Henri Cornélis Agrippa/Lettre VI

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VI
Un ami à Agrippa.

Mars 1517.

Seigneur Agrippa, mon bien cher ami, après avoir discuté, mûrement pesé le pour et le contre dans cette affaire, que je désirais si ardemment vous voir traiter auprès du Révérend de Saint-Antoine de Riverie[1], j’ai compris le bien fondé de ce que vous me disiez dans votre dernière lettre, à savoir qu’il n’a aucun pouvoir dans l’église Saint-Antoine de Turin. Il m’eût été pourtant non seulement agréable, mais d’une grande utilité si, par l’entremise de ce Révérend Seigneur et sa recommandation auprès du grand abbé qui peut, dit-on, imposer sa volonté au Chef de cette église, j’eusse pu obtenir la réalisation de mon vœu tel que je vous l’ai exprimé. Puisque nous avons, je le vois, travaillé inutilement, je vous délivre de tout soin à cet égard. Je n’insiste pas pour que le Révérend Seigneur intercède pour moi. Il n’en est pas moins vrai que je lui dois beaucoup de reconnaissance, une reconnaissance si grande que je ne pourrai jamais m’acquitter à son égard, tellement il m’a témoigné de bienveillance. En mon nom, vous le remercierez aussi chaleureusement que vous le pourrez. Quant à vous, je vous dois et veux avoir envers vous une gratitude telle que je ne reculerai devant aucun sacrifice pour vous en fournir la preuve, en même temps que j’estime que vous êtes pour moi le plus honoré et le plus dévoué des frères. Adieu.

Turin, aux ides de mars 1517.

  1. Jean Laurencin, commandeur de Saint-Antoine de Riverie, en Piémont, qui était frère de Ponce Laurencin, commandeur de Saint-Jean de Metz.