Histoire naturelle générale et théorie du ciel/Troisième partie/Chapitre unique

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APPENDICE

SUR LES HABITANTS DES ASTRES.


Convaincu que ce serait dégrader le caractère de la Science que de la faire servir à revêtir à la légère d’un semblant de vraisemblance les folles divagations de l’esprit, affirmât-on en même temps que ce que l’on en fait n’est que pour se divertir, je n’introduirai dans la recherche actuelle d’autres propositions que celles qui peuvent réellement contribuer à l’avancement de nos connaissances et qui paraissent en même temps si bien fondées en vraisemblance, qu’on puisse difficilement se refuser à en reconnaître la valeur.

Bien qu’il puisse paraître que, dans un tel sujet, il n’y ait aucune limite nécessaire au libre essor de l’imagination ; que, lorsqu’il s’agit de définir les propriétés des habitants des mondes lointains, on ait le droit de lâcher la bride à la fantaisie, avec plus d’abandon même que le peintre qui veut figurer les plantes et les animaux de terres inconnues, et que tout ce qu’on voudra penser de ces habitants ne puisse être ni démontré ni contredit ; pourtant faut-il avouer que, de la distance des astres au Soleil, naissent certains rapports qui exercent une influence essentielle sur les facultés des êtres pensants qui y sont placés ; car leur mode d’agir et de sentir est lié aux propriétés de la matière à laquelle ils sont enchaînés et dépend de l’intensité des impressions qu’éveille en eux le monde qu’ils habitent, en raison de ses relations de position avec le point central de l’attraction et de la chaleur.

Mon opinion est qu’il n’est pas absolument nécessaire de croire que toutes les planètes sont habitées, quoiqu’il soit absurde de le nier pour toutes ou du moins pour le plus grand nombre d’entre elles. Dans la splendeur de l’Univers, où chaque monde et chaque système de monde n’est qu’un grain de poussière auprès de l’ensemble de la création, il peut bien exister des régions désertes et inhabitées, qui ne sont pas utilisées d’une manière nécessaire pour le but que la Nature se propose en général, l’entretien d’êtres raisonnables. Le nier serait comme si l’on voulait se fonder sur la sagesse de Dieu pour refuser d’admettre que des déserts sablonneux et inhabités couvrent une grande portion de la surface de la Terre, et qu’il existe dans l’étendue des mers des îles abandonnées où ne se trouve pas un homme. Et pourtant une planète est bien moindre auprès de l’immensité de la création, que ne l’est un désert ou une île auprès de la surface de la Terre.

Il se peut que tous les astres du ciel ne soient pas encore complètement formés ; des centaines, des milliers d’années doivent s’écouler avant qu’un grand corps céleste ait atteint l’état de solidité des matériaux qui le composent. Jupiter semble bien être encore dans cet état de transition. Les variations qu’on a observées dans sa forme, à diverses époques, ont depuis longtemps donné à penser aux astronomes que cette planète doit être le théâtre de violentes convulsions, et que sa surface est bien loin d’offrir la tranquillité nécessaire à une planète habitable. N’eût-elle point d’habitants, et ne dût-elle jamais en avoir, elle ne serait après tout qu’une dépense de la nature infiniment petite auprès de l’immensité de l’ensemble de la création. Et la nature ne ferait-elle pas bien plutôt preuve d’indigence que de prodigalité, si elle devait être si soucieuse de ne laisser aucun point de l’espace sans y étaler toutes ses richesses ?

Mais il est certainement plus satisfaisant de penser que si Jupiter n’est pas habité aujourd’hui, il le deviendra pourtant un jour, lorsque sera achevée la période de sa formation. Peut-être notre Terre a-t-elle existé pendant des milliers d’années et plus encore, avant de se trouver prête à recevoir des hommes, des animaux et des plantes. Qu’une planète n’arrive à cet entier développement que plusieurs milliers d’années après la Terre, elle n’en remplira pas moins le but de son existence. Il en résultera seulement que, dans l’avenir, elle conservera plus longtemps son état de planète parfaite, quand une fois elle l’aura atteint. Car c’est une loi tout à fait générale de la nature, que tout ce qui a eu un commencement marche incessamment vers son déclin, et se rapproche d’autant plus de sa fin qu’il s’éloigne davantage de son point d’origine.

Je citerai volontiers ici la boutade satirique d’un spirituel écrivain de la Haye, qui, après avoir passé en revue les nouvelles générales des Sciences, exposait plaisamment l’hypothèse de l’habitation nécessaire de tous les astres. « Les créatures, disait-il, qui habitaient les broussailles de la tête d’un gueux s’étaient habituées à regarder leur demeure comme une sphère immense, et à se considérer elles-mêmes comme le chef-d’œuvre de la création ; lorsqu’un jour une d’entre elles, que le ciel avait douée d’un esprit plus fin que les autres, un petit Fontenelle de son espèce, aperçut à l’improviste la tête d’un gentilhomme. Aussitôt elle rassemble les fortes têtes de son quartier et, d’un ton convaincu, leur dit : Nous ne sommes pas les seuls êtres vivants de la nature : voyez, voici un nouveau monde, sur lequel il y a encore plus de poux que chez nous. » Cette conclusion fait rire ; et pourtant le raisonnement de cet insecte ne diffère pas beaucoup de celui des hommes et repose sur des motifs tout semblables. Mais l’erreur nous paraît plus excusable de notre part que de la sienne.

