Histoire de l’abbaye d’Hautecombe en Savoie/Note 2

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N° 2 (Pages 90 et suiv.)

1° Orthographe au moyen-âge.

L’orthographe n’était point fixée à cette époque. On retranchait, augmentait, transformait les lettres d’un même nom, suivant l’idée du copiste, qui écrivait, du reste, avec un grand nombre de signes abréviatifs. Ajoutons à cela les altérations résultant de l’ignorance ou de l’inadvertance des écrivains, et nous comprendrons combien la langue latine, chargée d’une multitude de mots étrangers plus ou moins barbares, acheva de se corrompre par une orthographe vicieuse ou plutôt par l’absence d’orthographe.

Une des transformations les plus fréquentes était celle du G en V ou W. Ainsi on écrivait : Garinus, Varinus, Wuarinus, etc., ce qui peut se traduire par Garin, Guérin, Varrin ou Vuarin ; — Wilhelmus, Wuillelmus, Villelmus, pour Guillaume ; — Wuy, Wuido, Guido, pour Gui ou Guy.

Souvent aussi le B se changeait en V : Bivianus ou Vivianus que nous traduisons par Bivian, Vivian ou Vivien. — Etc., etc. Nous avons éprouvé une difficulté analogue, à cause de l’orthographe ancienne, quand nous devions suivre la série des faits se rapportant à un même personnage du nom de Godefroi ou Geoffroi. Ce nom, très fréquent parmi les moines du moyen-âge, s’écrivait Godefridus, Gofredus, Gaufridus, etc., et les copistes ne se faisaient nul scrupule d*adopter tantôt une manière, tantôt une autre.

L’e remplaçait ordinairement l’æ et l’œ dans les ancieiu titres concernant la Savoie.

Etc., etc.

Consulter, à ce sujet, les glossaires de Ducange, de Maigne d’Arnis, etc., et les ouvrages de paléographie, entre autres ceux de Chassant.


Des diverses époques où commençait l’année au moyen-âge.


De même que d’une terre à l’autre les poids, les mesures, les monnaies, l’organisation politique, variaient au moyen-âge, de même aussi était différente l’époque où l’on faisait commencer l’année : les uns adoptant la fête de Noël (25 décembre) ; les autres, le fête de la Circoncision (1er jour de janvier) ; ou la fête de l’Annonciation (25 mars) ; ou la fête de Pâques ; ou encore le samedi après la bénédiction des cierges.

Souvent, dans la même ville, à la cour de l’évêque, l’année commençait à une époque, et aux tribunaux laïques, à une autre.

À la Cour de Savoie, dans les xiiie et xive siècles, il paraît que l’année commençait indifféremment tantôt à Noël, tantôt à Pâques. Toutefois, l’usage généralement suivi dans la province de Savoie était de faire commencer l’année à Noël.

Dans le Chablais, le Bas-Valais, le pays de Vaud, elle commençait ordinairement à Pâques ; — dans les vallées de Suse et d’Aoste, à Noël, et c’était aussi le système suivi communément en Piémont. Malgré cette diversité de systèmes, le 1er janvier, adopté du temps des Romains pour le premier jour de l’année civile, était encore assez universellement considéré comme tel au moyen-âge, bien que les chrétiens, en souvenir des augustes mystères de leur foi, reportassent souvent le début de l’année à Noël ou à Pâques. La Cour de Rome la faisait le plus ordinairement commencer à Noël.

En France, on avait adopté, au contraire, la fête de Pâques. L’Ég1ise de Genève avait suivi le même système jusqu’en 1305, où Aymon du Quart ordonna qu’elle commencerait dorénavant à Noël.

(Voir Cibrario, Storia di Savoia, t. Il, in fine. — Blavignac, Études sur Genève.)