâmes beaucoup moins, et ce ne fut pas du mouton, mais une bouchée de ce dont le maître portait le nom, c’est-à-dire de chèvre rôtie. Le diable inventa-t-il jamais pareille chose ? « Il est très salubre et très utile, disait ce misérable, de souper légèrement, pour n’avoir pas l’estomac chargé. » Et à cette occasion il citait une légende de médecins infernaux. Il faisait l’éloge de la diète, ajoutant que par là un homme s’épargnait des songes désagréables, comme si, dans sa maison, on eût pu rêver autre chose, sinon que l’on mangeait, vu le besoin que l’on en avait toujours. Ils soupèrent, nous soupâmes tous, et personne ne soupa.

Nous fûmes nous coucher, et nous ne pûmes dormir de toute la nuit, ni Don Diégo ni moi. Don Diégo s’occupa à projeter de se plaindre à son père, et de le prier de le retirer de cette pension, et moi à lui conseiller de le faire. Cependant je lui dis : « Êtes-vous bien assuré d’être en vie ? Je m’imagine qu’on nous a tués dans la bataille des herbières, et qu’à présent nous ne sommes que des âmes qui se trouvent en purgatoire. Cela supposé, ce serait en vain que vous solliciteriez Monsieur votre père de vous retirer d’ici. Il vaudrait mieux tâcher d’engager quelqu’un à réciter des rosaires en satisfaction de nos péchés, et à nous délivrer de nos peines par des messes à un autel privilégié. »

Après nous être entretenus ainsi et avoir dormi un peu, l’heure du lever arriva. Six heures sonnèrent et Cabra appela à la classe. Nous y allâmes et nous entendîmes tous la leçon. Mon corps flottait déjà dans mon pourpoint, mes jambes auraient pu supporter sept autres paires de bas, mes dents étaient couvertes d’une crasse jaunâtre qui annonçait le désespoir et la faim. Il me fallut expliquer aux autres le premier chapitre du rudiment ; mais ma faim était si grande que j’avalais la moitié des mots. On croira tout ceci facilement quand on saura qu’un domestique de Cabra m’a raconté que peu de temps après son arrivée, il avait vu amener à la maison deux beaux chevaux de la Frise qui, au bout de deux jours, étaient devenus si légers qu’ils volaient dans les airs, et qu’en trois heures de temps deux gros mâtins bien pesants y avaient été changés en lévriers. Il ajouta que dans un carême, il vit, durant assez de temps, des personnes dont plusieurs venaient exprès de dehors mettre sur le seuil de la porte de Cabra, les uns leurs pieds ou leurs mains, et d’autres tout le corps, et qu’en ayant un jour demandé la raison, Cabra répondit, d’un air en colère, que ces gens-là avaient tous la gale ou des engelures et que le moyen de s’en guérir était de les mettre dans cette maison, parce qu’alors ces maux mouraient de faim et ne mangeaient plus dans la suite. Il me protesta que c’était la vérité, et moi, qui ai connu la maison, je le crois très fort. Je rapporte ce trait, pour que l’on ne croie pas que j’aie rien exagéré dans tout ce que j’ai dit.

Revenons à la leçon. Cabra nous la donna, et nous l’apprîmes par cœur. Nous continuâmes de vivre de la même manière ; ce crasseux ajouta seulement dans le pot un morceau de lard, sur ce qu’on lui dit un jour je ne sais quoi, qui donnait à entendre qu’on le soupçonnait d’être descendu de race juive. Pour cet effet, il avait une petite boule de fer, percée à jour comme un sablier ; il l’ouvrait, la remplissait de morceaux de lard, puis la refermait et la suspendait dans le pot au bout d’une ficelle, afin de donner par les trous du goût au bouillon et de pouvoir garder le lard pour un autre jour. Dans la suite, il lui parut que cela lui coûtait encore trop ; ainsi il prit le parti de présenter seulement le lard au bord du pot, en le comprimant un peu pour en faire découler quelques gouttes de jus.

Nous vivions ainsi, Dieu sait comment. Enfin, nous nous vîmes, Don Diégo et moi, si fort épuisés, que ne sachant que faire pour avoir à manger, nous cherchâmes, au bout d’un mois, un prétexte pour ne pas nous lever matin. Nous imaginâmes de nous supposer quelque incommodité, mais nous ne parlâmes pas de fièvre, parce que ne l’ayant point, l’imposture aurait été facile à reconnaître. Un mal de tête ou de dents aurait été aussi un faible obstacle. Nous dîmes donc que les boyaux nous faisaient mal et que cela provenait de ce que depuis trois jours nous n’avions pas été à la selle. En prétextant cette incommodité nous nous persuadions que, pour ne pas dépenser deux sous, Cabra ne chercherait pas à nous donner du soulagement. Mais le diable en ordonna tout autrement. Cet homme était fils d’un apothicaire, et avait hérité de lui une recette. Aussi, dès qu’il sut la cause de l’indisposition, il prépara un lavement, appela une vieille tante, âgée de soixante et dix ans, qui lui servait d’infirmière, et lui dit de nous donner de bons clystères.