Et pourtant examinons les choses sans prévention. Cet insecte d’abord ne me paraît pas mal choisi comme terme de comparaison ; par ses mœurs et le dégoût qu’il inspire, il représente très bien une classe d’hommes trop nombreuse. Parce que, dans son esprit, la nature est infiniment intéressée à son existence, il tient tout le reste de la création pour négligeable, dès qu’elle n’a pas son espèce comme but unique et direct. L’homme, placé lui aussi infiniment au-dessous de l’essence des Êtres supérieurs, n’est pas moins ridicule lorsque sa vanité se complaît dans la pensée de la nécessité de son existence. L’infini de la création comprend en soi, au même degré de nécessité, toutes les créatures que produit sa surabondante richesse. Depuis la classe la plus sublime des êtres pensants jusqu’au plus vil insecte, aucun membre n’est indifférent ; aucun ne pourrait manquer sans altérer la beauté de l’ensemble, qui a sa source dans l’enchaînement des êtres. Tout cet ensemble est réglé par des lois générales que la nature réalise par la combinaison des forces qui lui ont été primitivement imprimées. Puisqu’elle manifeste dans toute sa manière de faire l’ordre et la convenance la plus parfaite, il ne se peut qu’une intention isolée vienne interrompre sa marche régulière. À sa première formation, la naissance d’une planète n’a été qu’un produit presque insignifiant de sa fécondité ; et dès lors il serait absurde que ses lois si bien établies ne dussent servir qu’à l’avantage particulier de cet atome. Si les propriétés d’un astre opposent des obstacles naturels à son peuplement, il restera inhabité, bien qu’il eût été mieux en soi qu’il eût des habitants. La magnificence de la création n’y perd rien, car le caractère de l’infini est de ne diminuer en rien par la soustraction d’une quantité finie. Ce serait comme si l’on voulait se plaindre de ce que l’espace entre Mars et Jupiter reste inutilement vide et n’est peuplé que de comètes, qui n’ont pas d’habitants. En fait, l’insecte de tout à l’heure peut nous paraître aussi infime qu’on voudra : la nature est certainement plus intéressée à la conservation de son espèce entière qu’à l’existence possible sur quelque région déserte d’un petit nombre de créatures plus excellentes, dont il existe ailleurs un nombre infini. Par cette raison qu’elle est inépuisable dans la production de ces deux espèces de créatures, elle abandonne sans souci leur conservation et leur mort à l’action des lois générales. Le propriétaire de ces forêts habitées qui ornent la tête d’un mendiant a-t-il jamais fait parmi les membres de cette colonie de plus grands massacres que n’en a fait le fils de Philippe parmi ses concitoyens, lorsque son mauvais génie lui eut mis en tête que le monde n’avait été créé que pour son bon plaisir ?

Il n’en est pas moins vrai que la plupart des planètes sont certainement habitées et que celles qui ne le sont pas le deviendront un jour. Comment varient maintenant les caractères des habitants de ces astres, suivant la position de leur demeure dans le monde relativement au centre du système, d’où émane la chaleur qui vivifie tout ? Il est bien certain que cette chaleur, agissant diversement sur les matériaux de ces astres en proportion de la distance, établit entre leurs propriétés des rapports déterminés. L’homme, qui, de toutes les créatures raisonnables, est celle que nous connaissons le mieux, quoique sa nature intime soit encore pour nous un mystère insondable, doit nous servir de base et de point de repère général pour cette comparaison. Nous n’avons pas d’ailleurs à le considérer ici au point de vue de ses propriétés morales ni même de sa conformation physique ; nous avons seulement à voir jusqu’à quel point et comment la faculté de penser raisonnablement et le mouvement de son corps obéissant à la pensée sont limités par les propriétés de la matière à laquelle l’homme est uni, propriétés qui sont elles-mêmes en relation avec la distance au Soleil. En dépit de l’infinie distance qu’il faut reconnaître entre la force pensante et le mouvement de la matière, entre le corps et l’âme douée de raison, il est pourtant bien certain que l’homme, qui tire toutes ses connaissances et ses idées des impressions que l’Univers éveille en son âme par l’intermédiaire du corps, dépend entièrement, aussi bien au point de vue de la clarté de ces impressions que de la promptitude à les réunir et à les comparer, que l’on appelle la faculté de penser, des propriétés de la matière à laquelle le Créateur l’a enchaîné.

