L’Encyclopédie/1re édition/PRÉSIDENT

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PRÉSIDENT, (Hist. anc.) président des provinces, en latin præsides provinciarum, c’étoit le titre que les Romains donnoient aux gouverneurs de leurs provinces. D’abord on n’y envoyoit que des préteurs qui étoient chargés d’administrer la justice, de faire des lois, & de marcher contre l’ennemi en cas de besoin. Mais lorsque la guerre étoit plus sérieuse, on y envoyoit des consuls. Lorsqu’un consul, pendant son consulat, n’avoit eu aucune guerre à soutenir, & qu’il étoit envoyé l’année suivante dans une province pour la gouverner, il prenoit le titre de propréteur ou de proconsul. Quand les consuls ou les proconsuls alloient dans les provinces, ils étoient précédés de douze licteurs portant les faisceaux & les haches, mais les préteurs & les propréteurs dont l’autorité étoit inférieure, n’en avoient que six. Avant leur départ de Rome, on étoit obligé de leur fournir tout ce qui étoit nécessaire pour la conservation de la province, pour l’entretien de leur armée, pour leur propre entretien & pour les frais de leur voyage, c’est ce qu’on appelloit ornare provinciam. Suivant les dépenses que l’on faisoit dans ces occasions, le consul ou le proconsul paroissoit aussi plus ou moins honoré. Avant que d’entreprendre le voyage, ils avoient coutume d’aller au capitole pour y invoquer les dieux, & leur demander un heureux succès de leur voyage & de leur commission : ils y faisoient aussi des vœux, & y prenoient pour la premiere fois le paludamentum ou habit de guerre. Sortis du capitole, ils partoient sans délai ; on les complimentoit à la porte de Rome, leurs parens & leurs amis leur faisoient cortege une partie du chemin. Ils entroient en charge le jour de leur arrivée dans la province ; & l’ayant fait annoncer à celui qui gouvernoit alors, ils conféroient avec lui sur l’état où la province se trouvoit actuellement. Celui qui sortoit de la province étoit obligé de régler & de liquider les comptes des deniers publics qui y avoient été levés dans le cours de son administration, & de les mettre en dépôt dans deux différentes villes de la province. Arrivés à Rome, ils y rendoient compte de leur gestion. Dans le partage qu’Auguste fit des provinces, celles qu’il s’étoit réservées, & qui furent nommées provinces présidiales, étoient gouvernées par des consuls ou proconsuls, & les provinces échues au peuple par des préteurs ou propréteurs. Voyez Consul, Proconsul, Préteur, Propréteur & Province.

Président, (Critiq. sacrée.) ἡγεμών, ce mot est pris dans le nouveau Testament ; 1o pour un gouverneur-général de province sous l’autorité du souverain ; ce premier dénombrement fut fait par Cyrénius, président de Syrie, ἡγεμονεύοντος τῆς συρίας Κυρηνίου, c’est-à-dire gouverneurs : 2o pour des gouverneurs particuliers d’un lieu soumis à des gouverneurs-généraux ; ils livrerent Jesus à Ponce-Pilate, président, gouverneur, ἡγέμονι, Matth. xxvij. ces sortes de gouverneurs étoient proprement des commissaires que l’empereur envoyoit dans les provinces pour avoir soin de ses revenus ; on les nommoit procuratores fisci : 3o enfin ce mot se prend pour des magistrats qui jugent sous l’autorité des princes ; Jesus dit à ses disciples : Vous serez menés devant les présidens, ἡγεμόνας, magistrats, à cause de moi, Matth. x. 18. (D. J.)

Président, (Hist. mod.) est un chef qui est à la tête d’une assemblée ou d’une compagnie, ou par le choix des membres qui la composent, ou en vertu de sa charge.

C’est dans le dernier sens qu’il faut entendre le terme de président dans les cours de judicature où ils sont tous en charge ; si ce n’est à-présent au grand-conseil où la présidence roule par trimestres entre des maîtres des requêtes, qui ne font la fonction de président que par commission.