Histoire des Abénakis/1/07

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CHAPITRE SEPTIÈME.

les abénakis et les p. p. jésuites.

1611-1613.


En 1611, Poutrincourt fut forcé, par Marie de Médicis, d’admettre des Jésuites en Acadie. Ses associés, qui étaient huguenots, ne voulant pas y consentir, se retirèrent de la société. Ils furent remplacés par la Marquise de Guercheville, qui prit la mission de l’Acadie sous sa protection. La Marquise reçut de Marie de Médicis des secours assez considérables pour l’établissement de cette mission. Elle acheta de M. de Monts ses droits sur l’Acadie, et bientôt après, elle força de Biencourt, fils de Poutrincourt, de conclure avec elle un marché fort avantageux pour les missionnaires[1].

Quelques uns ont prétendu que la Marquise de Guercheville avait trop suivi, en cette occasion, les mouvements de sa générosité, et que les avantages accordés aux missionnaires n’étaient propres qu’à arrêter les progrès de la colonie. M. de Champlain, qui connaissait mieux que tout autre les affaires de l’Acadie, n’est pas de même avis. Il justifie la Marquise au sujet de ce traité, et ajoute : « C’est ce contrat d’association qui a fait tant semer de bruits, de plaintes et de crieries contre les P. P. Jésuites, qui en cela et en toutes autres choses se sont équitablement gouvernés selon Dieu et la raison, à la honte et confusion de leurs envieux et médisans »[2].

Les P. P. Pierre Biard et Enemond Masse furent choisis pour cette mission. Ils partirent de France, le 26 Janvier 1611, et arrivèrent à Port-Royal, le 22 Mai. Le principal but de leur voyage était la conversion des sauvages.

Bancroft dit que « l’arrivée des Jésuites en Acadie fut signalée par un grand nombre de conversions parmi les sauvages »[3]. Ces sauvages étaient préparés à recevoir l’instruction religieuse et ils la désiraient ardemment. Aussi, ils reçurent les Pères avec la plus grande joie, et les écoutèrent attentivement. Dès la première année, beaucoup d’entr’eux embrassèrent la vérité, et plusieurs furent baptisés, lorsque les Pères les jugeaient en danger de mort[4]. De toutes les parties de l’Acadie, les sauvages se rendaient auprès des missionnaires pour se faire instruire. Le P. Biard alla, avec de Biencourt, à la rivière Sainte-Croix, pour y visiter les sauvages. Il n’y séjourna que peu de temps. À son retour à Port-Royal, il trouva, dans sa propre demeure, le Chef Membertou, qui était dangereusement malade. Le P. Masse avait installé le malade chez lui, afin de pouvoir le soigner plus facilement. Ce Chef mourut dans d’excellentes dispositions, quelques jours après l’arrivée du P. Biard[5].

Au mois d’Octobre de la même année, le P. Biard partit pour la rivière Saint-Jean, avec de Biencourt, onze Français et deux Etchmins, qui devaient lui servir de guides et d’interprètes. Il s’arrêta sur une petite île, située à l’embouchure de la rivière Saint-Jean, et y dit la messe. Il visita un peu les Abénakis de cet endroit, puis il se dirigea vers la rivière Kénébec[6], où il arriva à la fin d’Octobre. Il remonta cette rivière environ neuf milles, puis il retourna sur ses pas, et alla camper sur un ilôt, situé à l’embouchure de la rivière, où il dit la messe.

À l’arrivée des Français, les sauvages de Kénébec se réunirent en grand nombre, pour aller à leur rencontre. Les Français, pensant d’abord que les sauvages avaient quelque dessein hostile, furent sur le point de faire feu sur eux ; mais les Chefs, s’appercevant de ce malentendu, leur firent aussitôt comprendre qu’ils ne venaient que pour leur faire une bienveillante réception et les traiter comme des amis, qu’ils avaient entendu parler de leur bonté à l’égard des sauvages, et que pour cela ils les aimaient déjà[7].