L’homme est bâti pour recevoir les impressions et les émotions que le monde doit éveiller en lui, par l’intermédiaire du corps, qui est la partie visible de son être, et dont la matière non seulement sert à imprimer à l’âme invisible qui habite en lui les premières connaissances des objets extérieurs, mais aussi intervient inévitablement dans ce commerce intérieur qui consiste à répondre aux impressions et à les combiner, en un mot dans l’acte de la pensée[1]. À mesure que son corps se développe, les facultés de sa nature pensante atteignent le degré correspondant de perfection, et elles n’arrivent à tout leur épanouissement normal et viril que lorsque les fibres de son organisme ont acquis la solidité et la durée qui caractérisent leur complète formation. On voit d’abord se développer en lui les facultés par lesquelles il peut suffire aux exigences auxquelles le soumet sa dépendance des choses extérieures. Il est des hommes qui restent à ce premier degré de développement. La faculté de combiner des connaissances abstraites, et de dominer par un libre emploi de l’intelligence les inclinations des passions, apparaît plus tard dans la vie, chez quelques-uns jamais ; chez tous elle reste faible, à l’avantage des forces inférieures, sur lesquelles l’intelligence au contraire devrait dominer et dont l’asservissement constitue la perfection de la nature humaine. Si l’on considère la vie de la plupart des hommes, cette créature semble avoir été faite pour vivre à la façon d’une plante, aspirer les sucs nourriciers, croître, se reproduire et finalement vieillir et mourir. De toutes les créatures, c’est l’homme qui atteint le moins bien le but de son existence, puisqu’il dépense ses excellentes facultés à faire ce que les autres créatures font plus sûrement et mieux avec des moyens beaucoup moins parfaits. Il serait donc la dernière d’entre elles, du moins aux yeux de la vraie sagesse, s’il n’était relevé par l’espérance d’une vie future, et si une période de complet développement n’était réservée aux forces qu’il renferme en lui-même.

Si l’on recherche les causes des obstacles qui retiennent la nature humaine dans un si profond abaissement, on les trouve dans la grossièreté de la matière dans laquelle sa partie spirituelle est submergée, dans la rigidité des fibres, l’inertie et l’immobilité des fluides qui doivent obéir aux excitations de l’âme. Les nerfs et les liquides de son cerveau ne lui apportent que des perceptions grossières et indistinctes ; et comme il ne peut opposer à l’excitation des sensations extérieures que des conceptions trop peu puissantes pour maintenir l’équilibre dans l’intérieur de sa faculté pensante, il se laisse entraîner par ses passions, étourdir et troubler par le tumulte des éléments dont est formée sa machine. Les efforts de la raison pour lutter contre les passions et pour en dissiper les ténébreuses erreurs par la lumière du jugement ne sont que des éclats fugitifs d’un soleil dont d’épais nuages interceptent et obscurcissent incessamment la clarté.

Cette grossièreté des éléments et des tissus qui entrent dans la constitution de l’homme est la cause de l’inertie qui retient les facultés de l’âme dans une faiblesse et une impuissance continuelles. L’acte de la réflexion et de la conception d’idées éclairées par la raison constitue un état fatigant, dans lequel l’âme ne peut se placer sans lutte, et dont elle tend à sortir pour rentrer bientôt, par un penchant naturel de la machine corporelle, dans l’état passif où les excitations des sens déterminent et régissent tous ses actes.

Cette inertie de sa faculté de penser, qui est une conséquence de sa dépendance d’une matière grossière et inflexible, est non seulement la source du vice, c’est aussi celle de l’erreur. Constamment gênée par la difficulté qu’elle éprouve à faire l’effort nécessaire pour dissiper le nuage des conceptions erronées, et pour abstraire des impressions sensibles la connaissance générale qui ressort de la comparaison des idées, l’âme se laisse aller volontiers à accepter hâtivement la première impression, et se contente des aperçus vagues que lui permettent à peine l’inertie de sa nature et la résistance de la matière.

C’est dans cette dépendance mutuelle que s’évanouissent à la fois les facultés de l’esprit et la vitalité du corps ; lorsque l’âge avancé, par le cours affaibli de la sève, ne cuit dans le corps que des humeurs épaisses, lorsque la flexibilité des fibres et la souplesse des mouvements diminuent, en même temps les forces de l’esprit s’épuisent et s’engourdissent. La souplesse de la pensée, la clarté des idées, la vivacité de l’intelligence et la faculté de la mémoire perdent leur force et leur chaleur. Les connaissances inoculées par une longue expérience suppléent encore dans une certaine mesure à la disparition de ces forces, et l’intelligence trahirait encore plus clairement sa sénilité, si les passions, que ce frein ne relient plus, ne s’éteignaient pas en même temps et même avant elle.

