L’Encyclopédie/1re édition/PROSODIQUE

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PROSODIQUE, adj. qui concerne la prosodie, qui appartient à la prosodie. L’accent prosodique : caracteres prosodiques.

1°. C’est par cette épithete que l’on distingue l’espece d’accent qui est du ressort de la prosodie, des autres modulations que l’on nomme aussi accens : ainsi l’on dit l’accent prosodique, l’accent oratoire, l’accent musical, l’accent national, &c. Voyez traité de la Prosodie françoise, par M. l’abbé d’Olivet, art. 2. & le mot Accent..

L’accent prosodique est cette espece de modulation qui rend le son grave ou aigu. « La différence qu’il y a entre l’accent prosodique & le musical, dit M. Duclos, dans ses Remarques manuscrites sur la prosodie de M. l’abbé d’Olivet ; c’est que l’accent musical ne peut aujourd’hui élever, ni baisser moins que d’un demi-ton, & que le prosodique procede par des tons qui seroient inappréciables dans la musique, des dixiemes, des trentiemes de ton. Il y a, ajoute-t-il, bien de la différence entre le sensible & l’appréciable ». L’accent prosodique differe de l’accent oratoire, en ce que celui-ci influe moins sur chaque syllabe d’un mot, par rapport aux autres syllabes du même mot, que sur la phrase entiere par rapport au sens. Cette remarque est encore de M. Duclos ; & j’y ajouterai, que l’accent prosodique des mêmes mots demeure invariable au milieu de toutes les variétés de l’accent oratoire, parce dans le même mot chaque syllabe conserve la même relation méchanique avec les autres syllabes, & que le même mot dans différentes phrases ne conserve pas la même relation analytique avec les autres mots de ces phrases.

2°. Outre les caracteres élémentaires ou les lettres, qui représentent sans aucune modification les élémens de la voix ; savoir, les sons & les articulations ; on emploie encore dans l’orthographe de toutes les langues, des caracteres que j’appelle prosodiques ; plusieurs de ces caracteres doivent être ainsi nommés, parce qu’ils indiquent en effet des choses qui appartiennent à l’objet de la prosodie ; les autres peuvent du-moins par extension, être appellés de même, parce qu’ils servent à diriger la prononciation des mots écrits, quoique ce soit à d’autres égards que ceux qu’envisage la prosodie.

Il y en a de trois sortes ; 1°. des caracteres prosodiques d’expression ou de simple prononciation ; 2°. des caracteres prosodiques d’accent ; 3°. & des caracteres prosodiques de quantité.

Les caracteres de simple prononciation, sont la cédille, l’apostrophe, le tiret & la dierèse. Voyez Cédille & Apostrophe, s. m. pour ce qui concerne ces deux caracteres. Pour ce qui est du tiret, on en a traité sous le nom de division. Voyez Division : il me semble que ce nom porte dans l’esprit une idée contraire à celle de l’effet qu’indique ce caractere, qui est d’unir au lieu de diviser, c’est pourquoi j’aime mieux le nom de tiret, qui ne tombe que sur la figure du signe ; & j’aimerois encore mieux, si l’usage l’autorisoit, le nom ancien d’hyphen, mot grec, de ὑπὸ, sub, & de ἐν, unum, ce qui désignoit bien l’union de deux en un. Ce qui concerne la dierèse avoit été omis en son lieu : j’en ai parlé au sujet de l’ï tréma ; voyez I. & j’ai fait article Point quelque correction à ce que j’en avois dit sous la lettre I.

Les caracteres d’accent sont trois ; savoir, l’accent aigu, l’accent grave & l’accent circonflexe : ils n’ont plus rien de prosodique dans notre orthographe, puisqu’ils n’y marquent que peu ou point ce qu’annoncent leurs noms ; l’usage orthographique en a été détaillé ailleurs. Voyez Accent.

Les caracteres de quantité sont trois ; ¯ au-dessus d’une voyelle marque qu’elle est longue ; ˘ signifie qu’elle est brève ; Ω indique qu’elle est douteuse. On ne fait aucun usage de ces signes, vraiment prosodiques, que quand on parle expressément le langage de la prosodie. (E. R. M. B.)