Les sauvages racontèrent au missionnaire qu’en 1608 et 1609, ils avaient chassé les Anglais, qui avaient tenté de s’établir parmi eux, parcequ’ils en avaient reçu de mauvais traitements. Ils lui dirent que ces étrangers leur fermaient leurs portes, les chassaient de leurs maisons à coups de bâtons, et les faisaient mordre par leurs chiens[8].

Le P. Biard reconnut bien vite que ces sauvages n’étaient pas méchants, et qu’ils montraient de bonnes dispositions à embrasser la religion chrétienne. Il alla les visiter plusieurs fois, leur donna quelques instructions, qu’il leur fit interpréter par l’un de ses guides, et leur distribua des images et autres objets de dévotion[9].

Les sauvages écoutèrent le missionnaire avec la plus grande attention, et reçurent ces objets de dévotion avec les plus grandes marques de joie. Ils répétaient à leurs enfants ce qu’ils avaient entendu, et leur faisaient faire le signe de la croix[10].

Le P. Biard ne demeura à Kénébec que jusqu’au 5 Novembre. Il avait d’abord eu l’intention de se rendre chez les Armouchiquois ; mais comme la saison était déjà avancée, il fut forcé de retourner sur ses pas et de se diriger vers Port-Royal.

Il arrêta, en passant, à la rivière Pentagoët, où il trouva environ 300 sauvages qui l’attendaient. Son passage chez les Abénakis de Pentagoët fut marqué par une guérison miraculeuse, que nous allons rapporter.

Il y avait alors plusieurs malades, parmi ces sauvages. Le Père alla les visiter. Il en trouva un qui lui parut sur le point d’expirer. Ce malade ne parlait plus, et les sauvages attendaient son dernier soupir d’un instant à l’autre. Il le baptisa et le résigna à la mort. Il pria sur lui, puis lui suspendit au cou une petite croix, en lui faisant comprendre le secours qu’il pourrait recevoir de Dieu, par le moyen de cette croix. Le lendemain, il fut fort étonné de voir arriver à sa barque ce pauvre sauvage complètement guéri, tandis qu’il le croyait mort. Ce bon sauvage portait sa petite croix sur sa poitrine, avec une joie indicible[11].

Les Français furent reçus partout si cordialement par les Abénakis qu’ils s’aperçurent dès lors qu’ils auraient dans cette nation une barrière contre des voisins trop entreprenants, qui voudraient envahir leur colonie[12].

Quelques mois après le retour du P. Biard à Port-Royal, le P. Masse partit pour aller visiter et instruire les sauvages de la rivière Saint-Jean. Il était accompagné de Louis Membertou, fils du Chef mort à Port-Royal l’été précédent[13].

Des maladies et une affreuse disette règnaient alors parmi les sauvages de cet endroit. Le Père y souffrit tellement, par les jeûnes prolongés et par toutes sortes de misères, qu’il tomba bientôt dangereusement malade. Alors, Membertou, fort inquiété du danger où se trouvait le missionnaire, alla le voir, et lui dit : « Écoute, Père, tu vas mourir, je le devine. Écris donc à Biencourt et à ton frère que tu es mort de maladie, et que nous ne t’avons pas tué. — Je ne le ferai pas, » reprit le missionnaire en riant, « car tu me tuerais peut-être lorsque tu aurais cette lettre en ta possession. — Eh bien, dit le sauvage, prie donc Jésus qu’il t’accorde ta guérison, afin qu’on ne nous accuse pas de t’avoir fait mourir » [14].

Le Père recouvra la santé, et retourna à Port-Royal, après avoir passé plusieurs mois à la rivière Saint-Jean.