Il est donc clair d’après cela que les puissances de l’âme humaine sont limitées et gênées dans leurs manifestations par les obstacles d’une matière grossière à laquelle elles sont intimement unies.

Mais il est quelque chose de plus remarquable encore, c’est le rapport essentiel qui subordonne cette propriété spécifique de la matière au degré d’influence avec lequel le soleil la vivifie à proportion de sa distance et la rend plus ou moins apte aux fonctions de l’économie animale. De cette influence nécessaire du feu central du monde, qui rayonne à travers l’espace pour maintenir la matière dans l’état d’excitation indispensable à la vie, découlent l’existence d’une gradation évidente dans les propriétés des divers habitants des planètes, et une liaison essentielle qui enchaîne chacune des classes de ces êtres, par la nécessité de sa nature, au lieu qui lui a été assigné dans l’Univers.

L’habitant de la Terre et celui de Vénus ne pourraient, sous peine de mort, échanger leurs habitations respectives. Le premier, dont l’élément constitutif, approprié au degré de la chaleur qui résulte de la distance de la Terre au Soleil, serait beaucoup trop fluide pour une température plus élevée, subirait, s’il était placé dans une sphère plus chaude, des mouvements gigantesques et une désorganisation complète de sa nature, par suite de la volatilisation et de la dessiccation de ses humeurs et d’une expansion extraordinaire de ses fibres élastiques ; le dernier, dont la structure plus grossière et l’inertie des éléments de sa constitution ont besoin d’une action plus vive du Soleil, périrait gelé et solidifié dans une région plus froide de l’espace. Aussi, beaucoup plus légers encore et plus fluides doivent être les matériaux dont est formé le corps de l’habitant de Jupiter, afin que la faible excitation que peut produire le Soleil à cette distance suffise à donner à cette machine des mouvements aussi vifs que ceux des habitants des régions inférieures. Nous arrivons ainsi à l’expression de cette loi générale : La matière dont sont formés les habitants des diverses planètes, les animaux aussi bien que les plantes, doit avant tout être d’une nature d’autant plus légère et plus subtile, l’élasticité des fibres et en même temps la conformation de leur corps doivent être d’autant plus parfaites que les astres sont plus éloignés du Soleil.

Cette relation, si naturelle et fondée sur des motifs si plausibles, ne se déduit pas seulement de la considération des causes finales, qui ne doivent être regardées en général dans les théories naturelles que comme des arguments de deuxième ordre. On peut encore l’appuyer sur la variation progressive de la nature spécifique des matériaux dont sont formées les planètes, telle qu’elle résulte à la fois des calculs de Newton et des bases mêmes de la théorie cosmogonique. La matière qui constitue ces astres devient plus légère à mesure qu’ils sont plus éloignés du Soleil ; il faut donc nécessairement que les créatures qui y naissent et s’y développent soient assujetties à une loi analogue.

Une fois établie cette relation entre les propriétés de la matière à laquelle sont essentiellement associées les créatures raisonnables qui vivent sur les planètes, la conclusion s’en laisse facilement deviner : il faut qu’une loi semblable régisse les facultés spirituelles de ces créatures. Puisque ces facultés sont en dépendance nécessaire de la matière qui forme la machine qu’habitent les âmes, nous sommes amenés à conclure qu’il est plus que vraisemblable que l’excellence des créatures intelligentes, la promptitude de leur pensée, la netteté et la vivacité des notions qu’elles reçoivent des impressions extérieures, aussi bien que leur faculté de les associer, enfin aussi la prestesse dans l’exercice de leur activité, en un mot tout l’ensemble de leur être moral doit être soumis à une loi déterminée, d’après laquelle il est d’autant plus parfait et plus excellent que leur lieu d’habitation est plus éloigné du Soleil.

Cette loi étant ainsi établie avec un degré de vraisemblance qui ne diffère guère d’une vérité démontrée, l’imagination peut se donner libre carrière dans la comparaison des qualités de ces divers habitants. La nature humaine, qui dans l’échelle des êtres occupe exactement l’échelon du milieu, se trouve placée entre les deux limites inférieure et supérieure de la perfection, à égale distance des deux extrêmes. Si la prééminence des classes les plus élevées des êtres raisonnables qui habitent Jupiter et Saturne excite notre envie et nous humilie à la vue de notre infériorité, nous pouvons d’autre part trouver un sujet de contentement et de satisfaction dans la contemplation des créatures inférieures qui, sur les planètes Vénus et Mercure, restent bien au-dessous de la perfection de la nature humaine. Quel admirable spectacle ! D’un côté nous voyons des créatures pensantes auprès desquelles le Groenlandais et le Hottentot seraient des Newtons, et de l’autre des êtres qui regarderaient Newton comme un singe :

Superior beings, when of late they saw
A mortal Man unfold all Nature’s Law,
Admir’d such wisdom in an earthly shape,
And schew’d a Newton as we schew an ape[2].

