Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Singe et le Dauphin (bilingue)

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LE SINGE ET LE DAUPHIN


C’est la coutume, quand on voyage par mer, d’emmener avec soi de petits chiens de Malte et des singes pour se distraire pendant la traversée. Or donc un homme qui naviguait avait avec lui un singe. Quand on arriva à Sunion, promontoire de l’Attique, une tempête violente se déchaîna. Le navire chavira et tout le monde se sauva à la nage, le singe comme les autres. Un dauphin l’aperçut, et, le prenant pour un homme, il se glissa sous lui, le soutint et le transporta vers la terre ferme. Comme il arrivait au Pirée, entrepôt maritime d’Athènes, il demanda au singe s’il était Athénien. Le singe ayant répondu que oui, et qu’il avait même à Athènes des parents illustres, il lui demanda s’il connaissait aussi le Pirée. Le singe, croyant qu’il voulait parler d’un homme, dit que oui, et que c’était même un de ses intimes amis. Indigné d’un tel mensonge, le dauphin le plongea dans l’eau et le noya.

Cette fable vise les hommes qui, ne connaissant pas la vérité, pensent en faire accroire aux autres.

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Πίθηκος καὶ δελφίς.

Ἔθους ὄντος τοῖς πλέουσι Μελιταῖα κυνίδια καὶ πιθήκους ἐπάγεσθαι πρὸς παραμυθίαν τοῦ πλοῦ, πλέων τις εἶχε σὺν ἑαυτῷ καὶ πίθηκον. Γενομένων δ’ αὐτῶν κατὰ τὸ Σούνιον, τὸ τῆς Ἀττικῆς ἀκρωτήριον, χειμῶνα σφοδρὸν συνέϐη γενέσθαι. Τῆς δὲ νεὼς περιτραπείσης καὶ πάντων διακολυμϐώντων, ἐνήχετο καὶ ὁ πίθηκος. Δελφὶς δέ τις αὐτὸν θεασάμενος καὶ ἄνθρωπον εἶναι ὑπολαϐών, ὑπελθὼν ἀνεῖχε διακομίζων ἐπὶ τὴν χέρσον. Ὡς δὲ κατὰ τὸν Πειραιᾶ ἐγένετο, τὸ τῶν Ἀθηναίων ἐπίνειον, ἐπυνθάνετο τοῦ πιθήκου εἰ τὸ γένος ἐστὶν Ἀθηναῖος. Τοῦ δὲ εἰπόντος καὶ λαμπρῶν ἐνταῦθα τετυχηκέναι γονέων, ἐπανήρετο εἰ καὶ τὸν Πειραιᾶ ἐπίσταται. Ὑπολαϐὼν δὲ ὁ πίθηκος περὶ ἀνθρώπου αὐτὸν λέγειν, ἔφη καὶ μάλα φίλον εἶναι αὐτῷ καὶ συνήθη. Καὶ ὁ δελφὶς ἐπὶ τοσούτῳ ψεύδει ἀγανακτήσας, βαπτίζων αὐτὸν ἀπέκτεινεν.

Ὁ μῦθος πρὸς ἄνδρας οἳ τὴν ἀλήθειαν οὐκ εἰδότες ἀπατᾶν νομίζουσιν.