Tandis que les P. P. Jésuites travaillaient activement à la conversion des sauvages, de graves dissensions éclatèrent entre Poutrincourt et la Marquise de Guercheville. Poutrincourt, aveuglé par ses préjugés contre les Jésuites, porta de fausses accusations contr’eux, surtout contre le Frère Gilbert du Thet, qui était venu en Acadie et était retourné de suite en France. Le Frère Jésuite se défendit et se justifia complètement, et Poutrincourt fut convaincu d’imposture. Alors, la Marquise de Guercheville, irritée de l’injuste conduite de son associé, se retira de la société, et songea à former un nouvel établissement en Acadie[15].

Voici quelle était la principale cause du mécontentement de Poutrincourt contre les Jésuites. Il aurait voulu porter en France une longue liste de sauvages baptisés, et il s’était imaginé que les Jésuites s’empresseraient de baptiser tous ceux qui se présenteraient. Mais ces religieux avaient vis-à-vis des sauvages des idées bien différentes de celles de M. Fléché. Ils savaient qu’on ne devait pas trop se fier à leurs promesses ; et la mauvaise conduite de ceux qui avait été baptisés trop vite les confirmait dans leur opinion. Ils crurent donc qu’il était prudent de les éprouver beaucoup avant de les admettre au baptême. Poutrincourt, fort désappointé, conçut de la mauvaise humeur de ce retard. Lescarbot lui-même parait croire que les Pères auraient dû être plus tolérants. « Les sauvages », dit-il, « ayant par la liberté naturelle l’usage de la polygamie, c’est-à-dire, de plusieurs femmes, ainsi qu’aux premiers siècles de la naissance et renaissance du monde, ils les ont d’abord voulu réduire à la monogamie, chose qui ne se pouvait faire sans beaucoup de scandale à ces peuples, ainsi qu’il est arrivé. Fallait que cela fût venu de gré à gré, ou autrement laisser les choses en l’état qu’elles se trouvaient, par une tolérance telle que Dieu l’avait eue envers les anciens frères, auxquels la polygamie n’est en nul lieu blâmée ni tournée à vice »[16].

Les P. P. Jésuites étaient trop éclairés et trop attachés à leur devoir pour se laisser influencer par ce faux raisonnement, et autres semblables, que leur faisait Poutrincourt. Ils reconnurent de suite que ces raisonnements n’étaient pas catholiques ; et, comme il n’est pas permis de transiger avec l’erreur, ils persévérérent dans leur manière d’agir à l’égard des sauvages, sans s’occuper du mécontentement de Poutrincourt.

La Marquise de Guercheville fut approuvée dans son projet de former en Acadie un nouvel établissement pour la conversion des sauvages. En 1613, aidée de Marie de Médicis, elle équipa un vaisseau, qui fut mis sous le commandement de la Saussaye. Alors, le P. Claude Quentin et le Frère Gilbert du Thet furent choisis pour être envoyés en Acadie.

La Saussaye partit de Honfleurle 21 Mars, et arriva à la Hève le 16 Mai[17]. Le P. Quentin y célébra la messe et y éleva une croix, sur laquelle il apposa les armoiries de la Marquise de Guercheville. De là, on se rendit à Port-Royal.

La Saussaye avait ordre de prendre avec lui les Jésuites, qui y résidaient, et de se rendre à la rivière Pentagoët, où l’on devait faire le nouvel établissement. Après avoir été retenu cinq jours à Port-Royal par les vents contraires, il fit voile vers cette rivière ; mais, une forte brume l’ayant empêché de s’y rendre, il alla jeter l’ancre à une île, que les Abénakis appelaient « Pemhajik »[18].