Pope, An Essay on Man, Epistle II.

À quelle hauteur de connaissance ne doit pas atteindre l’intelligence de ces êtres fortunés qui habitent les sphères supérieures du monde planétaire, et combien cette vive lumière de leur intelligence doit influer sur leurs qualités morales ! Les vues de l’entendement, lorsqu’elles possèdent le degré requis de plénitude et de clarté, produisent des excitations bien plus vives que les séductions des sens, que l’âme alors domine et foule aux pieds victorieusement. Avec quelle majesté la Divinité elle-même, qui se peint dans toutes les créatures, ne se peindra-t-elle pas dans ces créatures pensantes, qui, comme un lac que ne troublent pas les tempêtes des passions, reçoivent et réfléchissent tranquillement son image ! Je ne veux pas poursuivre ces imaginations au delà des limites assignées à un travail purement scientifique ; je me borne à résumer en un seul énoncé les deux lois auxquelles nous sommes arrivés : la perfection du monde spirituel, aussi bien que celle du monde matériel dans les planètes, croît et progresse en proportion de la distance au Soleil, de Mercure jusqu’à Saturne et peut-être au delà, aussi loin qu’il existe des planètes.

Cette loi, qui se présente d’abord comme une conséquence naturelle de la relation physique de chaque centre d’habitation avec le centre du monde, et s’appuie sur des motifs de haute convenance, reçoit une véritable démonstration et devient une vérité presque irréfutable, si l’on considère les conditions réelles des planètes supérieures et leur complète appropriation à l’existence de créatures parfaites. La succession rapide des périodes du temps sur ces sphères suppose à leurs habitants une vivacité et une promptitude d’action qui ne peuvent être l’apanage que de créatures d’ordre supérieur, tandis qu’elle s’accorderait mal avec la lenteur de créatures inertes et imparfaites.

La lunette nous apprend en effet que la succession du jour et de la nuit sur Jupiter se fait dans l’intervalle de dix heures. Que deviendrait en présence d’une pareille distribution du temps un habitant de la Terre transporté sur cette planète ? Les dix heures du jour entier lui suffiraient à peine pour le sommeil dont sa grossière machine a besoin pour se refaire. Combien de temps lui resterait-il pour les occupations de la vie active, après qu’il aurait pris sur la journée les heures nécessaires pour se vêtir et se nourrir ? Comment une créature, dont les actes se font avec tant de lenteur, trouverait-elle le moyen de se livrer à une occupation suivie, d’entreprendre quelque grande œuvre, lorsqu’au bout de cinq heures elle verrait son travail brusquement interrompu par une nuit de même durée ? Qu’au contraire Jupiter soit habité par des créatures parfaites, dont le corps plus délicatement conformé possède une plus grande élasticité et une plus grande vivacité de mouvements, ces cinq heures leur seront autant et plus que ne sont nos douze heures de jour pour la nature inférieure de l’homme. Le besoin du temps est quelque chose de relatif, qui ne peut être connu et compris autrement que par la comparaison de la grandeur de l’acte à exécuter avec la rapidité de l’action. Ainsi la même durée qui n’est qu’un instant pour une espèce de créatures peut être pour une autre une longue période pendant laquelle se développent toute une série de changements, en raison de son exubérance d’activité. Saturne, d’après le calcul très vraisemblable de sa durée de rotation que nous avons exposé précédemment, voit encore plus rapidement le jour succéder à la nuit, et nous devons par suite supposer à ses habitants des facultés encore plus merveilleuses.

D’autres remarques viennent encore confirmer la loi que nous avons énoncée. La nature a évidemment prodigué ses richesses sur la partie du monde la plus éloignée. Les lunes, qui font bénéficier les actifs habitants de ces régions fortunées d’un prolongement de la lumière du jour et remplacent le Soleil absent, sont en plus grand nombre autour de ces planètes. La nature semble avoir pris soin de venir sans cesse en aide à leur activité, de façon qu’à aucun moment rien ne les empêche de la mettre en œuvre. Les quatre satellites de Jupiter lui constituent un avantage évident sur toutes les planètes inférieures, et Saturne est encore plus favorisé que lui ; le bel anneau qui l’entoure et contribue à son illumination est l’indice très vraisemblable de l’excellence de ce beau séjour. Tandis qu’au contraire les planètes inférieures, pour lesquelles un pareil supplément de lumière resterait sans utilité, dont les habitants se rapprochent bien plus des êtres dépourvus de raison, n’ont qu’un seul satellite ou n’en ont pas du tout.

