L’Encyclopédie/1re édition/HELVETIQUE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 109).
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HELVETIQUE, adj. (Hist. mod.) ce qui a rapport aux Suisses, ou habitans des treize cantons Suisses, qu’on appelloit autrefois Helvétiens.

Le corps Helvétique comprend la république de la Suisse, consistant en treize cantons qui font autant de républiques particulieres. Voyez Canton.

Suivant les loix & coutumes du corps Helvétique, tous les différends qui sur viennent entre les différens états doivent être décidés dans le pays sans l’intervention d’aucune puissance étrangere. Il semble pourtant que les cantons catholiques ayent dérogé à cette coutume par leur renouvellement d’alliance avec la France en 1715, puisqu’il y est stipulé entre autres choses, « Que si le corps Helvétique ou quelque canton est troublé intérieurement… Sa Majesté ou les rois ses successeurs employeront d’abord les bons offices pour pacifier ces troubles, & que si cette voie n’avoit pas tout l’effet desiré, Sa Majesté employera à ses propres dépens les forces que Dieu lui a mises en main pour obliger l’aggresseur de rentrer dans les regles prescrites par les alliances que les cantons & les alliés ont entre eux ». Précaution qui, à la vérité, ne porte aucune atteinte à la liberté du corps Helvétique ; mais qui prouve que les Suisses même ont cru l’intervention des puissances étrangeres nécessaire en cas de division parmi eux, contre ce qu’avance M. Chambers.

Le gouvernement du corps Helvétique est principalement démocratique ; mais il ne l’est pas purement, & est mêlé d’aristocratie. Quand il s’agit d’une affaire qui concerne le bien commun de tous les cantons, on convoque des assemblées générales où se rendent leurs députés qui ont voix délibérative. Depuis que la religion a partagé cette république comme en deux portions, les catholiques tiennent leurs assemblées à Lucerne, & quelquefois ailleurs, & les protestans s’assemblent à Arrau.

Les assemblées générales se tiennent ordinairement vers la mi-Juin, dans l’hôtel de ville de Bade ; le canton de Zurich les convoque, & ses députés y proposent les matieres de délibération. Cette république qui faisoit autrefois partie de l’empire, & étoit soumise à la maison d’Autriche, fut reconnue par cette même maison pour un état indépendant & libre par le traité de Westphalie. Voyez Suisse. (G)