Dès que les sauvages aperçurent le vaisseau français, ils firent une grande fumée, pour signifier que les étrangers étaient les bien-venus, et qu’ils pouvaient aller à eux, s’ils avaient besoin de leurs services[19]. Aussitôt qu’ils eurent appris que les P. P. Jésuites étaient dans ce vaisseau, ils allèrent les supplier d’aller s’établir chez eux. Ils avaient déjà vu le P. Biard, lors de son voyage à la rivière Kénébec, et ils le considéraient comme un envoyé du ciel. Aussi, manifestèrent-ils la plus grande joie en le revoyant. « Il faut que tu restes avec nous, » lui dirent-ils ; « de plus, il faut que tu viennes de suite voir notre Chef Asticou »[20], « qui est bien malade. Si tu ne viens pas, il mourra sans baptême, et n’ira pas au ciel. Tu en seras la cause car pour lui, il voudrait bien être baptisé »[21]. Le Père alla visiter ce Chef, qui était à une distance d’environ neuf milles, et examina en même temps le terrain où on l’invitait à s’établir. Revenant de visiter le malade, il entendit de loin des cris et des lamentations, et fut bientôt informé, par un jeune sauvage qu’il rencontra, que ces cris étaient l’expression de la douleur des sauvages à la vue d’un enfant, qui était sur le point de mourir[22]. « Coursvite, » dit le jeune homme, « afin de baptiser cet enfant, car dans quelques instants il sera mort[23]. Le missionnaire se rendit auprès des sauvages, qu’il trouva réunis en grand nombre. L’enfant, à demi mort, était entre les bras de son père, qui poussait des cris affreux chaque fois que son petit malade faisait entendre une plainte, et les Sauvages faisaient chorus aux cris de douleur de ce père affligé. Touché de compassion à la vue d’une scène à la fois si horrible et si déchirante, le missionnaire fit apporter l’enfant et le baptisa. Les convulsions cessèrent aussitôt, et le malade fut parfaitement guéri. Le Père profita de cette circonstance pour adresser quelques paroles aux sauvages, puis il leur ordonna de se retirer dans leurs wiguams[24].

Les P. P. Jésuites ayant trouvé cet endroit propre à leur établissement et croyant que Dieu les y appelait, cédèrent aux pressantes invitations des sauvages et y débarquèrent. Le premier ouvrage qu’ils y firent fut l’érection d’une croix. La Saussaye commença de suite son établissement, qu’il appela Saint-Sauveur.

Les Abénakis, qui avaient une grande vénération pour les P. P. Jésuites, surtout pour le P. Biard[25], parurent alors au comble de la joie. Ils venaient de toutes parts auprès des Pères et demandaient à être instruits dans la religion des Français. Chaque jour, ils se réunissaient, soir et matin, au pied de la croix pour prier[26]. Bancroft dit à cette occasion « que la France et la religion de Rome avaient envahi le sol du Maine »[27].

Le principal but de cet établissement étant la conversion des sauvages, il est facile de comprendre que tout alla bien d’abord. Les succès dépassaient même les espérances, lorsqu’un malheur inattendu vint ruiner l’établissement.

Les Anglais prétendirent qu’ils avaient des droits sur le territoire de Saint-Sauveur, et les Français soutinrent le contraire. Alors, le capitaine Argall, de la Virginie, voulant trancher la question, résolut, de lui-même, d’aller détruire l’établissement français. Il se dirigea donc dans ce but vers les Monts-Déserts, avec un vaisseau de quatorze canons ; mais, ayant été dérangé dans sa route par une forte brume, il ne put s’y rendre directement. Quelques Abénakis, ayant rencontré ce vaisseau en mer, se dirigèrent vers lui, croyant qu’il portait des Français. Argall s’informa d’eux si les Français étaient en grand nombre à Saint-Sauveur, et si leur vaisseau était bien grand. La réponse des sauvages parut lui causer beaucoup de joie. Alors, l’un d’eux consentit à le conduire chez les Français, croyant toujours qu’il était un ami des P. P. Jésuites. Cet Abénakis ne s’aperçut qu’il avait été trompé que lorsqu’Argall se prépara à attaquer Saint-Sauveur. Alors, il abandonna les Anglais, pleurant amèrement sa faute involontaire et maudissant ceux qui l’avaient ainsi trompé. Les sauvages, croyant qu’il avait agi par malice, s’irritèrent contre lui et voulurent venger le malheur des Français par sa mort ; mais il fut sauvé par la protection des missionnaires[28].

