Légendes chrétiennes/L’enfant gâté

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VII


l’enfant gâté.



Un tout jeune homme, gâté par ses parents, alla un jour se confesser au curé de sa paroisse, en temps pascal. Il avait commis beaucoup de péchés. Il ne reçut pas l’absolution. Cela lui déplut, et il insista auprès de son confesseur, et assez malhonnêtement même, pour être absous, afin de pouvoir faire ses pâques, comme tout le monde.

— Changez de conduite, lui dit le prêtre, puis revenez me trouver, et je vous absoudrai.

— Je n’ai rien à changer à ma conduite, et, après tout, je me passerai bien de votre absolution, répliqua le jeune homme.

Et là-dessus, il sortit du confessionnal, en colère, et alla raconter à sa mère ce qui venait de se passer entre lui et le curé.

La dame, qui était riche et considérée dans le pays, fut très-peinée de ce qui arrivait à son fils, et ne pouvant supporter la honte de le voir seul exclu de la sainte table, le dimanche de Pâques, elle lui dit de se présenter avec les autres, comme s’il avait reçu l’absolution.

Et en effet, le moment venu, le jeune homme alla sans hésiter s’agenouiller contre les balustrades du chœur, et reçut le corps de Notre-Seigneur.

Mais aussitôt il tomba à la renverse sur les dalles de l’église, en poussant des cris épouvantables.

On le transporta hors de l’église, dans le porche, où il continua de se démener et de pousser des cris effrayants, comme un possédé. Son visage et tout son corps étaient devenus tout noirs. Sa mère seule osa rester près de lui.

Quand le prêtre, qui était à l’autel, eut achevé sa messe, il se rendit au porche avec le saint ciboire.

Aussitôt la sainte hostie sortit d’elle-même de la bouche du malheureux jeune homme et s’envola, comme un papillon, dans le saint ciboire, qui se referma sur elle.

Deux diables cornus, puants et horribles à voir, arrivèrent alors et emportèrent le fils et la mère !

(Conté par Marguerite Philippe.)