On commença par Don Diégo, qui ne défit point sa culotte, qu’il avait déjà mise, et la vieille, au lieu de lui insérer le remède dans le corps, le poussa entre la chemise et l’épine du dos jusqu’à l’occiput, de sorte que ce qui devait servir d’émollient en dedans devint un bain pour le dehors. Le jeune homme poussait des cris affreux. Cabra survint, et comme il le vit dans cet état, il ordonna de me donner l’autre remède, en ajoutant qu’on retournerait ensuite à Don Diégo.

Je m’habillais dans ce même moment ; mais cela ne me servit à rien. Cabra et d’autres me tinrent, et la vieille me donna le lavement, qu’en revanche je lui renvoyai tout sur la face. En vain Cabra se fâcha et me menaça de me chasser de chez lui, prétendant qu’on reconnaissait bien que tout cela n’était qu’un jeu de ma part. Je ne fus pas assez heureux pour qu’il me tînt parole.

Nous ne réussîmes pas mieux dans les plaintes que nous portâmes à Don Alonzo. Cabra fit entendre qu’elles ne provenaient que de notre peu d’amour pour l’étude, et par là il les rendit inutiles. Ayant renvoyé son domestique, pour lui avoir trouvé un vendredi matin quelques miettes de pain dans les poches de son habit, il chargea sa vieille tante de faire la cuisine et de servir les enfants. Dieu sait ce que nous eûmes à souffrir avec cette vieille !

Elle était si sourde qu’elle n’entendait que par signes. Elle ne voyait guère mieux, et elle aimait si fort à dire son rosaire qu’un jour il se désenfila sur le pot, sans qu’elle s’en aperçut, de sorte qu’elle nous apporta ensuite le bouillon le plus saint que j’aie jamais pris. Les uns disaient : « Ce sont de gros pois noirs qui viennent sans doute d’Éthiopie. » D’autres : « Ce sont des pois en deuil. Mais quel parent leur est-il mort ? » Un des grains échut par hasard à mon maître, qui voulant le mâcher, se cassa une dent. Les vendredis, elle avait coutume de nous envoyer des œufs si couverts de poils et de ses cheveux blancs, qu’ils auraient pu prétendre à la dignité de corrégidor, ou à la qualité d’avocat. Il lui arrivait très souvent de se servir de la pelle au lieu de la grande cuiller et d’envoyer une écuellée de bouillon pleine de charbons. J’ai trouvé mille fois dans le potage des insectes, de petits morceaux de bois, et de l’étoupe qu’elle filait. J’avalais tout, pour qu’il y eût du moins quelque chose dans mes entrailles, et que cela y fît volume.

Nous souffrîmes toutes ces horreurs jusqu’au carême, à l’entrée duquel un camarade tomba malade. Cabra, pour épargner, négligea si longtemps d’appeler le médecin, qu’enfin le pauvre enfant eut plus besoin de confession que d’autre chose. Alors il fit venir un étudiant en médecine, qui tâta le pouls au malade, et dit que la faim lui avait exempté la peine de tuer ce jeune homme. On apporta le viatique, et le malheureux moribond, qui n’avait pas parlé depuis vingt-quatre heures, ne l’eût pas plutôt aperçu qu’il s’écria : « Mon Seigneur Jésus-Christ ! Il m’a fallu vous voir dans cette maison pour me persuader que ce n’est pas l’enfer. » Paroles qui demeurèrent gravées dans mon cœur. Il mourut, et nous lui fîmes un très petit enterrement, parce que c’était un étranger ; mais nous restâmes saisis d’effroi.

Toute la ville sut ce triste événement, et Don Alonzo en fut instruit. Comme il n’avait point d’autre fils que mon maître, et qu’il ne pouvait plus douter des cruautés de Cabra, il commença à avoir plus d’égard aux plaintes des deux spectres ; car tel était le misérable état où nous étions déjà réduits. Il vint pour nous tirer de la pension, et quoiqu’il nous eût sous ses yeux, il nous demandait encore. Enfin, il nous trouva tels que, sans attendre davantage, il maltraita fort de paroles le licencié Vigile-jeûne, et nous fit transférer à sa maison dans des chaises à porteurs. Nous prîmes congé de nos camarades qui nous suivaient du désir et des yeux, avec le même regret et la même douleur que des captifs à Alger qui voient leurs compagnons rachetés et en liberté.