L’Encyclopédie/1re édition/SYRINGAE

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SYRINGÆ, (Géog. anc.) lieu d’Egypte, au-delà du Nil & près de Thebes, selon Pausanias, liv. I. c. xlij. qui dit qu’on voyoit auprès de ce lieu un colosse admirable. C’est, ajoute-t-il, une statue énorme, qui représente un homme assis : plusieurs l’appellent le monument de Memnon ; car on disoit que Memnon étoit venu d’Ethiopie en Egypte, & qu’il avoit pénétré même jusqu’à Suses. Les Thébains vouloient que ce fût la statue de Phaménophés, originaire du pays, & d’autres disoient que c’étoit celle de Sésostris. Quoi qu’il en soit, poursuit Pausanias, Cambyse fit briser cette statue, & aujourd’hui toute la partie supérieure depuis la tête jusqu’au milieu du corps est par terre, le reste subsiste comme il étoit ; & tous les jours, au lever du soleil, il en sort un son tel que celui des cordes d’un instrument de musique lorsqu’elles viennent à se casser.

Strabon, liv. XVII. rapporte ce fait comme Pausanias : il en avoit été témoin comme lui, mais il n’étoit pas tout-à-fait si crédule ; car il avertit que le son qu’il entendit, & que la statue sembloit rendre, pouvoit fort-bien venir de quelques-uns des assistans. Il aime mieux en attribuer la cause à la supercherie des gens du pays, qu’à la statue.

Ammien Marcellin, liv. XXII. c. xv. qui écrit Syringes, dit que par ce mot on entend certaines grottes souterraines pleines de détours, que des hommes, à ce qu’on disoit, instruits des rites de la religion, avoient creusées en divers lieux avec des soins & des travaux infinis, par la crainte qu’ils avoient que le souvenir des cérémonies religieuses ne se perdît. Pour cet effet, ajoute-t-il, ils avoient taillé sur la muraille des figures d’oiseaux, de bêtes féroces, & d’une infinité d’autres animaux ; ce qu’ils appelloient des lettres hierographiques ou hiéroglyphiques.