Argall arriva tout-à-coup devant Saint-Sauveur. Les habitants, qui n’étaient pas préparés à la défense, furent épouvantés à la vue de ce vaisseau, qu’ils prirent pour un corsaire.

Le Frère Gilbert du Thet, voulant se mettre en défense, fut tué par un coup de mousquet. Il mourut comme il le désirait ; car, en partant de France pour l’Acadie, il avait demandé à Dieu, comme une grâce spéciale, de mourir en travaillant à la conquête des âmes et au salut des sauvages. Il fut inhumé au pied de la croix, plantée par les P. P. Jésuites quelques mois auparavant[29].

Les Anglais pillèrent et détruisirent complètement l’établissement français. Après cet acte de piraterie, Argall proposa aux Français de le suivre à Jamestown, leur promettant qu’ils y seraient bien traités, et que, plus tard, ils seraient rendus à leur pays. Les P. P. Biard et Quentin et douze hommes se décidèrent à aller en Virginie. Les autres Français, ainsi que le P. Masse et la Saussaye, purent repasser en France.

Les P. P. Biard et Quentin, ainsi que les autres prisonniers, furent traités à Jamestown comme des pirates. Ils furent condamnés à mort, et jetés en prison[30]. Argall eut beau représenter au Gouverneur qu’il leur avait donné sa parole qu’ils seraient bien traités, qu’ils demeureraient libres, et qu’ils ne s’étaient rendus à lui qu’à cette condition, celui-ci lui répondit que, puisque la Saussaye n’était pas muni d’une commission, il ne pouvait se dispenser de regarder ces gens comme des pirates. Alors, Argall, pour sauver la vie des prisonniers, se vit dans l’obligation d’avouer la supercherie qu’il avait commise. Il déclara qu’il s’était emparé des papiers de la Saussaye, parmi lesquels était une commission du roi de France, qui l’autorisait à faire un nouvel établissement à la rivière Pentagoët. Ainsi, il racheta la vie des prisonniers français au prix de la confusion que lui causa un tel aveu [31].

Cependant, les Anglais ne s’en tinrent pas à ce premier exploit, et résolurent de détruire Port-Royal. Trois vaisseaux furent mis sous le commandement d’Argall, qui partit de suite pour cette expédition, emmenant les deux Jésuites et les prisonniers français[32]. Il se rendit d’abord à Saint-Sauveur, y abattit la croix plantée par les P. P. Jésuites, et en érigea une autre, sur laquelle il grava le nom du roi d’Angleterre[33]. De là, il se dirigea vers la rivière Sainte-Croix, pour aller détruire ce qui restait de l’ancien établissement de M. de Monts. Comme il ne connaissait pas cette route, il voulut se faire conduire par le P. Biard ; mais celui-ci s’y refusa, ce qui lui causa des mauvais traitements. On le menaça même de la mort[34]. Cependant, Argall, après beaucoup de détours et se guidant sur des cartes qu’il avait trouvées parmi les papiers de la Saussaye, put se rendre à l’ancien établissement de M. de Monts, et détruisit ce qui en restait[35].

Il ignorait aussi la route de Port-Royal ; alors, il s’adressa aux sauvages pour s’y faire conduire ; ceux-ci s’y refusèrent d’abord, mais, à force de promesses et de menaces, il parvint à engager l’un d’eux à y consentir.

Les habitants de Port-Royal étaient alors absents. Argall s’empara du fort sans combat, le pilla et le réduisit en cendres[36].

Poutrincourt, complètement ruiné par cette dernière perte, se retira en France pour ne plus revenir en Acadie, et les malheureux habitants de Port-Royal se réfugièrent parmi les sauvages[37].

Après cette expédition, le vaisseau qui portait les P. P. Jésuites ne put se rendre à la Virginie ; une furieuse tempête l’ayant poussé loin dans l’Océan, il passa en Angleterre. Bientôt, sur la demande de l’ambassadeur de France, M. de Biseau, les P. P. Jésuites furent mis en liberté, et retournèrent en France[38].

