J’entends chanter l’Amérique
Traduction par Léon Bazalgette.
Poèmes de Walt Whitman, Éditions de l’Effort Libre, F. Rieder et Cie, (p. 6-7).
Poèmes de Walt Whitman, Éditions de l’Effort Libre, F. Rieder et Cie, (p. 6-7).
J’ENTENDS CHANTER L’AMÉRIQUE
J’entends chanter l’Amérique, j’entends ses diverses chansons,
Celles des ouvriers, chacun chantant la sienne joyeuse et forte comme elle doit l’être,
Le charpentier qui chante la sienne en mesurant sa planche ou sa poutre,
Le maçon qui chante la sienne en se préparant au travail ou en le quittant,
Le batelier qui chante ce qui est de sa partie dans son bateau, le marinier qui chante sur le pont du vapeur,
Le cordonnier qui chante assis sur son banc, le chapelier qui chante debout,
Le chant du bûcheron, celui du garçon de ferme en route dans le matin, ou au repos de midi ou à la tombée du jour,
Le délicieux chant de la mère, ou de la jeune femme à son ouvrage, ou de la jeune fille qui coud ou qui lave,
Chacun chantant ce qui lui est propre à lui ou à elle et à nul autre.
Le jour, ce qui appartient au jour — le soir, un groupe de jeunes gars, robustes, cordiaux,
Qui chantent à pleine voix leurs mélodieuses et mâles chansons.