L’Encyclopédie/1re édition/GOURMER un Cheval

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GOURMER un Cheval, (Manége.) c’est prendre la gourmette par son extrémité pendante, & la fixer au crochet mobilement assemblé à l’œil du banquet de la branche gauche du mors. L’action de gourmer un cheval demande quelque attention.

Il importe, en premier lieu, que le cavalier qui doit toûjours le gourmer lui-même & ne se rapporter de ce soin à personne, se place de côté & non devant l’animal, afin d’éviter les coups de pié auxquels il seroit exposé, s’il n’usoit de cette précaution.

Il faut, en second lieu, qu’il saisisse avec le pouce & l’index de la main droite, la gourmette par les maillons, en observant que les mailles ne s’embarrassent point mutuellement, & que l’S, quelquefois non exactement fermée supérieurement, ne morde point le banquet & joue librement dans l’œil. Cette chaîne étant exactement étendue, il passe l’index & le doigt du milieu de la main gauche entre le banquet & la joue du cheval, & il maintient avec ces deux doigts & le pouce, qui agit extérieurement, le crochet dans la position où il doit être pour recevoir le maillon.

Troisiemement, la main droite est saisie de la gourmette, qui est dirigée dans sa descente le long de la branche, de maniere que l’une des extrémités de chaque maille est tournée du côté de cette branche, tandis que l’autre de ces extrémités regarde en-arriere de l’animal, & répond perpendiculairement au pouce du cavalier, dont l’ongle est tourné en-haut : or il est essentiel que cette même main dans le chemin & dans le mouvement qu’elle fait pour accrocher le maillon, se retourne, de façon que l’ongle qui étoit en-dessus se trouve précisément en-dessous, au moment où ce maillon prend au crochet ; parce que dès-lors la gourmette ne peut être que sur son plat, attendu que chaque extrémité de chaque maille ne s’apperçoit point extérieurement après qu’elle est placée. La nécessité de la fixer sur sa partie la plus applatie, est fondée sur la douleur qu’éprouveroit l’animal, & sur le peu de justesse & de solidité des points d’appui, si elle portoit sur la barbe par ses faces tortueuses & inégales.

Enfin le maillon qui doit être accroché, est celui qui est assemblé à la derniere maille, & non celui qui le suit ; autrement la gourmette n’atteindroit que très-difficilement & par hasard sur le point sensible, elle ne garniroit pas, elle n’embrasseroit pas exactement la barbe, & tous les appuis seroient également falsifiés. Le dernier maillon n’est donc assemblé à l’autre que pour soulager le cheval, lorsque le cavalier le descend ; & qu’au lieu de le dégourmer entierement & de laisser la gourmette suspendue par une seule extrémité, il décroche l’autre, & passe celui-ci dans le crochet. (e)