Je dois ici aller au-devant d’une objection qui pourrait réduire à néant les effets des heureuses concordances que je viens de signaler. Il ne faudrait pas regarder la grande distance qui sépare certaines planètes du Soleil, source de lumière et de vie, comme un mal contre lequel l’ensemble des dispositions que nous venons de reconnaître est destiné à lutter en aidant en quelque sorte à l’action de cet astre, ni croire qu’en réalité les planètes supérieures occupent dans le monde une position moins favorisée, une place désavantageuse à la perfection de leurs habitants, parce qu’elles reçoivent du Soleil une influence plus faible. Nous savons en effet que l’action de la lumière et de la chaleur dépend non seulement de son intensité absolue, mais aussi de l’aptitude de la matière à la recevoir, et à s’opposer plus ou moins à son excitation ; par suite le Soleil, à la même distance à laquelle pour une matière d’espèce grossière il déterminerait un climat tempéré, agissant sur des fluides plus subtils, les volatiliserait et produirait sur eux une action nuisible ; d’où il faut conclure que la matière plus légère et plus mobile dont sont formés Jupiter et Saturne n’a d’autre but que de faire de leur éloignement du Soleil une condition de leur bien-être.

Enfin il est à croire que l’excellence des êtres qui peuplent ces régions supérieures du ciel a pour conséquence physique une plus longue durée de leur existence. La destruction et la mort ne peuvent pas avoir prise sur ces créatures d’ordre élevé autant que sur notre nature inférieure. L’inertie de la matière et la grossièreté de l’élément, qui sont le principe spécifique de l’infériorité chez les êtres du degré le plus bas, est aussi la cause déterminante de leur tendance vers la destruction. Lorsque les humeurs, qui nourrissent et font croître l’animal ou l’homme en s’incorporant entre ses fibres et en s’unissant à sa masse, deviennent incapables d’élargir et de dilater les canaux et les vaisseaux dans lesquels elles circulent, lorsque la croissance est terminée, alors ces sèves nourricières, en s’attachant aux parois par un mécanisme identique à celui qui est employé pour nourrir l’animal, rétrécissent et bouchent les cavités des vaisseaux, et détruisent l’organisation de toute la machine, par une solidification progressivement croissante. Il est à croire que les créatures plus parfaites qui habitent les planètes éloignées, bien que soumises comme les autres au dépérissement et à la mort, trouvent dans la finesse de leurs tissus, dans l’élasticité de leurs vaisseaux, dans la légèreté et l’activité de leurs humeurs, une force de résistance qui retarde beaucoup chez elles la décrépitude, triste apanage de l’inertie des créatures plus grossières, et jouissent d’une existence dont la durée est en rapport avec leur degré de perfection, de même que la brièveté de la vie de l’homme est une conséquence directe de son infériorité.

Je ne puis abandonner ces considérations sans aller au-devant d’un doute qui pourrait surgir très naturellement de la comparaison de ces hypothèses avec nos propositions précédentes. Dans le grand nombre des satellites qui éclairent les planètes des cercles les plus éloignés, dans la rapidité de la rotation de ces planètes et dans la nature même de leurs matériaux constitutifs appropriés à l’action d’un Soleil lointain, nous avons reconnu des preuves de la Sagesse divine, qui a tout ordonné en vue des avantages des êtres raisonnables qui les habitent. Mais comment accorder maintenant cela avec l’hypothèse d’une théorie purement mécanique ? Comment croire que l’exécution des desseins de la Sagesse suprême a pu être abandonnée à la matière brute, et que la nature laissée à elle-même a pu réaliser les vues de la Providence ? Reconnaître l’admirable ordonnance de la structure du monde, n’est-ce pas avouer qu’elle n’a pu se développer par la seule action des lois générales de la Nature ?

Ce doute est bientôt dissipé, dès que l’on se reporte à ce que j’ai dit précédemment sur la même question. Est-ce que la Mécanique des mouvements naturels ne doit pas nécessairement tendre à rester, dans toute l’étendue des combinaisons qu’elle engendre, en parfait accord avec les desseins de la suprême Raison ? Comment pourrait-elle se livrer dans ses entreprises à des efforts désordonnés, à une divagation sans frein, lorsque toutes ses propriétés, desquelles ressortent ces effets, ont leur détermination même dans l’idée éternelle de l’Intelligence divine, qui les a nécessairement coordonnées et harmonisées les unes avec les autres ? Si l’on y réfléchit bien, comment pourrait-on justifier l’opinion qui regarderait la Nature comme un serviteur contrariant, qu’un frein peut seul retenir dans la voie de l’ordre et de l’harmonie générale et l’empêcher de se livrer à ses caprices, à moins d’admettre qu’elle est un principe se suffisant à lui-même, dont les propriétés ne reconnaissent aucune cause, et que Dieu, aussi bien que faire se peut, s’efforce de brider pour le faire obéir à ses desseins éternels ? Mieux on apprend à connaître la Nature et plus on voit que les propriétés générales des choses ne sont point isolées ni étrangères les unes aux autres. On se convainc bien vite qu’elles ont les unes avec les autres des affinités essentielles, en vertu desquelles elles se prêtent spontanément un mutuel secours pour contribuer à la création d’un ensemble parfait, où les éléments par leur étroite dépendance concourent à la beauté du monde matériel et au bien-être des esprits qui l’habitent. Il devient bien vite évident que les caractères particuliers des choses dans le champ des vérités éternelles forment un vaste système où chacun dépend de tous les autres. Et l’on reconnaît aussi bientôt que cette parenté des forces naturelles découle nécessairement de la communauté de leur origine, et de ce qu’elles ont toutes puisé à la même source leurs qualités essentielles.

