Encyclopédie méthodique/Economie politique/ANTIGUE ou ANTIGOA

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Panckoucke (1p. 226).

ANTIGUE ou ANTIGOA , isle de l’Amérique septentrionale, une des Antilles. Cette isle , qui n’a' ;; que vingt milles de„long, fui- une largeur considérable , fut trouvée tout-à-fait déserte par le petit nombre de françois qui s’y réfugièrent, lorsqu’en i6"zo ils furenr chassés de - saint Christophe par les Espagnols. Le défaut de sources qui, fans doute, avoit empêché les sauvages de s’y établir ,"" en fit sortir les nouveaux réfugiés, aussi- tôt qu’ils purent regagner leurs premières habitations. Quelques anglois , plus entreprehans que les françois 8c les caraïbes, sc flattèrent de-surmonter ce grand obstacle, èn recueillant dans des citernes Teau "de pluie ; 8c jls s’y fixèrent. On ignore én quelle année précisément fut commencé cet établissement ; mais il est prouyé qu’au mois de janvier 1640, on y voyoit une trentaine de familles. Ge nombre n’étoit guères augmenté, lorsque le lord Willougby, à qui Charles ITvenoit d’accorder Ia propriété d’Antigue, comme son père avoit donné autrefois celle de la Barbàde au comte de Carliste, y fit passer à scs frais, en 1666, Un assez grand nombre d’habitans ; Le tabac, Tindigo, le gingembre , qui seuls les occupoient, ne les auraient vraisemblablement jamais enrichis , £ le colonel Codrington n’eût établi la culture du sucre en 1680 dans.Tifle, qui étoit rentrée au domaine de la nation. CeluL qu’elle produisit d’àbòrd fut noir y acre Sc grossier. OnTe dédaignoit en Angleterre ; Sc il ne trouvoit des débouchés qu’en Hollande 8c dans les villes anséariques, où il ’sc yendpit beaucoup moins que celui des auttes colonies. Un • travail plus ppiniâtre , Tart plus ingénieux que, la nature n’est rébelle/ajoutèrent à ce sucre tout çe qui lui manquoit de perfection Sc de prix- ..-.-, "

On}a tiré autrefois de la colonie d’Antigue^,

de Tindigo’ Sc du gingembre ; mais la culture s’y Wne aujourd’hui au tabac & à la moscovate pu sucre brut. Le-premier article ne forme pas (fêfott polit, & diplomatique. Tome f. un grand objet dans la balance du commerce ; le second peut aller à 16000 bariques par an. Ce sucre est d’aussi bonne qualité que celui des autres colonies angloises, mais il n’approche point du sucre brut de saint Domingue. On assure que cette iste, est susceptible de grandes améliorations. . On Ia divise en cinq paroisses, qui contiennent environ 8000 blancs Sc IOGOO nègres. Les chaleurs y font excessives à cause de la qualité du fol, qui participe beaucoup de la nature du fable. On y manque entièrement d’eau douce. On en fait venir des ifles voisines, La navigation que son commerce occasionne peut être évaluée à 40 ou 50 bâtimens de 20© tonneaux. , ’-_ ,’•. Le gouvernement est le même qu’à la Barbadey 8c les villes principales sont saint Jean , qui est k capitale, Sc Falmouth-. Les anglois soutiennent vivement leurs privilèges contre tout ce qui pourroit y donner atteinte. Lëcolonel Park, un de leurs gouverneurs, fut la victime de ses procédés despotiques, Sc il lui en coûta Ia vie. Les colons sc sont opposés avec autant de chaleur à Texécutión du règlement, que le parlement d’Angleterre avoit fait au sujet des monnoies.

Le port saint Jean est un des plus beaux Sc desplus furs qu’il y ait dans toutes les ifles angloises. - . L’angleterre y a établi ses chantiers 8c ses arsenaux .des ifles ; Sç il a été d’une extrême utilité ’ au gouvernement durant la guerre qui vient de se terminer.