Bientôt, la nouvelle des malheurs des Français se répandit parmi les sauvages. Ces actes de piraterie, commis en pleine paix, augmentèrent leur haine contre les Anglais. Le malheur de leurs amis les affligea profondément, et le départ des P. P. Jésuites leur parut comme une grande calamité pour eux.

C’est ainsi que fut ruinée la première mission établie chez les Abénakis.


  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 191.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 191, 192.
  3. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I. 22,
  4. Relation du P. Biard, 1611, 21-24.
  5. Relation du P. Biard. 1611. 33.
  6. Les Français appelaient celle rivière « Kinibequi » ou « Canibequi » (le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France, vol. I. 203) mots qui viennent évidemment de « Kanibesek, » chemin qui conduit au lac, nom que les Abénakis donnaient à cette rivière.
  7. Relation du P. Biard. 1611. 36.
  8. Idem. 1611. 27.
  9. Idem 1611.37.
  10. Relation du P. Biard. 1611. 37.
  11. Relation du P. Biard. 1611. 44, 63.
  12. Le P. de Charlevoix. Hist. Générale de la N. France. Vol I. 203.
  13. Relation du P. Biard. 1611, 40.
  14. Relation du P. Biard. 1611. 21.
  15. Relation du P. Biard. 1611. 26-28.
  16. L’Abbé J. B. A. Ferland. Hist. du Canada, 1ère partie. 82.

    Relation du P. Biard. 1611. 21-24.

  17. Relation du P. Biard. 1611. 44.

    Le P. de Charlevoix dit que ce vaisseau arriva à la Hève le 6 Mai (Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 206.)

  18. « Pemhajik » est un mot abénakis, qui veut dire, « ceux où celles qui continuent ». De cet endroit, à la rivière Pentagoët (Penobecot) l’on rencontre une grande quantité d’îles, et ce n’est pour ainsi dire qu’une continuation d’îles, dont celle que les sauvages appelaient « Pemhajik » est la plus considérable. C’est pour cela que les sauvages l’avaient ainsi nommée, voulant dire : « c’est la tête de toutes les îles qui continuent ». De Pemhajik les Français firent le mot « Pemetik » (Relation du P. Biard. 1611. 44). Champlain appela cette île « Monts-Déserts, » parceque la terre en était tellement aride qu’on n’y voyait presque pas de végétation.
  19. Relation du P. Biard. 1611. 45.
  20. Ce mot vient de l’Algonquin et signifie « caribou. »
  21. Relation du P. Biard. 1611. 45.
  22. Les Abénakis manifestaient toujours une profonde douleur à la mort d’un enfant. Les parente étaient inconsolables. La cause de cette grande douleur était que ces sauvages croyaient qu’un enfant était malheureux dans l’autre monde, parcequ’il était trop jeune et trop faible pour s’y procurer lui-même les choses nécessaires.
  23. Relation du P. Biard. 1611. 64.
  24. Idem. 1611, 64.
  25. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I. 22.

    Le P. Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I 210.

  26. Relation du P. Biard. 1611. 45.
  27. Bancroft. Hist. of the. U. S. Vol. I. 22.
  28. Relation du P. Biard. 1611, 46.
  29. Relation du P. Biard. 1611. 47.
  30. Relation du P. Biard. 1611. 52.
  31. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 214.
  32. Relation du P. Biard. 1611. 53.

    Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 214.

  33. Relation du P. Biard. 1611. 53.
  34. Relation du P. Briard. 1611 53.

    Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 214.

  35. Idem 1611. — Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France, Vol. 214.
  36. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 214.
  37. E. Rameau. Acadiens et Canadiens, 1re partie. 21.

    Garneau. Hist. du Canada. Vol. I. 49

  38. Relation du P. Briard. 1611. 60.

    Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 216.