Ces considérations que j’ai déjà développées ailleurs s’appliquent immédiatement à la question présente. Les mêmes lois générales du mouvement, qui ont assigné aux planètes supérieures une place éloignée du centre d’attraction et d’inertie dans le système du monde, les ont par cela même placées dans les conditions de formation les plus avantageuses, loin du centre d’attraction de la matière la plus grossière et loin de toute influence qui aurait pu gêner leur libre développement. Mais elles les ont en même temps soustraites, dans un rapport déterminé, à l’influence de la chaleur, qui se répand suivant la même loi tout autour du centre. Puisque maintenant ce sont ces mêmes conditions qui ont facilité la formation des astres dans ces régions éloignées, et rendu plus rapides leurs mouvements de rotation, qui en ont fait en un mot des systèmes plus parfaits ; puisque, d’autre part, les êtres spirituels sont dans une dépendance nécessaire de la matière à laquelle ils sont personnellement enchaînés, il n’y a point à s’étonner que, de la dépendance des mêmes causes, soit résultée pour les deux ordres d’êtres une égale perfection. Quand on y réfléchit bien, cette concordance n’a rien d’inopiné ou d’inattendu, et puisque c’est le même principe qui a incarné les êtres spirituels dans la constitution générale de la nature matérielle, il faut bien que le monde des esprits soit plus parfait dans les globes éloignés, pour les mêmes raisons pour lesquelles le monde corporel y est lui-même plus parfait.

Ainsi, dans l’étendue entière de la nature, ces êtres forment une chaîne ininterrompue dont l’éternelle harmonie relie tous les anneaux. Les perfections de Dieu se sont manifestement révélées dans la création de l’homme et n’éclatent pas avec moins de magnificence dans les classes les plus inférieures des êtres que dans les plus nobles.

Vast chain of being ! which from God began,
Natures æthereal, human, angel, man,

Beast, bird, fish, insect, what no eye can see,
No glass can reach ; from Infinite to thee,
From thee to nothing[3]

Pope, An Essay on Man, Epistle I.

Nous avons poursuivi jusqu’ici nos hypothèses en nous appuyant uniquement sur les lois physiques de la nature, qui nous ont servi de fil conducteur pour maintenir nos déductions dans le sentier de la vraisemblance et de la raison. Nous sera-t-il permis maintenant de nous écarter un instant de cette voie pour faire une excursion dans le domaine de la fantaisie ? Qui nous montrera les bornes où la vraisemblance bien fondée cesse et où s’arrête le domaine du raisonnement, au delà desquelles l’imagination peut seule s’élancer ? Quel est l’esprit assez audacieux pour oser répondre à cette question posée par le poète : le péché étend-il son empire sur les autres sphères du monde, ou la vertu seule y a-t-elle établi ses lois ?

Die Sterne sind vielleicht ein Sitz verklärter Geister,
Wie hier das Laster herrscht, ist dort die Tugend Meister[4].

Von Haller.

Ne peut-on pas dire que la faculté de pécher est le triste apanage d’un certain état intermédiaire entre la sagesse et l’absence de raison ? Qui sait si les habitants des planètes les plus éloignées ne sont pas trop nobles et trop sages pour se laisser aller à la folie qui se cache dans le péché ; et ceux qui habitent les planètes inférieures, ne sont-ils pas au contraire trop esclaves de la matière, ne sont-ils pas doués de facultés spirituelles trop peu énergiques, pour que la Justice suprême puisse les rendre responsables de leurs actes ? Il suivrait de là que la Terre seule (et peut-être aussi Mars pour ne pas nous enlever la misérable consolation d’avoir des compagnons d’infortune) se trouverait dans cette route intermédiaire semée d’écueils où les séductions des sens sont assez puissantes pour lutter avec avantage contre la suprématie de l’esprit, quoique l’homme ait le pouvoir de leur résister, s’il ne plaît pas davantage à sa mollesse de se laisser entraîner par leurs tentations ; la Terre occuperait ce point milieu plein de dangers, entre la faiblesse et la force, où les avantages même qui l’élèvent au-dessus des classes inférieures le placent à une hauteur d’où il peut craindre à chaque instant de tomber infiniment au-dessous d’elles. En fait, les deux, planètes Mars et la Terre sont au milieu même du système planétaire, et il est permis de supposer sans invraisemblance que leurs habitants occupent aussi une position moyenne entre les deux extrêmes, aussi bien par leurs propriétés physiques que par leurs qualités morales. Mais j’abandonne volontiers la discussion de pareilles opinions à ceux dont l’esprit peut se plaire à sonder les problèmes insolubles et qui seraient plus disposés que moi à en assumer la responsabilité.

Conclusion.

Nous ne savons pas bien ce qu’est réellement l’homme aujourd’hui, malgré les données que la conscience et les sens devraient nous fournir. Encore moins pouvons-nous deviner ce qu’il deviendra un jour. Cependant la connaissance de cet avenir si éloigné éveille au plus haut degré la curiosité de l’âme humaine, et c’est un besoin pour elle d’interroger tout ce qui peut éclairer une science si obscure.

L’âme immortelle doit-elle, pendant la durée sans fin de sa vie future, que la tombe même transforme, mais n’interrompt pas, rester enchaînée pour toujours au point de l’Univers, à la Terre, où elle a été placée ? Ne doit-elle jamais être admise à une vision plus rapprochée des autres merveilles de la Création ? Qui sait s’il ne lui est pas réservé de pouvoir un jour connaître ces globes éloignés et l’excellence de leur aménagement, qui déjà de loin excitent si vivement sa curiosité ? Peut-être se forme-t-il aujourd’hui, aux limites de notre système, de nouvelles planètes qui nous préparent sous d’autres cieux de nouvelles demeures, lorsque aura été accompli le temps assigné à notre séjour ici-bas. Qui sait si les satellites qui circulent autour de Jupiter ne sont pas destinés à nous éclairer un jour ?

Il est permis, il est convenable de se récréer l’esprit à de pareilles suppositions ; mais ce n’est pas sur des créations aussi incertaines de l’imagination que personne voudra fonder l’espoir d’une vie future. Lorsque la nature humaine aura payé son tribut à la fragilité, l’âme immortelle s’élancera d’un coup d’aile rapide au-dessus de tout ce qui est fini, et commencera une existence qui la placera, vis-à-vis de l’ensemble de la nature, dans des relations nouvelles, conséquences de son union plus intime avec l’Être suprême. Désormais cette âme transfigurée, qui possède en elle-même la source de la félicité, ne se dissipera plus parmi les objets extérieurs pour chercher en eux son repos. L’universalité des créatures, à qui l’harmonie est nécessaire pour plaire à l’Être suprême, a aussi besoin de cette harmonie pour sa propre satisfaction, et elle ne l’atteindra que dans la béatitude éternelle.

Déjà ici-bas, le spectacle du ciel étoilé, par une nuit bien claire, donne à l’esprit qui s’est pénétré des considérations que j’ai développées, un genre de satisfaction que les âmes nobles peuvent seules ressentir. Dans le silence général de la nature et l’apaisement des sens, l’intelligence cachée de l’esprit immortel parle un langage sans nom, et découvre des notions générales qui se sentent mais ne peuvent se décrire. S’il est, parmi les créatures pensantes qui habitent notre planète, des êtres assez dégradés pour ne pas sentir le vif attrait de ce sublime sujet de méditations et lui préférer l’esclavage des vains plaisirs ; oh ! combien malheureuse est la Terre qui a enfanté de si misérables créatures ! Mais, par contre, quelle heureuse destinée est la sienne, lorsqu’elle voit s’ouvrir devant elle une voie qui doit la conduire, dans les conditions les plus agréables, à des hauteurs et à une félicité qui dépassent infiniment les prérogatives les plus excellentes que la nature a pu donner aux planètes les plus favorisées !

FIN.
  1. Il est démontré par les principes de la Psychologie que, en raison de la constitution actuelle par laquelle la création a rendu le corps et l’âme dépendants l’un de l’autre, l’âme non seulement ne peut arriver à la connaissance de l’Univers qu’à travers ce corps auquel elle est unie et par son influence, mais que l’exercice de la faculté de penser elle-même dépend de cette constitution et emprunte pour cela l’aptitude nécessaire à l’assistance du corps.
  2. Lorsque les habitants des palais éternels
    Voyaient, naguère encore, le plus grand des mortels,
    Newton, de la Nature expliquer l’harmonie,
    D’un fils de la poussière admirant le génie,
    Ils se montraient Newton, comme un homme, en passant,
    À l’homme qui le suit montre un singe amusant.

    Traduction de de Fontanes.
  3. Vaste chaîne dont l’homme occupe le milieu,
    Qui, d’anneaux en anneaux, unit l’atome à Dieu,
    Et toujours descendant et s’élevant sans cesse,
    Croît jusqu’à l’infini, jusqu’au néant s’abaisse.

    Traduction de de Fontanes.
  4. Les étoiles sont peut-être peuplées d’esprits glorieux ; tandis qu’ici-bas le vice domine, là-bas la vertu seule est maîtresse.